Marzi, T1 : Petite carpe


Titre : Marzi, T1 : Petite carpe
Scénariste : Marzena Sowa
Dessinateur : Sylvain Savoia
Parution : Juin 2005


Je suis tombé sur une bande-dessinée à la bibliothèque nommée « Marzi ». Ayant eu l’occasion de voir les auteurs en interview dans l’émission « Un monde de bulles », je me suis décidé à emprunter les premiers tomes, sans trop savoir ce que cela donnerait. Marzi est une petite fille ordinaire qui vit en Pologne au début des années 80. Autant dire que le communisme influence quelque peu le mode de vie de l’époque. Mais Marzi est jeune et voit tout ça d’un œil bien innocent. Le tout est scénarisé par Marzena Sowa qui, étant donné son prénom, apporte des éléments autobiographiques à cette bande-dessinée… Le dessin est assuré par Sylvain Savoia. L’ouvrage, quant à lui, est paru aux éditions Dupuis. 

Une vue d’enfant du communisme.

J’avoue que ce genre d’œuvres à portée autobiographique m’attire autant qu’il m’inquiète. Si l’histoire est souvent intéressante à lire, les procédés narratifs sont ils à la hauteur ? Ici, pas de grande histoire : tout est raconté par anecdotes, de la plus insignifiante aux plus importantes. Dans ce premier tome, rien d’exceptionnel d’ailleurs. On y découvre des enfants qui jouent dans la cage d’escalier, les files d’attente au magasin et la puissance de la religion en Pologne. C’est la petite Marzi qui en est la narratrice. Chaque page est construite avec six cases carrées dans lesquels la narration de la petite fille ne s’arrête jamais. Celle-ci est dense et la grande majorité des cases sont muettes. Ainsi, Marzi observe les adultes, sans trop comprendre tous les tenants et les aboutissants. 

Ce procédé narratif m’a un peu inquiété au début. J’avais peur qu’il ne soit un peu lourd. Force est de constater que c’est une des grandes qualités de l’ouvrage. En effet, le ton employé, faussement innocent et enfantin, fait mouche. Quand Marzi dit ne pas comprendre quelque chose, le lecteur, lui, comprend.

Heureusement, en dehors de l’aspect purement documentaire « La Pologne en 1983 », les auteurs savent très bien retranscrire les sentiments d’une petite fille ordinaire : l’envie de s’amuser, les parents qui ne lui parle que pour les reproches, la solitude de la fille unique… Marzi est rendue très attachante car elle n’aspire finalement pas à grand-chose, mais est souvent contrariée par les adultes. En parvenant à parler à la fois de la vie sous le communisme, mais aussi de la vie d’une petite fille, les auteurs ont pris un angle original qui fonctionne très bien. Une vraie réussite.

Concernant le dessin, je ne connaissais pas Sylvain Savoia et force est de constater que son trait est parfaitement adapté au propos. Il accumule sans peine un nombre incalculable de cases muettes dont la grande majorité représente Marzi. Et pourtant, à aucun moment on ne sent une forme de répétition s’installer. De plus, avoir dessiné Marzi avec ses grands yeux bleus et expressifs renforce l’empathie pour le personnage. Malgré l’utilisation d’un gaufrier rigide, les plans sont variés et les cases détaillées. 

Au final, j’ai beaucoup apprécié cette bande-dessinée. Originale dans sa narration et intéressante à de multiples niveaux, l’empathie que l’on ressent pour le personnage principal est très forte. Et l’on n’attend qu’une chose : de voir grandir Marzi dans les prochains tomes !

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