Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres

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Titre : Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres
Dessinateur : Sokal
Scénariste : Sokal
Parution : Mai 2010


Mon avis d’aujourd’hui porte sur le dernier opus paru de la série « Canardo ». Cet ouvrage est édité chez Casterman. D’un format classique et composé d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 €. Sa parution date de mai dernier. L’auteur de cette série est Benoit Sokal. Il s’est associe depuis quelques albums l’aide de Pascal Regnault. « Canardo » est actuellement composée d’une vingtaine de tomes numérotés de 0 à 19. « Le voyage des cendres » est celui dont je vais vous parler aujourd’hui.

« Canardo » est une série utilisant l’anthropomorphisme. Les différents personnages sont des animaux bien qu’il évolue dans un monde « humain ». Ai-je besoin de préciser que le héros possède les traits d’un canard. Ce dernier est un détective privé dépressif. Quand on le voit pour la première fois, il n’y a pas de doute, l’habit fait le moine. On a du mal à croire qu’il puisse trouver des clients et résoudre des affaires. C’est la magie de la bande dessinée…

Dans cette aventure, on commence par découvrir M. Van Bollewinkel. Il s’éloigne dans la forêt et se tire une balle dans la tête. Il en découle logiquement un rendez-vous chez le notaire pour la lecture du testament. L’attrait de cette séance réside dans le sort réservé aux deux petits-enfants. Ces derniers ont pour mission de « balancer les centres quelque part au-dessus de son pays natal ». Il s’avère que le pays natal est la Belgique, que le mort est un parrain mafieux exilé aux Etats-Unis et que les deux petits-enfants sont deux morveux sans foi ni loi. Ces derniers vont mener leur voyage à travers le plat pays sous la conduite de notre cher Canardo qui, en tant que lointain cousin, ne peut rien refuser à sa famille…

Un ouvrage peu amène envers la Belgique.

L’histoire ne perd pas de temps à se mettre en place. En effet, dès la sixième page, les deux enfants rencontrent Canardo et trois pages plus loin, ils subissent leur première fusillade. Le problème est qu’en tant que parrain de la mafia locale, leur grand-père n’a pas laissé que des amis à la maison. Cela fait que le voyage des cendres va être loin d’être de tout repos. Le fait qu’il faut passer entre les balles pour mener la mission à bien rend la trame dynamique.

Mais le plaisir de la lecture ne réside pas essentiellement dans le fait de savoir si oui ou non les cendres vont arriver à bon port. En effet, c’est davantage l’ambiance et l’atmosphère qui ne nous laisse pas indifférent. D’une part, les deux petits-enfants sont odieux et dégoutants. Sokal ne se fixe ici aucune limite. Ils n’ont que du mépris pour le monde qui les entoure. A priori, le fait d’être éduquer à un rythme mafieux n’inculque pas des valeurs « classiques ». Leurs regards, leurs actes, leurs propos, tout est fait pour qu’on ne les supporte pas. Très rapidement, on a de l’empathie envers notre cher Canardo qui doit se les supporter. Il est très rare de découvrir des enfants incurables à ce point-là. C’est assez réussi.

On ne peut d’ailleurs pas vraiment dire que « Le temps des cendres » soit un guide vert plein d’éloges pour la Belgique. Sur le plan météorologique, le soleil n’est jamais de sorti. Au mieux, le temps est nuageux. Cet aspect est mis en bleu par une forte utilisation de la couleur grise et de ses variantes. Mais alors que certains lieux communs nous expliquent que les gens du nord n’ont peut-être pas le soleil dans le ciel mais l’ont dans le cœur, ils n’ont pas lieu d’être ici. Les différentes rencontres faites par nos amis sont désastreuses pour l’image de la Belgique. Il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre.

Au final, je trouve cet opus remarquable. Son atmosphère est assez unique. Ce n’est pas une ode à la bonne humeur et à l’espoir mais en tout cas c’est un moment de lecture passionnant. Les dessins sont comme à l’accoutumée très agréables et participent à la réussite générale. Les personnages sont très réussis et l’usage des couleurs savamment dosé. Je ne peux donc que vous le conseiller. Il s’agit d’un ouvrage qui ne laisse pas indifférent et qui sort des sentiers battus. Je tiens d’ailleurs à préciser qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents albums pour découvrir celui-ci. Il est indépendant. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agréable lecture.  

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note4

Canardo, T20 : Une Bavure Bien Baveuse

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Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011


Canardo est un de mes héros de bandes dessinées préférés. Je l’ai découvert il y a des années dans la bibliothèque de mes parents et ai continué à suivre ses aventures une fois le cocon familial quitté. Chaque nouvelle parution est un événement et je m’empresse bien souvent de compléter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » édité chez Casterman. Pour les non adeptes de cette série, elle est le fruit de l’imagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on découvre notre héros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on découvre une ravissante femme au décolleté qui ne laisse pas indifférent.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un détective privé. Il a les traits d’un canard mais a toute l’apparence d’un Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne fréquenterait pas régulièrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquêtes le mènent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutôt glauques.

La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…

Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particulière. Le commissaire Garenni, avec trois grammes d’alcool dans le sang, est accusé d’avoir tiré sur un inspecteur de police au cours d’une fusillade. C’est une énorme bavure qui met l’accusé dans de sales draps. Il en est tellement désespéré qu’il fait appel à ce cher Canardo pour connaitre la vérité sur cette affaire. Rapidement, notre héros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscurs…

Cet opus est dans la lignée des précédentes aventures de notre canard préféré. L’histoire est indépendante et ne nécessite aucun prérequis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. L’intrigue et l’atmosphère sont travaillées. Certains moments sont légers, d’autres plus lourds. Les émotions sont variées. Les plus jeunes lecteurs n’y trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films à ambiance seront ravis du voyage.

Le scénario est construit de manière classique. Les premières pages posent les jalons. Une bavure policière lors d’une attaque de banque marque le début de notre lecture. On voit poindre l’erreur judiciaire. C’est à ce moment-là qu’apparait notre héros qui entame son enquête qui va l’amener à remuer des milieux qui ne demandaient qu’à être oubliés. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case n’est inutile. Chacune apporte son information ou son changement d’angle de vue qui attise notre curiosité. Les rebondissements sont fréquents. Ils sont d’ailleurs un peu trop nombreux dans la dernière partie. Il en découle un dénouement que je trouve quelque peu brouillon.

Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variée. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidèle à lui-même. La moindre des choses qu’on puisse dire est qu’il ne paie pas de mine. L’autre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A défaut d’être un policier ne serait-ce que correct, il ne mérite pas pour autant d’être un innocent condamné. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de l’inspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indifférent la gente masculine tout en dégageant un léger sentiment de malaise. A ce trio principal, s’ajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famés dont j’aurais personnellement du mal à franchir le seuil de la porte.

A mes yeux, le principal attrait de cette série est son atmosphère. Les pages de Sokal dégagement une ambiance particulière. Les deux tiers de l’album répondent à mes attentes. L’immersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquête dégage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la dernière partie de l’histoire plus confuse. Cela a eu pour conséquence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le début me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le côté brouillon du dénouement fait que l’atmosphère dégagée est moins intense. C’est dommage. 

Côté dessins, la qualité est identique à celle qui accompagnait la lecture des précédents tomes. J’ai donc une nouvelle fois apprécié le trait de l’auteur. Le fait que les personnages possèdent des traits animaliers est assez réussi et participe à l’identification de la série. Malgré un style simple et facile d’accès, les cases sont fournies et pleines de petits détails. Les décors sont travaillés et cela participe activement à la qualité de l’ambiance qui transpire des pages.

En conclusion, ma lecture s’est avérée agréable. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bémol, évoqué précédemment, concerne le dénouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop d’événements dans les dernières pages. Cela a eu pour conséquence de me sortir un petit peu de l’histoire, la fin arrivant finalement de manière assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosée. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la série tant son thème et son message ne laissent pas indifférents…

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note3

Canardo, T22 : Piège de miel

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Titre : Canardo, T22 : Piège de miel
Scénariste : Benoît Sokal
Dessinateurs : Benoît Sokal & Pascal Regnauld
Parution : Octobre 2012


« Canardo » est une série que j’apprécie énormément. Suivre les enquêtes de ce détective au physique de palmipède et à l’allure de Colombo procure un plaisir certain. Je suis assez admiratif de la capacité de son auteur, Sokal, à conserver une qualité d’écriture toujours élevée plus de trente ans après les premières aventures de son héros. J’étais donc confiant et impatient de me plonger dans cette nouvelle épopée intitulée « Piège de miel ». Sa parution date du mois de septembre dernier. Le père historique de la saga s’associe une nouvelle fois à Pascal Regnauld pour faire naitre cet opus.

Comme dans une grande partie de ses histoires récentes, Canardo se trouve proche du plat pays. La Belgique est le nouveau lieu star des pérégrinations du célèbre enquêteur. Cela permet de faire apparaitre une ambiance grise et triste. On a le sentiment que le soleil n’est jamais de sortie. On ne peut pas dire que Sokal milite pour l’office de tourisme belge. Je me garderais de toute comparaison avec la réalité sur les plans géographiques et météorologiques mais je tiens à préciser que j’apprécie toujours d’être envouté par cette atmosphère. Le travail sur les couleurs participe activement à la force de cette dernière. Le dépaysement est immédiat. On ressent un vrai plaisir à retrouver cet univers qui nous est familier et qui ne nous laisse pas insensible.

Une partie de Cluedo des plus passionnantes.

Le héros étant détective, il lui faut donc trouver une affaire pour expliquer sa charismatique présence sur les lieux. Il est ici en mission. On apprend rapidement qu’il surveille de près un ministre au physique peu avenant. Une parenté avec notre cher ancien-futur président de la France ne serait qu’un hasard malencontreux. Canardo arrange une rencontre entre ce ponte et une femme splendide qui s’avère être une prostituée de luxe. Tout cela sent le guet-apens. Mais l’intrigue prend vite une tournure différente quand tout ce beau monde est pris par une tempête de neige. La solution de repli pour passer la nuit est une curieuse résidence isolée et habitée par une famille noble à défaut d’être riche.

Tout est donc réuni pour nous plonger dans une partie de Cluedo des plus passionnantes. Il n’y a pas de crime mais tous les autres ingrédients sont présents. L’unité de lieu est imposée par la météo. De plus, ce lieu possède un charme certain. C’est un château perdu au milieu de la forêt. On retrouve une galerie de personnages importante. Chacun donne lieu à des interrogations. Les secrets semblent nombreux et les cadavres doivent inonder les placards. Notre ami palmipède semble vouer à arbitrer tout ce petit monde et les différentes interactions qui vont lier les uns avec les autres. Cet état des lieux attise donc notre curiosité et fait que notre immersion est immédiate. Dès les premières pages, par les décors, les personnages et l’atmosphère, on est conquis.

Notre plaisir ne diminuera jamais au fur et à mesure que les pages défilent. A aucun moment, notre attention et notre attrait ne s’atténuera. La narration ne souffre d’aucun temps mort. Bien au contraire, l’intensité ne cesse d’augmenter. Chaque personnage, par son apparition dans l’intrigue, relance la trame. Le dénouement est à la hauteur du chemin qui y mène. Il n’y a aucune déception. La dernière page est un modèle de conclusion tant sur le plan graphique que du texte. Ce nouvel opus ravira les adeptes du célèbre détective. Ils y retrouveront tous les ingrédients qu’ils ont l’habitude de savourer. Pour ceux qui n’ont encore jamais rencontré Canardo, je ne peux que vous conseiller de découvrir « Piège de miel ». Il s’agit d’un excellent cru pour un premier rendez-vous avec le célèbre palmipède…

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note5

Canardo, T23 : Le vieux canard et la mer – Benoît Sokal, Pascal Regnauld & Hugo Sokal

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Titre : Canardo, T23 : Le vieux canard et la mer
Scénariste : Hugo Sokal
Dessinateurs : Benoît Sokal & Pascal Regnauld
Parution : Octobre 2013


Canardo et moi, c’est une grande et vieille histoire d’amour. J’ai d’abord découvert les premiers ouvrages, noirs, sales et désabusés… Une vraie révélation ! Le tout a désormais bien changé, sans pour autant me déranger. Lassé du dessin, Sokal a acquis l’aide de Pascal Regnauld afin de se concentrer sur le scénario. Car c’est avant tout les dialogues qui intéressent l’auteur. On a donc désormais un Canardo très ancré dans la Belgique et une bande-dessinée qui est avant tout une satire sociale à l’humour bien trempé. Ici, c’est Hugo Sokal qui s’occupe du scénario. Il avait déjà co-scénarisé les précédents opus. Les rôles sont un peu flou dans « Canardo », même s’il semble acquis que Pascal Regnauld assure la majorité du dessin, bien que son nom ne soit crédité qu’en terme de « collaboration » dans l’ouvrage… Passés ces considérations sur qui fait quoi, voyons si ce millésime, intitulé « Le vieux canard et la mer », vaut la lecture. Le tout est toujours publié chez Casterman sous la forme d’un album tout ce qu’il y a de plus classique.

Dans cet ouvrage, l’inspecteur Canardo fait la nounou… Sa sœur est à la clinique et il doit s’occuper de son petit neveu. Ce dernier, comme tous les petits de son âge, est fan de Momo le Mérou (dont le parallèle avec Némo est évident) dont le merchandising fonctionne à plein tubes. Si bien que la pêche au mérou à pois rouges est déclarée interdite… Hélas, le Koudouland a une économie qui dépend entièrement de cette pêche. Et le Belgambourg, ancienne puissance coloniale, ne l’entend pas de cette oreille… Elle missionne Canardo sur place.

Une grande densité de réflexions sociétales et d’humour.

Cette histoire fait la part belle au neveu de Canardo qui devient un personnage central de cette bande-dessinée. A travers lui, il critique vertement les nouvelles générations et les conflits inhérents à la culture et consommation de masse. D’autres termes se mêlent comme la célébrité facile et factice dans notre univers mondialisé… La densité des réflexions et l’humour avec lequel tout cela est traité est la vraie force de l’ouvrage. J’ai trouvé cette partie particulièrement réussie. On sourit beaucoup, il y a des idées à foison… Car à côté de cela, on suit également la grande duchesse, un des personnages les plus réussis de la série, qui vient rendre visite à son « ami » président. Bonjour le néocolonialisme et tout ce qui va avec… « Canardo » sait vraiment ici capter l’air du temps et mettre le doigt sur les dérives de nos sociétés.

Au niveau du dessin, Pascal Regnault fait le travail. On est en terrain connu. Je trouve cependant la gestion des phylactères un peu hasardeuse. Ce n’est pas nouveau, mais l’aspect « photoshop » des bulles en est parfois gênant. Je trouve aussi les couleurs un peu trop criardes. Clairement, le passage à l’informatique de certains aspects de la série n’a pas été une franche réussite. Cependant, cela ne gêne pas la lecture pour autant, loin de là. L’univers animalier de Canardo est un modèle du genre.

J’ai été très enthousiaste à la lecture de ce « Canardo ». Le cru 2013 est un bon cru, avec beaucoup d’humour et d’allusion à notre monde. C’est toujours étonnant de voir qu’après tant d’années et d’évolutions, je puisse être autant heureux de lire cette série qui, clairement, ne se repose par sur ses lauriers. Un exemple à suivre !

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Canardo, T24 : Mort sur le lac – Benoît Sokal, Hugo Sokal & Pascal Regnauld

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Titre : Canardo, T24 : Mort sur le lac
Scénaristes : Benoît Sokal & Hugo Sokal
Dessinateur : Pascal Regnauld
Parution : Mars 2015


« Canardo » est un héros légendaire de la bibliothèque de mes parents. Son physique de canard attirait mon regard d’enfant mais la nature du contenu me disait d’attendre d’être plus grand pour en savourer la lecture. Quand j’ai été en âge de découvrir des enquêtes du palmipède détective, j’ai immédiatement succombé aux charmes de l’atmosphère unique et envoutante qui accompagnait le quotidien de ce Columbo aux pieds palmés. Les années sont passées et je n’ai jamais cessé de guetter chaque nouvelle parution de ses pérégrinations. Le dernier s’intitule « Mort sur le lac ». La couverture sombre et crasseuse est un petit bijou. Edité chez Casterman, cet ouvrage est l’œuvre conjointe de Benoît et Hugo Sokal pour le scénario et de Pascal Regnauld pour les dessins.

Une disparue amnésique.

Un détective privé vit essentiellement de deux types d’affaire : l’adultère et la recherche de personne disparue. C’est à la seconde thématique qu’appartient ici la requête faite à ce cher Canardo. La particularité de la mission qui lui est confiée est que la disparue est assise en face de lui et que ce qu’elle souhaite retrouver est sa mémoire…

Avant d’entrer de plein pied dans le ressenti de ma lecture, je me dois de présenter rapidement les caractéristiques de ce héros atypique qu’est Canardo. L’univers anthropomorphiste de la série lui donne les traits d’un canard. Mais le premier contact l’associe immédiatement à Columbo. L’imperméable, le regard peu expressif, la cigarette… Malgré son côté peu attirant, le lecteur ne peut que tomber sous le charme du personnage.

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Comme souvent ces derniers temps, l’enquête de Canardo lui fait croiser les hautes sphères du duché de Belgambourg. Ce dernier se veut être un repère pour fortuné frontalier de la Belgique. Cet album évoque les contrariétés ressentis par les dirigeants locaux du fait d’une immigration wallonne incontrôlée. Les propos tenus par cette élite mettent mal à l’aise au premier degré mais font bien rire au second. C’est une des forces de la série : son humour noir. Les auteurs ne se fixent aucune limite dans leurs propos et je les remercie pour cela. La thématique de la protection des frontières à tout prix n’échappe pas à cette règle.

Canardo23bDe son côté, Canardo a d’autres soucis. Cette ravissante demoiselle amnésique lui occupe tout son temps. Elle a été retrouvée au milieu d’un lac par un pêcheur d’anguilles qui depuis l’a recueillie. L’essentiel des échanges entre le palmipède et sa cliente se déroule donc dans un bouiboui spécialisé dans la cuisson de l’anguille. Cela permet aux auteurs de créer quelque chose qu’ils adorent et pour lesquels ils sont particulièrement talentueux : une petite communauté vivant quasiment en autarcie au milieu de nulle part. Chacune de ces immersions dans ces lieux gris où grouille cette faune particulière est un véritable bonheur. Le séjour chez Harry confirme ce postulat.

Concernant les recherches de Canardo, elles ne sont pas inintéressantes. Les pistes sont nombreuses. Les liens entre elles sont en train d’apparaître. La surprise est de voir que le dénouement n’arrive pas au bout de la quarante-huitième page. Il faudra attendre la parution du prochain tome pour connaître le fin mot de l’histoire. Je dois vous avouer que j’ai été un petit peu frustré. Les auteurs m’avaient habitué à offrir un épilogue à chacun de leurs opus. Ce n’est ici pas le cas. Il faudra faire avec mais je dois dire que je suis un petit peu déçu de cette décision scénaristique. Cela explique d’ailleurs que les différentes pièces du jeu d’échec narratif mettent plus de temps que d’habitude à se déplacer et à se dévoiler.Canardo23c

« Mort sur le lac » est un bon cru de « Canardo ». Il ne fait pas partie des meilleurs mais est incontestablement bourré de qualités. Le dessin de Régnauld fait une nouvelle fois mouche pour nous présenter des personnages hauts en couleurs dans des décors qui le sont tout autant. Les couleurs d’Hugo Sokal habillent la lecture d’une atmosphère caractéristique qui ravira les fidèles de la série. Je ne peux donc que conseiller à tout adepte du neuvième art de suivre les pas du célèbre canard en gabardine. Ceux qui le connaissent déjà seront ravis de le retrouver. Quant aux autres, la rencontre ne les laissera pas indifférents…

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Djinn, T12 : Un honneur retrouvé – Jean Dufaux & Ana Mirallès

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Titre : Djinn, T12 : Un honneur retrouvé
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Mirallès
Parution : Décembre 2014


« Djinn » est une série à l’atmosphère particulière. Elle mêle intrigue politique et érotisme. Le scénario est l’œuvre du célèbre et efficace Jean Dufaux. Les dessins sont le fruit du travail d’Ana Mirallès. Le douzième tome, « Un honneur retrouvé » clôt le cycle indien des aventures de Jade. J’ai cru comprendre qu’il s’agirait également du dernier épisode de la série. Ce dernier opus, édité chez Dargaud, date de l’année dernière. Sa couverture nous fait découvrir l’héroïne nue. Son corps est maquillé et des bijoux ornent son visage. Elle regarde fixement le lecteur. Pour l’attirer dans ses filets ?

Une fin de cycle décevante.

Djinn12aLa révolte gronde en Inde. L’occupation anglaise n’est plus acceptée par le peuple. Radjah Sing est le meneur des révolutionnaires. Sa fille est promise au maharadjah. Chacun essaie d’avancer ses pions pour mener à bien leurs projets. Mais l’Histoire est peut-être en train de s’écrire dans le Pavillon des Plaisirs. C’est dans ce harem que Jade éduque la promise au souverain aux arts de son corps. Cela lui permettra de dominer son futur mari et de le rallier à son cause et à celle de son père…

Les deux actes précédents avaient fait naître bon nombre d’intrigues entremêlées. Les enjeux sont multiples. J’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient démêler tout cela en une cinquantaine de pages. Je trouvais la dimension politique intéressante. Elle démarquait ce cycle des deux autres. « Le pavillon des plaisirs » avait posé des jalons intéressants. Par la suite, j’avais trouvé « Une jeunesse éternelle » plus décevant. La place occupée par Jade était également originale. Le fait d’assumer que les charmes d’une femme peuvent influencer fortement un homme puissant était pertinent. Cela offrait une corde narrative attrayante.

La dimension érotique de l’intrigue perd tout son intérêt au fur et à mesure du déroulement de la trame. Les scènes l’évoquant n’ont plus aucun autre intérêt que permettre à Ana Mirallès de dessiner ces corps en plein ébat. Leur apport à l’histoire est quasiment inexistant. Il est au plus anecdotique. Alors que cet aspect était présenté comme central au début du cycle, il est repoussé à un statut de folklore local. Je trouve cela dommage parce que cela fait disparaître le ton original de la série.

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Les arcanes politiques sont finalement bien moins mystérieux et complexes que je l’espérais. Finalement, le dénouement de l’histoire est bien complexe et alambiqué que souhaité. Il s’avère assez linéaire. Il se découvre sans réelle émotion ni attrait. La curiosité est réduite et n’excède pas la volonté de terminer quelque chose de commencer. La dimension mystique que vit Jade n’a pas d’autre intérêt que de justifier un lien avec le cycle africain de la saga. Rien de plus. Bref, l’ensemble est moyen et plutôt décevant.

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Atar Gull, ou le destin d’un esclave modèle – Fabien Nury & Brüno

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Titre : Atar Gull, ou le destin d’un esclave modèle
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Brüno
Parution : Octobre 2011


J’ai eu le plaisir que l’on m’offre dernièrement la bande-dessinée « Atar Gull, ou le destin d’un esclave modèle ». Non seulement le scénario est tenu par Fabien Nury, qui m’a déjà convaincu avec ses séries « Je suis légion » et « Il était une fois en France », mais le dessin est réalisé par Brüno, dont le travail m’a été loué de nombreuses fois. Avec cet ouvrage, j’espérais découvrir le travail de cet auteur en vogue. Ce livre est un one-shot d’un peu plus de 80 pages et est inspiré d’un roman d’Eugène Sue. N’ayant pas lu ce roman, j’éviterai toute comparaison entre l’œuvre originale et son interprétation en BD.

Atar Gull est fils de chef de la tribu des petits Namaquas en Afrique. La guerre avec les grands Namaquas fait rage et des hommes sont faits prisonniers. Toute la tribu pleure sauf lui. Atar Gull déclare alors que jamais il ne pleurera… La BD est articulée selon deux livres : « La traversée » et « La plantation » auxquels s’ajoutent un prologue et un épilogue. Comme on parle ici d’un esclave, il va sans dire Atar Gull va se faire capturer par les grands Namaquas. Au lieu de manger leurs prisonniers, ils ont depuis appris à les vendre aux blancs…

Aucun manichéisme : chaque personnage a ses raisons d’agir.

Le propos développé ici est particulièrement sombre. L’esclavage n’est pas un sujet facile et Nury le traite ici sans manichéisme. L’armateur qui procède au commerce du bois d’ébène est animé par des intentions simples : pouvoir gagner assez d’argent pour rejoindre sa femme. C’est une des caractéristiques fortes de Fabien Nury : ses personnages ont souvent des bonnes raisons d’agir. Le tout commence donc par la traversée de l’Atlantique où les auteurs développent une vraie histoire de pirates. Le rôle d’Atar Gull est ainsi très mineur. Il est seulement la plus belle pièce de la marchandise, un « Mandingo ».

L’arrivée aux Amériques change le tout. Atar Gull est vendu et travaille dans une plantation aux ordres du maître Wil. C’est vraiment à ce moment-là que l’on perçoit toute la force du scénario. En effet, les évènements avancent, souvent terribles, et les motivations d’Atar Gull nous sont toujours inconnues. On ne le comprend pas vraiment. Cependant, derrière toute cette cruauté, présente à tous les instants, on arrive à être ému. Du grand art…

Au niveau du dessin, j’avoue que le style de Brüno m’a un peu gêné au départ. Son trait est épais, sans concession, avec des aplats noirs importants, notamment dans ses visages. D’apparence simple, son dessin se révèle bien plus complexe et intéressant une fois que l’on est habitué. « Atar Gull » est aussi une bande-dessinée marquante graphiquement. Dans les moments forts, Brüno sait donner à son dessin la construction et le style qui fera réagir le lecteur. Un très bon dosage dans l’intensité. Le tout est colorisé par aplats très simples, sans ombre. Le tout renforce le style de Brüno, très brut. Les couleurs sont bien utilisées, renforçant l’atmosphère de chaque lieu ou moment.

« Atar Gull » est clairement dans le haut du panier de la bande-dessinée actuelle. Avec un scénario original et surprenant, des personnages hauts en couleur et un dessin exigeant et marquant, on sent qu’aucune concession n’a été faite. Les auteurs accouchent d’un ouvrage avec une personnalité forte. A découvrir absolument.

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note5

Tyler Cross, T2 : Angola – Fabien Nury & Brüno

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Titre : Tyler Cross, T2 : Angola
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Brüno
Parution : Août 2015


Avec deux one shots exceptionnels (« Tyler Cross » et « Atar Gull »), Fabien Nury et Brüno se sont imposés comme une des doublettes les plus talentueuses de la bande-dessinée. Et c’est avec plaisir que l’on les voit rempiler avec un deuxième tome de « Tyler Cross », intitulé « Angola ». Le tout pèse 100 pages et est publié c’est Dargaud. Même s’il serait dommage de ne pas avoir lu le premier tome, ils sont parfaitement indépendants.

« Angola » est le nom d’une prison. Tyler Cross y est enfermé suite à un coup foireux. Évidemment, il va tenter d’en sortir. Le premier tome était un polar teinté de western. Ici, on prend les références en plein univers carcéral des années 50 : mafia sicilienne, esclavage des prisonniers, chasse à l’homme, corruption… Du petit lait pour Tyler !

Un héros froid, violent et doté d’une morale minimale.

TylerCross2bLa force de cette série est de présenter un héros particulièrement froid et violent, doté d’une morale minimale. Pourtant, notre empathie pour lui est bien réelle puisqu’on espère qu’il s’en sortira. La violence est omniprésente, portée par une narration parfaitement maîtrisée. C’était déjà un des points forts du premier album, on le retrouve ici. Les textes sont un véritable plaisir de lecture, sublimés par la mise en image. Les cases longues et grandes donnent une vraie dimension cinématographique à l’ensemble. Mais qu’on ne s’y trompe pas : « Tyler Cross » s’inspire du cinéma, mais utilise au mieux les codes de la bande-dessinée.

Les cent pages de l’ouvrage permettent aux auteurs de développer leur propos. Car l’histoire n’est pas uniquement centrée sur Tyler Cross. Les autres personnages ont droit aussi à leurs chapitres qui développent leur histoire. Et à la fin, Tyler est souvent là pour les accueillir… Cette narration multiple, parfaitement maîtrisée, est au cœur du plaisir de lecture.

Le trait de Brüno, tout en noirs, et sa mise en scène sont assez incroyables. Non seulement il possède un dessin assez unique, mais il est parfaitement au service de l’histoire. Les deux auteurs sont au diapason. Les couleurs enrichissent les ambiances, jouant sur les teintes avec beaucoup d’intelligence. La pluie, la nuit, la douleur, la violence… Brüno parvient à tout exprimer avec beaucoup d’économie dans son trait et c’est assez remarquable. Quant au découpage, il est un véritable modèle du genre. Quelle maîtrise !

« Tyler Cross » s’impose une nouvelle fois comme une bande-dessinée majeure. En quittant les atmosphères western du premier tome, les auteurs proposent un ouvrage à l’ambiance différente. Le fond reste le même : violence, immoralité et références cinématographiques. Mais dans sa narration et son dessin, « Tyler Cross » reste une série assez unique, autant dans son genre que par sa qualité exceptionnelle.

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Tyler Cross – Fabien Nury & Brüno

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Titre : Tyler Cross
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Brüno
Parution : Août 2013


Tyler Cross est, à mes yeux, un des événements de cette année bédéphile. Le simple fait d’être le fruit d’une nouvelle collaboration de Fabien Nury et de Brüno est suffisant pour attirer tout afficionado du neuvième art. Leur précédent travail, Atar Gull ou le destin d’un esclave modèle, est un véritable bijou. Ce nouvel opus est un grand format édité chez Dargaud. Sa couverture fascine. Elle est découpée et nous présente un homme un fusil  la main, une voiture qui file dans le désert, un inquiétant serpent et une femme qui crie. Tout cela est accompagné des mots suivants : « Un jour, Tyler Cross paiera pour ses crimes. En attendant, il en commet d’autres. » Le programme est alléchant…

La quatrième de couverture voit un homme marché dans le désert. Le ciel rouge sang découpe sa silhouette. Il est accompagné des mots suivants : « Tyler Cross transporte 17 kilos de came, d’une valeur d’un demi-million à la revente au détail. Et il a exactement 21 dollars et 81 cents en poche. Il note l’ironie de la chose et se met en marche. »

Un polar aride…

Cet ouvrage de quatre-vingt-dix pages est un polar aride. Son époque pourrait être celle des années cinquante. Il s’adresse incontestablement aux adeptes du genre. Le propos est dur. Certaines scènes sont rudes. Les lecteurs sensibles à l’immoralité risquent de vivre quelques moments difficiles. Néanmoins, certaines appréhensions ne doivent empêcher personne de se plonger dans cette histoire à l’atmosphère envoutante, à l’intrigue dense et aux personnages qui ne laissent pas indifférents.

Tyler Cross est avant tout une ambiance. Elle m’a envahi dès que j’ai tenu l’objet dans les mains. La couverture et la quatrième de couverture transpire le thriller noir haut de gamme. Je ressentais quasiment la sueur qui habite les zones désertiques du continent américain. Dès les premières pages, le voyage dans cet univers est immédiat et intense. J’ai eu le sentiment d’avoir été tiré par le col et plongé au côté de ce braqueur au sang froid. Je n’ai pu reprendre mon souffle qu’une fois l’album refermé et posé sur ma table de nuit. L’action se centre autour d’une ville perdue au milieu de nulle part régie par une famille tyrannisant la population locale. Le dessin de Brüno génère une atmosphère malsaine et oppressante qui m’a procuré un vrai plaisir de lecteur. Je ne vous en dévoilerai pas davantage sur ce plan mais sachez que la tension ne diminue jamais.

Cet univers habite une intrigue haut de gamme. Initialement Tyler est embauché pour faire foirer un deal de drogue. Il doit récupérer la came. L’opération échoue et amène donc Tyler à se retrouver dans un trou du Texas avec la dope et pas un sou en poche. Il n’a plus de voiture et les autochtones n’aiment pas trop les étrangers. Les jalons sont posés pour un enchainement d’événements tous liés plus ou moins directement au tueur. Je n’ai pas l’intention de vous révéler les nombreux rebondissements qui agrémentent l’histoire. A la manière de Tyler, le lecteur n’a jamais le temps de se reposer. A chaque que tout semble s’arranger, un grain de sable enraye la machine fragile qu’est le quotidien de Cross. Le sang, la mort, la drogue, le sexe… Tous les ingrédients sont de sortie pour offrir un polar prenant.

Une ambiance ensorcelante et une trame captivante étaient déjà deux arguments de poids pour vous inciter à découvrir Tyler Cross. Mais les éloges ne s’arrêtent pas ici. Le scénario met en scène une galerie de personnages aux personnalités variées et travaillées. Tout d’abord le personnage principal est splendide. C’est un braqueur qui tue de sang froid. Il apparaît amoral. Et malgré cela, il m’a fasciné. A tout moment, j’étais à ses côtés souhaitant de tout cœur qu’il s’en sorte. Le côté monolithique du héros participe à son aura. Le travail graphique de Brüno fait de chacune de ses apparitions un moment fort. Toutes les rencontres qu’il fait au cours de ses pérégrinations sont également hautes en couleur. Il me semble inutile de vous en faire le listing. Par contre, je peux vous dire que j’ai été tour à tour touché, apeuré, dégouté. Certains protagonistes m’ont fait pitié d’autres m’ont fait froid dans le dos. Le spectre des émotions est large et cela rend la lecture particulièrement intense.

Au final, Tyler Cross est le chef d’œuvre que j’espérai. Le travail d’écriture des dialogues de Nury ajoute la cerise sur un gâteau déjà bien appétissant. Je ne peux que le conseiller à tous les lecteurs adeptes du genre ou plus généralement sensibles à l’univers du neuvième art. Vous ne regretterez pas le voyage !

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note5

Le révérend, T2 : Chasse à l’homme – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le révérend, T2 : Chasse à l’homme
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Avril 2015


Le premier tome du « Révérend » avait marqué les esprits par une histoire ménageant ses surprises (scénarisé par Lylian) et son dessin très réussi (réalisé par le novice Augustin Lebon). On avait craint que la deuxième partie du diptyque ne montre jamais le bout de son nez, mais voilà que la fin de l’intrigue débarque enfin en librairie. Le tout pèse une cinquantaine de pages et est publié chez Emmanuel Proust Media.

« Le révérend » est une histoire de vengeance. Le cadre du western est choisi pour mettre en place l’intrigue. Angus cherche à se venger des personnes responsables de la mort de sa mère. On l’avait laissé abattu à la fin du premier tome. Deborah et Angus, on les retrouve alors qu’ils sont encore jeune, au moment où le garçon devient le révérend. Deborah lui intime alors de renoncer à sa vengeance. Pas si simple…

Vengeance au far west.

LeReverend2bCe tome se révèle rapidement décevant par rapport au premier. Ce second opus narre une histoire de vengeance classique et donc sans surprise. Le scénario se contente donc d’une chasse à l’homme, comme l’indique si bien le titre. Le livre se lit alors avec plaisir, mais sans retenir notre attention plus que ça. Les gimmicks du genre s’accumulent sans passionner. L’ouvrage est plein de référence. Mais si le premier tome proposait son lot de surprises, il n’y en a plus ici. Dommage.

Au-delà de ce défaut, « Le révérend » semble hésiter entre violence et tout public. Car le scénario oscille entre les deux. On dirait que les auteurs appuient sur le frein en permanence. Là où « Bouncer » assume pleinement l’horreur, « Le révérend » est bien plus sage. Derrière une dureté de façade, on voit bien que le tout reste finalement plus lisse qu’il n’y paraît.

Augustin Lebon confirme en revanche ses aptitudes de dessinateurs. Son dessin est un plaisir pour les yeux. Le trait est classique et classieux, tant dans les personnages que dans les lieux et décors visités. Les cases sont larges, laissant la place aux grands espaces de l’ouest sauvage. Les couleurs sont réussies et mettent bien en valeur le trait de l’auteur. Malgré tout, ces couleurs assez vives manquent un peu d’ambiance. Sur ce point-là également, le choix a été fait de ne pas assombrir l’ouvrage.

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Ce deuxième tome du « Révérend » ne convainc pas réellement. Trop référencé et sans surprise, il se lit comme une bonne bande-dessinée et nul doute que vous y prendrez du bon temps. Mais il n’est pas dit qu’il vous laissera un souvenir impérissable. Un bilan mitigé, donc.

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