Une annĂ©e au lycĂ©e – Fabrice Erre

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Titre : Une année au lycée
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2014


Fabrice Erre est dessinateur de bande-dessinĂ©e. Mais comme nombre de ses collĂšgues, il possĂšde un « vrai » mĂ©tier lui permettant de vivre dignement : enseignant d’histoire-gĂ©ographie en lycĂ©e. ForcĂ©ment, la tentation de raconter son quotidien face aux Ă©lĂšves Ă©tait trop tentant. VoilĂ  qu’il nous propose un ouvrage autobiographique, « Une annĂ©e au lycĂ©e ». Le tout est publiĂ© chez Dargaud et pĂšse pas moins de 153 pages !

L’auteur dĂ©marre donc l’annĂ©e avec la fin des vacances et termine le tout avec le dĂ©but des vacances. On retrouve donc les premiers contacts avec la classe jusqu’au bac. Fabrice Erre a l’avantage d’avoir des secondes, des terminales (qui prĂ©parent le bac) et d’ĂȘtre professeur principal. Cela permet de balayer un large spectre de situations. DĂšs le dĂ©part, l’auteur nous prĂ©vient : oui, tout est romancĂ© (heureusement d’ailleurs). Chaque scĂšne est donc un condensĂ© de vĂ©cu, clairement concentrĂ© pour en amĂ©liorer l’aspect comique.

On sent le vécu !

Fabrice Erre joue la carte de l’autodĂ©rision dĂšs le dĂ©part. Il se dessine bien plus vieux qu’il ne l’est et n’hĂ©site pas Ă  se montrer sous un jour peu reluisant. Et c’est lĂ  oĂč la bande-dessinĂ©e est rĂ©ussie. Erre est un professeur normal : aussi bien il peut avoir des fulgurances pour adapter son cours Ă  ses Ă©lĂšves (et mĂȘme faire preuve d’ouverture dans les discussions), aussi bien il merdouille bien par moments ! L’humour fonctionne trĂšs bien et il n’est pas rare de rire devant les gags et remarques lues. C’est lĂ  oĂč « Une annĂ©e au lycĂ©e » supplante des BDs comme « Les profs ». On sent le vĂ©cu, l’absurde des remarques, les situations qui dĂ©rapent


L’auteur nous propose deux types de scĂšnes. Les premiĂšres sont classiques et montrent le prof avec ses collĂšgues ou les Ă©lĂšves. Les deuxiĂšmes sont des purs dĂ©lires oĂč Erre fait des parallĂšles entre un univers (la guerre par exemple) et l’enseignement. Elles sont globalement aussi rĂ©ussie et cela permet de rythmer l’album qui pourrait paraĂźtre rĂ©pĂ©titif si les scĂšnes de classe s’enchaĂźnaient mĂ©thodiquement.

Au niveau du dessin, c’est quand mĂȘme un peu lĂ©ger. Les dĂ©lires sont plus travaillĂ©s graphiquement mais les scĂšnes de classe sont peu ouvertes Ă  l’expĂ©rimentation graphique. L’auteur se contente de dessiner les personnages, qu’il fait trĂšs expressifs. En soit, ce choix est pertinent car l’auteur se focalise sur les rĂ©actions et les dialogues, qui font l’essence d’une classe. Le tout est colorisĂ© en bichromie (sauf des exceptions lors des dĂ©lires de l’auteur).

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« Une annĂ©e au lycĂ©e » est un ouvrage rĂ©ussi. En utilisant parfaitement les absurditĂ©s du monde du lycĂ©e, Fabrice Erre lui donne de la force par son trait. Quand on voit la tĂȘte du prof, trĂšs satisfait de voir les Ă©lĂšves grĂ©vistes ne pas arriver Ă  faire se calmer une classe, tout est dit ! Un bel ouvrage, forcĂ©ment un peu rĂ©servĂ© Ă  ceux pour qui l’éducation nationale n’est pas qu’un souvenir de jeunesse.

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Note : 16/20

Et pour poursuivre l’expĂ©rience : http://uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr/

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai dĂ©couvert le duo formĂ© par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du cĂ©lĂšbre hĂ©ros masquĂ©. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompĂ©tent Diego dans son rĂŽle de Zorro. RĂ©cemment, j’ai retrouvĂ© avec plaisir Fabrice Erre quand il dĂ©crit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une annĂ©e au lycĂ©e ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coĂ©crit par les deux auteurs est de format carrĂ© et se compose de soixante-quatre planches. EditĂ© chez « Fluide Glacial », il coĂ»te quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du prĂ©sident de la RĂ©publique, des ingĂ©nieurs au sol et du français lambda qui vit l’évĂ©nement devant sa tĂ©lĂ©vision. Je ne vous dĂ©voilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Mars1De la mĂȘme maniĂšre que dans « Z comme Diego », les pages se dĂ©composent en scĂ©nette de trois cases contant chacune une anecdote dĂ©lurĂ©e et dĂ©calĂ©e autour de ce projet d’ampleur. L’aĂ©ronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densitĂ© humoristique du propos est forte et la qualitĂ© constante du dĂ©but Ă  la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les vannes utilisent une grande variĂ©tĂ© d’ingrĂ©dients pour faire rire. L’immense majoritĂ© des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scĂšne alimente la curiositĂ© du fait de sa qualitĂ© comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succĂšdent au rythme de dĂ©filement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais prĂ©cĂ©demment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous dĂ©couvrons Ă©galement les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus Ă  cĂŽtĂ© des sentiments vĂ©cus par le français moyen qui voit devant sa tĂ©lĂ©vision l’Histoire s’écrire. Cette diversitĂ© de points de vue alimente le concentrĂ© de drĂŽleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisĂ©ment reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bĂąclĂ© et s’avĂšrent assez hermĂ©tique Ă  son style. Je peux le comprendre aisĂ©ment. NĂ©anmoins, personnellement, je trouve que le trait coĂŻncide parfaitement Ă  avec le ton dĂ©lurĂ© et dĂ©calĂ© de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont apprĂ©ciables et participent Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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Note : 16/20

La Capote qui Tue – Ralf König

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Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999


Ralf König est un auteur de bandes-dessinĂ©es humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degrĂ© pour avaler la pilule ! Je connaissais dĂ©jĂ  Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de l’analyse sociologique des rapports hĂ©tĂ©ro/homo.

Car ici, c’est de sĂ©rie B qu’il s’agit (voire de sĂ©rie Z). C’est complĂštement barrĂ© mais parfaitement assumĂ©. Le tout est prĂ©sentĂ© comme un film, avec nom d’acteurs, de rĂ©alisateur
 Rapidement, on voit que c’est les milieux les plus mal famĂ©s de l’homosexualitĂ© que l’on va explorer. HĂŽtels de passe avec travestis, milieu du cuir
 König ne fait pas dans la dentelle.

On suit l’histoire de MĂ©caroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularitĂ© est d’avoir un sexe Ă©norme (40 cm) et d’arriver Ă  se taper Ă  chaque histoire un bel Ă©talon. Son cĂŽtĂ© blasĂ© et homo le met en complet dĂ©calage avec ses collĂšgues qui lui reprochent sa vie de dĂ©bauche. Essentiellement, MĂ©caroni est l’homme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur l’homosexualitĂ©.

Concernant l’histoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : MĂ©caroni va-t-il se faire manger le sexe aprĂšs s’ĂȘtre fait mangĂ© une premiĂšre couille ? La tension est palpable de bout en bout. La premiĂšre histoire fait appel aux hĂŽtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrĂ©e et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mĂ©rite d’expliquer l’existence de cette fameuse capote.

Homo refoulĂ©, bars gay et vie d’hĂ©tĂ©ro chiante Ă  mourir

Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prĂ©vention contre le SIDA (premiĂšre publication en 1988 et 1990). C’est donc en pleine peur du sexe et apprentissage du prĂ©servatif que se situe l’intrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic dĂ©clare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coĂ»te au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela n’est Ă©videmment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple sĂ©rie B dans cet ouvrage. On retrouve Ă©galement des thĂšmes rĂ©currents dans les ouvrages de König : l’homosexuel refoulĂ©, les bars gay, la vie de l’hĂ©tĂ©ro chiante Ă  mourir


Le graphisme de König, trĂšs reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a Ă©tĂ© apportĂ© aux ambiances pour coller Ă  l’esprit cinĂ©matographique. Les premiĂšres pages sont simplement magnifiques. Les scĂšnes de nuit et de bars sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Le tout est dessinĂ© dans un noir et blanc trĂšs maĂźtrisĂ©.

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Je prĂ©fĂšre prĂ©venir que König n’hĂ©site pas Ă  montrer des scĂšnes d’accouplement entre hommes Ă  de multiples reprises. Si certains sont gĂȘnĂ©s par ce genre de choses, mieux vaut Ă©viter « La capote qui tue »qui a tendance Ă  ĂȘtre bien plus explicite que dans d’autres des ouvrages de l’auteur. Si je ne trouve pas ça particuliĂšrement choquant (ce n’est pas trash en soit), cela dĂ©pend de la sensibilitĂ© de chacun.

« La capote qui tue » est donc une BD complĂštement dĂ©jantĂ©e et menĂ©e avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires rĂ©ussis, un humour omniprĂ©sent
 Le tout se lit avec plaisir, mĂȘme s’il vaut mieux ne pas lire les deux histoires Ă  la suite, Ă  cause d’une certaine redondance entre elles. A lire d’urgence pour les moins coincĂ©s d’entre vous !

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Note : 15/20

Prototype – Ralf König

Prototype


Titre : Prototype
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2011


Ralf König est un auteur que j’aime beaucoup. SpĂ©cialisĂ© dans la description du milieu gay, l’allemand produit ici « Prototype », sortant de son sujet habituel. Le prototype est Adam, le premier homme. Alors, que donne ce livre hors des sentiers battus ? Ralf König est-il aussi pertinent et drĂŽle lorsqu’il aborde des sujets thĂ©ologiques ?

Le livre s’articule essentiellement sur les dialogues entre Dieu et le serpent Lucky (alias Lucifer). Dieu crĂ©e sa nouvelle crĂ©ature, mais Lucky est plutĂŽt critique dessus, poussant Dieu a de nombreux changements. La suite, on la connaĂźt : Eve, la pomme, l’exil, etc.

Un relecture du mythe sympathique.

prototype2Dans « Prototype », König se moque donc de la crĂ©ation de l’Homme en la prenant au pied de la lettre. Dieu ajoute et supprime des fonctionnalitĂ©s au fur et Ă  mesure. Capricieux et visiblement irascible, notre PĂšre en prend pour son grade
 Comme dans tout livre un tant soit plus blasphĂ©matoire qui se respecte, l’esprit malin paraĂźt bien plus sympathique et plein de bon sens ! Ainsi, la relecture du mythe est finalement assez lĂ©gĂšre, malgrĂ© une grosse entorse Ă  l’histoire officielle sur le fruit dĂ©fendu !

Ralf König base tout son livre sur les dialogues, souvent absurdes au vue de la situation. C’est son point fort et l’ironie inonde les pages de l’ouvrage. Si on sourit souvent, on ne peut constater que le manque d’originalitĂ© de l’ensemble. Les ouvrages reprenant la GĂ©nĂšse sont trĂšs nombreux et force et de constater que celui-ci n’apporte rien de neuf. Reste des dialogues sympathiques et quelques passages bien sentis ! La thĂšse du livre en soit est plus originale, bien qu’un peu tirĂ©e par les cheveux.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait tout en rondeur de l’auteur. Le sujet n’apporte pas forcĂ©ment un maestria graphique, mais les expressions des personnages restent un vrai dĂ©lice. On notera des couleurs assez criardes. Est-ce l’impression ou un choix esthĂ©tique ? Difficile de le savoir. En tout cas, Ralf König possĂšde un trait parfaitement adaptĂ© Ă  son propos.

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« Prototype » ne rĂ©volutionne rien. MalgrĂ© tout, la lecture est plaisante et l’humour fait mouche. Une lecture sympathique pour les amateurs de relecture biblique. Ni plus, ni moins.

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Note : 13/20

Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermĂ©tique Ă  ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ©e de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai dĂ©couvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grĂące un de mes anciens collĂšgues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombĂ© sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel Ă©pisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. EditĂ© chez Les EchappĂ©s Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous prĂ©sente le chien et le chat en costume de mariĂ©s. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualitĂ©.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mĂ©moire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majoritĂ© des planches est partagĂ©e en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indĂ©pendantes les unes des autres. Certains gags se dĂ©roulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite Ă  le feuilleter. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de le dĂ©vorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majoritĂ© de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualitĂ©. Ce n’est pas tout Ă  fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des Ă©vĂ©nements prĂ©cis pour dĂ©velopper son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vĂ©ritĂ© sur la sociĂ©tĂ© et s’avĂšrent finalement assez intemporelles. Ces rĂ©flexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il Ă©nonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de dĂ©coffrage qui dĂ©clenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prĂ©venir que le style est loin d’ĂȘtre politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal Ă  l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les dĂ©fections du chien. Ce dernier Ă©voque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cƓur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrĂ©e remarquĂ©e. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation
 Rien n’est oubliĂ© ! Je suis assez impressionnĂ© par la capacitĂ© de Charb Ă  gĂ©nĂ©rer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrĂ©dients de dĂ©part. C’est un vrai talent. Il arrive Ă  produire plus de cent cinquante gags de grande qualitĂ©. La densitĂ© humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose Ă  jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a dĂ©jĂ  eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal Ă  identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’attĂ©nue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le cĂŽtĂ© incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majoritĂ© des strips ne voit aapparaĂźtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaĂźtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a rĂ©pondu Ă  mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimĂ© ĂȘtre choquĂ© ou outrĂ© par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excĂšs mais cela ne m’empĂȘche de prendre beaucoup de plaisir Ă  le lire dĂ©blatĂ©rer ses quatre vĂ©ritĂ©s. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout le monde de partir Ă  la dĂ©couverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-ĂȘtre conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drĂŽle ? 

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Note : 14/20

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maĂźtre ! » est le titre ambitieux du cinquiĂšme tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© aux Editions Les EchappĂ©s dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous prĂ©sente Dieu en train de donner des hosties Ă  un chat pendant qu’un chien s’apprĂȘte Ă  lui donner un coup de marteau sur la tĂȘte. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une prĂ©sentation Ă  la fois synthĂ©tique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excrĂ©ments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libĂ©ral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » VoilĂ  qui est clair : Ăąme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre prĂ©cĂ©dents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indĂ©pendante des autres. Les planches se  dĂ©composent essentiellement en strip dĂ©veloppĂ© sen trois cases. Chacune possĂšde quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empĂȘche les temps morts et les pĂ©riodes de transition. Vu la prĂ©sentation faite des personnages, il apparait Ă©vident que cette lecture s’adresse Ă  un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle dĂ©couverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thĂ©matiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scĂ©nettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanitĂ© est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maĂźtre ! » ne s’adresse pas Ă  tout le monde. Je comprends aisĂ©ment que certains soient mal Ă  l’aise ou choquĂ©s devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majoritĂ© des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excĂšs crades et moraux du scĂ©nariste. La variĂ©tĂ© des thĂ©matiques traitĂ©es fait qu’on ne ressent Ă  aucun moment un sentiment de rĂ©pĂ©tition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a dĂ©jĂ  offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin Ă  l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement rĂ©ussis et leurs expressions donnent une vraie matiĂšre Ă  leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idĂ©e prĂ©sentĂ©e. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thĂšmes Ă©voquĂ©s ! La coloration est simple car, Ă  l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos hĂ©ros sont colorĂ©s. Maurice est orange et Patapon jaune. Les dĂ©cors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisĂ©ment. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cƓur et prendront un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualitĂ© aprĂšs autant de tomes est un gage de qualitĂ© qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hĂ©siterai pas Ă  m’offrir le prochain opus des aventures de ces hĂ©ros dĂšs sa sortie. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

 

Le jeu vidĂ©o – Bastien VivĂšs

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Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien VivÚs
Dessinateur : Bastien VivĂšs
Parution : DĂ©cembre 2011


Bastien VivĂšs a tenu ce qui Ă©tait certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphĂšre. Utilisant le copier-coller pour crĂ©er de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du dĂ©filement vertical pour crĂ©er un effet de temporalitĂ© (renforcĂ© par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et lĂ , curieusement, il est dĂ©cidĂ© de sortir pas moins de six volumes pesant prĂšs de 200 pages dont les parutions sont Ă©talĂ©es sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog
 Trop pour moi qui dĂ©cidais de les lire en bibliothĂšque. Surtout que l’aspect thĂ©matique des ouvrages est plus ou moins rĂ©ussi. IntĂ©ressons-nous ici au jeu vidĂ©o dans ce qui est le premier opus publiĂ©.

LeJeuVidĂ©o1Le livre se prĂ©sente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire mĂȘme un seul pour des questions de mise en page) apposĂ©s verticalement. Chaque scĂšne prĂ©sente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste lĂ©ger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scĂšnes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit Ă  un seul recueil Ă  vingt euros.

Street fighter & joystick

MalgrĂ© cet effet de rĂ©pĂ©tition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages Ă  toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidĂ©o », Bastien VivĂšs est trĂšs Ă  l’aise et il n’y a pas vraiment de dĂ©chets dans ses histoires. La qualitĂ© des scĂšnes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaĂźtre un peu les annĂ©es 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marquĂ© l’auteur). L’aspect nostalgique est trĂšs prĂ©sent, notamment dans les conflits gĂ©nĂ©rationnels.

Le dessin de Bastien VivĂšs est ici rĂ©ussi, mĂȘme si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisĂ©. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand mĂȘme trĂšs statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans mĂȘme utiliser les expressions de ses personnages


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Si les choix Ă©ditoriaux sont contestables, la qualitĂ© de l’ouvrage ne l’est pas. DrĂŽle et un brin nostalgique, « Le jeu vidĂ©o » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, Ă  essayer de faire un coup spĂ©cial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20

L’infiniment moyen – Fabcaro

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Titre : L’infiniment Moyen
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2011


Dans « L’infiniment moyen », Didier Tronchet dit dans sa prĂ©face que Fabcaro « met beaucoup d’application Ă  ne pas ĂȘtre connu ».Et c’est bien dommage, car Fabcaro a du talent Ă  revendre ! « L’infiniment moyen » est un recueil de planches dĂ©jĂ  parues entre 2003 et 2011, notamment dans Psikopat, Bedaine et CQFD. Un florilĂšge sur 8 ans de dessin, on pourrait craindre un ensemble disparate. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas.

« L’infiniment moyen » comporte trois types de planches. Les premiĂšres sont muettes et la chute est souvent un contre-pied complĂštement absurde. Les deuxiĂšmes sont plus classiques, avec dialogues et chutes finales (oĂč l’auteur se met parfois en scĂšne). Enfin, quelques illustrations complĂštent le tableau. Le tout est Ă©videmment entiĂšrement humoristique.

Un humour oscillant entre humour classique et humour franchement glauque.

La variation des situations et des personnages peut ĂȘtre pris comme un dĂ©faut et pourtant il est aussi rĂ©vĂ©lateur de la capacitĂ© de Fabcaro Ă  faire des blagues en crĂ©ant un contexte rapidement. Pas d’univers sur lequel se reposer, pas de blagues rĂ©currentes, uniquement de l’instantanĂ©. Et force est de constater que le tout est trĂšs drĂŽle, oscillant entre le classique et le franchement glauque. Il y en a pour tous les goĂ»ts.

Je tiens Ă  fĂ©liciter les personnes qui ont participĂ© Ă  la maquette de cet ouvrage. En effet, les diffĂ©rents types de planches sont parfaitement Ă©quilibrĂ©s entre illustration, muet et parlant. On croirait presque que c’est un ouvrage dessinĂ© pour l’occasion. On dĂ©couvre ainsi un Fabcaro possĂ©dant un vĂ©ritable univers, une ambiance pleine d’humour noir et dĂ©calĂ©. On est souvent surpris et les rires sont frĂ©quents lors de la lecture. Encore une fois, Fabcaro confirme tout le bien que je pense de lui.

Le style graphique de l’auteur est toujours aussi sympathique. Le trait est dynamique, tout en noir et blanc. C’est un vrai plaisir. Une mention spĂ©ciale est Ă  accorder aux visages qui semblent toujours sur la brĂšche, que ce soit d’angoisse, de colĂšre ou de dĂ©sespoir. Les personnages ne semblent jamais sereins (et ceux qui semblent heureux sont source d’angoisse pour les autres). Cela participe fortement Ă  l’ambiance noire qui se dĂ©gage des planches.

Au final, « L’infiniment moyen » est un recueil des plus rĂ©ussis. Certes, ce n’est peut-ĂȘtre pas le meilleur moyen de dĂ©couvrir Fabcaro, mais il comblera sans peine les adeptes de l’auteur et les lecteurs amateurs d’humour grinçant.

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Note : 15/20

Jours de gloire – Fabcaro

JoursDeGloire


Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche Ă  chaque fois. Quand je suis tombĂ© sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y rĂ©sister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas


Le strip est une des spĂ©cialitĂ©s de Fabcaro. Du moins le gag Ă  chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas lĂ  pour rĂ©ussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est Ă©galement le cas ici. La diffĂ©rence, c’est qu’il n’y a pas rĂ©ellement de contexte, alors que les prĂ©cĂ©dents bouquins citĂ©s concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de sĂ©rie tĂ©lĂ©. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance Ă©tant une des qualitĂ©s de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacitĂ©. Son hĂ©ros (ou plutĂŽt antihĂ©ros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand mĂȘme au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre hĂ©ros est un imbĂ©cile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hĂ©las vite et le livre est refermĂ© alors que l’on en demande encore
 Le format Ă  l’italienne est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert Ă  cacher la pauvretĂ© du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages Ă  lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adaptĂ© au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de dĂ©cor. Mais l’essentiel n’est pas lĂ , c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips rĂ©alisĂ©s entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela mĂ©ritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drĂŽles et rĂ©ussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposĂ©. Quant Ă  Fabcaro, il nous a habituĂ© Ă  encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte Ă  ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une dĂ©ception, mĂȘme si le tout m’a donnĂ© le sourire du dĂ©but Ă  la fin.

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Note : 10/20

Jean-Louis et son EncyclopĂ©die, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis) – Fabcaro

jeanlouis


Titre : Jean-Louis et son Encyclopédie, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis)
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Août 2009


Fabcaro est un auteur de bandes dessinĂ©es qui m’était inconnu jusqu’au passage rĂ©cent du PĂšre NoĂ«l dans mon foyer. En effet, j’ai eu le plaisir de dĂ©couvrir un de ses ouvrages sous le sapin. Il s’agit de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) ». EditĂ© chez Drugstore, cet album est composĂ©e d’un petit peu moins de cinquante pages. Il est vendu au prix de dix euros. Chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases.

L’album nous conte les aventures de Jean-Louis. Ce dernier est enseignant et la partie de sa vie qui nous est narrĂ©e est celle qui se dĂ©roule en salle des professeurs. La description faite sur la quatriĂšme de couverture est la suivante : « Et voilĂ  la sacro-sainte salle des profs oĂč vous allez passer pas mal de temps
 Je vous laisse faire connaissance avec vos collĂšgues
 Vous allez voir, ici c’est l’ambiance garantie
 ».

Au-delĂ  de son statut d’enseignant, on ne peut pas dire que Jean-Louis soit le parti idĂ©al. En effet, en plus d’un physique peu avantageux, il a la particularitĂ© d’accumuler bon nombres de dĂ©fauts. Il est entre autre Ă©goĂŻste, manipulateur, hypocrite et radin. J’en oublie sĂ»rement. On peut rĂ©sumer sa vie par : « Tout pour ma gueule ». Le problĂšme est que la finesse n’est pas sa qualitĂ© principale et bien souvent la chute de l’histoire n’est pas Ă  son avantage.

Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire.

Une des modes actuelles dans la bande dessinĂ©e est les sĂ©ries construites autour du thĂšme propre Ă  un corps de mĂ©tier : les profs, les pompiers, les CRS etc. Bien souvent, ses albums m’ont déçu. Ils sont souvent prĂ©visibles et rĂ©pĂ©titifs. Bref, on est déçu en les dĂ©couvrant et nos zygomatiques sont peu sollicitĂ©es. Le thĂ©matique de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) » pourrait appartenir Ă  cette mouvance du fait du mĂ©tier de son hĂ©ros. Je vous rassure, ce n’est pas le cas. Car le thĂšme de l’album n’est pas la salle des professeurs mais Jean-Louis et ses aventures dans la salle des professeurs. Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire. Son hĂ©ros est bel et bien Jean-Louis. Bon nombre de gags ou de dialogues pourraient avoir lieu sur tous les lieux de travail. En ce sens, Jean-Louis touche tout le monde.

Comme je l’ai dit en introduction, chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases. Bien souvent, chaque sĂ©rie correspond Ă  un gag. Le risque de ce genre de structure est d’alterner des chutes hilarantes avec des moments plus moyens. Ce n’est ici pas le cas. La qualitĂ© est au rendez-vous tout au long des quarante-huit pages. On rigole de Jean-Louis sans cesse. Son manque de savoir-vivre et sa maladresse ne cessent de solliciter nos zygomatiques. L’auteur arrive Ă  crĂ©er des situations trĂšs originales. Il a de plus un talent pour les dialogues qui rend chaque situation trĂšs rĂ©ussie.

Cet album se dĂ©vore. On a toujours hĂąte de dĂ©couvrir le gag suivant tant notre cher Jean-Louis ne semble avoir aucune limite. De plus, une deuxiĂšme lecture n’est pas dĂ©sagrĂ©able. On rit Ă  nouveau de bon cƓur et on savoure mĂȘme davantage certaines phrases lues trop vite la premiĂšre fois. Je pense que c’est un bouquin qu’on peut s’acheter tant chaque redĂ©couverte fera rire une nouvelle fois son lecteur.

Il est temps maintenant de vous parler de la fameuse encyclopĂ©die de Jean-Louis. En plus de toutes ses « qualitĂ©s » prĂ©cĂ©demment citĂ©es, Jean-Louis est particuliĂšrement fier de lui. Tellement fier qu’il s’est mis en tĂȘte d’écrire une encyclopĂ©die et il fait en sorte, de maniĂšre toujours discrĂšte, que ses collĂšgues soient au courant. A priori, chacun de ses lecteurs a quelques rĂ©serves sur l’intĂ©rĂȘt et le sĂ©rieux de l’ouvrage en question. On en dĂ©couvre d’ailleurs de nombreux extraits dans l’album. On dĂ©couvre donc les rĂ©ponses de Jean-Louis Ă  des questions telles que : comment naissent les proverbes, que signifie exactement « ĂȘtre rebelle », qu’est-ce que la philosophie, quelle est l’origine du naturisme etc. Bon nombre de rĂ©ponses Ă  ces questions fondamentales sont plutĂŽt rĂ©ussies et font rire Ă  dĂ©faut de briller par leur pertinence historique ou scientifique.

Il me reste Ă  vous parler des dessins. Comme dit prĂ©cĂ©demment, je dĂ©couvre Fabcaro. J’ai Ă©tĂ© tout de suite sĂ©duit par son style. Dans cet album, on n’y voit que des personnages. Il n’y aucun dĂ©cor derriĂšre. Cela donne une atmosphĂšre aĂ©rĂ©e qui nous concentre complĂštement sur les personnages et leurs dialogues. Car c’est ici que rĂ©side la richesse de cette lecture. Je trouve que les diffĂ©rents intervenants sont bien dessinĂ©es car en les regardant uniquement, on arrive Ă  s’en faire une idĂ©e assez prĂ©cise. Les couleurs sont simples est participe Ă  l’atmosphĂšre rĂ©ussie de l’album.

En conclusion, je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir cet album et cet auteur. Il s’agit pour moi une surprise trĂšs agrĂ©able et je vais m’empresser dĂ©couvrir rapidement le reste de la bibliographie de Fabcaro. J’espĂšre rapidement pouvoir vous dĂ©crire une autre part de son univers car si elles sont toutes de cette qualitĂ©, c’est du bonheur en barre ! 

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Note : 17/20