Azimut, T1 : Les aventuriers du temps perdu


Titre : Azimut, T1 : Les aventuriers du temps perdu
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jean-Baptiste Andréae
Parution : Avril 2012


RĂ©cemment est sorti le 4Ăšme tome de la sĂ©rie « Azimut ». Curieusement, je n’en avais jamais entendu parler. C’était pourtant Lupano qui Ă©tait Ă  la manƓuvre au scĂ©nario. DĂ©marrĂ© en 2012, alors que l’auteur va exploser (« Le singe d’Hartlepool » sort, puis ce seront « Les vieux fourneaux »), cette bande dessinĂ©e prĂ©sente une facette trĂšs diffĂ©rente : un monde imaginaire, fantastique
 Un monde d’aventure aux accents rĂ©tro. Au dessin, AndrĂ©ae que je ne connaissais pas, fait preuve d’une patte graphique remarquable. Comment ai-je pu passer Ă  cĂŽtĂ© de cet ouvrage ?

Deux auteurs au diapason

DĂšs la couverture, le ton est donnĂ©. TrĂšs rĂ©ussie graphiquement, Ă©lĂ©gante et stylisĂ©e, elle fait partie d’un ensemble travaillĂ© dans les moindres dĂ©tails. Et mĂȘme s’il y a une femme peu habillĂ©e dessus, elle donne le ton de l’ouvrage : d’autres petits bonhommes Ă©tranges ornent la page.

Dans sa façon de crĂ©er un univers fantasmĂ©, « Azimut » pourrait ĂȘtre classĂ© dans la catĂ©gorie hĂ©roĂŻc-fantasy. Mais il n’en possĂšde pas rĂ©ellement les codes. AprĂšs ce premier opus, difficile de savoir oĂč l’on va. La multiplicitĂ© des intrigues (malgrĂ© un fil rouge net) et des personnages empĂȘche de saisir pleinement le dessein des auteurs. Ainsi, on Ă©vite tous les Ă©cueils d’une quĂȘte un peu artificielle, du vieux sage qui conseille le petit jeune
 « Azimut » possĂšde une originalitĂ© Ă©vidente, une personnalitĂ© assez rare pour ĂȘtre signalĂ©e. Ainsi, on sent que l’histoire est avant tout tournĂ© vers la perte du Nord qui donne son nom Ă  l’ouvrage.

La densitĂ© de l’ouvrage force le respect. On a bien besoin de le relire pour se remettre les scĂšnes en tĂȘte. MalgrĂ© tout, on se laisse porter sans peine dans l’univers imaginĂ© par les auteurs. Le monde, complexe, paraĂźt pourtant limpide. L’écriture de Lupano est remarquable de subtilité : il sait nous expliquer les autres sans paraĂźtre dĂ©monstratif ou didactique. Les informations importantes sont livrĂ©es naturellement. Ce qui n’a pas besoin d’ĂȘtre expliquĂ© ne l’est pas.

Au-delĂ  de l’univers, les dialogues se rĂ©vĂšlent particuliĂšrement rĂ©ussis. De nombreuses trouvailles et jeux de mots parsĂšment l’ouvrage. Une sorte de connivence s’installe entre le lecteur et les auteurs. C’est un ouvrage plein de facĂ©tie !

La narration est magnifiquement servie par le dessin de Jean-Baptiste AndrĂ©ae. Son trait est trĂšs beau, mis dĂ©licatement en couleurs. Le style qu’il adopte est parfaitement adaptĂ© Ă  l’histoire. Il crĂ©e cet univers d’Azimut avec toutes cette galerie de personnages graphiquement marquants. Les dĂ©cors ne sont pas en reste, mais il faut avouer que ce sont avant tout les crĂ©atures et les machines qui impressionnent.

Ce premier tome est remarquable. Tout est au diapason pour dĂ©marrer une grande sĂ©rie d’aventure : un univers trĂšs original, un beau graphisme, stylisĂ© avec du caractĂšre, de l’humour subtil, de l’aventure
 Les deux auteurs travaillent au diapason et aboutissent Ă  un ouvrage dotĂ© d’une personnalitĂ© trĂšs affirmĂ©e. Chapeau les artistes !