Johnny Jungle, T1 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T1
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Jouvray
Parution : Janvier 2013


Johnny Jungle a eu une vie mouvementĂ©e. Enfant sauvage, il fut Ă©levĂ© par des singes avant de se retrouver en pleine civilisation et de devenir champion de natation et star d’Hollywood. Aujourd’hui, Johnny est traquĂ© et il se rappelle de sa jeunesse
 « Johnny Jungle » est la premiĂšre partie d’un diptyque. Ce premier tome fait plus de 70 pages et est publiĂ© aux Ă©ditions GlĂ©nat.

Tout rapport entre la vie de Johnny Weismuller n’est Ă©videmment que pure coĂŻncidence. Johnny ici est donc un mix de Tarzan et de Weismuller, ces deux derniers Ă©tant bien sĂ»r trĂšs entremĂȘlĂ©s. Dans cette fausse biographie, l’humour est le maĂźtre mot de l’aventure. Johnny se raconte avec une part de narration non-nĂ©gligeable que vient renforcer les dialogues.

Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

La mĂ©thode du flashback Ă©tant uniquement un prĂ©texte Ă  relancer le suspense Ă  la fin du tome, on dĂ©couvre la vie de Johnny avant tout de façon chronologique. On dĂ©couvre sa vie dans la jungle avec sa mĂšre et son copain frĂšre de liane Kinka. Un curieux missionnaire allemand lui apprend Ă  crier comme Tarzan
 Mais c’est surtout sa rencontre avec Jane qui va tout changer. Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succĂšs… au risque de s’y perdre ?

Si l’histoire en soit ne surprendra pas le lecteur (puisque ce n’est pas le but), c’est l’humour qui donne tout le sel Ă  l’ouvrage. Le cynisme des auteurs pour l’humanitĂ© couplĂ© Ă  la naĂŻvetĂ© de Johnny fonctionne parfaitement. Les seconds rĂŽles sont parfaitement rĂ©ussis, de l’imprĂ©sario au rĂ©alisateur, en passant par le missionnaire. De plus, entre les Ă©pisodes de la vie de Johnny, il nous est donnĂ© Ă  voir un des personnages interviewĂ© des annĂ©es aprĂšs l’histoire qui nous parle  de Johnny. Ces petits moments sont trĂšs drĂŽles et donnent d’autant plus de piquant Ă  l’ouvrage. On peut citer Ă©galement les affiches de films, rĂ©guliĂšrement parsemĂ©es dans le livre qui jouent le mĂȘme rĂŽle d’authentifier cette biographie.

Le dessin possĂšde un trait expressif, parfaitement adaptĂ© Ă  l’humour de l’ouvrage. Cependant, le dessin parvient Ă  fonctionner Ă©galement dans les passages oĂč l’émotion se fait plus forte. Il faut mentionner en particulier le travail sur les dĂ©cors, qui navigue de la jungle luxuriante Ă  Paris ou New York. Ces derniers sont enrichit par des couleurs de toute beautĂ©, partie intĂ©grante du dessin. Le dessin est assurĂ© par JĂ©rĂŽme Jouvray, Ă©paulĂ© aux couleurs par Anne-Claire
 Jouvray ! On comprend alors comment les couleurs sont aussi intĂ©grĂ©es dans le dessin de l’ouvrage. Une belle rĂ©ussite.

« Johnny Jungle » est une trĂšs bonne surprise. Plein d’idĂ©e, Ă  l’humour efficace, il prĂ©sente une vision de la sociĂ©tĂ© (et notamment du cinĂ©ma) bien cynique. ProposĂ© en diptyque, il ne reste plus qu’à espĂ©rer que la deuxiĂšme partie transforme l’essai !

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Note : 14/20

Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T3 : Science un jour, science toujours !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2014


 AprĂšs une petite pause en 2013 consacrĂ©e Ă  d’autres projets, Marion Montaigne nous revient avec sa sĂ©rie de vulgarisation scientifique, « Tu mourras moins bĂȘte », sous-titrĂ©e « Mais tu mourras quand mĂȘme » ! Ce troisiĂšme tome est intitulĂ© « Science un jour, science toujours ! ». Contrairement aux prĂ©cĂ©dents opus qui Ă©taient chacun basĂ©s sur un thĂšme (les films et sĂ©ries tĂ©lĂ©, puis la mĂ©decine), celui-ci est beaucoup plus ouvert. Symbole de ce changement de ligne, le tout est publiĂ© chez Delcourt et non plus chez Ankama. MalgrĂ© tout, que les collectionneurs se rassurent, la maquette est quasiment identique et votre bibliothĂšque n’en sera pas gĂȘnĂ©e. Le tout est un pavĂ© de 250 pages !

Si l’idĂ©e d’un thĂšme par livre Ă©tait sĂ©duisante sur le papier, elle ne l’était pas forcĂ©ment rĂ©ellement. L’effet de rĂ©pĂ©tition s’installait. Ici, on sent Marion Montaigne plus libre de parler de ce qu’elle veut. Du coup, l’ensemble est trĂšs variĂ© dans ses sujets : cryogĂ©nie, adolescence, menstruations
 Les questions aussi essentielles que « peut-on avaler des araignĂ©es en dormant ? » trouvent enfin leur rĂ©ponse ! Cette variĂ©tĂ© donne un vrai coup de fouet Ă  la sĂ©rie. L’effet de rĂ©pĂ©tition est nul et on se surprend Ă  lire l’ouvrage d’une traite, ce que l’on ne faisait pas forcĂ©ment pour les prĂ©cĂ©dents. Marion Montaigne parvient donc Ă  se bonifier Ă  son troisiĂšme opus. Une belle performance.

Apprendre en s’amusant.

Lorsque l’on lit les ouvrages de Marion Montaigne, on remarque trĂšs vite un amour pour la vulgarisation scientifique, mais Ă©galement un humour trĂšs personnel. Cette originalitĂ© fait mouche ! On sourit beaucoup et on rit rĂ©guliĂšrement Ă  la lecture des pages. « Apprendre en s’amusant » n’a jamais Ă©tĂ© autant d’actualitĂ©. Car derriĂšre l’humour se cache des vĂ©ritĂ©s bien entendu. Montaigne visite des laboratoires et nous fait partager les Ă©tudes scientifiques les plus incongrues qui existent.

Marion Montaigne aime Ă©galement intĂ©grer de nombreuses rĂ©fĂ©rences (notamment cinĂ©ma et sĂ©ries tĂ©lĂ©) dans ses planches. J’avoue ne pas toujours y ĂȘtre sensible, ne regardant pas les sĂ©ries citĂ©es. Du coup, il y a des chances pour que ses ouvrages vieillissent un peu avec le temps. Ce tome m’a semblĂ© moins blindĂ© de rĂ©fĂ©rences, comme si l’auteure se sentait plus en confiance pour Ă©viter de mettre des rĂ©fĂ©rences partout.

Digne hĂ©ritiĂšre de Reiser, l’auteure dĂ©veloppe un trait trĂšs relĂąchĂ© soutenu par des touches de couleur Ă  l’aquarelle. Clairement, ça ne plaira pas Ă  tout le monde, mais son dessin participe fortement Ă  l’humour du bouquin. Les expressions de ses personnages sont particuliĂšrement rĂ©ussies !

Marion Montaigne dĂ©veloppe une Ɠuvre basĂ©e sur l’humour et la vulgarisation scientifique. « Tu mourras moins bĂȘte » apporte sa pierre Ă  l’édifice avec brio. Ce troisiĂšme tome permet Ă  la sĂ©rie de passer un cap supplĂ©mentaire Ă  tous les niveaux. On peut donc se dire que l’on mourra moins bĂȘte aprĂšs lecture de l’ouvrage, mais aussi avec le sourire aux lĂšvres.

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Note : 18/20

Tu mourras moins bĂȘte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma ! – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T1 : La science, c’est pas du cinĂ©ma !
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2011


Marion Montaigne s’est crĂ©Ă© une forte rĂ©putation dans la blogosphĂšre grĂące Ă  ton blog « Tu mourras moins bĂȘte ». Dans ce dernier, elle se reprĂ©sente en Professeur Moustache (avec un moustache donc, curieux pour une femme !) ayant pour but de vulgariser la science. Avec un thĂšme original, Marion Montaigne s’est ainsi garanti une forte visibilitĂ©. Ajoutez Ă  cela beaucoup d’humour et vous avez un blog Ă  succĂšs !

Comme beaucoup de blogs cĂ©lĂšbres, « Tu mourras moins bĂȘte » est dĂ©sormais Ă©ditĂ© en format papier chez Ankama Editions. Cette conversion d’un numĂ©rique gratuit vers un objet papier payant est toujours dĂ©licate et pas toujours rĂ©ussie. Qu’en est-il ici ?

Ce premier tome est intitulĂ© « La science, c’est pas du cinĂ©ma ». Marion Montaigne s’attaque donc aux films et aux sĂ©ries qui, souvent, vulgarisent eux-mĂȘmes la science. On retrouve donc plusieurs chapitres : action, science-fiction et sĂ©ries tĂ©lĂ© (oĂč on retrouvera une analyse de Jurassic Park
). Ce regroupement en chapitres n’est pas forcĂ©ment trĂšs judicieux car il reprend des thĂšmes proches, apportant un peu de redite. Un mĂ©lange simple aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© plus pertinent.

On prend alors pleinement conscience du travail effectué.

Car ce premier tome est trĂšs fourni. 255 pages sont au rendez-vous avec beaucoup de textes. Bref, il y a peu de chances que vous le lisiez d’une traite. On prend alors pleinement conscience du travail qu’effectue rĂ©guliĂšrement Marion Montaigne sur son blog. Alors que sur internet, la lecture verticale est choisie, ici on retrouve une lecture plus traditionnelle. Le tout est segmentĂ© (le plus souvent en trois cases verticales) et on s’aperçoit que de nombreuses pages constituent une seule note de blog.

La vulgarisation scientifique menĂ©e par Marion Montaigne est efficace et facilement comprĂ©hensible. Quelques chiffres et donnĂ©es sont soutenus par un humour grinçant trĂšs efficace. Il n’est pas rare que l’on rit devant les aventures du Professeur Moustache. C’est vraiment lĂ  oĂč rĂ©side la grande qualitĂ© de cet ouvrage : on apprend des choses tout en rigolant. Seul bĂ©mol : les liens que Marion Montaigne ajoutaient Ă  la fin de chaque note qui faisaient office de bibliographie ne sont Ă©videmment pas disponibles ici. Pour ma part, je n’allais pas les visiter et ça ne m’a jamais empĂȘchĂ© d’apprĂ©cier son blog !

Ce premier tome est orientĂ© sĂ©ries/films et possĂšde donc de nombreuses rĂ©fĂ©rences. MĂȘme si connaĂźtre les films en question n’est pas forcĂ©ment nĂ©cessaire pour apprĂ©cier les diffĂ©rentes histoires, c’est quand mĂȘme mieux. Concernant les films, je les avais (presque) tout vus ou au moins, j’en connaissais les grandes lignes. En revanche, je ne connaissais absolument pas les sĂ©ries et cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de rire.

Le dessin, trĂšs relĂąchĂ© de Marion Montaigne avec des touches de couleur, n’est pas sans rappeler Reiser. De mĂȘme que ses techniques narratives d’ailleurs. Tout le monde n’aimera pas ce style de dessin Ă  l’aspect brouillon. Personnellement, je trouve que c’est un rĂ©gal !

Chaque dĂ©but de note commence par une carte postale qui pose une question au Professeur Moustache. Pour l’occasion, ce sont des auteurs qui les ont dessinĂ©es. On ne peut que saluer cette initiative. De mĂȘme, l’ouvrage en lui-mĂȘme est de trĂšs bonne qualitĂ©. Le papier est Ă©pais, l’ouvrage bien finalisĂ©. Clairement, l’acheteur n’aura pas l’impression de se faire avoir !

Au final, ce passage au format papier est rĂ©ussi. L’ouvrage est de bonne qualitĂ© et l’humour de Marion Montaigne fait mouche. Certes, les rĂ©pĂ©titions sont plus flagrantes en papier que sur une mise Ă  jour d’un blog, mais l’humour fait mouche bien souvent.

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Note : 15/20

L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

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Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Mai 2014


Riad Sattouf a commencĂ© sa carriĂšre de bĂ©dĂ©aste en racontant ses jeunes annĂ©es. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dĂšs le dĂ©part un besoin de raconter sa jeunesse. Il faut dire que celle-ci est assez particuliĂšre, l’auteur ayant vĂ©cu en Lybie et en Syrie ses premiĂšres annĂ©es
 Dix ans aprĂšs « Ma circoncision », Riad Sattouf revient au sujet, fort de son expĂ©rience pour nous narrer cette vie plus en dĂ©tail. Le premier tome de « L’arabe du futur » se concentrer sur les annĂ©es 1978 Ă  1984, ce qui correspond aux premiers souvenirs du petit Riad. Le livre pĂšse 160 pages et est publiĂ© chez Allary Éditions.

Riad Sattouf est nĂ© d’une mĂšre bretonne et d’un pĂšre syrien. Ce dernier, grand adepte du panarabisme, va trimballer sa famille en Lybie, sous Khadafi, puis en retourner au pays en Syrie (sous El Assad). Son admiration pour les dictateurs arabes est Ă©vidente et sa vision de la politique, mouvante et contradictoire, est le centre de l’ouvrage. Car ne nous y trompons pas, ce livre parle avant tout du pĂšre de Riad, Abdel-Razak.

On peut dire que dans ce livre, Riad tue le pĂšre ! Non seulement, il en fait un portrait fait de paradoxes politiques, de machisme et surtout de lĂąchetĂ©. Mais en plus, il pointe le reproche de lui avoir fait vivre une enfance peu reluisante. En vieillissant, Riad vit de plus en plus mal son quotidien. Entre les cousins qui le martyrisent car il a les cheveux blonds (il doit donc ĂȘtre juif, forcĂ©ment !) et les appartements vides dans des villages pauvres au fin fond de la Syrie
 Surtout que l’homme ment rĂ©guliĂšrement, annonçant chercher du travail en France, mais n’en cherchant qu’au Moyen-Orient. La figure de la mĂšre est tout autant coupable, Ă©tant totalement absente et soumise.

Un portrait sans concession pour tout le monde

Riad Sattouf fait un portrait sans concession et trĂšs dur de partout oĂč il passe : Libye, Syrie et Bretagne. Le tout est bien Ă©videmment teintĂ© d’humour. Si beaucoup font la parallĂšle avec PersĂ©polis, il faut bien prendre en compte que les ouvrages sont trĂšs diffĂ©rents dans leur approche. Riad a vĂ©cu en France et est venu s’installer dans sa famille syrienne plus tard dans un village trĂšs pauvre. Satrapi est nĂ©e en Iran dans une famille d’intellectuels. Bref, il ne faut chercher Ă  trouver la mĂȘme analyse. Peu sensible Ă  l’humour de Satrapi, je le suis beaucoup plus Ă  celui de Sattouf par exemple.

Le dessin simple de Sattouf est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage. Il est efficace et fait parfaitement passer les Ă©motions et les expressions des personnages. Le tout est colorisĂ© en monochrome, une couleur par pays. C’est efficace et joli Ă  regarder.

J’ai dĂ©vorĂ© cet ouvrage et ait y trouvĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite ! 

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Note : 16/20

Les forĂȘts d’Opale, T8 : Les hordes de la nuit – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les forĂȘts d’Opale, T8 : Les hordes de la nuit
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Octobre 2013


 « Les forĂȘts d’Opale » furent longtemps l’une de mes sĂ©ries de fantasy prĂ©fĂ©rĂ©es. DotĂ© d’un dessin plus original que la moyenne, Arleston avait su entretenir son histoire au fur et Ă  mesure des tomes. HĂ©las, l’opus prĂ©cĂ©dent, « Les dents de pierre » Ă©tait particuliĂšrement dĂ©cevant. Voyant que sa suite ne fermait toujours pas la sĂ©rie, j’ai dĂ©cidĂ© de continuer cette lecture en bibliothĂšque. Force est de constater, hĂ©las, que j’ai bien fait.

L’histoire nous avait mis en quĂȘte des Titans pour sauver le monde de l’emprise des prĂȘtres de la LumiĂšre. Mais notre groupe de hĂ©ros a dĂ©couvert que ces derniers ont disparu et que Cohars a sombrĂ©. Comment Darko pourra-t-il alors libĂ©rer le monde ? Sa sƓur Sleilo semble arriver Ă  contrĂŽler la pierre noire (alors que Cohars y avait succombĂ©).

Traverser les cercles des Enfers.

Ce tome ce concentre avant tout sur les Enfers. Comme il est fait rĂ©guliĂšrement mention des Enfers et de ses cercles au cours des tomes prĂ©cĂ©dents, l’idĂ©e n’est pas mauvaise. Malheureusement, l’exploitation n’est vraiment pas Ă  la hauteur. Outre le fait que les diffĂ©rents cercles manquent cruellement de profondeur, ils ne sont mĂȘme pas traitĂ©s. Ainsi, nos hĂ©ros dĂ©couvrent des bestioles volantes qui leur permettent de franchir plein de cercles d’un coup. Alors certes, on n’est pas chez Dante, mais il y a des limites quand mĂȘme
 Et je passe sur la conclusion de fin qui nous fait immanquablement dire « Ok
 Tout ça pour ça ! » Cela est devenu une habitude chez Arleston de prolonger ses sĂ©ries en faisant des tomes qui ne font pas avancer le schmilblick, mais ce sera sans moi dĂ©sormais.

La dimension humoristique est relativement peu prĂ©sente dans ce tome. AprĂšs un tome 7 plus noir, on continue dans la mĂȘme veine. HĂ©las, cela ne fonctionne pas vraiment et on a du mal Ă  se passionner pour les personnages. Pourtant, ce sont eux qui font tout le sel de cette sĂ©rie. Il va falloir que les auteurs se rĂ©veillent pour nous proposer une suite digne de ce nom. On a l’impression qu’ils naviguent en eaux troubles, sans trop savoir oĂč ils vont.

MalgrĂ© les tentatives scĂ©naristiques d’apporter de la tension et de l’intĂ©rĂȘt Ă  l’histoire, tout tombe Ă  plat. L’émotion n’y est pas, de mĂȘme que le danger. Pourtant, le dessin de Philippe Pellet reste de qualitĂ© et avec une vraie personnalitĂ©. Mais l’histoire va trop vite pour pouvoir dĂ©velopper de façon intĂ©ressante un univers graphiquement viable.

Comme d’autres sĂ©ries de fantasy (et plus spĂ©cifiquement d’Arleston), le prolongement artificiel des intrigues abouti Ă  un affaiblissement gĂ©nĂ©ral de l’intrigue. La chute est rude ici. Nul doute que les prochains tomes continueront Ă  se vendre aux plus ardents collectionneurs, mais il est difficile de cacher sa dĂ©ception Ă  la fermeture de l’ouvrage.

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Note : 6/20

La cicatrice – Gilles Rochier

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Titre : La cicatrice
Scénariste : Gilles Rochier
Dessinateur : Gilles Rochier
Parution : Mars 2014


Je me rappelle avoir rencontrĂ© Gilles Rochier au Festival d’AngoulĂȘme alors qu’il soutenait « TMLP ». AurĂ©olĂ© d’un prix, le voilĂ  de retour avec « La cicatrice ». Son prĂ©cĂ©dent livre Ă©tait puissant et teintĂ© d’autobiographie. « La cicatrice » est une fiction sous forme de chronique sociale. On retrouve Denis, un cadre moyen, sur le point de signer un gros contrat. Tout semble aller pour le mieux. Mais Denis se dĂ©couvre une cicatrice. Et impossible de savoir pourquoi il a cette cicatrice
 Le tout est paru chez 6 pieds sous terre.

En utilisant le fil conducteur de cette cicatrice, Gilles Rochier met le doigt sur le malaise de la classe moyenne. On refait la salle de bain, on signe des contrats, on reçoit la belle-famille, on Ă©coute les plaintes de sa mĂšre
 C’est surtout un homme entourĂ© mais trĂšs seul qui nous est dĂ©crit. Car Denis tente de parler de son problĂšme Ă  tout son entourage, mais personne ne l’écoute rĂ©ellement. L’homme s’enferme alors de plus en plus. Et le pire, c’est que les autres lui reprochent de ne pas s’épancher plus fortement


Un malaise grandissant

Le thĂšme n’est pas nouveau bien Ă©videmment, mais Gilles Rochier parvient Ă  mettre une vraie dose de suspense dans cette histoire. La montĂ©e en tension est trĂšs rĂ©ussie et on ressent pleinement le malaise grandissant du personnage principal. Clairement, « TMLP » proposait un univers plus fort car il se passait dans une citĂ©. Dans le milieu des classes moyennes, « La cicatrice » est un livre moins puissant, car les drames y sont moins exotiques.

C’est donc la narration qui prĂ©vaut ici. Gilles Rochier maĂźtrise son tempo et l’impose au lecteur avec minutie. Denis passe son temps Ă  se toucher la cicatrice dĂšs qu’il est seul. Cette obsession est parfaitement rendue et parlera Ă  tous ceux qui ont dĂ©jĂ  eu des phĂ©nomĂšnes soudains et stressants sur leur corps. Cela ressemble Ă  un homme hypocondriaque, mais c’est bien plus que ça, c’est rĂ©vĂ©lateur d’un malaise avant tout psychique. Pour ma part, ce rapport entre la tĂȘte qui ne va pas et le corps qui en est le rĂ©vĂ©lateur m’a parlĂ©.

Concernant le dessin, le trait nerveux et imprĂ©cis de l’auteur ne plaira clairement pas Ă  tout le monde. Mais il est trĂšs efficace et au service de la narration. Si les parties muettes parlent d’elles-mĂȘmes, les parties dialoguĂ©es font la part belle aux phylactĂšres. Ces derniers envahissent l’espace, la case, les visages
 Plus qu’une façon de dessiner, cela montre aussi le poids de la parole, et surtout le flot continu de stress qui en dĂ©coule.

Moins puissant de par son sujet que « TMLP », « La cicatrice » demande au lecteur de faire abstraction du prĂ©cĂ©dent ouvrage de Gilles Rochier pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciĂ©. MalgrĂ© un thĂšme dĂ©jĂ  souvent traitĂ©, l’auteur y apporte sa touche personnelle avec notamment une montĂ©e de tension trĂšs rĂ©ussie. Gilles Rochier confirme ici les espoirs placĂ©s en lui.

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Note : 14/20

Top BD des blogueurs – Septembre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinĂ©es. DĂšs qu’un titre possĂšde au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez dĂ©couvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notĂ©s.

Jiro Taniguchi, Casterman
2- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
3- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
4- (N) Ceux qui me restent  18.63
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
5- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
6- (=) Idées Noires       18.5
Franquin, Fluide Glacial
7- (=) NonNonBù         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) Tout seul            18.38
Christophe ChaboutĂ©, Vents d’Ouest
11- (+) Les vieux fourneaux tome 1   18.35
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, JirĂŽ Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
Emmanuel Lepage, Futuropolis
14- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
15- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
16- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
17- (-) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
BenoĂźt Zidrou, Roger, Dargaud
19- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
20- (=) Abélard     18.04
RĂ©gis HautiĂšre, Renaud Dillies, Dargaud
21- (=) Universal War Two tome 1    18
Denis Bajram, Casterman
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
23- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, CĂ©line Fraipont, Casterman
24- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
25- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman
26- (-) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
27- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
28- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
29- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
30- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
31- (+) Urban              17.79
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1, Tome 2, Tome 3,
32- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
34- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le LĂ©zard Noir
35- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
36- (=) Mon arbre     17.75
SĂ©verine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
37- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
38- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
40- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
41- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
42- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
43- (=) Washita     17.69
Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
44- (=) Lorenzaccio              17.67
RĂ©gis Peynet, 12 Bis
45- (=) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt
46- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana
47- (=) Les Carnets de Cerise
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
48- (=) L’Orchestre des doigts      17.65
Osamu Yamamoto, Editions Milan
49- (=)Melvile     17.64
Romain Renard, Le Lombard
50- (=) Les ignorants             17.63
Etienne Davodeau, Futuropolis

Manuel du puceau – Riad Sattouf

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Titre : Manuel du puceau
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre 2003


L’adolescence est un sujet qui semble prĂ©occuper Riad Sattouf. De son premier ouvrage, « Manuel du puceau » Ă  son premier film « Les beaux gosses », en passant par un « Retour au collĂšge », le sujet le passionne. Et c’est Ă©videmment les prĂ©occupants d’ordre sentimental qui sont abordĂ©es. D’abord paru chez BrĂ©al, « Manuel du puceau » fut rĂ©Ă©ditĂ© chez l’Association pour 80 pages d’aide Ă  l’adolescent loser. Continuer la lecture de « Manuel du puceau – Riad Sattouf »

Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : DĂ©cembre 2000


 DĂšs le dĂ©but de « Universal War One », Denis Barjam avait su tenir son lecteur en haleine. Les mystĂšres Ă©taient nombreux et chaque fois qu’ils Ă©taient rĂ©solus, d’autres venaient se poser. Confirmant le potentiel de la sĂ©rie avec un deuxiĂšme tome haletant, place Ă  l’introspection avec « CaĂŻn et Abel », le troisiĂšme opus. La couverture, nous prĂ©sentant Balti face Ă  sa double mort, nous met tout de suite dans l’ambiance. Le tout est toujours publiĂ© sous forme d’album classique chez Soleil.

AprĂšs l’apparition du mur et sa destruction par l’escadrille Purgatory. Mais pourtant nos hĂ©ros sont toujours dans le mur
 Comment est-ce possible ? Accostant une ancienne station orbitale, ils vont comprendre ce qu’il s’est passé 

Paradoxe temporel & caractĂšres antagonistes

Ce tome fait la part belle au paradoxe temporel. Relatant la crĂ©ation du wormhole, il permet de mieux comprendre son fonctionnement et la logique qui anime ses crĂ©ateurs. Pas question de guerre ici, on est en plein huis clos. BloquĂ©s dans une station, l’escadron cohabite pour le meilleur et pour le pire. Les caractĂšres antagonistes se percutent et la tension monte. Excellent choix de Denis Barjam. AprĂšs deux tomes oĂč tout allait trĂšs vite, l’auteur prend le temps d’affiner ses personnages.

L’espace confinĂ© de la station permet aussi Ă  Barjam de poser de vraies ambiances, quels soient malsaines ou dĂ©pressives. Du coup, le dessin passe un vrai cap avec des cases particuliĂšrement marquantes. Bien qu’il y ait beaucoup moins d’action, le dĂ©coupage reste dynamique et maĂźtrisĂ© de bout en bout. L’utilisation des aplats noirs est remarquable. Alors que le dessin m’était encore un peu difficile pour les deux premiers tomes, je suis dĂ©finitivement conquis ici.

« Universal War One » est une sĂ©rie captivante et intelligente. Les bavardages y sont toujours utiles et assez peu pompeux pour que le lecteur puisse suivre le tout sans ĂȘtre obligĂ© de relire pour ĂȘtre sĂ»r de comprendre ! DotĂ© d’une formidable mise en scĂšne, d’une ambiance pesante et de personnages plus humains que jamais, ce tome 3 enfonce le clou et installe la sĂ©rie comme un must des bande-dessinĂ©es de science-fiction.

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Note : 18/20

Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Novembre 1999


« Universal War One » est l’une des sĂ©ries de science-fiction les plus palpitantes publiĂ©es en bande-dessinĂ©e. AprĂšs un premier tome allĂ©chant, laissant le lecteur en suspens, Denis Barjam (au dessin et au scĂ©nario) se devait de transformer l’essai avec ce second tome nommĂ© « Le fruit de la connaissance ». Le tout est toujours publiĂ© chez Soleil pour un album classique de 46 pages.

Un mur est apparu dans le systĂšme solaire. Personne ne sait ce que c’est. Mais Balti, de l’escadron Purgatory, est parvenu Ă  y entrer. Seul problĂšme, il en est ressorti en sale Ă©tat dans un vaisseau inconnu et avec une barbe de trois jours
 On avait laissĂ© l’escadron plonger dans le vortex afin de voir ce qu’il y avait dans le mur. Ils ne vont pas ĂȘtre déçus ! AttaquĂ© par des drones, ils s’empressent de retourner d’oĂč ils sont venus. Et dĂ©jĂ , Kalish le gĂ©niĂ© annonce qu’il y a un problĂšme de diffĂ©rentiel temporel


Une intrigue spatio-temporelle

Si c’était dĂ©jĂ  abordĂ© dans le premier tome, la notion de temps (et donc d’espace-temps) s’installer rĂ©ellement dans la sĂ©rie. Tout va tourner alors autour. Y a-t-il une civilisation qui Ă©volue 1000 fois plus vite que la notre dans le mur ? Denis Barjam maĂźtrise pleinement son sujet et le lecteur est happĂ© par le suspense en permanence. Les explications scientifiques sont prĂ©cises et claires, pas trop pompeuses et surtout comprĂ©hensibles !

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Dans ce tome, les rĂ©vĂ©lations sont nombreuses et le lecteur ne restera pas sur sa faim. Les coups de thĂ©Ăątre s’enchaĂźnent jusqu’à la derniĂšre page qui nous laisse pantois et pressĂ© de lire la suite. En cela, Barjam possĂšde un vrai talent pour gĂ©rer le rythme de sa sĂ©rie. Il dĂ©voile beaucoup de choses mais sans excĂšs. Et tout sert l’histoire, Ă  un moment ou Ă  un autre.

Mais « Universal War One », outre son histoire spatio-temporelle a comme attrait sa galerie de personnages. Tous sortis de cour martiale, ils ont chacun un dĂ©faut qui les rend dangereux. Comme Ă  chaque bouquin, Barjam dĂ©voile le passĂ© de l’un d’entre eux. Cet aspect rend aussi la relecture d’autant plus intĂ©ressante, une vraie qualitĂ© pour une sĂ©rie ! AprĂšs des dĂ©buts caricaturaux, on connaĂźt mieux les personnages qui s’affirment, mĂȘme s’ils n’évoluent pas encore en profondeur. On est ici encore dans la phase d’apprentissage.

Au niveau du dessin, le trait de Denis Barjam semble influencĂ© par les comics. J’avoue ne pas ĂȘtre forcĂ©ment fan de son trait ni de ses couleurs (notamment dans l’espace), mais le tout est cohĂ©rent et la mise en scĂšne toujours efficace. C’est dans le dĂ©coupage aussi que Barjam montre pleinement son talent. J’ai appris Ă  assimiler ce style et force est de constater que « Universal War One » possĂšde une vraie identitĂ© graphique.

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Essai transformĂ© pour ce tome 2. Le lecteur est pris par le suspense et n’a plus qu’une envie : lire la suite. Les zones d’ombres sont nombreuses et malgrĂ© les avancĂ©es de nos hĂ©ros, elles restent bien nĂ©buleuses ! Un must !

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Note : 17/20