Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille

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Titre : Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2014


Aâma est l’une des séries de science-fiction les plus excitantes de ces dernières années. Scénarisée et dessinée par Frederik Peeters, elles mettent en scène un paumé, Verloc  Nim, qui part sur une planète déserte avec son frère. Sur cette planète, une expérience ultra-secrète a lieu. « Tu seras merveilleuse, ma fille » est le quatrième et dernier tome qui vient clore la série. Il est édité chez Gallimard et pèse une centaine de pages.

Si les deux premiers tomes se concentraient sur une SF classique, où les personnages découvraient le résultat d’une expérience qui dégénérait, le troisième opus prenait un virage onirique. Après avoir placé des fondements travaillés et cohérents, Frederik Peeters avait fait des choix scénaristiques discutables, abandonnant le réalisme au profit des questionnements métaphysiques. Ce quatrième tome continue dans cette voie.

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Verloc Nim fusionne avec l’Aâma. Curieusement, il la contient suffisamment. Il devient une sorte de super être omniscient dont le seul but est de fusionner avec sa fille. Sans trop d’explication, Verloc Nim devient donc un être capable d’à peu près tout. Il bondit de partout, voit tout, entend tout… J’ai bien du mal à accrocher à ce genre de postulats un peu faciles. Quant aux réflexions psychologiques, elles sont déjà-vus depuis longtemps.

Un virage radical pour la fin de la série.

Ce terreau permet en revanche à Frederik Peeters de faire exploser sa maestria graphique. Quelques doubles pages viennent sublimer le livre et son trait reste toujours aussi puissant. Les scènes de combat et de vol, très (trop ?) nombreuses, montrent combien l’auteur maîtrise son dessin, le mouvement et le découpage.

L’ouvrage se concentrant uniquement sur Verloc Nim, il perd ainsi toute la puissance psychologique que la série avait, faisant vivre des personnages originaux et très bien travaillés. L’aspect psychologique se cantonne donc à des généralités, bien loin de ce à quoi on avait l’habitude dans la série.

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Ce quatrième tome de « Aâma » est une vraie déception. L’auteur a pris un virage radical au troisième tome qu’il confirme ici. Si certains seront certainement conquis par ce livre, d’autres resteront clairement sur le bord du chemin, profitant des planches magnifiques de l’auteur sans vraiment y trouver un sens. Quel dommage ! 

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Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Mai 2009


C’est en regardant la très sympathique émission « Un monde de bulles » que j’ai découvert avec plaisir Xavier Dorison évoquer la série « Les sentinelles ». Etant un grand fan de ce scénariste depuis que j’ai découvert « Le troisième testament » ou « Sanctuaires », j’ai écouté avec curiosité ce dernier nous conter la construction de cette saga dont je n’avais jamais entendu parler. Une fois son interview terminée, je me suis engagé à m’immerger dans cette série au plus vite. Ma découverte a débuté hier soir avec la lecture du premier chapitre intitulé « Juillet-Août 1914 – Les moissons d’acier ». Edité chez Delcourt, cet album de bonne qualité est composé d’une soixantaine de pages. Il est vendu à un prix tout juste inférieur à quinze euros. La couverture nous présente un soldat déployant un drapeau français. Son visage est couvert par un casque. Je la trouve très réussie. Elle est l’œuvre de Enrique Breccia, que je découvre à l’occasion de cette lecture.

Malgré le titre, l’histoire débute en 1911 au Maroc sur un champ de bataille. On découvre un soldat, le visage masqué qui avance d’un pas régulier sans sembler tenir compte des balles qui fusent et des cadavres qui tombent autour de lui. Mais tout à coup, il s’effondre. On le croit mort, ce n’est pas le cas. Il explique à un de ses acolytes qu’il n’a plus de batterie, qu’il ne peut donc plus échapper à son destin. Alors que les ennemis s’apprêtent à arriver sur les lieux, il demande à être exécuté par son ami qui s’exécute. On croit comprendre que ce soldat est le fruit d’une expérimentation scientifique mis au point par un colonel de l’Armée française. Ce projet connaitra un second souffle trois ans plus tard quand le fondateur des Sentinelles découvre la découverte révolutionnaire d’un petit lieutenant de réserve…

Des super hĂ©ros “made in France”.

« Les Sentinelles » est une série intéressante car elle nous offre un des premiers super héros « made in France ». Suite à des expériences menées dans des laboratoires secrets, un colonel et un savant à sa botte ont pour objectif de créer une espèce de super soldat. Le fait de l’intégrer dans la grande Histoire à travers la période de la première guerre mondiale développe un attrait certain. L’histoire s’adresse à un public sensible à ce genre de grande trame historique et dense dans laquelle s’insère parfaitement une dimension fictionnelle travaillée. Il est évident que l’humour et la légèreté ne sont pas de sortie. On est en temps de guerre et le dessinateur fait en sorte qu’on ne l’oublie jamais.

Le scénario est de grande qualité. Les premières pages qui jouent le rôle de prologue sont intenses. A travers les dessins et l’atmosphère qui transpire de la lecture, on est tout de suite dans le vif du sujet. Notre intérêt est happé. Notre curiosité ne cessera jamais d’être séduite tout au long du défilement des pages. La grande toile se met en place. Les personnages apparaissent, les enjeux se découvrent. La densité est grande. La narration ne souffre d’aucun temps mort bien au contraire. On est immergé dans une histoire passionnante. La finalité de cet opus est de nous présenter Taillefer, le nouveau super soldat. Le rythme de la découverte est bien dosé et la dernière page nous laisse sur un sentiment de frustration de ne pas pouvoir en profiter davantage.

Comme je l’ai sous-entendu précédemment, les dessins sont remarquables. Dès la première case, on est bouleversé. Il se dégage réellement quelque chose des pages. La crasse et la violence qui s’en dégage sont intenses et ne laissent pas indemnes. La dimension « boucherie » est vraiment très réussie. Rien n’apparaît surréaliste ou excessif. Bien au contraire, c’est une gifle de réalisme qu’on prend de plein fouet. Je trouve également les personnages très réussis. On n’a aucun mal à se les approprier. Les dessins leur donnent une vraie épaisseur. Je pense que je vais me pencher de plus près sur les parutions nées de la plume d’Enrique Breccia.

En conclusion, j’ai trouvé ce premier opus remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un petit chef d’œuvre. Le scénario, les dessins, le thème, les personnages… Tout est bien construit, intense et travaillé. A l’heure actuelle, trois tomes sont parus. Je ne pense pas que je vais tarder à dévorer les deux qu’il me reste à lire. Pour ceux qui découvrent l’univers de Xavier Dorison à travers cet album, je ne peux que conseiller de découvrir « Le troisième testament » qui vous immergera dans le Moyen-âge pour une tétralogie qui est un chef d’œuvre du neuvième art…

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Note : 18/20

Uchronie(s) – New Beijing, T2 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien Morinière

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Titre : Uchronie(s) – New Beijing, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien Morinière
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux né il y a quelques années. Eric Corbeyran avait scénarisé trois trilogies parallèles : New York, New Byzance et New Harlem. Elles nous présentaient trois réalités uchroniques. La première nous plongeait dans le New York que nous connaissons. La seconde nous immergeait dans un New York qui serait la conséquence de la prise de pouvoir de l’Islam à l’échelle mondiale. Enfin, la dernière nous faisait découvrir  une Amérique dominée par les descendants des Black Panthers. Un dixième album mettait en lien ses trois univers dans un dénouement remarquable. J’avais donc été surpris lorsque j’avais vu apparaître dans les rayons trois nouvelles suites : New Beijing, New Moscow et New Delhi. Les premiers tomes étaient de qualité inégale. Néanmoins, ma curiosité n’a eu aucun mal à me décider à m’offrir le deuxième épisode de New Beijing, sujet de ma critique du jour. Edité chez Glénat, cet opus est sorti le cinq octobre dernier. Aurélien Morinière se voit confier les dessins.

Le site www.fnac.com propose le résumé suivant de cet album : « En cavale, Zack et Ludmilla tentent vaille que vaille de survivre dans l’oppressante New Beijing. De leur côté, Charles et Veronika Kosinski sont en liberté surveillée. Les autorités chinoises, qui les emploient de force, sont intriguées par les visites récurrentes d’intrus qui se volatilisent comme par magie. Dans leur obsession du contrôle, elles espèrent bien que le couple saura apporter des réponses. Corbeyran réédite la recette du succès d’Uchronie[s] avec ces nouvelles réalités parallèles aux destins qui s’entrecroisent »

Le premier acte de cette nouvelle aventure ne m’avait pas complètement conquis. Je n’y avais pas retrouvé la magie qu’avaient générée les trilogies originales. Peut-être était-ce dû à l’absence d’effet surprise ? En effet, le fait que des personnes puissent passer d’une réalité à une autre est maintenant considéré comme acquis. Ce n’était évidemment pas aussi clair dans la première décalogie. J’avais donc ressenti une difficulté pour le scénario à relancer la machine. L’intrigue prenait du temps à trouver son souffle et mon intérêt de lecteur n’avait pas été attisé de manière très intense. J’espérais que tout cela s’emballe un petit peu avec ce deuxième tome.

Faire cohabiter trois réalités

L’intrigue fait ici cohabiter des personnages issus des trois réalités. En effet, deux personnes ici de New Delhi apparaissent dans l’histoire et Ludimilla est incontestablement originaire de New Moscow. Ces interactions font incontestablement partie du charme de la saga. Elles sont ici assez décevantes. Si on met de côté les toutes dernières pages, cet aspect est sous-exploité. J’avais aisément accepté que le premier tome serve à donner vie à l’univers de New Beijing. Je pensais que ce second tome verrait naître un changement de braquet. Ce n’est pas le cas. Je trouve dommage que l’intérêt soit vraiment lancé à une dizaine de pages du dénouement de l’épisode. Les trois premiers quarts sont bien moins intéressants.

Cet album manque d’enjeu d’ampleur. La narration consacre énormément de place à l’évasion de Zack et Ludmilla. On suit leurs pérégrinations pour échapper aux forces de l’ordre. Il n’y a rien de novateur et je regrette que cette chasse à l’homme ne s’avère pas aussi original que le concept scénaristique de la série. A l’opposé l’incarcération de Charles et Veronika est plus intéressante. Leurs recherches forcées recentrent notre attention autour de la matière noire et des différentes réalités. J’ai regretté que ce pan de l’histoire n’occupe pas une place plus importante. La fuite de Zack, trop diluée à mon goût, empêche la densité narrative d’augmenter et de générer ainsi un véritable attrait pour le lecteur.

Les dessins d’Aurélien Morinière ne m’avaient pas conquis lors de ma lecture du premier tome. Je ne peux pas dire que ce second contact ait fondamentalement changé mes sentiments à l’égard de son style. Le trait est appliqué mais manque, à mes yeux, de personnalité. Les illustrations se contentent d’accompagner le texte sans jamais le sublimer. Ils ne génèrent pas d’atmosphère oppressante, envoutante ou au minimum dépaysante. Les couleurs de Johann Corgié sont assez ternes. Néanmoins, je trouve que cette optique colle assez bien au quotidien de la vie à New Beijing.

Au final, ce second acte s’inscrit dans la continuité du précédent. L’histoire n’est pas désagréable mais manque d’ampleur. La narration manque de densité. En refermant l’album, j’ai enfin le sentiment que l’histoire démarre. Je pense que les deux premiers tomes auraient pu être condensés en un sens. Cela aurait rendu la lecture plus intense et prenante. Il ne me reste donc plus qu’à espérer que le dénouement de la trilogie marque un réel changement de braquet qui saura satisfaire pleinement mes attentes. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 11/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien Morinière

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien Morinière
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une série de science-fiction particulièrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulés « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une réalité différente qui se voyaient toutes réunies dans un dixième album. La construction narrative était remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scénariste qui possédait un dénouement à la hauteur de l’idée initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai été surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le même principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la première citée. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours édité chez Glénat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignée des précédents tomes. On y découvre le personnage principal entouré de deux inconnues chinoises. Le second plan nous présente une mégalopole à l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dépaysement. Le point commun avec la saga précédente est évidemment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le célèbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommé Aurélien Morinière que je découvre ici.

L’histoire se place dans la continuité de la première décalogie. Néanmoins, il doit être possible d’entamer la découverte avec cet opus. On y découvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle réalité : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur différent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprète. Suite à une utilisation de monnaie non légale, les trois personnages se voient séparés dans des camps de travail qui les verra découvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenés à jouer un rôle…

Science-fiction & réalités parallèles.

Cet album s’adresse à un public adepte de science-fiction et de réalités parallèles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la série réside dans le fait que chaque réalité correspond à une uchronie relativement crédible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hégémonie du monde musulman. « New Beijing » indique d’après son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intéressant de découvrir un fonctionnement mondial suffisamment différent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre réaliste.

On découvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociétal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la première série. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle présentation et offre ainsi une mise en situation rapide. Néanmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent à tous de maîtriser les grandes lignes du passé du trio. Il est évident que la surprise du fait que les héros peuvent passer d’une réalité à l’autre a disparue depuis les épisodes précédents. Il s’agit d’un prérequis qui ne fait pas naitre la même curiosité que dans la découverte initiale des aventures de Zach. Malgré tout, cette absence de révolution scénaristique est compensée par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quitté avec regret il y a quelques temps.

La difficulté réside à faire renaitre l’enthousiasme à partir d’une recette qui a déjà été optimisée a priori. Le goût n’a pas toujours la même intensité quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dévorer avec appétit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empêché de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongé. La frustration de voir l’album se clore était réelle et gage d’une certaine réussite. L’intrigue n’est pas trop diluée même on espère toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posés dans cet acte sont intéressants dans le sens où ils se démarquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est évident que la matière noire possède un rôle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffère de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivée d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrée remarquée puisqu’il se voit également confié l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne révolutionne pas le genre. Néanmoins, cela n’empêche pas les planches de s’avérer dynamique. Le découpage des cases associé à une capacité à intégrer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scènes faisant intervenir les personnages sont très épurées. Je regrette parfois que les décors n’y trouvent pas une place plus grande. La conséquence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densité et de diversité dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’œuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais génèrent malgré tout une atmosphère à la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir à découvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de déception étaient nombreux mais se sont avérés sans lendemain. Il est évident que cet album n’est que la première marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idée plus précise de l’intrigue. Les premiers indices résideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20

Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mères – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mères
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2014


« Slhoka » est une série qui, de mon point de vue, se détériore depuis que les auteurs ont décidé de lui offrir un second cycle. La première tétralogie était rythmée et divertissante. Elle ne révolutionnait pas le genre « space fantasy » mais offrait un moment agréable de lecture. Le scénariste Ulrig Godderidge et le dessinateur Ceyles ont décidé de poursuivre les aventures de ce héros au puissant pouvoir. « L’Epingle des Ephémères » est le huitième acte de la saga et s’inscrit dans cette suite se déroulant dix ans après l’histoire initiale. Je dois vous avouer que les trois tomes précédents m’ont énormément déçu. Néanmoins, je suis un lecteur fidèle et ai du mal à renier une série que j’ai entamée. Ainsi, je suis parti à la découverte de cette nouvelle aventure avec quelques appréhensions teintées d’un léger espoir d’amélioration…

L’épisode précédent avait laissé Slhoka prisonnier du Jäipurna, dimension parallèle habitée par les Dieux. Son retour dans la réalité s’avère complexe. Le résultat est que Shani a envahi et son enveloppe corporelle et que M’Ma Bay abrite son esprit tout en essayant de la dominer. La situation est claire et explicitée dès les premières pages. Les enjeux sont simples. Il faut mettre la main sur Shani tout en empêchant l’âme de M’Ma Bay de dominer celle du héros.

Pour les adeptes de vaudou et d’esprit possĂ©dĂ©…

Le souci rencontré au cours de la lecture est que la situation finale ressemble comme deux gouttes d’eau à la situation initiale. La différence est que l’esprit n’habite plus une vieille dame aux pouvoirs intrigants mais une jolie jeune femme à l’ambition dévorante. Sorti de cela, il ne se passe rien ! Quarante-six pages pour si peu ! La trame a le droit de faire une pause mais dans ce cas, il faut compenser avec autre chose. Cela peut-être de l’action, de l’humour ou de l’émotion… Il n’y a rien de tout cela. On se contente de suivre un petit groupe déambuler dans ce qui ressemble à un bayou de Louisiane… Les seuls événements qui agrémentent leurs pérégrinations sont des crises existentielles et répétitives de deux esprits cohabitant dans un même corps.

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Je regrette qu’une nouvelle fois Svendaï et Kraa soient absents de l’histoire. La première est une jeune femme avec une forte personnalité dont la relation avec Slhoka est centrale dans l’univers de la saga. Le second est un soldat efficace au caractère bourru qui participe activement à la fibre humoristique de l’ensemble. Leurs mises en hibernation est une raison de la baisse de qualité de la série. De mon point de vue, les péripéties des deux derniers tomes auraient pu aisément tenir dans un seul opus sans être particulièrement dense. Les auteurs diluent leur intrigue. Est-ce pour faire durer le plaisir ou parce qu’ils ne savent pas où ils vont ? Dans les cas, cela donne un résultat narratif particulièrement faible.

Sur le plan graphique, il n’y a rien de révolutionnaire à signaler. Je n’ai pas été un grand fan du changement de dessinateur opéré après le troisième acte. Depuis, je ne peux pas dire que le style de Ceyles m’ait conquis. Je trouve que son style manque de personnalité et que les décors sont dénués d’atmosphères. Je n’ai ressenti ni dépaysement ni oppression ni angoisse. Pourtant le déroulement du scénario laissait de la place à une ambiance dense et prenante. Mais l’occasion n’a pas été saisie et c’est regrettable. Néanmoins, il était difficile de sublimer une trame manquant autant d’aspérités.

Vous l’aurez compris, « L’Epingle des Ephémères » ne m’a pas enthousiasmé. Cet opus confirme la déliquescence de « Slhoka ». Je trouve triste qu’une aventure initialement sympathique et divertissante traine autant en longueur qu’elle en devient horripilante et frustrante. Je doute fortement que la chute en cours puisse être suivie d’une remontée fut elle légère… Mais qui sait ? L’espoir fait vivre…

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Note : 4/20

Slhoka, T7 : L’autre rive – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T7 : L’autre rive
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2013


« L’autre rive » est le septième tome de »Slhoka ». Il est apparu dans les librairies en juin dernier. Edité chez Soleil, il est l’œuvre conjointe de Godderidge, Ceyles et Vincent. Ils s’occupent respectivement du scénario, des dessins et des couleurs. Il s’agit d’un album de format classique dont le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans les tons marron, orange et gris. On y découvre le héros éponyme une arme à la main. Il y est accompagné d’un tigre ailé qui ne nous est pas inconnu. Les paysages apparaissent apocalyptiques. L’atmosphère qui s’en dégage est sombre et inquiétante.

La quatrième de couverture nous présente les mots suivants : « Ishtor, la déesse maudite libérée de sa prison éternelle, veut reprendre le pouvoir des dieux et celui de Slhoka afin de détruire Link-Archoïde. Errant dans les marais des Basboues avec Krk, le bayan des Méandres, Slhoka élabore un plan pour rejoindre Nagaghuli et les autres Déités emprisonnées dans le Jaipurna. Mais comment convaincre les Dieux devenus ses ennemis, de s’unir à lui… »

La lecture du synopsis met rapidement les choses au clair : il est compliqué de se plonger dans cette histoire sans avoir lu les épisodes précédents. Pour résumer succinctement l’ensemble, je pourrais dire que « Slhoka » est une histoire classique construite autour de la notion d’élu. Le héros est au-dessus de ses aventures un simple pilote militaire. Suite à un crash, il atterrit sur une planète qui lui révélera un pouvoir dont il était ignorant. Il devient alors un leader et un symbole à la puissance unique. Le quatrième tome se concluait sur un combat final à grande ampleur. Le deuxième cycle se déroule dix ans plus tard. Slhoka est en pleine dépression et son pouvoir a quasiment disparu. Les deux albums précédents le voient retrouver sa force contraint et forcé devant les enjeux. En effet, une déesse maudite est dans la place et ça ne rigole pas…

Une atmosphère proche du chamanisme.

L’atmosphère de « L’autre rive » est construite autour du chamanisme. Les premières pages nous immergent dans un univers proche des bayous de la Louisiane. Le travail graphique transcrit très justement cette ambiance. La rencontre avec une sorcière locale qui arrive à contacter des forces occultes accentue le phénomène. Dans la deuxième partie, Slhoka passe son temps à voyager entre deux mondes : sa réalité et le monde de Jaipurna. Ce dernier est un univers dans lequel vive les dieux. Sa nature onirique couplée à l’apocalypse qui accompagne la lecture est dans la lignée de la dimension « shamanisme » de l’ensemble.

L’histoire se centre entièrement autour du personnage de Slhoka. La fin de l’épisode précédent concluait sur le héros qui avait repris goût à la vie. Il semblait retrouver des pensées plus positives. La première partie le voit avancer irrémédiable vers un affrontement avec son ennemie. La seconde nous fait vivre le combat. La trame est simple, un petit peu trop. J’ai le sentiment que cet album aurait pu être réduit de moitié sans qu’on ne perde ni intérêt ni information. L’ensemble est assez dilué. Le duel entre les deux combattants traine en longueur. Le fait qu’il se déroule dans un univers parallèle est intéressant car il ouvre des perspectives scénaristiques. Par contre, sa longueur et sa construction les rapprochent trop souvent d’un combat à la « Dragon Ball ». Et ce n’est pas un compliment.

L’une des conséquences de ce choix narratif est de faire totalement disparaitre du décor les personnages secondaires. Le plaisir que je trouvais en découvrant le début de la saga était la galerie de protagonistes qui gravitaient autour de Slhoka. Ces derniers offraient un ton décalé et drôle qui faisait naitre un vrai plaisir de lecture. Tout cela a disparu petit à petit. Le paroxysme est atteint dans cet épisode. Les doigts d’une main suffisent quasiment à compter les intervenants dans cet album. C’est dommage. De plus, le fil conducteur global de la série est de plus en plus dur à suivre. Les trois derniers albums manquent cruellement de liens entre eux. On a la sensation que l’auteur ne sait pas où il va et ce sentiment n’est pas des plus agréables.

Ceyles se charge des dessins depuis le début du second cycle. Je vous avoue que je suis moins sensible à son trait que je ne l’étais à celui du dessinateur des premiers opus. Je ne suis pas un grand de son style qui manque, à mes yeux, de détails. J’aimerai que les personnages possèdent une identité graphique plus forte. De plus, leurs expressions manquent trop souvent de finesse. Par contre, son travail sur les décors est de qualité. Que ce soit dans les marais ou dans le monde des dieux, il arrive à faire naître une vraie ambiance qui nous porte sans mal. Il s’agit incontestablement d’un des points positifs de l’album.

Au final, ce tome est très moyen. Il confirme la difficulté rencontrée par l’auteur à offrir un second souffle à sa saga. La conclure après la fin du premier cycle m’apparait de plus en plus comme la solution qui aurait dû être choisie. Néanmoins, je suis fidèle en lecteur et attendrais avec curiosité le prochain tome avec toujours le même espoir d’y retrouver le plaisir simple que me procurait les premières étapes des aventures de Slhoka. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 6/20

Slhoka, T6 : Les mĂ©andres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les méandres » est le sixième tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’août dernier. Toujours édité chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga né dans l’opus précédent. Je suis les aventures du héros éponyme depuis ses premières aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pérégrinations sympathiques. Elles se déroulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scénariste de cette série est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-là. Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’œuvre d’Adrien Floch. Depuis le départ de ce dernier vers « Les naufragés d’Ythaq », les illustrations sont l’œuvre de Ceyles. La rupture graphique a été rude et m’a été difficile. Néanmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album précédent se déroulait dix ans après le dénouement du précédent. Slhoka, grâce à ses pouvoirs, avait sauvé le monde et avait vu parallèlement sa vie tomber dans le désespoir et l’alcool. C’est globalement cet état de fait que nous présentait le cinquième épisode. On voyait la fine équipe se reformer bon gré mal gré. Le synopsis proposé sur la quatrième de couverture de « Les méandres » présente la situation avec les mots suivants : « La Zeïde a évité le pire grâce au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans réponse : qui se cache derrière les indestructibles rhoukes et les chimères volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyés en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car Shanï, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tête. »

Une intrigue sans grand intérêt.

Le scénariste ne perd pas de temps à nous exposer les prérequis nécessaires à la compréhension complète des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intégralité des tomes de la série avant de me plonger dans « Les méandres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de même au risque d’être perdu au beau milieu d’un sac de nœuds qui ne brille déjà pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire où elle nous avait laissé. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir à retrouver ces personnages familiers réunis à nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractère et les qualités guerrières de la charmante Svendaï, la rudesse et la force du Kraal étaient donc de retour. La réussite de ce type d’histoire réside en partie dans la qualité de son casting. Ces groupes hétérogènes doivent donner lieu à des moments drôles et touchants qui permettent à la trame de se montrer plus épaisse et rythmée. Le plaisir de ce genre de lecture réside avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

Néanmoins, le listing des participants ne suffit pas à garantir la réussite d’un album. « Les méandres » en est la preuve mais, hélas, négativement. L’intrigue y est sans grand intérêt. On ne fait que suivre les différentes crises de colère du héros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est répétitif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas été pénalisée en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait été égarée. Par contre, notre attrait n’aurait peut-être disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement séparés. La place de Svendaï et du Kraal devient très secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le déroulement des événements. Ce dernier s’avère confus et sans grand intérêt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours désagréable commence à naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique née du changement de dessinateur à partir du quatrième tome. Je vous avoue que je préférai le travail de Floch. Ce n’est pas nécessairement une question de qualité pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spécifique du dessin et aurai du mal à argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillés. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excès sans forcément que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la même logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualité des séries du même genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient séduits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvés.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les méandres » a tendance à donner corps à l’idée comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait été plantée dans le tome précédent. Ma découverte de ce dernier opus a tendance à l’arroser de manière soutenue. J’ai du mal à voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son héros. Mais mon affection pour les premières aventures de Slhoka me fait croire que le prochain épisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas éternel… 

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Note : 8/20

Universal War Two, T2 : La terre promise – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T2 : La terre promise
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2014


 Ma découverte de la science-fiction dans le neuvième date de ma rencontre avec Baltimore, Paulo, Amina, Kalish et tous les autres. Ils formaient l’escadrille Purgatory dans une grande saga interstellaire intitulée « Universal War One ». Le premier cycle se composait de six épisodes d’une densité et d’un attrait constants. J’en avais savouré la conclusion car je la trouvais réussie, originale et bien construite.

C’est avec joie que j’ai accueilli la naissance d’une suite à cette belle et longue aventure. En effet, le premier tome de « Universal War Two » est apparu il y a deux ans. Sa lecture m’a confirmé que Denis Bajram n’avait égaré ni son talent ni son sérieux en offrant un album de qualité qui posait de nouveaux jalons intéressants. Le deuxième acte de ce nouveau cycle, « La terre promise », est sorti en librairie le vingt-quatre septembre dernier. Il est le thème de ma critique du jour.

UW22a« La Première Guerre Universelle a été apocalyptique, manquant d’anéantir l’humanité. Dans le système solaire, la situation des survivants reste bien précaire. Ce semblant de paix vient d’être brisé par un effrayant et mystérieux ennemi, capable de faire disparaître le Soleil lui-même ! Réfugiés sur la lointaine Canaan, les plus sages humains ne savent que plus que faire. Ce conflit embrasera-t-il toute la galaxie ? Ici continue la Deuxième Guerre Universelle. »

Un certain manichéisme.

C’est avec ses mots que l’auteur nous présente les enjeux de ce nouvel affrontement. Je dois vous prévenir que se lancer dans cette suite sans aucune connaissance du conflit précédent me semble périlleux. En effet, « UW1 » possède une densité telle qu’elle est un prérequis, de mon point de vue, indispensable à l’enchaînement vers cette nouvelle lecture. L’univers est complexe et le scénario riche. Bajram s’évertue à en rappeler les grandes dates au cours de ce nouvel album mais je ne suis pas sûr que cela suffise pour maîtriser l’ensemble de la trame.

UW22cLe tome précédent m’avait plu et rassuré quant à la qualité de ce nouveau départ. J’appréhende souvent les suites ou les spins offs. Ils sont trop souvent d’immenses déceptions dont le succès surfe sur la nostalgie de ses lecteurs envers l’œuvre originale. « UW2 » ne semblait pas appartenir à cette catégorie. J’étais donc plein d’entrain en découvrant les premières pages de « La terre promise ». Je n’ai eu aucun mal à m’y immerger. J’ai retrouvé avec plaisir les personnages et avec curiosité une situation pour le moins instable. Les gentils et les méchants étaient bien marqués. On pourrait dénoncer un certain manichéisme. La gentille est vraiment très gentille et le méchant dénué de toute qualité apparente. Néanmoins, cela permet une empathie assez forte à l’égard de Théa. A l’opposé, son cousin est profondément antipathique.

Sur le même principe, la trame est plus claire que dans le précédent cycle. Je ne sous-entends pas que la narration manque d’attraits ou de densité. Mais, je ne retrouve pas la complexité jouissive des six premiers albums. Les événements s’enchaînent de manière linéaire et laisse moins le lecteur dans l’ombre. Sous certains aspects, je regrette de ne pas avoir besoin de lire plusieurs fois chaque planche avant d’en comprendre tous les messages. La lecture est maintenant plus aisée. Elle est agréable mais pas aussi mémorable.

Sur le plan graphique, le trait de Barjam conserve sa précision. Il arrive à créer un univers très précis et réaliste. Chaque vaisseau et chaque bâtiment sont précisément affinés. Les scènes spatiales restent mes préférées. Je les savoure d’autant plus qu’elles sont plus rares que précédemment du fait du scénario. L’ambiance est crédible mais le dépaysement est moins intense qu’au début. Il faut dire que le lecteur a pris ses habitudes…

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Pour conclure, « La terre promise » est une suite honnête et réussie aux aventures des descendants de Kalish. Sa dimension futuriste et sa capacité à jouer avec le voyage dans le temps continue à me ravir. Le côté mystérieux de ce triangle reste constant et alimente la curiosité. Le fait que « UW2 » me fasse moins chavirer que « UW1 » ne m’empêche de conseiller les adeptes du genre. La qualité est toujours là…

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Note : 13/20

Universal War Two, T1 : Le temps du dĂ©sert – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T1 : Le temps du désert
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2013


Universal War One est ma série de science-fiction préférée. J’ai eu le plaisir de découvrir régulièrement la sortie de chacun des tomes de cette grande saga du neuvième art. J’avais succombé sous le charme de ce scénario complexe et travaillé. Il maîtrisait le voyage dans le temps avec une maestria assez remarquable. Le dénouement du sixième et dernier tome offrait une conclusion à la hauteur de l’intrigue. Cela ne m’a pas empêché d’être agréablement surpris de voir que cette grande aventure allait connaître une suite intitulée sobrement Universal War Two. Le premier tome s’intitule Le temps d’un désert. Il est édité chez Casterman et sa parution date du vingt et un septembre dernier. Il est toujours l’œuvre de Denis Bajram.

UW21cLa quatrième de couverture propose le résumé suivant : « La Première Guerre Universelle a été apocalyptique. L’humanité a manqué d’être anéantie en même temps que la Terre. Et la situation des survivants reste dramatique partout dans le système solaire. Sur Mars, on observe avec inquiétude le soleil mourir, dévoré par l’ultime wormhole laissé par la dictature. Après quelques années de paix, c’est une nouvelle tragédie qui se prépare. Et cette fois, elle embrasera toute la galaxie. »

Ecrire une suite est quelque chose de complexe. En effet, le lecteur s’y plonge avec la nostalgie du plaisir ressenti en lisant la série originale. Il est toujours difficile de répondre à des attentes élevées. C’est donc plein d’espoirs que j’ai découvert la première page de ce nouvel album. Il se situe quelques années après le dénouement du cycle précédent. La conséquence est que la continuité n’est pas trop compliquée à reformer. Je n’ai eu aucun mal à prendre mes repères dans cette période post-apocalyptique. Par contre, je me dois de préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier cycle pour maîtriser tous les tenants et les aboutissants de la trame.

L’auteur ne se refuse rien

Cet opus est un nouveau départ. Il nécessite donc de remettre la machine en marche. Bajram ne s’en sort pas trop mal. La narration n’est pas rouillée et les nouveaux enjeux sont rapidement présentés. La situation est claire et les personnages sont installés. J’étais évidemment curieux de savoir ce qu’étaient devenus mes héros familiers. Ils sont évoqués sans excès. Je n’ai donc eu aucun mal à me plonger dans cet univers que j’appréciais temps. J’ai ressenti le plaisir de retrouver un monde familier auquel j’associais de très bons souvenirs.

UW21aL’auteur ne se refuse rien. Il s’offre une machine apte à faire disparaître le soleil à moyen terme. Ce n’est pas rien ! Le fait de détruire la Terre dans la première saga ne lui avait pas suffi. D’ailleurs les événements s’enchaînent assez vite. Le fait que le wormhole soit connu fait disparaitre le côté mystérieux qui habitait la première saga. Le suspense ressenti était donc moins intense que je l’espérais. J’ai été moins surpris que je le supposais au cours de ma lecture. Néanmoins, je ne me suis pas ennuyé, loin s’en faut. La trame est relativement dense. L’auteur ne se perd pas en digression. C’est agréable car beaucoup de premiers tomes ont ce défaut. La fin de l’album laisse le lecteur plein de questions bien qu’il l’ait abreuvé d’informations tout au long de la cinquantaine de pages qui compose ce tome.

Concernant les dessins, le travail est sérieux et appliqué. Les illustrations spatiales sont remarquables et facilitent le dépaysement. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer dans l’espace sur des planètes inconnues. Les décors et les vaisseaux sont également très détaillés et raviront les adeptes de Star Wars. Concernant les personnages, je suis moins sous le charme. Malgré tout, ils possèdent suffisamment d’identité graphique pour que je me les approprie au cours de ma lecture.

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En conclusion, ce nouveau cycle débute sur des bases sérieuses. Je suis optimiste quant à l’évolution de cette nouvelle aventure qui pourrait se montrer à la hauteur de son prédécesseur. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain tome. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai découvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat à travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais été conquis par la qualité de cette uchronie tant sur le plan du scénario que du dessin. Les différents spin-off qui ont succédé à cet ouvrage ont confirmé le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiosité que j’avais vu naître leur nouveau projet intitulé « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait posséder un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmé. Le troisième épisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine dernière avec envie.

J’y ai retrouvé avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait découvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en était suivi un effondrement des gouvernements et le terreau était propice à la poussée de nouveaux mouvements extrémistes pour diriger le monde. Les derniers événements en date avaient vu les héros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quête d’éradiquer de la planète les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.

La coalition menĂ©e par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle Ă©tape de routine vers le succès. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau mĂ©chant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien gĂ©nĂ©rale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminĂ© perdu au milieu d’un village, il s’avère bien plus dangereux que cela. Le souci est que les hĂ©ros s’en sont peut-ĂŞtre rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine Ă©quipe tombĂ©e dans un piège. C’est captivant car plein de surprise. Cela gĂ©nère un nouveau souffle Ă  l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les pĂ©ripĂ©ties sans jamais tomber dans la rĂ©pĂ©tition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitée la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitée pour donner de l’ampleur à la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiéter sur la place laissée aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la série et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intérêt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particulièrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gâchette. Et parallèlement, on se laisse toucher par ses écorchés vifs que la vie n’a pas épargnés. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait séduit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme à chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dément pas cet état de fait. Son coup de crayon possède une personnalité forte et appréciable. Que ce soit les visages ou les scènes de paysage, les détails sont de sortie. Il a également un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scènes de combat. Sa capacité à dégager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces dernières années.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualité constante de cette série. Sans être un monument d’originalité, sa trame est rythmée et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaître la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir à la découverte de cette communauté pas comme les autres…

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Note : 14/20