Blankets – Craig Thomson

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Titre : Blankets
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Mars 2004


Une fois lu « Habibi », j’avais bien envie de continuer de découvrir Craig Thomson. Après une incursion (dispensable) en carnet de voyage, je récupérais enfin « Blankets », proclamé chef d’œuvre par de nombreuses critiques. « Blankets » est un ouvrage autobiographique sur la jeunesse de l’auteur. On y trouve un peu de son enfance et beaucoup de son adolescence. Au centre de cet épais bouquin (pas loin de 600 pages quand même…), sa première relation amoureuse. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures.

Blankets1Craig Thomson nous met tout de suite dans un certain misérabilisme. Enfant, il dort avec son petit frère et ils ont froid quand bien même. Quelques anecdotes se succèdent, montrant une éducation à la dure où mieux valait filer droit. Hélas, la plupart des pages traitant de l’enfance n’ont pas vraiment d’intérêt pour la suite. On pourrait bien sûr penser que cela forge le caractère de Craig, mais tout cela est quand même bien décousu. On rentre réellement dans le vif du sujet quand il rencontre son premier amour.

Peu d’empathie pour le personnage.

Les amourettes, quand on est a vécues, c’est très touchant. Mais ici, l’histoire entre Craig et Raina n’a pas beaucoup d’intérêt. Tout cela est très plat et manque cruellement de recul. Et pourtant il y aurait de quoi dire : Raina a pour frère et sœur deux enfants handicapés et adoptés. Il ne reste plus qu’à ajouter des parents en plein divorce pour parfaire le tout. Du coup, les pistes de développement se multiplient (on peut ajouter la religion qui saupoudre le tout en permanence) sans vraiment nous intéresser. Et au fur et à mesure de la lecture, on se fatigue un peu de tout ça. Le personnage de Craig est très passif, peureux et on n’a finalement que peu d’empathie pour lui.

Au niveau du dessin, j’aime le trait de Craig Thomson. Dessiné au pinceau, il a beaucoup de force. C’est vraiment le point fort du livre. Le noir et blanc permet de bien traiter la neige (le livre n’est-il pas sous-titré « manteau de neige » après tout ?) et convient au propos. Malgré tout, il n’y a pas l’incroyable force des planches de « Habibi ». Le sujet s’y prête moins, certes.

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Quelle déception que ce « Blankets ». C’est long, lent, peu passionnant et pas touchant pour un sou. On sent l’intention derrière de traiter de nombreux sujets « graves », mais c’est finalement une amourette banale à laquelle on a droit. Les thèmes annexes, survolés, auraient peut-être mérité plus d’attention et non pas quelques pages rapides entre deux coups de téléphone à sa chérie.

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Note : 10/20

Kick Ass, T1 : Le Premier Vrai Super-Héros – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kick Ass, T1 : Le Premier Vrai Super Héros
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr.
Parution : Mars 2010


En 2010 sortait le film « Kick Ass ». A force d’entendre des critiques élogieuses sur le film, puis sur le comics, j’ai décidé de lire l’œuvre de Mark Millar et John Romita Jr. Kick-Ass est le « premier vrai super héros » au sens où il pourrait vraiment exister. Pas de super pouvoir, de batmobile ou autre gadgets. Alors évidemment, quand on est un « vrai » super-héros, ça fait mal…

Dave est un ado très ordinaire. Si ce n’est la mort de sa mère quand il avait 14 ans. Mais cette mort n’est même pas due à un baron du crime, mais à des raisons médicales. Pendant les premières pages, on apprend finalement que Dave est tellement normal qu’il n’a aucune raison d’être un super héros. Mais il va quand bien même décider de s’habiller d’une combinaison de plongée et d’arpenter les rues la nuit pour combattre le crime…

« Kick-Ass » se base sur le fait que Dave n’étant pas extraordinaire, il souffre énormément de ses blessures. Même psychologiquement, il a peur de se retrouver enfermé en prison pour meurtres. A chacune de ses sorties, il se convainc donc de ne plus recommencer, mais l’appel de la rue est plus fort. Si bien que pour bien appuyer son propos, « Kick-Ass » est particulièrement violent et gore. La première scène où apparaît Dave, il est soumis à la gégène. Des gerbes de sang éclaboussent toutes les scènes d’action. Cette surabondance de gore est assez impressionnante, même pour un comics. Il y en a tant que ça en devient presque complaisant.

Un super-héros sans pouvoir.

Le thème de départ est plutôt intéressant : que serait un super-héros sans pouvoir ? Cependant, rapidement, une fois le constat de départ posé, on tourne un peu en rond. Sans surprise, il faut l’arrivée d’autres personnages (Hit Girl et Big Daddy, beaucoup plus efficaces que Kick-Ass) pour relancer l’intérêt de l’histoire et donner envie de lire le deuxième tome.

Au niveau du dessin, il n’y a pas grand chose à redire. Le trait est dynamique, fluide et très lisible. Les cases sont souvent très grandes, si bien que le tout se lit assez vite. Le sang est rapidement omniprésent dans les scènes d’action et la violence très visible (un homme se voit couper le crâne dans le sens de la longueur, un autre est broyé dans sa voiture…). Le dessin est vraiment dans son époque : on ne suggère pas, on montre.

J’ai été très gêné sur un point de « Kick Ass » : la façon dont les auteurs appuient sur la banalité de Dave au début m’ont vraiment fait tiquer. Ils s’arrangent pour le rendre le plus « normal » possible. Il déclare même qu’il n’a « rien de particulier ». L’ajout ensuite de références qui parleront aux ados (il regarde Scrubs, Heroes, écoute Stereophonics…) me font penser que les auteurs ont voulu vraiment pousser le processus d’identification à fond pour cette tranche d’âge. Le fait que Dave « pirate les séries sur internet et regarde des sites porno » vont également dans ce sens. N’étant pas dans la cible, j’ai eu l’impression de ne pas être prévu pour ce comics.

J’ai été assez déçu par cette BD. Elle a tout selon moi du pétard mouillé : une bonne idée de base qui tombe bien dans de la violence gratuite et démonstrative. Je pense qu’il y avait matière à faire mieux. Kick-Ass se lit donc plutôt bien mais il lui manque peut-être un peu plus d’humour (ou de noirceur) pour passer au niveau supérieur.

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Note : 10/20

Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T3 : Hollywood boulevard
Scénariste : Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2014


 La publication du premier tome de « Ekhö » avait redonné un peu des lettres de noblesse à Christophe Arleston. Le scénariste, qui s’était essoufflé depuis bien longtemps, avait créé un monde parallèle au nôtre, mais où l’électricité n’existait pas et où les dragons servaient de transport en commun. Aidé par le dessin virtuose d’Alessandro Barbucci, les critiques avaient été très positives (peut-être un peu excessives d’ailleurs). Maintenant que le tome 3 est de sortie, où en est cette série de fantasy si proche de notre propre univers ?

ekho3aA chaque tome sa ville et son intrigue. Après New York et Paris, voilà Hollywood. Malgré tout, mieux vaut avoir lu les précédents tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Mais le parallèle entre les deux univers est surtout construit autour des personnages de Fourmille et Yuri, qui sont obligés de rester groupé après avoir perturbé l’équilibre entre les deux mondes. Force est de constater qu’au troisième tome, ils sont déjà intégré au monde et rien ne semble plus les étonner. Le décalage entre notre univers et celui de fantasy est digéré. Dommage.

Un tome, une ville.

Un peu comme un cheveu sur la soupe, il arrive que Fourmille soit habitée par des fantômes et elle doit résoudre leurs problèmes afin de ne plus être habitée. Quand c’est le cas, sa coiffure change. Ce système est un peu étrange et semble conçu avant tout pour créer des scènes cocasses où Fourmille ne réagit plus normalement, mais comme d’autres personnes, souvent hautes en couleur.

ekho3bLe principe du monde miroir permet à Arleston de s’adonner à son jeu préféré : jouer avec les références. Hélas, tout est très appuyé. Alors que dans les tomes précédents, il détournait certains lieux (le central park sauvage, la tour Eiffel comme palais…), ici on a surtout l’impression de revoir l’histoire entre Marilyn et JFK. Et au final, le fil rouge général disparaît complètement. On n’avance pas du tout sur les mystérieux Preshauns par exemple. Après trois tomes, c’est un peu inquiétant. Arleston a trouvé un bac à sable où il peut donner libre cours à ses envies, mais il manque du coup du fond pour pouvoir nous emballer pleinement. Surtout que l’aspect « fantasy » et monde parallèle est peu fourni dans ce tome, comme si tout avait déjà été épuisé.

Au niveau du dessin, Barbucci fait des merveilles. On sent un dessinateur au sommet de son art, tant dans le dessin des personnages (surtout des femmes !), des décors, du dynamisme, de la mise en scène… Bref, c’est du très lourd. Hélas, sa Marilyn (enfin, Norma Jean) ressemble beaucoup à Fourmille et les changements de coiffure ne rendent pas ça très flagrant. De même, sa propension à tout dessiner pour faire des femmes nues ou des décolletés plongeants en permanence finit par lasser. Mais force est de constater que c’est un formidable dessinateur de pin-ups.

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J’ai été déçu par cet ouvrage. Malgré une belle idée de départ et un dessin de haute volée, difficile de se passionner par cet amoncellement de références sans réelle histoire, ni dans le tome, ni dans la série. Le système « un tome, une ville » semble atteindre ses limites ici. Dommage.

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Note : 10/20

Jours de gloire – Fabcaro

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Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche à chaque fois. Quand je suis tombé sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y résister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas…

Le strip est une des spécialités de Fabcaro. Du moins le gag à chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas là pour réussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est également le cas ici. La différence, c’est qu’il n’y a pas réellement de contexte, alors que les précédents bouquins cités concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de série télé. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance étant une des qualités de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacité. Son héros (ou plutôt antihéros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand même au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre héros est un imbécile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hélas vite et le livre est refermé alors que l’on en demande encore… Le format à l’italienne est parfaitement adapté à l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert à cacher la pauvreté du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages à lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adapté au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de décor. Mais l’essentiel n’est pas là, c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips réalisés entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela méritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drôles et réussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposé. Quant à Fabcaro, il nous a habitué à encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte à ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une déception, même si le tout m’a donné le sourire du début à la fin.

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Note : 10/20

Ma révérence – Wilfrid Lupano & Rodguen

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Titre : Ma révérence
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Rodguen
Parution : Septembre 2013


Ma révérence est un album que j’ai découvert en lisant une critique à son propos dans une revue. J’avais également l’occasion d’y découvrir les premières planches. Sans savoir exactement où je me plongeais, j’ai décidé de partir à la découverte de cet ouvrage né de la collaboration de Wilfrid Lupano et de Rodguen. Le premier se charge du scénario et le second du dessin. L’histoire se déroule sur près de cent trente pages. Il est édité chez Delcourt et son prix avoisine dix-sept euros. La couverture nous présente deux personnages. L’un est jeune et tient une immense peluche à la main. L’autre, plus âgé,  a le style de Dick Rivers et tient un flingue. On y voit aussi un fourgon blindé amené à être central dans l’intrigue.

La quatrième de couverture offre la mise en bouche suivante : « Depuis maintenant un mois, je bois mon café tous les matins à la brasserie des Sports, à côté de Bernard. Il est convoyeur de fonds… Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la décision ferme et définitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma révérence… et ce jour-là, ma vie a changé. »

MaReverence2Ce bouquin est un « one shot ». Je ne connaissais donc pas ses personnages et ne devraient pas être amené les croiser dans une autre aventure bédéphile. Je supposais donc que l’histoire nous offrirait un départ et un dénouement, ce qui n’est pas désagréable. Son grand nombre de pages me laissait espérer une intrigue dense et des protagonistes travaillés. Bref, c’est plein d’optimisme que je partais à la rencontre de Vincent et de Gaby.

La narration est subjective. Les événements nous sont contés à travers le regard de Vincent. Il est un jeune trentenaire dont la vie a subi quelques sorties de route. Il s’est décidé à braquer un fourgon. Les raisons qui l’ont amené à cette extrémité sont distillées tout au long de l’histoire. Il possède un côté looser qui rend son projet peu réaliste. Ce sentiment s’intensifie au moment où j’ai découvert son complice alcoolique à la fiabilité peu convaincante. La trame se construit autour de ce duo assez réussi de prime abord. Je me suis rapidement attaché à Vincent. Ses cicatrices sont touchantes et font que je n’arrivais jamais vraiment à le voir comme un délinquant. Néanmoins, il est évident que le personnage le plus haut en couleur est Gaby. Il fait partie de ces copains auxquels on s’attache autant qu’on ne supporte pas l’immaturité. Il est de ces personnes qui sont des boulets qu’on se traîne sans jamais vouloir s’en séparer. Il est très réussi et je regrette qu’il ne prenne pas une place moins secondaire dans l’intrigue. Cela aurait permis à l’ensemble d’être plus drôle et également plus intéressant. En effet, Gaby possède des zones d’ombre que les autres choisissent de ne pas réellement explorer. C’est un choix qui se respecte mais que je regrette.

« Une réussite inégale. »

L’enjeu est donc le braquage d’un fourgon. Les pages nous rapprochent donc inéluctablement du moment où Vincent et Gaby devront assumer un acte qui les mettra au ban de la vie qu’il connaissait jusque-là. A l’aide de flashbacks, les auteurs nous font vivre le terreau qui a fait germer cette idée folle. Ces ruptures chronologiques sont régulièrement réparties et ont pour but apparent de relancer l’intérêt du lecteur. C’est une réussite inégale. En effet, certaines révélations influent profondément le regard porté sur les personnages. D’autres sont davantage des clichés sur la misère sociale et sont moins intéressants en n’apportant aucune dimension supplémentaire à l’histoire.

En débutant ma lecture, je l’ai trouvée originale. Les personnages, l’intrigue et l’univers me paraissaient être une base solide à un album de qualité. Hélas, je trouve que tous ces arguments se diluent au fur et à mesure que les pages défilent. Notre curiosité n’est pas relancée, notre intérêt n’est pas alimenté. Le ton devient plus lisse. Les rebondissements sont plus prévisibles. Bref, tout ne va pas dans le bon sens. Alors que le début m’avait vraiment séduit, j’avais un sentiment bien plus mitigé en refermant l’ouvrage.

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Concernant les dessins, j’ai du mal à me faire un avis définitif sur le trait de Rodguen. Certaines cases sont très réussies. Certains visages sont d’une réalité forte. Ils dégagent une intensité qui ne laisse pas indifférent. Par contre, à l’opposé, je trouve d’autres planches plus banales sans réelle identité graphique. Je dirai donc que la qualité des illustrations est inégale. Pour résumer, je ne suis pas tombé sous le charme mais serait curieux de découvrir un autre travail de ce dessinateur pour me faire une idée plus précise de son style.

En conclusion, Ma révérence ne m’a totalement conquis. L’album n’est pas dénué d’intérêt et d’idées. Mais la qualité inégale et irrégulière du propos fait que j’ai eu du mal à m’immerger dans l’histoire sur la durée. Je suis donc envieux d’une certaine manière des nombreux lecteurs enthousiastes à l’égard de cet ouvrage. En effet, cet opus possède des échos très favorables sur la toile. Comme quoi, les goûts et les couleurs…

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Note : 10/20

Johnny Jungle, T2 – Jean-Christophe Deveney & Jérôme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : Jérôme Jouvray
Parution : Septembre 2014


Le premier tome de « Johnny Jungle » avait été une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un équivalent de Tarzan champion de natation et de cinéma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour décalé. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intérêt de continuer le tout, malgré la fin surprenante. Alors, cette deuxième partie transforme-t-elle l’essai ?

Johnny n’est pas vraiment parvenu à se faire à la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associées, mettant à mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illégitimes commencent à faire leurs apparitions, c’est le bouquet…

Ce tome s’intéresse à la dégringolade du personnage. Après son ascension, cette chute était inévitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drôle que le premier. Teinté de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. Hélas, les blagues sont quand même là, mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’être désagréable, mais il est difficile de ne pas être déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, après une vingtaine de pages, je me suis surpris à me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. Malgré tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.

La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Ce diptyque peut être vu de cette façon : le premier tome correspond à la partie d’innocence du personnage. Il découvre les choses avec émerveillement et on rit avec lui. Le deuxième tome est la désillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les péripéties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le réalisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dérangé, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Malgré tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratés, ses budgets limités par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densité est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus là.

Concernant le dessin, j’ai trouvé l’ensemble inégal. Si le premier tome m’avait enchanté, c’est moins le cas ici. Le trait de Jérôme Jouvray est toujours aussi agréable, mais les intérieurs notamment sont très vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurée par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inégale qualité qui nous imprègne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent désespérément vides. Peut-être que le temps imparti pour dessiner cet album était-il trop court ? Car l’ensemble fait quand même 76 pages.

La chute de « Johnny Jungle » est traitée avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins à l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher à un personnage qui succombe en permanence à ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturité. J’ai retrouvé une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la déception est bien réelle. Dommage.

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Note : 10/20

Les Forêts d’Opale, T4 : Les Geôles de Nénuphe – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les Forêts d’Opale, T4 : Les Geôles de Nénuphe
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Mai 2005


« Les Geôles de Nenuphe » est le quatrième tome de « Les forêts d’Opale ». Cette série de fantasy, actuellement composée de sept opus, est scénarisée par Christophe Arleston et dessinée par Philippe Pellet. Le premier est un spécialiste du genre. Il possède à son actif des sagas telles que « Lanfeust de Troy », « Les maîtres cartographes » ou « Les naufragés d’Ythaq ». L’album que j’évoque aujourd’hui date de mai deux mille cinq. Edité chez Soleil, il se compose assez classiquement d’une cinquantaine de pages. La couverture nous présente un serpent de mer assez impressionnant qui, la gueule grande ouverte, s’attaque à deux de nos héros.

La série est présentée de la manière suivante sur la quatrième de couverture : « Opale est le monde des forêts. Le clergé de la Lumière y fait régner un pouvoir assis sur la puissance de Pierres Magiques. Mais Darko est celui qui doit réaliser la Prophétie et faire revenir les Titans pour libérer les Cinq Royaumes… Aidé du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongé dans une aventure où se joue le destin d’un monde… Une grande saga vivante, de la pure fantasy !»

« Les Geôles de Nenuphe » est le quatrième opus de la saga. L’histoire a donc avancé depuis la présentation qui en est faite à l’arrière du bouquin. Notre trio s’est vu rejoindre par un quatrième membre qui prend les traits de la ravissante Tara, général paladin. Son apport n’est pas anecdotique. Sa plastique est en opposition avec son caractère froid et militaire alors qu’on pourrait l’attendre féminine. Le groupe des personnages ont pris leurs repères entre eux et avec le lecteur. Cela doit donc donner lieu à de vrais moments de complicité et d’humour. Ce n’est hélas pas le cas. Je trouve que cet album est le plus pauvre des quatre sur ce plan là. On rit rarement. La légèrement de propos a plutôt disparu et c’est bien dommage car il s’agit d’un des attraits de la série.

Les enjeux secondaires prennent les devants

J’espérais donc que le fait de négliger l’humour aurait pour conséquence une intrigue plus dense. Par conséquent, j’espérai que la trame principale avancerait plus rapidement dans que dans les opus précédents. En effet, Arleston a la mauvaise habitude dans ses séries de fantasy de privilégier les enjeux secondaires au fil conducteur central. Hélas, c’est encore ici le cas. Si je dois résumer ce qui se déroule sur les cinquante pages, cela se fait en une seule phrase. Ils s’évadent d’une prison dans laquelle on les avait jetés au début de l’histoire. Cela reste quand même succinct. Alors certes, l’évasion est haute en couleur. On a la course contre la montre, le suspense, de grandes scènes d’action, des personnages secondaires colorés… Mais cela reste à mes yeux légers pour occuper un album entier. Les dernières pages nous font apparaître le grand méchant, histoire de marquer le coup mais sans intérêt réel également.

Je suis donc sorti déçu de ma lecture. Une fois l’ouvrage terminé, je me suis dit « C’est tout ? ». Quelque part, les cinquante pages de l’album aurait pu se résumer en une grosse vingtaine de pages. Cela aurait pour conséquence de densifier l’intrigue et de voir notre intérêt grandir au fur et à mesure. Je ne me suis pas ennuyé en lisant cet album. Je suis curieux de savoir ce que vont devenir les héros pour qui j’ai de la sympathie. Par contre, je me rappelle que lors de ma première lecture, j’avais été déçu de voir que l’histoire avait si peu avancée pour un bouquin dont j’avais attendu la parution un an. Espérons donc que le cinquième opus intitulé « Onze racines » sera d’un meilleur acabit. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 10/20