La mort de Staline, T2 : Funérailles


Titre : La mort de Staline, T2 : Funérailles
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Mai 2012


En mai dernier, est sorti dans les libraires le deuxième tome du diptyque « La mort de Staline ». Ce second épisode s’intitule « Funérailles ». Il est édité chez Dargaud et se compose d’une soixantaine de pages. Son prix avoisine quatorze euros. J’avais été attiré vers cette histoire par le nom de son scénariste. Fabien Nury est un des meilleurs auteurs français actuels. « W.E.S.T », « Je suis légion », « Il était une fois en France », « Atar Gull » sont tous des petites merveilles du neuvième art. Je n’ai donc hésité une seconde en apprenant l’apparition de cette nouvelle aventure. Par contre, le dessinateur avait lequel il collabore ici m’était inconnu. Il s’agit de Thierry Robin. La lecture du premier acte ne m’a fait pas regretter la rencontre. Il nous offre d’ailleurs une ravissante illustration sur la couverture. On assiste aux funérailles de Staline dans des tons gris et rouge qui attirent le regard. La cérémonie est dominée par un immense portrait du dictateur qui matérialise bien l’emprise de ce dernier même mort.

Une transcription historique non-revendiquée.

Le site BDGest présente le synopsis suivant : «  Funérailles est le 2e et dernier tome de La Mort de Staline, un vrai faux récit historique signé par deux grands noms de la nouvelle BD française : Fabien Nury et Thierry Robin. 8 mars 1953, la mort de Staline est annoncée. La nouvelle retentit dans le monde entier. Venus des confins de l’Union soviétique, des millions de civils affluent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au «petit père des peuples». Tandis que se préparent des cérémonies exceptionnelles, une lutte sans merci fait rage au sein du Politburo. Qui succédera à Staline ? Beria, Malenkov, Khrouchtchev ? »

Ce diptyque ne revendique pas une transcription historique rigoureuse. En introduction, les auteurs nous avertissent avec les mots suivants : « Bien qu’étant inspirée de faits réels, cette histoire n’en demeure pas moins une fiction, librement construite d’après une documentation parcellaire, parfois partiale et souvent contradictoire… Les auteurs précisent toutefois qu’ils n’ont guère eu besoin de forcer leur imagination, étant incapables d’inventer quoi que ce soit d’équivalent à la folie furieuse de Staline et de son entourage ». Cette introduction met les choses au clair et évite toute analyse pointilleuse du propos qui nous est conté. Il m’apparait indispensable de lire le premier tome avant de se plonger dans ces « Funérailles ». L’acte un de l’histoire se concluait par le décès du dictateur et nous avait offert la présentation d’une galerie dense de personnages. Ces derniers se retrouvent au centre de l’histoire maintenant que le grand chef est mort et que la nature a horreur du vide…

L’attrait du scénario de cet ouvrage réside dans la lutte pour le pouvoir menée par les différents hauts membres du parti communiste. Nury a un vrai talent pour faire cohabiter beaucoup de protagonistes et une intrigue dense sans pour autant nous lasser ou nous perdre. La quantité d’informations divulguées couplée aux nombreuses interactions entre les personnages peut nous noyer. Ce n’est absolument pas le cas. Le scénariste arrive à doser les propos et les dialogues de telle manière qu’on les digère avec plaisir sans friser l’indigestion. Une nouvelle fois, Nury offre une narration intense, passionnante dans laquelle on s’immerge immédiatement. Son uchronie est suffisamment bien construite qu’elle apparait crédible et réaliste. C’est un vrai travail d’orfèvre que peu d’auteurs arrivent à offrir.

En plus de cela, Fabien Nury a la capacité de s’associer à des dessinateurs à l’univers personnel et original. Thierry Robin fait passer « La mort de Staline » de réussite à chef d’œuvre. Il possède un trait unique qui m’a tout de suite conquis. De plus, il arrive à varier les angles de vue faisant ainsi en sorte qu’aucune planche ne ressemble à une autre. Il arrive également maitriser autant les moments de dialogues que les planches contemplatives dénuées de texte. Pour ne rien gâcher, le travail sur les couleurs est remarquable. Robin s’est associé à Lorien Aureyre pour cette partie du travail. De leur duo nait un vrai bonheur visuel pour lequel on se doit de les remercier.

En conclusion, « Funérailles » conclut merveilleusement ce diptyque consacré à la mort du célèbre dictateur. La performance scénaristique est d’évoquer Staline et son emprise alors qu’il est mort. La description n’en est que plus intense et inquiétante. Je ne peux donc que vous conseiller de vous offrir cette histoire. Elle est originale et vous offre un voyage des plus enrichissants. Ce n’est déjà pas rien… 

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