Trois ombres

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Titre : Trois Ombres
Scénariste : Cyril Pedrosa
Dessinateur : Cyril Pedrosa
Parution : Septembre 2007


AprĂšs avoir dĂ©couvert Cyril Pedrosa avec son autobiographique Ă©colo « Autobio » (Ă  laquelle je n’avais pas du tout accrochĂ©), je me devais de dĂ©couvrir d’autres ouvrages de cet auteur afin d’infirmer (ou pas) cette premiĂšre mauvaise impression. « Trois Ombres » est un roman graphique de 268 pages. Loin de l’humour de son autobiographie, on a affaire ici Ă  un drame familial sur fond de fantastique.

Le livre dĂ©marre sur la prĂ©sentation d’une petite famille parfaite : Louis et Lise ont un fils, Joachim. Tout va bien dans leur petite ferme isolĂ©e, rien ne semble pouvoir gĂȘner la vie des trois personnages. Jusqu’au jour oĂč trois ombres apparaissent au loin, des cavaliers. S’ensuit un stress liĂ© Ă  ces spectres. Que sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi rĂŽdent-ils autour de la maison ?

Une fuite sans espoir sous fond de lien pĂšre-fils.

AprĂšs un dĂ©but sous forme d’utopie familiale, la peur et la colĂšre s’immiscent pour culminer jusqu’à la fuite du pĂšre et du fils. Une fuite sans rĂ©el espoir comme on le comprend tout de suite. Ainsi, « Trois Ombres » abordent avant tout le lien pĂšre-fils. Jusqu’oĂč le pĂšre peut-il aller pour sauver son fils ? Jusqu’à son propre sacrifice ?

« Trois Ombres » est avant tout un conte. En effet, on ne croit pas une seconde Ă  l’univers crĂ©Ă© par Pedrosa. La famille vit ainsi dans une ferme isolĂ©e de tout dans un bonheur parfait et insouciant. De mĂȘme, les aspects fantastiques sont Ă©videmment totalement inexpliquĂ©s. Les derniĂšres pages viennent appuyer d’autant plus la thĂšse d’une fable. On ne sait trop si l’histoire est une grande mĂ©taphore (sur la maladie ?) ou pas. En cela, le scĂ©nario manque un peu d’appui, hĂ©sitant entre rĂ©alisme (lors de la traversĂ©e) ou fantastique pur (notamment sur la fin). Cette indĂ©cision m’a quelque peu gĂȘnĂ© quand j’ai refermĂ© l’ouvrage, ne sachant trop qu’en penser.

Cependant, Pedrosa parvient avant tout Ă  distiller un vrai charme dans « Trois Ombres ». Les ambiances, quelles qu’elles soient, sont remarquablement rendues. Tristesse, joie, colĂšre, dĂ©sespoir
 Cependant, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă©mu plus que ça. J’ai Ă©tĂ© happĂ© par les Ă©vĂ©nements, pris dans le pĂ©riple des personnages. Mais les parties Ă©motionnelles m’ont laissĂ© un peu froid. Cela vient des procĂ©dĂ©s narratifs parfois un peu appuyĂ©s de l’ouvrage. Cyril Pedrosa en fait parfois un tout petit trop. Je chipote un peu, mais par moment, dans la lecture, je me suis fait la rĂ©flexion.

Au niveau du dessin, c’est particuliĂšrement rĂ©ussi. Le noir et blanc est bien maĂźtrisĂ©, il y a une vraie texture et du volume qui se dĂ©gage des planches. Le style sait se modifier et s’adapter aux situations. TrĂšs noir pour certains passages, plus flou pour d’autres. Le travail sur les planches est rĂ©ellement remarquable et vaut le coup d’Ɠil. En revanche, je ne suis pas fan du trait que Pedrosa donne Ă  ses personnages. C’est une question de goĂ»t.

Au final, cet ouvrage est Ă  dĂ©couvrir. Certes, il y a plusieurs Ă©lĂ©ments qui m’ont gĂȘnĂ© ou fait tiquer pendant la lecture, mais il possĂšde d’indĂ©niables qualitĂ©s, tant dans le dessin que dans l’ambiance particuliĂšre qu’il dĂ©gage. Il m’a rĂ©conciliĂ© avec Cyril Pedrosa. Et c’est dĂ©jĂ  pas mal !

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note3

Chroniques birmanes

ChroniquesBirmanes


Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007


AprĂšs « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle s’attaque Ă  la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». VoilĂ  donc le troisiĂšme opus des reportages si particuliers de l’auteur canadien. Alors qu’il s’était retrouvĂ© en Asie pour superviser des studios d’animation, le voilĂ  dĂ©sormais dans l’une des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Exit l’animateur, voilĂ  le pĂšre au foyer ! Delisle passe sa journĂ©e Ă  faire de la bande-dessinĂ©e et, surtout, Ă  s’occuper de Louis, son fils. Nouveau pavĂ© Ă  dĂ©vorer, ce livre pĂšse 263 pages et est publiĂ© chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez L’Association).

Si ses prĂ©cĂ©dents opus possĂ©daient une continuitĂ© relative de la narration, ce n’est pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. C’est bien de chroniques dont il s’agit, les anecdotes Ă©tant empilĂ©es les unes aux autres. Alors bien sĂ»r, il y a quand mĂȘme une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu diffĂ©rente. Vu le pavĂ© reprĂ©sentĂ©, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans l’ouvrage. Le fait que l’auteur ait passĂ© un an et demi dans le pays justifie Ă©videmment ce choix.

Ce que l’on pouvait regretter dans « Pyongyang », c’est que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre l’envers du dĂ©cor de la sociĂ©tĂ© nord-corĂ©enne. C’est un peu la mĂȘme chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. D’ailleurs, il n’hĂ©site pas Ă  le rappeler rĂ©guliĂšrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On dĂ©couvre ainsi la vie dans son quartier et les inĂ©vitables rencontres d’ONG.

Un rĂŽle de candide

La force de Guy Delisle est de se donner un rĂŽle de candide. Faussement naĂŻf, il aborde un ton lĂ©ger qui permet Ă  l’ouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, l’auteur ne cherche pas Ă  politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-lĂ . Et quand le personnage Guy Delisle dĂ©cide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, c’est pour mieux oublier ses engagements dans la case d’aprĂšs
 Mais derriĂšre ce vernis non-politisĂ©, les messages passent Ă  foison de part les faits.

Beaucoup de personnes n’arrivent pas Ă  se lancer dans un livre de Guy Delisle Ă  cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais trĂšs efficace. Il est parfaitement adaptĂ© au propos et lisible. Le tout est rehaussĂ© de gris de façon pertinente. L’auteur utilise un gaufrier de six cases, rĂ©servant la premiĂšre pour le titre de l’anecdote. Il y a une certaine routine qui s’installe, plutĂŽt confortable pour le coup. Bref, si vous n’aimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup d’essayer de passer le cap.

Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des rĂ©cits de voyage tout en lĂ©gĂšretĂ©. MĂȘme si ses observations sont Ă©videmment limitĂ©es par sa vie et qu’il n’est pas au plus prĂšs des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et l’on sourit Ă  de multiples reprises. A lire !

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note4

Le feul

LeFeul


Titre : Le feul
T1 : Valnes
T2 : Les Brohms
T3 : L’hĂ©ritage
Scénariste : Jean-Charles Gaudin
Dessinateur : Frédéric Peynet
Parutions : Avril 2005 – Janvier 2007 – Janvier 2009


On m’avait offert le premier tome du « Feul ». À l’époque, je me mĂ©fie des sĂ©ries de fantasy aux dĂ©marrages sympathiques qui s’étiolent au fur et Ă  mesure et ne donne pas suite Ă  la sĂ©rie. Quelques occasions dĂ©nichĂ©es plus tard, me voilĂ  avec les trois tomes en ma possession. C’est donc une sĂ©rie relativement courte (de nos jours) qui nous est proposĂ©e par Peynet (au scĂ©nario) et Gaudin (au dessin). Le tout est publiĂ© chez Soleil.

Des tribus, des coutumes, des conflits…

LeFeul2Dans un village reculĂ©, les gens meurent de plus en plus Ă  cause d’une maladie qu’ils baptisent le feul. Il semble que le mal vienne de la riviĂšre. Et quand ils s’aperçoivent que la tribu en amont est atteinte du mĂȘme mal, ils dĂ©cident de s’unir et de remonter la riviĂšre pour trouver l’origine du mal. Une peuplade empoisonnerait-elle Ă  dessein le cours d’eau ?

Si le dĂ©but de la sĂ©rie laisse prĂ©sager un univers de fantasy assez classique, ce n’est pas vraiment le cas. Ainsi, si chaque tribu est diffĂ©rente physiquement, ce sont tous des humanoĂŻdes. Et si le monde est peuplĂ© de bestioles et de monstres effrayants, la magie est complĂštement absente. Ainsi, c’est avant tout un univers de tribus qui nous est proposĂ©. Le monde n’est pas industrialisĂ© et les gens vivent dans des huttes.

L’histoire insiste donc sur les diffĂ©rences de culture des tribus. Cela passe par les croyances, la sexualitĂ© ou la façon d’aborder les problĂšmes. Cet aspect est trĂšs rĂ©ussi et dĂ©veloppĂ©, les auteurs cherchant Ă  aborder le thĂšme de la tolĂ©rance envers la diffĂ©rence Ă  travers de nombreux dialogues entre les protagonistes. Ainsi, « Le feul » reprend un classique de la fantasy : un groupe de peuplades diffĂ©rentes qui doivent cohabiter.

La grande force du « Feul » tient dans sa case finale qui donne tout le sens Ă  l’ouvrage. C’est particuliĂšrement remarquable et j’ai mis du temps Ă  m’en remettre. En cela, la sĂ©rie est singuliĂšre et le traitement par les auteurs incroyable. À la fermeture du troisiĂšme tome, il nous prend un irrĂ©sistible besoin de reprendre l’ensemble


Le dessin assurĂ© par Gaudin est de grande qualitĂ©. De nature classique, il propose un dĂ©coupage toujours bien menĂ© qui associe longues discussions et scĂšnes d’action. La narration Ă  la premiĂšre personne, qui s’intercale dans les moments plus calmes, apporte un plus et permet Ă  Gaudin de laisser parler son dessin. Et la couleur directe, aux tons trĂšs doux, sort des codes actuels du genre qui vise plutĂŽt les couleurs vives et tape-Ă -l’Ɠil. Cela donne un petit cĂŽtĂ© rĂ©tro pas dĂ©sagrĂ©able aux ouvrages. Et vu le thĂšme traitĂ©, c’est parfaitement adaptĂ©.

LeFeul1

« Le feul » est une sĂ©rie qui se lit aisĂ©ment, avec des personnages forts et des tribus aux coutumes bien dĂ©veloppĂ©s. Alors que l’on prend l’acceptation de la diffĂ©rence comme thĂšme principal, les auteurs nous surprennent par une fin qui ajoute une couche supplĂ©mentaire de narration. Une belle sĂ©rie en trois tomes, bien pensĂ©e et bien rĂ©alisĂ©e. Du beau travail, Ă  la fois classique et original.

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note4

Panique organique

PaniqueOrganique


Titre : Panique organique
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Octobre 2007


Marion Montaigne est une auteure qui s’est crĂ©Ă© un nom dans la vulgarisation scientifique. MĂȘlant bande-dessinĂ©e, sciences et humour, elle a su capter l’attention du public avec son blog « Tu mourras moins bĂȘte » (parfaitement mis sur papier ensuite). Depuis, elle a sorti « Riche, pourquoi pas toi ? » qui lui permettait de toucher aux sciences sociales. Mais dĂšs 2007, l’auteure sortait dĂ©jĂ  un livre intitulĂ© « Panique organique » qui proposait une histoire dĂ©jantĂ© dans le corps humain. PubliĂ© chez Sarbacane, le tout pesant une petite centaine de pages.

Nous dĂ©marrons donc dans le corps d’un enfant qui mange ses cĂ©rĂ©ales. L’une de bactĂ©ries de l’estomac, fatiguĂ© de cette existence rĂ©pĂ©titive, dĂ©cide de s’échapper. En effet, le petit garçon a eu le malheur d’avaler le jouet qui Ă©tait dans la boĂźte de cĂ©rĂ©ales. C’est une fusĂ©e
 C’est parti pour une aventure au plus profond du corps


Une aventure d’humour didactique

Si le dĂ©but de l’aventure laisse prĂ©sager une aventure d’humour didactique (le rein est bien prĂ©sentĂ© par exemple), le tout devient vraiment barrĂ© au fur et Ă  mesure. Alors certes on apprend des choses rĂ©guliĂšrement, mais l’aspect didactique laisse souvent la place Ă  l’aventure et Ă  l’action dĂ©bridĂ©e. 

On a clairement affaire ici Ă  un ouvrage plutĂŽt jeunesse. Les explications sont plutĂŽt simples et l’action est non-stop. Le double discours existe quand mĂȘme (le passage Ă  l’adolescence est vraiment destinĂ© Ă  ĂȘtre drĂŽle pour des adultes me semble-t-il
), mais il n’est pas omniprĂ©sent. Les derniĂšres pages, complĂštement dĂ©bridĂ©es manquent ainsi un peu de consistance. MalgrĂ© tout, on sourit Ă  plusieurs reprises. Mais on est tellement habituĂ© Ă  rire devant un livre de Marion Montaigne que l’on en devient trĂšs exigeant !

Concernant le dessin, on retrouve un trait simple et dynamique de l’auteure, colorisĂ© Ă  l’informatique. C’est moins relĂąchĂ© et moins personnel que ses derniĂšres productions, mais la lecture est trĂšs agrĂ©able et lisible. Le dĂ©coupage est plus classique avec un gaufrier et des cases tracĂ©es. Bref, c’est finalement assez diffĂ©rent de ce que peut nous proposer Marion Montaigne actuellement.

« Panique Organique » confirme l’intĂ©rĂȘt de Marion Montaigne pour les ouvrages didactiques. Paru en 2007, juste avant « La vie des bĂȘtes » (oĂč clairement elle est plus percutante au niveau de l’humour), c’est un ouvrage jeunesse de bonne qualitĂ©. La partie didactique n’est pas lourde et peut mĂȘme passer derriĂšre l’aspect purement aventure. Et il faut bien avouer que les ados adorent ce livre. Une lecture sympathique. avatar_belz_jol

note3

Droit dans le mĂ»r – Fabcaro

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Titre : Droit dans le mûr
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : DĂ©cembre 2007


AprĂšs un premier ouvrage autobiographique qui mettait Ă  nu ses nĂ©vroses (« Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs »), Fabcaro remet le couvert avec « Droit dans le mĂ»r ». Comme il le dit lui-mĂȘme : « Faut ĂȘtre maso ». C’est donc reparti pour une sĂ©rie d’anecdotes pleine d’autodĂ©rision sur les problĂšmes relationnels de l’auteur. On retrouve notamment son incapacitĂ© Ă  dire « non » et, de façon gĂ©nĂ©rale, Ă  s’imposer.

Si certaines anecdotes ne font qu’une page (ce sont rarement les plus intĂ©ressantes), d’autres sont un poil plus longue, amenant souvent une rĂ©flexion plus large (l’achat de la maison, le mec au walkman, etc.). Evidemment, une chute nous attend toujours Ă  la fin. Heureusement, la chute n’est pas le seul moment oĂč l’ont ri. L’humour est omniprĂ©sent. Parfois absurde, parfois touchant, Fabcaro a un humour vraiment particulier, une vraie patte. Un bonheur pour les zygomatiques.

Un bilan de l’autobiographie et un bilan autobiographique.

Le dĂ©but de l’ouvrage dĂ©marre sur le bilan de la premiĂšre autobiographie. En effet, Fabcaro expose les problĂšmes liĂ©s Ă  la publication d’un tel ouvrage
 Evidemment, c’est passionnant et le fait que l’auteur n’assume absolument pas le contenu rend le tout encore plus intĂ©ressant. Ainsi, « Droit dans le mĂ»r » et « Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » fonctionnent clairement comme un diptyque. AssemblĂ©s, ils traitent plus ou moins des mĂȘmes thĂšmes et donnent finalement plus de cohĂ©rence Ă  l’ensemble.

Comme son nom l’indique, « Droit dans le mĂ»r » s’attarde sur le vieillissement de l’auteur. Ce dernier, la trentaine passĂ©e, doit laisser certaines de ses anciennes convictions au passĂ©. Ainsi, rien ne s’arrange vraiment quand on vieillit (alors qu’il Ă©tait persuadĂ© du contraire !) et on finit par faire des choses terribles comme devenir propriĂ©taire (ce passage est d’une justesse incroyable) alors qu’on rejetait le concept de propriĂ©tĂ© Ă  20 ans. Fabcaro n’hĂ©site d’ailleurs pas Ă  se reprĂ©senter en conversation avec son alter-ego plus jeune. Si le procĂ©dĂ© n’est pas nouveau, il est ici utilisĂ© avec parcimonie, Ă©normĂ©ment d’humour et se rĂ©vĂšle finalement touchant. On a tous en nous quelque chose de Fabcaro.

Le dessin est toujours efficace avec un noir et blanc Ă©lĂ©gant et maĂźtrisĂ©. Les expressions des personnages, trĂšs travaillĂ©es et marquĂ©es, renforcent l’humour des situations. Le tout est souvent articulĂ© en planches composĂ©es de trois bandes horizontales, apportant de la cohĂ©rence Ă  l’ensemble (et un peu de rigiditĂ©, il est vrai).

AprĂšs un « Steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » rĂ©ussi, « Droit dans le mĂ»r » est clairement un cran au-dessus de part une certaine cohĂ©rence et une patte de l’auteur plus affirmĂ©e. Les deux ouvrages tirent un portrait hilarant de Fabcaro, plein d’autodĂ©rision. Indispensable pour tous les fans de l’auteur !

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Note : 16/20

De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitiĂšme acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se dĂ©cline sur dix tomes. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes, cet opus est l’Ɠuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un homme Ă  l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vĂȘtu. Il semble flotter sur un nuage accompagnĂ© en second plan d’un splendide palais. Le ciel est Ă©toilĂ© et offre des tons bleu et blanc qui gĂ©nĂšrent une illustration Ă  l’atmosphĂšre originale.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Explorant les Ă©tranges cimes nuageuses de l’immense Ăźlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystĂ©rieux MaĂźtre d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte
 Comment va-t-il rĂ©agir aux provocations d’EusĂšbe ? Acceptera-t-il de rĂ©organiser la dĂ©fense du royaume sĂ©lĂ©nite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infĂąme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette cĂ©lĂšbre sĂ©rie du neuviĂšme art touche Ă  sa fin. « Le maĂźtre d’armes » est l’antĂ©pĂ©nultiĂšme de ses Ă©pisodes et nous mĂšne inexorablement vers son dĂ©nouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualitĂ© est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, Ă  mes yeux, le meilleur de tous. Il possĂšde tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densitĂ© et sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer les dĂ©tails offrent une lecture en tout point passionnante. NĂ©anmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes prĂ©cĂ©dents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal Ă  saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique Ă©popĂ©e.

L’album prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© nos trois hĂ©ros sur les nuages Ă  la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte Ă  protĂ©ger la dĂ©fense du roi de la Lune. Notre lecture dĂ©marre donc par une poursuite effrĂ©nĂ©e sur les nuages. EusĂšbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine ĂȘtre le hĂ©ros tant recherchĂ©. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possĂšde une personnalitĂ© riche qui attise tout de suite notre curiositĂ©. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet Ă  ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densitĂ© des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littĂ©rature qui ravira les adeptes de thĂ©Ăątre et de grandes envolĂ©es lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne rĂ©side pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prĂ©pare Ă©galement aussi Ă  une bataille homĂ©rique qui doit dĂ©cider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent Ă  faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent, l’intensitĂ© augmente. La gravitĂ© de la situation prend de plus en plus de place. La nuit prĂ©cĂ©dant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Les gentils sont bien moins nombreux que les mĂ©chants et nos seuls espoirs apparaissent dĂ©sespĂ©rĂ©s. On est vraiment possĂ©dĂ© par l’intrigue et notre empathie Ă  l’égard des diffĂ©rents hĂ©ros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe Ă  cette atmosphĂšre envoĂ»tante Les premiĂšres pages nous plongent dans un royaume des nuages fĂ©eriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y dĂ©couvrir un palais, d’admirer les chimĂšres ou de voler sur des chevaux ailĂ©s, on ne sait plus oĂč donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les dĂ©cors ne baissent pas en qualitĂ©. Masbou arrive Ă  nous faire ressentir la montĂ©e en puissance des deux camps Ă  l’approche de l’inĂ©vitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’Ɠuvre. Tous les aspects sont poussĂ©s Ă  leur paroxysme et font naĂźtre une lecture d’une rare intensitĂ©. Il est toujours agrĂ©able de voir qu’une sĂ©rie arrive encore Ă  surprendre positivement aprĂšs huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulĂ© « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois ĂȘtre au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire


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Note : 18/20

Comme tout le monde – Rudy Spiessert, Denis LapiĂšre & Pierre-Paul Renders

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Titre : Comme tout le monde
Scénaristes : Denis LapiÚre & Pierre-Paul Renders
Dessinateur : Rudy Spiessert
Parution : Octobre 2007


Au dĂ©part, il y a un scĂ©nario. De ce scĂ©nario originel accoucheront deux Ɠuvres : la premiĂšre sera un film, la seconde une bande-dessinĂ©e. « Comme tout le monde » n’a pas laissĂ© beaucoup de souvenirs aux cinĂ©philes, qu’en est-il de sa version dessinĂ©e qui se veut une « version longue » de son cousin sur grand Ă©cran. L’ensemble pĂšse quand mĂȘme 140 pages, ce qui laisse aux auteurs le temps de dĂ©velopper les enjeux et les personnages. PubliĂ© chez Dupuis, le livre est dessinĂ© par Rudy Spiessert et scĂ©narisĂ© par Denis LapiĂšre et Pierre-Paul Renders.

CommeToutLeMonde2Tout commence par une Ă©mission, la bien nommĂ©e « comme tout le monde ». Sur le principe de « La famille en or », les participants doivent trouver la rĂ©ponse la plus souvent citĂ©e par un panel de sondĂ©s. Or, le grand champion Jalil ne se trompe jamais. Au point qu’il dĂ©finit la plus pur français moyen. Une aubaine pour les marques qui peuvent l’utiliser comme panel Ă  moindre coĂ»t. Mais Ă  son insu


 Voyeurisme & célébrité

« Comme tout le monde » s’intĂšgre parfaitement dans un monde de voyeurisme et de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©. La cĂ©lĂ©britĂ© du français moyen qui exhibe son intimitĂ© est traitĂ©e ici. Si le sujet de la bande-dessinĂ©e n’est simplement jamais crĂ©dible, on se prend au jeu de cette histoire qui sait nous dĂ©voiler les secrets petit Ă  petit. Quelques retournements de situation sont bien vus et surprendront le lecteur. En cela, la pagination importante est adaptĂ©e, permettant de dĂ©velopper pleinement tous les aspects de l’histoire.

CommeToutLeMonde1C’est peut-ĂȘtre au niveau des personnages que l’ensemble pĂȘche un peu. Jalil, trop moyen, manque vraiment de charisme. C’est son personnage, certes, mais on n’a finalement que trĂšs peu de sympathie pour lui, au contraire de sa jeune compagne, Ă  laquelle on s’attache. Mais le tout manque cruellement d’analyse. Claire accepte de se mettre en couple pour de l’argent, sans que la notion de prostitution ne soit relevĂ©e. C’est bien un livre de chez Dupuis qui reste bien gentillet. On aurait pu imaginer une critique mordante, ce ne sera pas le cas. Dommage, car le sujet est plutĂŽt intĂ©ressant et la narration bien menĂ©e.

Au niveau du dessin, Rudy Spiessert est à lui seul un argument pour le bouquin. Clairement influencé par Dupuy et Berberian, il propose un dessin simple en apparence mais trÚs riche, à la mise en scÚne soignée. Une véritable découverte et un auteur à suivre assurément.

« Comme tout le monde » est un ouvrage qui se lit d’une traite, mĂ©nageant son suspense intelligemment. HĂ©las, on sent qu’avec un sujet pareil, le livre aurait pu ĂȘtre plus intĂ©ressant en Ă©tant plus sombre ou cynique. Une sympathique dĂ©couverte.

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Note : 14/20

Les ForĂȘts d’Opale, T5 : Onze Racines – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les ForĂȘts d’Opale, T5 : Onze Racines
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Mai 2007


« Onze racines » est le cinquiĂšme tome de « Les forĂȘts d’Opale ». Cette sĂ©rie de fantasy est le fruit de la collaboration de Christophe Arleston et Philippe Pellet. C’est la prĂ©sence du premier citĂ© qui m’avait attirĂ© vers cette nouvelle aventure il y a une dizaine d’annĂ©es. Je le connaissais par mes lectures de « Lanfeust de Troy » ou « Les maĂźtres cartographes ». Depuis, je m’offre chaque nouvelle parution de cette saga. L’apparition de « Onze racines » chez Soleil date de deux mille sept. L’ouvrage est de qualitĂ© et nous offre une couverture qui attire l’Ɠil. Elle nous prĂ©sente le hĂ©ros en train de tenir une Ă©pĂ©e Ă  deux mains et s’apprĂȘtant Ă  achever le corps d’une femme allongĂ©e Ă  terre. En arriĂšre-plan, apparait des grands Ă©clairs de feu.

Pour ceux qui n’auraient pas lu mes critiques prĂ©cĂ©dentes ou pour qui « Les forĂȘts d’Opale » est une histoire inconnue, je vous cite le texte ornant la quatriĂšme de couverture de l’album : « Opale est le monde des forĂȘts. Le clergĂ© de la LumiĂšre y fait rĂ©gner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mars Darko est celui qui doit rĂ©aliser la ProphĂ©tie et faire revenir les Titans pour libĂ©rer les Cinq Royaumes
 AidĂ© du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongĂ© dans une aventure oĂč se joue le destin du monde
 »

Pour les adeptes du genre, ils retrouveront les codes de la fantasy. La lutte entre le bien et le mal, la notion d’élu, le parcours initiatique, un groupe hĂ©tĂ©roclite dans un combat type « David et Goliath »  La recette est un classique. NĂ©anmoins, quand elle est bien exĂ©cutĂ©e, elle peut offrir un festin de qualitĂ©. Les dĂ©buts de la sĂ©rie Ă©taient agrĂ©ables et dynamiques. On prenait plaisir Ă  suivre des personnages sympathiques. La maladresse de l’un, les charmes de l’autre, la roublardise d’un troisiĂšme ou la bestialitĂ© du dernier rendait notre voyage haut en couleur. Mais l’avancĂ©e de la trame avait tendance Ă  ralentir et le quatriĂšme tome Ă©tait dĂ©cevant. J’étais donc curieux de savoir si les choses allaient repartir dans le bon sens dans « Onze racines ».

Le scĂ©nario possĂšde une Ă©paisseur qu’il avait tendance Ă  perdre.

Mes attentes ont Ă©tĂ© globalement comblĂ©es. Le fil conducteur de la quĂȘte principale retrouve une place de choix dans l’histoire. Je ne vais Ă©videmment pas vous conter les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui accompagnent notre lecture, mais on n’a pas le sentiment de faire du surplace. Le scĂ©nario possĂšde une Ă©paisseur qu’il avait tendance Ă  perdre. On rencontre des personnages secondaires qui semblent possĂ©der un rĂŽle qui ne se restreint pas Ă  l’album qu’on est en train de lire. Leur destin devrait se prolonger dans les opus suivants. Cela coupe la sensation que chaque tome Ă©tait un Ă©pisode qui tendait de plus en plus Ă  ĂȘtre indĂ©pendant du prĂ©cĂ©dent et du suivant. « Onze racines » redonne un sens Ă  la saga « Les forĂȘts d’Opale ». J’espĂšre que cette ampleur grandira dans les albums suivants et que le soufflet ne retombera pas.

Cette amĂ©lioration a pour consĂ©quence que notre attrait pour le devenir des hĂ©ros voit sa flamme ravivĂ©e. Notre curiositĂ© ainsi ranimĂ©e dĂ©couvre donc avec plaisir une Ă©volution importante des relations entre nos hĂ©ros. MĂȘme si cette Ă©volution apparaissait prĂ©visible, c’est avec plaisir qu’on voit certains sentiments se rĂ©vĂ©ler et offrir Ă  la trame un nouvel aspect Ă  dĂ©velopper. Le scĂ©nariste arrive Ă  mĂȘler cette apparition Ă  un Ă©vĂ©nement important de l’histoire. Cette toile d’araignĂ©e ainsi tissĂ©e densifie ainsi l’intrigue et rend la lecture d’autant plus passionnante. MĂȘme si l’album se conclue sur quelques pages plutĂŽt calmes et apaisĂ©e, cela ne nous empĂȘche d’espĂ©rer nous plonger au plus vite dans le sixiĂšme tome intitulĂ© « Le sortilĂšge du pontife ».

Les dessins de Pellet suivent Ă©galement une courbe croissante. Ils ne m’ont jamais gĂȘnĂ©, je tiens Ă  ĂȘtre clair. Par contre, longtemps, je trouvais qu’ils servaient essentiellement de support Ă  l’histoire sans rĂ©ellement la transcender. Je trouve que le retour de flamme de mon attrait pour la sĂ©rie est mis en valeur par le trait du dessinateur. Je trouve que ses personnages apparaissent plus vivants, plus expressifs. Les dĂ©cors sont trĂšs rĂ©ussis. Les forĂȘts, lieux rĂ©currents de l’histoire, sont mises en valeur et participent Ă  l’atmosphĂšre de la lecture qui se veut dĂ©paysant. Au final, la rĂ©ussite est au rendez-vous Ă  ce niveau-lĂ .

En conclusion, « Onze racines » est une agrĂ©able surprise. J’avais peur de voir « Les forĂȘts d’Opale » devenir, Ă  l’image d’autres sĂ©ries, une saga Ă  Ă©pisode qui nĂ©gligerait sa trame au profit d’évĂ©nements gadget. J’ai donc hĂąte de dĂ©couvrir « Le sortilĂšge du pontife » en croisant les doigts pour que cette poussĂ©e de qualitĂ© ne soit pas sans lendemain. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rĂ©digĂ© un avis portant sur le premier opus de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxiĂšme tome intitulĂ© « Le mĂąle dominant ». Cet ouvrage paru en aoĂ»t 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est Ă©ditĂ© chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir rĂ©alisĂ© « Les Beaux Gosses » que pour ses Ɠuvres littĂ©raires. C’est dommage dans le sens oĂč sa bibliographie gagne Ă  ĂȘtre dĂ©couverte.

Le premier tome intitulĂ© « La nouvelle virilitĂ© » nous faisait dĂ©couvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilitĂ©. Il s’agit d’un homme au physique de dĂ©mĂ©nageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames
 Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir
 Cet opus nous dĂ©crivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquĂ©rir tous ses codes. C’est vraiment drĂŽle et rĂ©ussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en dĂ©couvrant ce nouvel album.

Dans « Le mĂąle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La prĂ©sentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre hĂ©ros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquĂ©es. Il a un cĂŽtĂ© « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton diffĂ©rent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses rĂ©actions et ses pensĂ©es. Il nous dĂ©gage un cĂŽtĂ© familier qui est trĂšs agrĂ©able.

La particularitĂ© de cette sĂ©rie est qu’elle se dĂ©roule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fĂȘte son troisiĂšme septennat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Cela permet Ă  l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme Ă©tant des repĂšres du passĂ©. Cette vision dĂ©calĂ©e de notre quotidien est intĂ©ressante et donne lieu Ă  beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait ĂȘtre des Ă©vidences du prĂ©sent. Par exemple, suite Ă  un coup d’état, la monarchie belge a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une « gynarchie » extrĂȘme. C’est-Ă -dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On dĂ©couvre Ă©galement une Bretagne autonome
 Bref, les repĂšres gĂ©opolitiques sont modifiĂ©es pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive Ă  exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour rĂ©sidant dans cet opus rĂ©side dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent Ă  Pascal et les modifications historiques donnent lieu Ă  beaucoup de gags « premier degrĂ© ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrĂȘte pas de rire. La densitĂ© des gags est d’une rare intensitĂ©. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se dĂ©compose en des histoires indĂ©pendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligĂ© de tout lire d’un coup. On peut le dĂ©couvrir Ă  tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont trĂšs colorĂ©es. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. MalgrĂ© un style apparemment simple, Sattouf arrive Ă  donner des expressions Ă  ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mĂąle dominant » se montre Ă  la hauteur de « La nouvelle virilitĂ© ». C’était loin d’ĂȘtre simple
 Avec « Pascal Brutal », c’est une sĂ©rie de grande qualitĂ© qui s’offre Ă  nous. J’ai hĂąte de me plonge dans le troisiĂšme tome qu’on m’a offert Ă  mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

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Note : 17/20

La vie secrĂšte des jeunes – Riad Sattouf

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Titre : La vie secrĂšte des jeunes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre  2007


Ce que j’aime avant tout chez Riad Sattouf, c’est sa sĂ©rie « Pascal Brutal » que je qualifierai sans peine de culte. AprĂšs cette dĂ©couverte, je me suis intĂ©ressĂ© aux autres travaux de l’auteur. Or, une bonne partie des livres qui ont fait la renommĂ©e de ce dernier sont des reportages ou de l’autobiographie. J’avoue que je n’ai jamais Ă©tĂ© pleinement emballĂ© par cette partie de l’Ɠuvre de Sattouf. Mais il me restait encore « La vie secrĂšte des jeunes » pour revoir mon jugement. Il s’agit ici du premier tome paru Ă  L’Association dans la collection Ciboulette. Le tout fait 160 pages pour 160 saynĂštes.

A l’origine, « La vie secrĂšte des jeunes » paraĂźt dans Charlie Hebdo. L’auteur raconte en une page des anecdotes sur des passants qu’il a pu rencontrer. Cela se passe dans la rue, le mĂ©tro, au bistrot, dans le taxi
 Les histoires ne sont pas forcĂ©ment des gags Ă  chute puisqu’ils trahissent une rĂ©alitĂ© de situation, mais le tout est clairement destinĂ© Ă  faire rire (ou Ă  pleurer ?).

Observer ses contemporains

DĂšs le dĂ©part, on voit que Riad Sattouf possĂšde un vrai sens de l’observation. Clairement, il ne doit pas avoir des Ă©couteurs vissĂ©s en permanence Ă  ses oreilles car il profite pleinement des conversations de ses contemporains. Vivre Ă  Paris l’aide forcĂ©ment beaucoup pour observer les comportements erratiques de la faune locale. En revanche, le titre est plutĂŽt mal choisi, car le livre ne se limite pas forcĂ©ment aux jeunes. Certes, ils sont trĂšs prĂ©sents car bruyants et faciles Ă  Ă©couter, mais toutes les gĂ©nĂ©rations sont reprĂ©sentĂ©es.

J’ai un sentiment mitigĂ© sur cet ouvrage. Le sujet en lui-mĂȘme fait que l’ensemble est assez inĂ©gal. Certaines anecdotes sont trĂšs croustillantes, d’autres sont assez banales. Cependant, l’auteur fait montre d’une vraie capacitĂ© de mise en situation. De mĂȘme, il retranscrit parfaitement les attitues des jeunes, leur façon de se parler et de se comporter. Et on sent qu’il choisit au mieux le point de vue pour raconter. Si bien qu’il faut avouer que le livre est addictif. Lorsque l’on est lancĂ©, on a du mal Ă  dĂ©crocher.

Le trait de Sattouf, simple et expressif, est parfaitement adaptĂ© au sujet. Le noir et blanc de l’ouvrage et le dĂ©coupage au gaufrier rendent la lecture simple et efficace. C’est vraiment dans l’expression des personnages et des phylactĂšres que l’auteur fait passer le rire.

« La vie secrĂšte des jeunes » possĂšde un charme particulier. Observant le mĂȘme genre de comportements dans mon quotidien, je vois bien que Riad Sattouf n’a pas besoin d’inventer quoique ce soit et qu’il est avant tout un fin observateur de ses contemporains. Une belle dĂ©couverte, qui donne envie de lire les tomes suivants.

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Note : 15/20