Okko, T10 : Le cycle du vide, deuxiĂšme partie

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Titre : Okko, T10 : Le cycle du vide, deuxiÚme partie
Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub
Parution : Novembre 2015


« Okko » fait partie de ces rares sĂ©ries qui, au fur et Ă  mesure des tomes, se bonifie. AprĂšs cinq diptyques, il est temps pour Hub de raccrocher et de terminer son histoire. Les premiers cycles avaient vu Okko le ronin faiblir, vieillir et ĂȘtre mutilĂ©. Dans « Le cycle du vide », il prend une retraite bien mĂ©ritĂ©e. C’est l’occasion de revenir sur son passĂ©. Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

« Okko » reprend les codes de l’aventure classique. Un groupe disparate d’individu (un dĂ©mon, un ronin, un moine alcoolique et son apprenti) arpente un Japon mĂ©diĂ©val fantastique. En utilisant un flashback pour terminer son Ɠuvre, Hub s’attache Ă  nous expliquer comment ce groupe s’est formĂ©. Okko est donc Ă  la recherche de sa mĂšre. ParallĂšlement, on suit l’histoire de Noshin, comprenant comment il est devenu moine.

Une fin en apothéose.

Okko10aL’inconvĂ©nient majeur de ce cycle est l’absence (presque) totale de Noburo, un personnage ĂŽ combien charismatique ! Cependant, les informations distillĂ©es, le suspense insoutenable et les rĂ©vĂ©lations compensent largement cette perte. Car au-delĂ  de ce cycle passionnant, c’est toute la sĂ©rie qui prend du sens. SitĂŽt fermĂ© ce tome, je me suis relancĂ© dans la lecture complĂšte des cycles prĂ©cĂ©dents, retrouvant les allusions laissĂ©s par Hub prĂ©cĂ©demment (la relecture de la visite des monastĂšres prend ainsi une saveur particuliĂšre
). L’auteur a vraiment pensĂ© sa sĂ©rie comme un tout. Et au-delĂ  de chaque cycle qui possĂ©dait un intĂ©rĂȘt en tant qu’entitĂ© unique, la sĂ©rie prend encore une nouvelle dimension.

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Hub réussit donc le pari de refermer sa série sans laisser de regret à ses lecteurs. On sentait un Okko à bout et on le laisse partir chasser ses démons intérieurs. Les révélations sont puissantes et on ne sort pas déçu de ce cycle qui explique le passé des protagonistes sans renier aux codes de la série : violence, démons et manipulations.

Graphiquement, Hub a beaucoup Ă©voluĂ© dans son dessin les annĂ©es passant, tout en gardant cette identitĂ© forte. Le trait est dynamique et Ă©lĂ©gant, puisant dans diffĂ©rentes sources. La colorisation est encore une fois de grande qualitĂ©, sublimant les ambiances sans ternir le dessin de l’auteur.

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« Okko » se termine et c’est tant mieux. Point d’orgue de la sĂ©rie, ce cycle du vide est riche en action et en Ă©motion. Ainsi, aucune dĂ©ception ne vient ternir cette Ă©popĂ©e qui restera comme l’une des meilleures sĂ©ries de ces derniĂšres annĂ©es. Okko a pris sa retraite et on aura grand plaisir Ă  relire ses aventures. Il n’y a pas eu de cycle de trop et c’est bien le principal !

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note5

Le guide du mauvais pĂšre, T1

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Titre : Le guide du mauvais pĂšre, T1
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2013


Guy Delisle est un auteur canadien qui s’est fait connaĂźtre dans le petit monde de la bande-dessinĂ©e par ses rĂ©cits de voyage dans des pays tous plus intĂ©ressants les uns que les autres. Il a atteint la consĂ©cration avec « Chroniques de JĂ©rusalem », aurĂ©olĂ© d’un Fauve d’Or au Festival International de la Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2012. Fort de cette reconnaissance, il dĂ©cide alors de mettre en pause ses rĂ©cits de voyages pour proposer « Le guide du mauvais pĂšre », un ouvrage autobiographique bien plus lĂ©ger. Le tout paraĂźt chez Shampooing, dans un format manga. Cela pĂšse quand mĂȘme 190 pages pour une dizaine d’euros.

Ce qui marque d’emblĂ©e est l’aspect bloguesque de l’ensemble. On est dans la pure anecdote pĂšre/enfant dessinĂ© avec un trait simple et sans fioritures. Ainsi, les « cases » sont nombreuses, les blancs importants. Tout se passe donc essentiellement dans le dialogue (et les silences qui en font partie). Le tout en lien avec son fils (l’aĂźnĂ©) et sa fille (plus jeune).

Un auteur attendu au tournant

J’avoue que j’attendais un peu Delisle au tournant. Ses livres ayant une part d’intĂ©rĂȘt non-nĂ©gligeable liĂ©e au cĂŽtĂ© documentaire, j’étais un peu curieux de voir ce que pouvait donner un ouvrage purement humoristique. Force est de constater que c’est plutĂŽt rĂ©ussi. MĂȘme si le thĂšme du pĂšre indigne et cynique n’est pas nouveau, l’auteur possĂšde un vrai talent dans les rĂ©parties et les situations. Quant Ă  savoir oĂč est la part de vrai lĂ -dedans
 Les anecdotes font donc mouche, les chutes sont drĂŽles et, chose Ă  signaler, les dialogues aussi. Les situations sont souvent assez longues, mĂȘme si le format du livre donne des impressions de longueur un peu biaisĂ©es.

Cependant, force est de constater que le livre se lit un peu vite, et ce malgrĂ© les 190 pages. Le dessin trĂšs simple, les nombreux silences, le fait qu’il n’y ait en moyenne que deux dessins par page donnent un rythme de lecture bien trop soutenu. Et la frustration guette Ă  la fin de l’ouvrage. Pas Ă©tonnant qu’un tome deux soit sorti depuis. On atteint un peu la limite de ces livres typĂ©s blog. En recueil, ce n’est pas forcĂ©ment toujours adaptĂ©. Le mĂȘme sentiment m’avait touchĂ© lorsque j’avais dĂ©couvert les recueils de Bastien VivĂšs dans la mĂȘme collection. Certes, chaque livre n’est pas bien cher, mais l’ensemble est excessif.

Au final, ce « Guide du mauvais pĂšre » montre que Guy Delisle est tout Ă  fait capable de sĂ©duire sans le background d’un pays exotique. Son humour fait mouche et la lecture est un vrai plaisir. Cependant, Ă  10 euros le bouquin, vous risquez de rester un peu sur votre faim Ă  la fermeture de l’ouvrage. A vous de voir.

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Chroniques de JĂ©rusalem

ChroniquesDeJerusalem


Titre : Chroniques de JĂ©rusalem
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Novembre 2011


Guy Delisle a imposĂ© son style dans ses livres de voyage. AprĂšs la Chine, la CorĂ©e du Nord et la Birmanie, le voilĂ  qui arrive en IsraĂ«l, Ă  JĂ©rusalem. PubliĂ© comme le prĂ©cĂ©dent aux Ă©ditions Delcourt, dans la collection Shampooing, l’auteur canadien a su bonifier son trait et sa narration au point que ce « Chroniques de JĂ©rusalem » obtienne le prix du meilleur album au Festival International de Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2012 ! Alors, qu’en est-il ? Ce prix est-il mĂ©rité ?

Le terme de « chroniques » est parfaitement adaptĂ© car nous allons avoir droit ici Ă  de nombreuses anecdotes et morceaux de vie. Pas question de crĂ©er une longue narration. Si bien que malgrĂ© le nombre de pages importants (plus de 300 !), le livre se lit trĂšs agrĂ©ablement, la lecture pouvant s’arrĂȘter Ă  tout moment sans problĂšme. Guy Delisle suit donc sa femme, qui travaille Ă  MĂ©decins Sans FrontiĂšres, en IsraĂ«l. Ils s’installent Ă  JĂ©rusalem Est (cĂŽtĂ© arabe) et l’auteur reprend son activitĂ© de pĂšre au foyer. Pendant que sa femme s’active, il s’occupe de son enfant. L’idĂ©e est de trouver de quoi tromper l’ennui. Le jardin d’enfant est, entre autres, une des grandes quĂȘtes du canadien.

Un regard plus affûté

Évidemment, l’aspect touristique est vite prĂ©sent. Guy Delisle visite le pays (ou du moins les environs) avec sa candeur habituelle. Il Ă©vite tout jugement (mĂȘme si celui-ci transparaĂźt) et note avant tous les incohĂ©rences et ce qui le choque de visu. Ainsi, voir des fusils d’assaut rĂ©guliĂšrement le laisse perplexe
 L’appel Ă  la priĂšre le fait sursauter
  Tout est racontĂ© de façon chronologique. Ainsi, dans la seconde moitiĂ©, la surprise est moins prĂ©sente chez l’auteur. Le regard se fait plus affĂ»tĂ©, bien que toujours sans prĂ©senter ses opinions.

Si Delisle avait l’habitude des pays assez fermĂ©s, ce n’est pas le cas ici. IsraĂ«l est une dĂ©mocratie et il est donc beaucoup plus libre de ses mouvements. Du coup, il pĂ©nĂštre bien plus dans l’esprit du pays que dans les autres livres. Son autonomie lui permet de toucher du doigt plus d’incohĂ©rences. Car c’est le vĂ©ritable sujet du livre : IsraĂ«l est prĂ©sentĂ© comme un pays complĂštement absurde. C’en est souvent risible, mais malheureusement aussi inquiĂ©tant. L’auteur met le doigt sur des comportements et des usages complĂštement improbables. Il y prĂ©sente un pays oĂč des populations vivent ensemble sans se croiser ou se parler. C’est un vĂ©ritable apartheid en pleine dĂ©mocratie. A cela s’ajoute les communautĂ©s religieuses les plus orthodoxes du monde
 On devine alors une JĂ©rusalem multiple, mais surtout divisĂ©e.

Au niveau du dessin, Guy Delisle a affinĂ© son trait. C’est simple mais efficace et la narration se fait avec beaucoup de fluiditĂ©. Cette fois-ci, la couleur a plus d’importance. Le tout est souvent colorisĂ© de façon monochrome, mais chaque couleur a un sens. Cela facilite la lecture. Quelques touches de couleurs sont ajoutĂ©s afin d’enrichir le tout (souvent en renforçant un effet, comme une explosion par exemple). Clairement, graphiquement, l’auteur progresse et propose un rĂ©sultat de plus en plus abouti. 

« Chroniques de JĂ©rusalem » est une grande rĂ©ussite. Difficile d’ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  ce qui y est racontĂ©. Et en prĂ©sentant le tout de façon factuel, Guy Delisle donne Ă  son ouvrage une certaine universalitĂ©, si bien que l’on dĂ©vore le livre, allant de surprise en surprise. Un must du carnet de voyage !

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note5

Chroniques birmanes

ChroniquesBirmanes


Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007


AprĂšs « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle s’attaque Ă  la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». VoilĂ  donc le troisiĂšme opus des reportages si particuliers de l’auteur canadien. Alors qu’il s’était retrouvĂ© en Asie pour superviser des studios d’animation, le voilĂ  dĂ©sormais dans l’une des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Exit l’animateur, voilĂ  le pĂšre au foyer ! Delisle passe sa journĂ©e Ă  faire de la bande-dessinĂ©e et, surtout, Ă  s’occuper de Louis, son fils. Nouveau pavĂ© Ă  dĂ©vorer, ce livre pĂšse 263 pages et est publiĂ© chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez L’Association).

Si ses prĂ©cĂ©dents opus possĂ©daient une continuitĂ© relative de la narration, ce n’est pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. C’est bien de chroniques dont il s’agit, les anecdotes Ă©tant empilĂ©es les unes aux autres. Alors bien sĂ»r, il y a quand mĂȘme une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu diffĂ©rente. Vu le pavĂ© reprĂ©sentĂ©, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans l’ouvrage. Le fait que l’auteur ait passĂ© un an et demi dans le pays justifie Ă©videmment ce choix.

Ce que l’on pouvait regretter dans « Pyongyang », c’est que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre l’envers du dĂ©cor de la sociĂ©tĂ© nord-corĂ©enne. C’est un peu la mĂȘme chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. D’ailleurs, il n’hĂ©site pas Ă  le rappeler rĂ©guliĂšrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On dĂ©couvre ainsi la vie dans son quartier et les inĂ©vitables rencontres d’ONG.

Un rĂŽle de candide

La force de Guy Delisle est de se donner un rĂŽle de candide. Faussement naĂŻf, il aborde un ton lĂ©ger qui permet Ă  l’ouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, l’auteur ne cherche pas Ă  politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-lĂ . Et quand le personnage Guy Delisle dĂ©cide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, c’est pour mieux oublier ses engagements dans la case d’aprĂšs
 Mais derriĂšre ce vernis non-politisĂ©, les messages passent Ă  foison de part les faits.

Beaucoup de personnes n’arrivent pas Ă  se lancer dans un livre de Guy Delisle Ă  cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais trĂšs efficace. Il est parfaitement adaptĂ© au propos et lisible. Le tout est rehaussĂ© de gris de façon pertinente. L’auteur utilise un gaufrier de six cases, rĂ©servant la premiĂšre pour le titre de l’anecdote. Il y a une certaine routine qui s’installe, plutĂŽt confortable pour le coup. Bref, si vous n’aimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup d’essayer de passer le cap.

Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des rĂ©cits de voyage tout en lĂ©gĂšretĂ©. MĂȘme si ses observations sont Ă©videmment limitĂ©es par sa vie et qu’il n’est pas au plus prĂšs des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et l’on sourit Ă  de multiples reprises. A lire !

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note4

Pyongyang

Pyongyang


Titre : Pyongyang
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Mai 2003


Guy Delisle s’est spĂ©cialisĂ© dans la bande-dessinĂ©e façon carnet de voyage. En 2003, aprĂšs avoir dĂ©crit Shenzen, il s’attaque Ă  la CorĂ©e du Nord dans « Pyongyang ». Son travail d’animateur d’alors le pousse Ă  aller superviser la production sur place. C’est donc parti pour plusieurs mois dans l’un des pays les plus fermĂ©s du monde. Son livre « 1984 » d’Orwell en poche, Delisle va dĂ©couvrir la vie dans la capitale de la CorĂ©e du Nord. Le tout est publiĂ© en noir et blanc Ă  l’Association et pĂšse pas moins de 176 pages.

Cela faisait longtemps que je voulais me lancer dans la lecture des ouvrages de Guy Delisle tant on m’en a dit du bien. Et son prix Ă  AngoulĂȘme pour « Chroniques de JĂ©rusalem » m’avait d’autant plus incitĂ© Ă  m’y intĂ©resser. J’ai donc choisi de dĂ©marrer avec le pays qui me fascine le plus, la CorĂ©e du Nord. A cette Ă©poque-lĂ , Guy Delisle est cĂ©libataire et ne part donc que quelques mois. Il arrive seul en CorĂ©e du Nord oĂč les activitĂ©s ne sont pas lĂ©gion
 On dĂ©couvre alors son quotidien avec les autres travailleurs de l’animation et les ONG.

Un ton léger, un sujet grave

Si l’auteur nous fait dĂ©couvrir la CorĂ©e du Nord, c’est par son Ɠil averti. Ainsi, les analyses profondes du rĂ©gime ne sont pas d’actualitĂ©. Ce que vit et voit Delisle suffit amplement Ă  nous renseigner sur ce rĂ©gime. On dĂ©couvre une population asservie, presque robotisĂ©e et de grands espaces vides (Ă  l’image des hĂŽtels). Le rĂ©gime est Ă  l’agonie. Il tente de le cacher, mais c’est beaucoup trop flagrant pour passer inaperçu. Surtout que l’auteur est quelqu’un de curieux qui ne mĂ©nage pas son guide (qui l’accompagne en permanence). Il aime rentrer Ă  pied et visiter
 Et en adoptant un ton lĂ©ger, Delisle parvient Ă  nous distraire en parlant d’un pays ultra-rĂ©pressif
 

Au fond, en lisant l’ouvrage, on a l’impression de revivre l’expĂ©rience de Delisle. On dĂ©couvre ce pays comme il l’a lui-mĂȘme dĂ©couvert : les incohĂ©rences, les violences, la peur, etc. Delisle n’est pas un idĂ©ologue. A aucun moment, il ne cherche Ă  nous assĂ©ner un message politique. Bien sĂ»r, cela transparait quand mĂȘme au fur et Ă  mesurer de la lecture, mais l’ensemble reste trĂšs factuel.

Concernant le dessin, Delisle a un trait simple, façon « nouvelle bande-dessinĂ©e ». C’est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage. Le tout est rehaussĂ© d’une colorisation en niveaux de gris qui densifie un peu l’ensemble. C’est lisible et trĂšs efficace.

Au final, on ressort un peu sonnĂ© de « Pyongyang ». Devant tant d’absurditĂ©, on ne peut qu’ĂȘtre rĂ©voltĂ©. Mais en choisissant un ton lĂ©ger, Guy Delisle Ă©vite l’écueil d’un ouvrage trop politisé et orientĂ©. Du coup, on sourit souvent avec un thĂšme bien grave pourtant. Du beau travail !

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Réalités obliques

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Titre : Réalités obliques
Scénariste : Clarke
Dessinateur : Clarke
Parution : Octobre 2015


Je n’ai jamais rien lu de Clarke. Et pourtant, il est le dessinateur de la bien connue « MĂ©lusine ». C’est ainsi un changement de style radical que le dessinateur effectue en proposant « RĂ©alitĂ©s obliques », un one-shot en noir et blanc dĂ©rangeant, oĂč fantastique et onirisme se cĂŽtoient. Paru au Lombard, l’ouvrage titille les 160 pages.

Clarke nous propose plus d’une vingtaine de petites histoires de 4 pages carrĂ©es, chaque page contenant elle-mĂȘme quatre cases carrĂ©es. Chaque scĂšne possĂšde une composante plus ou moins fantastique (on est souvent dans l’idĂ©e du cauchemar, Ă  la frontiĂšre du rĂ©el). Le tout se veut dĂ©rangeant et c’est plutĂŽt rĂ©ussi. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la dĂ©marche de Franquin et de ses « IdĂ©es noires ». MĂȘme si le contenu reste diffĂ©rent, on reste sur un auteur qui change de style vers des histoires plus glauques et avec un noir et blanc poussĂ©s dans ses retranchements.

4 pages carrées par histoire. 4 cases carrées par planche.

Si toutes les histoires sont loin d’atteindre le mĂȘme niveau, la qualitĂ© est de mise. Clarke maĂźtrise son rythme de 16 cases pour faire monter la tension et aboutir sur une derniĂšre case qui, souvent, donne le sens au reste. En cela, les histoires de Clarke ne coulent pas toujours de source et nous surprennent. Une lecture trop rapide ou en diagonal amĂšne parfois l’incomprĂ©hension. Tout est pesĂ©, tant dans les textes que dans le dessin. Et le rĂ©sultat est rĂ©ussi : on est mal Ă  l’aise face Ă  ces histoires qui touchent Ă  nos phobies les plus primitives.

Concernant le dessin, difficile de ne pas penser au « Sin City » de Frank Miller. Il semble que ce soit l’influence majeure de Clarke sur cet album. MalgrĂ© tout, les cadrages, les clairs-obscurs forcent le respect et on sent un auteur en pleine possession de son art. Surtout que beaucoup de scĂšnes possĂšdent peu d’action, le dessinateur change les points et angles de vue intelligemment.

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« RĂ©alitĂ©s obliques » est une Ɠuvre qui permet Ă  Clarke de prĂ©senter une autre palette de son talent. Si on pense beaucoup Ă  Franquin et Miller pendant la lecture, difficile de ne pas adhĂ©rer Ă  l’ouvrage, dont l’ambition initiale est atteinte. Un beau livre, simplement.

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note4

Okko, T7 : Le cycle du feu, premiĂšre partie

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Titre : Okko, T7 : Le Cycle du Feu, premiĂšre partie
Scénario : Hub
Dessin : Hub
Parution : Octobre 2011


« Okko » est une sĂ©rie basĂ© sur des cycles Ă©lĂ©mentaires composĂ©s de deux tomes chacun, scĂ©narisĂ©e et dessinĂ©e par Hub. AprĂšs le cycle de l’eau, le cycle de la terre et le cycle de l’air, voici venir le cycle du feu. Premier tome de ce cycle et donc septiĂšme de la sĂ©rie, celui-ci dĂ©marre sur un mariage entre deux familles trĂšs puissantes. Devant l’ampleur du phĂ©nomĂšne (qui pourrait amener un nouvel empereur), les familles font appel Ă  la garde blanche, composĂ©e des cent samouraĂŻs les plus valeureux. Auquel s’ajoute un cent-uniĂšme bien connu : Okko. Bien qu’étant dĂ©shonorĂ© et diminuĂ© (il a perdu une main lors du cycle prĂ©cĂ©dent), ce qui fait de lui un ronin, ses faits d’armes le rendent indispensables. Cependant, notre hĂ©ros sait prendre du recul et Ă©vite de se mĂ©langer avec des pairs qui le renient.

La rĂ©ussite d’ « Okko » tient Ă  plusieurs facteurs. Le japon mĂ©diĂ©val, teintĂ© de fantastique, est Ă  la fois terriblement exotique et sombre. Hub crĂ©e un monde d’hĂ©roĂŻc-fantasy japonais avec ses guerriers, ses nobles, ses monstres et ses sorciers. La balance entre l’aspect historique (et documentĂ©) et fantastique est parfaitement dosĂ©e et accouche d’un univers crĂ©dible et cohĂ©rent.

Un Japon médiéval, exotique et sombre.

Autre facteur de rĂ©ussite : les personnages. Comme dans toute saga de fantasy, « Okko » est avant tout l’histoire d’un groupe. On y trouve Okko, samouraĂŻ dĂ©chu, Noburo, guerrier gĂ©ant cachĂ© derriĂšre un masque, Noshin, moine alcoolique et Tikku, jeune apprenti du moine. La galerie est pittoresque mais moins caricaturale qu’elle n’y paraĂźt. Les relations entre les personnages sont souvent conflictuelles et les problĂšmes viennent souvent de l’une des personnes du groupe. Le vrai lien est Okko, qui n’hĂ©site pas Ă  se mettre en danger (voire Ă  se sacrifier) pour dĂ©fendre l’un de ses compagnons. C’est une vraie force dans cette BD car Okko est parfois Ă  la limite de l’antipathique. Aigri et agressif avec le moine, Hub ne lui fait pas non plus de cadeau. Mais son personnage prĂ©fĂšre ses amis Ă  son honneur. L’auteur en fait donc une version nouvelle du samouraĂŻ, trĂšs intĂ©ressante.

Comme d’habitude, l’histoire se passe sur une Ăźle. Cycle du feu oblige, elle est volcanique ! Dans ce premier tome du cycle, Hub distille son atmosphĂšre lentement sans dĂ©voiler les vrais tenants de l’intrigue. Et Ă  la fin du tome, un Ă©vĂšnement avive un suspense insoutenable. L’auteur maĂźtrise rĂ©ellement la construction en deux tomes et c’est sans doute ce qui fait tout le charme de cette Ɠuvre. PlutĂŽt que d’écrire une longue Ă©popĂ©e de 8 tomes, Hub Ă©crit des histoires denses Ă  l’identitĂ© fortement marquĂ©e. RĂ©sultat : on a l’impression que « Okko » s’amĂ©liore de tomes en tomes.

A force de passer les tomes, on en apprend un peu plus sur les personnages. Hub nous prĂ©sente un Okko en apparence vieilli et affaibli. Bien que pouvant ĂȘtre lu indĂ©pendamment des autres tomes, je conseille tout de mĂȘme une lecture prĂ©alable des ouvrages prĂ©cĂ©dents. De mĂȘme, le jeune Tikku, si timide et effrayĂ© au dĂ©part, vieillit et prend de plus en plus d’initiatives. On a vraiment l’impression de voir Ă©voluer les personnages. Mais comme toujours, c’est trĂšs lĂ©ger et subtil. Hub mĂ©nage ses informations, ses Ă©volutions afin de crĂ©er une Ɠuvre des plus intĂ©ressantes.

Et que dire du dessin ? Il est simplement magnifique. DĂ©taillĂ© et expressif, il sait se faire dynamique dans les combats. La faune et la flore sont parfaitement retranscrits et donnent de la chaleur Ă  ce cycle ardent. De mĂȘme, tous les apparats du japon mĂ©diĂ©val donnent vraiment l’impression d’y ĂȘtre, facilitant notre plongĂ©e dans l’univers. Sans en faire trop, Hub sait crĂ©er des moments forts dans ses planches. Une grande rĂ©ussite comme toujours ! De plus, chaque cycle a une vraie identitĂ©, que ce soit dans les tons, les couleurs et les ambiances.

« Okko » est une vraiment une Ɠuvre majeure de la bande-dessinĂ©e. Construite selon des cycles de deux tomes, tout y est rĂ©ussi. Un dessin virtuose reconnaissable immĂ©diatement, des intrigues teintĂ©es de fantastique, un univers original et cohĂ©rent, des personnages complexes et attachants
 Je ne peux que vivement la conseiller Ă  ceux qui ne l’auraient pas encore dĂ©couverte. Chaque tome est un grand moment, simplement.

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note5

 

Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie

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Titre : Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie
Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub
Parution : Mai 2014


« Okko » est certainement l’une de mes sĂ©ries prĂ©fĂ©rĂ©es. Je la suis depuis le premier tome. Or, fait rare, cette sĂ©rie a eu tendance Ă  se bonifier au fur et Ă  mesure des tomes. Et des tomes, il y en a puisque c’est le neuviĂšme qui sort en cette annĂ©e 2014. ScindĂ©s par cycle de deux, voilĂ  donc l’ultime cycle : le cycle du vide. C’est donc l’avant-dernier opus des aventures d’Okko qui paraĂźt chez Delcourt. Alors, que nous propose donc ce nouveau cycle ?

Okko est un ronin qui arpente l’Empire du Pajan accompagnĂ© par de curieux acolytes. Ils sont chasseurs de dĂ©mons. On retrouve Noshin le moine alcoolique, Noburo le gĂ©ant masquĂ© et Tikku, apprenti moine. Or, depuis le dĂ©but, nous ne savons toujours pas qui est Noburo ni mĂȘme comment le moine a pu se retrouver embarquĂ© dans ce groupe. Quant Ă  Okko, son passĂ© reste trouble. Le groupe est actuellement chassĂ© et fuit perpĂ©tuellement. Okko, usĂ©, dĂ©cidĂ© qu’il est temps pour lui de prendre sa retraite. Et voilĂ  l’occasion de prĂ©senter un flashback sur l’histoire du ronin.

Beaucoup d’informations restent en suspens

La force de l’univers de « Okko » est de savoir distiller les informations au compte-goutte. Hub maĂźtrise parfaitement son univers et ne nous laisse entrevoir les liens du passĂ© qu’avec parcimonie. Et, enfin, avec ce dernier cycle, l’auteur va avoir les rĂ©ponses Ă  ses questions ! Et il faut bien avouer que l’on est gĂąté ! Sans trop s’attarder sur la narration, Hub dĂ©clenche trĂšs vite un flashback qui tiendra jusqu’à la fin du livre. Certains personnages passĂ©s apparaissent donc et le passĂ© est rĂ©vĂ©lĂ©. L’auteur nous livre beaucoup d’informations, si bien qu’à la fin de l’ouvrage on n’a qu’une envie : relire les huit premiers tomes pour voir si certains aspects Ă©taient dĂ©jĂ  visibles Ă  l’époque
 Cependant, beaucoup de questions restent en suspens et l’idĂ©e d’attendre encore de longs mois pour lire l’épilogue est une vĂ©ritable souffrance.

« Okko » tient sa force de l’univers nippon mĂ©diĂ©val fantastique qu’il propose. Hub lui donne toute sa force par des dessins expressifs et des dĂ©cors splendides. Les couleurs rendent hommage au trait du dessinateur sans peine et aident Ă  la narration, utilisant de diffĂ©rents camaĂŻeus pour les flashbacks. Les nombreux combats (au katana bien sĂ»r !) sont admirablement rendus avec beaucoup de dynamisme. Bref, c’est parfaitement adaptĂ© au propos !

Si on pourra regretter l’absence de certains personnages (Noburo notamment !), cette bande-dessinĂ©e se dĂ©vore d’une traite et donne suffisamment d’informations pour rassasier lecteur. MalgrĂ© tout, on ne peut qu’attendre l’épilogue de cette sĂ©rie. L’une des plus passionnantes de ces derniĂšres annĂ©es.

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ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ

ZaiZaiZaiZai


Titre : Zaï zaï zaï zaï
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Mai 2015


Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprĂ©cier autant ses livres d’autodĂ©rision que ses strips ou encore ses ouvrages expĂ©rimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulĂ© « ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï ». Un road-movie paraĂźt-il
 Devant les bonnes critiques unanimes et son prix au festival Quai des Bulles, je me le suis procurĂ©, prĂȘt Ă  apprĂ©cier cet ouvrage. Le tout est paru chez 6 pieds sous terre pour une soixantaine de pages.

« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est une auto-fiction. On retrouve Fabcaro au supermarchĂ©. Au moment de payer, il s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidĂ©litĂ©. Commence alors une cavale rocambolesque


Une cavale d’un nouveau genre.

ZaiZaiZaiZai3Si ce livre est assez diffĂ©rent formellement des autres ouvrages de Fabcaro, il en reprend pourtant toutes les caractĂ©ristiques : l’obsession du supermarchĂ©, le fonctionnement en strips, l’absurde, l’auto-dĂ©rision, le comique de rĂ©pĂ©tition
 Fabcaro fusionne le tout dans une aventure complĂštement absurde. Ainsi, chaque page propose un gag qui fait avancer l’histoire. Le cĂŽtĂ© extrĂȘmement absurde ferait presque pencher la balance vers l’idĂ©e d’un ouvrage expĂ©rimental. Mais l’humour dĂ©veloppĂ© est grand public, pour peu qu’on soit ouvert aux incohĂ©rences voulues du rĂ©cit. Si voir quelqu’un menacer un vigile avec un poireau ne vous fait pas sourire, vous pouvez passer votre chemin.

La cavale est bien Ă©videmment un prĂ©texte pour parler de tout et de rien. On retrouve  des gags sur l’auteur en lui-mĂȘme, sur les supermarchĂ©s, sur la police, sur les journalistes
 L’histoire est ainsi aussi dĂ©cousue qu’elle est absurde. Et ce, jusqu’à un Ă©pilogue rĂ©ussi. Et si, vu l’humour proposĂ©, on accroche plus ou moins aux situations, on sourit souvent et on rit mĂȘme de bon cƓur devant certains gags.

Au-delĂ  de la qualitĂ© intrinsĂšque de l’ouvrage (et de savoir s’il est drĂŽle ou non), force est de constater que Fabcaro est un auteur qui possĂšde une vĂ©ritable patte en tant que scĂ©nariste. Quand on accroche Ă  son humour, difficile de s’en dĂ©tacher. On est loin d’un humour formatĂ© et dĂ©jĂ  entendu.

Concernant le dessin, Fabcaro dĂ©laisse son dessin humoristique pour un trait Ă  la fois plus rĂ©aliste et encore plus relĂąchĂ©. Cela donne Ă  son road movie une apparence de sĂ©rieux qui tranche encore plus avec l’absurde de l’histoire. Le choix est clairement payant. Fabcaro fait la part belle aux rĂ©pĂ©titions dans ses pages, mettant l’accent sur les dialogues. Le trait est relevĂ© par une bichromie Ă  la teinte jaune/verte un peu dĂ©stabilisante (et honnĂȘtement assez moche). La teinte mise Ă  part, la colorisation donne du volume au trait et reste pertinente.

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« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est un beau condensĂ© du savoir faire de Fabcaro. Il n’est pas rare de rire devant les pĂ©ripĂ©ties de ce hĂ©ros du quotidien. Rien que pour cela, l’ouvrage est rĂ©ussi. Mais quand il faut parler d’autodĂ©rision et tacler les angoisses du quotidien franchouillard (karaokĂ© et carte de fidĂ©litĂ© de supermarchĂ© en tĂȘte), il reste l’un des auteurs les plus performants.

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note4

Narcisse, T2 : Terra Nullius

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Titre : Narcisse, T2 : Terra Nullius
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Septembre 2015


Le premier tome de « Narcisse » m’avait un peu laissĂ© sur ma fin. MalgrĂ© un dessin de haut niveau, la narration souffrait d’un rythme mal maĂźtrisĂ© et d’une histoire qui ne se lançait vraiment qu’en toute fin d’album. Avec ce deuxiĂšme tome, Chanouga entre dans le cƓur de son ouvrage : l’expĂ©rience d’un naufragĂ© sur une Ăźle de cannibales. Le tout est publiĂ© chez Paquet pour soixante pages.

Narcisse, jeune mousse embarquĂ© pour l’Australie, est Ă©chouĂ© sur une Ăźle oĂč sĂ©vissent des cannibales. Une expĂ©dition cherche Ă  lui venir en aide (et Ă  rĂ©cupĂ©rer leur main d’Ɠuvre chinoise), mais ils le considĂšrent comme mort. Pourtant, Narcisse va survivre et vivre parmi les autochtones pendant de nombreuses annĂ©es.

Une vie parmi les cannibales.

Narcisse2aAprĂšs un premier tome qui s’éternisait sur les premiĂšres expĂ©riences de Narcisse, on entre ici dans le vif du sujet. « Terra Nullius » s’intĂ©resse exclusivement Ă  la vie du jeune homme sur l’üle. Ses dĂ©buts difficiles (et contestĂ©s) parmi la tribu, jusqu’à son dĂ©part. Le lieu unique permet Ă  Chanouga de mieux maĂźtriser sa narration. En cela, la sĂ©rie s’amĂ©liore. Mais on sent l’auteur encore trĂšs attachĂ© Ă  ne relater que les faits dont il a connaissance. L’histoire reste parcellaire et on aborde plusieurs annĂ©es en un seul tome. LĂ  encore, certains Ă©vĂ©nements restent peu traitĂ©s en terme psychologique (on pense notamment au cannibalisme).

L’histoire prend un tour plus spirituel avec ce deuxiĂšme tome. C’est plutĂŽt une rĂ©ussite, Chanouga maĂźtrisant parfaitement ce genre de sujet et le mettant en image avec maestria. Car au-delĂ  de l’esthĂ©tisme des pages de l’auteur, c’est son dĂ©coupage qui est marquant. Ne cherchant jamais la facilitĂ©, il sait produire des planches marquantes.

Difficile de ne pas parler du dessin de Chanouga. Son choix d’absence d’encrage met en valeur son crayonnĂ© (dont on voit les traits de construction). Sa gestion des couleurs et des lumiĂšres est un modĂšle du genre. Son bleu-vert couplĂ© Ă  l’orange des cheveux de Narcisse fait des merveilles. Pleinement Ă  l’aise avec la mer et la vĂ©gĂ©tation luxuriante de l’üle, on ne peut que s’extasier devant son dessin.

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Si les choix de narration et de scĂ©nario restent discutables, ce deuxiĂšme tome est plus rĂ©ussi que le premier. DotĂ© d’une unitĂ© de lieu (Ă  dĂ©faut de temps), on reste un peu Ă©tonnĂ© de voir Narcisse si peu expressif face aux Ă©vĂ©nements. Mais sans doute est-ce aussi l’originalitĂ© de cet ouvrage. Le jeune homme adopte pleinement la vie des autochtones et laisse vĂ©ritablement de cĂŽtĂ© son ancienne vie. C’est cela qui perturbe le lecteur. À voir comment Chanouga clĂŽturera cette sĂ©rie avec le troisiĂšme et dernier tome traitant du retour de Narcisse Ă  la vie occidentale.

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note3