Et en plus il est gaucher – Ralf König

etenplusilestgaucher


Titre : Et en plus il est gaucher
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2006


 Ralf König a créé tout au long de sa carrière une œuvre majeure sur la communauté homosexuelle. Parvenu à la célébrité, touchant même un lectorat hétéro, il a été alors beaucoup décrié aussi bien par les homos (qui l’accusent de les caricaturer, mais aussi de trahir leurs secrets) que par les femmes (qui l’accusent de misogynie aigue). Afin de répondre aux questions que l’on peut se poser sur le personnage, il écrit « Et en plus il est gaucher ».

Dans cet ouvrage, König se dessine se faisant interviewer par un certain Bernhard Seifert. Il répond alors aux questions de l’homme, racontant aussi bien sa jeunesse que ses complexes, en passant par le milieu homo et ses fantasmes. Il paraît évident que cette BD est réservée avant tout aux adeptes de l’auteur. En effet, certains passages parlent d’autres ouvrages de König et font référence à certains personnages. De même, son obsession pour les torses velus est un grand classique de ses personnages.

Interview et flashbacks.

Le tout est raconté sous la forme d’une interview. Les deux personnages dialoguent, lançant des flashbacks ou des histoires afin d’illustrer ses propos. La dernière histoire, pourtant indépendante, est ainsi lancée comme un film à la fin de l’interview. König parvient ainsi à éviter un côté purement narratif et autobiographique par ce procédé. De même, cela lui permet d’utiliser au mieux ses talents de dialoguistes.

Loin d’être rébarbative, cette BD est très drôle. Tout est présenté avec beaucoup d’humour et König fait preuve de l’autodérision indispensable à ce genre d’ouvrage. Il n’hésite pas à se représenter bavant devant l’image d’un torse poilu, une énorme érection sous son jean… 

Le dessin est toujours très réussi, surtout avec le souci posé par l’immobilité forcée des personnages pendant l’interview. Tout se passe dans les expressions du visage, dans un noir et blanc toujours maîtrisé. L’importante quantité de textes n’est pas gênant étant donné la grande qualité de narration de l’auteur. 

La dernière histoire, indépendante, mérite un petit mot. « 3 heures et demi » présente deux homos amoureux qui se retrouvent pendant trois heures et demi, souhaitant s’accoupler au plus vite. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Très crue, cette histoire est à mourir de rire. On est pris d’une vraie empathie avec les personnages que l’on voudrait aider à assouvir enfin leurs envies. Le tout est bien sûr rempli d’hétéros insupportables qui gênent sans cesse les deux hommes. 

« Et en plus il est gaucher » est venu d’une envie de König de s’expliquer suite aux attaques et aux demandes dont il était assailli. En cela, le but est atteint, l’auteur n’hésitant pas à nous faire part de détails intimes qui explique beaucoup. Heureusement, le tout est toujours drôle et léger, rendant la lecture des plus agréables. A réserver aux fans de König.

avatar_belz_jol

Note : 14/20

La Capote qui Tue – Ralf König

capotequitue


Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999


Ralf König est un auteur de bandes-dessinées humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degré pour avaler la pilule ! Je connaissais déjà Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de l’analyse sociologique des rapports hétéro/homo.

Car ici, c’est de série B qu’il s’agit (voire de série Z). C’est complètement barré mais parfaitement assumé. Le tout est présenté comme un film, avec nom d’acteurs, de réalisateur… Rapidement, on voit que c’est les milieux les plus mal famés de l’homosexualité que l’on va explorer. Hôtels de passe avec travestis, milieu du cuir… König ne fait pas dans la dentelle.

On suit l’histoire de Mécaroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularité est d’avoir un sexe énorme (40 cm) et d’arriver à se taper à chaque histoire un bel étalon. Son côté blasé et homo le met en complet décalage avec ses collègues qui lui reprochent sa vie de débauche. Essentiellement, Mécaroni est l’homme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur l’homosexualité.

Concernant l’histoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : Mécaroni va-t-il se faire manger le sexe après s’être fait mangé une première couille ? La tension est palpable de bout en bout. La première histoire fait appel aux hôtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrée et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mérite d’expliquer l’existence de cette fameuse capote.

Homo refoulé, bars gay et vie d’hétéro chiante à mourir

Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prévention contre le SIDA (première publication en 1988 et 1990). C’est donc en pleine peur du sexe et apprentissage du préservatif que se situe l’intrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic déclare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coûte au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela n’est évidemment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple série B dans cet ouvrage. On retrouve également des thèmes récurrents dans les ouvrages de König : l’homosexuel refoulé, les bars gay, la vie de l’hétéro chiante à mourir…

Le graphisme de König, très reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a été apporté aux ambiances pour coller à l’esprit cinématographique. Les premières pages sont simplement magnifiques. Les scènes de nuit et de bars sont également très réussies. Le tout est dessiné dans un noir et blanc très maîtrisé.

capotequitue2

Je préfère prévenir que König n’hésite pas à montrer des scènes d’accouplement entre hommes à de multiples reprises. Si certains sont gênés par ce genre de choses, mieux vaut éviter « La capote qui tue »qui a tendance à être bien plus explicite que dans d’autres des ouvrages de l’auteur. Si je ne trouve pas ça particulièrement choquant (ce n’est pas trash en soit), cela dépend de la sensibilité de chacun.

« La capote qui tue » est donc une BD complètement déjantée et menée avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires réussis, un humour omniprésent… Le tout se lit avec plaisir, même s’il vaut mieux ne pas lire les deux histoires à la suite, à cause d’une certaine redondance entre elles. A lire d’urgence pour les moins coincés d’entre vous !

avatar_belz_jol

Note : 15/20

Prototype – Ralf König

Prototype


Titre : Prototype
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Septembre 2011


Ralf König est un auteur que j’aime beaucoup. Spécialisé dans la description du milieu gay, l’allemand produit ici « Prototype », sortant de son sujet habituel. Le prototype est Adam, le premier homme. Alors, que donne ce livre hors des sentiers battus ? Ralf König est-il aussi pertinent et drôle lorsqu’il aborde des sujets théologiques ?

Le livre s’articule essentiellement sur les dialogues entre Dieu et le serpent Lucky (alias Lucifer). Dieu crée sa nouvelle créature, mais Lucky est plutôt critique dessus, poussant Dieu a de nombreux changements. La suite, on la connaît : Eve, la pomme, l’exil, etc.

Un relecture du mythe sympathique.

prototype2Dans « Prototype », König se moque donc de la création de l’Homme en la prenant au pied de la lettre. Dieu ajoute et supprime des fonctionnalités au fur et à mesure. Capricieux et visiblement irascible, notre Père en prend pour son grade… Comme dans tout livre un tant soit plus blasphématoire qui se respecte, l’esprit malin paraît bien plus sympathique et plein de bon sens ! Ainsi, la relecture du mythe est finalement assez légère, malgré une grosse entorse à l’histoire officielle sur le fruit défendu !

Ralf König base tout son livre sur les dialogues, souvent absurdes au vue de la situation. C’est son point fort et l’ironie inonde les pages de l’ouvrage. Si on sourit souvent, on ne peut constater que le manque d’originalité de l’ensemble. Les ouvrages reprenant la Génèse sont très nombreux et force et de constater que celui-ci n’apporte rien de neuf. Reste des dialogues sympathiques et quelques passages bien sentis ! La thèse du livre en soit est plus originale, bien qu’un peu tirée par les cheveux.

Au niveau du dessin, on retrouve le trait tout en rondeur de l’auteur. Le sujet n’apporte pas forcément un maestria graphique, mais les expressions des personnages restent un vrai délice. On notera des couleurs assez criardes. Est-ce l’impression ou un choix esthétique ? Difficile de le savoir. En tout cas, Ralf König possède un trait parfaitement adapté à son propos.

prototype1

« Prototype » ne révolutionne rien. Malgré tout, la lecture est plaisante et l’humour fait mouche. Une lecture sympathique pour les amateurs de relecture biblique. Ni plus, ni moins.

avatar_belz_jol

Note : 13/20

Mâle occidental contemporain – François BĂ©gaudeau & ClĂ©ment Oubrerie

MaleOccidentalContemporain


Titre : Mâle occidental contemporain
Scénariste : François Bégaudeau
Dessinateur : Clément Oubrerie
Parution : Octobre 2013


La bande-dessinée se démocratise. Plus adulte, moins décriée, elle attire désormais des lecteurs qui n’y auraient pas jeté un seul regard auparavant. Les éditeurs l’ont compris et confient de plus en plus de scénarii à des personnes extérieures. Ce coup-ci, c’est François Bégaudeau (scénariste, écrivain, critique, etc.) qui s’y colle avec « Mâle occidental contemporain », un one-shot de 80 pages. Afin de soutenir l’effort, on retrouve au dessin Clément Oubrerie. Le dessinateur m’avait séduit avec « Jeangot » et a séduit un plus grand public encore avec la série « Pablo ». Le tout est édité chez Delcourt dans la collection Mirage.

Curieux ouvrage que voilà. On suit plus ou moins l’histoire d’un jeune homme cherchant à draguer. Mais aucun background n’est donné, ce n’est qu’une succession de saynètes où l’homme se fait émasculer (métaphoriquement) par des femmes fortes pleines de caractère. Beau retournement de situation où la femme moderne maîtrise le mâle. De là à dire que ce retournement est crédible, il y a un pas que je ne franchirai pas…

Manque de rythme, manque de fond…

Retourner les clichés de la drague pourrait être pertinent s’il y avait un message. Mais ce n’est pas le cas. Notre homme ne suscite aucune empathie. Le voir draguer pour draguer n’a aucun intérêt. Le scénario prouve ici sa vacuité : pourquoi drague-t-il ? Que cherche-t-il ? On a l’impression d’être devant des sortes de gags montrant un mec cherchant à draguer par tous les moyens. Et cela ne fonctionne pas. La redondance finit par ennuyer et, finalement, on sourit peu devant les situations, très inégales.

MaleOccidentalContemporain1Du coup, l’ensemble manque de rythme et la conclusion n’apportera aucun message supplémentaire (et donnera même une impression encore plus négative). Tout est convenu et cliché, un comble ! Car il y a une volonté de montrer que le féminisme a fait son œuvre ! Le tout est bien évidemment baigné dans un parisianisme de tous les instants. Difficile d’imaginer ce genre de situations autre part qu’à Paris. Plus qu’une étude du « Mâle occidental contemporain », le livre est plutôt une étude des Parisiennes.

Concernant le dessin, Clément Oubrerie nous ravie de son trait. A se demander ce qu’il est allé faire dans cette galère… Je préfère de loin son trait anthropomorphe, mais force est de constater qu’il relève le niveau sans peine. Hélas, avec un ouvrage où il ne se passe pas grand-chose et où le rythme est problématique, il n’y a pas de miracle non plus.

Il faut croire que les éditeurs pensent que n’importe quel écrivain/scénariste/journaliste/humoriste peut écrire une bande-dessinée. C’est nier complètement la spécificité du scénario de bande-dessinée. Les écueils sont flagrants ici : manque de fond, manque d’empathie, manque de rythme… Il faudrait arrêter d’essayer de toucher le grand public avec des noms, mais plutôt avec des œuvres de qualité.   

avatar_belz_jol

Note : 6/20

 

Breakfast after noon

breakfastafternoon


Titre : Breakfast after noon
Scénariste : Andi Watson
Dessinateur : Andi Watson
Parution : Septembre 2002


Les romans graphiques ont explosĂ© dans les annĂ©es 2000, rĂ©vĂ©lant Ă  la fois des pĂ©pites comme des Ĺ“uvres sans grand intĂ©rĂŞt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler Ă  la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant près de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intĂ©rĂŞt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attirĂ©. Le tout est publiĂ© chez Casterman dans la collection Ă©critures. Continuer la lecture de « Breakfast after noon »

Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & AchdĂ©

LuckyLuke6


Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fêtes de fin d’année pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercé mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passé à des bande-dessinées plus adultes et ambitieuses. Ici, le scénario est géré par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/écrivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considérer que le scénario de bande-dessinée est un métier à part entière… Ce scénario est mis en scène et dessiné par Achdé.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survécu à 27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra être élevé par… les quatre Dalton dans une ville appelée Rupin City. Et Lucky Luke devra bien évidemment les surveiller, en compagnie de Rantanplan…

Le scénario est dès le départ bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rédemption des Dalton ont déjà existées dans la série, elles étaient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les évolutions des personnages sont, au choix, proches du néant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page à l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scénaristique est comblé par des allusions omniprésentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturés et les répliques cultes. Sans aucun intérêt ! Se baser sur un film aux répliques aussi inspirées pour écrire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultés à accoucher d’un scénario correct ! Car au-delà du scénario, c’est la fluidité de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenés à la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’Achdé est souvent cité comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. Achdé singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. Résultat, l’ensemble manque cruellement de personnalité. C’est voulu, mais à trop vouloir coller à l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve même les codes couleurs de Morris, qu’il avait développé pour compenser les problèmes d’impression de l’époque (on parle des années 40 pour les débuts…)…

« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui daté et sans intérêt. Il serait peut-être temps que certains éditeurs comprennent qu’une série n’a d’intérêt à continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux œufs d’or. Lamentable.

avatar_belz_jol

Note : 2/20

Solo, T1 : Les survivants au chaos – Oscar Martin

Solo1


Titre : Solo, T1 : Les survivants du chaos
Scénariste : Oscar Martin
Dessinateur : Oscar Martin
Parution : Septembre 2014


Un auteur espagnol venu de l’animation qui fait de la bande-dessinée… Cela vous dit quelque chose ? On pense à Guarnido bien sûr. Il faudra désormais ajouter le nom d’Oscar Martin. Après un passage dans le dessin-animé, l’auteur se lance dans la bande-dessinée. « Solo » est l’une de ses histoires, qui paraît en 2014 chez Delcourt dans la collection Contrebande. Le dessin anthropomorphe rappelle immanquablement Disney, même si l’univers en est bien éloigné… Le tout semble être une édition regroupant deux premiers tomes parus précédemment. L’ensemble pèse une centaine de pages et se nomme « Les survivants du chaos ».

Solo1d« Solo » s’intègre dans une logique post-apocalyptique. La vie est rude, le gibier est rare tout comme la technologie. Fils aîné d’une famille de rats, Solo décide de quitter le foyer pour permettre à ses petits frères et sœurs de survivre. Son père a forgé en lui un formidable guerrier prêt à abattre n’importe quelle bestiole, fut-elle trois fois plus grande.

Le monde de « Solo » mélange de nombreux style. Les factions sont humaines ou animales, voire fantastiques. Il y a relativement peu d’explications sur le monde et l’univers, si ce n’est en version texte dans les dernières pages de l’ouvrage, une fois l’histoire terminée. Le scénario se concentre sur l’action et les combats, très nombreux et, finalement, peu décrits.

Ultra-violent sans ĂŞtre gore.

« Solo », outre l’action, joue sur l’ambiance. La narration est menĂ©e par le personnage principal. Bien qu’auto-centrĂ©e, elle apporte une empathie vĂ©ritable pour le personnage et son Ă©volution. Car Solo devient ultra-violent et y perd le sens de la vie. L’auteur ne fait cependant pas dans le gore pour tant. MalgrĂ© tout, le scĂ©nario est assez rĂ©pĂ©titif et peu original. Il plaira aux amateurs de mondes violents et dĂ©sespĂ©rĂ©s. L’auteur a cependant posĂ© des jalons qui mĂ©riteraient d’être dĂ©veloppĂ©s dans la suite. « Solo » peut cependant se lire comme un one-shot tant on a l’impression que la boucle est bouclĂ©e Ă  la fin du livre.

Solo1c

L’ambiance et l’action sont magnifiĂ©es par le dessin splendide de l’auteur. Oscar Martin vient de l’animation et cela se voit. Il n’hĂ©site pas Ă  utiliser des dessins chronophotographiques, dĂ©composant les mouvements de ses personnages. Ses paysages sont du mĂŞme niveau et nous plonge dans l’univers en rien de temps. Les couleurs sont bien pensĂ©es et renforcent d’autant plus l’immersion et l’ambiance. Il est Ă  noter que le dĂ©coupage est parfaitement maĂ®trisĂ©, avec de belles trouvailles graphiques. Du grand art ! Clairement, Oscar Martin a tout pour devenir un grand de la bande-dessinĂ©e.

Solo1a

Malgré un scénario finalement peu original, on se prend au jeu de ce « Solo ». La voix off nous implique et le dessin met magistralement en scène cette histoire. Difficile de rester indifférent devant tant de maîtrise. Il ne reste plus qu’à espérer que la suite proposera un scénario plus touffu. Car après cent pages de lecture, on est finalement pas loin d’une fable post-apocalyptique, plus que d’une grande histoire.

avatar_belz_jol

note4

Top BD des blogueurs – Décembre 2014

logo-top-bd

Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. Dès qu’un titre possède au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

Le compte-rendu des Ă©volutions est visible sur Chroniques de l’invisible.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
2- (=) Le journal de mon père 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman
3- (-) Ceux qui me restent  18.66
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
6- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
7- (=) NonNonBâ         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) La lune est blanche 18.4
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
11- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂ´ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
13- (N) Un ocĂ©an d’amour       18.33
Wilfrid Lupano, Grégory Panaccione, Delcourt
14- (=) Un printemps à Tchernobyl  18.28
Emmanuel Lepage, Futuropolis
15- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
16- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
17- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
18- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
 Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6.
Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
20- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
21- (=) Abélard     18.04
Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud
22- (=) Chroniques outremer   18
Bruno Le Floch, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
24- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, CĂ©line Fraipont, Casterman
25- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
26- (-) Les vieux fourneaux tome 1   17.96
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
27- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
28- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
29- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
30- (+) Scalped            17.89
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7,
31- (=)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (+) Les carnets de Cerise    17.83
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
35- (=) Les derniers jours de Stefan Zweig   17.75
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le LĂ©zard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
SĂ©verine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (-) Habibi       17.71
Craig Thompson, Casterman
43- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
44- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
45- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
46- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
47- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
48- (+) Le Photographe   17.67
49- (N) Jane le renard et moi    17.67
Isabelle Arsenault, Fanny Britt, La Pastèque
50- (=) Lorenzaccio              17.67
RĂ©gis Peynet, 12 Bis

Le jeu vidĂ©o – Bastien Vivès

LeJeuVidéo


Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien Vivès
Dessinateur : Bastien Vivès
Parution : DĂ©cembre 2011


Bastien Vivès a tenu ce qui était certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphère. Utilisant le copier-coller pour créer de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du défilement vertical pour créer un effet de temporalité (renforcé par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et là, curieusement, il est décidé de sortir pas moins de six volumes pesant près de 200 pages dont les parutions sont étalées sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog… Trop pour moi qui décidais de les lire en bibliothèque. Surtout que l’aspect thématique des ouvrages est plus ou moins réussi. Intéressons-nous ici au jeu vidéo dans ce qui est le premier opus publié.

LeJeuVidéo1Le livre se présente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire même un seul pour des questions de mise en page) apposés verticalement. Chaque scène présente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste léger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scènes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit à un seul recueil à vingt euros.

Street fighter & joystick

Malgré cet effet de répétition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages à toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidéo », Bastien Vivès est très à l’aise et il n’y a pas vraiment de déchets dans ses histoires. La qualité des scènes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaître un peu les années 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marqué l’auteur). L’aspect nostalgique est très présent, notamment dans les conflits générationnels.

Le dessin de Bastien Vivès est ici réussi, même si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisé. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand même très statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans même utiliser les expressions de ses personnages…

LeJeuVidéo2

Si les choix éditoriaux sont contestables, la qualité de l’ouvrage ne l’est pas. Drôle et un brin nostalgique, « Le jeu vidéo » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, à essayer de faire un coup spécial jusqu’à l’épuisement.

avatar_belz_jol

Note : 15/20

Château de sable – Frederik Peeters & Pierre-Oscar LĂ©vy

ChâteauDeSable


Titre : Château de sable
Scénariste : Pierre-Oscar Lévy
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Septembre 2009


J’ai découvert Frederik Peeters par sa série « Aama » où il officiait seul comme scénariste et dessinateur. Charmé par son dessin inventif et dynamique, j’avais envie de découvrir d’autres ouvrages de cet auteur. C’est chose faite avec « Château de sable », scénarisé par Pierre Oscar-Lévy, qui part un instant du cinéma pour faire un incursion dans la bande-dessinée. Ce one-shot d’une centaine de pages est publié chez Atrabile.

On est en été. Il fait chaud. Au bord d’une petite crique, des familles viennent profiter de la mer (et accessoirement, râlent de voir qu’elles ne sont pas les seules à connaître cette crique !). Mais voilà que l’on retrouve une jeune femme morte. Or, un Algérien traîne dans les parages, sans que l’on comprenne bien ce qu’il fait ici…

Des êtres humains face à des questions existentielles.

ChâteauDeSable1Curieux livre que ce « Château de sable ». Formé autour d’un huis clos très théâtral, il bascule rapidement dans le fantastique. Au-delà de cet aspect, c’est avant tout des êtres humains qui sont placés devant des questions existentielles. Difficile d’en révéler plus sans gâcher la surprise… Malgré le nombre de personnages importants, les auteurs les développent suffisamment pour enrichir le propos et amener de nombreux points de vue. Tous les âges, professions et caractères semblent représentés.

L’aspect humain est une chose, mais ce qui nous prend avant tout est le suspense. La montée en tension est remarquablement menée. On est vraiment pris dans l’histoire et on dévore les pages à toute vitesse. En cela, l’album est remarquablement géré. Les révélations sont données avec parcimonie. Une belle gestion du suspense !

Concernant le dessin, Frederik Peeters propose des personnages affirmés, aux traits aisément reconnaissables. Son trait au pinceau est d’une grande beauté et le noir et blanc lui rend honneur tant les cases sont pleine de matière. La représentation de la chaleur et de tant de personnages aux âges et corpulence différentes force le respect. Un grand dessinateur, s’il était encore besoin de le dire.

ChâteauDeSable2

« Château de sable » est un très beau one-shot. Remarquablement dessiné, doté d’une narration aux petits oignons et d’un suspense implacable, il ne vous laissera pas indifférent.

avatar_belz_jol

Note : 16/20