Le loup


Titre : Le loup
Scénariste : Jean-Marc Rochette
Dessinateur : Jean-Marc Rochette
Parution : Mai 2019


De Jean-Marc Rochette, je ne connais que « Le transperceneige » que j’avais découvert après avoir adoré le film. Suite à une interview dans un magazine, je découvre les planches de son projet « Le loup ». Le propos semble assez politique, j’hésite. Mais en librairie, avec le livre entre mes mains, je craque devant la beauté des planches. Le tout est publié chez Casterman pour près de 100 pages au format comics.

Une one-shot accompli.

« Le loup » est une histoire entre deux être : un berger et un grand loup blanc. Au début du livre, ce premier tue la mère du second. Au fur et à mesure des années, des envies de vengeances vont naître chez chacun. Car le berger est aussi un chasseur. Dans cet univers de montagne, vide de tout ils sont s’affronter.

Jean-Marc Rochette décrit dans une première partie le problème de la réintroduction du loup dans les montagnes. Les troupeaux sont régulièrement attaqués, voire décimés. Mais le berger ne peut rien y faire : les autorités protègent les loups. Sauf que la montagne, cette vallée, c’est son territoire. L’hiver, il s’isole quatre mois, seul avec son chien. Alors personne ne viendra l’empêcher de mener sa traque. Se lance alors une deuxième partie pleine de suspense.

Avec peu de choses, Jean-Marc Rochette nous construit un personnage qui n’a rien à perdre puisqu’il a déjà tout perdu. Son jusqu’au-boutisme est au cœur de l’ouvrage. Et quand la chasse commence, un troisième protagoniste s’invite dans la partie : la montagne. « Le loup » est un très bel ouvrage sur la montagne : sa puissance, sa force, son côté implacable. C’est elle qui décide de tout.

Au niveau de la narration, Rochette fait preuve de créativité. Il utilise aussi bien de longs moments silencieux, des passages dialogués et d’autres avec beaucoup de narration (très bien écrite par ailleurs). Il utilise pleinement les codes de la bande-dessinée pour dramatiser ses effets. C’est du très beau travail.

Concernant le dessin, ce roman graphique est somptueux. Le trait est gras, bleuté, hachuré… D’une grande force, brut et pourtant maîtrisé. Il participe fortement à l’immersion dans cette histoire. C’est beau, simplement et au service de ce qui y est raconté.

« Le loup » est un ouvrage fort. De l’aventure, des émotions et l’affrontement entre nature et l’Homme tient ses promesses. On aurait pu avoir peur d’un côté didactique, ou simplement à charge contre une politique de réintroduction, mais c’est bien plus subtil que ça. Un one-shot accompli et réussi à lire d’urgence !

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