Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le Troisième Testament » est, à mes yeux, un monument du neuvième art. Sa dimension ésotérique développée dans cette époque médiévale est envoutante. De plus, la richesse du scénario mis en valeur par un dessin soigné et précis fait que chaque nouvelle lecture de cette série est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche à ce solide chêne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le Troisième Testament – Julius ». Son intrigue était bien antérieure à celle du Comte de Marbourg. Néanmoins, la perspective de découvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indifférent un adepte de l’histoire scénarisée par Xavier Dorison.

Julius4a« Le Troisième Testament… Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatrième de couverture. Ce prophète occupe une place non négligeable dans la tétralogie initiale. Néanmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de manière complètement indépendante. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi les pérégrinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirée par les intrigues mystiques à l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius…

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatrième épisode de la série. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez Glénat en avril dernier. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus précédents sont le fruit du travail de Thimothée Montaigne. Il est évident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient échappé.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long périple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clôt à la fin de l’album précédent. Proche du but, il arrête sa quête et décide de revenir sur ses pas en Judée. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libérer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retourné dans la montagne à la recherche de la révélation…

Une rupture d’atmosphère.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration était assez linéaire. Les embûches se succédaient. Les moments de doute étaient nombreux. Bref, cette aventure était une succession d’épreuves. La construction scénaristique faisait que le lecteur se laissait aisément porté par cette mission. En effet, l’empathie dégagée par cette communauté permettait à la curiosité d’être entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphère. Le héros n’est plus en recherche divine. Il est retombé dans son costume humain. Il mène une guerre. Il est complètement possédé par sa volonté de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un général d’armée. L’évolution est bien montrée. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissé place à une machine à tuer. Je trouve intéressant cette évolution. Elle chamboule la routine agréable dans laquelle le lecteur était blotti. Malgré tout, l’ouvrage en lui-même n’est pas un condensé de rebondissements. Il se décline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins présent dans les planches de ce quatrième tome. Néanmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les dernières pages sont dans ce domaine un modèle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quête prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier épisode est passionnante. Il s’agit d’une belle réussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de Thimothée Montaigne. Il confirme le talent mis en lumière précédemment. Je trouve vraiment remarquable sa capacité à faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les différents plans pour offrir un dynamisme intéressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion très forte du lecteur dans un monde et une époque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sérieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible présence de Julius tant son rôle est le plus intéressant de la saga. En tout cas, la lecture a été suffisamment plaisante pour que je me plonge à nouveau dans la série initiale. Suivre à nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisément l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le Troisième Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisième testament est une série qui a marqué le neuvième art des vingt dernières années. Cette saga ésotérique est un véritable petit bijou d’aventure médiévale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaître dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisième testament, Julius. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice, déjà présent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiés à Thimothée Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son œuvre était son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se déroule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en Judée dans les premières années du premier millénaire que nous découvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisième opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La révélation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatrième de couverture nous présente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencé un long périple depuis la Judée. Il suit un appel qui résonne en lui et qui mène vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frère du Christ. Sa quête doit le mener vers le Troisième Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagné d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien général romain déchu.
Le premier tome présentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxième marquait le début d’une longue marche qui menait entre autre la petite communauté à découvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son déroulement soit trop linéaire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans réels rebondissements. J’espérais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadé et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premières pages me plongent à nouveau au côté du groupe et de sa quête prophétique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus précédent. La première étape des voyageurs s’avère être le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une végétation maîtrisée à l’esthétique éblouissante. En effet, il s’agit d’une forêt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphère ressemble à celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bédéphiles en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprécie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dégage toujours cette végétation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂ®tra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂŞte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂŞchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂŞme et compliquĂ©e de leur tâche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela génère une intensité croissante tout au long de l’album. Le bémol dû à une linéarité excessive qui habitait le deuxième album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en résulte un suspense certain quant à l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communauté. La conclusion de l’album est réussie à ce niveau-là. Elle n’est pas prévisible et a attisé ma curiosité jusqu’à la dernière planche qui présente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome précédent, je suis tombé sous le charme du trait de Thimothée Montaigne. Son style m’a séduit dès la première planche. Le travail est précis et détaillé. Chaque image est travaillée. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est habité d’une profondeur qui a facilité et accéléré mon immersion dans les pas des héros. La première page offre une gestion des lumières qui est un modèle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait à l’extérieur. La pluie, la forêt vierge, la montagne, le désert… Tout est retranscrit avec la même justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus très réussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le précédent. Le scénario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beauté. Les auteurs sont arrivés à maintenir ma curiosité quant au devenir de ses héros. C’est le gage d’une certaine qualité tant bon nombre de séries ont tendance à voir leur intérêt s’étioler après des premiers tomes réussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain épisode. Mais cela est une autre histoire…
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note4

Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque né des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. Edité chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se déroule plus près de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la même que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons à colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupé par une croix rouge brisée symbolisant la chute du célèbre ordre religieux éponyme.

La quatrième de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais été conquis par le début de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y découvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mésaventures nous lient tout de suite à leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passé du statut de chevalier à celui de hors la loi vagabond. Cette chute était habilement contée dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dénouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le légendaire trésor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quête.

Les premières pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratégie. Tout au long de la lecture, j’ai senti monté un suspense fort. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiosité est attisée en permanence. L’envie de faire défiler les pages est puissante. Je suis obligé de me retenir de dévorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scénaristique est un modèle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trésor. La qualité d’écriture des différents protagonistes participe au bonheur de la découverte. Les événements ne sont pas prévisibles. La sympathie des héros ne fait qu’accentuer l’inquiétude qu’on ressent à leur égard à chaque étape de leurs pérégrinations. Les auteurs arrivent à greffer toute une série d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir à relire cette histoire et à retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualité de l’ensemble. Le trait possède une belle personnalité. LeUyen Pham offre des décors très réussis. L’immersion dans cette société médiévale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la découverte de cette série. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La légende des Templiers est un support classique de narration épique, elle est ici habilement exploitée. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quête mythique…

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note5

Red Skin, T1 : Welcome to America – Xavier Dorison & Terry Dodson

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Titre : Red Skin, T1 : Welcome to America
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Terry Dodson
Parution : Septembre 2014


La première immersion de Xavier Dorison dans l’univers des super héros a eu lieu dans « Les Sentinelles ». Il créait à cette occasion des super-soldats durant la Première Guerre Mondiale. Cette aventure est passionnante et les quatre premiers tomes sont autant de petits bonheurs de lecture. « Red Skin » est donc la deuxième entrée du célèbre scénariste dans le monde magique des collègues de Superman. Nous sommes ici très loin des tranchées. C’est en pleine Guerre Froide que gravite cette héroïne qui oscille entre Moscou et Los Angeles.

Le premier tome de cette saga s’intitule « Welcome to America ». Paru en novembre dernier, il présente une couverture attrayante. Une femme nue aux courbes parfaites nous regarde derrière son épaule. Elle ne laisse pas indifférente, la faucille et le marteau qu’elle tient dans les mains non plus ! La quatrième de couverture éveille également l’intérêt : « Arme fatale le jour. Bombe atomique la nuit. Le plus grand super-héros américain est une espionne russe. »

Un décalage entre culture soviétique et univers capitaliste.

RedSkin1aJ’ai une grande confiance en Dorison. Par conséquent, c’est plein d’enthousiasme que j’ai débuté ma lecture. La première vingtaine de pages nous permet de découvrir l’héroïne. Elle est le soldat d’élite soviétique. Ses performances athlétiques couplées à une plastique parfaite à un sex-appeal d’une rare intensité font rapidement d’elle un personnage exceptionnel. Elle a tous les atouts pour nous faire vivre de grandes scènes d’action. Mais elle possède aussi un potentiel sexy et humoristique qui faisait naître de grands espoirs dans cette nouvelle aventure.

Dans un second temps, nous suivons les premiers pas de Véra à Los Angeles. Le fait qu’elle travaille chez un réalisateur de films pour adultes crée une autre corde à la fibre comique et légère de l’ensemble. Cela s’ajoute au décalage entre la culture soviétique de l’espionne et son inhabituel univers américain et capitaliste. Son nouveau quotidien s’installe. Ses nouvelles habitudes donnent lieu à de nombreux gags et de scènes d’action assez rythmées.

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Ce changement de braquet lors de son arrivée dans la Cité des Anges marque la dernière accélération de la narration. En effet, un train-train s’installe. Les actions de justicier s’enchaînent sans vraiment prendre d’ampleur particulière. L’album fait exister un grand méchant. Mais sa présence reste au final secondaire. Son principal attrait est finalement de justifier la création de « Red Skin ». J’espère que les tomes suivants lui offriront une place plus importante. J’ai le sentiment que ce premier épisode n’est qu’une sympathique introduction.

Cet album est l’occasion de découvrir un nouveau dessinateur. Il est américain et se nomme Terry Dodson. Son trait issu du comic correspond parfaitement au style narratif. J’ai apprécié son trait. Il met facilement en valeur les courbes de l’héroïne et met également en œuvre des scènes d’action spectaculaires. Le travail sur les couleurs m’a beaucoup plu. Je trouve que le bouquin possède une identité chromatique forte. J’ai énormément apprécié ce travail.

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Pour conclure, « Red Skin » possède un potentiel divertissant certain. Néanmoins, il n’est pas pleinement exploité pour l’instant. La personnalité de l’héroïne est suffisamment intéressante et attrayante pour faire oublier les bémols d’un scénario auquel il manque un grand final. Je guetterai donc avec intérêt la parution de la suite. J’espère que cette originale Red Skin trouvera un adversaire à sa taille…

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note3

Choc, T1 : Les fantômes de Knightgrave, Première partie

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Titre : Choc, T1 : Les fantômes de Knightgrave, Première partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Éric Maltaite
Parution : Avril 2014


« Monsieur Choc apparaît pour la première fois en 1955 dans le journal de Spirou. Créé par le dessinateur Willy Maltaite – dit Will – et par le scénariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destiné à devenir l’indestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de héros traditionnels imaginés par Fernand Dineur en 1938. Avec la création du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donné à la bande dessinée l’un des grands méchants emblématiques d’un certain âge d’or franco-belge. Presque cinquante ans après sa dernière apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scène. Seul, cette fois ».

Ce prologue précède la première planche de « Les fantômes de Knightgrave – Première partie », premier tome d’une nouvelle série intitulée « Choc ». Le caractère historique de son héros a participé à la visibilité de sa sortie il y a près d’un an. Cet aspect n’a pas eu d’influence sur mon attirance à l’égard de cet ouvrage. L’attrait de sa couverture m’a incité à le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naître une forte curiosité à son égard. Debout dans les rayons de la librairie, j’ai commencé à lire les premières pages. Rapidement, j’ai été happé par l’atmosphère qui les habitait. J’ai donc décidé de me l’offrir pour profiter de la suite bien confortablement à la maison.

Une intrigue dense aux arcanes nombreux.

Choc1bMon premier contact s’est fait à travers les planches d’Eric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les décors sont sublimes. Qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, pleins de vie ou abandonnés, tous possèdent une identité forte. En tant que lecteur, je me suis plongé avec facilité au côté des différents protagonistes en tout lieu et à toute époque. De plus le dessinateur arrive à donner des rythmes très différents mais toujours adaptés à la grande variété des scènes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de l’album.

« Les fantômes de Knightgrave » présente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son récit. Ils alternent les flashbacks et le présent à un rythme d’une rare fréquence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en générant une curiosité permanente. La seconde lecture est tout aussi intéressante car elle nous permet de maîtriser dans les détails le grand d’informations abritées dans la trame.

Le ton de l’histoire est biographique. Tout est centré sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui l’a mené à son statut de « chevalier maléfique » ou de « crapule publique numéro un ». Même si ce personnage m’était inconnu en ouvrant le bouquin, j’ai rapidement compris qu’il ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, à aucun moment au cours de la lecture, je n’ai ressenti de l’animosité ou de l’antipathie à son égard. La subtilité avec laquelle le scénario distille les événements au gré des pages alimente l’empathie ressentie à l’égard de cet homme.

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Je suis vraiment curieux de découvrir la suite de l’histoire. Je guetterai avec curiosité la parution du second tome. Ce premier acte est, à mes yeux, de qualité. Son ton et son propos s’adressent à un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. S’offrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture m’incite à me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en œuvre ce grand méchant. Je le verrai alors avec un angle différent…

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note4

Mort au tsar, T1 : Le gouverneur – Fabien Nury & Thierry Robin

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Titre : Mort au tsar, T1 : Le gouverneur
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Août 2014


Fabien Nury est un de mes scénaristes préférés. J’ai été conquis par chacun de ses travaux que j’ai eu le plaisir de dévorer. Une de ses spécialités est de jouer avec les grands événements de l’Histoire. Il a offert une vision passionnante de la période de l’Occupation avec « Il était une fois en France ». Il s’est immergé dans la France de la Première Guerre Mondiale dans « Silas Corey ». Enfin, sa première plongée dans l’univers russe a eu lieu lors du diptyque « La mort de Staline ». Son aventure slave connaît un nouveau chapitre avec la sortie l’été dernier du premier tome de « Mort au Tsar » intitulé « Le Gouverneur ».

Je dois vous avouer que je me suis offert cet album sur la seule présence de Nury sur la couverture. En découvrant la quatrième de couverture, j’ai appris qu’il s’agissait d’une histoire en deux tomes. Cette structure de parution est décidément très à la mode actuellement. Les dessins sont l’œuvre de Thierry Robin dont j’avais apprécié le style dans « La mort de Staline ». Il possède une réelle identité graphique et participe fortement à l’atmosphère que dégage la lecture.

Une marche inévitable vers un destin tragique.

MortAuTsar1bLa trame nous fait partager les derniers jours du Grand-Duc Sergueï Alexandrovitch avant l’attentat dont il a été victime. L’issue fatale est annoncée dans un prologue. Cela influence évidemment la lecture puisque chaque parole du personnage principal ou chaque événement qu’il vit sont perçus par un prisme particulier. La montée en tension est savamment dosée. La marche inévitable vers son destin tragique ne laisse pas le lecteur indifférent. Le Grand-Duc accepte son sort irrémédiable avec un fatalisme marquant.

L’intensité ne fait qu’augmenter au fur et à mesure que les pages défilent. Le fait de voir cet homme allait vers la mort avec nonchalance met presque mal à l’aise. Une chose est sûre, notre intérêt ne cesse de croître. Le scénario monte en puissance sans changement de vitesse brutal. Cette finesse dans l’accélération dramatique est la preuve d’un talent narratif certain. Le suspense atteint un paroxysme lors de la dernière planche qui offre une perspective passionnante pour le prochain tome.

L’histoire se bâtit intégralement autour de son protagoniste principal. Les personnages secondaires n’existent pas réellement. Leurs présences se justifient uniquement par leurs interactions avec le gouverneur moscovite. Cela n’est pas une faiblesse. C’est un choix scénaristique pleinement assumé et qui se défend parfaitement. L’intrigue veut nous plonger dans le quotidien et dans l’intimité de cet homme blessé en route vers l’échafaud. Nury a développé une humanité touchante chez le Grand-Duc alors qu’on peut objectivement affirmer que les dirigeants russes ne sont pas réputés pour leur grandeur d’âme et leur altruisme. La dimension politique est mise de côté et cela donne un ton particulier à la narration.

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Pour conclure, « Le gouverneur » est un album réussi. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. Je me suis très vite passionné pour le Grand-Duc. Mon intérêt n’a cessé de grandir au cours de ma lecture. Chaque planche m’a captivé. Je trouve que c’est une performance d’entretenir un suspense alors que le dénouement est annoncé avant que ne débute les événements. Tout cela est bien enrobé par le style de Thierry Robin. Je vous conseille donc cette découverte. De mon côté, j’attends la suite…

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note4

Le grand mort, T5 : Panique – RĂ©gis Loisel, Jean-Blaise Djian & Vincent MalliĂ©

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Titre : Le grand mort, T5 : Panique
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Novembre 2014


Comme beaucoup de lecteurs de bandes dessinées, j’ai découvert Régis Loisel à travers ses planches dans « La Quête de l’Oiseau du Temps ». Ton trait fait partie de l’Histoire du neuvième. Depuis, je suis donc toujours à l’affût de toute nouvelle trace de son travail. « Le Grand Mort » est une de ses dernières séries. Elle est née il y a huit ans. Le dernier épisode date de novembre dernier. Il est le cinquième épisode et s’intitule « Panique ». Il le scénarise avec Jean-Blaise Djian. Les dessins sont l’œuvre de Vincent Mallié. Quant aux couleurs, elles ont été confiées à François Lapierre.

La couverture est construite autour des deux personnages centraux de la trame : Erwan et Blanche. Le premier est le passeur entre notre réalité et un monde parallèle. Blanche est une enfant pleine de mystère qui semble être le fruit de parents des deux univers. Les deux personnages semblent errer en rase campagne au beau milieu d’une tempête. Même les oiseaux fuient les lieux…

Une histoire trop diluée.

LeGrandMort5b« Le Grand Mort » possède une dose de fantastique. Dès le premier tome, l’intrigue nous avait fait voyager dans un nouvel espace dans lequel le temps n’avançait pas au même rythme. On y avait rencontré des personnages étranges. On était immergé dans des enjeux dont on ne maîtrisait pas tous les arcanes. Cette introduction m’avait plu. J’avais trouvé le travail scénaristique et graphique intéressant. Les trois opus suivants ont vu l’histoire se dérouler à un rythme relativement lent. J’avais le sentiment que la narration été trop diluée. Au fur et à mesure des sorties d’album, la frustration montait de ne pas avoir la machine se mettre réellement en marche.

Je plaçais donc beaucoup d’espoirs dans « Panique ». La situation de départ faisait croire que le rythme pouvait s’accélérait. Rapidement, j’ai été déçu sur ce plan-là. Le scénario nous fait suivre trois groupes en parallèle. Le premier se compose d’Erwan et Blanche, le deuxième de Pauline et Gaëlle, le troisième les prêtresses de l’autre monde. Aucun d’entre eux ne voit sa situation réellement évoluer entre la première et la dernière page. Le monde est en train d’enchaîner les catastrophes : tremblement de terre, tempête, grêle, etc. Néanmoins, en refermant le livre, j’ai eu le sentiment que les cinquante-quatre planches auraient pu être condensées en moitié moins sans que l’intrigue n’y perde quoi que ce soit.

Je trouvais déjà que Loisel et Djian prenaient du temps pour faire avancer tout ce beau monde. J’en viens presque maintenant à douter d’atteindre un jour la destination. Il ne se passe quasiment rien dans « Panique ». Comme à chaque fois, les scénaristes concluent par une planche pleine d’espoir. Mais je vous avoue que j’y crois de moins en moins. Cette faiblesse narrative pourrait être compensée par une atmosphère prenante mêlant mystère et crépuscule apocalyptique. Le trait de Vincent Mallié a le potentiel pour la créer. Hélas, le fait de diviser la trame en trois chemins parallèles empêche l’immersion dans l’univers des personnages. C’est dommage.

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Pour conclure, « Panique » m’a déçu. Ma lecture n’a générée aucun enthousiasme. Ma curiosité n’a pas été alimentée bien au contraire. Une fois le bouquin refermé, je n’en avais aucun souvenir marquant. C’est un indicateur de l’absence de personnalité de l’album. Je désespère de voir « Le Grand Mort » prendre réellement son envol. C’est un gâchis quand je vois le talent de ses créateurs…

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note2

Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales – Crisse

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Titre : Atalante, T4 : L’Envol des BorĂ©ales
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Crisse
Parution : Juin 2009


« J’aimerais m’excuser auprès des lecteurs d’avoir été aussi long ». Voilà une partie de la dédicace qu’écrit Crisse en préambule du quatrième opus de la série « Atalante » dont il est le scénariste et le dessinateur. En effet, le tome précédent était paru en 2003. Il a donc fallu attendre environ six ans pour voir apparaître dans nos bacs « L’Envol des Boréales ». Edité chez Soleil, cet ouvrage d’une cinquantaine de pages est vendu au prix de 12,90 euros.

La série est construite autour de son personnage éponyme, Atalante. Elle fait partie de la mythologie grecque. Fille de roi, elle est abandonnée par son père qui espérait un fils. Elle est recueillie et élevée par une ourse. Découverte par des chasseurs, elle devient une guerrière exceptionnelle pourvue de capacités uniques offertes par les Dieux. Elle est la seule femme à faire partie des Argonautes qui accompagnèrent la quête de Jason. Le premier opus de la série conte cette partie de sa vie. Son abandon bébé, sa vie dans la forêt, son éducation par les hommes puis se conclue par son acceptation par les Argonautes et le début de cette aventure. Les deux tomes suivants racontent deux des aventures rencontrées par les Argonautes. Ce quatrième album n’échappe pas à la règle.

En effet, l’histoire se déroule dans la cité de Salmy. Les Argonautes s’y sont arrêtés afin de faire le plein de vivres. Mais la déception est au rendez-vous. Le dirigeant local leur apprend que ses concitoyens et lui sont victimes d’une malédiction. Une horde de harpyes détruit leurs champs et saignent leurs troupeaux. Depuis, elles terrorisent les habitants à chacun de leur repas afin d’affamer la cité. Jason et ses amis décident alors d’affrontent ces adversaires ailées d’apaiser le climat de la cité. Au cours de l’affrontement, Calaïs et Zétée, fils de Borée sont faits prisonniers. Le repère des harpies étant dans la cité des nuages, il faut qu’Atalante trouve un moyen de capturer des chevaux ailés afin d’atteindre la cité et libérer ses amis…

Dieux, légendes et magie.

Comme essaie de vous le montrer mon résumé, « Atalante » nous conte les aventures mythologiques d’une des femmes les plus célèbres de cet univers. Toute la narration est construite autour de son personnage. Cette dimension « historique » avait fait partie des attraits qui m’avaient incité à découvrir cette série. Depuis, je guette l’apparition d’un nouvel album. Il est donc évident qu’il faut être sensible à ce genre de thématique. Il est ici histoire de dieux, de légendes, de magie… Les personnes qui y sont réfractaires doivent tout de suite passer leur chemin. Par contre, les adeptes du genre qui ont toujours été captivés par les aventures d’Ulysse ou par la guerre de Troie ont trouvé une série pour eux. Je me garderai de faire une critique sur la rigueur de la narration et sa fidélité à la mythologie grecque. Néanmoins, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir tous ces héros haut en couleur.

Ce quatrième opus est peu lié aux précédents. En effet, ils se déroulent sur une nouvelle île et à aucun moment, les aventures précédentes sont réellement évoquées. A priori, lorsqu’on est Argonaute on passe vite d’une quête à l’autre. Le seul intérêt de découvrir les albums dans l’ordre est dans le fait qu’on maîtrise mieux les personnages, leurs caractères, leurs passés, leurs rapports entre eux. Pour les mêmes raisons, il est très utile de lire au moins le premier tome. Il montre les origines d’Atalante et explique beaucoup de choses qui sont succinctement évoqués dans les tomes suivants.

Dans cet album, la trame ne perd pas de temps à se mettre en place. En effet, dès la première page, le problème est posé : la malédiction des harpies nous ait contée. Dès la page six, la bataille se met en place. Trois pages plus tard, les Boréades sont enlevés. On se doute alors que les récupérer sera l’objectif de l’album. Il faut dire que le titre de l’album est un bel indice. L’histoire est construite en escalier. Pour atteindre la cité des nuages, il faut capturer les chevaux ailés. Pour capturer les chevaux ailés, il faudrait convaincre Andros. Pour cela, il faut l’aide d’une chimère qu’on ne pourra pas rencontrer sans l’intervention des griffons. Bref, on a parfois l’impression qu’on n’y arrivera jamais ! Heureusement, Atalante gère la situation. Ne croyez pas pour autant que l’histoire est répétitive. Comme dans toutes les légendes, chaque épreuve a sa méthode et sa solution. Résultat, à aucun moment, l’ennui ne guette. On se demande uniquement comment l’auteur va-t-il arriver à sauver nos prisonniers en si peu de pages. La solution est simple, cet opus est conclu par un « à suivre » ! Espérons qu’il ne faudra pas attendre la suite pendant plus de six ans.

Mais cet album ne se veut pas uniquement narratif. Il ne s’agit d’un extrait de « La mythologie pour les nuls ». Il s’agit avant tout d’un album de bandes dessinées particulièrement rythmé. Entre les poursuites, les batailles, les épreuves, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. L’histoire est dense. On ne souffle jamais. Il faut dire que c’est rare que les héros mythologiques connaissent un temps de pause. Crisse arrive à donner un genre majestueux aux différents intervenants. Le côté grandiose de l’univers est bien transcrit par l’auteur. J’aime beaucoup le style de Crisse. Il est grand public, très rond. La gente masculine sera pleinement satisfait par les courbes de toutes les dames qui traversent l’histoire, la parme revenant néanmoins à notre chère chasseresse Atalante dont le physique est sans défaut !

Pour conclure, malgré l’attente, je n’ai pas été déçu par cet opus. J’avais trouvé le troisième un peu brouillon. J’ai trouvé celui-ci bien meilleur. J’ai pris énormément de plaisir à le lire. Après l’avoir dévoré une première fois, je l’ai redécouvert lors de ma deuxième lecture. J’ai pris le temps de m’imprégner davantage des personnages et mon plaisir en a été exacerbé. C’est donc une série que je conseille aux adeptes de mythologie. On ressent bien cette atmosphère légendaire. Cela donne envie d’en découvrir davantage sur les différents intervenants. Souvent, à la fin de ma lecture d’un des albums, je me jette sur wikipedia pour en découvrir davantage sur les différents intervenants. Je ne peux donc que vous incitez à découvrir cet univers. Le dépaysement est garanti.

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Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès – Crisse & Grey

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Titre : Atalante, T6 : Le labyrinthe d’Hadès
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2013


« Atalante » est une des plus anciennes séries dont je m’offre les épisodes avec mes propres deniers. En effet, l’essentiel de ma culture bédéphile a été alimentée par la bibliothèque de mes parents. C’est en découvrant « Lanfeust de Troy » dans mon adolescence que j’ai commencé à me construire ma propre collection. Ma découverte de « Atalante » est dans cette lignée. Depuis, je guette régulièrement la parution des nouvelles pérégrinations de l’héroïne. Il faut dire que son histoire dans les arcanes de la mythologie est toujours haute en couleur. Même si la saga est loin de révolutionner le neuvième art, elle ne se gêne pas pour autant pour nous faire voyager et nous faire vivre de belles et légendaires aventures.

Le dernier opus en date s’intitule « Le Labyrinthe d’Hadès ». Toujours édité chez Soleil, il est apparu dans les librairies le vingt-sept novembre dernier. La couverture nous présente l’héroïne une torche à la main dans une posture guerrière. Au second plan, apparaissent quatre de ses acolytes au visage quelque peu inquiet. Ce sentiment est peut-être né de la vision du visage inquiétant et inconnu qui occupe la partie supérieure de l’illustration.

Pour les novices de la série, je vous présente les mots offerts par la quatrième de couverture : « Les Âges sombres. La Grèce baigne en pleine mythologie. Les légendes contées sont toutes plus envoûtantes les unes que les autres. Voici l’une d’elle : la fabuleuse histoire d’Atalante. Abandonnée dès la naissance par son père, puis condamnée à vivre sans amour par la déesse Héra, elle est recueillie par les êtres de la forêt. Nymphes, satyres et dryades lui apprennent le langage des animaux. Devenue une belle aventurière, elle se joint aux Argonautes dans leur quête de la Toison d’or, seule femme autorisée à suivre les plus grands héros grecs dans cette fabuleuse aventure ! »

Première mauvaise surprise…

En découvrant les premières pages de l’ouvrage, la première (mauvaise) surprise est le changement de style graphique. Je ne reconnais plus le trait si particulier et sympathique de Crisse. Pourtant son seul nom apparaît sur la couverture. C’est en découvrant la page la garde que je réalise que les dessins sont désormais l’œuvre de Grey. Ce dernier que je ne connaissais pas jusqu’alors essaie bien de coller au trait de son prédécesseur mais le succès est loin d’être tout le temps au rendez-vous. Les personnages sont plus anguleux. Ils apparaissent moins travaillés. En tant que lecteur, je me sens m’éloigner d’eux. Le souci est que c’est avec Atalante que la rupture est la plus dure. J’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait d’un nouveau personnage principal. Bref, mon immersion dans ce labyrinthe me rendait un petit peu chafouin.

Il faut dire que la suite n’allait pas arranger les choses. En plus de s’être déchargé du dessin, Crisse semble avoir bâclé son scénario. La trame ne semble suivre aucun fil conducteur solide. Elle ne présente aucun rebondissement. Les pages défilent à un rythme effréné tant elles semblent vides et creuses. La comparaison avec les tomes précédents est douloureuse. Je suis arrivé à la fin de celui-ci avec l’impression que rien n’avait démarré. Des planches illustratives immenses nous sont proposées régulièrement pour remplir difficilement la quarantaine de pages de l’album. Hélas, Grey ne démontre pas assez de talent pour nous subjuguer et nous transporter avec son trait. Ils offrent des cases assez décevantes tant les décors sont peu travaillés et développés. A aucun moment, il n’arrive à faire naître une atmosphère pourtant indispensable quand on se balade dans un labyrinthe menant aux Enfers.

De plus, les personnages sont complètement négligés. Un des aspects sympathiques de la série réside dans les dialogues souvent drôles et décalés qui accompagnent les aventures dangereuses de tout ce petit monde. Ici, tout a disparu. Les traits humoristiques ont disparu. La densité des propos est d’une rare faiblesse. C’est vraiment dommage parce que « Atalante » mélange bien souvent aventures, mythologie et rigolades, le tout sous le trait de Crisse. Il s’agit d’un cocktail qui fonctionne bien et qui permet aisément de passer outre les quelques défauts qui pouvaient de temps en temps parsemer les premiers épisodes. « Le Labyrinthe d’Hadès » ne possède plus cette touche et c’est bien triste.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album est une grande désillusion à mes yeux. Je ne sais vraiment pas ce que Crisse a voulu faire en écrivant cet opus. Une chose est sûre, il ne m’a pas conquis. Néanmoins, je ne renie pas pour autant l’affection que je porte à son héroïne et espère que la suite saura retrouver les standards de la saga…

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Ulysse 1781, T1 : Le Cyclope (1/2) – Xavier Dorison & Éric HĂ©renguel

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Titre : Ulysse 1781 : Le Cyclope (1/2)
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Éric Hérenguel
Parution : Janvier 2015


Ulysse, le Cyclope… Ces quelques mots raisonnent chez tout le monde et indique un voyage dans la mythologie grecque. Un long voyage, un retour à la maison tant espéré… Les enjeux sont connus et universels. Xavier Dorison décide d’immerger cette trame dans les Etats-Unis de la fin du dix-huitième siècle. « Ulysse 1781 » : un héros, une date… Tout un programme. Je suis un grand fan de ce brillant scénariste du neuvième art. « Le troisième testament » a marqué mon Histoire de lecteur. « Long John Silver » a fait rêver l’aficionado de piraterie que je suis. J’étais donc conquis d’avance en tombant sur cette couverture intrigante. Dans un endroit à l’apparence hostile, le trait d’Éric Hérenguel nous présente un personnage charismatique appuyé sur une large épée. Une cascade au second plan semble être la seule manière de quitter l’obscurité qui l’entoure. Nous regarde-t-il ou ses yeux fixent-ils le Cyclope annoncé dans le sous-titre de l’album ?

« 1781, Yorktown. La guerre d’Indépendance américaine vient de finir. Victorieux, le capitaine Ulysse McHendricks s’apprête à rentrer chez lui avec son fils Mack et ses hommes. Mais le retour se précipite lorsqu’il apprend que sa ville, New Itakee, est envahie par les Anglais. Ulysse et ses hommes vont devoir traverser une Amérique fantastique où les boussoles ne trouvent plus le Nord, où les cartes ont perdu leurs repères, un monde entre réalité et mystère… »

Ulysse1781bLes mots ci-dessus accompagnent la quatrième de couverture. Ils présentent clairement les enjeux de l’intrigue. On devine qu’elle se construit autour d’un héros à la personnalité forte. La dimension historique est également intéressante. Quant à la dernière phrase, elle fait naître la perspective d’un aspect fantastique toujours attrayant. On retrouve bien là la capacité de Dorison à offrir un scénario à la densité séduisante. L’album se compose de soixante-deux planches. Cette longueur permet de construire bâtir un schéma narratif consistant. Cela laisse le temps d’installer des jalons solides tant sur les plans des lieux, de l’époque et des protagonistes.

La tension monte vite de plusieurs crans.

Pour caricaturer la structure du tome. Le premier tiers est une introduction de l’histoire et des personnages. Le deuxième tiers présente le quotidien du groupe dans sa traversée du pays. Le dernière tiers voit apparaître les premiers soucis et voit poindre le mystère une dose de surnaturel. Le talent des auteurs fait que chacune de ces trois parties sont prenantes. Aucune n’est négligée. L’introduction est efficace. Dorison s’interdit de la diluer comme le font bon nombre d’auteurs. Il arrive à installer parallèlement les différents aspects de la trame. Ulysse1781cAlors que nous n’avons pas encore quitté Annapolis, notre tension est déjà montée de plusieurs crans. Les premiers moments de la traversée font transpirer un sentiment de fuite en avant vers le danger. La curiosité s’en trouve alors alimentée de manière soutenue. Cela fait que nous sommes mûrs à point quand arrivent les premiers soucis dans un canyon détenu par des indiens sous une pluie battante.

Cet opus est la première partie d’un diptyque. Les dernières pages initient le mystère autour de la présence mystique qui semble protéger les contrées traversées. Elles font résonnance au court prologue qui introduit l’histoire. Je trouve que les ingrédients distillés sont variés et subtilement dosés. Il ne reste plus qu’à les laisser mijoter le temps d’attendre la parution de la suite que j’attends avec une certaine impatience.

Sur le plan graphique, je découvre ici le travail d’Éric Hérenguel. Dorison a l’habitude d’être bien accompagné dans ses projets. La tradition perdure avec ce nouveau collaborateur. Le dessinateur offre des planches denses dont chaque détail apparaît avec application. Les décors dégagent une atmosphère de plus en plus oppressante au fur et à mesure de l’avancée de la quête du groupe. Le voyage temporel dans cette Amérique sortant de la guerre d’Indépendance passe également par les illustrations développées par le trait de l’auteur. Les personnages sont également réussis. Ils possèdent une identité qui leur est propre. Cela permet de se les approprier sans difficulté.Ulysse1781a

Pour conclure, « Le Cyclope » est un beau début qui permet à « Ulysse 1781 » d’être considérée comme une série de qualité au potentiel intéressant. La deuxième lecture m’a permis de saisir chaque détail tant les dialogues, les dessins que l’intrigue. Je la conseille aux lecteurs adeptes de Dorison, ils ne seront pas déçus du voyage. Quant à ceux pour qui le scénariste est encore inconnu, pourquoi ne pas le découvrir en embarquant au côté d’Ulysse McHendricks ? 

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