Les carnets de Cerise, T3 : Le dernier des cinq trésors

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Titre : Les carnets de Cerise, T3 : Le dernier des cinq trésors
Scénariste : Joris Chamblain
Dessinatrice : Aurélie Neyret
Parution : Novembre 2014


Depuis le temps que la série « Les carnets de Cerise » me fait de l’œil, j’ai enfin pu mettre la main sur un exemplaire. Merci donc au CDI de mon collège, qui me donne accès facilement aux séries jeunesse ! « Les carnets de Cerise » jouit d’excellents retours de lecteur et ses couvertures magnifiques sur les étals des librairies ne me laissaient pas indifférents. Je commence donc cette série par le tome 3. Si des allusions aux deux précédentes histoires (et personnages) sont faites, le tout peut se lire avec plaisir indépendamment du reste. Le tout est publié chez Soleil dans l’excellente collection Métamorphoses.

Cerise est une petite fille curieuse qui aime enquêter. Tout démarre avant tout par son arrivée au collège. Les auteurs ont décidé de faire grandir leur personnage. En cela, on sent que la série est destinée avant tout aux petites filles. C’est donc un album jeunesse très féminin auquel on a droit : les hommes sont presque absents de l’histoire et tout se passe entre filles (et femmes !). Malgré ce public visé, l’album parvient à toucher un public bien plus large. Une belle réussite !

Un public de jeunes filles visés, un public bien plus large atteint.

LesCarnetsDeCerise3aCerise assiste à un atelier lecture avec la relieuse de la ville. Et lors d’une visite chez elle, elles trouvent un coffre correspondant à un trésor. Cinq trésors seront à trouver, ravivant les blessures de jeunesse de la jeune femme…

Lorsque l’on lit « Les carnets de Cerise », on sent bien l’aspect jeunesse créé par la narration : c’est fluide, simple et le suspense monte lentement. Mais on est surpris, lors du dénouement, d’être particulièrement touché par l’histoire. Le scénario, bien ficelé, nous amène tranquillement jusqu’à un point d’émotion bien maîtrisé. J’ai été particulièrement ému par cette histoire, toute en délicatesse et en bons sentiments.

La particularité de cette série est de proposer, justement, les carnets de Cerise. Ainsi, quand elle fait des gâteaux, elle nous livre la recette avec son écriture manuscrite, ses dessins et des photos. Cet aspect-là est vraiment réussi et permet d’intensifier le lien entre le lecteur et la bande de filles.

Concernant le dessin d’Aurélie Neyret, c’est assez formidable. À la fois un peu désuet (l’histoire se passant à Noël) et moderne, il possède la douceur nécessaire à l’histoire. La symbiose dessin/scénario est parfaite et la lecture des planches de ces « Carnets de Cerise » est un véritable plaisir visuel. Sans compter que la construction des planches est bien pensée et ne fait jamais dans la facilité.

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« Les carnets de Cerise », pour ce tome 3 dédié à Noël, est particulièrement touchant. C’est une preuve de plus qu’un ouvrage jeunesse peut dépasser son lectorat et toucher les petits et les grands. Un grand bravo aux deux auteurs !

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note5

Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona

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Titre : Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Septembre 2015


« Ekhö » est le fruit d’un concept efficace. Cette série fait vivre les aventures d’une jolie demoiselle dans une réalité parallèle à la nôtre. Chaque opus fait voyager le lecteur à travers le monde. New York, Paris et Los Angeles ont abrité les pérégrinations de Fourmille et ses acolytes. Dans le dernier tome datant du mois de septembre dernier, c’est la capitale catalane qui accueillait tout ce petit monde. Intitulé Barcelona, l’album est accompagné d’une couverture présentant un bâtiment rappelant la légendaire Sagrada Familia.

Les choix narratifs des auteurs font que chaque intrigue peut être découverte indépendamment. Cette nouvelle histoire est précédée d’une page présentant l’univers d’Ekhö et les protagonistes principaux. Fourmille est l’héroïne. Elle a été catapultée dans ce monde au début de la saga en même temps que Yuri avec qui ils s’entendent comme chien et chat. La particularité de la demoiselle est de voir son corps accueillir bien souvent l’esprit de personnes décédées dans des circonstances obscures. Cette « rencontre » marque toujours le début de l’enquête qui sert de fil conducteur à la trame. Dans ce quatrième épisode, Fourmille est habitée par un chat. C’est une grande première et une bonne chose a priori. La richesse naît de la diversité.

Christophe Arleston est le scénariste de cette série. Comme beaucoup de bédéphile, je le connais à travers son travail sur « Lanfeust de Troy ». J’ai toujours gardé un œil sur son œuvre et ai pris plaisir à découvrir « Leo Loden », « Le chant d’Excalibur » ou encore « Les Maîtres Cartographes ». Par contre, certaines de ses productions sont de qualité inégale. « Les Naufragés d’Ythaq » ou « Les Forêts d’Opale » en sont des exemples marquants. Les premiers tomes sont réussis, les suivants frôlent l’imposture. Bref, cet auteur est talentueux mais n’arrive pas à assumer qualitativement la fréquence de parution qu’il s’impose. Néanmoins, « Ekhö » possède une identité agréable et divertissante qui m’a aisément persuadé de m’offrir ce voyage à Barcelona.

Des mondes parallèles.

Ekhö4bLe concept de monde parallèle est un jouet idéal pour l’imagination d’Arleston. Dans chacune de ses histoires, le scénariste a toujours adoré offrir des allusions plus ou moins fines à notre quotidien et notre société. Avec Ekhö, l’espace d’expression dans ce domaine est sans limite. Les décors et le fonctionnement sociétal sont tous détournés de notre monde. La seule frontière est celle que se fixe l’auteur. Cet aspect-là est un des attraits les plus forts de le la saga. Ce quatrième tome possède évidemment cette richesse. Nous n’avons aucun mal à nous immerger dans une Catalogne qui nous est familière tout en souriant aisément du détournement des codes qui est fait. Certains gags sont moins réussis que d’autres. Mais leur densité fait qu’on accepte facilement les variations dans la finesse humoristique.

L’identité de l’album passe également par le trait tout en rondeur d’Alessandro Barbucci. Son style entre parfaitement dans le canevas heroïc fantasy chez les éditions Soleil. Il fait d’ailleurs partie du haut de gamme dans le genre. Les filles sont ravissantes, les décors plein de détails, l’action pleine de dynamisme. Les planches sont agréables et raviront un public très large. Les couleurs sont vives sans être révolutionnaires. Elles accompagnent parfaitement la bonne humeur que dégage la lecture.

Finalement, le seul léger bémol de l’album concerne l’intrigue en elle-même. Je l’ai trouvé un petit peu brouillonne. Les auteurs cherchent à multiplier les rebondissements. Mais les enchainements manquent quelque peu de subtilité. De plus, les moments hystériques des personnages et les scènes de poursuites ou de batailles gagneraient à être entrecoupés de moments plus légers. Cela permettrait au lecteur de reprendre son souffle plutôt que de vivre le quotidien d’un diable de Tasmanie. Le rythme de lecture est un petit peu saccadé. C’est dommage car cela empêche la trame de prendre une plus grande ampleur.

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Pour conclure, Barcelona s’inscrit dans la continuité des opus précédents. Une certaine routine s’installe. Elle n’est pas désagréable même si j’espère toujours que la série change de braquet. J’ai toujours plaisir à retrouver Fourmille et ses amis mais j’apprécierai d’être davantage surpris. Peut-être la prochaine fois ? Mais cela est une autre histoire…

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note3

Une petite tentation

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Titre : Une petite tentation
Scénariste : Jim
Dessinateur : Grelin
Parution : Mars 2013


Paru initialement sous le nom du « Sourire de la babysitter », cette série a connu une renaissance en paraissant sous la forme d’un copieux one-shot (plus de 150 pages quand même). En effet, la première mouture avait été arrêtée au premier tome. On ne peut donc qu’être un peu méfiant, mais pourquoi pas. Rebaptisé « Une petite tentation », cette histoire parle donc d’une babysitter et de sa copine qui se lancent le défi de piquer le mec quadra et avec une bonne situation dont la première garde la fille. S’engage donc un jeu de séduction avec d’un côté la timide et de l’autre la déluré. Le tout est paru chez Vents d’Ouest.

Nous avons donc affaire ici à une classique histoire sentimentale. La tentation, le désir, les sentiments… On n’est même plus dans un triangle amoureux, mais plutôt dans un hexagone ! Cependant, très vite on s’aperçoit que les personnages sont stéréotypés. Plus choquant, les femmes sont toutes des garces et les hommes des êtres humains beaucoup plus sentimentaux et fidèles… Étrange parti pris !

Pour un jeune public ?

UnePetiteTentation2Des personnages caricaturaux ne sont pas forcément un problème. On pourrait se voir dans un vaudeville sympathique. Hélas, les situations sont tout aussi fausses. A aucun moment, on ne croit vraiment à tout ça. Entre une babysitter qui s’exhibe en soutif devant trois quadras ou un ex qui se taille les veines au cutter dans le couloir d’un immeuble, tout cela laisse un peu dubitatif. De même, les deux jeunes filles sont étudiantes ET mineures. Je n’ai pu m’empêcher de tiquer sur ce genre de détails. Plusieurs fois, j’ai eu l’impression que ce livre était plutôt destiné à un jeune public. Mais pourtant, vu où il est édité, ça ne semble pas être le cas. Quant à la conclusion de l’ouvrage, elle va vraiment dans le sens d’une publication pour ado et/ou jeunes adultes. 

Malgré tout, la lecture ménage son suspense et ses surprises. La fin est trop moralisatrice et casse un peu finalement la dynamique de l’ouvrage. Le trait de Grelin est dynamique et plaisant. Ses filles sont sexy et illustrent très bien la notion de tentation… Cependant, les expressions de visage un peu manga m’ont gêné par moments. Clairement, ça ne fait pas partie de mes codes graphiques ! Les couleurs également, très modernes, ne me parlent pas. C’est clairement une question de goût. Grelin a un style moderne où il mélange de nombreuses influences (franco-belge, manga, voire Disney). De même, la colorisation fait partie de canons du genre. Je regrette cependant un choix de faire des grandes cases finalement assez avares de décors. Cela augmente la pagination pour pas grand-chose. Mais encore une fois, ça semble être une tendance du moment.

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« Une petite tentation » est un récit sexy où les jolies filles peu vêtues sont bien présentes. Inscrit dans une mouvance qui se veut moderne, je ne suis pas sûr que cet ouvrage puisse toucher réellement autre chose qu’un lectorat bien jeune qui fermera les yeux sur les incohérences du récit et sur les caricatures de l’ensemble. Pour ma part, j’ai pris plaisir à dévorer les filles des yeux. Peut-être que l’idée de faire un « roman graphique » n’était pas bien pertinente. Il semblerait qu’en 60 pages, tout aurait pu être dit.

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note2

Guide sublime

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Titre : Guide sublime
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Mai 2015


Fabrice Erre est un des auteurs de bandes dessinées qui me fait le plus rire. Qu’il conte le quotidien d’un enseignant dans « Une année au lycée », celui de Zorro dans « Z comme Diego », ou narre la conquête spatiale dans « Mars », il sollicite intensément mes zygomatiques. J’ai donc accueilli avec un grand enthousiasme l’apparition dans les rayons de librairie « Guide sublime » en mai dernier. Il s’agit d’un ouvrage dont le format s’apparente davantage à celui d’un roman que d’un album classique. Edité chez Dargaud, le bouquin se compose de cent soixante-huit pages. Dès les premières pages, on y apprend que les strips de ce livre ont initialement été publiés dans la revue numérique « Mauvais esprit ».

Le Guide sublime est un dictateur. C’est son quotidien politique que nous sommes amenés à découvrir. Chaque planche présente un moment de la vie de ce chef d’état despote. Chacune peut être lue de manière indépendante. Cette structure narrative permet une lecture intense et rythmée.  Il s’agit donc d’un opus qui peut se picorer. Il n’est pas nécessaire de le terminer d’une traite. Je pense qu’il est plus pertinent de s’y plonger par petite dose. Cela permettra de savourer chaque bouchée plutôt que de risquer l’indigestion.

Le quotidien d’un dictateur.

GuideSublime1En effet, le caractère très excessif du personnage principal fait que j’ai eu le sentiment constant d’être immergé au beau milieu d’une crise d’hystérie. Le Guide hurle en permanence des décisions aussi incohérentes que dénuées de sens. Ne le voir jamais s’arrêter ou s’apaiser fait que cette lecture fatigue par moment. Cette frénésie transpire des pages. Par contre, le lire par petite touche permet de profiter davantage de l’humour caractéristique généré par la plume de Fabrice Erre.

Le casting de l’entourage du guide sublime nous est quasiment intégralement présenté sur la couverture. On y découvre ses ministres, sa garde rapprochée et une curieuse infirmière aux formes chaloupées. Il ne manque qu’un collègue dictateur, l’empereur Bogolo, qui jouera un rôle central dans la démarche de propagande de son acolyte. L’auteur ne s’embarrasse pas de personnages secondaires sans contact direct avec le chef. Fabrice Erre nous fait entrer dans les arcanes du pouvoir géré par ce fada mégalomane.

La thématique est un terreau attrayant pour faire pousser une œuvre drôle et délurée. Les premières pages démarrent sur les chapeaux de roue. Les caractéristiques de ce cher Guide sont sans équivoque : il est complètement fou ! Il fait honneur à toutes les caricatures du genre. La première planche nous le fait découvrir complètement hystérique en train de hurler que sa première décision sera de rendre obligatoire le port de la moustache. Le trait de Fabrice Erre traduit complètement le côté possédé du souverain. La mise en bouche est sans équivoque : le programme est annoncé.

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Pour conclure, je conseille de lire cet album par petite touche. Cela permettra de savourer l’imagination de Fabrice Erre sans pour autant subir le côté effréné de ce Guide sublime. L’auteur construit beaucoup de ces gags dans le même canevas. Cela peut faire ronronner la lecture si on la fait d’une seule traite. Je place cet album en-dessous des précédents opus de cet auteur. Néanmoins, il est reste habité par son univers caractéristique. Et ce n’est déjà pas si mal…

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note2

De profundis

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Titre : De Profundis
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Avril 2011


« Quelque part entre Ceylan et Bornéo, des pêcheurs racontent avoir autrefois ramené dans leurs filets un drôle de naufragé, une étrange créature chassé du pays des sirènes ». Voilà ce que l’on peut lire en quatrième de couverture de « De profundis », première bande-dessinée scénarisée et dessinée par Chanouga. Sous-titré « l’étrange voyage de Jonathan Melville », elle raconte l’histoire incroyable de ce marin.

Jonathan Melville est marin. Alors qu’il navigue sur une mer paisible, un typhon gigantesque et imprévisible fait son apparition. Pris en pleine tempête, il va passer par-dessus bord et se retrouver sur une île non-répertorié, sauvé par deux jeunes filles à l’air faussement innocent.

deprofundis2Ce roman graphique d’une centaine de pages est construit selon un procédé de narration bien connu : Jonathan écrit une lettre à sa belle dans laquelle il raconte ses péripéties. Le tout est donc articulé autour de flashbacks, bien que la chronologie reste respectée dans l’ensemble. On n’a aucun problème à suivre les évènements.

Une fable noire, à l’onirisme perpétuel.

« De profundis » est avant tout une fable bien noire. Son onirisme perpétuel nous plonge dans une ambiance sombre et malsaine. A force de douter du réel en permanence, on finit par se demander si, finalement, le rêve n’est pas complètement absent de ce récit fantastique. Ainsi, cet ouvrage tient avant tout par son ambiance particulière, qui la renvoie aux contes les plus glauques de notre enfance. Une forme de retour aux sources en quelque sorte.

deprofundis4L’omniprésence de la narration donne un aspect très littéraire à cette bande-dessinée. Chanouga possède une belle plume, ce qui renforce l’impression que le personnage nous écrit sa lettre. Un peu comme si nous avions trouvé une bouteille lancée à la mer et que nous découvrions son contenu. Nous nous retrouvons dans la peau de sa femme, réalisant ce qui est arrivé à son mari.

En marge des textes, la contemplation est très présente. Les dialogues restent limités et l’observation des paysages et des personnages se taille une part importante du gâteau. L’équilibre entre action, dialogues, narration et contemplation est vraiment bien dosé, et ce sur les 100 pages. Le rythme de l’ouvrage s’en retrouve très bien équilibré.

Difficile de passer à côté du travail graphique de « De Profundis ». C’est simplement magnifique. L’auteur garde son crayonné, sans l’encrer. Cela donne un aspect « dessin » à l’ensemble, d’une grande richesse. Les couleurs sont splendides et s’accordent parfaitement à cette technique. D’ailleurs,deprofundis3 la couleur participe grandement aux ambiances du livre, changeant souvent de tonalité selon les scènes. Les paysages sont parfois de véritables tableaux.

Les personnages ne sont pas en reste. Outre les deux « sirènes », aux airs faussement innocents (et terriblement sensuel !), la petite sirène est parfaitement réussie également. Sans en révéler trop sur l’histoire, le travail sur les personnages par Chanouga se révèle très subtil. Une seule particularité, dessinée sans excès, entraîne un malaise immédiat. Un peu comme si le lecteur s’apercevait d’une anomalie comme le personnage, se demandant s’il a bien vu ce qu’il a cru voir.

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Pour une première bande-dessinée, « De Profundis » est un coup de maître ! Ambiance glauque, suspense haletant, narration de haute volée, dessin splendide et personnel… Ce roman graphique est un bijou plein de poésie. Certes, cela ne plaira pas à tout le monde tant l’ambiance est particulière, mais cette fable marine mérite le coup d’œil. Et plutôt deux fois qu’une !

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note5

Doomboy

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Titre : Doomboy
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Septembre 2011


Tony Sandoval est un auteur mexicain de bande-dessinée. Ayant vu l’une de ses expos, j’avais été marqué par son graphisme particulier et par son univers très personnel. Je me suis donc procuré « Doomboy », dont les critiques étaient particulièrement élogieuses. « Doomboy » se présente sous la forme d’un livre A4 au format paysage. Il compte pas moins de 128 pages et est édité aux Editions Paquet. Continuer la lecture de « Doomboy »

Mille tempêtes

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Titre : Mille tempêtes
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Juin 2015


Avec « Doomboy », Tony Sandoval avait su toucher son public et les critiques de tout bord. Un graphisme reconnaissable immédiatement et une histoire des plus touchantes lui avait permis d’obtenir un succès bien mérité. De retour aujourd’hui avec « Mille tempêtes », l’auteur reste sur ses sujets de prédilection : l’adolescence et le fantastique. Le tout est édité chez Paquet pour un total de 130 pages.

Lisa est une jeune fille à l’aube de l’adolescence. Orpheline de mère, elle va accidentellement passer dans un monde parallèle et en ramener un objet, ouvrant une brèche à des bestioles et monstres de tout genre…

Des adolescents et des monstres.

MilleTempetes2Outre la dose de fantastique qui habite ses ouvrages, Tony Sandoval semble obsédé par la période de l’adolescente et de ses exclus. La marginalité et la violence du rejet sont au centre de ses œuvres. En décalage avec les jeunes de son âge, Lisa est persécutée. Cela donne des scènes d’une rare violence typique de cet âge ingrat. Mais au-delà de cet aspect sociétal, c’est le fantastique qui englobe le tout. Lisa est accusée d’être une sorcière et elle devra en effet mener un combat contre des forces d’un autre monde.

Le récit de « Mille tempêtes » manque clairement de lisibilité. Si dans d’autres ouvrages le lien entre les récits fantastiques et adolescents sont évidents, c’est moins le cas dans cet ouvrage. On a plutôt l’impression de lire deux histoires en parallèle. C’est une vraie déception en lecture. Si on retrouve la patte de l’auteur, un peu de clarté dans la narration n’aurait pas fait de mal. On pense notamment à l’arrivée du père, un peu tardive façon deus ex machina.

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Graphiquement, en revanche, le plaisir est total. Le style personnel de Tony Sandoval se reconnaît au premier coup d’œil. Pourtant, l’auteur multiplie les techniques pour notre plus grand plaisir. Démarrant avec un style épuré sans encrage à l’aquarelle,  le récit adopte alors un style plus conventionnel (case rectangulaire, colorisation en aplats numériques, encrage…). Des allers-retours sont alors fréquents entre les techniques, la plupart du temps dictés par l’histoire (comme pour les changements de mondes par exemple). Il est dommage que certains changements graphiques laissent un peu dubitatif par leur intérêt. Quoi qu’il en soit, le trait est toujours très beau et personnel. Tony Sandoval est l’un des dessinateurs qui me marque le plus actuellement par son univers original et reconnaissable entre mille.

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Une petite déception pour ce « Mille tempêtes ». Si le graphisme est puissant et certaines planches admirablement pensées, le fil rouge de l’histoire reste un peu confus, même si les relectures apportent un peu de sens à ce combat fantastique d’un autre monde.

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note3

Une vie sans Barjot

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Titre : Une vie sans Barjot
Scénariste : Appollo
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2011


La fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte est un grand classique de la bande-dessinée. À croire que les auteurs sont de grands ados qui ont toujours eu beaucoup de mal à faire leur deuil de cette époque. « Une vie sans Barjot » raconte la dernière nuit de Mathieu dans sa ville natale avant son départ pour les études à la capitale. Le tout pèse une soixantaine de pages et est paru chez Futuropolis.

La soirée commence par un concert dans un bar. Tout le monde semble plus ou moins se connaître. Bienvenue en province, symbole de la banlieue dans le livre. En effet, Mathieu vient d’avoir son bac et son passage à l’âge adulte sera la montée à la capitale. Il va donc perdre ses amis et… Noémie, la fille dont il est secrètement amoureux depuis des années.

La fin de l’adolescence en une soirée.

UneVieSansBarjot1C’est un récit sur l’adolescence qui nous est proposé. Mathieu et ses copains sont suffisamment attachants pour nous tenir en haleine, eux qui écument les fins de soirée pour retrouver Noémie. Au final, « Une vie sans Barjot » ne raconte pas grand-chose et fait fonctionner pas mal de clichés. Mais cette ambiance de déambulation nocturne ne laisse pas indifférent. La fin casse d’ailleurs un peu cette sensation de fin d’époque. Dommage.

La narration est ainsi purement chronologique et son rythme adopte celui des héros. Peu d’ellipses, tout se suit et forme un tout. Le découpage en quatre bandes des planches renforce cette impression de temporalité. On marche avec les personnages, on attend avec eux… En cela, « Une vie sans Barjot » forme un tout parfaitement cohérent avec son sujet !

Le dessin de Stéphane Oiry est vraiment adapté au récit. Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais son trait m’a conquis. Son dessin tout en noirs est parfaitement mis en valeur par une colorisation en bichromie qui permet un découpage des scènes. Beaucoup sont bleues (pour l’extérieur) et les changements vers le jaune ou le rouge apportent un contraste intéressant.

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« Une vie sans Barjot » est une bande-dessinée sympa. Loin d’être révolutionnaire dans son propos ou dans son ambition, elle fait le travail. Elle rappellera certains souvenirs aux nostalgiques qui regrettent encore cette fille à qui ils n’ont pas su déclarer leur flamme…

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Little Tulip

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Titre : Little Tulip
Scénariste : Jérôme Charyn
Dessinateur : François Boucq
Parution : Novembre 2014


 « Little Tulip », à sa sortie, a fait couler beaucoup d’encre. Le one-shot, réalisé par Charyn (au scénario) et Boucq (au dessin), était décrit comme puissant, noir et formidablement dessiné. Paru dans la collection « Signé » au Lombard, le livre pèse pas moins de 84 pages. C’est la troisième collaboration des deux auteurs.

Paul est américain. Alors qu’il n’est qu’un enfant, sa famille émigre à Moscou où ils vont subir de plein fouet la révolution soviétique. Condamnés pour espionnage, ils sont envoyés au goulag en Sibérie. Séparé de ses parents, Paul va tenter de survivre, s’aidant de son seul atout : son talent de dessinateur. Il va obtenir des protections des gangs locaux en tant que tatoueur attitré.

Viscéral et puissant.

LittleTulip2C’est une histoire implacable qui se développe ici. L’humanité dans ce quelle a de plus animale. Viols, meurtres, domination… Tout y passe. On découvre le quotidien du camp, là où les prisonniers s’organisent en clans pour survivre et se dominer les uns les autres.

Parallèlement à l’histoire du goulag, on suit Paul à une époque plus contemporaine. Ainsi, on sait qu’il a survécu dès le départ et qu’il est revenu aux Etats-Unis. Cette partie constitue une sorte de polar, Paul aidant les policiers pour dessiner des portraits robots. Moins prenante que celle du goulag, elle reprend les thèmes du tatouage et de la vengeance.

Cet univers ultra-violent est soutenu par le dessin puissant de Boucq. Habitué à ces genres de thèmes (on pense à « Bouncer » par exemple), il a un véritable talent pour montrer l’être humain dans sa déchéance. Les corps sont particulièrement à l’honneur ici et son trait dynamique et rugueux marche à merveille. Il est heureux que Boucq sache si bien choisir ses scénaristes !

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« Little Tulip » est un ouvrage puissant et viscéral qui ne fait jamais dans la demi-mesure. Dans ce livre, tout acte se fait dans le sang et l’épilogue ne peut être que vengeance. Un bel ouvrage de bande-dessinée, avec un dessin au diapason de son scénario.

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Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille

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Titre : Aâma, T4 : Tu seras merveilleuse, ma fille
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2014


Aâma est l’une des séries de science-fiction les plus excitantes de ces dernières années. Scénarisée et dessinée par Frederik Peeters, elles mettent en scène un paumé, Verloc  Nim, qui part sur une planète déserte avec son frère. Sur cette planète, une expérience ultra-secrète a lieu. « Tu seras merveilleuse, ma fille » est le quatrième et dernier tome qui vient clore la série. Il est édité chez Gallimard et pèse une centaine de pages.

Si les deux premiers tomes se concentraient sur une SF classique, où les personnages découvraient le résultat d’une expérience qui dégénérait, le troisième opus prenait un virage onirique. Après avoir placé des fondements travaillés et cohérents, Frederik Peeters avait fait des choix scénaristiques discutables, abandonnant le réalisme au profit des questionnements métaphysiques. Ce quatrième tome continue dans cette voie.

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Verloc Nim fusionne avec l’Aâma. Curieusement, il la contient suffisamment. Il devient une sorte de super être omniscient dont le seul but est de fusionner avec sa fille. Sans trop d’explication, Verloc Nim devient donc un être capable d’à peu près tout. Il bondit de partout, voit tout, entend tout… J’ai bien du mal à accrocher à ce genre de postulats un peu faciles. Quant aux réflexions psychologiques, elles sont déjà-vus depuis longtemps.

Un virage radical pour la fin de la série.

Ce terreau permet en revanche à Frederik Peeters de faire exploser sa maestria graphique. Quelques doubles pages viennent sublimer le livre et son trait reste toujours aussi puissant. Les scènes de combat et de vol, très (trop ?) nombreuses, montrent combien l’auteur maîtrise son dessin, le mouvement et le découpage.

L’ouvrage se concentrant uniquement sur Verloc Nim, il perd ainsi toute la puissance psychologique que la série avait, faisant vivre des personnages originaux et très bien travaillés. L’aspect psychologique se cantonne donc à des généralités, bien loin de ce à quoi on avait l’habitude dans la série.

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Ce quatrième tome de « Aâma » est une vraie déception. L’auteur a pris un virage radical au troisième tome qu’il confirme ici. Si certains seront certainement conquis par ce livre, d’autres resteront clairement sur le bord du chemin, profitant des planches magnifiques de l’auteur sans vraiment y trouver un sens. Quel dommage ! 

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