Universal War Two, T1 : Le temps du dĂ©sert – Denis Barjam

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Titre : Universal War Two, T1 : Le temps du désert
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Septembre 2013


Universal War One est ma sĂ©rie de science-fiction prĂ©fĂ©rĂ©e. J’ai eu le plaisir de dĂ©couvrir rĂ©guliĂšrement la sortie de chacun des tomes de cette grande saga du neuviĂšme art. J’avais succombĂ© sous le charme de ce scĂ©nario complexe et travaillĂ©. Il maĂźtrisait le voyage dans le temps avec une maestria assez remarquable. Le dĂ©nouement du sixiĂšme et dernier tome offrait une conclusion Ă  la hauteur de l’intrigue. Cela ne m’a pas empĂȘchĂ© d’ĂȘtre agrĂ©ablement surpris de voir que cette grande aventure allait connaĂźtre une suite intitulĂ©e sobrement Universal War Two. Le premier tome s’intitule Le temps d’un dĂ©sert. Il est Ă©ditĂ© chez Casterman et sa parution date du vingt et un septembre dernier. Il est toujours l’Ɠuvre de Denis Bajram.

UW21cLa quatriĂšme de couverture propose le rĂ©sumĂ© suivant : « La PremiĂšre Guerre Universelle a Ă©tĂ© apocalyptique. L’humanitĂ© a manquĂ© d’ĂȘtre anĂ©antie en mĂȘme temps que la Terre. Et la situation des survivants reste dramatique partout dans le systĂšme solaire. Sur Mars, on observe avec inquiĂ©tude le soleil mourir, dĂ©vorĂ© par l’ultime wormhole laissĂ© par la dictature. AprĂšs quelques annĂ©es de paix, c’est une nouvelle tragĂ©die qui se prĂ©pare. Et cette fois, elle embrasera toute la galaxie. »

Ecrire une suite est quelque chose de complexe. En effet, le lecteur s’y plonge avec la nostalgie du plaisir ressenti en lisant la sĂ©rie originale. Il est toujours difficile de rĂ©pondre Ă  des attentes Ă©levĂ©es. C’est donc plein d’espoirs que j’ai dĂ©couvert la premiĂšre page de ce nouvel album. Il se situe quelques annĂ©es aprĂšs le dĂ©nouement du cycle prĂ©cĂ©dent. La consĂ©quence est que la continuitĂ© n’est pas trop compliquĂ©e Ă  reformer. Je n’ai eu aucun mal Ă  prendre mes repĂšres dans cette pĂ©riode post-apocalyptique. Par contre, je me dois de prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier cycle pour maĂźtriser tous les tenants et les aboutissants de la trame.

L’auteur ne se refuse rien

Cet opus est un nouveau dĂ©part. Il nĂ©cessite donc de remettre la machine en marche. Bajram ne s’en sort pas trop mal. La narration n’est pas rouillĂ©e et les nouveaux enjeux sont rapidement prĂ©sentĂ©s. La situation est claire et les personnages sont installĂ©s. J’étais Ă©videmment curieux de savoir ce qu’étaient devenus mes hĂ©ros familiers. Ils sont Ă©voquĂ©s sans excĂšs. Je n’ai donc eu aucun mal Ă  me plonger dans cet univers que j’apprĂ©ciais temps. J’ai ressenti le plaisir de retrouver un monde familier auquel j’associais de trĂšs bons souvenirs.

UW21aL’auteur ne se refuse rien. Il s’offre une machine apte Ă  faire disparaĂźtre le soleil Ă  moyen terme. Ce n’est pas rien ! Le fait de dĂ©truire la Terre dans la premiĂšre saga ne lui avait pas suffi. D’ailleurs les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent assez vite. Le fait que le wormhole soit connu fait disparaitre le cĂŽtĂ© mystĂ©rieux qui habitait la premiĂšre saga. Le suspense ressenti Ă©tait donc moins intense que je l’espĂ©rais. J’ai Ă©tĂ© moins surpris que je le supposais au cours de ma lecture. NĂ©anmoins, je ne me suis pas ennuyĂ©, loin s’en faut. La trame est relativement dense. L’auteur ne se perd pas en digression. C’est agrĂ©able car beaucoup de premiers tomes ont ce dĂ©faut. La fin de l’album laisse le lecteur plein de questions bien qu’il l’ait abreuvĂ© d’informations tout au long de la cinquantaine de pages qui compose ce tome.

Concernant les dessins, le travail est sĂ©rieux et appliquĂ©. Les illustrations spatiales sont remarquables et facilitent le dĂ©paysement. Je n’ai eu aucun mal Ă  m’imaginer dans l’espace sur des planĂštes inconnues. Les dĂ©cors et les vaisseaux sont Ă©galement trĂšs dĂ©taillĂ©s et raviront les adeptes de Star Wars. Concernant les personnages, je suis moins sous le charme. MalgrĂ© tout, ils possĂšdent suffisamment d’identitĂ© graphique pour que je me les approprie au cours de ma lecture.

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En conclusion, ce nouveau cycle dĂ©bute sur des bases sĂ©rieuses. Je suis optimiste quant Ă  l’évolution de cette nouvelle aventure qui pourrait se montrer Ă  la hauteur de son prĂ©dĂ©cesseur. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain tome. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda – Fabcaro & Fabrice Erre

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Titre : Z comme Don Diego, T1 : Coup de foudre Ă  l’hacienda
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Avril 2012


« Z comme Diego » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e en avril dernier. Son premier tome s’intitule « Coup de foudre Ă  l’hacienda ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose d’une quarantaine de pages. Son prix avoisine onze euros. Le nom de son scĂ©nariste a attirĂ© mon regard vers cet album. Il s’agit de Fabcaro dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » ou « Steve Lumour, l’art de la winne ». J’avais trouvĂ© ses opus trĂšs drĂŽles. Dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », il ne se charge pas des dessins. Cette tĂąche est confiĂ©e Ă  Fabrice Erre dont je dĂ©couvre le travail Ă  cette occasion. Les couleurs naissent de la plume de Sandrine Greff. La couverture nous prĂ©sente un Don Diego dĂ©sabusĂ©. Il est entourĂ© de Zorro qu’on suppose ĂȘtre des usurpateurs. En effet, qui ne sait pas que Don Diego est Ă  Zorro, ce qu’est Peter Parker Ă  Spiderman


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Don Diego, alias Zorro, avait dĂ©jĂ  bien du mal Ă  gĂ©rer sa double personnalitĂ© : l’arrivĂ©e de la belle senora Sexoualidad n’allait certainement pas arranger les choses
 Une parodie avec de l’action, du rire, de l’émotion, des chevaux, des Ă©pĂ©es, des combinaisons, de la paella, de la biĂšre et des hommes invisibles. »

zcommedondiego1bEn me plongeant dans « Coup de foudre Ă  l’hacienda », deux sentiments contradictoires se mĂȘlaient. J’étais curieux de dĂ©couvrir cette parodie de Zorro qui est vraiment le hĂ©ros de mon enfance. J’ai toujours gardĂ© une tendresse pour la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e en noir et blanc datant des annĂ©es cinquante. Le petit monde de Don Diego, Bernardo, le sergent Garcia et des autres m’ont toujours passionnĂ©e et fait rire. ParallĂšlement, j’apprĂ©hende de ce type de sĂ©rie qui prĂ©tend jouer avec les codes d’un univers Ă©tabli et connu. Souvent, le soufflĂ© retombe trĂšs vite et la dimension commerciale de ce choix scĂ©nariste prend rapidement le pas sur l’imagination de l’auteur. J’étais donc curieux de voir si Fabcaro allait arriver Ă  manipuler avec talent tous les aspects de cette cĂ©lĂšbre communautĂ©.

Des vannes variées à aucun moment répétitives.

L’ouvrage nous prĂ©sente deux gags par page. Chacun se dĂ©compose en six cases carrĂ©es de taille identique. Cela impose Ă  la trame de chaque scĂšne d’ĂȘtre dense et bien construite parce que l’auteur n’a pas non plus trop de temps pour les digressions. Je vous avoue que les premiers gags m’apparaissent prĂ©visibles et presque dĂ©cevants. Mais rapidement une atmosphĂšre agrĂ©able se dĂ©gage de la lecture et notre immersion dans l’univers crĂ©Ă© par les auteurs se fait plus intense. La densitĂ© de qualitĂ© est plutĂŽt bonne et chaque page fait naitre un sourire ou un rire franc. Fabcaro arrive Ă  offrir des vannes variĂ©es qui ne s’avĂšrent Ă  aucun moment rĂ©pĂ©titive. C’est une performance parce le dĂ©faut de la redite est souvent irrĂ©mĂ©diable dans ce genre d’ouvrage.

Le scĂ©nariste arrive Ă  construire sa parodie en exploitant parfaitement les codes de la sĂ©rie originale. Tous les personnages avec leurs caractĂ©ristiques propres sont exploitĂ©s. L’aspect humoristique est l’atout principal de cet ouvrage qui chatouillent nos zygomatiques aisĂ©ment. A dĂ©faut de nous faire pleurer de rire, la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par la lecture est des plus agrĂ©ables. De plus, le fait que Fabcaro utilise tous les aspects de « Zorro » m’offre une plongĂ©e en enfance que je savoure avec appĂ©tit. Je n’ai pas envie de vous donner des exemples qui vous gĂącheraient la dĂ©couverte. Mais sachez qu’on rigole avec plaisir des maladresses de tous les protagonistes.

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Le dessin  de Fabrice Erre correspond parfaitement au public visĂ© par cet ouvrage. Tous les membres de la famille peuvent trouver quelque chose dans cet opus. NĂ©anmoins, j’ai eu du mal Ă  ĂȘtre conquis par son trait au dĂ©but. Je le trouvais un peu brouillon et trop excessif. Mais une fois envahi par l’atmosphĂšre de la sĂ©rie, son trait quasi caricatural correspond parfaitement au propose tenu par Fabcaro. Je pense donc qu’à dĂ©faut de marquer les esprits, les illustrations nĂ©es du trait de Fabrice Erre accompagne parfaitement le moment divertissant de lecture offert par cet ouvrage.

En conclusion, « Coup de foudre Ă  l’hacienda » est une rĂ©ussite. Il s’agit d’un ouvrage de qualitĂ© qui gĂ©nĂšre de la bonne humeur. Tout n’est pas homĂ©rique et l’ensemble n’est pas un chef d’Ɠuvre. MalgrĂ© tout, dans la thĂ©matique de la parodie, il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs du genre. Il est difficile de s’approprier un univers et de le tourner en dĂ©rision. Fabcaro s’en sort vraiment bien. Je pense donc que je lirai avec joie le second tome qui devrait paraitre dans quelques mois. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 13/20

Mars ! – Fabrice Erre & Fabcaro

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Titre : Mars !
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Août 2014


J’ai dĂ©couvert le duo formĂ© par Fabrice Erre et Fabcaro en lisant les deux chapitres de « Z comme Diego », digression humoristique dans l’univers du cĂ©lĂšbre hĂ©ros masquĂ©. J’avais beaucoup ri en suivant les maladresses de l’incompĂ©tent Diego dans son rĂŽle de Zorro. RĂ©cemment, j’ai retrouvĂ© avec plaisir Fabrice Erre quand il dĂ©crit son quotidien d’enseignant dans le sympathique et divertissant « Une annĂ©e au lycĂ©e ». C’est donc avec plaisir que j’ai vu par hasard dans les rayons d’une librairie « Mars ! ». Cet ouvrage coĂ©crit par les deux auteurs est de format carrĂ© et se compose de soixante-quatre planches. EditĂ© chez « Fluide Glacial », il coĂ»te quinze euros.

L’histoire est simple. Elle nous conte l’envol d’une navette française vers Mars. Nous suivons donc le point de vue des astronautes, du prĂ©sident de la RĂ©publique, des ingĂ©nieurs au sol et du français lambda qui vit l’évĂ©nement devant sa tĂ©lĂ©vision. Je ne vous dĂ©voilerai pas tout ce qui se passe mais sachez que tout ce beau monde ne sort pas grandi de cette aventure spatiale !

La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Mars1De la mĂȘme maniĂšre que dans « Z comme Diego », les pages se dĂ©composent en scĂ©nette de trois cases contant chacune une anecdote dĂ©lurĂ©e et dĂ©calĂ©e autour de ce projet d’ampleur. L’aĂ©ronautique n’en sort pas grandi mais par contre nos zygomatiques adorent ! La densitĂ© humoristique du propos est forte et la qualitĂ© constante du dĂ©but Ă  la fin. Les rebondissements et les surprises sont nombreux ! La dĂ©sacralisation de la conquĂȘte spatiale est hilarante.

Cette lecture s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les vannes utilisent une grande variĂ©tĂ© d’ingrĂ©dients pour faire rire. L’immense majoritĂ© des chutes sont surprenantes. Chaque nouvelle scĂšne alimente la curiositĂ© du fait de sa qualitĂ© comique. L’attrait constant facilite l’immersion dans l’univers de cette aventure spatiale pas comme les autres. L’humour alimente l’humour et les rires se succĂšdent au rythme de dĂ©filement des pages.

Mars3Comme que je l’évoquais prĂ©cĂ©demment, les auteurs ne se contentent pas de nous faire le quotidien du cockpit de la station et du poste de commandement au sol. Nous dĂ©couvrons Ă©galement les arcanes de la gestion politique pour le moins originale de nos dirigeants. Nous ne passons pas non plus Ă  cĂŽtĂ© des sentiments vĂ©cus par le français moyen qui voit devant sa tĂ©lĂ©vision l’Histoire s’écrire. Cette diversitĂ© de points de vue alimente le concentrĂ© de drĂŽleries qui compose ce  « Mars ! ».

Le dessin de Fabrice Erre est aisĂ©ment reconnaissable. Je sais que certains lecteurs le trouvent bĂąclĂ© et s’avĂšrent assez hermĂ©tique Ă  son style. Je peux le comprendre aisĂ©ment. NĂ©anmoins, personnellement, je trouve que le trait coĂŻncide parfaitement Ă  avec le ton dĂ©lurĂ© et dĂ©calĂ© de l’album. En tout cas, les couleurs vives qui accompagnent la lecture sont apprĂ©ciables et participent Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e.

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Pour conclure, « Mars ! » est une belle rĂ©ussite. J’ai passĂ© un trĂšs bon moment en le lisant et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau pour redĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations de ce groupe de bras cassĂ©s. Je ne peux donc que vous inciter Ă  partir Ă  la rencontre de cette aventure pas comme les autres


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Note : 16/20

Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

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Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intriguĂ©. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments Ă  mes yeux : le Moyen-Âge est une Ă©poque qui me plaĂźt, la dimension religieuse est toujours intĂ©ressante, le mystĂšre qui les entoure attise la curiosité  Enfin, il est aisĂ© de greffer une petite dose d’ésotĂ©risme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pĂ©rĂ©grinations dans les rayons de librairie, j’ai Ă©tĂ© appĂątĂ© par un ouvrage Ă  la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinĂ©es, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a Ă©veillĂ© mon attrait. En le feuilletant, je suis tombĂ© sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencĂ© Ă  voyager dans le temps et avait plaisir Ă  me retrouver dans les pas de ces cĂ©lĂšbres chevaliers.

templiers1aLa quatriĂšme de couverture prĂ©sente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă  l’ñme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă  s’échapper quand le roi de France dĂ©cide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux
 voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». EditĂ© chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive Ă  conserver une qualitĂ© constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures rĂ©centes un autre exemple d’opus aussi long Ă  m’avoir conquis. Ce livre se dĂ©coupe en chapitres qui offrent des repĂšres intĂ©ressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je dĂ©couvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dĂ©gagĂ©e par Martin et ses amis apporte un Ă©cot certain au plaisir de la dĂ©couverte de leurs pĂ©rĂ©grinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se rĂ©sume pas Ă  suivre les pas de personnages auxquels on s’est attachĂ©. La trame ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. Le scĂ©nariste Jordan Mechner ne s’autorise pas Ă  un long round d’observation. MalgrĂ© le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps Ă  plonger ses hĂ©ros dans le vif du sujet. La consĂ©quence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent Ă  un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans ĂȘtre insoutenable, est toujours prĂ©sent. La narration est agrĂ©able et les pages dĂ©filent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma premiĂšre rencontre avec l’ouvrage a enchantĂ© ma dĂ©couverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le cĂŽtĂ© rythmĂ© des scĂšnes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identitĂ© des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphĂšre gĂ©nĂ©rale. Les dĂ©cors suggĂšrent aisĂ©ment le dĂ©paysement autour temporel que gĂ©ographique.

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Au final, « Templiers » est un premier opus intĂ©ressant. Je me suis laissĂ© prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxiĂšme Ă©pisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

 

Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermĂ©tique Ă  ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ©e de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai dĂ©couvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grĂące un de mes anciens collĂšgues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombĂ© sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel Ă©pisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. EditĂ© chez Les EchappĂ©s Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous prĂ©sente le chien et le chat en costume de mariĂ©s. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualitĂ©.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mĂ©moire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majoritĂ© des planches est partagĂ©e en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indĂ©pendantes les unes des autres. Certains gags se dĂ©roulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite Ă  le feuilleter. NĂ©anmoins, cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de le dĂ©vorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majoritĂ© de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualitĂ©. Ce n’est pas tout Ă  fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des Ă©vĂ©nements prĂ©cis pour dĂ©velopper son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vĂ©ritĂ© sur la sociĂ©tĂ© et s’avĂšrent finalement assez intemporelles. Ces rĂ©flexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il Ă©nonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de dĂ©coffrage qui dĂ©clenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prĂ©venir que le style est loin d’ĂȘtre politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal Ă  l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les dĂ©fections du chien. Ce dernier Ă©voque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cƓur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrĂ©e remarquĂ©e. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation
 Rien n’est oubliĂ© ! Je suis assez impressionnĂ© par la capacitĂ© de Charb Ă  gĂ©nĂ©rer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrĂ©dients de dĂ©part. C’est un vrai talent. Il arrive Ă  produire plus de cent cinquante gags de grande qualitĂ©. La densitĂ© humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose Ă  jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a dĂ©jĂ  eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal Ă  identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’attĂ©nue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le cĂŽtĂ© incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majoritĂ© des strips ne voit aapparaĂźtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaĂźtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a rĂ©pondu Ă  mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimĂ© ĂȘtre choquĂ© ou outrĂ© par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excĂšs mais cela ne m’empĂȘche de prendre beaucoup de plaisir Ă  le lire dĂ©blatĂ©rer ses quatre vĂ©ritĂ©s. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout le monde de partir Ă  la dĂ©couverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-ĂȘtre conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drĂŽle ? 

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Note : 14/20

Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T5 : Ni dieu, ni maĂźtre !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2012


« Ni Dieu ni maĂźtre ! » est le titre ambitieux du cinquiĂšme tome des aventures de « Maurice et Patapon ». Les deux personnages sont le fruit de l’imagination de Charb, auteur connu pour son travail avec « Charlie Hebdo ». D’ailleurs ce dernier ouvrage a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© aux Editions Les EchappĂ©s dans la collection Charlie Hebdo. Son apparition dans les rayons date de mai dernier. Il est d’un format classique et est vendu pour environ treize euros. La couverture nous prĂ©sente Dieu en train de donner des hosties Ă  un chat pendant qu’un chien s’apprĂȘte Ă  lui donner un coup de marteau sur la tĂȘte. Tout un programme !

Wikipedia (www.wikipedia.fr) offre une prĂ©sentation Ă  la fois synthĂ©tique et limpide de cet ouvrage : « Maurice est un chien bisexuel, anarchiste aimant les excrĂ©ments, la sodomie et le sexe tandis que Patapon est un chat asexuel, fasciste et ultra-libĂ©ral, aimant la mort et la souffrance (des autres). » VoilĂ  qui est clair : Ăąme sensible s’abstenir !

Cet album peut se lire sans avoir lu les quatre prĂ©cĂ©dents. D’ailleurs, chacune de ses pages est indĂ©pendante des autres. Les planches se  dĂ©composent essentiellement en strip dĂ©veloppĂ© sen trois cases. Chacune possĂšde quatre gags. Ponctuellement, une anecdote occupe toute la page. Cela offre une lecture dense. Cette construction empĂȘche les temps morts et les pĂ©riodes de transition. Vu la prĂ©sentation faite des personnages, il apparait Ă©vident que cette lecture s’adresse Ă  un public averti. Les plus jeunes risquent de ne pas sortir indemne d’une telle dĂ©couverte.

Une absence de limite et de tabou.

Les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de Maurice et de Patapon laissent ouvert bon nombre de thĂ©matiques humoristiques. Certains gags sont scatologiques, pornographiques ou amoraux. Le point commun entre toutes ces scĂ©nettes est l’absence de limite et de tabou que s’autorise l’auteur. Charb dit tout ce qu’on peut imaginer de plus crade et immoral sans se l’interdire. Sa vision du monde et de l’humanitĂ© est radicale et assez pessimiste. On ne peut pas dire que les bons sentiments soient de sortie. En ce sens, « Ni Dieu ni maĂźtre ! » ne s’adresse pas Ă  tout le monde. Je comprends aisĂ©ment que certains soient mal Ă  l’aise ou choquĂ©s devant de tels propos. Mais je rassure les adeptes du genre : c’est du haut de gamme ! L’immense majoritĂ© des strips font mouche. On rigole avec plaisir des excĂšs crades et moraux du scĂ©nariste. La variĂ©tĂ© des thĂ©matiques traitĂ©es fait qu’on ne ressent Ă  aucun moment un sentiment de rĂ©pĂ©tition ou de lassitude. La performance est d’autant plus remarquable que Charb a dĂ©jĂ  offert quatre albums construits sur ce principe. A priori, son imagination est sans limite dans le domaine.

Mais le propos ne prendrait pas toute son ampleur sans un dessin Ă  l’avenant. Charb n’a pas de limite dans ses vannes, pourquoi en aurait-il dans son trait ? Les deux personnages principaux sont graphiquement rĂ©ussis et leurs expressions donnent une vraie matiĂšre Ă  leurs discours. Mais l’auteur ne nous montre pas toujours tout. Certains gags justifient une mise en image de l’idĂ©e prĂ©sentĂ©e. D’autres laissent notre imagination travailler et ce n’est pas rien vu les thĂšmes Ă©voquĂ©s ! La coloration est simple car, Ă  l’exception de quelques objets ponctuels, seuls nos hĂ©ros sont colorĂ©s. Maurice est orange et Patapon jaune. Les dĂ©cors sont quasiment inexistants.

En conclusion, « Ni Dieu ni maitre ! » est un ouvrage qui ne laisse pas insensible. Son humour ne fera pas rire tout le monde, je le consens aisĂ©ment. Par contre, ceux qui riront le feront de bon cƓur et prendront un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir chacune des pages. De plus, le fait que « Maurice et Patapon » ne baisse pas de qualitĂ© aprĂšs autant de tomes est un gage de qualitĂ© qu’on se doit de signaler. Cela fait que je n’hĂ©siterai pas Ă  m’offrir le prochain opus des aventures de ces hĂ©ros dĂšs sa sortie. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

 

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

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Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
RĂ©Ă©dition : Janvier 2014


Jules Renard est un Ă©crivain français dĂ©cĂ©dĂ© il y a un petit peu plus d’un siĂšcle. Son Journal est un de ses Ɠuvres majeures. RĂ©digĂ© entre 1887 et 1910, il a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© Ă  titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attirĂ© par le nom de son auteur, Fred. Cet Ă©crivain est le crĂ©ateur de PhilĂ©mon, Ɠuvre majeure Ă  mes yeux du neuviĂšme art. Le brillant crĂ©ateur est dĂ©cĂ©dĂ© l’annĂ©e derniĂšre. Sa disparition a donnĂ© lieu Ă  bon nombre de rĂ©Ă©ditions d’Ɠuvres anciennes nĂ©es de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procurĂ© est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se dĂ©marque de son prĂ©dĂ©cesseur par le fait qu’il ait Ă©tĂ© mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un trĂšs bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement Ă  s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel prĂ©face cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit Ă  travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils Ă©changent au cours d’une balade qui dĂ©bute Ă  la premiĂšre page et se clĂŽt Ă  la derniĂšre. MalgrĂ© cette continuitĂ© narrative, chaque planche peut se lire indĂ©pendamment. Elle se conclut toute de la mĂȘme maniĂšre : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vĂ©ritĂ©. La force de cette construction est d’offrir une densitĂ© de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les pĂ©riodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dĂ©vorer d’une traite ou au contraire se dĂ©guster par petites bouchĂ©es au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal Ă  imaginer que ces mots sont nĂ©s dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coĂŻncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinĂ©es. L’heure n’est pas Ă  la rigolade. La dĂ©pression et le fatalisme sont davantage de sortie. MalgrĂ© cela, la lecture est agrĂ©able et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphĂšre qui transpire de cette balade champĂȘtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dĂ©paysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger Ă  nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intĂ©gralitĂ© de l’espace est occupĂ©e par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pĂ©rĂ©grinations Ă  la campagne. Ce sentiment d’ĂȘtre coupĂ© du monde ou de voir la rĂ©alitĂ© en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiositĂ© et incite le lecteur Ă  s’investir complĂštement dans sa lecture. De plus, la densitĂ© des dĂ©clarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une premiĂšre dĂ©couverte.

Au final, cet opus est une belle rĂ©ussite. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  le lire et n’hĂ©siterai pas Ă  m’y plonger Ă  nouveau Ă  l’occasion. MalgrĂ© le cĂŽtĂ© linĂ©aire de sa narration, il ne manque pas d’aspĂ©ritĂ©s et ne laisse pas indiffĂ©rent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothĂšque et ne peut que vous inciter Ă  partir Ă  sa rencontre


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Note 15/20

Prophet, T4 : De profundis – Mathieu Lauffray

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Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014


Neuf ans d’attente
 Il a fallu attendre tout ce temps pour dĂ©couvrir enfin le dĂ©nouement de la tĂ©tralogie imaginĂ©e par Mathieu Lauffray intitulĂ©e « Prophet ». Le quatriĂšme et dernier Ă©pisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il rĂ©pond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaĂźtre un jour la fin du pĂ©riple vĂ©cu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dĂ©poussiĂ©rĂ© et dĂ©vorĂ© les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espĂ©rant y trouver les rĂ©ponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps


Prophet4a« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a dĂ©truit le monde. Celui qui, peut-ĂȘtre, le sauvera  » La quatriĂšme de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystĂšres
 Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaĂźtre enfin l’issue de cette sĂ©rie a attisĂ© sans mal ma curiositĂ©. L’enthousiasme de savoir enfin oĂč tout cela menait se mĂȘlait Ă  l’angoisse d’ĂȘtre déçu par la conclusion de cette aventure.

Une des maniĂšres de percevoir cet album consiste Ă  y voir la synthĂšse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les Ă©poques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York prĂ© apocalyptique. Puis Ă  d’autres, nous nous retrouvons dans le dĂ©sastre qui accompagne Jack depuis les « évĂ©nements ». Cela dĂ©gage une atmosphĂšre unique Ă  cette lecture. Le verre Ă  moitiĂ© plein permet de savourer le sentiment d’ĂȘtre au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amĂšne le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus Ă  dĂ©couvrir.

Une intrigue qui a du mal Ă  jouer son dernier acte

NĂ©anmoins, ce grand voyage peut ĂȘtre perçu du point de vue du verre Ă  moitiĂ© vide. Le scĂ©nario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la rĂ©alitĂ© n’est pas dĂ©nuĂ© de charmes. Mais ici, cela a tendance Ă  perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohĂ©rence Ă  l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le cĂŽtĂ© psychĂ©dĂ©lique semble ĂȘtre l’arbre qui cache la forĂȘt d’une intrigue qui a du mal Ă  jouer son dernier acte. J’ai Ă©tĂ© déçu par cette fin. Je la trouve Ă  la fois facile et dĂ©cevante.

MalgrĂ© tout, le chemin qui mĂšne Ă  cette issue n’est pas inintĂ©ressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scĂ©naristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent Ă  jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les dĂ©lires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

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Mais la qualitĂ© esthĂ©tique des planches ne m’a pas empĂȘchĂ© de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait rĂ©sumer mes sentiments en analysant la sĂ©rie dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posĂ© des jalons intĂ©ressants. En accumulant les pistes, les Ă©vĂ©nements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nĂ©cessite une sortie Ă  la hauteur des attentes suscitĂ©es. Ce n’est hĂ©las pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga Ă  l’identitĂ© certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuviĂšme art de la derniĂšre dĂ©cennie.

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Note : 9/20

Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai dĂ©couvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat Ă  travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais Ă©tĂ© conquis par la qualitĂ© de cette uchronie tant sur le plan du scĂ©nario que du dessin. Les diffĂ©rents spin-off qui ont succĂ©dĂ© Ă  cet ouvrage ont confirmĂ© le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiositĂ© que j’avais vu naĂźtre leur nouveau projet intitulĂ© « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait possĂ©der un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmĂ©. Le troisiĂšme Ă©pisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine derniĂšre avec envie.

J’y ai retrouvĂ© avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait dĂ©couvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en Ă©tait suivi un effondrement des gouvernements et le terreau Ă©tait propice Ă  la poussĂ©e de nouveaux mouvements extrĂ©mistes pour diriger le monde. Les derniers Ă©vĂ©nements en date avaient vu les hĂ©ros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quĂȘte d’éradiquer de la planĂšte les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique crĂ©Ă© par les auteurs est Ă  la fois rĂ©aliste et original. Les premiers tomes ont fait naĂźtre une atmosphĂšre dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scĂ©nario pose des jalons clairs et prĂ©cis de la situation. Cette efficacitĂ© narrative se retrouve dans ce dernier Ă©pisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nĂ©cessaire pour dĂ©marrer l’intrigue. DĂšs les premiĂšres pages, les Ă©vĂ©nements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui sĂ©parent du dĂ©nouement du deuxiĂšme tome sont avalĂ©s sans mal.

La coalition menĂ©e par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle Ă©tape de routine vers le succĂšs. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau mĂ©chant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien gĂ©nĂ©rale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminĂ© perdu au milieu d’un village, il s’avĂšre bien plus dangereux que cela. Le souci est que les hĂ©ros s’en sont peut-ĂȘtre rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine Ă©quipe tombĂ©e dans un piĂšge. C’est captivant car plein de surprise. Cela gĂ©nĂšre un nouveau souffle Ă  l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les pĂ©ripĂ©ties sans jamais tomber dans la rĂ©pĂ©tition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitĂ©e la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitĂ©e pour donner de l’ampleur Ă  la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiĂ©ter sur la place laissĂ©e aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la sĂ©rie et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvĂ© avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intĂ©rĂȘt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particuliĂšrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gĂąchette. Et parallĂšlement, on se laisse toucher par ses Ă©corchĂ©s vifs que la vie n’a pas Ă©pargnĂ©s. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait sĂ©duit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme Ă  chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dĂ©ment pas cet Ă©tat de fait. Son coup de crayon possĂšde une personnalitĂ© forte et apprĂ©ciable. Que ce soit les visages ou les scĂšnes de paysage, les dĂ©tails sont de sortie. Il a Ă©galement un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scĂšnes de combat. Sa capacitĂ© Ă  dĂ©gager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit Ă  mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces derniĂšres annĂ©es.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualitĂ© constante de cette sĂ©rie. Sans ĂȘtre un monument d’originalitĂ©, sa trame est rythmĂ©e et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaĂźtre la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir Ă  la dĂ©couverte de cette communautĂ© pas comme les autres


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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai dĂ©couverts en lisant la saga Block 109. Cette sĂ©rie m’a conquis autant par son scĂ©nario que par son atmosphĂšre. Il s’agit d’une uchronie de grande qualitĂ© sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de dĂ©couvrir leur nouveau projet intitulĂ© Chaos Team. Le premier Ă©pisode Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et a attisĂ© ma curiositĂ©. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulĂ©e sobrement Chaos Team 1.2. EditĂ© chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agrĂ©able.

La quatriĂšme de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a Ă©tĂ© un Ă©chec complet pour le Chaos Team. Et suite Ă  l’arrivĂ©e de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloquĂ©s Ă  Lima. C’est au moment oĂč ils s’apprĂȘtent Ă  s’enfuir de la capitale de la Nouvelle RĂ©publique DĂ©mocratique du PĂ©rou que se manifeste un alliĂ© pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-lĂ . MalgrĂ© les rappels rĂ©guliers quant au passĂ© de la trame, il m’apparaĂźt compliquĂ© d’en maĂźtriser tous les arcanes sans prendre le temps de dĂ©couvrir sereinement les prĂ©requis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable Ă  celle des comics amĂ©ricains. L’intrigue se dĂ©compose en petit chapitre Ă  l’identitĂ© propre et Ă  la derniĂšre case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliquĂ© par Vincent Brugeas Ă  la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus prĂ©cisĂ©ment la personnalitĂ© des diffĂ©rents protagonistes. NĂ©anmoins, ce mĂ©canisme est moins utilisĂ© dans ce second acte que dans le prĂ©cĂ©dent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une Ă©quipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spĂ©ciales du monde. Les Ă©vĂ©nements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possĂšde des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations Ă  dose homĂ©opathiques. Cette dimension secrĂšte rend les personnages fascinants et charismatiques malgrĂ© une moralitĂ© parfois nĂ©buleuse. Les dĂ©couvrir a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ© un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyĂ© une attaque extra-terrestre. De nouveaux Ă©quilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualitĂ©. Le premier tome Ă©tait pleinement centrĂ© sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de dĂ©roulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les rĂ©vĂ©lations s’enchainent Ă  un rythme assez effrĂ©nĂ©. La trame utilise des ingrĂ©dients classiques qui ne rĂ©volutionnent pas le genre. Mais la qualitĂ© des personnages fait largement oubliĂ©e l’absence d’originalitĂ© de l’histoire. Rarement, une sĂ©rie est arrivĂ©e Ă  faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissĂ© porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux cĂŽtĂ©s de John et ses acolytes plutĂŽt que pour dĂ©couvrir le dĂ©nouement.

L’atmosphĂšre rĂ©aliste de cet univers rĂ©sulte en grande partie de la qualitĂ© des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvĂ© son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement Ă  l’aura des personnages. Il leur offre une rĂ©elle profondeur et une identitĂ© graphique Ă©vidente. Un dessinateur aussi talentueux permet Ă  la bande dessinĂ©e de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger Ă  nouveau dans cette aventure. MĂȘme si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualitĂ© de la sĂ©rie. Je suis donc curieux de dĂ©couvrir la suite qui est promise pour l’annĂ©e prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de dĂ©couvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indiffĂ©rent


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Note : 17/20