Goliath

Goliath


Titre : Goliath
Scénariste : Tom Gauld
Dessinateur : Tom Gauld
Parution : Mai 2013


Ayant beaucoup entendu parler de Tom Gauld ces derniers temps ainsi que de son dernier ouvrage intitulé « Goliath », je me suis décidé à découvrir l’univers de cet auteur britannique. Son livre est paru à L’Association, dans la collection Espôlette. C’est un format A5 qui nous est proposé, avec près de 90 pages de lecture.  Continuer la lecture de « Goliath »

Carnet du Pérou

CarnetDuPerou


Titre : Carnet du Pérou, sur la route de Cuzco
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Octobre 2013


Lorsque « Carnet du Pérou » est sorti, j’ai pesté contre Fabcaro. Qu’est-ce qui avait piqué l’auteur pour partir dans un carnet de voyage ? Bien mal m’en a pris, puisque le dessinateur avait créé une supercherie avec ce livre. Il était temps de rattraper mon retard sur ce bouquin, publié logiquement chez 6 pieds sous terre. Continuer la lecture de « Carnet du Pérou »

In God we trust

InGodWeTrust


Titre : In God we trust
Scénariste : Winshluss
Dessinateur : Winshluss
Parution : Novembre 2013


Après avoir rafflé un Fauve d’Or au Festival Internationale de la Bande-Dessinée d’Angoulême en 2009 pour « Pinocchio », Winshluss était forcément très attendu. Cinq longues années plus tard, il accouche de « In God we trust », un pavé d’une centaine de pages proposant une relecture de la Bible, que l’on devine bien trash. Le tout paraît aux éditions Les Requins Marteaux et coûte la bagatelle de 25 euros. Continuer la lecture de « In God we trust »

La favorite

LaFavorite


Titre : La favorite
Scénariste : Matthias Lehmann
Dessinateur : Matthias Lehmann
Parution : Avril 2015


À force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver à me le procurer. La bande dessinée de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intéressant couplé à une histoire intrigante. Mais les promesses étaient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pèse pas moins de 150 pages. Continuer la lecture de « La favorite »

Metronom’, T5 : Habeas Mentem

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Titre : Metronom’, T5 : Habeas Mentem
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Novembre 2015


« Métronom’ » est une série qui m’avait intéressé parce qu’elle était scénarisée par Eric Corbeyran. J’ai toujours eu de l’intérêt pour le travail de l’auteur bordelais depuis que j’ai découvert « Le chant des Stryges ». Je m’étais donc laissé tenter par cette aventure futuriste née il y a quelques années. Cette saga se conclut avec la parution récente de son cinquième acte intitulé « Habeas Mentem » il y a quelques semaines. J’apprécie le fait que l’histoire ne s’étire pas indéfiniment et trouve son conclusion dans un délai respectable. Je trouve que les sagas qui s’étalent sur un nombre trop important de tomes ont tendance à voir leur qualité et leur intérêt décroitre au fur et à mesure que les épisodes s’accumulent. Continuer la lecture de « Metronom’, T5 : Habeas Mentem »

Metronom’, T3 : Opération suicide

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Titre : Metronom’, T3 : Opération suicide
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Septembre 2012


« Metronom’ » est une série qui avait attisé mon intérêt par le nom de son scénariste. Eric Corbeyran est un auteur que j’apprécie depuis que j’ai découvert « Le chant des stryges », « Le maître de jeu », « Uchronies » ou encore « Pavillon noir ». Il est très productif. Il s’avère donc compliqué de s’offrir l’intégralité de sa bibliographie. Il faut donc faire des choix de temps à autre. « Metronom’ » m’avait attiré par sa thématique. On se trouve au beau milieu d’un récit d’anticipation. Je suis toujours intrigué par ce type d’histoire. Cette saga est toujours en cours d’écriture et se compose actuellement de trois albums. Ma critique porte sur le dernier d’entre eux intitulé « Opération suicide » qui est apparu dans les rayons le dix mars dernier. La couverture nous présente les deux héros menottés sous un ciel étoilé qui nous laisse croire qu’ils se trouvent dans l’espace.

Il est évident que commencer l’histoire par cet opus rend les choses compliquées. Les prérequis sont indispensables dans ce type de scénario. Je me garderai de rentrer trop dans les détails afin que tout le monde puisse se faire une idée du bouquin sans pour autant se voir révéler des choses importantes ou être noyé par un amas trop dense d’informations. La quatrième de couverture présente succinctement l’esprit de la trame : « Dans un avenir proche, au sein d’une société totalitaire qui écrase l’individu au profit de la toute puissance et du mensonge étatiques, une femme mène un combat pour découvrir les raisons de la disparition mystérieuse de son mari parti en mission spatiale… »

Le mur totalitaire semble s’effriter.

La femme en question se prénomme Lynn. Accompagnée d’un journaliste en quête de vérité, elle se trouve sur une navette spatiale à la recherche de son mari. Alors que leur mission est en passe d’être menée à bien, ils se retrouvent arrêtés sur place. On la retrouve donc dans une cellule. Elle vient d’apprendre que son conjoint a succombé à un virus inconnu. Voilà où démarre la narration de ce nouvel acte. Il nous plonge pleinement dans la résistance contre la dictature au pouvoir. Il poursuit l’évolution régulière de la série. Le premier épisode était une présentation du quotidien liberticide de la société. Le deuxième voyait naitre des voix dissonantes dont le rapport de force apparaissait disproportionné. Dans ce nouveau tome, les deux héros rencontrent les rebelles et une organisation qui nous était jusqu’alors inconnue. On voit donc naitre un espoir. Les préparatifs d’un grand jour semblent se mettre en place. Sur ce plan-là, l’atmosphère de la lecture diffère quelque peu de celle des actes précédents. Le mur totalitaire semble s’effriter.

Néanmoins, la narration n’est pas non plus totalement positive et sans accroc. Lynn subit de nouvelles épreuves qui alimentent l’empathie qu’on ressent à son égard. De même, le personnage du journaliste consolide l’attrait qui génère. Son rôle est important tant pour l’avancée de la trame que pour notre curiosité primaire pour les protagonistes. Parallèlement, certains personnages secondaires prennent une ampleur certaine. Par leurs actes, ils quittent l’ombre et voient naitre un rôle important quant à l’issue de l’histoire. Les différents personnages prennent une épaisseur qui n’était pas aussi poussée jusqu’alors. Néanmoins, tout cela n’empêche pas le sentiment que l’intrigue est un petit peu diluée. Une fois l’ouvrage terminé, j’ai eu le sentiment que le rythme aurait pu être plus soutenu. Le scénario nous offre des bribes d’évolution et de changement sans pour autant lancer réellement la machine. On peut donc supposer que le prochain tome se montrera plus dense et intense du fait que les jalons auront été posés dans « Opération suicide ».

Cette série a été l’occasion pour moi de découvrir un nouveau dessinateur. Il se nomme Grun. Son style accompagne parfaitement le propos qui alimente la lecture. Le trait est précis. Que ce soit les personnages ou les décors, rien n’est pas bâclé. Le ton est classique est conviendra à un public large. Les personnages possèdent chacun leur identité graphique malgré des expressions relativement mesurées. Je trouve que le travail de Grun est sérieux. Il met en valeur la narration à défaut de la transcender. L’identité chromatique est par contre évidente. Toutes les planches se construisent majoritaire autour des teintes de bleus et de marrons. Cela rend originale les pages et participe à l’empreinte de la série.

En conclusion, « Opération suicide » est un ouvrage sérieux et de qualité. Il est dans la lignée des deux précédents. Les trois actes forment une entité unique et se lisent à la suite l’un de l’autre sans effort. Néanmoins, « Metronom’ » reste un récit d’anticipation classique et qui contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là ne révolutionnera pas le genre. Malgré tout, on a à faire à une saga construite avec application qui se découvre avec plaisir. Ce n’est déjà pas si mal. Il reste donc à attendre la parution du quatrième tome pour en savoir davantage. Mais cela est une autre histoire…

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note3

Le guide du mauvais père, T3

LeGuideDuMauvaisPere3


Titre : Le guide du mauvais père, T3
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2015


Après avoir obtenu le fauve d’or pour ses carnets de voyage (l’aboutissement étant Les Chroniques de Jérusalem), Guy Delisle s’est lancé dans une série bien moins sérieuse retraçant son quotidien d’homme au foyer qui s’occupe de ses deux enfants. Le tout est publié chez Shampooing, au format manga noir et blanc.

Le livre reprend des saynètes entre le père et son fils ou le père et sa fille. Le tout est essentiellement basé sur des dialogues où Guy Delisle est en décalage avec la personne qu’il a en face. Soit il tente des techniques d’éducation fumeuse, soit il traite ses enfants comme des adultes. La plupart du temps, il fait preuve de beaucoup mauvaise foi, d’où le titre de l’ouvrage !

On attend avec impatience une intégrale.

LeGuideDuMauvaisPere3aDans ce troisième tome, Guy Delisle ne faiblit pas. Les scènes sont drôles, toutes réussies et les dialogues truculents. Même si la mécanique est bien huilée, c’est un véritable plaisir de lecture. Hélas, le fait que seulement deux dessins (voire un seul) soient imprimés par page fait que l’ouvrage se lit très vite et on reste immanquablement sur sa faim. Comme pour les précédents, c’est le format choisi par l’éditeur pour ces recueils de blog qui est à blâmer. Tout ça se lit trop vite. À 10 euros le livre, on préférerait une intégrale plutôt que trois petits bouquins, quitte à avoir un livre plus grand ou plus épais.

Du coup, le dessin de Guy Delisle, plutôt agréable dans ses carnets de voyage, paraît ici plus limité, presque flemmard. Très peu de décors, des personnages statiques… C’est très limité, même si c’est efficace. Alors ce qui passe sur écran passe beaucoup moins sur papier. Clairement, des petites scènes animées et dialoguées seraient l’idéal. Le passé de Guy Delisle dans l’animation peut-il nous faire rêver ?

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Comme pour beaucoup d’ouvrages de cette collection, on ne peut qu’être rebuté devant la rapidité de lecture et l’aspect des dessins vite faits, en copier-coller. Malgré tout, il ne faut pas que cela cache l’humour percutant de l’auteur et la qualité constante de ses saynètes. Bref, un livre parfait à prendre en bibliothèque ou à se faire prêter. Pour l’acheter, c’est à vous de voir.

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note3

Comment faire fortune en juin 40

CommentFaireFortuneEnJuin40


Titre : Comment faire fortune en juin 40
Scénaristes : Fabien Nury & Xavier Dorison
Dessinateur : Laurent Astier
Parution : Septembre 2015


« Comment faire fortune en juin 40 » m’a tout de suite attiré lorsque j’ai vu la présence conjointe de Fabien Nury et de Xavier Dorison sur la couverture. Le fait que deux de mes scénaristes préférés participent à ce projet garantie à mes yeux une qualité remarquable à l’ouvrage. La couverture de l’album laisse présager une histoire rythmée et le titre fait naître des perspectives intéressantes. Bref, la première impression générée par ce livre est largement positive et m’incite à m’y plonger rapidement.

« Braquer deux tonnes d’or à la Banque de France, ça paraît difficile… mais en plein exode, dans un pays à feu et à sang, c’est faisable. » Voilà les mots qui accompagnent la quatrième de couverture du bouquin. Cela annonce un programme haut en couleurs ! Ce court texte est associé au portrait de quatre personnages : deux d’entre eux sont munis d’une arme à feu, un autre tient sévèrement une clé à molette et le dernier une ravissante jeune femme muni d’un bâton de dynamite. Bref, tout ce petit monde n’est pas là pour rigoler !

L’histoire d’un casse.

CommentFaireFortuneEnJuin40bIl s’agit donc de l’histoire d’un casse. Un fourgon doit véhiculer deux tonnes d’or de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici l’occasion de s’offrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc à suivre le camion blindé pour saisir l’occasion de mettre la main dessus. Le problème est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et l’armée allemande bombarde. Tout ne va donc pas être aussi simple que prévu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.

Malgré le classicisme de l’objectif – mettre la main sur un butin – l’intrigue est pleine de surprises et de rebondissements. La fine équipe enchaîne les complications sur le chemin de la fortune. Le scénario est dense et la lecture ne connaît aucun temps mort. Chaque léger moment de calme n’est que le prémisse d’un nouveau problème. L’adaptabilité des héros est mise à rude épreuve tant leur plan qu’ils pensaient être réglé comme du papier à musique va être souvent remis en cause. Le rythme de la narration est un modèle du genre. Les cent pages ne cessent pas de monter en puissance et en intensité. L’histoire est une véritable spirale infernale pour les protagonistes.

CommentFaireFortuneEnJuin40cCette densité scénariste m’avait évidemment beaucoup plu et a alimenté de manière constante ma curiosité. Mais mon attrait a également été facilité par la présence d’un casting quatre étoiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composé de personnalités intéressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse qu’on n’est pas assez vite d’accord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fée font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il n’y a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplée à leur côté « Pieds nickelés » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. L’écriture des dialogues est plutôt sympathique. Je me suis très vite attaché aux protagonistes et ai été soucieux de leur devenir dès les premières pages.

J’ai également beaucoup apprécié les dessins de Laurent Astier. Je trouve qu’il a un trait qui colle parfaitement avec l’époque à laquelle se déroulent les événements. Je trouve ses illustrations très travaillées. Les détails sont nombreux et donnent ainsi pleinement vie aux décors. De plus, les différents personnages possèdent une personnalité graphique forte. Dès leurs premières apparitions, ils dégagent tous quelque chose. Cela est d’ailleurs également valable pour les personnages secondaires. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont pleines de vie et apportent leur écot à la bonne humeur dégagée par l’ouvrage.

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Pour conclure, « Comment faire fortune en juin 40 » est une belle réussite. L’intégration dans cette histoire dans la grande Histoire lui donne un ton particulier qui m’a beaucoup plu. De plus, la qualité du casting permet de s’impliquer pleinement dans le destin des quatre acolytes. Le suspense qui accompagne leur destinée est également bien construit. Bref, la grosse centaine de pages qui compose cette intrigue se déguste avec appétit et plaisir. Je vous conseille donc de suivre les pas de ces quatre braqueurs qui ne vous laisseront pas indifférents…

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note5

Le reste du monde

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Titre : Le reste du monde
Scénariste : Jean-Christophe Chauzy
Dessinateur : Jean-Christophe Chauzy
Parution : Mars 2015


La mode du post-apocalyptique actuelle est plutôt basée sur les zombies. Jean-Christophe Chauzy décide de l’orienter sur une catastrophe naturelle, à savoir une série de séismes. Comment une famille, coincée dans une vallée, va-t-elle survivre dans cet environnement où tout commence à manquer ? Ce one-shot d’une centaine de pages est publié chez Casterman.

Marie, enseignante, termine ses vacances avec ses deux fils. Pendant ce temps-là, son mari la trompe, l’ayant quitté quelques semaines auparavant. C’est donc aigri qu’elle s’apprête à quitter le chalet. Mais voilà que des séries de séismes viennent tout bouleverser, coupant la vallée du reste du monde. Commence alors la difficile tentative de survie en attendant d’hypothétiques secours.

Un survival franchouillard.

LeResteDuMonde1b« Le reste du monde » a tout du récit catastrophe classique. Des individus ordinaires se retrouvent perdus face à une situation inconnue et doivent se débrouiller. Certains dépérissent, d’autres s’aguerrissent. Jean-Christophe Chauzy, en prenant pour personnage principal une femme, fait preuve d’originalité. Ce n’est pas une pin-up, elle est mère de famille trompée et n’est pas préparée à ce qu’elle va vivre. Hélas, c’est la seule véritable originalité du livre. Les étapes qui s’enchaînent sont très classiques et on devine sans peine ce qu’il va se passer pour les pages suivantes. Après un premier intérêt en début de lecture, le soufflet retombe un peu dans la deuxième partie.

La grande catastrophe touchant un petit village montagnard, « Le reste du monde » prend un aspect « survival franchouillard ». En soit, ce n’est pas forcément désagréable, mais pas passionnant non plus. L’auteur ancre fortement son récit dans un lieu donné, où chaque non de ville parle aux protagonistes, chacun connaissant parfaitement la région. La fin, ouverte, laisse un goût amer au lecteur. Présenté comme un one-shot, « Le reste du monde » se laisse clairement la possibilité d’une suite. Or, après un constat assez moyen en première lecture (et globalement sans réponse), difficile d’être catégorique. Car s’il y a une suite, cela pourrait donner (un peu) plus de matière à ce premier tome. Voilà qui laisse un peu perplexe.

Le dessin de Jean-Christophe Chauzy est des plus convaincants. Optant pour une absence de noir à l’encrage, son trait fait preuve de dynamisme, dans un réalisme expressif. Il prend plaisir à réaliser de grandes cases et les scènes de séismes sont très réussies. Les couleurs se veulent tantôt vives, tantôt beaucoup plus désaturées, renforçant efficacement les ambiances. Un bilan des plus positifs concernant le dessin.

LeResteDuMonde1a

Optant pour un récit classique sans grandes surprises ni réponses, Jean-Christophe Chauzy laisse son lecteur sur sa faim. « Le reste du monde », comme one-shot, manque d’originalité pour séduire. Et sa fin ouverte, présageant une suite, laisse un peu dubitatif devant la démarche. Bref, il faudra attendre de voir si suite il y a pour avoir un avis définitif. Et c’est un peu dommage…

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Largo Winch, T20 : 20 secondes

LargoWinch20


Titre : Largo Winch, T20 : 20 secondes
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Octobre 2015


La sortie d’un nouvel album de « Largo Winch » fait partie d’un rituel du calendrier annuel du neuvième art. Ce vingtième opus s’intitule « 20 secondes » et s’inscrit comme la suite du précédent « Chassé-croisé ». Nous retrouvons le duo historique aux manettes : le scénariste Jean Van Hamme et son acolyte dessinateur Philippe Francq. La couverture est particulièrement épurée. Nous n’y découvrons qu’une ravissante jeune femme en nuisette sur un fond vierge faisant uniquement apparaître un immense « 20 ».

La première page fait un état des lieux de la trame. Largo Winch a convoqué les présidents de son groupe à Londres. Parallèlement, une jeune fille libanaise arrive dans la capitale britannique. Tour à tour en quête d’un emploi, djihadiste infiltrée, amante du héros et agent double pour la CIA, elle est logiquement difficile à cerner. Alors que les amours se font et de se défont dans les chambres du Royal Sword, un attentat est en train de se mettre en place et Largo semble en être la cible. Bref, il est maintenant temps de démêler la pelote…

Ni manipulation boursière, ni montage financier à signaler.

LargoWinch20aAvant d’entrer pleinement dans ma critique de cet épisode, je me dois de vous indiquer que je n’étais pas sorti conquis de ma lecture de la première partie de l’intrigue. Le tome précédent m’avait paru bien loin des thrillers économiques qui ont fait le succès de la série. J’avais davantage eu le sentiment d’être au beau milieu d’un vaudeville dans lequel les portes des chambres d’hôtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « Chassé-croisé » étaient, à mes yeux, un simple prologue particulièrement dilué aux véritables enjeux que j’espérais voir naître dans « 20 secondes ».

L’histoire de cet opus se contente d’être un compte à rebours réglé sur l’explosion d’une bombe au cours de la réunion du board du groupe W. J’ai rapidement fait mon deuil de retrouver les attraits habituels des aventures du milliardaire en blue jeans. Il n’y a ni manipulation boursière à signaler ni montage financier occulte à signaler. Le ton pris par l’intrigue dans l’acte précédent m’a fait accepter plus aisément le changement de ton qui accompagne cette nouvelle lecture. Néanmoins, j’espérais que l’intensité dramatique soit à la hauteur. J’avais envie d’être habité par un suspense fort quant à l’issue de ce plan meurtrier.

LargoWinch20bJe dois dire que cette course contre la montre n’est pas particulièrement effrénée. Les événements s’enchaînent de manière linéaire. Les rebondissements manquent d’ampleur. Finalement, l’intrigue est relativement fine. Le scénario est plus paresseux qu’à l’habitude. Par conséquent, je n’ai jamais ressenti d’angoisse quant au devenir de Largo. La situation paraît finalement assez simple et maîtrisable. La lecture reste agréable et à aucun moment je ne me suis ennuyé. Par contre, j’ai regretté que l’histoire ne soit pas plus dense. Elle m’aurait alors davantage captivé et je me serais senti plus investi dans le destin du héros.

Le fait que son héros soit à la fois un milliardaire à la tête d’un grand groupe et un aventurier qui erre souvent en dehors des sentiers battus est une porte d’entrée originale dans la série. Au fur et à mesure de la parution de ses aventures, je me suis attaché à lui et à ses proches. Il y a Cochrane son adjoint coincé, Miss Pennywinkle la très anglaise secrétaire, Simon son meilleur ami fidèle et gaffeur et enfin la dernière arrivé Silky, sulfureuse pilote d’avion. Ce dernier cycle a tendance à privilégier les deux premiers cités au détriment des deux derniers. Certes, il est agréable de découvrir la rigide secrétaire en femme fatale septuagénaire mais ne voir Silky et Simon de manière périphérique enlève une légèreté qui m’a toujours beaucoup plu. La personnalité des deux amis est un acteur majeur de la bonne humeur qui habite la série. Elle est ici plus ténue qu’à l’habitude.

Pour conclure, cet album est dans la continuité du précédent. Il y a donc une réelle cohérence de ton dans ce cycle. D’ailleurs, j’ai eu la surprise de découvrir que ce dernier aurait une suite. Il s’agit de la première fois que la règle du diptyque n’est pas respectée. « 20 secondes » est loin d’être un des meilleurs opus de la série. Néanmoins, l’affection dégagée par les personnages et le sérieux global du scénario permettent de passer un agréable moment. Ce n’est déjà pas si mal…

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