Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermĂ©tique Ă  ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ©e de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai dĂ©couvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grĂące un de mes anciens collĂšgues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombĂ© sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel Ă©pisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. EditĂ© chez Les EchappĂ©s Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous prĂ©sente le chien et le chat en costume de mariĂ©s. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualitĂ©.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mĂ©moire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majoritĂ© des planches est partagĂ©e en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indĂ©pendantes les unes des autres. Certains gags se dĂ©roulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite Ă  le feuilleter. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de le dĂ©vorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majoritĂ© de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualitĂ©. Ce n’est pas tout Ă  fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des Ă©vĂ©nements prĂ©cis pour dĂ©velopper son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vĂ©ritĂ© sur la sociĂ©tĂ© et s’avĂšrent finalement assez intemporelles. Ces rĂ©flexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il Ă©nonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de dĂ©coffrage qui dĂ©clenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prĂ©venir que le style est loin d’ĂȘtre politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal Ă  l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les dĂ©fections du chien. Ce dernier Ă©voque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cƓur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrĂ©e remarquĂ©e. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation
 Rien n’est oubliĂ© ! Je suis assez impressionnĂ© par la capacitĂ© de Charb Ă  gĂ©nĂ©rer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrĂ©dients de dĂ©part. C’est un vrai talent. Il arrive Ă  produire plus de cent cinquante gags de grande qualitĂ©. La densitĂ© humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose Ă  jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a dĂ©jĂ  eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal Ă  identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’attĂ©nue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le cĂŽtĂ© incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majoritĂ© des strips ne voit aapparaĂźtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaĂźtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a rĂ©pondu Ă  mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimĂ© ĂȘtre choquĂ© ou outrĂ© par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excĂšs mais cela ne m’empĂȘche de prendre beaucoup de plaisir Ă  le lire dĂ©blatĂ©rer ses quatre vĂ©ritĂ©s. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout le monde de partir Ă  la dĂ©couverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-ĂȘtre conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drĂŽle ? 

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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai dĂ©couverts en lisant la saga Block 109. Cette sĂ©rie m’a conquis autant par son scĂ©nario que par son atmosphĂšre. Il s’agit d’une uchronie de grande qualitĂ© sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de dĂ©couvrir leur nouveau projet intitulĂ© Chaos Team. Le premier Ă©pisode Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et a attisĂ© ma curiositĂ©. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulĂ©e sobrement Chaos Team 1.2. EditĂ© chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agrĂ©able.

La quatriĂšme de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a Ă©tĂ© un Ă©chec complet pour le Chaos Team. Et suite Ă  l’arrivĂ©e de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloquĂ©s Ă  Lima. C’est au moment oĂč ils s’apprĂȘtent Ă  s’enfuir de la capitale de la Nouvelle RĂ©publique DĂ©mocratique du PĂ©rou que se manifeste un alliĂ© pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-lĂ . MalgrĂ© les rappels rĂ©guliers quant au passĂ© de la trame, il m’apparaĂźt compliquĂ© d’en maĂźtriser tous les arcanes sans prendre le temps de dĂ©couvrir sereinement les prĂ©requis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable Ă  celle des comics amĂ©ricains. L’intrigue se dĂ©compose en petit chapitre Ă  l’identitĂ© propre et Ă  la derniĂšre case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliquĂ© par Vincent Brugeas Ă  la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus prĂ©cisĂ©ment la personnalitĂ© des diffĂ©rents protagonistes. NĂ©anmoins, ce mĂ©canisme est moins utilisĂ© dans ce second acte que dans le prĂ©cĂ©dent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une Ă©quipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spĂ©ciales du monde. Les Ă©vĂ©nements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possĂšde des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations Ă  dose homĂ©opathiques. Cette dimension secrĂšte rend les personnages fascinants et charismatiques malgrĂ© une moralitĂ© parfois nĂ©buleuse. Les dĂ©couvrir a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ© un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyĂ© une attaque extra-terrestre. De nouveaux Ă©quilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualitĂ©. Le premier tome Ă©tait pleinement centrĂ© sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de dĂ©roulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les rĂ©vĂ©lations s’enchainent Ă  un rythme assez effrĂ©nĂ©. La trame utilise des ingrĂ©dients classiques qui ne rĂ©volutionnent pas le genre. Mais la qualitĂ© des personnages fait largement oubliĂ©e l’absence d’originalitĂ© de l’histoire. Rarement, une sĂ©rie est arrivĂ©e Ă  faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissĂ© porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux cĂŽtĂ©s de John et ses acolytes plutĂŽt que pour dĂ©couvrir le dĂ©nouement.

L’atmosphĂšre rĂ©aliste de cet univers rĂ©sulte en grande partie de la qualitĂ© des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvĂ© son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement Ă  l’aura des personnages. Il leur offre une rĂ©elle profondeur et une identitĂ© graphique Ă©vidente. Un dessinateur aussi talentueux permet Ă  la bande dessinĂ©e de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger Ă  nouveau dans cette aventure. MĂȘme si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualitĂ© de la sĂ©rie. Je suis donc curieux de dĂ©couvrir la suite qui est promise pour l’annĂ©e prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de dĂ©couvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indiffĂ©rent


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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier Ă©pisode d’une saga nĂ©e de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai dĂ©couvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai Ă©tĂ© conquis par le travail des deux auteurs et par la qualitĂ© de l’univers qu’ils avaient crĂ©Ă©. C’est donc avec une curiositĂ© forte que je me suis plongĂ© dans leur derniĂšre production sorti en librairie le sept fĂ©vrier dernier. Son format se rapproche de celui de la sĂ©rie prĂ©cĂ©dente. EditĂ© chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se dĂ©roule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scĂ©nariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous prĂ©sente un personnage charismatique. Il est grand, musclĂ©, expĂ©rimentĂ©. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dĂ©vastĂ©e. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos Ă©voquĂ©e dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « PrĂšs de quatre ans aprĂšs une frappe extraterrestre qui a dĂ©truit la majoritĂ© des forces armĂ©es et mis Ă  genoux les gouvernements des diffĂ©rentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maĂźtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus dĂ©sormais de vĂ©ritables seigneurs de la guerre font souvent appel Ă  une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survĂ©cu Ă  l’invasion et Ă  mĂȘme de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous dĂ©couvrons la Chaos Team, une unitĂ© de mercenaires liĂ©e Ă  Blackfire et dirigĂ©e par John Clem, en mission de protection Ă  Grenade, auprĂšs du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piÚces de maniÚre apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une annĂ©e zĂ©ro correspondant Ă  la date de l’invasion extraterrestre. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s sont repĂ©rĂ©s par rapport Ă  ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se dĂ©coupe en chapitres qui peuvent ĂȘtre antĂ©rieurs ou postĂ©rieurs au « moment repĂšre ». L’histoire ressemble donc Ă  un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piĂšces de maniĂšre apparemment alĂ©atoires. Cela amĂšne une densitĂ© forte Ă  la lecture. Le dosage scĂ©naristique est bien maĂźtrisĂ©.

ChaosTeam1bChaque chapitre est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©sentation de son casting. La premiĂšre page nous liste les diffĂ©rents protagonistes impliquĂ©s dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hĂ©tĂ©roclite servent de fil conducteur Ă  notre dĂ©couverte de cet univers. Les personnages sont Ă©videmment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possĂšdent nĂ©cessairement des capacitĂ©s largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nĂ©cessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur cĂŽtĂ© mercenaire fait qu’on n’arrive pas Ă  ressentir une empathie absolue Ă  l’encontre de tout ce beau monde. Leur Ă©thique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particuliĂšrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possĂšde un trait assez unique qui gĂ©nĂšre une atmosphĂšre forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variĂ©s et dĂ©taillĂ©s pour qu’on n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. Le travail sur les couleurs est Ă©galement de grande qualitĂ© et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scĂšnes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est trĂšs rĂ©ussi. Il se lit avec appĂ©tit. D’ailleurs je m’y plongerai Ă  nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des diffĂ©rents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

Le chien qui louche – Etienne Davodeau

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Titre : Le chien qui louche
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Octobre 2013


 Etant un fervent et rĂ©gulier visiteur du Louvre, j’aime lire la collection qui y est consacrĂ© chez Futuropolis en partenariat avec les instances du MusĂ©e. Faisant appel Ă  de (trĂšs) grands noms de la bande-dessinĂ©e, cela reste hĂ©las souvent des Ɠuvres de commande oĂč les bĂ©dĂ©astes peinent Ă  pleinement s’accomplir. J’avais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue d’un gardien de musĂ©e
 Le tout pĂšse quand mĂȘme 134 pages.

Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la premiĂšre fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frĂšres et le pĂšre sont peu commodes et trĂšs beaufs, Ă  la tĂȘte d’une entreprise de vente de meubles. Mais un aĂŻeul a Ă©tĂ© peintre au cours du XIXĂšme siĂšcle. On n’a gardĂ© de lui qu’une toile d’un chien qui louche. Ce tableau est Ă©videmment une croĂ»te sans intĂ©rĂȘt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.

LeChienQuiLouche2Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thĂšme. Ainsi, il pose la question de la lĂ©gitimitĂ© de la prĂ©sence d’une Ɠuvre au Louvre. Qui dĂ©cide, comment et pourquoi ? Il amĂšne aussi par la famille trĂšs beauf le problĂšme de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les Ɠuvres et ne pas les respecter du tout. Quant Ă  la culture, clairement, ils n’y comprennent rien, reprochant la nuditĂ© des statues et faisant des remarques complĂštement dĂ©placĂ©es et dĂ©calĂ©es sur ce qu’ils voient.

Dialogues truculents et burlesque.

HĂ©las ces rĂ©flexions ne vont pas bien loin et l’histoire part finalement dans l’absurde, voire le burlesque une fois l’apparition de la curieuse RĂ©publique du Louvre. Le soufflet retombe et Ă  la fermeture de l’ouvrage, on se demande si l’auteur n’aurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. MalgrĂ© tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans rĂ©ellement arriver Ă  s’approprier le sujet. C’est certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.

Concernant le dessin, c’est du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agrĂ©able. L’auteur n’est pas n’importe qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout d’une peinture, c’est bien les sculptures du Louvre qui obsĂšdent Davodeau qui les dessine Ă  tort et Ă  travers. On reconnaĂźt sans peine les Ɠuvres, mais du coup le parallĂšle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. C’est dommage, on passe peut-ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose d’intĂ©ressant.

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« Le chien qui louche » est un peu inĂ©gal. Si certaines scĂšnes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux dĂ©couvrent qu’il y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens gĂ©nĂ©ral de l’ouvrage manque un peu de substance et de rĂ©flexion. A la fermeture du livre, on a l’impression que l’auteur n’est pas allĂ© au bout de sa dĂ©marche. Dommage.

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Note : 12/20

Jours de gloire – Fabcaro

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Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche Ă  chaque fois. Quand je suis tombĂ© sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y rĂ©sister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas


Le strip est une des spĂ©cialitĂ©s de Fabcaro. Du moins le gag Ă  chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas lĂ  pour rĂ©ussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est Ă©galement le cas ici. La diffĂ©rence, c’est qu’il n’y a pas rĂ©ellement de contexte, alors que les prĂ©cĂ©dents bouquins citĂ©s concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de sĂ©rie tĂ©lĂ©. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance Ă©tant une des qualitĂ©s de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacitĂ©. Son hĂ©ros (ou plutĂŽt antihĂ©ros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand mĂȘme au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre hĂ©ros est un imbĂ©cile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hĂ©las vite et le livre est refermĂ© alors que l’on en demande encore
 Le format Ă  l’italienne est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert Ă  cacher la pauvretĂ© du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages Ă  lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adaptĂ© au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de dĂ©cor. Mais l’essentiel n’est pas lĂ , c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips rĂ©alisĂ©s entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela mĂ©ritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drĂŽles et rĂ©ussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposĂ©. Quant Ă  Fabcaro, il nous a habituĂ© Ă  encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte Ă  ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une dĂ©ception, mĂȘme si le tout m’a donnĂ© le sourire du dĂ©but Ă  la fin.

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Note : 10/20

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

AthanagorWurlitzer


Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel » est un personnage crĂ©Ă© par le cĂ©lĂšbre auteur de bandes dessinĂ©es MaĂ«ster. Sa naissance est antĂ©rieure Ă  l’apparition de la cĂ©lĂšbre et peu acadĂ©mique SƓur Marie-ThĂ©rĂšse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des annĂ©es quatre-vingts. J’ai profitĂ© de l’édition d’une intĂ©grale en fin d’annĂ©e derniĂšre pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme Ă  lunettes et aux hormones fortement chatouillĂ©es. L’ouvrage coĂ»te autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pĂ©rĂ©grinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son Ăąge. Il possĂšde une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultĂ©s Ă  gĂ©rer ses Ă©motions et tombe ainsi rapidement dans l’excĂšs et dans de grands moments de dĂ©lire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne


Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse Ă  un public adulte et averti. Il est Ă©vident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goĂ»t. Mais l’atmosphĂšre est davantage Ă  l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinĂ©es en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de MaĂ«ster est dĂ©jĂ  caractĂ©ristique. Il possĂšde une plume prĂ©cise et offre des planches pleines de dĂ©tails. Je suis assez fan de son style qui arrive Ă  doser avec maestria les touches exubĂ©rantes gĂ©nĂ©rĂ©es par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmĂ©es. Leur format implique une mise en place rapide, un dĂ©veloppement dense et un dĂ©nouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contĂ©es par MaĂ«ster n’est nĂ©gligĂ©e. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est apprĂ©ciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualitĂ© constante est une performance. Chaque case est travaillĂ©e dans les moindres dĂ©tails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y dĂ©couvrir un gag ou un jeu de mot joliment tournĂ©. Il s’agit d’une caractĂ©ristique de bon nombre d’Ɠuvres estampillĂ©es Fluide Glacial de cette Ă©poque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgrĂ© la trentaine d’annĂ©es qui nous sĂ©pare de leur premiĂšre parution, ces Ă©pisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est dĂ©lurĂ©. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excĂšs. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La consĂ©quence est que je suis restĂ© parfois extĂ©rieur Ă  certaines aventures. NĂ©anmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. MaĂ«ster offre une jolie gamme de dĂ©lires centrĂ©s sur cet obsĂ©dĂ© sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le hĂ©ros est graphiquement rĂ©ussi. Au premier abord, il apparaĂźt comme un jeune homme de bonne famille en Ăąge d’ĂȘtre Ă©tudiant. Il est assimilable Ă  ces personnes qui appartiennent Ă  notre univers mais qui semblent transparentes et dont la prĂ©sence n’est jamais remarquĂ©e. Le dĂ©calage entre l’impression extĂ©rieure et ses poussĂ©es d’hormones qui le brĂ»lent de l’intĂ©rieur facilite la dimension exubĂ©rante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  dĂ©couvrir ce bouquin. Le premier contact est agrĂ©able car l’objet est de qualitĂ©. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuviĂšme art. Je le conseille donc Ă  tous les adeptes de l’humour estampillĂ© « Fluide Glacial ». Il s’agĂźt d’une des premiĂšres marches construites par MaĂ«ster qui le mĂšnera vers sa sĂ©rie culte mettant en scĂšne la plus trash des bonnes sƓurs


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Note : 13/20

AĂąma, T3 : Le dĂ©sert des miroirs – FrĂ©dĂ©rik Peeters

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Titre : Aùma, T3 : Le désert des miroirs
Scénariste : Frédérik Peeters
Dessinateur : Frédérik Peeters
Parution : Octobre 2013


A sa sortie, « AĂąma » s’est imposĂ© comme une excellente sĂ©rie de science-fiction. AprĂšs un premier tome trĂšs rĂ©ussi, FrĂ©dĂ©rik Peeters avait su confirmer l’essai avec brio. Si bien que c’est plein de confiance que j’ai commencĂ© la lecture de ce troisiĂšme tome intitulĂ© « Le dĂ©sert des miroirs ». On nous avait laissĂ© en plein suspense et c’est avec hĂąte que je lisais le bouquin. Ce dernier est toujours publiĂ© chez Gallimard pour un total de 86 pages.

aama3cLes hommes ont crĂ©Ă©, avec l’aĂąma, de la vie sur une planĂšte qui n’en possĂ©dait pas. ChargĂ©s de retrouver cet aĂąma, le groupe se retrouve attaquĂ© par ces nouvelles formes de vie. Nous reprenons donc l’histoire en plein combat. AprĂšs une dizaine de pages, le groupe reprend son chemin, amenuisĂ©.

Le tome deux faisait montait la tension au fur et Ă  mesure des pages. Ce n’est pas vraiment le cas ici, bien au contraire. AprĂšs un dĂ©but plein d’action, le tout se pose fortement avant de partir dans l’onirisme. Le genre d’histoire oĂč chacun fait des rĂȘves qui lui apportent des rĂ©ponses, voire lui permet de connaĂźtre l’avenir. J’ai pour ma part complĂštement dĂ©crochĂ© devant ce que je considĂšre comme une facilitĂ© scĂ©naristique. Alors que la sĂ©rie Ă©tait construite sur une base cohĂ©rente, elle part ici dans quelque chose de bien moins intĂ©ressant. Ainsi, le repas entre Verloc et son frĂšre est un prĂ©texte Ă  flashbacks et explications sur leur enfance


Moins de clarté dans la narration.

De mĂȘme certaines ellipses et explications aama3amanquent un peu de clartĂ©. Le passage vers certains lieux est souvent flou. C’est dommage car c’était un des points forts de la sĂ©rie de faire Ă©voluer le paysage et les endroits de façon cohĂ©rente et crĂ©dible. On a l’impression que l’auteur s’embarrasse moins des dĂ©tails.

La sĂ©rie garde bien sĂ»r certaines de ses qualitĂ©s. Les personnages continuent Ă  osciller toujours entre sympathie et antipathie. Leur humanitĂ© est assez exceptionnelle. Aucun n’est parfait, ni mĂȘme vraiment bon et chacun suit sa propre voie. La psychologie des personnages est d’autant plus le cƓur de la sĂ©rie dans cet album.

Le dessin de FrĂ©dĂ©rik Peeters est toujours de haute volĂ©e. Aussi bien Ă  l’aise dans la crĂ©ation de mondes fantasmĂ©s que dans l’action ou l’émotion, il frappe une nouvelle fois fort. Et que dire de son dĂ©coupage dynamique, inventif et d’une efficacitĂ© qui n’est plus Ă  prouver.

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J’ai Ă©tĂ© profondĂ©ment déçu par ce tome. DotĂ© d’une narration moins claire et d’un onirisme auquel je n’ai pas adhĂ©rĂ©, j’ai eu bien plus de mal Ă  entrer dans l’histoire et Ă  me sentir pris par les Ă©vĂ©nements. Clairement, ce tome est un pivot qui ravira les uns et dĂ©plaira aux autres. A vous de voir oĂč vous vous situez !

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Note : 12/20

Le siĂšcle des ombres, T4 : La sorciĂšre – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siĂšcle des ombres, T4 : La sorciĂšre
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Janvier 2013


Les Stryges sont des bestioles imaginĂ©es par Eric Corbeyran il y a un petit peu plus de dix ans. Tout a commencĂ© par la sĂ©rie originale « Le chant des stryges ». Par la suite, sont apparues « Le maitre de jeu » et « Le clan des chimĂšres ». La derniĂšre naissance dans cet univers est celle de « Le siĂšcle des ombres » en 2009. Son quatriĂšme opus est paru au dĂ©but du mois de janvier. Son titre est « La sorciĂšre ». EditĂ© chez Delcourt dans la collection Machination, son prix avoisine quatorze euros. Pour cette saga, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste s’est associĂ© Ă  Michel Suro pour les dessins et Dimitri Fogolin pour les couleurs.

lesiecledesombres4bAvant d’entrer pleinement dans la critique de cet album, je vais expliquer rapidement aux nĂ©ophytes ce qu’est un stryge. Il s’agit de grandes bĂȘtes ailĂ©es qui vivraient dans l’ombre de l’humanitĂ© depuis toujours. Elles sont le garant de toutes les connaissances de l’univers. Elles ont Ă©tĂ© amenĂ©es Ă  confier une partie de leur savoir Ă  Sandor Weltman. Devenu immortel, ce dernier s’exonĂšre de leur domination. On dĂ©couvre donc Cylinia et Abeau, dĂ©couverts dans « Le clan des chimĂšres » partir Ă  sa recherche en tant qu’alliĂ©s des Stryges


Je ne vous cache qu’il me parait plutĂŽt intĂ©ressant d’avoir lu les diffĂ©rentes sĂ©ries prĂ©cĂ©demment citĂ©es pour profiter pleinement de cette aventure. PostĂ©rieur Ă  « Le clan des chimĂšres » et antĂ©rieur Ă  « Le chant des stryges », « Le siĂšcle des ombres » est Ă  un croisement intĂ©ressant pour les adeptes de cet univers. L’immersion dans l’histoire Ă©tait relativement rapide dans les premiers opus. Le rythme de narration Ă©tait soutenu et les Ă©vĂ©nements se succĂ©der Ă  un rythme effrĂ©nĂ©. NĂ©anmoins, j’étais curieux de savoir oĂč nous menait cette sĂ©rie. Pour l’instant, on assiste uniquement Ă  une course poursuite parsemĂ©e de rĂ©vĂ©lation. J’aimerais voir s’éclaircir l’objectif final de tout cela.

Les scÚnes se succédent de maniÚre quasiment indépendante.

lesiecledesombres4cIl s’est dĂ©roulĂ© quinze ans depuis le dĂ©nouement du tome prĂ©cĂ©dent. Weltman est obsĂ©dĂ© par la rĂ©vĂ©lation que lui a faite Cylinia. Elle attendait un enfant de lui et suite Ă  son accouchement, elle a confiĂ© le petit au monde des fĂ©es. On dĂ©couvre Ă©galement davantage la jolie Donessa, dĂ©vouĂ© Ă  Weltman et Ă  peine entrevue jusqu’alors. L’attrait de la narration rĂ©side Ă©galement dans une quantitĂ© relativement importante de flashback. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able car cela dĂ©sassombrit certaines choses. Cela densifie Ă©galement le propos. A contrario, cela nous donne l’impression de peu voir avancer l’histoire. De plus, l’intrigue voit naĂźtre un sentiment brouillon. On voit les scĂšnes se succĂ©der de maniĂšre quasiment indĂ©pendante. Je regrette un certain manque de liant entre tout cela. Par contre, la quantitĂ© d’informations  contenues dans cet ouvrage laisse prĂ©sager une accĂ©lĂ©ration de l’histoire au cours des prochains Ă©pisodes.

La lecture offre un plaisir intĂ©ressant en nous immergeant dans le siĂšcle des LumiĂšres. On dĂ©couvre cette Ă©poque avec un plaisir certain. Le personnage de Weltman se trouve au centre de ce mouvement. Il participe Ă  la rĂ©daction de l’EncyclopĂ©die, il cĂŽtoie Diderot ou Rousseau. Cet aspect fait du fugitif un personnage aux multiples facettes qui ne laisse pas le lecteur indiffĂ©rent. Au grĂ© des Ă©vĂ©nements, notre cƓur balance entre les suiveurs et le suivi. Les dessins de Suro sont d’une qualitĂ© correcte. On n’a aucun mal Ă  s’approprier les personnages. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour qu’on n’ait aucun mal Ă  se sentir dĂ©paysĂ©. NĂ©anmoins, je ne peux pas dire que son trait transcende la narration. Elle l’accompagne avec talent, ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal.

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En conclusion, « La sorciĂšre » poursuit avec honnĂȘtetĂ© les quĂȘtes des uns et des autres. Les stryges et le monde des fĂ©es apparaissent davantage et offre une dimension Ă  l’ensemble. Il faudra espĂ©rer que la suite fasse pleinement pousser ces graines plantĂ©es. Pour cela, il faudra attendre la parution du cinquiĂšme tome. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Ma rĂ©vĂ©rence – Wilfrid Lupano & Rodguen

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Titre : Ma révérence
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Rodguen
Parution : Septembre 2013


Ma rĂ©vĂ©rence est un album que j’ai dĂ©couvert en lisant une critique Ă  son propos dans une revue. J’avais Ă©galement l’occasion d’y dĂ©couvrir les premiĂšres planches. Sans savoir exactement oĂč je me plongeais, j’ai dĂ©cidĂ© de partir Ă  la dĂ©couverte de cet ouvrage nĂ© de la collaboration de Wilfrid Lupano et de Rodguen. Le premier se charge du scĂ©nario et le second du dessin. L’histoire se dĂ©roule sur prĂšs de cent trente pages. Il est Ă©ditĂ© chez Delcourt et son prix avoisine dix-sept euros. La couverture nous prĂ©sente deux personnages. L’un est jeune et tient une immense peluche Ă  la main. L’autre, plus ĂągĂ©,  a le style de Dick Rivers et tient un flingue. On y voit aussi un fourgon blindĂ© amenĂ© Ă  ĂȘtre central dans l’intrigue.

La quatriĂšme de couverture offre la mise en bouche suivante : « Depuis maintenant un mois, je bois mon cafĂ© tous les matins Ă  la brasserie des Sports, Ă  cĂŽtĂ© de Bernard. Il est convoyeur de fonds
 Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la dĂ©cision ferme et dĂ©finitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma rĂ©vĂ©rence
 et ce jour-lĂ , ma vie a changĂ©. »

MaReverence2Ce bouquin est un « one shot ». Je ne connaissais donc pas ses personnages et ne devraient pas ĂȘtre amenĂ© les croiser dans une autre aventure bĂ©dĂ©phile. Je supposais donc que l’histoire nous offrirait un dĂ©part et un dĂ©nouement, ce qui n’est pas dĂ©sagrĂ©able. Son grand nombre de pages me laissait espĂ©rer une intrigue dense et des protagonistes travaillĂ©s. Bref, c’est plein d’optimisme que je partais Ă  la rencontre de Vincent et de Gaby.

La narration est subjective. Les Ă©vĂ©nements nous sont contĂ©s Ă  travers le regard de Vincent. Il est un jeune trentenaire dont la vie a subi quelques sorties de route. Il s’est dĂ©cidĂ© Ă  braquer un fourgon. Les raisons qui l’ont amenĂ© Ă  cette extrĂ©mitĂ© sont distillĂ©es tout au long de l’histoire. Il possĂšde un cĂŽtĂ© looser qui rend son projet peu rĂ©aliste. Ce sentiment s’intensifie au moment oĂč j’ai dĂ©couvert son complice alcoolique Ă  la fiabilitĂ© peu convaincante. La trame se construit autour de ce duo assez rĂ©ussi de prime abord. Je me suis rapidement attachĂ© Ă  Vincent. Ses cicatrices sont touchantes et font que je n’arrivais jamais vraiment Ă  le voir comme un dĂ©linquant. NĂ©anmoins, il est Ă©vident que le personnage le plus haut en couleur est Gaby. Il fait partie de ces copains auxquels on s’attache autant qu’on ne supporte pas l’immaturitĂ©. Il est de ces personnes qui sont des boulets qu’on se traĂźne sans jamais vouloir s’en sĂ©parer. Il est trĂšs rĂ©ussi et je regrette qu’il ne prenne pas une place moins secondaire dans l’intrigue. Cela aurait permis Ă  l’ensemble d’ĂȘtre plus drĂŽle et Ă©galement plus intĂ©ressant. En effet, Gaby possĂšde des zones d’ombre que les autres choisissent de ne pas rĂ©ellement explorer. C’est un choix qui se respecte mais que je regrette.

“Une rĂ©ussite inĂ©gale.”

L’enjeu est donc le braquage d’un fourgon. Les pages nous rapprochent donc inĂ©luctablement du moment oĂč Vincent et Gaby devront assumer un acte qui les mettra au ban de la vie qu’il connaissait jusque-lĂ . A l’aide de flashbacks, les auteurs nous font vivre le terreau qui a fait germer cette idĂ©e folle. Ces ruptures chronologiques sont rĂ©guliĂšrement rĂ©parties et ont pour but apparent de relancer l’intĂ©rĂȘt du lecteur. C’est une rĂ©ussite inĂ©gale. En effet, certaines rĂ©vĂ©lations influent profondĂ©ment le regard portĂ© sur les personnages. D’autres sont davantage des clichĂ©s sur la misĂšre sociale et sont moins intĂ©ressants en n’apportant aucune dimension supplĂ©mentaire Ă  l’histoire.

En dĂ©butant ma lecture, je l’ai trouvĂ©e originale. Les personnages, l’intrigue et l’univers me paraissaient ĂȘtre une base solide Ă  un album de qualitĂ©. HĂ©las, je trouve que tous ces arguments se diluent au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Notre curiositĂ© n’est pas relancĂ©e, notre intĂ©rĂȘt n’est pas alimentĂ©. Le ton devient plus lisse. Les rebondissements sont plus prĂ©visibles. Bref, tout ne va pas dans le bon sens. Alors que le dĂ©but m’avait vraiment sĂ©duit, j’avais un sentiment bien plus mitigĂ© en refermant l’ouvrage.

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Concernant les dessins, j’ai du mal Ă  me faire un avis dĂ©finitif sur le trait de Rodguen. Certaines cases sont trĂšs rĂ©ussies. Certains visages sont d’une rĂ©alitĂ© forte. Ils dĂ©gagent une intensitĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Par contre, Ă  l’opposĂ©, je trouve d’autres planches plus banales sans rĂ©elle identitĂ© graphique. Je dirai donc que la qualitĂ© des illustrations est inĂ©gale. Pour rĂ©sumer, je ne suis pas tombĂ© sous le charme mais serait curieux de dĂ©couvrir un autre travail de ce dessinateur pour me faire une idĂ©e plus prĂ©cise de son style.

En conclusion, Ma rĂ©vĂ©rence ne m’a totalement conquis. L’album n’est pas dĂ©nuĂ© d’intĂ©rĂȘt et d’idĂ©es. Mais la qualitĂ© inĂ©gale et irrĂ©guliĂšre du propos fait que j’ai eu du mal Ă  m’immerger dans l’histoire sur la durĂ©e. Je suis donc envieux d’une certaine maniĂšre des nombreux lecteurs enthousiastes Ă  l’égard de cet ouvrage. En effet, cet opus possĂšde des Ă©chos trĂšs favorables sur la toile. Comme quoi, les goĂ»ts et les couleurs


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Note : 10/20

Johnny Jungle, T1 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T1
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Jouvray
Parution : Janvier 2013


Johnny Jungle a eu une vie mouvementĂ©e. Enfant sauvage, il fut Ă©levĂ© par des singes avant de se retrouver en pleine civilisation et de devenir champion de natation et star d’Hollywood. Aujourd’hui, Johnny est traquĂ© et il se rappelle de sa jeunesse
 « Johnny Jungle » est la premiĂšre partie d’un diptyque. Ce premier tome fait plus de 70 pages et est publiĂ© aux Ă©ditions GlĂ©nat.

Tout rapport entre la vie de Johnny Weismuller n’est Ă©videmment que pure coĂŻncidence. Johnny ici est donc un mix de Tarzan et de Weismuller, ces deux derniers Ă©tant bien sĂ»r trĂšs entremĂȘlĂ©s. Dans cette fausse biographie, l’humour est le maĂźtre mot de l’aventure. Johnny se raconte avec une part de narration non-nĂ©gligeable que vient renforcer les dialogues.

Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

La mĂ©thode du flashback Ă©tant uniquement un prĂ©texte Ă  relancer le suspense Ă  la fin du tome, on dĂ©couvre la vie de Johnny avant tout de façon chronologique. On dĂ©couvre sa vie dans la jungle avec sa mĂšre et son copain frĂšre de liane Kinka. Un curieux missionnaire allemand lui apprend Ă  crier comme Tarzan
 Mais c’est surtout sa rencontre avec Jane qui va tout changer. Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

Si l’histoire en soit ne surprendra pas le lecteur (puisque ce n’est pas le but), c’est l’humour qui donne tout le sel Ă  l’ouvrage. Le cynisme des auteurs pour l’humanitĂ© couplĂ© Ă  la naĂŻvetĂ© de Johnny fonctionne parfaitement. Les seconds rĂŽles sont parfaitement rĂ©ussis, de l’imprĂ©sario au rĂ©alisateur, en passant par le missionnaire. De plus, entre les Ă©pisodes de la vie de Johnny, il nous est donnĂ© Ă  voir un des personnages interviewĂ© des annĂ©es aprĂšs l’histoire qui nous parle  de Johnny. Ces petits moments sont trĂšs drĂŽles et donnent d’autant plus de piquant Ă  l’ouvrage. On peut citer Ă©galement les affiches de films, rĂ©guliĂšrement parsemĂ©es dans le livre qui jouent le mĂȘme rĂŽle d’authentifier cette biographie.

Le dessin possĂšde un trait expressif, parfaitement adaptĂ© Ă  l’humour de l’ouvrage. Cependant, le dessin parvient Ă  fonctionner Ă©galement dans les passages oĂč l’émotion se fait plus forte. Il faut mentionner en particulier le travail sur les dĂ©cors, qui navigue de la jungle luxuriante Ă  Paris ou New York. Ces derniers sont enrichit par des couleurs de toute beautĂ©, partie intĂ©grante du dessin. Le dessin est assurĂ© par JĂ©rĂŽme Jouvray, Ă©paulĂ© aux couleurs par Anne-Claire
 Jouvray ! On comprend alors comment les couleurs sont aussi intĂ©grĂ©es dans le dessin de l’ouvrage. Une belle rĂ©ussite.

« Johnny Jungle » est une trĂšs bonne surprise. Plein d’idĂ©e, Ă  l’humour efficace, il prĂ©sente une vision de la sociĂ©tĂ© (et notamment du cinĂ©ma) bien cynique. ProposĂ© en diptyque, il ne reste plus qu’à espĂ©rer que la deuxiĂšme partie transforme l’essai !

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Note : 14/20