Titre :Â Comment faire fortune en juin 40
Scénaristes : Fabien Nury & Xavier Dorison
Dessinateur : Laurent Astier
Parution : Septembre 2015
« Comment faire fortune en juin 40 » mâa tout de suite attirĂ© lorsque jâai vu la prĂ©sence conjointe de Fabien Nury et de Xavier Dorison sur la couverture. Le fait que deux de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s participent Ă ce projet garantie Ă mes yeux une qualitĂ© remarquable Ă lâouvrage. La couverture de lâalbum laisse prĂ©sager une histoire rythmĂ©e et le titre fait naĂźtre des perspectives intĂ©ressantes. Bref, la premiĂšre impression gĂ©nĂ©rĂ©e par ce livre est largement positive et mâincite Ă mây plonger rapidement.
« Braquer deux tonnes dâor Ă la Banque de France, ça paraĂźt difficile⊠mais en plein exode, dans un pays Ă feu et Ă sang, câest faisable. » VoilĂ les mots qui accompagnent la quatriĂšme de couverture du bouquin. Cela annonce un programme haut en couleurs ! Ce court texte est associĂ© au portrait de quatre personnages : deux dâentre eux sont munis dâune arme Ă feu, un autre tient sĂ©vĂšrement une clĂ© Ă molette et le dernier une ravissante jeune femme muni dâun bĂąton de dynamite. Bref, tout ce petit monde nâest pas lĂ pour rigoler !
L’histoire d’un casse.
Il sâagit donc de lâhistoire dâun casse. Un fourgon doit vĂ©hiculer deux tonnes dâor de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici lâoccasion de sâoffrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc Ă suivre le camion blindĂ© pour saisir lâoccasion de mettre la main dessus. Le problĂšme est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et lâarmĂ©e allemande bombarde. Tout ne va donc pas ĂȘtre aussi simple que prĂ©vu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.
MalgrĂ© le classicisme de lâobjectif â mettre la main sur un butin â lâintrigue est pleine de surprises et de rebondissements. La fine Ă©quipe enchaĂźne les complications sur le chemin de la fortune. Le scĂ©nario est dense et la lecture ne connaĂźt aucun temps mort. Chaque lĂ©ger moment de calme nâest que le prĂ©misse dâun nouveau problĂšme. LâadaptabilitĂ© des hĂ©ros est mise Ă rude Ă©preuve tant leur plan quâils pensaient ĂȘtre rĂ©glĂ© comme du papier Ă musique va ĂȘtre souvent remis en cause. Le rythme de la narration est un modĂšle du genre. Les cent pages ne cessent pas de monter en puissance et en intensitĂ©. Lâhistoire est une vĂ©ritable spirale infernale pour les protagonistes.
Cette densitĂ© scĂ©nariste mâavait Ă©videmment beaucoup plu et a alimentĂ© de maniĂšre constante ma curiositĂ©. Mais mon attrait a Ă©galement Ă©tĂ© facilitĂ© par la prĂ©sence dâun casting quatre Ă©toiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composĂ© de personnalitĂ©s intĂ©ressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse quâon nâest pas assez vite dâaccord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fĂ©e font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite Ă lâarrivĂ©e dâHitler au pouvoir. Il nây a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplĂ©e Ă leur cĂŽtĂ© « Pieds nickelĂ©s » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. LâĂ©criture des dialogues est plutĂŽt sympathique. Je me suis trĂšs vite attachĂ© aux protagonistes et ai Ă©tĂ© soucieux de leur devenir dĂšs les premiĂšres pages.
Jâai Ă©galement beaucoup apprĂ©ciĂ© les dessins de Laurent Astier. Je trouve quâil a un trait qui colle parfaitement avec lâĂ©poque Ă laquelle se dĂ©roulent les Ă©vĂ©nements. Je trouve ses illustrations trĂšs travaillĂ©es. Les dĂ©tails sont nombreux et donnent ainsi pleinement vie aux dĂ©cors. De plus, les diffĂ©rents personnages possĂšdent une personnalitĂ© graphique forte. DĂšs leurs premiĂšres apparitions, ils dĂ©gagent tous quelque chose. Cela est dâailleurs Ă©galement valable pour les personnages secondaires. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont pleines de vie et apportent leur Ă©cot Ă la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par lâouvrage.
Pour conclure, « Comment faire fortune en juin 40 » est une belle rĂ©ussite. LâintĂ©gration dans cette histoire dans la grande Histoire lui donne un ton particulier qui mâa beaucoup plu. De plus, la qualitĂ© du casting permet de sâimpliquer pleinement dans le destin des quatre acolytes. Le suspense qui accompagne leur destinĂ©e est Ă©galement bien construit. Bref, la grosse centaine de pages qui compose cette intrigue se dĂ©guste avec appĂ©tit et plaisir. Je vous conseille donc de suivre les pas de ces quatre braqueurs qui ne vous laisseront pas indiffĂ©rentsâŠ