Les ignorants


Titre : Les ignorants
ScĂ©nariste : Étienne Davodeau
Dessinateur : Étienne Davodeau
Parution : Octobre 2011


Étienne Davodeau, passĂ© maĂźtre en la matiĂšre de la chronique sociale provinciale, propose un projet Ă  son ami Richard Leroy, un vigneron : raconter en bande-dessinĂ©e son travail. Mais le projet est Ă  double entrĂ©e : le vigneron devra lui aussi apprendre le mĂ©tier de bĂ©dĂ©aste. Un Ă©change, entre ignorants et deux mondes diffĂ©rents. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis pour plus de 200 pages de dialogues didactiques ! Continuer la lecture de « Les ignorants »

Carnets de thĂšse


Titre : Carnets de thĂšse
Scénariste : Tiphaine RiviÚre
Dessinatrice : Tiphaine RiviĂšre
Parution : Mars 2015


PassĂ© par une thĂšse (dont elle n’a visiblement pas vu le bout), Tiphaine RiviĂšre change de voie et nous propose « Carnets de thĂšse », un livre Ă  charge contre le systĂšme doctoral en lettres. Au travers de Jeanne, elle narre son expĂ©rience : la difficultĂ© de travailler seule, de ne pas ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©e, d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e
 Ce pavĂ© de 200 pages est paru aux Ă©ditions du Seuil. C’est une adaptation du blog « Le bureau 14 de la Sorbonne ». Continuer la lecture de « Carnets de thĂšse »

Auschwitz


Titre : Auschwitz
Dessinateur : Pascal Croci
Scénariste : Pascal Croci
Parution : Septembre 2000


Lorsque l’on connaĂźt l’Ɠuvre de Pascal Croci, il n’est pas Ă©tonnant qu’il se soit lancĂ© dans « Auschwitz ». Son dessin s’y prĂȘte parfaitement. Cela restant un sujet dĂ©licat, l’auteur s’est beaucoup documentĂ© afin d’éviter de raconter n’importe quoi. En effet, si « Auschwitz » est basĂ© sur des tĂ©moignages, cela reste une fiction. Le livre pĂšse prĂšs de 80 pages et est publiĂ© chez Emmanuel Proust. Continuer la lecture de « Auschwitz »

Rural !


Titre : Rural !
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Mai 2001


Etienne Davodeau est aujourd’hui une des rĂ©fĂ©rences du reportage en bande-dessinĂ©e. Il a dĂ©marrĂ© Ă  travailler cet aspect documentaire sur « Rural ! » en 2001. Il dĂ©cide de suivre trois paysans pendant une annĂ©e et de retranscrire leur quotidien, leurs problĂšmes et leurs aspirations. La dĂ©marche, surtout Ă  l’époque, n’est pas simple. Davodeau se sent obligĂ© d’écrire un avant-propos devant l’aspect original de son ouvrage. « Une chose est sĂ»re : c’est de la bande-dessinĂ©e ». Et s’embrayer sur : « je ne connais pas de raison pour le limiter Ă  la fiction ». Il y explique Ă©galement qu’il n’y ait pas objectif et assume parfaitement cette idĂ©e. L’ouvrage fait pas moins de 140 pages et est publiĂ© chez Delcourt.  Continuer la lecture de « Rural ! »

La Communauté, T1 & T2

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Titre : La Communauté, T1 et T2
Scénaristes : Yann Benoßt & Hervé Tanquerelle
Dessinateur : Hervé Tanquerelle
Parution : Mai 2008 – Janvier 2010


« La Communauté » est une bande-dessinĂ©e retraçant des entretiens entre HervĂ© Tanquerelle et son beau-pĂšre Yann BenoĂźt. En effet, ce dernier avait participĂ© Ă  la fondation d’une communautĂ© Ă  la suite des Ă©vĂšnements de mai 68. Avec ces deux pavĂ©s pesant 340 pages, Tanquerelle raconte en dĂ©tail l’histoire de cette initiative à  travers les yeux de Yann, de l’avant 68 jusqu’à la fin de l’aventure. Le premier tome parle des dĂ©buts de la communautĂ© jusqu’à son apogĂ©e. La deuxiĂšme partie traite avant tout des problĂšmes liĂ©s Ă  cette rĂ©ussite, le quotidien et la chute inĂ©vitable.  Continuer la lecture de « La CommunautĂ©, T1 & T2 »

Nous n’irons pas voir Auschwitz

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Titre : Nous n’irons pas voir Auschwitz
Scénariste : Jérémie Dres
Dessinateur : Jérémie Dres
Parution : Septembre 2011


Prenez un peu de documentaire saupoudrĂ© d’autobiographie, un sujet grave, ajoutez le mot « Auschwitz » dans le titre, mĂ©langez le tout et vous obtenez « Nous n’irons pas voir Auschwitz ». PremiĂšre bande-dessinĂ©e de JĂ©rĂ©mie Dres, elle est publiĂ©e chez Cambourakis pour plus de 200 pages sur la communautĂ© juive de Pologne. Continuer la lecture de « Nous n’irons pas voir Auschwitz »

Mon ami Dahmer

MonAmiDahmer


Titre : Mon ami Dahmer
Scénariste : Derf Backderf
Dessinateur : Derf Backderf
Parution : FĂ©vrier 2013


Mon ami Dahmer est un ouvrage dont la sortie en mars dernier n’a pas laissĂ© les bĂ©dĂ©philes indiffĂ©rents. EditĂ© chez Ca et LĂ , il est l’Ɠuvre de l’auteur amĂ©ricain Derf Backderf. Il se compose d’environ deux cents pages. Son prix avoisine vingt euros. Mais ce ne sont pas ses caractĂ©ristiques administratives qui ont fait sortir ce bouquin du lot mais sa thĂ©matique. Le personnage qui donne son titre au livre est un cĂ©lĂšbre tueur en sĂ©rie. Il se rĂ©vĂšle que Backderf l’a cĂŽtoyĂ© au lycĂ©e. Son point de vue narratif s’avĂšre donc intĂ©ressant et original. C’est pour cette raison et pour avoir lu nombre de critiques Ă©logieuses que j’ai dĂ©cidĂ© de dĂ©couvrir cet album finalement assez unique dans son genre
 Continuer la lecture de « Mon ami Dahmer »

Shenzhen

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Titre : Shenzhen
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Avril 2000


Avec ses quatre carnets de voyage, Guy Delisle a fini par obtenir un prix Ă  AngoulĂȘme pour « Chroniques de JĂ©rusalem ». Mais tout a commencĂ© Ă  2000 avec Shenzhen, oĂč il relate son expĂ©rience en Chine, dans la ville de Shenzhen. Si Guy Delisle a visitĂ© des pays trĂšs diffĂ©rents (Chine, CorĂ©e du Nord, Birmanie, IsraĂ«l), il en rĂ©cupĂšre Ă  chaque fois tout ce qui en fait le dĂ©calage culturel. En passant plusieurs mois sur place, il s’approprie rĂ©ellement la vie locale. Le tout est publiĂ© Ă  L’Association pour 150 pages de dĂ©calage culturel.

À l’époque, Guy Delisle travaille dans l’animation. Cette derniĂšre Ă©tant dĂ©localisĂ©e en Asie (en Chine donc, puis en CorĂ©e du Nord), il part superviser les Ă©quipes locales et vĂ©rifier que les plans sont correctement faits. C’est l’occasion d’un premier choc culturel sur la façon de travailler des Chinois


Le Lost in translation de la bande-dessinée

shenzhen1L’autre partie est bien Ă©videmment le choc culturel avec le pays. La Chine n’est pas le pays le plus ouvert du monde et les problĂšmes de passages dans certaines zones le montre bien. Mais surtout, la langue est un vrai souci. Peu de chinois parlent anglais et beaucoup le parlent trĂšs mal. Guy Delisle est donc souvent dans l’incapacitĂ© de communiquer et passent des week-ends seuls
 Sur ce point, on ressent parfaitement le cĂŽtĂ© « Lost in translation ». Seul membre occidental Ă  ĂȘtre venu sur place, il est trĂšs isolĂ©. De plus, la Chine ne propose pas rĂ©ellement de moyen de se rĂ©unir entre expats.

La force des carnets de voyage de Guy Delisle est de ne pas chercher Ă  Ă©crire un documentaire dĂ©taillĂ© sur son expĂ©rience. Il dit ce qu’il voit, ce qui le choque, sans chercher Ă  appuyer sur l’aspect politique des choses. C’est le lecteur qui, guide subtilement, se fait son opinion. L’auteur exprime un ressenti et ne cherche pas Ă  nous le prĂ©senter comme une vĂ©ritĂ© objective.

Concernant le dessin, l’auteur opte pour un dessin plus fouillĂ© que ce qu’il produira par la suite. Le trait reste simple, mais la colorisation en niveaux de gris apporte de la matiĂšre. C’est expressif et plutĂŽt rĂ©ussi comme choix graphique. Et plutĂŽt adaptĂ© Ă  la saletĂ© de la Chine dĂ©crite par le livre.

« Shenzhen » est une rĂ©ussite. Guy Delisle trouve vite son ton. Son carnet de voyage, sous forme d’anecdotes, passionne. On s’intĂ©resse autant aux pĂ©ripĂ©ties de Guy qu’au pays en lui-mĂȘme. Un subtil Ă©quilibre que l’auteur saura garder Ă  chacun de ses bouquins.

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note4

Chroniques de JĂ©rusalem

ChroniquesDeJerusalem


Titre : Chroniques de JĂ©rusalem
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Novembre 2011


Guy Delisle a imposĂ© son style dans ses livres de voyage. AprĂšs la Chine, la CorĂ©e du Nord et la Birmanie, le voilĂ  qui arrive en IsraĂ«l, Ă  JĂ©rusalem. PubliĂ© comme le prĂ©cĂ©dent aux Ă©ditions Delcourt, dans la collection Shampooing, l’auteur canadien a su bonifier son trait et sa narration au point que ce « Chroniques de JĂ©rusalem » obtienne le prix du meilleur album au Festival International de Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2012 ! Alors, qu’en est-il ? Ce prix est-il mĂ©rité ?

Le terme de « chroniques » est parfaitement adaptĂ© car nous allons avoir droit ici Ă  de nombreuses anecdotes et morceaux de vie. Pas question de crĂ©er une longue narration. Si bien que malgrĂ© le nombre de pages importants (plus de 300 !), le livre se lit trĂšs agrĂ©ablement, la lecture pouvant s’arrĂȘter Ă  tout moment sans problĂšme. Guy Delisle suit donc sa femme, qui travaille Ă  MĂ©decins Sans FrontiĂšres, en IsraĂ«l. Ils s’installent Ă  JĂ©rusalem Est (cĂŽtĂ© arabe) et l’auteur reprend son activitĂ© de pĂšre au foyer. Pendant que sa femme s’active, il s’occupe de son enfant. L’idĂ©e est de trouver de quoi tromper l’ennui. Le jardin d’enfant est, entre autres, une des grandes quĂȘtes du canadien.

Un regard plus affûté

Évidemment, l’aspect touristique est vite prĂ©sent. Guy Delisle visite le pays (ou du moins les environs) avec sa candeur habituelle. Il Ă©vite tout jugement (mĂȘme si celui-ci transparaĂźt) et note avant tous les incohĂ©rences et ce qui le choque de visu. Ainsi, voir des fusils d’assaut rĂ©guliĂšrement le laisse perplexe
 L’appel Ă  la priĂšre le fait sursauter
  Tout est racontĂ© de façon chronologique. Ainsi, dans la seconde moitiĂ©, la surprise est moins prĂ©sente chez l’auteur. Le regard se fait plus affĂ»tĂ©, bien que toujours sans prĂ©senter ses opinions.

Si Delisle avait l’habitude des pays assez fermĂ©s, ce n’est pas le cas ici. IsraĂ«l est une dĂ©mocratie et il est donc beaucoup plus libre de ses mouvements. Du coup, il pĂ©nĂštre bien plus dans l’esprit du pays que dans les autres livres. Son autonomie lui permet de toucher du doigt plus d’incohĂ©rences. Car c’est le vĂ©ritable sujet du livre : IsraĂ«l est prĂ©sentĂ© comme un pays complĂštement absurde. C’en est souvent risible, mais malheureusement aussi inquiĂ©tant. L’auteur met le doigt sur des comportements et des usages complĂštement improbables. Il y prĂ©sente un pays oĂč des populations vivent ensemble sans se croiser ou se parler. C’est un vĂ©ritable apartheid en pleine dĂ©mocratie. A cela s’ajoute les communautĂ©s religieuses les plus orthodoxes du monde
 On devine alors une JĂ©rusalem multiple, mais surtout divisĂ©e.

Au niveau du dessin, Guy Delisle a affinĂ© son trait. C’est simple mais efficace et la narration se fait avec beaucoup de fluiditĂ©. Cette fois-ci, la couleur a plus d’importance. Le tout est souvent colorisĂ© de façon monochrome, mais chaque couleur a un sens. Cela facilite la lecture. Quelques touches de couleurs sont ajoutĂ©s afin d’enrichir le tout (souvent en renforçant un effet, comme une explosion par exemple). Clairement, graphiquement, l’auteur progresse et propose un rĂ©sultat de plus en plus abouti. 

« Chroniques de JĂ©rusalem » est une grande rĂ©ussite. Difficile d’ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  ce qui y est racontĂ©. Et en prĂ©sentant le tout de façon factuel, Guy Delisle donne Ă  son ouvrage une certaine universalitĂ©, si bien que l’on dĂ©vore le livre, allant de surprise en surprise. Un must du carnet de voyage !

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note5

Chroniques birmanes

ChroniquesBirmanes


Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007


AprĂšs « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle s’attaque Ă  la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». VoilĂ  donc le troisiĂšme opus des reportages si particuliers de l’auteur canadien. Alors qu’il s’était retrouvĂ© en Asie pour superviser des studios d’animation, le voilĂ  dĂ©sormais dans l’une des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Exit l’animateur, voilĂ  le pĂšre au foyer ! Delisle passe sa journĂ©e Ă  faire de la bande-dessinĂ©e et, surtout, Ă  s’occuper de Louis, son fils. Nouveau pavĂ© Ă  dĂ©vorer, ce livre pĂšse 263 pages et est publiĂ© chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez L’Association).

Si ses prĂ©cĂ©dents opus possĂ©daient une continuitĂ© relative de la narration, ce n’est pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. C’est bien de chroniques dont il s’agit, les anecdotes Ă©tant empilĂ©es les unes aux autres. Alors bien sĂ»r, il y a quand mĂȘme une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu diffĂ©rente. Vu le pavĂ© reprĂ©sentĂ©, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans l’ouvrage. Le fait que l’auteur ait passĂ© un an et demi dans le pays justifie Ă©videmment ce choix.

Ce que l’on pouvait regretter dans « Pyongyang », c’est que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre l’envers du dĂ©cor de la sociĂ©tĂ© nord-corĂ©enne. C’est un peu la mĂȘme chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. D’ailleurs, il n’hĂ©site pas Ă  le rappeler rĂ©guliĂšrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On dĂ©couvre ainsi la vie dans son quartier et les inĂ©vitables rencontres d’ONG.

Un rĂŽle de candide

La force de Guy Delisle est de se donner un rĂŽle de candide. Faussement naĂŻf, il aborde un ton lĂ©ger qui permet Ă  l’ouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, l’auteur ne cherche pas Ă  politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-lĂ . Et quand le personnage Guy Delisle dĂ©cide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, c’est pour mieux oublier ses engagements dans la case d’aprĂšs
 Mais derriĂšre ce vernis non-politisĂ©, les messages passent Ă  foison de part les faits.

Beaucoup de personnes n’arrivent pas Ă  se lancer dans un livre de Guy Delisle Ă  cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais trĂšs efficace. Il est parfaitement adaptĂ© au propos et lisible. Le tout est rehaussĂ© de gris de façon pertinente. L’auteur utilise un gaufrier de six cases, rĂ©servant la premiĂšre pour le titre de l’anecdote. Il y a une certaine routine qui s’installe, plutĂŽt confortable pour le coup. Bref, si vous n’aimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup d’essayer de passer le cap.

Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des rĂ©cits de voyage tout en lĂ©gĂšretĂ©. MĂȘme si ses observations sont Ă©videmment limitĂ©es par sa vie et qu’il n’est pas au plus prĂšs des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et l’on sourit Ă  de multiples reprises. A lire !

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note4