Écumes


Titre : Écumes
Scénariste : Ingrid Chabbert
Dessinatrice : Carole Maurel
Parution : Février 2017


Très productive ces dernières années, Carole Maurel se fraye une place dans nos bibliothèques grâce à son dessin tout en douceur. Avec « Écumes », elle s’adjoint une nouvelle fois à une scénariste et sur un sujet très féminin. Tirée de l’histoire personnelle d’Ingrid Chabbert, l’ouvrage raconte la difficile remontée de pente lors du deuil d’un enfant. Le tout est paru chez Steinkis et pèse 80 pages.

Un sujet dur traité trop pudiquement.

Elles s’aiment. Après des années d’attente, l’un d’elles tombe enceinte. Mais la grossesse est compliquée et l’enfant décède peu après sa naissance. Comment se relever après une telle épreuve ? S’entame alors le processus de deuil pour la jeune femme qui va tout mettre dans l’écriture pour se relever.

Cet album m’a laissé complètement de côté. Pourtant, je suis très sensible au trait de Carole Maurel et partait avec un a priori positif sur l’ouvrage. Le choix des auteures de laisser peu de place à la parole est louable, mais il ne fonctionne pas ici. Les cauchemars, les passages oniriques ou métaphoriques sont en soit un type de narration intéressant lorsqu’il est bien exploité. Mais ici, on ressent avant tout une démarche de pudeur. Ainsi, on vit les moments où ça va mieux en mode réaliste et les passages difficiles en mode onirique. Cela atténue la dureté de l’ouvrage, peut-être trop.

Au-delà de la narration pure, l’histoire regarde ses personnages de trop loin. On n’est pas attaché à eux, on ne connaît pas vraiment leur histoire. Du coup, les évolutions, rapides, sont observées plus que ressenties. Ingrid Chabbert fait un choix courageux en s’inspirant de son histoire, mais elle ne va pas au bout de la démarche, par pudeur certainement. Dans des ouvrages sur des sujets similaires, c’est justement la mise à nu du personnage qui en fait la force. On n’a rarement accès aux pensées de la jeune femme. Tout n’est que ressenti dessiné de façon intéressante, mais peu touchante. Bref, si l’intention est bonne, le résultat ne fonctionne pas vraiment. En tout cas sur un public qui n’a pas connu la même chose.

Graphiquement, Carole Maurel fait le job. Son trait est toujours aussi agréable. Le passage en noir et blanc, puis l’ajout de couleurs par petites touches est aussi formellement intéressant mais peu exploité réellement. On ne va pas non plus râler lorsque les auteurs tentent des choses, mais on aurait aimé que ces ajouts de couleurs soient puis puissants, plus marquants. Qu’ils aient plus de sens.

« Écumes » m’a laissé froid malgré ses intentions graphiques et narratives. Trop pudique sur un sujet difficile à traiter, il parlera certainement à des personnes ayant vécu des expériences similaires. Pour ma part, je me suis senti très observateur face à l’album qui se lit trop vite pour vraiment s’y plonger. Dommage.

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