Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Octobre 2011


J’ai eu le plaisir que l’on m’offre derniĂšrement la bande-dessinĂ©e « Atar Gull, ou le destin d’un esclave modĂšle ». Non seulement le scĂ©nario est tenu par Fabien Nury, qui m’a dĂ©jĂ  convaincu avec ses sĂ©ries « Je suis lĂ©gion » et « Il Ă©tait une fois en France », mais le dessin est rĂ©alisĂ© par BrĂŒno, dont le travail m’a Ă©tĂ© louĂ© de nombreuses fois. Avec cet ouvrage, j’espĂ©rais dĂ©couvrir le travail de cet auteur en vogue. Ce livre est un one-shot d’un peu plus de 80 pages et est inspirĂ© d’un roman d’EugĂšne Sue. N’ayant pas lu ce roman, j’éviterai toute comparaison entre l’Ɠuvre originale et son interprĂ©tation en BD.

Atar Gull est fils de chef de la tribu des petits Namaquas en Afrique. La guerre avec les grands Namaquas fait rage et des hommes sont faits prisonniers. Toute la tribu pleure sauf lui. Atar Gull dĂ©clare alors que jamais il ne pleurera
 La BD est articulĂ©e selon deux livres : « La traversĂ©e » et « La plantation » auxquels s’ajoutent un prologue et un Ă©pilogue. Comme on parle ici d’un esclave, il va sans dire Atar Gull va se faire capturer par les grands Namaquas. Au lieu de manger leurs prisonniers, ils ont depuis appris Ă  les vendre aux blancs


Aucun manichĂ©isme : chaque personnage a ses raisons d’agir.

Le propos dĂ©veloppĂ© ici est particuliĂšrement sombre. L’esclavage n’est pas un sujet facile et Nury le traite ici sans manichĂ©isme. L’armateur qui procĂšde au commerce du bois d’ébĂšne est animĂ© par des intentions simples : pouvoir gagner assez d’argent pour rejoindre sa femme. C’est une des caractĂ©ristiques fortes de Fabien Nury : ses personnages ont souvent des bonnes raisons d’agir. Le tout commence donc par la traversĂ©e de l’Atlantique oĂč les auteurs dĂ©veloppent une vraie histoire de pirates. Le rĂŽle d’Atar Gull est ainsi trĂšs mineur. Il est seulement la plus belle piĂšce de la marchandise, un « Mandingo ».

L’arrivĂ©e aux AmĂ©riques change le tout. Atar Gull est vendu et travaille dans une plantation aux ordres du maĂźtre Wil. C’est vraiment Ă  ce moment-lĂ  que l’on perçoit toute la force du scĂ©nario. En effet, les Ă©vĂšnements avancent, souvent terribles, et les motivations d’Atar Gull nous sont toujours inconnues. On ne le comprend pas vraiment. Cependant, derriĂšre toute cette cruautĂ©, prĂ©sente Ă  tous les instants, on arrive Ă  ĂȘtre Ă©mu. Du grand art


Au niveau du dessin, j’avoue que le style de BrĂŒno m’a un peu gĂȘnĂ© au dĂ©part. Son trait est Ă©pais, sans concession, avec des aplats noirs importants, notamment dans ses visages. D’apparence simple, son dessin se rĂ©vĂšle bien plus complexe et intĂ©ressant une fois que l’on est habituĂ©. « Atar Gull » est aussi une bande-dessinĂ©e marquante graphiquement. Dans les moments forts, BrĂŒno sait donner Ă  son dessin la construction et le style qui fera rĂ©agir le lecteur. Un trĂšs bon dosage dans l’intensitĂ©. Le tout est colorisĂ© par aplats trĂšs simples, sans ombre. Le tout renforce le style de BrĂŒno, trĂšs brut. Les couleurs sont bien utilisĂ©es, renforçant l’atmosphĂšre de chaque lieu ou moment.

« Atar Gull » est clairement dans le haut du panier de la bande-dessinĂ©e actuelle. Avec un scĂ©nario original et surprenant, des personnages hauts en couleur et un dessin exigeant et marquant, on sent qu’aucune concession n’a Ă©tĂ© faite. Les auteurs accouchent d’un ouvrage avec une personnalitĂ© forte. A dĂ©couvrir absolument.

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note5

Tyler Cross, T2 : Angola – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Tyler Cross, T2 : Angola
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Août 2015


Avec deux one shots exceptionnels (« Tyler Cross » et « Atar Gull »), Fabien Nury et BrĂŒno se sont imposĂ©s comme une des doublettes les plus talentueuses de la bande-dessinĂ©e. Et c’est avec plaisir que l’on les voit rempiler avec un deuxiĂšme tome de « Tyler Cross », intitulĂ© « Angola ». Le tout pĂšse 100 pages et est publiĂ© c’est Dargaud. MĂȘme s’il serait dommage de ne pas avoir lu le premier tome, ils sont parfaitement indĂ©pendants.

« Angola » est le nom d’une prison. Tyler Cross y est enfermĂ© suite Ă  un coup foireux. Évidemment, il va tenter d’en sortir. Le premier tome Ă©tait un polar teintĂ© de western. Ici, on prend les rĂ©fĂ©rences en plein univers carcĂ©ral des annĂ©es 50 : mafia sicilienne, esclavage des prisonniers, chasse Ă  l’homme, corruption… Du petit lait pour Tyler !

Un hĂ©ros froid, violent et dotĂ© d’une morale minimale.

TylerCross2bLa force de cette sĂ©rie est de prĂ©senter un hĂ©ros particuliĂšrement froid et violent, dotĂ© d’une morale minimale. Pourtant, notre empathie pour lui est bien rĂ©elle puisqu’on espĂšre qu’il s’en sortira. La violence est omniprĂ©sente, portĂ©e par une narration parfaitement maĂźtrisĂ©e. C’était dĂ©jĂ  un des points forts du premier album, on le retrouve ici. Les textes sont un vĂ©ritable plaisir de lecture, sublimĂ©s par la mise en image. Les cases longues et grandes donnent une vraie dimension cinĂ©matographique Ă  l’ensemble. Mais qu’on ne s’y trompe pas : « Tyler Cross » s’inspire du cinĂ©ma, mais utilise au mieux les codes de la bande-dessinĂ©e.

Les cent pages de l’ouvrage permettent aux auteurs de dĂ©velopper leur propos. Car l’histoire n’est pas uniquement centrĂ©e sur Tyler Cross. Les autres personnages ont droit aussi Ă  leurs chapitres qui dĂ©veloppent leur histoire. Et Ă  la fin, Tyler est souvent lĂ  pour les accueillir
 Cette narration multiple, parfaitement maĂźtrisĂ©e, est au cƓur du plaisir de lecture.

Le trait de BrĂŒno, tout en noirs, et sa mise en scĂšne sont assez incroyables. Non seulement il possĂšde un dessin assez unique, mais il est parfaitement au service de l’histoire. Les deux auteurs sont au diapason. Les couleurs enrichissent les ambiances, jouant sur les teintes avec beaucoup d’intelligence. La pluie, la nuit, la douleur, la violence
 BrĂŒno parvient Ă  tout exprimer avec beaucoup d’économie dans son trait et c’est assez remarquable. Quant au dĂ©coupage, il est un vĂ©ritable modĂšle du genre. Quelle maĂźtrise !

« Tyler Cross » s’impose une nouvelle fois comme une bande-dessinĂ©e majeure. En quittant les atmosphĂšres western du premier tome, les auteurs proposent un ouvrage Ă  l’ambiance diffĂ©rente. Le fond reste le mĂȘme : violence, immoralitĂ© et rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques. Mais dans sa narration et son dessin, « Tyler Cross » reste une sĂ©rie assez unique, autant dans son genre que par sa qualitĂ© exceptionnelle.

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note5

Le rĂ©vĂ©rend, T2 : Chasse Ă  l’homme – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le rĂ©vĂ©rend, T2 : Chasse Ă  l’homme
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Avril 2015


Le premier tome du « RĂ©vĂ©rend » avait marquĂ© les esprits par une histoire mĂ©nageant ses surprises (scĂ©narisĂ© par Lylian) et son dessin trĂšs rĂ©ussi (rĂ©alisĂ© par le novice Augustin Lebon). On avait craint que la deuxiĂšme partie du diptyque ne montre jamais le bout de son nez, mais voilĂ  que la fin de l’intrigue dĂ©barque enfin en librairie. Le tout pĂšse une cinquantaine de pages et est publiĂ© chez Emmanuel Proust Media.

« Le rĂ©vĂ©rend » est une histoire de vengeance. Le cadre du western est choisi pour mettre en place l’intrigue. Angus cherche Ă  se venger des personnes responsables de la mort de sa mĂšre. On l’avait laissĂ© abattu Ă  la fin du premier tome. Deborah et Angus, on les retrouve alors qu’ils sont encore jeune, au moment oĂč le garçon devient le rĂ©vĂ©rend. Deborah lui intime alors de renoncer Ă  sa vengeance. Pas si simple


Vengeance au far west.

LeReverend2bCe tome se rĂ©vĂšle rapidement dĂ©cevant par rapport au premier. Ce second opus narre une histoire de vengeance classique et donc sans surprise. Le scĂ©nario se contente donc d’une chasse Ă  l’homme, comme l’indique si bien le titre. Le livre se lit alors avec plaisir, mais sans retenir notre attention plus que ça. Les gimmicks du genre s’accumulent sans passionner. L’ouvrage est plein de rĂ©fĂ©rence. Mais si le premier tome proposait son lot de surprises, il n’y en a plus ici. Dommage.

Au-delĂ  de ce dĂ©faut, « Le rĂ©vĂ©rend » semble hĂ©siter entre violence et tout public. Car le scĂ©nario oscille entre les deux. On dirait que les auteurs appuient sur le frein en permanence. LĂ  oĂč « Bouncer » assume pleinement l’horreur, « Le rĂ©vĂ©rend » est bien plus sage. DerriĂšre une duretĂ© de façade, on voit bien que le tout reste finalement plus lisse qu’il n’y paraĂźt.

Augustin Lebon confirme en revanche ses aptitudes de dessinateurs. Son dessin est un plaisir pour les yeux. Le trait est classique et classieux, tant dans les personnages que dans les lieux et dĂ©cors visitĂ©s. Les cases sont larges, laissant la place aux grands espaces de l’ouest sauvage. Les couleurs sont rĂ©ussies et mettent bien en valeur le trait de l’auteur. MalgrĂ© tout, ces couleurs assez vives manquent un peu d’ambiance. Sur ce point-lĂ  Ă©galement, le choix a Ă©tĂ© fait de ne pas assombrir l’ouvrage.

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Ce deuxiĂšme tome du « RĂ©vĂ©rend » ne convainc pas rĂ©ellement. Trop rĂ©fĂ©rencĂ© et sans surprise, il se lit comme une bonne bande-dessinĂ©e et nul doute que vous y prendrez du bon temps. Mais il n’est pas dit qu’il vous laissera un souvenir impĂ©rissable. Un bilan mitigĂ©, donc.

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note3

Une histoire d’hommes – Zep

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Titre : Une histoire d’hommes
Scénariste : Zep
Dessinateur : Zep
Parution : Septembre 2013


La sortie d’un album de Zep est toujours un Ă©vĂ©nement, mĂȘme lorsque ce n’est pas un nouveau « Titeuf ». Depuis des annĂ©es, l’auteur a bien rĂ©ussi a se dĂ©marquer de son hĂ©ros Ă  la mĂšche blonde avec des livres pour adultes comme « Les filles Ă©lectriques », « L’enfer des concerts » ou le best-seller « Happy Sex ». J’avoue beaucoup aimer cette partie de l’Ɠuvre de l’auteur. Mais le vĂ©ritable Ă©vĂšnement est que le nouvel album de Zep, intitulĂ© « Une histoire d’hommes » n’est pas destinĂ© (avant tout) Ă  faire rire. C’est une histoire plus sĂ©rieuse qui nous est prĂ©sentĂ©e lĂ  et avec un style de dessin plus rĂ©aliste. Un vrai dĂ©fi pour le Suisse et c’est peu de dire qu’il Ă©tait attendu au tournant. Cet ouvrage sert de lancement pour la nouvelle maison d’édition Rue de SĂšvres (on a vu pire comme mĂ©diatisation !). Ce livre fait une soixantaine de pages et coĂ»te pas moins de 18 euros.

Zep connaĂźt bien le milieu de la musique puisqu’il a lui-mĂȘme jouĂ© dans des groupes. C’est l’histoire des Tricky Fingers. Ce groupe de rock, alors en pleine ascension va exploser en plein vol. La plupart des musiciens feront leur vie loin de la musique, Ă  l’exception de Sandro qui deviendra une star. C’est ce dernier que les autres vont rejoindre, prĂšs de vingt ans aprĂšs, dans sa somptueuse villa. L’occasion de se remĂ©morer des souvenirs et de rĂ©gler des comptes


Des tensions et des non-dits

Le titre « Une histoire d’hommes » est parfaitement choisi. Tout est ici question d’hommes (et donc de femmes, forcĂ©ment !) et de leurs rapports humains. Zep nous construit donc un groupe classique : un batteur rigolo, un chanteur charismatique, un guitariste introverti mais au talent brut et un bassiste discret. Vingt ans aprĂšs, rien n’a fondamentalement changĂ© et les discussions fonctionnent presque en automatique. C’est clairement le point fort de l’album : des mecs qui ont presque vĂ©cu ensemble et qui se vannent Ă  tout va, chacun jouant son rĂŽle. Les tensions et les non-dits sont Ă©galement prĂ©sents et l’histoire finit par les dĂ©voiler au fur et Ă  mesure.

Zep construit son ouvrage selon un principe de flashbacks. On suit donc Ă  la fois les musiciens allant retrouver leur pote star que l’ascension du groupe Tricky Fingers. La narration est fluide, mĂȘme si les surprises apportĂ©es par l’histoire laissent un peu indiffĂ©rent. C’est ce qui manque ici : de l’émotion. Clairement, le but de l’album est d’émouvoir, mais je n’ai pas Ă©tĂ© touchĂ© plus que ça par le destin de ces musiciens. C’est dommage, car l’aspect humain est plutĂŽt rĂ©ussi. Un petit bilan en demi-teinte en quelque sorte.

Concernant le dessin, le passage en rĂ©aliste de Zep est une rĂ©ussite. Ce n’est pas transcendant, mais il possĂšde la vivacitĂ© nĂ©cessaire aux passages sur scĂšne, les personnages sont bien identifiĂ©s. LĂ -dessus, on ne peut qu’ĂȘtre satisfait du travail de l’auteur. Je suis plus critique sur le choix de coloriser le tout par monochromie. Chaque scĂšne possĂšde sa couleur. Cela aide la narration mais rend le tout un peu froid.

Je tiens Ă  noter que l’ouvrage est vraiment de belle facture. Le papier est trĂšs Ă©pais, presque cartonnĂ©. Le problĂšme est le prix, franchement excessif pour une bande-dessinĂ©e de 60 pages
 Visiblement, Rue de SĂšvres souhaite entrer dans les librairies avec des « beaux » livres. Mais attention Ă  l’inflation des prix des ouvrages. Pour ma part, j’ai lu le livre en bibliothĂšque et il y a peu de chance que je l’achĂšte, entre grande partie Ă  cause du prix. Dommage.

Au final, j’ai bien aimĂ© cette « Histoire d’hommes », mais elle m’a laissĂ© un goĂ»t un peu amer dans le sens oĂč je sens que l’ambition de l’auteur Ă©tait tout autre. Cependant, Zep rĂ©ussit son coup et la prochaine fois qu’il proposera un ouvrage du mĂȘme type, je le lirai certainement avec plaisir.

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note3

Litteul Kevin, T9 – Coyote

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Titre : Litteul Kevin, T9
Scénariste : Coyote
Dessinateur : Coyote
Parution : DĂ©cembre 2010


RĂ©cemment est sorti le 9Ăšme tome de « Litteul Kevin » par Coyote. AprĂšs un tome se terminant par l’apparition du pĂšre de Chacal, on Ă©tait en droit d’espĂ©rer de nouveaux rebondissements dans la vie de notre petite famille.

« Litteul Kevin », c’est l’histoire de Kevin, jeun garçon, de son pĂšre biker Chacal et de sa plantureuse mĂšre Sophie. Ce qui m’a marquĂ© d’emblĂ©e, c’est le retour au noir et blanc. Coyote maĂźtrisant parfaitement cette technique, c’est une heureuse nouvelle. Les effets de matiĂšre, les ombres, tout est remarquablement reproduit Ă  l’encre de chine, dans un style trĂšs caricatural. L’auteur fait fi des proportions et des poses naturelles. Tout est exagĂ©rĂ©, du nez de Chacal, Ă  la poitrine de Sophie. Le dessin colle parfaitement Ă  l’esprit de la sĂ©rie car tout y est excessif. L’esprit de farce de la sĂ©rie est parfaitement conservĂ©. Cet esprit, c’est la famille et les amis, le tout saupoudrĂ© d’une bonne pincĂ©e d’immaturitĂ©.

Un retour bienvenu au noir et blanc.

L’album se prĂ©sente sous forme d’histoires de 3 Ă  9 pages, chaque histoire prĂ©sentant une chute Ă  la fin. Un des reproches faits Ă  la sĂ©rie est son essoufflement. Il est vrai que depuis quelques tomes, on rigole de façon moins franche aux blagues de l’ami Coyote. Les chutes sont moins Ă©videntes, les jeux de mots moins frĂ©quents. Le tout reste trĂšs sympathique et il n’est pas rare de rigoler un bon coup devant l’attitude de nos bikers prĂ©fĂ©rĂ©s. On lit cette BD avec le mĂȘme plaisir que l’on aurait Ă  retrouver de vieux amis. Il y a une vraie tendresse de la part de Coyote dans le traitement de ses personnages.

On retrouvera donc avec plaisir toute la panoplie des personnages secondaires : CacahouĂšte, Hulk, Vanessa, le voisin, Frida
 L’apparition du grand-pĂšre permet d’ajouter quelques histoires, mais sans excĂšs. Sa trop grande similitude avec son fils Chacal le cantonnera forcĂ©ment Ă  un rĂŽle orientĂ© « tel pĂšre, tel fils ». Son intĂ©gration est en tout cas rĂ©ussie et donne lieu Ă  des scĂšnes sympas, sans pathos excessif. Chez Coyote, quand on pleure dans une case, c’est que l’on va donner une baffe dans la suivante


Si vous ne connaissez pas « Litteul Kevin », je vous conseille de vous orienter vers les tomes les plus anciens. Bien que ce dernier opus puisse ĂȘtre lu indĂ©pendamment des autres, il est nĂ©cessaire de connaĂźtre les protagonistes afin d’en profiter un maximum. Ce tome, sans ĂȘtre indispensable, continue la sĂ©rie avec qualitĂ©. On a tendance Ă  sourire plus qu’à rire qu’à l’accoutumĂ©e, mais peut-ĂȘtre est-ce seulement le destin des sĂ©ries qui durent. Il est Ă  signaler que ma conjointe m’a m’interdit de lire ce tome le soir au lit, mes rires l’empĂȘchant de dormir
 Un gage de qualitĂ© ?

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note3

Garçon manquĂ© – Liz Prince

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Titre : Garçon manqué
Scénariste : Liz Prince
Dessinatrice : Liz Prince
Parution : Octobre 2014


AprĂšs avoir Ă©tĂ© déçu par « Seule pour toujours » de Liz Prince, je voulais lui demander une nouvelle chance. En effet, les critiques que j’avais pu lire encensait plutĂŽt « Garçon manqué », qui est un vrai one-shot et non pas un recueil de blog. Dans ce livre, Liz Prince raconte sa jeunesse et son adolescente oĂč son cĂŽtĂ© pas assez fĂ©minin (selon elle) l’a beaucoup fait souffrir. C’est donc une autobiographie qui nous est proposĂ©e chez Ça et LĂ , pour un total de
 250 pages !

L’autobiographie de jeunesse centrĂ© sur un problĂšme particulier (ici le cĂŽtĂ© « garçon manqué ») a le vent en poupe. HĂ©las, il faut bien avouer que certains ont des jeunesses bien plus intĂ©ressantes que d’autres. Et surtout, la difficultĂ© est de savoir sublimer son existence par un traitement narratif ou graphique adĂ©quat. Liz Prince hĂ©site un peu sur le mode Ă  suivre, tantĂŽt humoristique, tantĂŽt franchement plombante. Le livre se rĂ©vĂšle bien trop premier degrĂ©. Alors qu’en est-il du propos ?

Un livre au premier degré trop exhaustif.

GarçonManquĂ©2Liz n’aime pas les robes. VoilĂ  le point de dĂ©part de l’intrigue. Elle n’aime donc pas les poupĂ©es, le rose et tout ce qui va avec. Elle aime les jeux de garçons et jouer avec eux. HĂ©las, il n’existe visiblement pas d’espace intermĂ©diaire. Elle se retrouve ainsi mise Ă  l’écart des deux communautĂ©s. Au-delĂ  du cĂŽtĂ© garçon manquĂ©, c’est avant tout l’histoire des marginaux qui est narrĂ©e. HĂ©las, le tout reste trĂšs terre-Ă -terre et ce n’est que dans les ultimes pages que la notion de marginalitĂ© (au sens large du terme) prend vraiment sa place.

Liz Prince aurait pu gĂ©nĂ©raliser son propos mais ce n’est pas le cas. On retrouve finalement dans le livre tout ce que l’on pourrait dire Ă  l’avance avant de le lire : on la prend pour un garçon, pour une lesbienne et elle accepte mal son corps. Du coup, si le livre se lit facilement, il ne propose aucune vĂ©ritable surprise. Et les moments plus intimes, plus personnels, sont noyĂ©s devant la pagination trop importante du livre. En effet, de nombreux passages sont redondants et n’apportent rien. En voulant tout dire, l’auteure affaiblit son propos.

Au niveau du dessin, c’est vraiment le minimum syndical. Le tout est en noir et blanc, avec un traitement sans matiĂšre ni niveau de gris. Le dessin est trĂšs simple et, finalement, n’apporte rien Ă  la narration. On peut avoir un dessin underground puissant ou minimaliste, mais cela n’empĂȘche pas la crĂ©ativitĂ©.

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Ce « Garçon manqué » a tout du projet trop personnel. Il n’y a pas de travail d’écriture sur l’ouvrage, l’auteure Ă©tant trop exhaustive et se contenant d’un traitement purement chronologique. L’expĂ©rience personnelle de Liz Prince n’est pas assez puissante ou originale (en tout cas, vue du livre) pour rĂ©ellement crĂ©er un intĂ©rĂȘt chez le lecteur. L’ouvrage aurait Ă©tĂ© plus court, il aurait Ă©tĂ© certainement beaucoup plus intĂ©ressant.

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note2

Le jardin de minuit – Edith

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Titre : Le jardin de minuit
ScĂ©nariste : Edith d’aprĂšs Philippa Pearce
Dessinatrice : Edith
Parution : Avril 2015


« Le jardin de minuit » est un roman jeunesse Ă©crit par Philippa Pearce que je ne connaissais pas. Une premiĂšre approche m’est proposĂ©e par Edith, qui adapte le livre en bande-dessinĂ©e dans un one-shot d’une petite centaine de pages. Le tout paraĂźt dans l’excellente collection Noctambule chez Soleil.

Tom est triste. Son frĂšre Peter a attrapĂ© la rougeole et est contagieux. Pour Ă©viter qu’il l’attrape Ă©galement, Tom est envoyĂ© deux semaines en vacances chez son oncle et sa tante, dans une maison transformĂ©e en appartements. Interdiction de sortir (au cas oĂč il incube), barreaux aux fenĂȘtres, voisine irascible
 Tom dĂ©prime. Mais c’était avant de s’apercevoir que la grande horloge du rez-de-chaussĂ©e sonnait treize coups Ă  minuit et de dĂ©couvrir un jardin extraordinaire.

Une histoire d’amitiĂ© entre deux enfants.

LeJardinDeMinuit1« Le jardin de minuit » est une histoire d’amitiĂ© entre deux enfants, d’oĂč son Ă©tiquetage jeunesse. Le personnage principal, Tom, sur qui tout est centrĂ© est jeune, mais impĂ©tueux. On suit son histoire, qu’il raconte par lettres Ă  son frĂšre Peter. L’adaptation d’Edith se devait de retranscrire les deux ambiances de l’histoire. D’un cĂŽtĂ©, un quotidien morne, gris et ennuyeux. De l’autre, de beaux jardins victoriens baignĂ©s de lumiĂšre.

Le charme opĂšre dans cet ouvrage. Un charme surannĂ©, un brin nostalgique (le roman date des annĂ©es 50), mais les personnages sont attachants. Sans vraiment arriver Ă  sortir du carcan « jeunesse » avec son adaptation, Edith parvient Ă  embarquer le lecteur. Peu de suspense rĂ©el, puisque les mĂ©canismes sont connus dans ce genre de rĂ©cit (peur de rester bloquĂ© dans l’autre monde, peur de ne plus pouvoir y aller, etc.)

C’est le trait d’Edith (que je n’avais encore jamais lu) qui m’a dĂ©cidĂ© Ă  acquĂ©rir l’ouvrage. Ses personnages en rondeur sont trĂšs attachants. Sous un aspect assez simple, le dessin se rĂ©vĂšle riche et dotĂ© d’une narration fluide et maĂźtrisĂ©e. Et que dire des couleurs qui subliment le trait sans peine, variant les ambiances selon les besoins du moment.

LeJardinDeMinuit2

Avec sa pagination important, son cĂŽtĂ© « beau livre », « Le jardin de minuit » risque d’avoir du mal Ă  cibler son public. Avec une histoire qui reste orientĂ©e jeunesse, il vous faudra avoir gardĂ© votre Ăąme d’enfant pour ne pas tiquer au scĂ©nario et pour arriver Ă  entrer pleinement dans l’histoire. C’était mon cas et je ne l’ai pas regrettĂ©.

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note4

Les guerres silencieuses – Jaime Martin

LesGuerresSilencieuses


Titre : Les guerres silencieuses
Scénariste : Jaime Martin
Dessinateur : Jaime Martin
Parution : Août 2013


Jaime Martin reste devant une page blanche. Il n’a aucune idĂ©e de scĂ©nario pour son prochain projet de bande-dessinĂ©e. Et son animositĂ© pour les autres ne l’aide pas. Un repas de famille va le dĂ©bloquer. Alors que son pĂšre ressasse une nouvelle fois son service militaire au Maroc, Jaime Martin en profite pour rĂ©cupĂ©rer les carnets de son gĂ©niteur et de voir s’il y a matiĂšre Ă  faire quelque chose avec. Cela aboutira sur « Les guerres silencieuses », un pavĂ© de 150 pages paru chez Dupuis, dans la collection Aire Libre.

Le livre se situe sur trois niveaux : le service militaire proprement dit, la vie sous la dictature de Franco et l’époque contemporaine, oĂč Jaime Martin se pose des questions sur l’intĂ©rĂȘt du projet. Il aurait Ă©tĂ© dommage de ne pas traiter le quotidien des espagnols des annĂ©es 50/60, car cela se rĂ©vĂšle trĂšs intĂ©ressants, mĂȘme si l’auteur insiste sur les rapports garçon/fille. Comment et pourquoi se marier, sous Franco, c’est assez codifiĂ©.

Une jeunesse pendant le régime franquiste.

LesGuerresSilencieuses1Le cƓur du sujet reste cependant le service militaire. Perdus au Maroc, dans une guerre plus ou moins cachĂ©e par le gouvernement, les jeunes espagnols se retrouvent dĂ©munis en plein dĂ©sert. Outre les habituels brimades et rapports de force, propres Ă  toutes les armĂ©es, c’est ici les problĂšmes d’alimentation qui sont au cƓur du sujet. Mal ravitaillĂ©s, les soldats crĂšvent de faim et toutes les combines sont bonnes pour mieux manger.

Jaime Martin retranscrit admirablement cette ambiance militaire. MĂȘme si c’est dĂ©jĂ  vu, tant au cinĂ©ma qu’en bande-dessinĂ©e, le livre se dĂ©vore et on tremble pour les personnages. Le tout n’est pas idĂ©alisĂ© dans les rapports humains et sonne juste. Cependant, aprĂšs avoir Ă©tĂ© passionnĂ© par le bouquin, le lecteur ne peut s’empĂȘcher d’ĂȘtre frustrĂ© par cette fin abrupte qui apparaĂźt soudain sans crier gare. Et Ă  la fermeture du bouquin, un sentiment d’inachevĂ© persiste. Il est assez clair que Jaime Martin a Ă©crit ce livre avant tout pour lui puisque c’est l’histoire de ses parents qu’il raconte. Les passages contemporains sont, pour nous lecteurs, assez lourds et inutiles. Ainsi, les questionnements de Martin sur l’intĂ©rĂȘt de son livre ne sont pas pertinents. Dans le pire des cas, cela dĂ©prĂ©cie son travail lorsqu’il estime faire un livre de plus sur l’armĂ©e.

Au niveau du dessin, c’est pour moi une rĂ©vĂ©lation. Je ne connaissais pas Jaime Martin et j’aime beaucoup son trait. Il possĂšde un dessin semi-rĂ©aliste trĂšs rĂ©ussi. Les couleurs sont au diapason, proposant trois ambiances comme chaque Ă©poque et lieu traversĂ©s. La narration est fluide et les 150 pages se dĂ©vorent tant on est lancĂ© sur des rails. Du beau travail !

LesGuerresSilencieuses2

« Les guerres silencieuses » laisse un goĂ»t d’inachevĂ©. J’étais captivĂ© et impressionnĂ© par ma lecture, mais la fin du livre m’a déçu. Trop abrupte, trop personnelle, elle laisse un peu le lecteur de cĂŽtĂ©. Mais il serait dommage de passer Ă  cĂŽtĂ© de ce livre, qui traite d’une guerre dont personne n’a entendu parler, et d’un rĂ©gime franquiste qui ne laisse nulle place Ă  la romance !

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note4

Le sculpteur – Scott Mc Cloud

LeSculpteur


Titre : Le sculpteur
Scénariste : Scott Mc Cloud
Dessinateur : Scott Mc Cloud
Parution : Mars 2015


Scott Mc Cloud est une personnalitĂ© majeure dans la bande-dessinĂ©e. Il a participĂ© activement Ă  la thĂ©orisation de cet art avec « L’art invisible ». Et s’il a militĂ© pour la rĂ©volution numĂ©rique avec « RĂ©inventer la bande-dessinĂ©e », c’est bien avec un pavĂ© de 500 pages (paru chez Rue de SĂšvres) qu’il revient Ă  la fiction, quinze ans aprĂšs !

Pour son retour, l’auteur reprend le mythe de Faust. David est en train de rater sa carriĂšre de sculpteur, car son mĂ©cĂšne qui l’a portĂ© l’a ensuite lĂąchĂ© et dĂ©truit. Il n’a donc pas d’argent, (presque) pas d’ami, pas de famille
 Il accepte alors un pacte lui permettant de modeler Ă  sa guise les matĂ©riaux, mais sa durĂ©e de vie se retrouve du jour au lendemain trĂšs limité 

Une réflexion sur le succÚs.

LeSculpteur1Revisiter un mythe, c’est lui apporter quelque chose. Scott Mc Cloud tente de le moderniser en le situant dans le milieu d’art New-Yorkais. De ce milieu, on ne visitera qu’une seule galerie et le MOMA, dont on ne verra pas grand-chose. La rĂ©flexion porte avant tout sur le succĂšs plus que sur l’Art en tant que tel. Ainsi la problĂ©matique est : le talent brut (sculpter avec maestria) suffit-il ? Quid des idĂ©es ? Des coucheries ? Des copinages ? Des critiques ? De la chance ? Si Scott Mc Cloud aborde ses questions, il n’apporte finalement pas grand-chose, mĂȘme si certaines idĂ©es sont pertinentes.

Le traitement narratif est en revanche une vĂ©ritable dĂ©ception. Les cinq-cents pages de l’ouvrage ne sont absolument pas justifiĂ©es. Mc Cloud ajoute une amourette absolument pas crĂ©dible (du genre coup de foudre immĂ©diat Ă  sens unique) qui plombe le rĂ©cit. De mĂȘme, les discussions entre David et la Mort sont sans intĂ©rĂȘt. Le faire devant un jeu d’échec alourdit encore le message.

Mais ce qui pose le plus de problĂšme est certainement le personnage de David en lui-mĂȘme. ObsĂ©dĂ© par l’Art, il perd en empathie. Trop Ă©goĂŻste et obsessionnel (pour l’art ou pour Meg), il a bien du mal Ă  attirer la sympathie. Les personnages trop pleurnichards fatiguent vite le lecteur. Surtout que Meg, prĂ©sentĂ© comme le pendant optimiste du livre, se rĂ©vĂšle aussi dĂ©pressive


Au niveau graphique, le livre est bien plus enthousiasmant. Certains passages sont vraiment inventifs, d’autres explosent de dynamisme
 Il y a vraiment de quoi analyser dans ce livre ! Le parti pris de la bichromie (avec du bleu) est pertinent et l’auteur l’utilise pour faire des effets trĂšs rĂ©ussis. L’auteur possĂšde un style oscillant parfois entre les styles comics et manga (pour les personnages notamment). On sent que Scott Mc Cloud a fait des efforts pour sortir de son dessin un peu froid et statique, le rĂ©sultat est assez rĂ©ussi. MalgrĂ© tout, le dessin reste inĂ©gal avec des cases vraiment moins bien dessinĂ©es.

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« Le sculpteur » m’a fait le mĂȘme effet que les ouvrages de Craig Thomson : il y a de trĂšs belles idĂ©es graphiques et narratives, mais l’histoire se rĂ©vĂšle dĂ©cevante, peuplĂ©e de personnages dĂ©pressifs. Surtout, la forte pagination paraĂźt inutile, rĂ©pĂ©tant les choses sans vraiment les approfondir. Un ouvrage mi-figue mi-raisin, plein de qualitĂ©s, mais dont les dĂ©fauts alourdissent le propos.

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note3

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T2 : La rĂ©vĂ©lation, 1/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », m’avait Ă  la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă  son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation – 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ  changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »   intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas trĂšs rassurĂ© quand j’ai ouvert cette bande-dessinĂ©e.

La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă  s’armer et Ă  repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers l’orient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens l’accompagnent. Quand Ă  Julius, parfaitement athĂ©e, il n’est lĂ  que pour pousser le nouveau messie Ă  abandonner sa quĂȘte.

« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, l’histoire n’a pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă  la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.

Du mal Ă  accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence Ă  se faire sentir. La Mort rĂŽde et l’Apocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que j’ai du mal Ă  Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă  accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est lĂ -dessus que j’achoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si j’avoue regretter toujours ce genre d’évĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ  prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et l’intĂ©rĂȘt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !

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note4