Le TroisiĂšme Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisiĂšme testament est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Cette saga Ă©sotĂ©rique est un vĂ©ritable petit bijou d’aventure mĂ©diĂ©vale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaĂźtre dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisiĂšme testament, Julius. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiĂ©s Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son Ɠuvre Ă©tait son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se dĂ©roule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en JudĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du premier millĂ©naire que nous dĂ©couvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisiĂšme opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La rĂ©vĂ©lation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencĂ© un long pĂ©riple depuis la JudĂ©e. Il suit un appel qui rĂ©sonne en lui et qui mĂšne vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frĂšre du Christ. Sa quĂȘte doit le mener vers le TroisiĂšme Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagnĂ© d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu.
Le premier tome prĂ©sentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxiĂšme marquait le dĂ©but d’une longue marche qui menait entre autre la petite communautĂ© Ă  dĂ©couvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son dĂ©roulement soit trop linĂ©aire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans rĂ©els rebondissements. J’espĂ©rais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadĂ© et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premiĂšres pages me plongent Ă  nouveau au cĂŽtĂ© du groupe et de sa quĂȘte prophĂ©tique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus prĂ©cĂ©dent. La premiĂšre Ă©tape des voyageurs s’avĂšre ĂȘtre le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une vĂ©gĂ©tation maĂźtrisĂ©e Ă  l’esthĂ©tique Ă©blouissante. En effet, il s’agit d’une forĂȘt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphĂšre ressemble Ă  celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bĂ©dĂ©philes en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprĂ©cie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dĂ©gage toujours cette vĂ©gĂ©tation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂźtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂȘte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂȘchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂȘme et compliquĂ©e de leur tĂąche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela gĂ©nĂšre une intensitĂ© croissante tout au long de l’album. Le bĂ©mol dĂ» Ă  une linĂ©aritĂ© excessive qui habitait le deuxiĂšme album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en rĂ©sulte un suspense certain quant Ă  l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communautĂ©. La conclusion de l’album est rĂ©ussie Ă  ce niveau-lĂ . Elle n’est pas prĂ©visible et a attisĂ© ma curiositĂ© jusqu’à la derniĂšre planche qui prĂ©sente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome prĂ©cĂ©dent, je suis tombĂ© sous le charme du trait de ThimothĂ©e Montaigne. Son style m’a sĂ©duit dĂšs la premiĂšre planche. Le travail est prĂ©cis et dĂ©taillĂ©. Chaque image est travaillĂ©e. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, tout est habitĂ© d’une profondeur qui a facilitĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© mon immersion dans les pas des hĂ©ros. La premiĂšre page offre une gestion des lumiĂšres qui est un modĂšle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait Ă  l’extĂ©rieur. La pluie, la forĂȘt vierge, la montagne, le dĂ©sert
 Tout est retranscrit avec la mĂȘme justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus trĂšs rĂ©ussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le prĂ©cĂ©dent. Le scĂ©nario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beautĂ©. Les auteurs sont arrivĂ©s Ă  maintenir ma curiositĂ© quant au devenir de ses hĂ©ros. C’est le gage d’une certaine qualitĂ© tant bon nombre de sĂ©ries ont tendance Ă  voir leur intĂ©rĂȘt s’étioler aprĂšs des premiers tomes rĂ©ussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire

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Le TroisiĂšme Testament, Julius, T2 : La rĂ©vĂ©lation, 1/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », m’avait Ă  la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă  son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation – 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ  changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »   intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas trĂšs rassurĂ© quand j’ai ouvert cette bande-dessinĂ©e.

La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă  s’armer et Ă  repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers l’orient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens l’accompagnent. Quand Ă  Julius, parfaitement athĂ©e, il n’est lĂ  que pour pousser le nouveau messie Ă  abandonner sa quĂȘte.

« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, l’histoire n’a pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă  la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.

Du mal Ă  accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence Ă  se faire sentir. La Mort rĂŽde et l’Apocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que j’ai du mal Ă  Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă  accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est lĂ -dessus que j’achoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si j’avoue regretter toujours ce genre d’évĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ  prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et l’intĂ©rĂȘt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !

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Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I – Alex Alice, Xavier Dorison & Robin Recht

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Titre : Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010


Une sĂ©rie Ă  succĂšs est-t-elle condamnĂ©e Ă  accoucher d’un spin-off ? AprĂšs un succĂšs amplement mĂ©ritĂ©, « Le TroisiĂšme Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette sĂ©rie racontait la quĂȘte de ce fameux troisiĂšme testament qui aurait Ă©tĂ© cachĂ© par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius s’est retrouvĂ© avec ce prĂ©sent divin et quelle a Ă©tĂ© son histoire. Quelques changements sont Ă  prĂ©voir cependant dans l’équipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la sĂ©rie et Robin Recht prend les rĂȘnes au dessin Ă  la place d’Alex Alice qui reste au scĂ©nario, au storyboard et
 Ă  la couverture.

Une quĂȘte de rĂ©demption.

Grosse apprĂ©hension pour le lecteur fan de la sĂ©rie originelle que je suis. Mais « Julius » doit ĂȘtre pris avant tout comme une histoire Ă  part. En effet, la pĂ©riode historique n’est pas du tout la mĂȘme (l’AntiquitĂ© contre le Moyen-Âge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre l’Europe). Julius est gĂ©nĂ©ral romain, portĂ© en triomphe au dĂ©but de l’ouvrage dont on va assister Ă  la chute brutale et immĂ©diate (tel Conrad). Comme dans la premiĂšre sĂ©rie, c’est donc une quĂȘte de rĂ©demption Ă  laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athĂ©e. Son contact avec un rabbin juif/chrĂ©tien va bouleverser sa vision des choses et l’amener Ă  s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent dĂ©jĂ  comment l’histoire se terminera…

Il faut bien avouer que les 80 pages de l’ouvrage se lisent d’une traite. 60 ans aprĂšs la venue du Christ, les ChrĂ©tiens font peur Ă  Julius. Leur secte prĂŽne la non-violence et ils sont prĂȘts Ă  mourir pour leur foi. LĂ  oĂč « Le TroisiĂšme Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruautĂ© est sans limite. L’empire qui traite les autres de barbare semble avoir inversĂ© les rĂŽles.

« Julius » est donc trĂšs mystique. Les citations de textes sacrĂ©s et de prophĂštes sont lĂ©gions. Cela donne un souffle Ă©pique Ă  l’histoire. Le tout est renforcĂ© par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite d’Alex Alice. Le dessin est fort, dĂ©taillĂ©, expressif. Son trait parvient Ă  transcender l’histoire et en cela, c’est une vraie rĂ©ussite. Les couleurs sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien Ă  redire, c’est du trĂšs beau travail.

Une prĂ©cision cependant : le service marketing assure que cette sĂ©rie peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment de la sĂ©rie originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.

Le vrai problĂšme de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indĂ©pendamment, c’est une excellente bande-dessinĂ©e au scĂ©nario fouillĂ©, au souffle Ă©pique indĂ©niable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire Ă  tous les fans d’ésotĂ©risme et de religions naissantes.

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Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque nĂ© des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. EditĂ© chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se dĂ©roule plus prĂšs de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la mĂȘme que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons Ă  colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupĂ© par une croix rouge brisĂ©e symbolisant la chute du cĂ©lĂšbre ordre religieux Ă©ponyme.

La quatriĂšme de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă  l’ñme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă  s’échapper quand le roi de France dĂ©cide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux
 voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais Ă©tĂ© conquis par le dĂ©but de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y dĂ©couvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mĂ©saventures nous lient tout de suite Ă  leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passĂ© du statut de chevalier Ă  celui de hors la loi vagabond. Cette chute Ă©tait habilement contĂ©e dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dĂ©nouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le lĂ©gendaire trĂ©sor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quĂȘte.

Les premiĂšres pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratĂ©gie. Tout au long de la lecture, j’ai senti montĂ© un suspense fort. Au fur et Ă  mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiositĂ© est attisĂ©e en permanence. L’envie de faire dĂ©filer les pages est puissante. Je suis obligĂ© de me retenir de dĂ©vorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scĂ©naristique est un modĂšle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trĂ©sor. La qualitĂ© d’écriture des diffĂ©rents protagonistes participe au bonheur de la dĂ©couverte. Les Ă©vĂ©nements ne sont pas prĂ©visibles. La sympathie des hĂ©ros ne fait qu’accentuer l’inquiĂ©tude qu’on ressent Ă  leur Ă©gard Ă  chaque Ă©tape de leurs pĂ©rĂ©grinations. Les auteurs arrivent Ă  greffer toute une sĂ©rie d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir Ă  relire cette histoire et Ă  retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualitĂ© de l’ensemble. Le trait possĂšde une belle personnalitĂ©. LeUyen Pham offre des dĂ©cors trĂšs rĂ©ussis. L’immersion dans cette sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la dĂ©couverte de cette sĂ©rie. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La lĂ©gende des Templiers est un support classique de narration Ă©pique, elle est ici habilement exploitĂ©e. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quĂȘte mythique


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Choc, T1 : Les fantĂŽmes de Knightgrave, PremiĂšre partie

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Titre : Choc, T1 : Les fantÎmes de Knightgrave, PremiÚre partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Éric Maltaite
Parution : Avril 2014


« Monsieur Choc apparaĂźt pour la premiĂšre fois en 1955 dans le journal de Spirou. CrĂ©Ă© par le dessinateur Willy Maltaite – dit Will – et par le scĂ©nariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destinĂ© Ă  devenir l’indestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de hĂ©ros traditionnels imaginĂ©s par Fernand Dineur en 1938. Avec la crĂ©ation du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donnĂ© Ă  la bande dessinĂ©e l’un des grands mĂ©chants emblĂ©matiques d’un certain Ăąge d’or franco-belge. Presque cinquante ans aprĂšs sa derniĂšre apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scĂšne. Seul, cette fois ».

Ce prologue prĂ©cĂšde la premiĂšre planche de « Les fantĂŽmes de Knightgrave – PremiĂšre partie », premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Choc ». Le caractĂšre historique de son hĂ©ros a participĂ© Ă  la visibilitĂ© de sa sortie il y a prĂšs d’un an. Cet aspect n’a pas eu d’influence sur mon attirance Ă  l’égard de cet ouvrage. L’attrait de sa couverture m’a incitĂ© Ă  le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naĂźtre une forte curiositĂ© Ă  son Ă©gard. Debout dans les rayons de la librairie, j’ai commencĂ© Ă  lire les premiĂšres pages. Rapidement, j’ai Ă©tĂ© happĂ© par l’atmosphĂšre qui les habitait. J’ai donc dĂ©cidĂ© de me l’offrir pour profiter de la suite bien confortablement Ă  la maison.

Une intrigue dense aux arcanes nombreux.

Choc1bMon premier contact s’est fait Ă  travers les planches d’Eric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les dĂ©cors sont sublimes. Qu’ils soient intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs, pleins de vie ou abandonnĂ©s, tous possĂšdent une identitĂ© forte. En tant que lecteur, je me suis plongĂ© avec facilitĂ© au cĂŽtĂ© des diffĂ©rents protagonistes en tout lieu et Ă  toute Ă©poque. De plus le dessinateur arrive Ă  donner des rythmes trĂšs diffĂ©rents mais toujours adaptĂ©s Ă  la grande variĂ©tĂ© des scĂšnes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de l’album.

« Les fantĂŽmes de Knightgrave » prĂ©sente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son rĂ©cit. Ils alternent les flashbacks et le prĂ©sent Ă  un rythme d’une rare frĂ©quence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en gĂ©nĂ©rant une curiositĂ© permanente. La seconde lecture est tout aussi intĂ©ressante car elle nous permet de maĂźtriser dans les dĂ©tails le grand d’informations abritĂ©es dans la trame.

Le ton de l’histoire est biographique. Tout est centrĂ© sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui l’a menĂ© Ă  son statut de « chevalier malĂ©fique » ou de « crapule publique numĂ©ro un ». MĂȘme si ce personnage m’était inconnu en ouvrant le bouquin, j’ai rapidement compris qu’il ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, Ă  aucun moment au cours de la lecture, je n’ai ressenti de l’animositĂ© ou de l’antipathie Ă  son Ă©gard. La subtilitĂ© avec laquelle le scĂ©nario distille les Ă©vĂ©nements au grĂ© des pages alimente l’empathie ressentie Ă  l’égard de cet homme.

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Je suis vraiment curieux de dĂ©couvrir la suite de l’histoire. Je guetterai avec curiositĂ© la parution du second tome. Ce premier acte est, Ă  mes yeux, de qualitĂ©. Son ton et son propos s’adressent Ă  un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. S’offrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture m’incite Ă  me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en Ɠuvre ce grand mĂ©chant. Je le verrai alors avec un angle diffĂ©rent


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AbĂ©lard, T2 : Une BrĂšve Histoire de PoussiĂšre et de Cendre – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« AbĂ©lard » est un diptyque scĂ©narisĂ© par RĂ©gis HautiĂšre et dessinĂ© par Renaud Dillies. Trois mois seulement aprĂšs la sortie du premier tome, voilĂ  que se clĂŽt dĂ©jĂ  l’ensemble avec « Une brĂšve histoire de poussiĂšre et de cendre ». Nous avions laissĂ© AbĂ©lard le petit volatil en partance pour l’AmĂ©rique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espĂ©rant se faire embarquer au plus vite. En effet, AbĂ©lard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en AmĂ©rique. Il pourra ainsi dĂ©crocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est Ă©pris.

Dans le premier tome, AbĂ©lard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort dĂ©sormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens
 Le petit volatil est totalement Ă©tranger Ă  tout. C’est une Ăąme pleine d’innocence lĂąchĂ©e dans un monde brutal. A la fin du premier tome dĂ©jĂ  se dessinait cette Ă©volution, on y entre ici de plein pied. La poĂ©sie fait rapidement place Ă  une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome Ă©tait plutĂŽt lĂ©ger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

AbĂ©lard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas Ă©merveillĂ© par cet univers nouveau, il s’y retrouve en dĂ©calage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitiĂ© avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanitĂ©. Car sans Gaston, nul doute qu’AbĂ©lard ne serait pas allĂ© beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolĂ©rant voire misanthrope, son Ă©volution lui donne le vrai premier rĂŽle de deuxiĂšme volet. 

A la lecture de ce tome, l’intĂ©rĂȘt du diptyque paraĂźt Ă©vident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extĂ©rieur, la ville, l’AmĂ©rique, Epilie
), le deuxiĂšme tome est celui des dĂ©sillusions (sur les mĂȘmes sujets). MalgrĂ© sa poĂ©sie, « AbĂ©lard » est une sĂ©rie au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volĂ©e. L’osmose entre HautiĂšre et Dillies est vraiment une grande rĂ©ussite. L’univers entre innocence, poĂ©sie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naĂŻf de Dillies. Son trait Ă©pais et indistinct, trĂšs dynamique, dessine des animaux Ă  l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisĂ© de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut rĂ©ellement rĂ©sumer ce que j’ai ressenti Ă  la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transportĂ© et m’a isolĂ© du monde le temps d’aller de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’Ɠuvre ?

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AbĂ©lard, T1 : La Danse des Petits Papiers – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marquĂ© de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » oĂč il dĂ©veloppait un univers plein de poĂ©sie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu dĂ©couvrir son nouvel ouvrage, « AbĂ©lard » (premier tome d’un diptyque) en avant-premiĂšre, oĂč il assure le dessin pendant que RĂ©gis HautiĂšre s’occupe du scĂ©nario. Ce n’est pas la premiĂšre collaboration des deux hommes, qui ont dĂ©jĂ  signĂ©s « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir AbĂ©lard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pĂȘche. Ayant toujours vĂ©cu Ă  cet endroit, il ne peut s’empĂȘcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu Ă  ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va dĂ©cider de voyager, jusqu’à vouloir partir en AmĂ©rique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« AbĂ©lard », aprĂšs une introduction dans les marais, ressemble fort Ă  un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vĂ©cu que dans les marais, AbĂ©lard a Ă©tĂ© protĂ©gĂ© du vaste monde et est particuliĂšrement naĂŻf. Cette naĂŻvetĂ© est Ă  la fois trĂšs touchante et drĂŽle. Sa mĂ©connaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve Ă  voyager avec des gitans sans mĂȘme savoir qu’ils sont trĂšs mal acceptĂ©s par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delĂ  de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraĂźt plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaĂźtre Epilie, lui donnant une image de dangerositĂ© que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxiĂšme tome explicitera tout ça, mais tout cela participe Ă  une ambiance des plus Ă©tranges. Autre particularitĂ© d’AbĂ©lard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait oĂč vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiositĂ© qui donne de la poĂ©sie Ă  l’ensemble.

Car « AbĂ©lard » a une poĂ©sie certaine, Ă  l’image du hĂ©ros qui monte dans un arbre pour « dĂ©crocher la Lune » Ă  sa dulcinĂ©e. Le graphisme surannĂ© fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naĂŻf Ă  la fois. Les diffĂ©rents personnages, tous des animaux, sont tous trĂšs rĂ©ussis graphiquement. AbĂ©lard, en poussin naĂźf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un dĂ©coupage plus variĂ©. C’est une rĂ©ussite et le tout tĂ©moigne d’une grande maĂźtrise. Le dessinateur n’hĂ©site pas Ă  prendre une page pour une case (voire mĂȘme deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement sĂ©duit par « AbĂ©lard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde dĂ©jĂ  d’en lire la suite. Son personnage, si naĂŻf, est particuliĂšrement attachant. Le scĂ©nario d’HautiĂšre est taillĂ© pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, rĂ©servĂ©e aux grands enfants. 

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Barracuda, T3 : Duel – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012


Les pirates ont un cĂŽtĂ© fascinant qui attire irrĂ©mĂ©diablement mes espoirs d’aventures bĂ©dĂ©philes. MĂȘme si les outils construisant la narration sont souvent les mĂȘmes, je prends toujours plaisir Ă  suivre ses histoires de chasse au trĂ©sor, de voyages au bout du monde et de pĂ©rĂ©grinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immĂ©diatement attirĂ© mon regard. Une fois l’ouvrage dĂ©couvert, j’ai irrĂ©mĂ©diablement conquis. Le deuxiĂšme acte avait confirmĂ© la qualitĂ© de la saga. C’était donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisiĂšme tome rĂ©cemment paru et intitulĂ© « Duel ». On y dĂ©couvre Emilio, habillĂ© tel un gentilhomme, tĂȘte baissĂ©e, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, l’immersion instantanĂ©e. Nous voilĂ  de nouveau plongĂ© sur l’üle de Puerto Blanco.

Le scĂ©nario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Murena ». La particularitĂ© de sa saga est qu’on est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de l’intrigue se dĂ©roule sur l’üle prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e. Elle est rĂ©gie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communautĂ© aux personnalitĂ©s tranchĂ©es et souvent inquiĂ©tantes. L’unitĂ© de lieu offre de fortes interactions entre les diffĂ©rents protagonistes et fait de la trame une toile d’araignĂ©e aux nombreuses ramifications. Cela a pour consĂ©quence Ă©galement de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possĂšdent une rĂ©elle identitĂ© tant sur le plan graphique que scĂ©naristique. Aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. Je me garderai de vous faire le listing des diffĂ©rents habitants. Ce serait vous gĂącher le plaisir de les rencontrer et les dĂ©couvrir. Evidemment, chacun ne gĂ©nĂšre pas chez le lecteur les mĂȘmes sentiments. On s’attache Ă  certains, d’autres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mĂ©saventures. Au final, on n’est pleinement impliquĂ© dans le quotidien contĂ© dans cet ouvrage.

Luttes de pouvoir & jalousie

Les deux premiers albums Ă©taient sĂ©parĂ©s par une vraie rupture chronologique. Les enfants qu’on avait quittĂ©s Ă©taient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxiĂšme acte marquait un nouveau dĂ©part pour la sĂ©rie. « Duel » est dans la continuitĂ© de l’opus prĂ©cĂ©dent. On retrouve les personnages Ă  l’endroit oĂč on les avait plus ou moins laissĂ©s. Chacun a trouvĂ© sa place. On dĂ©couvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames Ă  venir. L’intrigue principale avance relativement peu. J’ai souvent tendance Ă  le reprocher Ă  ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les Ă©vĂ©nements vĂ©cus sur l’üle sont prenants et envoutants. L’amour cachĂ© entre Raffy et Maria est lourd de consĂ©quence. Le dĂ©sir de vengeance d’Emilio est intense et offrira des combats homĂ©riques. Comme toute sociĂ©tĂ©, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une Ăźle des plus angoissantes dans sa quĂȘte du trĂ©sor maudit. Bref, il y a de quoi s’occuper et la lecture s’avĂšre intense et saisissante.

Les dessins sont l’Ɠuvre de JĂ©rĂ©my. J’ai dĂ©couvert cet auteur en mĂȘme temps que cette sĂ©rie. Mon premier contact avec son trait a Ă©tĂ© relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais l’impression initiale a vite Ă©tĂ© noyĂ©e par le plaisir que j’ai pris Ă  le voir faire naitre des scĂšnes Ă  l’ampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacitĂ© Ă  crĂ©er des dĂ©cors, sa maniĂšre Ă  jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dĂ©paysement est total. Il s’agit d’une condition indispensable Ă  une lecture agrĂ©able. JĂ©rĂ©my la remplit aisĂ©ment. Le combat entre Emilia et Morkat est Ă©pique. On sent la violence du combat. On sent l’humiditĂ© de la pluie. On perçoit l’atmosphĂšre orageuse qui abrite ce duel sur la plage.

En conclusion, ce troisiĂšme tome consolide l’affection que je porte Ă  cette sĂ©rie. Je l’ai lu avec un plaisir fort et j’ai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminĂ©. Il  ne me reste plus qu’à attendre la sortie du quatriĂšme tome. L’intrigue est suffisamment vague et dense pour qu’on devine difficilement oĂč veulent nous mener les auteurs. Dans le cas prĂ©sent, le sentiment d’avancer Ă  l’aveugle et d’ĂȘtre perdu n’est pas dĂ©sagrĂ©able, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir Ă  la rencontre de cette sĂ©rie. Elle vaut largement le dĂ©tour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreux


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Note : 17/20

Barracuda, T4 : RĂ©voltes – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T4 : RĂ©voltes
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2013


Les pirates m’ont toujours fascinĂ©. Ils sont hors-la-loi et aventuriers. Ils ont des looks inĂ©galables et leur code d’honneur est lĂ©gendaire. Bref, tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis pour en mettre plein les mirettes. « Long John Silver » de Dorison et Jauffray a ouvert rĂ©cemment une renaissance pour le genre dans le neuviĂšme art. « Barracuda » nĂ© de la plume de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my s’inscrit dans cette lignĂ©e. Ma critique d’aujourd’hui porte sur quatriĂšme de tome de cette saga intitulĂ© « RĂ©voltes ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage de cinquante-six pages coĂ»te quatorze euros. Il nous offre une couverture splendide. Le personnage reprĂ©sentĂ© affronte notre regard de face. Il semble Ă©merger de l’eau, prĂȘt Ă  en dĂ©coudre. Les tons chromatiques bleus nuit font naĂźtre une atmosphĂšre envoĂ»tante de cette illustration. La quatriĂšme de couverture nous annonce : « Pas de pitiĂ©. Pour personne. Jamais. » Tout un programme


Le dĂ©but de la narration est prĂ©cĂ©dĂ© par un rĂ©sumĂ© du tome prĂ©cĂ©dent : « Puerto Blanco rĂ©vĂšle ses secrets
 La liaison entre Maria et Raffy est dĂ©voilĂ©e. Ferrango fait payer cher ses annĂ©es d’humiliation : le corps du jeune homme est marquĂ© Ă  vie et Marie est vendue Ă  Morkam. Mais celui-ci n’en profitera pas. Emilio l’achĂšve sans pitiĂ©, comme Mr Flynn l’a Ă©tĂ©. Dans une ambiance feutrĂ©e, les dĂ©couvertes ne sont pas moindres : la gouverneure Ă©tait la maĂźtresse du Faucon Rouge ! 
 et le danger guette. Tandis que le Barracuda se rapproche des cĂŽtes, porteur de la malĂ©diction du diamant du Kashar, le capitaine de La Loya et ses deux galions espagnols attaquent l’üle ! »

Une intrigue terrienne

Beaucoup de trames narratives mettant en Ɠuvre des pirates se construisent autour d’épopĂ©e maritime vers des terres inconnues en quĂȘte de trĂ©sors lĂ©gendaires. « Barracuda » se dĂ©marque de ces codes en dĂ©roulant une intrigue quasiment uniquement terrienne. Sur les trois premiers tomes, trĂšs peu de planches se dĂ©roulent en mer. Cet angle de vue sur ce fascinant univers de flibustiers est intĂ©ressant et offre une identitĂ© originale Ă  la sĂ©rie de Dufaux et JĂ©rĂ©my. « RĂ©voltes » ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. Seules les trois derniĂšres pages se dĂ©roulent sur l’eau et Ă  aucun moment nous ne nous Ă©loignons des rives de Puerto Blanco.

La localisation de l’histoire s’inscrit dans la continuitĂ© des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Par contre, l’ambiance change. L’équilibre qui semblait rĂ©gir la vie sur l’üle est complĂštement chamboulĂ©. La rĂ©volution est en marche. Elle se construit sur plusieurs plans. Les statuts des uns et des autres sont chamboulĂ©s. Les rapports sociaux hiĂ©rarchiques sont amenĂ©s Ă  ĂȘtre bouleversĂ©s. Le scĂ©nario dĂ©gage avec talent cette atmosphĂšre de chaos qui accompagne la lecture. Le lecteur ressent avec intensitĂ© ce sentiment d’angoisse qui existe Ă  chaque coin de rue. Il est compliquĂ© de savoir de quoi sera fait le lendemain tant les batailles se multiplient et les camps sont nombreux. Cet ouvrage est vraiment une belle rĂ©ussite en arrivant Ă  maintenir son rythme effrĂ©nĂ© et oppressant du dĂ©but Ă  la fin.

Le plaisir dĂ©gagĂ© par cette sĂ©rie dĂ©coule en partie de l’empathie gĂ©nĂ©rĂ©e par son trio de personnages principaux. Ils sont tout justes sortis de l’adolescence. L’un est fils de pirate, le second est une fille de noble espagnol et le dernier est Ă  l’identitĂ© sexuelle indĂ©finie. Ils sont liĂ©s par leurs trajectoires et leurs destins. Chacun possĂšde une identitĂ© et une aura qui touche le lecteur. De plus, le fait qu’ils soient trois densifie ainsi l’intensitĂ© dramatique et Ă©motionnelle de l’histoire. « RĂ©voltes » ne déçoit pas sur cet aspect. En effet, les rĂ©voltes en cours ne prĂȘchent pas forcĂ©ment pour la survie paisible de nos hĂ©ros. La lecture est donc intense tant l’inquiĂ©tude pour le devenir de tout ce beau monde est forte.

Pour conclure, cet album est un bon cru. Il s’inscrit parfaitement dans la continuitĂ© des trois prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes tout en changeant le rythme et le ton de la narration. Comme Ă  son habitude, Dufaux arrive Ă  faire naĂźtre de vraies interrogations de sa derniĂšre planche et attise ardemment la curiositĂ© de son lecture dans l’attente du tome suivant. Mais cela est une autre histoire


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Note : 16/20

Barracuda, T5 : Cannibales – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T5 : Cannibales
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Juin 2015


DĂ©jĂ  le cinquiĂšme tome pour « Barracuda ». ScĂ©narisĂ© par le vĂ©tĂ©ran Jean Dufaux et dessinĂ© par le novice JĂ©rĂ©my, cette sĂ©rie de pirates a crĂ©Ă© la sensation dĂšs le dĂ©part avec son dessin splendide et son scĂ©nario impitoyable. Mais une fois quatre tomes derriĂšre, comment Ă©viter que le tout s’enlise inĂ©luctablement ? Car on sait bien qu’une sĂ©rie qui fonctionne bien est souvent rallongĂ©e. Est-ce le cas ici ? Le tout est publiĂ© chez Dargaud sous la forme d’un album classique.

Le titre de l’ouvrage spoile un peu l’histoire en s’intitulant « Cannibales »  Toujours est-il qu’on plonge rĂ©ellement dans l’histoire de base autour du capitaine Blackdog et du diamant du Kashar. Jean Dufaux nous avait habituĂ©s Ă  donner Ă  chaque tome son unitĂ©. C’est le cas ici. MalgrĂ© quelques Ă©vĂ©nements sur l’üle de Puerto Blanco, l’essentiel de l’ouvrage se passe sur une Ăźle perdue peuplĂ©e de cannibales.

Des codes classiques de la piraterie.

Barracuda5bEncore une fois, les auteurs utilisent les codes classiques de la piraterie pour nous sĂ©duire. Île perdue, cannibales, maladies, recherche de trĂ©sor, trahisons
 Le tout se lit avec plaisir, Jean Dufaux n’oubliant pas d’ajouter une bonne dose de barbarie pour nous Ă©mouvoir. MalgrĂ© tout, le propos est moins fort que dans les tomes prĂ©cĂ©dents.  Certes, il y a des cannibales, mais on ne sent jamais vraiment les personnages en danger. Ces derniers évoluent dĂ©sormais moins et on se retrouve dans une action/aventure plus classique. On pense Ă  Barbe-Rouge par moments. La premiĂšre partie de la sĂ©rie, qui construisaient les (jeunes) personnages Ă©tait plus intĂ©ressante que la seconde, plutĂŽt basĂ©e sur l’action.

AprĂšs avoir passĂ© beaucoup de temps sur Puerto Blanco (ce qui semblait finalement le thĂšme de la sĂ©rie malgrĂ© la rĂ©fĂ©rence au navire Barracuda), on s’en Ă©loigne donc. MalgrĂ© tout, la fin du livre donne l’idĂ©e d’un final sur l’üle (le tome 6 doit clore le rĂ©cit). Nous avons donc ici un tome de transition.

C’est Blackdog qui donne ici de la puissance au rĂ©cit. Sa gueule, son caractĂšre, son obsession en font un personnage fort. TrĂšs peu prĂ©sent aprĂšs le premier tome, il revient pour mieux terroriser tous les autres protagonistes. VĂ©ritable fantĂŽme, il est le facteur X de l’histoire : incontrĂŽlable et dangereux.

Au niveau du dessin, JĂ©rĂ©my continue de nous enchanter avec des planches de toute beautĂ©. Il n’hĂ©site pas Ă  jouer des couleurs, mettant en valeur les rouges de façon obsessionnelle. Ses ambiances sont rĂ©ussies et ses personnages ont tous des gueules bien identifiĂ©s. Cependant, je l’ai trouvĂ© un peu moins marquant, mais peut-ĂȘtre est-ce seulement que je me suis habituĂ© Ă  son style. Un auteur qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© dĂšs le premier tome et qu’on aura le plaisir de retrouver dans d’autres sĂ©ries plus tard.

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Ce tome 5 m’a laissĂ© un peu sur ma faim. « Barracuda » commençait Ă  s’essouffler et le sixiĂšme et dernier tome arrivera Ă  point nommĂ©. Tout est dĂ©sormais bien posĂ© pour un final en apothĂ©ose. En espĂ©rant que les auteurs arriveront Ă  refermer les nombreuses histoires secondaires qu’ils ont dĂ©veloppĂ©es. Quant aux personnages, on se demande bien qui arrivera Ă  survivre Ă  la boucherie qui s’annonce !

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Note : 14/20