Ekhö, monde miroir, T1 : New York – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T1 : New York
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Mars 2013


Ekhö est une sĂ©rie nĂ©e de la collaboration de Christophe Arleston et d’Alessandro Barbucci. Le premier, scĂ©nariste, est le premier auteur dont j’ai Ă©tĂ© fan. Lanfeust de Troy Ă©tait vraiment une rĂ©vĂ©lation vĂ©cue durant mon adolescence. J’ai Ă©galement beaucoup aimĂ© des sĂ©ries comme Le chant d’Excalibur, LĂ©o Lodenou Les MaĂźtres cartographes. HĂ©las, sa production trĂšs dense a dĂ©bouchĂ© sur une grande baisse de qualitĂ© Ă  mes yeux. Cela fait que je m’étais Ă©loignĂ© de ses ouvrages. C’est une critique Ă©logieuse lue dans un magazine qui m’a incitĂ© Ă  m’offrir New York, premier opus de cette nouvelle saga. J’espĂ©rais que cette nouvelle chance me rĂ©concilierait avec l’écrivain de mes tendres annĂ©es


La quatriĂšme de couverture s’avĂšre trĂšs pĂ©dagogique : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais lĂ©gĂšrement diffĂ©rents : l’électricitĂ© n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du mĂ©tro sont sur le dos d’étranges mille-pattes
 Mais les plus Ă©tonnants sont les Preshauns qui, sous leurs airs de peluches formalistes, semblent tenir les rĂȘnes de ce monde
 Une Ă©tudiante, Fourmille, et Yuri, son voisin de siĂšge dans le 747 qui les amĂšne Ă  New York se trouvent prospulsĂ©s sur Ekhö et doivent apprendre Ă  y trouver leur place. Ce qui se complique lorsque Fourmille se retrouve habitĂ©e par l’esprit d’une vieille tante morte
 »

Un New York au croisement du Moyen-Age et du vingt-et-uniĂšme siĂšcle

L’auteur nous annonce « une aventure fantastique, drĂŽle et dĂ©calĂ©e, qui nous entraĂźne dans un Ă©trange reflet de notre sociĂ©tĂ© ». Le programme est ambitieux mais je ne demandais qu’à partager ce point de vue une fois l’album refermĂ©. Le principe de ces rĂ©alitĂ©s parallĂšles est souvent usitĂ© dans la littĂ©rature, la bande dessinĂ©e ou le cinĂ©ma. Son attrait humoristique rĂ©side souvent dans la rĂ©interprĂ©tation des codes et des habitudes de notre sociĂ©tĂ© dans un contexte lĂ©gĂšrement diffĂ©rent. Il s’agit d’un des fondements scĂ©naristiques de Ekhö. Arleston a souvent su jouer avec ce type de dĂ©tournements dans ses sĂ©ries prĂ©cĂ©dentes. Il y arrive Ă©galement ici. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir Ă  naviguer dans ce New York au croisement du Moyen-Age et du vingt et uniĂšme siĂšcle. L’auteur arrive Ă  rendre crĂ©dible et drĂŽle beaucoup de dĂ©tails par des textes et des anecdotes bien choisis. Le travail graphique de Barbucci met bien l’ensemble en valeur et fait en sorte qu’une vraie bonne humeur se dĂ©gage de la lecture.

L’intrigue en elle-mĂȘme est classique. Des personnages se trouvent projeter dans un monde inconnu dont ils maitrisent trĂšs partiellement les us et coutumes. Leur prĂ©sence n’étant pas alĂ©atoire, ils doivent donc s’adapter Ă  une sociĂ©tĂ© nouvelle tout en menant Ă  bien une mission dont ils connaissent bien peu de choses. L’évolution de la trame est assez linĂ©aire. Elle n’est pas particuliĂšrement dense mais est se dĂ©roule de maniĂšre rĂ©guliĂšre et solide. L’histoire ne souffre d’aucun temps mort et le dĂ©nouement n’est pas particuliĂšrement abracadabrant. Aucune planche n’est inutile ou bĂąclĂ©e. Bref, Ekhö offre une lecture intĂ©ressante dont on n’attend la fin avec une rĂ©elle curiositĂ©.

La belle rĂ©ussite de ce tome est la qualitĂ© de ces personnages. Graphiquement tout d’abord, ils sont trĂšs rĂ©ussis. Chaque nouveau protagoniste ne nous laisse pas indiffĂ©rent grĂące son apparence crĂ©Ă©e par le trait de Barbucci. Il possĂšde un style assez rĂ©ussi qui ravira tous les publics. Ensuite, l’histoire laisse une grande part Ă  ses hĂ©ros. Que ce soit Fourmille ou Yuri, ils sont trĂšs attachants et drĂŽles. Leur binĂŽme fonctionne bien. Ils sont trĂšs diffĂ©rents, ne s’apprĂ©cient pas mais sont indispensables Ă  l’autre pour s’en sortir. La recette n’est pas originale mais elle est bien exĂ©cutĂ©e.

En conclusion, Ekhö m’a rĂ©conciliĂ© avec le travail d’Arleston. Je n’ai plus besoin de me plonger dans ses vieux albums pour retrouver sa capacitĂ© Ă  Ă©crire des histoires dynamiques, drĂŽle et prenantes. Je suis donc curieux de savoir comment Ă©voluera cette sĂ©rie. Restera-t-on dans ce monde miroir ou voyagera-t-on ailleurs ? Les personnages principaux resteront-ils les mĂȘmes ou non ? Pour cela il faut attendre la suite. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

L’atelier mastodonte, T2 : Alfred, Guillaume Bianco, BenoĂźt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann

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Titre : L’atelier Mastodonte, T2
Scénaristes : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Dessinateurs : Alfred, Guillaume Bianco, Benoßt Feroumont, Keramidas, Julien Neel, Nob, Tebo, Lewis Trondheim & Yoann
Parution : Juin 2014


« L’atelier Mastodonte » est un projet original nĂ© dans les pages de Spirou. Il est l’Ɠuvre conjointe de neuf auteurs : Alfred, Bianco, Feroumont, Keramidas, Neel, Nob, Tebo, Trondheim et Yoann. Certains me sont familiers depuis longtemps, d’autres sont entrĂ©s rĂ©cemment dans mon univers. Chaque planche de cet ouvrage au format Ă  l’italienne est dessinĂ© avec un trait diffĂ©rent, le tout format un ensemble cohĂ©rent et drĂŽle.

Une diversité des personnalités.

L'atelierMastodonte2bLe bouquin se compose de cent vingt-six planches. Chacune peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment tout en Ă©tant liĂ©e Ă  la prĂ©cĂ©dente ou Ă  la suivante. L’originalitĂ© de la structure du propos possĂšde un rĂ©el potentiel. La diversitĂ© des personnalitĂ©s doit relancer en permanence l’attrait du lecteur. De plus, le principe du strip booste l’intensitĂ© de la lecture. A l’opposĂ©, il faut veiller Ă  ne pas diffuser une impression de fouillis brouillon.

Le point de dĂ©part de l’histoire est le suivant : Trondheim crĂ©e un atelier regroupant ses collĂšgues prĂ©cĂ©demment citĂ©s. Cet album nous plonge dans le quotidien crĂ©atif de cette troupe de joyeux lurons. La dimension despotique de Lewis est moins mise en avant que dans le premier tome. MalgrĂ© tout, cela reste un fil conducteur efficace sur le plan humoristique. Chaque apparition du chef  fait sourire sans difficulté ! Certains lecteurs reprochaient Ă  l’opus prĂ©cĂ©dent les blagues trop systĂ©matiquement scatologiques mettant en scĂšne Tebo. Cet aspect est toujours prĂ©sent mais peut-ĂȘtre dissĂ©minĂ© avec davantage de parcimonie.

Mais cette suite ne se rĂ©sume pas Ă  une redondance des mĂ©canismes comiques dĂ©jĂ  utilisĂ©s. Les protagonistes dĂ©cident de dĂ©placer leur lieu de travail dans un superbe chĂąteau. Cela donne lieu Ă  des histoires de chevaliers, de fantĂŽmes et de siestes en forĂȘt. Cela offre un second souffle intĂ©ressant Ă  l’histoire et chatouille aisĂ©ment les zygomatiques. Les auteurs alternent ces vacances studieuses Ă  la campagne avec d’autres scĂšnes dans l’atelier parisien. Elles mettent en scĂšne deux auteurs qui se font passer pour Trondheim. Cela permet Ă  la narration de ne pas ronronner.

La grande diversitĂ© d’auteurs est une force narrative importante. Chacun possĂšde son trait, son ton et sa corde humoristique. L’ensemble s’harmonise plutĂŽt bien et offre une lecture pleine de surprises et de rebondissements. Je connaissais la majoritĂ© d’entre eux de noms mais j’ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir leur style et une petite partie de leur univers. Tous rĂ©unis opĂšrent sur un spectre suffisamment large pour attiser notre curiositĂ© de maniĂšre constante.

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Le bilan est trĂšs positif. Ce second opus donne la banane. Il peut se lire d’une traite dans son lit ou se feuilleter dans les transports en commun. Sa construction scĂ©naristique couplĂ©e Ă  sa petite taille en fait un compagnon en toute circonstance. Le dĂ©nouement laisse croire qu’il n’y aura pas de suite. J’espĂšre l’avoir mal compris et m’ĂȘtre trompĂ© car je regretterai de ne pas suivre les nouvelles aventures de ces joyeux lurons


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Note : 14/20

Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mĂšres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T8 : L’Ă©pingle des Ă©phĂ©mĂšres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2014


« Slhoka » est une sĂ©rie qui, de mon point de vue, se dĂ©tĂ©riore depuis que les auteurs ont dĂ©cidĂ© de lui offrir un second cycle. La premiĂšre tĂ©tralogie Ă©tait rythmĂ©e et divertissante. Elle ne rĂ©volutionnait pas le genre « space fantasy » mais offrait un moment agrĂ©able de lecture. Le scĂ©nariste Ulrig Godderidge et le dessinateur Ceyles ont dĂ©cidĂ© de poursuivre les aventures de ce hĂ©ros au puissant pouvoir. « L’Epingle des EphĂ©mĂšres » est le huitiĂšme acte de la saga et s’inscrit dans cette suite se dĂ©roulant dix ans aprĂšs l’histoire initiale. Je dois vous avouer que les trois tomes prĂ©cĂ©dents m’ont Ă©normĂ©ment déçu. NĂ©anmoins, je suis un lecteur fidĂšle et ai du mal Ă  renier une sĂ©rie que j’ai entamĂ©e. Ainsi, je suis parti Ă  la dĂ©couverte de cette nouvelle aventure avec quelques apprĂ©hensions teintĂ©es d’un lĂ©ger espoir d’amĂ©lioration


L’épisode prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© Slhoka prisonnier du JĂ€ipurna, dimension parallĂšle habitĂ©e par les Dieux. Son retour dans la rĂ©alitĂ© s’avĂšre complexe. Le rĂ©sultat est que Shani a envahi et son enveloppe corporelle et que M’Ma Bay abrite son esprit tout en essayant de la dominer. La situation est claire et explicitĂ©e dĂšs les premiĂšres pages. Les enjeux sont simples. Il faut mettre la main sur Shani tout en empĂȘchant l’ñme de M’Ma Bay de dominer celle du hĂ©ros.

Pour les adeptes de vaudou et d’esprit possĂ©dĂ©…

Le souci rencontrĂ© au cours de la lecture est que la situation finale ressemble comme deux gouttes d’eau Ă  la situation initiale. La diffĂ©rence est que l’esprit n’habite plus une vieille dame aux pouvoirs intrigants mais une jolie jeune femme Ă  l’ambition dĂ©vorante. Sorti de cela, il ne se passe rien ! Quarante-six pages pour si peu ! La trame a le droit de faire une pause mais dans ce cas, il faut compenser avec autre chose. Cela peut-ĂȘtre de l’action, de l’humour ou de l’émotion
 Il n’y a rien de tout cela. On se contente de suivre un petit groupe dĂ©ambuler dans ce qui ressemble Ă  un bayou de Louisiane
 Les seuls Ă©vĂ©nements qui agrĂ©mentent leurs pĂ©rĂ©grinations sont des crises existentielles et rĂ©pĂ©titives de deux esprits cohabitant dans un mĂȘme corps.

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Je regrette qu’une nouvelle fois SvendaĂŻ et Kraa soient absents de l’histoire. La premiĂšre est une jeune femme avec une forte personnalitĂ© dont la relation avec Slhoka est centrale dans l’univers de la saga. Le second est un soldat efficace au caractĂšre bourru qui participe activement Ă  la fibre humoristique de l’ensemble. Leurs mises en hibernation est une raison de la baisse de qualitĂ© de la sĂ©rie. De mon point de vue, les pĂ©ripĂ©ties des deux derniers tomes auraient pu aisĂ©ment tenir dans un seul opus sans ĂȘtre particuliĂšrement dense. Les auteurs diluent leur intrigue. Est-ce pour faire durer le plaisir ou parce qu’ils ne savent pas oĂč ils vont ? Dans les cas, cela donne un rĂ©sultat narratif particuliĂšrement faible.

Sur le plan graphique, il n’y a rien de rĂ©volutionnaire Ă  signaler. Je n’ai pas Ă©tĂ© un grand fan du changement de dessinateur opĂ©rĂ© aprĂšs le troisiĂšme acte. Depuis, je ne peux pas dire que le style de Ceyles m’ait conquis. Je trouve que son style manque de personnalitĂ© et que les dĂ©cors sont dĂ©nuĂ©s d’atmosphĂšres. Je n’ai ressenti ni dĂ©paysement ni oppression ni angoisse. Pourtant le dĂ©roulement du scĂ©nario laissait de la place Ă  une ambiance dense et prenante. Mais l’occasion n’a pas Ă©tĂ© saisie et c’est regrettable. NĂ©anmoins, il Ă©tait difficile de sublimer une trame manquant autant d’aspĂ©ritĂ©s.

Vous l’aurez compris, « L’Epingle des EphĂ©mĂšres » ne m’a pas enthousiasmĂ©. Cet opus confirme la dĂ©liquescence de « Slhoka ». Je trouve triste qu’une aventure initialement sympathique et divertissante traine autant en longueur qu’elle en devient horripilante et frustrante. Je doute fortement que la chute en cours puisse ĂȘtre suivie d’une remontĂ©e fut elle lĂ©gĂšre
 Mais qui sait ? L’espoir fait vivre


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Note : 4/20

Slhoka, T7 : L’autre rive – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T7 : L’autre rive
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2013


« L’autre rive » est le septiĂšme tome de »Slhoka ». Il est apparu dans les librairies en juin dernier. EditĂ© chez Soleil, il est l’Ɠuvre conjointe de Godderidge, Ceyles et Vincent. Ils s’occupent respectivement du scĂ©nario, des dessins et des couleurs. Il s’agit d’un album de format classique dont le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans les tons marron, orange et gris. On y dĂ©couvre le hĂ©ros Ă©ponyme une arme Ă  la main. Il y est accompagnĂ© d’un tigre ailĂ© qui ne nous est pas inconnu. Les paysages apparaissent apocalyptiques. L’atmosphĂšre qui s’en dĂ©gage est sombre et inquiĂ©tante.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « Ishtor, la dĂ©esse maudite libĂ©rĂ©e de sa prison Ă©ternelle, veut reprendre le pouvoir des dieux et celui de Slhoka afin de dĂ©truire Link-ArchoĂŻde. Errant dans les marais des Basboues avec Krk, le bayan des MĂ©andres, Slhoka Ă©labore un plan pour rejoindre Nagaghuli et les autres DĂ©itĂ©s emprisonnĂ©es dans le Jaipurna. Mais comment convaincre les Dieux devenus ses ennemis, de s’unir Ă  lui
 »

La lecture du synopsis met rapidement les choses au clair : il est compliquĂ© de se plonger dans cette histoire sans avoir lu les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Pour rĂ©sumer succinctement l’ensemble, je pourrais dire que « Slhoka » est une histoire classique construite autour de la notion d’élu. Le hĂ©ros est au-dessus de ses aventures un simple pilote militaire. Suite Ă  un crash, il atterrit sur une planĂšte qui lui rĂ©vĂ©lera un pouvoir dont il Ă©tait ignorant. Il devient alors un leader et un symbole Ă  la puissance unique. Le quatriĂšme tome se concluait sur un combat final Ă  grande ampleur. Le deuxiĂšme cycle se dĂ©roule dix ans plus tard. Slhoka est en pleine dĂ©pression et son pouvoir a quasiment disparu. Les deux albums prĂ©cĂ©dents le voient retrouver sa force contraint et forcĂ© devant les enjeux. En effet, une dĂ©esse maudite est dans la place et ça ne rigole pas


Une atmosphĂšre proche du chamanisme.

L’atmosphĂšre de « L’autre rive » est construite autour du chamanisme. Les premiĂšres pages nous immergent dans un univers proche des bayous de la Louisiane. Le travail graphique transcrit trĂšs justement cette ambiance. La rencontre avec une sorciĂšre locale qui arrive Ă  contacter des forces occultes accentue le phĂ©nomĂšne. Dans la deuxiĂšme partie, Slhoka passe son temps Ă  voyager entre deux mondes : sa rĂ©alitĂ© et le monde de Jaipurna. Ce dernier est un univers dans lequel vive les dieux. Sa nature onirique couplĂ©e Ă  l’apocalypse qui accompagne la lecture est dans la lignĂ©e de la dimension « shamanisme » de l’ensemble.

L’histoire se centre entiĂšrement autour du personnage de Slhoka. La fin de l’épisode prĂ©cĂ©dent concluait sur le hĂ©ros qui avait repris goĂ»t Ă  la vie. Il semblait retrouver des pensĂ©es plus positives. La premiĂšre partie le voit avancer irrĂ©mĂ©diable vers un affrontement avec son ennemie. La seconde nous fait vivre le combat. La trame est simple, un petit peu trop. J’ai le sentiment que cet album aurait pu ĂȘtre rĂ©duit de moitiĂ© sans qu’on ne perde ni intĂ©rĂȘt ni information. L’ensemble est assez diluĂ©. Le duel entre les deux combattants traine en longueur. Le fait qu’il se dĂ©roule dans un univers parallĂšle est intĂ©ressant car il ouvre des perspectives scĂ©naristiques. Par contre, sa longueur et sa construction les rapprochent trop souvent d’un combat Ă  la « Dragon Ball ». Et ce n’est pas un compliment.

L’une des consĂ©quences de ce choix narratif est de faire totalement disparaitre du dĂ©cor les personnages secondaires. Le plaisir que je trouvais en dĂ©couvrant le dĂ©but de la saga Ă©tait la galerie de protagonistes qui gravitaient autour de Slhoka. Ces derniers offraient un ton dĂ©calĂ© et drĂŽle qui faisait naitre un vrai plaisir de lecture. Tout cela a disparu petit Ă  petit. Le paroxysme est atteint dans cet Ă©pisode. Les doigts d’une main suffisent quasiment Ă  compter les intervenants dans cet album. C’est dommage. De plus, le fil conducteur global de la sĂ©rie est de plus en plus dur Ă  suivre. Les trois derniers albums manquent cruellement de liens entre eux. On a la sensation que l’auteur ne sait pas oĂč il va et ce sentiment n’est pas des plus agrĂ©ables.

Ceyles se charge des dessins depuis le dĂ©but du second cycle. Je vous avoue que je suis moins sensible Ă  son trait que je ne l’étais Ă  celui du dessinateur des premiers opus. Je ne suis pas un grand de son style qui manque, Ă  mes yeux, de dĂ©tails. J’aimerai que les personnages possĂšdent une identitĂ© graphique plus forte. De plus, leurs expressions manquent trop souvent de finesse. Par contre, son travail sur les dĂ©cors est de qualitĂ©. Que ce soit dans les marais ou dans le monde des dieux, il arrive Ă  faire naĂźtre une vraie ambiance qui nous porte sans mal. Il s’agit incontestablement d’un des points positifs de l’album.

Au final, ce tome est trĂšs moyen. Il confirme la difficultĂ© rencontrĂ©e par l’auteur Ă  offrir un second souffle Ă  sa saga. La conclure aprĂšs la fin du premier cycle m’apparait de plus en plus comme la solution qui aurait dĂ» ĂȘtre choisie. NĂ©anmoins, je suis fidĂšle en lecteur et attendrais avec curiositĂ© le prochain tome avec toujours le mĂȘme espoir d’y retrouver le plaisir simple que me procurait les premiĂšres Ă©tapes des aventures de Slhoka. Mais cela est une autre histoire


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Note : 6/20

Slhoka, T6 : Les mĂ©andres – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T6 : Les méandres
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Août 2012


« Les mĂ©andres » est le sixiĂšme tome de « Slhoka ». Il est apparu dans les librairies au mois d’aoĂ»t dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il prolonge le second cycle de la saga nĂ© dans l’opus prĂ©cĂ©dent. Je suis les aventures du hĂ©ros Ă©ponyme depuis ses premiĂšres aventures datant d’un petit peu plus de dix ans. Je trouve ses pĂ©rĂ©grinations sympathiques. Elles se dĂ©roulent au croisement de la fantasy et de la science-fiction. Le scĂ©nariste de cette sĂ©rie est Ulrig Godderidge. Je ne connais son travail qu’à travers cette histoire-lĂ . Au cours des trois premiers actes, les dessins sont l’Ɠuvre d’Adrien Floch. Depuis le dĂ©part de ce dernier vers « Les naufragĂ©s d’Ythaq », les illustrations sont l’Ɠuvre de Ceyles. La rupture graphique a Ă©tĂ© rude et m’a Ă©tĂ© difficile. NĂ©anmoins, mis devant le fait accompli, il a fallu s’y faire et prendre de nouvelles habitudes.

L’album prĂ©cĂ©dent se dĂ©roulait dix ans aprĂšs le dĂ©nouement du prĂ©cĂ©dent. Slhoka, grĂące Ă  ses pouvoirs, avait sauvĂ© le monde et avait vu parallĂšlement sa vie tomber dans le dĂ©sespoir et l’alcool. C’est globalement cet Ă©tat de fait que nous prĂ©sentait le cinquiĂšme Ă©pisode. On voyait la fine Ă©quipe se reformer bon grĂ© mal grĂ©. Le synopsis proposĂ© sur la quatriĂšme de couverture de « Les mĂ©andres » prĂ©sente la situation avec les mots suivants : « La ZeĂŻde a Ă©vitĂ© le pire grĂące au pouvoir de Slhoka. Mais une question reste sans rĂ©ponse : qui se cache derriĂšre les indestructibles rhoukes et les chimĂšres volantes ? C’est la nouvelle mission de Slhoka et ses compagnons d’armes, envoyĂ©s en reconnaissance dans la capitale rhouke. Avec l’aide de la Ghuilde des Marchandises. Mais Slhoka n’est pas au bout de ses peines car ShanĂŻ, qui habite son corps, semble n’en faire qu’à sa tĂȘte. »

Une intrigue sans grand intĂ©rĂȘt.

Le scĂ©nariste ne perd pas de temps Ă  nous exposer les prĂ©requis nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension complĂšte des tenants et des aboutissants de l’intrigue. Ayant lu une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des tomes de la sĂ©rie avant de me plonger dans « Les mĂ©andres », je n’ai pas souffert de choix. Je ne peux que vous conseiller de faire de mĂȘme au risque d’ĂȘtre perdu au beau milieu d’un sac de nƓuds qui ne brille dĂ©jĂ  pas par son cadre rigoureux. On reprend l’histoire oĂč elle nous avait laissĂ©. Il n’y a pas de rupture narrative. J’ai pris plaisir Ă  retrouver ces personnages familiers rĂ©unis Ă  nouveau. La maladresse et le pouvoir de Slhoka, le caractĂšre et les qualitĂ©s guerriĂšres de la charmante SvendaĂŻ, la rudesse et la force du Kraal Ă©taient donc de retour. La rĂ©ussite de ce type d’histoire rĂ©side en partie dans la qualitĂ© de son casting. Ces groupes hĂ©tĂ©rogĂšnes doivent donner lieu Ă  des moments drĂŽles et touchants qui permettent Ă  la trame de se montrer plus Ă©paisse et rythmĂ©e. Le plaisir de ce genre de lecture rĂ©side avant tout dans l’empathie ressentie pour les protagonistes plus que tout autre chose.

NĂ©anmoins, le listing des participants ne suffit pas Ă  garantir la rĂ©ussite d’un album. « Les mĂ©andres » en est la preuve mais, hĂ©las, nĂ©gativement. L’intrigue y est sans grand intĂ©rĂȘt. On ne fait que suivre les diffĂ©rentes crises de colĂšre du hĂ©ros. Toutes les quatre pages, il s’énerve et exploite donc son pouvoir destructeur. C’est rĂ©pĂ©titif et donc assez vite lassant. On a l’impression que l’histoire n’en aurait pas Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e en divisant le nombre de pages par deux. Aucune information n’aurait Ă©tĂ© Ă©garĂ©e. Par contre, notre attrait n’aurait peut-ĂȘtre disparu. De plus, les personnages principaux sont rapidement sĂ©parĂ©s. La place de SvendaĂŻ et du Kraal devient trĂšs secondaire et cela m’a déçu. Ils sont bien moins fades que Slhoka. Construire tout l’épisode autour de ce dernier fait que l’humour disparait totalement de la lecture. Cela fait qu’on se concentre davantage sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements. Ce dernier s’avĂšre confus et sans grand intĂ©rĂȘt. Tout ne tourne pas en rond mais avance bien lentement. Le sentiment de dilution toujours dĂ©sagrĂ©able commence Ă  naitre. C’est dommage.

J’évoquais en introduction la rupture graphique nĂ©e du changement de dessinateur Ă  partir du quatriĂšme tome. Je vous avoue que je prĂ©fĂ©rai le travail de Floch. Ce n’est pas nĂ©cessairement une question de qualitĂ© pure mais de style. Je ne maitrise pas le vocabulaire spĂ©cifique du dessin et aurai du mal Ă  argumenter mon opinion. Je trouve que les personnages apparaissent moins travaillĂ©s. Ils sont moins attachants graphiquement. De plus, ils apparaissent tout le temps dans l’excĂšs sans forcĂ©ment que l’histoire ne le justifie tout le temps. Dans la mĂȘme logique, je trouve que le travail sur les couleurs est trop simple et souffre de la comparaison avec la qualitĂ© des sĂ©ries du mĂȘme genre. Il est possible que d’autres lecteurs soient sĂ©duits par les illustrations de Ceyles. Je me contenterai de dire que son trait et moi ne nous sommes pas trouvĂ©s.

Pour conclure et ma critique ne s’en cache pas, je suis sorti déçu de ma lecture. « Les mĂ©andres » a tendance Ă  donner corps Ă  l’idĂ©e comme quoi ce second cycle est de trop. La graine de ce sentiment avait Ă©tĂ© plantĂ©e dans le tome prĂ©cĂ©dent. Ma dĂ©couverte de ce dernier opus a tendance Ă  l’arroser de maniĂšre soutenue. J’ai du mal Ă  voir comment Godderidge veut prolonger les aventures de son hĂ©ros. Mais mon affection pour les premiĂšres aventures de Slhoka me fait croire que le prochain Ă©pisode sera meilleur. Mais l’espoir ne sera pas Ă©ternel
 

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Note : 8/20

Slhoka, T5 : L’Eveil – Ulrig Godderidge & Ceyles

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Titre : Slhoka, T5 : L’Eveil
Scénariste : Ulrig Godderidge
Dessinateur : Ceyles
Parution : Juin 2011


« Slhoka » est une sĂ©rie que je suis depuis la parution de son tome initial. Sans ĂȘtre un chef d’Ɠuvre du genre, il s’agit d’une saga qui se lit avec plaisir mĂȘlant magie, dĂ©cors futuristes et quĂȘte plus classique. L’opus prĂ©cĂ©dent marquait la fin d’un cycle dans l’histoire. Il est composĂ© de quatre bouquins. Le dernier livre marque donc en quelque sort un nouveau dĂ©part. Son titre est d’ailleurs sans ambiguitĂ© dans ce domaine puisqu’il s’intitule« L’éveil ». EditĂ© chez Soleil, cet album est d’un format classique et se compose d’une cinquantaine de pages. Son prix est de 13,50 euros. Toute la sĂ©rie est scĂ©narisĂ©e par Godderidge. « Slhoka »est d’ailleurs la seule immersion de ma part dans l’univers de cet auteur. Les dessins, comme dans le tome prĂ©cĂ©dent sont l’Ɠuvre de Ceyles.

Le quatriĂšme tome de la sĂ©rie marquait la fin d’une guerre interplanĂ©taire entre deux empires : la ZeĂŻde et l’Okrane. Shloka a jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans ce conflit. En effet, il possĂ©dait un pouvoir immense confiĂ© par les Dieux. Ce nouvel ouvrage se dĂ©roule dix ans plus tard. Shloka et son ami Ar’n vivent reclus sur une plage perdue. Notre hĂ©ros a perdu de sa splendeur. Il semble baigner dans l’alcool. Son pouvoir semble un lointain souvenir. Mais leur quotidien va ĂȘtre bouleversĂ© par la ravissante Sven, qui en souvenir du temps passĂ©, a envie de constituer Ă  nouveau la fine Ă©quipe. En effet, parallĂšlement, les Rhoukes, anciennement paisibles et nomades, sont devenus de fĂ©roces guerriers qui ont tendance Ă  basculer trop rĂ©guliĂšrement du mauvais cĂŽtĂ© de la frontiĂšre


HĂ©roĂŻc fantasy & science-fiction

« Slhoka » est une sĂ©rie qui rĂ©pond aux codes de l’heroĂŻc-fantasy tout en Ă©voluant dans un monde futuriste. On retrouve la notion de pouvoir absolu et d’élu. On suit Ă©galement l’évolution d’un groupe d’apparence hĂ©tĂ©roclite mais auquel du sein chacun est important. Les conflits sont interplanĂ©taires et ont Ă©videmment des consĂ©quences irrĂ©mĂ©diables sur l’avenir du monde. Tout cela est du classique. La trame globale de la sĂ©rie est relativement cousue de fil blanc mais cela n’empĂȘche pas la lecture d’ĂȘtre agrĂ©able.

Dans cet opus qui dĂ©bute un nouveau cycle, l’auteur doit faire rebondir la sĂ©rie. C’est un nouveau dĂ©but et il est important de marquer une rupture avec le prĂ©cĂ©dent. Cette rupture est ici temporelle. Dix ans se sont dĂ©roulĂ©s. Chacun a Ă©voluĂ© et a fait sa vie de son cĂŽtĂ©. « L’éveil » marque donc quelque part des retrouvailles. Suite Ă  un Ă©vĂ©nement, tout ce beau monde va se retrouver. Il est Ă©vident qu’avoir lu les prĂ©cĂ©dents tomes est primordial pour saisir tous les sous-entendus de la narration. D’ailleurs une des richesses de cet album est son cĂŽtĂ© moins sĂ©rieux. Les dialogues entre les personnages sont plus drĂŽles. Les gags sont plus frĂ©quents. Autant le premier cycle Ă©tait assez narratif et offrait des personnages finalement tiĂšdes, ce nouveau tome assume davantage ses protagonistes. Cela permet Ă©galement une lecture plus agrĂ©able et distrayante.

Il faut que sur le plan de la trame, c’est plutĂŽt lĂ©ger. « L’éveil » n’est une longue mise en place de quelque chose qu’on ne maitrise pas totalement. Alors que le fait d’ĂȘtre le cinquiĂšme tome d’une sĂ©rie devrait lui permettre d’entrer rapidement dans le vif du sujet, ce n’est ici pas le cas. Le temps de redĂ©couverte des personnages fait que pendant ce temps il ne se passe pas grand-chose. On va Ă  la rencontre de chaque peuple, de chaque protagoniste mais on sent bien que les choses sĂ©rieuses n’ont pas rĂ©ellement commencĂ©es. C’est finalement assez frustrant car une fois la lecture terminĂ©e, on ressent une certaine frustration. Il ne se passe finalement pas grand-chose.

L’autre nouveautĂ© de cet album est la rupture drastique au niveau du dessin. Le style est totalement diffĂ©rent. J’ai mĂȘme eu du mal Ă  accepter les nouveaux traits de certains protagonistes. NĂ©anmoins, cela ne pose pas de rĂ©els soucis une fois l’accoutumance faite. AstĂ©rix a bien Ă©voluĂ© entre le premier tome et les suivants. Pourquoi Slhoka ne pourrait-il pas lui aussi changer de look ? CĂŽtĂ© style, il est plutĂŽt jeune et dynamique. Les couleurs, Ɠuvre de Torta, sont vives et simples. Tout cela rend la lecture agrĂ©able et lĂ©gĂšre.

En conclusion, cet album, malgrĂ© ses quelques changements, restent dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents. J’ai eu plaisir Ă  retrouver les personnages qui sont pour l’ensemble bien sympathiques. MalgrĂ© tout, je trouve l’intrigue un petit peu lĂ©gĂšre. Je pense que par son esprit et son dessin, cet album conviendra davantage Ă  un public adolescent. C’est rythmĂ©, il y a de l’action et la plume du dessinateur sont autant d’arguments qui vont dans ce sens. Par contre, je doute qu’un grand adepte de ce type de bandes dessinĂ©es soit comblĂ© par cet album. Ce dernier n’arrive pas Ă  dĂ©velopper un petit quelque chose qui le dĂ©marque de tous ses cousins qui alimentent les rayons de librairie. Finalement, cet album se lit avec plaisir mais laisse finalement peu de souvenirs une fois refermé  

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Note : 11/20 

Block 109, S.H.A.R.K. – Vincent Brugeas & Ryan Lovelock

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Titre : Block 109, S.H.A.R.K.
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ryan Lovelock
Parution : FĂ©vrier 2012


Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas sont les auteurs d’une uchronie particuliĂšrement rĂ©ussie : « Block 109 ». Ce roman graphique paru il y a plus de quatre ans prend ses libertĂ©s avec l’Histoire en faisant assassiner Adolf Hitler le 22 mars 1941. Suite Ă  son succĂšs, la sĂ©rie a fait des petits. Cinq spin-off sont nĂ©s depuis. Le dernier en date, Ă©ditĂ© cette annĂ©e chez Akileos, s’intitule « S.H.A.R.K. ». C’est sur cet album que se porte ma critique.

La quatriĂšme de couverture Ă©voque le contexte de l’histoire : «  Novembre 1946, le prisonnier Worth, membre du S.H.A.R.K., un parti politique raciste australien, est transfĂ©rĂ© au centre de dĂ©tention de Rabbit Flat, le plus grand camp de prisonniers d’Australie regroupant prĂšs de 4000 dĂ©tenus de guerre allemands, dont une majoritĂ© de SS, ainsi que des activistes du S.H.A.R.K. » 

À chaque opus son identitĂ©.

Block109Shark1Chaque nouvel opus de la saga s’insĂšre dans des contextes gĂ©ographiques et politiques diffĂ©rents. Chacun possĂšde une identitĂ© propre et la plupart du temps emballante. Le dernier Ă©pisode en date n’échappe Ă  la rĂšgle en immergeant le lecteur en Australie au milieu d’une prison perdue au milieu de nulle part. Je dois vous avouer que le dĂ©cor m’attirait beaucoup. La perspective d’ĂȘtre enfermĂ©e dans un huis clos carcĂ©ral semblait ĂȘtre un terreau fertile Ă  une atmosphĂšre oppressante et envoĂ»tante. Il s’agit d’une recette scĂ©naristique classique mais qui, bien exĂ©cutĂ©e, peut offrir une savoureuse dĂ©gustation.

La narration dĂ©but par l’apparition d’un nouveau « locataire ». Worth est amenĂ© Ă  jouer un rĂŽle central au cours des Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s. Sa prĂ©sence sur la couverture confirme ce statut Ă  venir. Il s’agit d’une tĂȘte brĂ»lĂ©e qui a des rapports conflictuels avec l’autoritĂ©. Ce n’est pas original mais toujours efficace. A peine arrivĂ©, il envisage dĂ©jĂ  de se faire la malle. Pour cela, il doit entrer en contact avec Otto, un ancien de la SS, qui s’avĂšre ĂȘtre le patron officieux des lieux.

L’intrigue se construit donc autour de la mise en place d’un putsch. Evidemment, tout cela n’est pas un long fleuve tranquille. Otto et Worth doivent apprendre Ă  se connaĂźtre et doser leurs confiances respectives. Il y a aussi le montage pratique de leur tentative de prise de pouvoir. Les auteurs font exister un grand nombre de personnages secondaires plutĂŽt rĂ©ussis. Ils participent Ă  la crĂ©dibilitĂ© de cet univers. NĂ©anmoins, l’atmosphĂšre n’atteint jamais la densitĂ© que le pitch laissait espĂ©rer. Rien n’est bĂąclĂ©, loin s’en faut. Le travail est sĂ©rieux et appliquĂ©. Mais la sauce ne prend jamais autant que dĂ©couverte de la trame le prĂ©sageait. L’histoire se dĂ©roule avec plaisir mais sans ĂȘtre aussi dense que d’autres Ă©pisodes de la saga.

Ce nouveau tome se démarquait des précédents par un changement de dessinateur. TrÚs occupé par « Chaos Team », Ronan Toulhoat passait son tour pour illustrer ce « S.H.A.R.K ». Le travail est donc ici confié à Ryan Lovelock dont je découvre le trait à cette occasion. La transition se fait sans mal tant le style du nouveau est dans la ligné de celui de son prédécesseur. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est réussi. Que ce soit les gros plans ou les visions larges, ils sont remarquables. De plus, les dessins participent activement à la nervosité qui habite les planches.

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Pour conclure, « S.H.A.R.K. » est un acte intĂ©ressant de la grande piĂšce qu’est « Block 109 ». MalgrĂ© tout, je n’y ai pas retrouvĂ© l’intensitĂ© et la force de « OpĂ©ration Soleil de Plomb » ou « New York 1947 ». Il satisfera les adeptes de la sĂ©rie et rassurera les lecteurs qui apprĂ©hendaient l’absence de Ronan Toulhoat aux dessins. Ryan Lovelock est aisĂ©ment adoubĂ© aprĂšs sa performance graphique dans cet album. « Block 109 » confirme son statut d’uchronie de qualitĂ©. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que les prochains tomes confirmeront cet Ă©tat de fait. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, Opération Soleil de Plomb
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2011


« OpĂ©ration Soleil de Plomb » est un album se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 ». En effet, Brugeat et Toulhoat prolongent leur univers uchronique  à travers une sĂ©rie d’opus. J’ai apprĂ©ciĂ© l’Ɠuvre initiale. Je trouve que le monde gĂ©nĂ©rĂ© par les auteurs Ă©tait intĂ©ressant. C’est pourquoi, je m’étais dĂ©cidĂ© Ă  dĂ©couvrir les « spin off » en dĂ©coulant. Ma rencontre avec « Etoile Rouge » m’avait déçue. Mais je ne dĂ©sespĂ©rais de retrouver dans « Soleil de Plomb » le plaisir que j’attendais dans le prĂ©cĂ©dent. Ce bouquin est d’un format classique. Il est Ă©ditĂ© chez « Akileo ». Son prix est de quatorze euros. Continuer la lecture de « Block 109, OpĂ©ration Soleil de Plomb – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas »

Block 109, New-York 1947 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Block 109, New York 1947
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Septembre 2011


« New York 1947 » est le dernier Ă©pisode se dĂ©roulant dans l’univers de « Block 109 » Ă  ĂȘtre apparu dans les rayons des librairies. Sa parution aux Ă©ditions Akileos date du mois de septembre dernier. Comme l’intĂ©gralitĂ© des albums de la sĂ©rie, il est scĂ©narisĂ© par Vincent Brugeas et dessinĂ© par Ronan Toulhoat. Sa couverture est trĂšs attractive. Elle nous prĂ©sente un New York en ruines et nous offre la tĂȘte de la Statue de la LibertĂ© au premier plan. Je trouve que la lumiĂšre de ce dessin est captivante. Le bouquin est de qualitĂ©. Il est de format classique et est composĂ© d’une soixantaine de pages.

« Block 109 » est une uchronie dont l’évĂ©nement fondateur est l’assassinat de Hitler en 1941. En est dĂ©coulĂ© un ouvrage de presque deux cents pages trĂšs rĂ©ussi. A partir de cet univers, les auteurs ont fait naitre trois autres ouvrages intitulĂ©s « Etoile Rouge », « OpĂ©ration Soleil de Plomb » et « New York 1947 ». « Ritter Germania » est prĂ©vu pour l’annĂ©e prochaine. Le premier marquait le penchant soviĂ©tique du monde, le deuxiĂšme se dĂ©roulait en Afrique. Logiquement, le troisiĂšme dont je vous parle aujourd’hui est l’amĂ©ricain du lot.

L’histoire se dĂ©roule en dĂ©cembre 1947. Les six membres du commando spĂ©cialement constituĂ© pour l’OpĂ©ration Extraction, sont larguĂ©s au sommet d’un des rares buildings de New York encore debout. Ils ont une mission de vingt-quatre heures pour l’exĂ©cuter. Ce devait ĂȘtre rapide et facile, mais rien ne va se passer comme prĂ©vu
 VoilĂ  comment nous est prĂ©sentĂ©e l’intrigue sur la quatriĂšme de couverture.

Un huis clos urbain.

J’ai Ă©tĂ© conquis par « Block 109 ». « Etoile Rouge » m’avait déçu contrairement Ă  « OpĂ©ration Soleil de Plomb » que j’ai trouvĂ© trĂšs rĂ©ussi. Globalement, en me plongeant dans ce nouvel album, j’étais plutĂŽt optimiste. Mes attentes n’ont pas Ă©tĂ© déçues. L’idĂ©e scĂ©naristique est un classique du cinĂ©ma. Il s’agit d’un huit clos urbain. Une Ă©quipe restreinte doit atteindre un objectif vital dans une ville en ruine dont toutes les Ăąmes vivantes souhaitent leur mort. Cela nous offre un thriller haletant. L’atmosphĂšre oppressante est bien retranscrite. Les dessins de Toulhoat sont un vrai bonheur sur ce plan-lĂ . L’intensitĂ© ne diminue jamais vraiment. On angoisse en imaginant ce que cache chacun des murs ou des immeubles peuvent cacher.

En plus de nous offrir cette trame rythmĂ©e, l’album nous offre une belle galerie de personnages. A l’image des films de ce genre, il va sans dire que le commando chargĂ© de la mission n’est pas constituĂ© de n’importe qui. Chacun nous est prĂ©sentĂ© dans la premiĂšre page : der Ritter, der Sniper, der Sptizel, der Professor, de Journalist et der Spezialist. Il va sans dire qu’ils sont allemands. On se demande ce qui a fait que chacun se trouve Ă  cet endroit, Ă  ce moment avec ces personnes-lĂ . La ressemblance avec « Universal War One » m’est apparue Ă©vidente. Ce qui n’était pas pour me dĂ©plaire tant je voue une affection certaine Ă  cette grande saga spatiale. Le fait de centrer l’histoire sur un petit nombre de personnages fait qu’on a le temps de le dĂ©couvrir. On n’est pas indiffĂ©rent Ă  leur devenir. On a l’impression de faire partie de l’équipe. Cela rend la lecture assez active.

CĂŽtĂ© dĂ©cors, la rĂ©ussite est au rendez-vous. Le New York apocalyptique que nous offre le dessinateur est criant de vĂ©ritĂ©. Que ce soit sur le plan architectural ou sur le plan de l’atmosphĂšre, on y est. On ressent le silence qui habite chaque rue. On ressent la prĂ©sence cachĂ©e des ennemis. Les dessins et les couleurs nous offrent une Ɠuvre de grande qualitĂ©. De plus, les personnages sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussis. Il possĂšde tous une vraie dimension Ă  leur premiĂšre apparition. On devine les cadavres qui doivent agrĂ©menter leur placard. Le degrĂ© d’humanitĂ© est fluctuant. Leurs peurs sont plus ou moins apparentes.

En tous les cas, « New York 1947 » est un ouvrage de bonne qualitĂ©. Il s’agit d’un thriller de grande qualitĂ©. L’uchronie proposĂ©e est vraiment intĂ©ressante. Elle est bien construite, dense et cohĂ©rente. En tout cas, cet album ne fait qu’augmenter ma curiositĂ© quant Ă  la parution « Ritter Germania ». Je ne peux donc que vous inciter Ă  vous plonger dans cet univers. Les adeptes du genre en sortiront conquis


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Note : 16/20

Black 109 : Étoile Rouge – Brugeas Vincent & Ronan Toulhoat

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Titre : Block 109 : Étoile Rouge
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Juin 2010


Il y a quelques semaines, j’ai dĂ©couvert l’univers de « Block 109 ». La rencontre a Ă©tĂ© agrĂ©able et ma curiositĂ© a Ă©tĂ© attisĂ©e.  Cette uchronie s’avĂ©rait plutĂŽt bien construite et intĂ©ressante. C’est pour cela que j’ai dĂ©cidĂ© de me plonger dans un des spin-off de cette sĂ©rie intitulĂ© « Etoile Rouge ». Contrairement Ă  l’album fondateur, cet ouvrage est d’un format classique. L’histoire se dĂ©roule sur une cinquantaine de pages. Vendu au prix de quatorze euros, ce bouquin est nĂ© de l’association des plumes de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. Le premier s’est chargĂ© du scĂ©nario, le second des dessins et des couleurs.

« Block 109 » est une uchronie. Elle prend une route diffĂ©rente de la « vraie » Histoire quand le 22 mars 1941, Hitler est assassinĂ©. En 1944, les allemands mettent au point l’arme nuclĂ©aire. La mĂȘme annĂ©e, Staline reconnaĂźt officiellement la France libre. Un traitĂ© d’aide militaire mutuelle est signĂ©. Cet accord a pour consĂ©quence que le troisiĂšme groupe de chasse de la France libre est crĂ©Ă© et rejoint le front de l’Est. Ils prendront le nom de « Normandie ». C’est l’histoire de ce groupe que nous conte « Etoile Rouge ».

On reste spectateur de l’intrigue.

L’histoire nous plonge dans la dure rĂ©alitĂ© de la guerre. Les adeptes du genre seront curieux un pan original de la Seconde Guerre Mondiale. La dimension « uchronie » a toujours un attrait certain. Se poser la question « Et si
, qu’aurait Ă©tĂ© la suite ? » est toujours intĂ©ressant. Les amateurs d’humour et de lĂ©gĂšretĂ© risquent de ne pas trouver leur compte Ă  travers cette lecture. MĂȘme si « Etoile Rouge » s’inscrit dans l’univers de « Block 109 », il n’est pas forcĂ©ment indispensable d’avoir lu ce dernier. Les rappels faits dans les premiĂšres pages sont largement suffisamment pour avoir les repĂšres nĂ©cessaires.

L’idĂ©e de dĂ©part du scĂ©nario Ă©tait intĂ©ressante. Suivre le dĂ©roulement d’une guerre mondiale Ă  travers un groupe de soldats possĂ©dait un attrait certain. On dĂ©couvre donc un trio d’amis appartenant au groupe « Normandie ». Mais les premiĂšres pages ont du mal Ă  dĂ©marrer. J’ai du mal Ă  m’immerger dans l’histoire. Autant « Block 109 » possĂ©dait une atmosphĂšre prenante, autant « Etoile Rouge » manque d’intensitĂ©. On reste assez spectateur de l’intrigue. On n’arrive pas Ă  se passionner pour les aventures des trois personnages principaux. Et ce sentiment ne change pas au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent.

Cette absence d’empathie rĂ©side Ă  mes yeux dans un manque de mise en place de l’intrigue. A peine rencontre-t-on les personnages que des Ă©vĂ©nements importants viennent modifier leur vie. On a l’impression de prendre le train en route. On a le sentiment de ne pas avoir eu le temps de les connaitre. Cela a pour consĂ©quence de nous sentir Ă©tranger Ă  leur vie et aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se prĂ©sentent Ă  eux. Je trouve cela vraiment dommage car le thĂšme de l’histoire possĂ©dait a priori les ingrĂ©dients pour offrir une fresque prenante. Finalement, la sauce ne prend jamais vraiment. Une fois l’album fermĂ©, on en oublie presque immĂ©diatement ce qu’on y a lu. C’est frustrant et dommage.

Ronan Toulhoat est en charge des dessins. C’est dĂ©jĂ  lui qui s’en Ă©tait occupĂ© dans « Block 109 ». Sur le plan chromatique, il se contente essentiellement du jaune, du marron et du gris. Cela donne une patte Ă  l’album. Mais alors que beaucoup de sentiments se dĂ©gageaient des pages de « Block 109 », c’est le calme plat sur ce plan-lĂ  dans « Etoile Rouge ». Je pense que la faiblesse du scĂ©nario a du mal Ă  ĂȘtre transcender par les illustrations.

En conclusion, cet album m’a vraiment déçu. MalgrĂ© ses quelques dĂ©fauts, « Block 109 » Ă©tait un ouvrage de qualitĂ© et l’univers construit Ă©tait intĂ©ressant. La partie de ce dernier dĂ©crite dans « Etoile Rouge » est vraiment dĂ©cevante. Ce sentiment ne m’empĂȘchera pas de dĂ©couvrir les autres ouvrages se dĂ©roulant dans ce monde intitulĂ©s « New York 1947 » ou « OpĂ©ration Soleil de Plomb ». La rĂ©ussite des auteurs peut ĂȘtre fluctuante d’un album Ă  l’autre. De plus, je pense que « Block 109 » mĂ©rite une nouvelle chance. Mais cela est une autre histoire


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Note : 8/20