Kickass 3, T2 : Le début de la fin – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T2 :  Le début de la fin
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Septembre 2014


La grande saga « Kick-Ass » se termine avec la parution de « Le début de la fin ». Cette deuxième partie conclut « Kick-Ass 3 », dernier chapitre des aventures de Dave Lizewski. Sa parution chez Panini Comics date de septembre dernier. La couverture présente « Kick-Ass » et « Hit Girl » armés et prêts à mener leur ultime combat. La quatrième de couverture propose le synopsis suivant : « Alors qu’on découvre comment Mindy est devenue Hit-Girl dans un long flash-back relatant sa transformation et son premier meurtre, tout se met en place pour l’ultime confrontation entre les Genovese et nos héros. Kick-Ass endosse son costume pour la dernière fois. Y laissera-t-il la peau ou triomphera-t-il de l’adversité ? »

Coups de pieu, décapitations et fusillades…

Ce nouvel ouvrage s’inscrit parfaitement dans la lignée des précédents. La violence transpire de chaque planche. C’est toujours aussi sanglant. John Romita Jr s’en donne à cœur joie. Il n’hésite pas à faire dans le trash. Les coups de pieu dans la tête, les décapitations, les fusillades… Rien n’est édulcoré. Les auteurs restent honnêtes avec leurs lecteurs. A contrario, la place occupée par ces scènes de violence empêche le scénario de développer une psychologie plus subtile chez ses personnages. Peut-être ne peut-on pas tout avoir…

Néanmoins, Mark Millar arrive à offrir un dénouement plutôt bien construit. Le flashback initial sur le passé de Hit-Girl nous fait tout de suite entrer dans le vif du sujet. Ce personnage est incontestablement l’atout majeur de la série. Même si Dave est attachant et possède son lot de qualité, Mindy est en tout point fascinante. Voir cette gamine être une reine de l’exécution sommaire sans émotion est à la fois transgressif, original et captivant. Nous arrivons presque à mettre de côté inconsciemment sa dimension amorale et violente. Elle est d’ailleurs le personnage central de ce dernier acte et cela participe au plaisir de notre lecture.

Kickass3-2bMalgré tout, Dave n’est pas oublié. Les auteurs arrivent sans mal à faire cohabiter deux héros assez différents. Dave a fortement évolué depuis notre première rencontre. Il est maintenant loin du jeune geek qui rêve d’être un vrai superhéros. Les épreuves l’ont fortement endurci et en ont fait quelqu’un de différent. Son courage, sa résistance, sa force se sont développés. La formation qu’il a subie de la part de Hit-Girl l’a rapproché du quotidien de ses idoles de comics. L’attrait majeur de son changement est la découverte des responsabilités et des drames qui accompagnent le quotidien d’un gentil qui s’attaque aux gros méchants. Sur ce plan, « Le début de la fin » montre bien l’issue irrémédiable de la loi du plus fort. Toute la trame accompagne la montée en puissance vers ce qui sera le dernier combat. La saga montre l’impossibilité de Dave à couper de ses démons et de mener une vie normale sans tuer tous ses ennemis.

Malgré le fait que les ingrédients utilisés soient les mêmes que lors des tomes précédents, la recette de celui-là fait naître des saveurs un petit peu différentes. A l’exception du premier épisode, « Kick-Ass » se résumait bien souvent à une catharsis de violence avec une dose d’humour et quelques gouttes dramatiques pour compléter. Ce dernier acte est plus posé. Il prend le temps de préparer le « au revoir » aux héros. L’atmosphère dégagée est particulière et distingue cette ultime aventure des précédentes.

Au final, « Le début de la fin » clôt correctement la série. Malgré les excès qui ont agrémenté le quotidien de Dave et Mindy, le dénouement de leur lutte contre le crime sous leurs masques est bien amené. Nous pouvons les quitter sans sentiment de frustration ou de gâchis. La fin ne révolutionne pas le genre mais conclut sans bâcler la saga. Les adeptes du genre sauront savourer le fait que les auteurs n’ont pas étiré leur filon jusqu’à épuisement. C’est une qualité à signaler…

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Note : 12/20

Uchronie(s), New Beijing, T3 – Eric Corbeyran & Aurélien Morinière

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Titre : Uchronie(s), New Beijing, T3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien Morinière
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un des projets les plus ambitieux de la dernière décennie dans le l’univers fantastique du neuvième art. Eric Corbeyran a fait naître trois trilogies se rejoignant dans un dixième opus. La particularité de ces histoires est qu’elles faisaient intervenir les mêmes personnages dans trois réalités parallèles. L’idée était originale et la réalisation s’est montrée à la hauteur de la force scénaristique supposée.

Alors que l’aventure apparaissait conclue avec la sortie en librairie de « Epilogue » il y a presque quatre ans. C’était donc une surprise quand j’ai vu naître une suite il y a un petit peu plus de deux ans. Le célèbre auteur créait trois nouvelles réalités intitulées « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». La critique d’aujourd’hui porte sur la conclusion de la première citée.

UchroniesNewBeijingT3aLe troisième épisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture était originale car elle présentait deux versions du même protagoniste, chacun étant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonné Charles et Veronika Kosinski, parents du héros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle découverte est la fusion noire. Leur création permet de transition d’une réalité à l’autre. Ce pouvoir donne libre cours à toutes les imaginations.

Pas aussi enthousiasmant que la série originelle.

Comme l’indique son titre, la série exploite pleinement le concept de l’uchronie. Très à la mode actuellement, cette mécanique narrative offre des résultats assez inégaux en termes de résultat. Autant « Block 109 » est une belle réussite à mes yeux, autant « Jour J » est moins enthousiasmant. « New Beijing » est un cru à la qualité correcte. Sans dégager le même enthousiasme que la décalogie originelle, elle présente une intrigue sérieuse et plutôt prenante.

La première réussite de l’album est de créer de manière crédible une Chine régnant sur le monde. Le fait de voir les parents Kosinski prisonniers permet de s’immerger dans les arcanes des dirigeants du Parti. L’ensemble apparaît crédible. Le réalisme facilite notre entrée dans ce monde cousin du notre. Le côté « documentaire » de la lecture est intéressant et fait partie des atouts de la trilogie.

UchroniesNewBeijingT3bLes enjeux de l’histoire sont clairement établis depuis l’épisode précédent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils évoluent énormément dans ce nouvel album. Le déroulement du film conducteur se fait davantage à un train de sénateur car qu’au rythme d’une course effrénée. Je ne renie pas le fait que les événements avancent et que les rapports de force évoluent un petit peu. Malgré tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons à un grand chamboulement et à un feu d’artifice de révélation. La trilogie terminée, bon nombre de questions restent en suspens. Les réponses arriveront peut-être dans les réalités parallèles ou dans l’épilogue…

Sur le plan graphique, le travail de d’Aurélien Morinière est correct. Il permet une lecture aisée sans pour autant sublimer les textes. Les personnages sont aisément reconnaissables malgré une densité de casting assez importante. Par contre, que ce soit le découpage ou la mise en scène des cases, rien de révolutionnaire n’est à signaler. Les couleurs de Johann Gorgié est dans cette lignée-là. Le choix semble avoir été fait de privilégier le scénario aux illustrations. Pourquoi pas…

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Au bilan, cet album conclut honorablement « New Beijing ». Les trois tomes sont d’une qualité assez constante. J’ai retrouvé avec plaisir des personnages que j’avais appris à apprécier durant les dix tomes précédents. Je pense que cette première nouvelle trilogie à trouver son dénouement offre une suite honorable à la décalogie initiale sans néanmoins en retrouver la magie et l’originalité. Il ne me reste plus qu’à découvrir l’achèvement de « New Moscow » et « New Delhi ». Mais cela est une autre histoire…

gravatar_ericNote : 12/20

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant à l’écharpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant à l’écharpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » était une bonne surprise. Doté d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhérait pleinement à l’ouvrage. Ce dernier aurait même pu exister en tant que one-shot. Mais voilà la suite qui arrive, intitulé « L’enfant à l’écharpe ». Après avoir passé un tome à essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver à inviter une femme à aller boire un verre, voilà que notre héros se lance dans la paternité ! Le tout est publié sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

Gérard est donc parvenu à séduire la belle Florence, mais celle-ci est déjà mère de trois enfants. Demain, Gérard emménage dans la maison familiale de sa chérie, celle qu’elle avait acheté avec son ex… Mais notre héros ne se démonte pas et propose à Florence de faire un enfant ensemble… C’est le début des problèmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger Gérard dans la paternité. Surtout que lui qui avait tant de mal à faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le début de l’ouvrage, consacré à son emménagement est parfaitement réussi. On y voit le rapport entre Gérard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, précédentes, de la mère. Mais une fois la grossesse lancée, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout très confus. Clairement, la magie n’opère pas aussi bien.

Malgré tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de Gérard. Petite pique à leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu névrosé…).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussé à feuilleter le premier album. Son style semi-réaliste, très relâché, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adapté au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvés et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de découpage !

J’ai été un peu déçu par ce deuxième tome. Alors que Gérard était un personnage des plus angoissés dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivée de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos là où elles l’enrichissaient précédemment. Mais si vous avez apprécié le premier tome, ce second opus reste une lecture agréable en compagnie de Gérard.

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Note : 12/20

 

Largo Winch, T19 : Chassé-croisé – Jean Van Hamme & Philippe Francq

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Titre : Largo Winch, T19 : Chassé-croisé
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Novembre 2014


« Largo Winch » est une des plus célèbres séries de bandes dessinées. En effet, bon nombre de lecteurs guettent la sortie annuelle de la nouvelle aventure du milliardaire en blue jeans. Je fais partie de ces adeptes qui prennent chaque fois plaisir à découvrir les pérégrinations souvent dangereuses dans les arcanes du monde cruel du grand capital. Le dernier opus en date, le dix-neuvième, s’intitule « Chassé-croisé ». Sa sortie en librairie date du mois de novembre dernier.

La particularité de cette saga est de se composer de diptyques successifs. Cet album marque donc le début d’une nouvelle intrigue qui se conclura l’an prochain avec la parution de « 20 secondes ». Celle-ci débute à Londres où Largo se rend pour présider le Big Board du groupe W. Comme souvent, réunion de travail et moments plus détendus se succèdent. Evidemment, la situation se complique avec l’apparition dans le jeu de terroristes djihadistes, d’agents troubles et d’espions véreux…

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Le personnage de Largo Winch est assez unique dans son genre dans le monde du neuvième art. Il est décrit avec les mots suivants sur la quatrième de couverture : « Sans famille ni attaches, contestataire, coureur, vagabond, iconoclaste et bagarreur, il se retrouve, à vingt-six ans à la tête d’un empire de dix milliards de dollars… » Par les temps qui courent, il peut paraître de curieux de choisir comme héros un patron milliardaire. Evidemment, le scénariste Jean Van Hamme, en a fait quelqu’un qui possède une fibre sociale et humaniste plutôt développée. Cela évite de tomber dans la caricature du grand chef d’entreprise.

Le côté « superhéros » de Winch fait accepter le côté manichéen.

Largo est quelqu’un de sympathique. Le lecteur s’y attache rapidement et ne renie jamais l’affection ressentie à l’égard de ce patron pas comme les autres. A aucun moment, on ne lui envie sa richesse ou son pouvoir. Au contraire, on se laisse fasciner par sa capacité à déjouer les manipulations des méchants capitalistes qui l’entourent. L’ensemble est assez manichéen mais le côté « superhéros » de Winch fait accepter cela sans mal. Comme Indiana Jones a du mal à rester un professeur d’université, le milliardaire a du mal à rester dans sa tour et ses bureaux pour mener à bien ses affaires.

LargoWinch19bBien souvent, la première partie d’un diptyque a pour objectif de poser la situation, de présenter les enjeux et de mettre le héros dans une situation complexe générant ainsi un suspense à la fin de la lecture. « Chassé-croisé » n’échappe pas à cette règle. Les personnages principaux arrivent à Londres, s’installent. Pendant ce temps, des inconnus font leur apparition. On les devine animés de mauvaises intentions mais les zones d’ombre restent nombreuses. Tout ce petit monde se rencontre et de ces interactions naissent des questions pour l’instant sans réponse. La recette est efficace mais exécutée ici avec une sensation de paresse. Je n’ai pas retrouvé dans cet album l’intensité dramatique habituelle. J’avais le souvenir que la lecture d’un tome de cette série était toujours accompagnée du sentiment d’être au beau milieu d’un tourbillon d’événements qui ne faisaient qu’aggraver la situation de Largo. Ici, le ton est plus léger. Les amourettes des différents personnages tendent presque cette histoire d’espionnage vers le vaudeville.

Sur le plan graphique, j’ai retrouvé avec plaisir le trait de Philippe Francq. Je trouve qu’il possède un talent intéressant pour faire exister ces atmosphères urbaines. Ses décors participent au réalisme de l’ensemble. Cette sensation est indispensable au plaisir de la lecture. Son travail sur les personnages est de qualité mais plus classique. Néanmoins, nous n’avons aucun mal à s’approprier les personnages qu’ils nous soient familiers ou de nouvelles rencontres.

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Au final, « Chassé-croisé » est un épisode honnête des aventures de Largo. J’ai retrouvé cet univers et ce héros avec plaisir et j’ai passé un moment agréable à découvrir ses nouveaux soucis. Malgré tout, ce tome ne fait pas partie des meilleurs de la série. Le scénario est quelque peu fainéant en comparaison des meilleurs opus de la saga. Ces bémols ne m’empêcheront pas de me jeter sur le vingtième acte pour connaître le dénouement de ce séjour londonien…

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Note : 12/20

Kickass 3, T1 : Civil War – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T1 : Civil War
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Mai 2014


J’ai découvert l’univers de « Kick Ass » lors de la sortie de son adaptation dans les salles obscures il y a quatre ans. Ce film se démarquait dans l’univers dense des super héros pour plusieurs raisons. La première, dénoncée par bon nombre de critiques lors de sa sortie, était la violence qui transpirait de l’écran tout au long de la séance. L’idée de voir une gamine de treize ans trucider des mafieux à tout bout de champ et sans aucun état d’âme avait créé quelques malaises. La seconde concernait la nature même du héros. Il était un ado geek et transparent. Il n’avait ni pouvoirs, ni fortunes, ni revanches à assouvir. Il était juste fan de comics et rêver d’être un super héros. L’opus de Matthew Vaughn m’a enthousiasmé et m’a incité logiquement à partir à la découverte du bouquin qui l’a inspiré. Cette aventure est coécrite par Mark Millar et John Romita Jr. Les parutions américaines des méandres de Dave Lizewski sont éditées chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. Depuis, je m’offre les différentes suites pour connaître le devenir de ce super-héros pas comme les autres et de son acolyte Hit Girl.

Dernièrement je me suis plongé dans « Kick Ass 3 ». Découpé en deux parties, ma critique d’aujourd’hui porte sur la première d’entre elles intitulée « Civil War ». Elle est apparue dans les librairies au mois de mai dernier. A l’image des opus précédents, elle se compose de cent vingt planches et regroupe les cinq épisodes américains initiaux de « Kick Ass 3 ». Le tome précédent s’était conclu par une bataille rangée entre les gentils et les méchants costumés. Cette guerre sanglante avait évidemment des conséquences pour nos deux héros. Dave avait poussé son ennemi historique et l’avait laissé dans la rue les os brisés. De son côté, Hit Girl avait été arrêté et s’apprêtait à passer une grande partie des années à venir derrière les barreaux. L’éditeur offre un résumé précis et concis des événements passés et permet ainsi de commencer la lecture avec des prérequis solides.

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Une introspection s’impose.

J’étais curieux de savoir quelle voie allait prendre l’intrigue. En effet, Hit Girl est emprisonné. Le grand méchant est hospitalisé pour quelques temps. La quête de Kick Ass semblait être terminée. La logique voulait qu’il entre dans une routine de ronde dans les rues de la ville avec ses collègues super héros pour aider la veuve et l’orphelin. Evidemment, la confrérie se fixe rapidement pour mission de délivrer leur mythique alliée en organisant son évasion. Mais le projet est de bien trop grande ampleur pour chacun d’entre eux et leur quête reste à l’état de mission. Finalement, l’essentiel de la trame se construit autour du personnage de Dave et l’introspection qu’il s’impose. Ses rêves de justicier existent toujours mais la dure réalité qu’il a vécue a tendance à lui rappeler l’attrait d’une vie plus classique. Dave rencontre l’amour et sa nouvelle relation cohabite difficilement avec ses nuits en costume. Même si ce dilemme n’est pas novateur, il est intéressant ici tant l’identification avec le héros est plus évident qu’avec un riche héritier ou un étudiant piqué par une araignée radioactive. Il s’agit, à mes yeux, de l’aspect le plus prenant de la lecture. On erre dans les pas d’un adolescent qui a été dépassé par les événements et qui essaie tant bien que mal de remettre sa vie à l’endroit sur des rails moins fragiles.

Kickass3bParallèlement, les auteurs font exister Hit Girl et Mother Fucker. La première gère de manière dictatoriale la prison et chacune de ses apparitions sont drôles tant elles sont démesurées et insensées. Une des forces de la saga est de rendre cohérent et crédible dans son univers ce personnage. On est plus choqué de voir une petite fille fumer une clope ou torturer un mafieux de passage. Sa part de l’histoire est incontestablement, par ses excès, la plus légère et celle qui utilise le plus l’humour. De son côté, les moments passés auprès de Mother Fucker semblent avoir pour objectif de reconstruire un monstre aux abois jusqu’alors. On sent la montée en puissance vers un affrontement final. Sans tout vous dévoiler, il faut savoir que le camp des méchants s’agrandit et se complexifie légèrement.

Concernant les dessins, ils sont dans la lignée du reste de la série. Je ne suis pas un grand fan du trait qui m’apparaît moins travaillé que dans certaines sagas plus classiques et européennes. Néanmoins, les personnages sont aisément assimilables et l’univers urbain dans lequel ils gravitent est crédible. La force du style de John Romita Jr est de faire gicler le sang et de montrer la violence avec éclats et sans aucun tabou. De ce fait, cet ouvrage n’est pas à mettre en toutes les mains. L’animalité des affrontements est montrée sans aucun filtre. Cela fait partie de l’identité de l’œuvre mais pourra légitimement en détourner certains lecteurs.

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Pour conclure, ce nouveau tome offre une suite honnête aux pérégrinations de Dave. La qualité est comparable à celle qui accompagnait la lecture des précédents albums. Nous pourrons toujours regretter que l’intrigue ne soit pas sublimée et ne prenne pas un nouvel envol plus enthousiasmant. La flamme est entretenue sans pour autant être ardemment alimentée. Il faudra s’en contenter…

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Note : 12/20

Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés ! – Mark Millar & John Romita Jr.

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TItre : Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés !
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr.
Parution : Juin 2012


« Kick-Ass 2 » est, comme son nom l’indique, la suite de « Kick-Ass ». J’avais découvert cet univers par son adaptation cinématographique. J’avais trouvé le film vraiment excellent et m’étais donc intéressant au comic qui l’avait inspiré. Même si le bouquin n’atteignait pas la qualité de son passage sur grand écran, j’étais suffisamment curieux pour m’intéresser aux nouvelles aventures du héros. L’ouvrage que je me suis offert regroupe les quatre premiers chapitres édités aux Etats-Unis. Composé d’une centaine de pages, le bouquin est édité chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. D’un format comics classique, il est vendu pour un petit peu plus de onze euros et est apparu dans les rayons en juin dernier. Le scénario est l’œuvre de Mark Millar et les dessins de John Romita Jr.

Le premier tome nous avait permis de découvrir Dave, adolescent geek des plus classiques. Néanmoins, il décide de devenir superhéros sans pouvoir ni structure derrière lui. Il erre donc dans la rue costumé dans le but d’aider qui en aurait besoin. Mais quand on est un nerd et qu’on croise les méchants, on ramasse. Néanmoins, il obtient une popularité énorme quand une de ses interventions fait la une sur Youtube. Sa célébrité le met en contact avec Hit Girl et Big Daddy, deux superhéros qui ne rigolent pas. La première démantèlera dans le sang la mafia locale pendant que son père meurt de tortures. Mais Red Mist, ennemi juré de Kick-Ass rêve de vengeance…

La violence habite toutes les pages.

Cette suite débute de manière plutôt calme. Hit Girl essaie de devenir une fille de dix ans comme les autres. Kick-Ass rêve de voir une association de superhéros se former. Son souhait se réalise quand il est contacté par un groupe de vengeurs masqués. Ils sont prof, employé ou étudiant le jour. Mais la nuit ils deviennent Night-Bitch, Insect-Man ou le Colonel. Mais leur idéal prend du plomb dans l’aile quand réapparait Red Mist et sa clique. Je dois tout de suite vous préciser que ce bouquin ne s’adresse pas à tous les publics. La violence habite quasiment toutes les pages et le dessin se fait le devoir d’être particulièrement explicite. Il faut le savoir avant de s’y plonger. Les auteurs ne se fixent pas vraiment de limites dans le domaine.

Mais « Kick-Ass 2 » n’est pas uniquement un amas de trash, de gore et de violence. Je trouve que l’histoire est plutôt intéressante. Il n’est jamais évident d’offrir une suite à une intrigue qui n’en nécessitait pas forcément. On se laisse prendre par les différentes voies choisies par le scénariste. L’arrivé de Kick-Ass dans une guilde de superhéros, la difficulté pour Hit Girl pour être « normale », les rapports entre Dave et son père, le retour de Red Mist… Tout cela offre une lecture plutôt prenante. J’ai découvert la centaine de pages avec curiosité et empressement. La dernière page attise notre volonté de découvrir la suite au plus vite. La montée en intensité ne cesse tout au long de la narration. Les premières pages sont le calme qui précède une tempête qui ne cesse de grandir.

L’intérêt de Kick-Ass réside dans le fait qu’il est super héros qui n’est ni super ni héros. Il est un adolescent avec un costume. Il n’a que sa bonne volonté comme arme. Cela génère logiquement une empathie pour Dave. On s’identifie facilement à son quotidien puisqu’il n’a finalement rien qu’on ne peut avoir. Le fait qu’il traine tous les codes du loser le rend profondément sympathique. Contrairement à la version cinématographique, la jolie fille du lycée le déteste et ne lui parle pas. « Tout est bien qui finit bien » semble être bien peu adapté aux aventures de notre héros. Cela participe au plaisir de la lecture.

N’étant ni adepte ni connaisseur des comics, les dessins de John Romita Jr sont d’un genre différent de celui de mes lectures habituelles. La découverte n’est pas désagréable. Je trouve les pages très denses sur le plan des couleurs et des illustrations. On est loin du style épuré de certains auteurs. Les personnages sont très expressifs et excessifs. L’auteur se fait également plaisir dès que l’action est de sortie. Sa représentation de la violence ne laisse pas indemne. Je trouve que cela participe à l’atmosphère de la lecture quitte à générer un malaise à certains moments.

En conclusion, cet ouvrage offre une suite honorable à l’œuvre de départ. Je me suis laissé prendre dans l’histoire sans chercher pour autant à me montrer très exigeant avec une série que je trouve divertissante sans être mémorable. Il répondra aux adeptes des lecteurs curieux de connaitre la suite des aventures de Dave. Je suis d’ailleurs curieux de découvrir le second tome de « Kick-Ass 2 » pour connaitre le dénouement de cette histoire aux tendances apocalyptiques…

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Note 12/20

Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2013


Christophe Arleston est un scénariste que j’avais tendance à ignorer ces dernières années. Pourtant, il a accompagné mon adolescence avec Lanfeust de Troy, Les Maîtres Cartographes,Leo Loden ou encore Le chant d’Excalibur. Mais Lanfeust des Etoiles a marqué pour moi la chute du piédestal sur lequel je l’avais placé.  Les albums qu’il a écrits ses dernières années apparaissent bien moins travaillés et chiadés. Il suffit de voir les derniers épisodes de Les Forêts d’Opale ou Les naufragés d’Ythaqpour s’en persuader aisément. Je m’étais quasiment résigné quant au fait de trouver à nouveau la magie qui pouvait naître de l’imagination d’Arleston.

C’est en découvrant par hasard une critique élogieuse sur le premier tome d’une nouvelle série début d’année que j’ai décidé de lui donner une nouvelle chance. Cette saga s’intitulait Ekhö monde miroir. J’avais apprécié le concept et trouvé les personnages très sympathiques. Je n’ai donc pas hésité très longtemps avant de m’offrir le deuxième opus de la série intitulée Paris empire et sorti chez Soleil le treize novembre dernier.

La quatrième de couverture pose les jalons de l’univers de la saga : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais légèrement différents : l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes… »

Réécrire le monde en répondant aux codes de la fantasy

L’idée est intéressante. Réécrire le monde dans une dimension parallèle répondant aux codes de la fantasy m’attirait. Le premier tome avait été plutôt bon dans le domaine. Ce nouvel épisode est également réussi. Je trouve que le Paris créé par Arleston et mis en image par Barbucci possède une identité propre tout en respectant les codes classiques et touristiques de la capitale française. La tour Eiffel, les bateaux mouche, Notre Dame… Rien n’est négligé. Ce support scénaristique permet à Arleston d’exploiter son sens de la vanne et de la répartie.

L’histoire se construit autour d’un duo de personnages assez réussi. Il s’agit de Fourmille et Yuri transférés de notre réalité à Ekhö au début du premier tome. Leur couple fonctionne bien. Ils ne se supportent pas et pourtant ils ne doivent pas se quitter. Cela donne lieu à des dialogues très drôles et bien écrits. Je regrette d’ailleurs qu’ils soient moins fréquents dans cet album. Les auteurs laissent davantage de place à l’intrigue et à ses rebondissements au détriment du comique construit autour des héros. C’est un choix qui se défend mais je trouve dommage de ne pas plus privilégier l’humour dans un tel univers. Le comique de situation que peut générer le changement de monde est un des arguments de la série. Il ne faut pas le négliger.

L’histoire connaît davantage de rebondissements que dans le premier tome. En effet, les codes sont maintenant connus et les auteurs peuvent nous faire entrer plus rapidement dans l’intrigue. Cette dernière est plutôt bien construite. Il y a de nombreux rebondissements. Certes l’ensemble n’est pas un monument d’originalité et certains moments sont un petit peu brouillons. Néanmoins, la bonne ambiance générale fait occulter sans trop d’efforts ces quelques défauts. L’humeur chaleureuse résulte aussi des dessins de Barbucci dont le trait participe pleinement au plaisir de la lecture. Son style dynamique est à l’origine de la qualité graphique des personnages et des lieux.

Pour conclure, Paris empire est un épisode honnête qui offre une suite honorable au précédent opus. Ekhö ne fera jamais partie des séries cultes du neuvième art mais en gardant cette qualité, chaque nouveau tome sera pour moi l’occasion de passer un agréable moment et ce n’est déjà pas si mal…

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Note : 12/20

Punk rock Jesus – Sean Murphy

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Titre : Punk rock Jesus
Scénariste : Sean Murphy
Dessinateur : Sean Murphy
Parution : Septembre 2013


J’avais lu beaucoup de bien de « Punk rock Jesus » et c’est avec joie que j’ai pu me le procurer dans ma bibliothèque. Il faut dire que le titre est particulièrement accrocheur (voir racoleur, puisqu’il ne correspond que peu au contenu de l’album) et la couverture, toute en noir et blanc, puissante. Le tout est dessiné et scénarisé par Sean Murphy, dans la tradition du comics indépendant. Le tout est publié chez Urban Comics pour plus de deux cents pages de lecture.

Le pitch de cet ouvrage est le suivant : une société de production télévisuelle crée un (supposé ?) clone de Jesus Christ à partir d’ADN prélevé sur le Saint Suaire. Elle construit une émission de téléréalité, baptisé J2, autour de cette naissance et de ce nouveau messie. Ce dernier est isolé sur une île en compagnie de sa mère, de la scientifique qui a permis sa naissance et d’un garde du corps ancien de l’IRA.

Religion, puritanisme & punk rock

PunkRockJesus2Sean Murphy s’attaque essentiellement à trois sujets : le premier est une critique de la religion et du fondamentalisme. Plus précisément, il attaque les évangélistes américains. Sa deuxième victime est donc le puritanisme américain, que Chris (et pas Jesus !) fera exploser en chantant dans un groupe de punk rock. Enfin, le dernier thème est bien évidemment la téléréalité en tant que tel, avec isolement des personnes et toute puissance de la production sur leurs vies.

Si les sujets de ce comics sont des plus intéressants, le traitement laisse à désirer. Le tout est souvent manichéen (seul le personnage Thomas possède une vraie profondeur) et excessif. Ainsi, la société de production est isolée sur une île où elle contrôle tout, les fondamentalistes chrétiens font des actions commandos… Bref, c’est une analyse proche de la crise d’adolescence que fait Chris pendant la BD. Il se rebelle et rejette tout, sans analyse vraiment poussée. Si bien qu’on est un peu déçu devant le traitement de l’histoire. Surtout, le passage de Chris dans le punk rock paraît complètement forcé et est amené par : « Thomas a laissé des disques de punk, tiens je vais les écouter. »

Ainsi, le message est trop appuyé, soit par les discours, soit par une violence excessive. De même, la durée du bouquin est inutile. On finit par s’ennuyer un peu devant les multiples tentatives d’évasion de la prison. Une impression de redondance s’installe et, au final, en fermant l’ouvrage, on reste sur un goût d’inachevé. Malgré tout, le livre réserve son lot de surprise et de coups de théâtre. Dommage que cela ne soit pas amené de façon plus subtil, encore une fois. Finalement, l’ouvrage vaut pour son personne de Thomas, le garde du corps. On ouvrait d’ailleurs le livre sur lui. Son histoire nous est pleinement racontée, en commençant par son enfance et sa jeunesse à l’IRA. Du coup, ses réactions sont moins prévisibles et ses ressentis bien plus intéressants. Spectateur avant tout de l’expérience, il en deviendra un acteur essentiel par la force des choses.

Au niveau graphique, Sean Murphy impressionne par son dessin en noir et blanc magnifique. C’est expressif, bourré d’influences diverses et variées et c’est maîtrisé de bout en bout. C’est vraiment le gros point fort du bouquin. Les cases sont souvent chargées, mais dans les scènes d’action, les planches font preuve d’un dynamisme incroyable. Bref, c’est beau et stylisé !

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« Punk rock Jesus » m’a vraiment laissé sur ma faim. Le pitch de démarre en fait immanquablement un ouvrage intéressant, mais le traitement ne m’a pas paru à la hauteur. Trop centré sur les Etats-Unis d’Amérique (présenté comme LE pays chrétien par excellence), il se perd un peu à enlever le caractère éminemment universel d’un nouveau Messie. Dommage.

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Note : 11/20

 

Chateaux Bordeaux, T5 : Le classement – Eric Corbeyran & Espé

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Titre : Châteaux Bordeaux, T5 : Le classement
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Espé
Parution : Septembre 2014


« Châteaux Bordeaux » est une saga familiale née de la collaboration d’Eric Corbeyran et d’Espé. Elle nous immerge dans le quotidien d’un grand domaine viticole local. Edité chez Glénat, cette aventure m’a attiré par le nom de son scénariste plutôt que par sa thématique. En effet, depuis ma rencontre avec « Le chant des Stryges », je suis avec attention les différentes parutions signées du célèbre auteur bordelais. « Uchronie(s) » ou « Le Maître de jeu », fruits du même arbre créatif, sont deux autres séries que je conseille.

Contrairement à ces dernières intrigues, « Châteaux Bordeaux » est dénué de toute trace de fantastique. Elle débute par le décès de Monsieur Baudricourt, célèbre gérant du « Chêne Courbe ». La répartition de cet héritage devenait donc un enjeu de taille. Les deux fils souhaitent vendre ce patrimoine qui n’a de grand que le nom prestigieux. Mais leur petite sœur jusqu’alors exilée aux Etats-Unis, se fixe le défi impossible de donner à nouveau ses lettres de noblesse au domaine. Alexandra devient alors logiquement l’héroïne de cette aventure.

ChateauxBordeaux5bLe dernier épisode en date est le cinquième de la série. Il s’intitule « Le classement » et est apparu dans les librairies il y a quelques mois. Depuis la reprise de l’entreprise familiale par Alex, les épreuves se sont enchainées. Pour faire simple, chaque tome nous présente un souci majeur dans la mission que s’est fixée la néo-propriétaire. Ce nouvel opus est centré autour de l’appartenance du « Chêne Courbe » à un prestigieux classement de 1855 des vins du Médoc.

Des enjeux dramatiques assez secondaires.

Les auteurs font l’effort de greffer sur la trame familiale, une réelle présentation de l’univers viticole. Je dois vous avouer que ce milieu m’est inconnu et que la lecture de ces albums m’a appris énormément de choses dans le domaine. Si je regarde le verre à moitié plein, je dirais que le travail de recherche de Corbeyran est de grande qualité et remarquablement exploité. La vision du verre à moitié vide génère le sentiment que les enjeux dramatiques sont finalement assez secondaires en comparaison de la dimension documentaire de l’ensemble.

Le personnage d’Alexandra est attachant. Dès le début, le lecteur souhaite sa réussite et son bonheur. Les esprits chafouins lui reprocheront d’être dénué de toute zone d’ombre. Personnellement, j’ai accepté sans mal le côté parfait de l’héroïne. J’ai été touché par sa fragilité et admiré sa force face aux difficultés. Ce manichéisme est partiellement nuancé par une grande diversité de personnages secondaires. Certains d’entre eux soulèvent des interrogations quant à leurs réels objectifs et alimentent ainsi positivement l’intrigue.

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Le regret que je ressens à l’égard de ce bouquin est la faible densité narrative. Au final, une fois la lecture terminée, on ne peut pas dire que l’histoire est beaucoup avancée. Je comprends bien qu’il faut du temps pour faire un bon vin mais pour construire une belle saga, il n’est pas interdit de montrer un peu de rythme et d’intensité dans le déroulement des événements. C’était déjà le défaut des tomes précédents et je ne peux pas dire que ce « Le Classement » déroge aux habitudes. C’est d’ailleurs cette fragilité qui fait disparaître petit à petit l’aspect dramatique au profit du documentaire. Je trouve cela dommage.

Avant de conclure cette critique, je vais évoquer rapidement les dessins d’Espé. Loin de moi l’idée de négliger le travail graphique mais disons que les illustrations offrent un support solide à la narration mais ne la subliment pas. Les décors sont travaillés, les personnages sont identifiables sans difficulté. Néanmoins, je ne peux pas dire que les pages soient habités par une atmosphère qui transpire et envahit le lecteur. Je pense que le trait d’Espé est trop académique pour sublimer le propos.

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Au final, « Le classement » est un album honnête qui s’inscrit parfaitement dans la série à laquelle il appartient. La qualité de cette saga est constante et c’est un aspect appréciable car relativement rare. C’est une lecture qui se fait calmement, qui s’avère agréable mais qui ne remue pas les tripes et ne chatouillent pas les émotions. C’est dommage car je reste persuadé que le terreau scénaristique pourrait donner lieu à une lecture plus grave et intense. Peut-être pour au prochain épisode ?

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Note : 12/20

 

Parapléjack – Fabcaro

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Titre : Parapléjack
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Novembre 2014


Fabcaro est l’un de mes auteurs favoris. Son humour, absurde et personnel, me touche systématiquement. L’auteur a développé toute une série de livres sous forme de strips, dont il s’est fait une spécialité (parmi d’autres). « Parapléjack » regroupe des strips parus initialement sur le site Mauvais Esprit. Le tout est publié aux éditions de La Cafetière dans un format A6, à raison d’un strip par page (pour 128 pages).

Jack est paraplégique. Mais il ne semble pas avoir conscience des implications. Ainsi, il essaie de faire plein de choses qui lui sont impossibles, comme tirer un pénalty par exemple ou faire des pompes… Comme cité en quatrième de couverture : « Tu dois accepter la vie telle qu’elle se présente mais mieux vaut faire en sorte qu’elle se présente comme tu veux qu’elle soit… » 

Un homme en fauteuil roulant fait du trampoline…

On nage donc en plein humour noir et absurde en voyant un homme en fauteuil roulant faire du trampoline… Difficile à imaginer, non ? Fabcaro manipule un humour qui a ses adeptes, mais il est évident que certains resteront sur la touche. Il fait fort ici en s’attaquant aux handicapés dont il se moque ouvertement. Mais la bonne humeur de Jack est communicative.

Comme toujours avec les recueils de strips, certains sont clairement plus percutants que d’autres. Une fois le postulat de départ assimilé, on sourit beaucoup aux péripéties de Jack, même si un phénomène de répétition se fait sentir en fin d’ouvrage. Se pose la question de savoir s’il fallait publier l’intégralité des strips parus précédemment. Qu’importe, le plaisir de lecture est là.

Le dessin de l’auteur est un vrai plaisir. Son trait est dynamique et, malgré la petitesse du format, les cases sont riches en décors et en détails. Son noir et blanc est beau, même si ici il manque parfois de visibilité. Difficile à dire si c’est à cause de la couleur ou à cause de la taille des cases, mais j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation.

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Un nouveau livre de Fabcaro, c’est toujours un plaisir. « Parapléjack » n’est pas son meilleur livre, mais son côté complètement absurde est assez jubilatoire. Abordant un sujet difficile avec un humour corrosif, l’auteur prend un risque. Mais qui d’autre pouvait nous montrer un homme paraplégique en plein déni de son handicap ?

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Note : 12/20