Like a steak machine – Fabcaro

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Titre : Like a Steak Machine
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2009


Aujourd’hui, nombreux sont les auteurs à se lancer dans l’autobiographie. Fabcaro n’échappe à la règle. Je le connaissais alors pour « Amour, Passion et CX Diesel » (au scénario) et « Jean-Louis et son encyclopédie », des ouvrages 100% humouristiques. Avec « Le steak hâché de Damoclès » et « Droit dans le mûr » (aux éditions de La Cafétière), il se présentait comme quelqu’un de complètement névrosé, avec des problèmes de communication et de sociabilité très limitée. Bref, un personnage très loin de ce que l’on peut imaginer d’un auteur humoristique. Avec « Like a steak machine », Fabcaro reprend son processus introspectif. Douloureux souvenirs…

Le principe de « Like a steak machine » est décrit dès la première planche. Ici, une chanson sert de base à chaque planche. Chaque morceau rappelle un évènement passé : un premier concert, une nuit blanche, une rupture ou n’importe quoi d’autre. Chaque planche raconte une anecdote. Si bien que l’ouvrage est beaucoup plus orienté « souvenir » qu’ « analyse ».

Des anecdotes musicales pleine d’autodérision.

Le thème étant les souvenirs par la musique, on retrouve ainsi pas mal d’anecdotes musicales (notamment les concerts). Mais surtout, l’aspect introspectif est beaucoup moins fort, ce qui en fait un ouvrage plus léger que les précédents. L’humour est toujours fortement présent, avec une bonne dose d’autodérision.

Il y a également un petit côté désuet et nostalgique pas désagréable dans cet ouvrage. Raconter des souvenirs n’apporte pas toujours cet aspect-là mais ici on reconnaît l’époque sans peine. En effet, les citations de chansons, groupes et artistes sont autant de repères (ou pas justement !) disséminés dans chaque page. Cet aspect marqué dans une époque m’a rappelé de loin « Le Petit Christian » de Blutch.

Je ne cacherais pas que cet ouvrage est moins fort que les deux précédents. Le fait qu’il se construise sur des anecdotes de jeunesse le rend moins original. Il n’est donc pas rare de lire certains souvenirs quasiment à l’identique d’autres artistes. La force de Fabcaro tient avant de sa capacité à mettre de l’humour et de l’autodérision partout.

Et cet humour est fortement appuyé par le trait de l’auteur. En effet, ces personnages sont très expressifs (bien que moins « cartoons » que dans d’autres de ses BDs), notamment son alter-égo. Le trait relâché, en noir et blanc, est très agréable et lisible. Je le préfère de loin à son dessin « cartoon ».

Au final, « Like a steak machine » est peut-être l’ouvrage autobiographique de Fabcaro le moins original, mais aussi clairement le plus accessible. Moins axé sur ses névroses, le livre permet au lecteur de beaucoup plus s’identifier au personnage. Tout dépendra donc de ce que vous recherchez !

avatar_belz_jolNote : 16/20

Le steak haché de Damoclès – Fabcaro

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Titre : Le steak haché de Damoclès
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Juillet 2005


Faut-il être névrosé pour être auteur de bande-dessinée ? En lisant les différentes autobiographies, on peut se le demander… Ainsi, Fabcaro démarre « Le steak haché de Damoclès » sur ces mots : « une bande-dessinée sur mes problèmes de communication ? J’ai aucune envie d’étaler mes névroses… ». L’auteur rentre ici dans un travail d’introspection. Et qui dit introspection, dit forcément anecdotes… Histoire de justifier ses dires.

Le titre de l’ouvrage vient justement de la première anecdote où Fabcaro, encore enfant, doit aller acheter une baguette de pain. Il reviendra avec un steak haché… De là démarre ses problèmes de communication. Ceux-ci sont avant tout l’incapacité à se concentrer sur ce que racontent les autres et son impossibilité à dire « non ». De ces handicaps en résultent nombre de quiproquos avec un peu tout le monde.

Comment s’assumer comme auteur de bande-dessinée ?

Cependant, rapidement les anecdotes de l’auteur font apparaître d’autres problèmes récurrents dont la difficulté à assumer son statut d’auteur de bande-dessinée (il faut avouer qu’il n’est pas aidé !). Ainsi, dès que la situation financière devient difficile, le spectre du « concours de prof » ressort. Ayant des enfants, Fabcaro ne peut pas se permettre la précarité. C’est un vrai sujet, traité avec beaucoup d’humour certes, mais qui doit être terrible pour les auteurs de BD.

Etant donné toutes les névroses dont je viens de parler, on pourrait penser que Fabcaro s’apitoie sur son sort et se donne finalement une image pathétique. Ce n’est évidemment pas le cas. Capable d’une autodérision impressionnante, l’auteur ne se cherche aucune excuse (à part la lâcheté, c’est dire !). Résultat, le tout est diablement drôle. On est parfois stupéfait par les situations dans lesquelles arrive à se mettre l’auteur simplement parce qu’il est incapable de communiquer correctement. Ainsi, quand on l’appelle par un prénom différent, il n’arrive pas à dire « ce n’est pas Fabien, c’est Fabrice ». Et de là découle un problème insoluble.

Cette autobiographie, centrée sur les problèmes de communication, est un peu bordélique quand même. Les anecdotes sont plus ou moins pertinentes et à des périodes très différentes de la vie de l’auteur. Cependant, Fabcaro ouvre correctement son bouquin (en présentant le sujet) et le referme lorsque sa copine lit l’ouvrage en question. Cela compense l’aspect un peu décousu de l’ensemble.

Au niveau du dessin, j’ai été séduit par le travail de Fabcaro. Entièrement en noir et blanc, le trait est dynamique et bien plus complexe qu’il peut paraître à première vue. L’expressivité des personnages (et notamment de l’auteur) sont en effet de grands renforts à l’humour déjà très drôle.

Difficile de savoir si Fabcaro exagère ou pas ses névroses. Et après tout, on s’en moque et on rit souvent devant les aléas de son avatar. Il arrive à gérer des gags récurrents et à illustrer les angoisses du personnage tant graphiquement que dans les dialogues de façon vraiment talentueuse. Une autobiographie intéressante et, parfois, hallucinante !

avatar_belz_jol

Note : 14/20