Abélard, T2 : Une Brève Histoire de Poussière et de Cendre – Régis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brève histoire de poussière et de cendre
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« Abélard » est un diptyque scénarisé par Régis Hautière et dessiné par Renaud Dillies. Trois mois seulement après la sortie du premier tome, voilà que se clôt déjà l’ensemble avec « Une brève histoire de poussière et de cendre ». Nous avions laissé Abélard le petit volatil en partance pour l’Amérique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espérant se faire embarquer au plus vite. En effet, Abélard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en Amérique. Il pourra ainsi décrocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est épris.

Dans le premier tome, Abélard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort désormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens… Le petit volatil est totalement étranger à tout. C’est une âme pleine d’innocence lâchée dans un monde brutal. A la fin du premier tome déjà se dessinait cette évolution, on y entre ici de plein pied. La poésie fait rapidement place à une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome était plutôt léger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

Abélard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas émerveillé par cet univers nouveau, il s’y retrouve en décalage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitié avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanité. Car sans Gaston, nul doute qu’Abélard ne serait pas allé beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolérant voire misanthrope, son évolution lui donne le vrai premier rôle de deuxième volet. 

A la lecture de ce tome, l’intérêt du diptyque paraît évident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extérieur, la ville, l’Amérique, Epilie…), le deuxième tome est celui des désillusions (sur les mêmes sujets). Malgré sa poésie, « Abélard » est une série au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volée. L’osmose entre Hautière et Dillies est vraiment une grande réussite. L’univers entre innocence, poésie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naïf de Dillies. Son trait épais et indistinct, très dynamique, dessine des animaux à l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisé de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut réellement résumer ce que j’ai ressenti à la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transporté et m’a isolé du monde le temps d’aller de la première à la dernière page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’œuvre ?

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note5

Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers – Régis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marqué de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » où il développait un univers plein de poésie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu découvrir son nouvel ouvrage, « Abélard » (premier tome d’un diptyque) en avant-première, où il assure le dessin pendant que Régis Hautière s’occupe du scénario. Ce n’est pas la première collaboration des deux hommes, qui ont déjà signés « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir Abélard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pêche. Ayant toujours vécu à cet endroit, il ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu à ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va décider de voyager, jusqu’à vouloir partir en Amérique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« Abélard », après une introduction dans les marais, ressemble fort à un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vécu que dans les marais, Abélard a été protégé du vaste monde et est particulièrement naïf. Cette naïveté est à la fois très touchante et drôle. Sa méconnaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve à voyager avec des gitans sans même savoir qu’ils sont très mal acceptés par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delà de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraît plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaître Epilie, lui donnant une image de dangerosité que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxième tome explicitera tout ça, mais tout cela participe à une ambiance des plus étranges. Autre particularité d’Abélard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait où vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiosité qui donne de la poésie à l’ensemble.

Car « Abélard » a une poésie certaine, à l’image du héros qui monte dans un arbre pour « décrocher la Lune » à sa dulcinée. Le graphisme suranné fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naïf à la fois. Les différents personnages, tous des animaux, sont tous très réussis graphiquement. Abélard, en poussin naîf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un découpage plus varié. C’est une réussite et le tout témoigne d’une grande maîtrise. Le dessinateur n’hésite pas à prendre une page pour une case (voire même deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai été particulièrement séduit par « Abélard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde déjà d’en lire la suite. Son personnage, si naïf, est particulièrement attachant. Le scénario d’Hautière est taillé pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, réservée aux grands enfants. 

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note5

 

Alvin, T1 : L’héritage d’Abélard – Régis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Alvin, T1 : L’héritage d’Abélard
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2015


« Abélard » est un diptyque des plus bouleversants qui avait su faire parler de lui. Le personnage d’Abélard, naïf perdu dans la dureté de la réalité, avait su émouvoir les lecteurs. Et les deux auteurs, Régis Hautière au scénario et Renaud Dillies au dessin, s’étaient trouvés, chacun semblant fait pour travailler avec l’autre. Voilà que cette nouvelle série, « Alvin », reprend les choses là où elles en étaient restées. On retrouve donc le compagnon d’infortune d’Abélard, Gaston, dans sa tentative de survivre aux États-Unis. On est au début du vingtième siècle, la vie est rude.

Alvin1cIl serait dommage de commencer « Alvin » sans avoir lu précédemment « Abélard ». L’histoire est indépendante mais des rappels sont faits, souvent en sous-entendus qui plus est.

Alvin est un petit garçon, né d’une prostituée. Autant dire que son avenir n’est pas rose et que son présent est déjà compliqué. Comme Abélard dans son temps, il apporte une touche de naïveté (de par son âge) dans l’histoire par ses questionnements, même si la vie l’a déjà sacrément endurci.

L’amitié comme valeur de survie.

Les auteurs retrouvent sans peine le ton dont ils ont fait leurs histoires. On y rencontre de la grâce, de la poésie, des drames, une vie qui vous broie mais que l’amitié permet de combattre. « Alvin » possède un ton assez unique, typique des auteurs, qui touche profondément le lecteur. En instaurant ce chapeau magique qui donne des dictons comme leçons de sagesse du jour, ils apportent un peu de magie dans leur univers. Quant aux silences et aux sous-entendus, ils donnent beaucoup de puissance aux émotions.

Alvin1bLes personnages sont des plus vivants. Chacun a ses cicatrices et essaie d’apprivoiser les autres. Ils sont bougons, râleurs, mais avant tout ils sont seuls et souffrent. L’empathie pour eux est totale et on traverse leurs existences en ne leur souhaitant que du bien. Pour cela, les auteurs ne nous aident pas !

Difficile de ne pas parler du dessin de Renaud Dillies, qui est l’un de mes préférés, toutes catégories confondues ! Son dessin animalier, très enfantin dans l’esprit, est doté d’un encrage très personnel. C’est tout bonnement magnifique ! Ses personnages sont simples, mais plein de vie et d’expressivité ! Et que dire du découpage… Une vraie maîtrise tant les pages muettes sont parlantes. Chaque case apporte ses informations et ses émotions. Du grand art !

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Régis Hautière et Renaud Dillies nous enchante une nouvelle fois avec une oeuvre commune. Parfaitement au diapason, ils créent une nouvelle fois un livre où leurs valeurs transparaissent. Un univers noir, fait d’exclus qui tentent de survivre en se serrant les coudes. Difficile de rester indifférent à ce Alvin. On n’attend plus qu’une chose : la suite.

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