Ma rĂ©vĂ©rence – Wilfrid Lupano & Rodguen

MaReverence


Titre : Ma révérence
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Rodguen
Parution : Septembre 2013


Ma rĂ©vĂ©rence est un album que j’ai dĂ©couvert en lisant une critique Ă  son propos dans une revue. J’avais Ă©galement l’occasion d’y dĂ©couvrir les premiĂšres planches. Sans savoir exactement oĂč je me plongeais, j’ai dĂ©cidĂ© de partir Ă  la dĂ©couverte de cet ouvrage nĂ© de la collaboration de Wilfrid Lupano et de Rodguen. Le premier se charge du scĂ©nario et le second du dessin. L’histoire se dĂ©roule sur prĂšs de cent trente pages. Il est Ă©ditĂ© chez Delcourt et son prix avoisine dix-sept euros. La couverture nous prĂ©sente deux personnages. L’un est jeune et tient une immense peluche Ă  la main. L’autre, plus ĂągĂ©,  a le style de Dick Rivers et tient un flingue. On y voit aussi un fourgon blindĂ© amenĂ© Ă  ĂȘtre central dans l’intrigue.

La quatriĂšme de couverture offre la mise en bouche suivante : « Depuis maintenant un mois, je bois mon cafĂ© tous les matins Ă  la brasserie des Sports, Ă  cĂŽtĂ© de Bernard. Il est convoyeur de fonds
 Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la dĂ©cision ferme et dĂ©finitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma rĂ©vĂ©rence
 et ce jour-lĂ , ma vie a changĂ©. »

MaReverence2Ce bouquin est un « one shot ». Je ne connaissais donc pas ses personnages et ne devraient pas ĂȘtre amenĂ© les croiser dans une autre aventure bĂ©dĂ©phile. Je supposais donc que l’histoire nous offrirait un dĂ©part et un dĂ©nouement, ce qui n’est pas dĂ©sagrĂ©able. Son grand nombre de pages me laissait espĂ©rer une intrigue dense et des protagonistes travaillĂ©s. Bref, c’est plein d’optimisme que je partais Ă  la rencontre de Vincent et de Gaby.

La narration est subjective. Les Ă©vĂ©nements nous sont contĂ©s Ă  travers le regard de Vincent. Il est un jeune trentenaire dont la vie a subi quelques sorties de route. Il s’est dĂ©cidĂ© Ă  braquer un fourgon. Les raisons qui l’ont amenĂ© Ă  cette extrĂ©mitĂ© sont distillĂ©es tout au long de l’histoire. Il possĂšde un cĂŽtĂ© looser qui rend son projet peu rĂ©aliste. Ce sentiment s’intensifie au moment oĂč j’ai dĂ©couvert son complice alcoolique Ă  la fiabilitĂ© peu convaincante. La trame se construit autour de ce duo assez rĂ©ussi de prime abord. Je me suis rapidement attachĂ© Ă  Vincent. Ses cicatrices sont touchantes et font que je n’arrivais jamais vraiment Ă  le voir comme un dĂ©linquant. NĂ©anmoins, il est Ă©vident que le personnage le plus haut en couleur est Gaby. Il fait partie de ces copains auxquels on s’attache autant qu’on ne supporte pas l’immaturitĂ©. Il est de ces personnes qui sont des boulets qu’on se traĂźne sans jamais vouloir s’en sĂ©parer. Il est trĂšs rĂ©ussi et je regrette qu’il ne prenne pas une place moins secondaire dans l’intrigue. Cela aurait permis Ă  l’ensemble d’ĂȘtre plus drĂŽle et Ă©galement plus intĂ©ressant. En effet, Gaby possĂšde des zones d’ombre que les autres choisissent de ne pas rĂ©ellement explorer. C’est un choix qui se respecte mais que je regrette.

“Une rĂ©ussite inĂ©gale.”

L’enjeu est donc le braquage d’un fourgon. Les pages nous rapprochent donc inĂ©luctablement du moment oĂč Vincent et Gaby devront assumer un acte qui les mettra au ban de la vie qu’il connaissait jusque-lĂ . A l’aide de flashbacks, les auteurs nous font vivre le terreau qui a fait germer cette idĂ©e folle. Ces ruptures chronologiques sont rĂ©guliĂšrement rĂ©parties et ont pour but apparent de relancer l’intĂ©rĂȘt du lecteur. C’est une rĂ©ussite inĂ©gale. En effet, certaines rĂ©vĂ©lations influent profondĂ©ment le regard portĂ© sur les personnages. D’autres sont davantage des clichĂ©s sur la misĂšre sociale et sont moins intĂ©ressants en n’apportant aucune dimension supplĂ©mentaire Ă  l’histoire.

En dĂ©butant ma lecture, je l’ai trouvĂ©e originale. Les personnages, l’intrigue et l’univers me paraissaient ĂȘtre une base solide Ă  un album de qualitĂ©. HĂ©las, je trouve que tous ces arguments se diluent au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. Notre curiositĂ© n’est pas relancĂ©e, notre intĂ©rĂȘt n’est pas alimentĂ©. Le ton devient plus lisse. Les rebondissements sont plus prĂ©visibles. Bref, tout ne va pas dans le bon sens. Alors que le dĂ©but m’avait vraiment sĂ©duit, j’avais un sentiment bien plus mitigĂ© en refermant l’ouvrage.

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Concernant les dessins, j’ai du mal Ă  me faire un avis dĂ©finitif sur le trait de Rodguen. Certaines cases sont trĂšs rĂ©ussies. Certains visages sont d’une rĂ©alitĂ© forte. Ils dĂ©gagent une intensitĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Par contre, Ă  l’opposĂ©, je trouve d’autres planches plus banales sans rĂ©elle identitĂ© graphique. Je dirai donc que la qualitĂ© des illustrations est inĂ©gale. Pour rĂ©sumer, je ne suis pas tombĂ© sous le charme mais serait curieux de dĂ©couvrir un autre travail de ce dessinateur pour me faire une idĂ©e plus prĂ©cise de son style.

En conclusion, Ma rĂ©vĂ©rence ne m’a totalement conquis. L’album n’est pas dĂ©nuĂ© d’intĂ©rĂȘt et d’idĂ©es. Mais la qualitĂ© inĂ©gale et irrĂ©guliĂšre du propos fait que j’ai eu du mal Ă  m’immerger dans l’histoire sur la durĂ©e. Je suis donc envieux d’une certaine maniĂšre des nombreux lecteurs enthousiastes Ă  l’égard de cet ouvrage. En effet, cet opus possĂšde des Ă©chos trĂšs favorables sur la toile. Comme quoi, les goĂ»ts et les couleurs


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Note : 10/20

Le SiĂšcle des Ombres, T2 : L’Antre – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le SiĂšcle des Ombres, T2 : L’Antre
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Octobre 2010


« L’antre » est le deuxiĂšme tome de la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es intitulĂ©es « Le siĂšcle des ombres ». Cet album a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© chez Delcourt en octobre deux mille dix. L’histoire se dĂ©roule sur une cinquantaine de pages. Cette saga s’inscrit dans l’univers des Stryges crĂ©Ă© par Eric Corbeyran. Ce dernier est le scĂ©nariste de toutes les sĂ©ries s’y dĂ©roulant : « Le chant des stryges », « Le maĂźtre de jeu », « Le clan des chimĂšres » et donc « Le siĂšcle des ombres ». Pour la rĂ©alisation de cette derniĂšre, il s’est associĂ© Ă  Michel Suro pour les dessins et Ă  Luca Malisan pour les couleurs. La couverture nous prĂ©sente un groupe d’hommes en train de rejoindre la plage Ă  pied avec au second plan un navire en flamme. Le ton rouge de la couverture est original et attire l’Ɠil.

La quatriĂšme de couverture prĂ©sente la sĂ©rie avec les mots suivants : « 1751. Quelques dĂ©cennies avant la RĂ©volution française, un vent d’idĂ©es nouvelles souffle Ă  travers l’Europe. Un vent de progrĂšs et de liberté  Mais au cƓur de ce SiĂšcle des lumiĂšres, la dĂ©couverte d’une Ă©trange mĂ©tĂ©orite Ă  l’autre bout du monde ravive les vieux antagonismes. Au service du cardinal d’OrciĂšres, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopĂ©diste Ă©clairĂ©, qu’ils soupçonnent d’ĂȘtre insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnĂ©e pour la possession de cette pierre aux mystĂ©rieux pouvoirs »

lesiecledesombres2aComme dit prĂ©cĂ©demment, cet ouvrage s’inscrit dans une Ɠuvre assez importante tournant autour de personnage ailĂ©s mystĂ©rieux : les Stryges. Pour ceux qui voudraient dĂ©couvrir cet univers, je vous conseille de commencer vos lectures par « Le chant des stryges » qui est la sĂ©rie au centre de tout l’ensemble. Cela vous permettra de profiter pleinement de « Le siĂšcle des ombres ». Ce prĂ©requis n’est pas indispensable mais nĂ©anmoins recommandĂ© pour maitriser tous les tenants et les aboutissants de certains personnages. Cylinia et Abeau naissent dans « Le clan des chimĂšres » et rĂ©apparaissent dans « Le chant des stryges ». D’Holbach est un personnage central bien que longtemps mystĂ©rieux de « Le chant des stryges ».

“L’aspect mystique et Ă©sotĂ©rique intĂšgre le courant philosophique des LumiĂšres.”

Le fait que des personnages apparaissent dans trois sĂ©ries qui s’étalent sur plusieurs siĂšcles ou que des crĂ©atures ailĂ©es soient au centre des histoires font que la dimension fantastique de la trame ne vous a pas Ă©chappĂ©. Je trouve d’ailleurs intĂ©ressant de voir apparaitre cette dimension dans une trame qui se dĂ©roule au dix-huitiĂšme siĂšcle. La cohabitation entre ce genre et cette Ă©poque est rare et donc attise la curiositĂ©. De plus, les auteurs intĂšgrent l’aspect mystique et Ă©sotĂ©rique dans le courant philosophique apparu Ă  l’époque des LumiĂšres. Je trouve cet aspect trĂšs intĂ©ressant. Cette sĂ©rie possĂšde ainsi une identitĂ© propre et arrive Ă  se dĂ©marquer des autres pendants de l’univers des Stryges.

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Au-delĂ  de cet aspect scĂ©naristique original et attrayant, la richesse de l’album rĂ©side dans son exil en AmĂ©rique du Sud. Nos hĂ©ros sont Ă  la recherche d’une mystĂ©rieuse pierre trouvĂ©e au fond d’une mine exploitĂ©e. Suite Ă  un concours de circonstance, Cylinia, Abeau et d’Holbach se trouvent tous Ă  partir en quĂȘte de ce mystĂ©rieux rocher. Mais, il a disparu et voilĂ  tout ce beau monde en train de s’aventurer au beau milieu de la jungle locale en quĂȘte de cette curieuse mĂ©tĂ©orite. On dĂ©couvre alors bon nombre d’autochtones qui apportent chacun une part non nĂ©gligeable Ă  l’intĂ©rĂȘt de la lecture. On voit se prĂ©senter devant nous un grand nombre de piĂšces et le puzzle n’est pour l’instant pas encore prĂȘt d’ĂȘtre complĂštement assemblĂ©e. La trame est donc dense et passionnante. On se laisse porter avec une joie certaine d’une page Ă  l’autre. Le dĂ©nouement est rĂ©ussi et alimente notre curiositĂ© en attendant de se plonger dans le troisiĂšme opus.

Le dĂ©paysement passe aussi par les dessins de Suro. Je dĂ©couvre ce dessinateur par cette sĂ©rie. J’ai un sentiment plutĂŽt positif Ă  son Ă©gard. Je trouve qu’il arrive vraiment Ă  crĂ©er des ambiances trĂšs diffĂ©rentes dans un mĂȘme ouvrage. Les longues marches dans la jungle amazonienne sont bien retranscrites. On ressent la moiteur et le cĂŽtĂ© oppressant de ses territoires inconnus. A d’autres moments, on se retrouve aux plus profondeurs de la Terre dans des grottes lesiecledesombres2cimmenses et angoissantes. On ressent sincĂšrement l’impression de ne pas ĂȘtre oĂč on devrait ĂȘtre. La peur gĂ©nĂ©rĂ©e par ses lieux obscurs dont chaque recoin semble cacher un gros problĂšme est bien transmise et participe Ă  notre plaisir de lecture.

En conclusion, « L’antre » est un ouvrage de qualitĂ© qui est dans la lignĂ© du premier tome et qui fait de « Le siĂšcle des ombres » une sĂ©rie de qualitĂ©. Elle possĂšde un vrai attrait et apporte quelque chose Ă  l’univers des Stryges. Ce n’est pas un spin off sans intĂ©rĂȘt comme le prĂ©sente de temps en temps les auteurs quand il possĂšde une sĂ©rie Ă  succĂšs. J’ai donc hĂąte de me plonger dans le troisiĂšme tome paru rĂ©cemment et intitulĂ© « Le fanatique ». J’espĂšre qu’il possĂšdera le mĂȘme rythme et la mĂȘme ambiance que ses deux prĂ©dĂ©cesseurs. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

Le SiĂšcle des Ombres, T1 : La Pierre – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le SiĂšcle des Ombres, T1 : La Pierre
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Mai 2009


Mon avis d’aujourd’hui porte sur le premier opus d’une nouvelle sĂ©rie de bandes dessinĂ©es intitulĂ©e « Le siĂšcle des ombres ». Le premier tome, Ă©ditĂ© chez Delcourt, se nomme « La pierre ». Il est scĂ©narisĂ© par Eric Corbeyran et dessinĂ© par Michel Suro. Les couleurs sont l’Ɠuvre de Luca Malisan. Il est vendu au prix de 12,90 euros. Mon intĂ©rĂȘt Ă©veillĂ© pour cette sĂ©rie est nĂ© de son lien avec les l’univers des Stryges. Je m’explique. Corbeyran est Ă  l’origine de cet univers fantastique dans lequel notre rĂ©alitĂ© se voit confrontĂ©e Ă  des crĂ©atures ailĂ©es, angoissantes et mystĂ©rieuses. Trois sĂ©ries s’y dĂ©roulent dĂ©jĂ . « Le clan des chimĂšres » et « Le maitre de jeu » se sont clos Ă  la fin de leur sixiĂšme opus. Quant Ă  « Le chant des stryges », son douziĂšme album est sorti. Je suis un grand adepte de ce monde. Je guette depuis des annĂ©es chacune des sorties d’album y Ă©tant liĂ©. Ceci expliquait mon agrĂ©able surprise en tombant sur « Le siĂšcle des ombres » dans les rayons.

« Le chant des stryges » et « Le maitre de jeu » ont lieu dans notre monde contemporain. « Le clan des chimĂšres » se dĂ©roulait au Moyen-Ăąge. « Le siĂšcle des ombres » coupe la poire en deux en voyant son histoire Ă©clore en 1751 aux confins du BrĂ©sil comme l’annonce la premiĂšre case de l’album. On y dĂ©couvre des esclaves travailler dans une mine sous des ordres de deux officiers. Mais leur travail est interrompu par la dĂ©couverte d’un Ă©norme rocher qui semble intriguer au plus haut point l’un des deux protagonistes qui dĂ©cident de rentrer immĂ©diatement en France pour Ă©voquer cette dĂ©couverte avec qui de droit


lesiecledesombres_1aL’intĂ©rĂȘt d’un premier tome est de chercher Ă  nous faire pĂ©nĂ©trer un nouvel univers. C’est un sentiment agrĂ©able de dĂ©couvrir de nouveaux personnages, de nouveaux mondes, de nouvelles questions
 On est toujours plein d’espoirs en dĂ©couvrant de nouvelles pages. Est-on tombĂ© sur une nouvelle pĂ©pite ? Attendra-t-on avec impatience la suite ? Comme je vous l’ai expliquĂ© prĂ©cĂ©demment, cette sĂ©rie possĂ©dait Ă  mes yeux un a priori trĂšs favorable. NĂ©anmoins, cet Ă©tat de fait Ă©tait Ă  double tranchant. La dĂ©ception pouvait n’en ĂȘtre que plus grande. Ce n’est pas le cas. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle histoire. Le fait qu’il se trouve Ă  l’intersection chronologique de tout ce qui Ă©tait paru avant fait qu’on essaie inconsciemment de faire le lien avec ce qu’on sait dĂ©jĂ . On a mĂȘme un sentiment assez original. On a l’impression d’en connaĂźtre bien plus que les personnages dans le sens oĂč un pan de leur avenir lointain nous a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© contĂ©. C’est assez anachronique comme aspect mais pas inintĂ©ressant.

“Fantastique, manipulation et quĂȘte en tout genre.”

Au-delĂ  de son cĂŽtĂ© informatif sur l’univers des Stryges, « La pierre » est avant tout un album dans lequel se mĂȘle fantastique, manipulation et quĂȘte en tout genre. On sent que les luttes vont ĂȘtre nombreuses, les dĂ©couvertes pleine de surprises et les combats entre les protagonistes Ăąpres. De plus, l’époque Ă  laquelle se dĂ©roule l’histoire ajoute un aspect intĂ©ressant et dĂ©paysant Ă  l’ensemble. Le dĂ©paysement est d’ailleurs approfondi par le voyage fait par les personnages dans la forĂȘt amazonienne pour comprendre les secrets recelĂ©s par ce fameux rocher. On a l’impression d’assister Ă  une quĂȘte archĂ©ologique et spirituelle dont les consĂ©quences sur le monde semble ĂȘtre immense. C’est un domaine littĂ©raire qui m’a toujours beaucoup plu.

lesiecledesombres_1bDe maniĂšre volontaire, je ne cherche pas Ă  vous dĂ©voiler de maniĂšre trop prĂ©cise la trame. En effet, la grande partie du plaisir de la lecture rĂ©side dans l’excitation de dĂ©couvrir la page suivante. NĂ©anmoins, sachez que les jalons d’une histoire passionnante sont posĂ©s. De nombreuses questions sont posĂ©es, peu de rĂ©ponses sont donnĂ©es. Bref, l’attente du deuxiĂšme opus est intense quand vous refermez l’album. Le problĂšme que vous pourriez apprĂ©hender et le lien de cette sĂ©rie avec les autres prĂ©cĂ©demment citĂ©es. Il est Ă©vident que le fait de maitriser l’univers des Stryges vous offre une double lecture sur certaines scĂšnes ou certaines rĂ©vĂ©lations. MalgrĂ© cela, je pense que « La pierre » peut ĂȘtre lu de maniĂšre indĂ©pendante sans vous empĂȘcher pour autant de maitriser sa trame.

Il est temps de vous parler des dessins. Michel Suro a dĂ©jĂ  travaillĂ© avec Eric Corbeyran dans l’univers des Stryges. C’est en effet sa plume qui avait dessinĂ© les planches de « Le clan des chimĂšres ». De la mĂȘme maniĂšre que lors de la lecture de cette derniĂšre sĂ©rie, je n’ai eu aucun mal Ă  m’habituer Ă  son style. Je le trouve assez agrĂ©able et facile d’accĂšs. De plus, l’ensemble est assez colorĂ© et agrĂ©able au regard. L’expression des personnages est plutĂŽt bien rendue. Quant aux mouvements lors des batailles ou des poursuites sont joliment construits. Je trouve que les dessins se mettent complĂštement au service d’un scĂ©nario et de la narration. Sur ce plan-lĂ , la rĂ©ussite est au rendez-vous.

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Pour conclure, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir cet album. La joie de retrouver cet univers est un de ses attraits principal pour moi. J’attends nĂ©anmoins la suite pour savoir si la richesse scĂ©naristiques sera Ă  la hauteur des autres sagas. En attendant, je guette avec attention la sortie du prochain opus. Pour ceux qui voudraient connaĂźtre l’univers des Stryges sans forcĂ©ment commencer par « Le siĂšcle des ombres », je vous conseille de commencer par « Le chant des Stryges ». Il s’agit de la trame centrale de l’ensemble. Elle vous permettra d’en apprendre beaucoup sur ces crĂ©atures mystĂ©rieuses. Bonne lecture


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Note : 14/20

Moby Dick – Olivier Jouvray & Pierre Alary

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Titre : Moby Dick
Scénariste : Olivier Jouvray
Dessinateur : Pierre Alary
Parution : Avril 2014


« Moby Dick » est un roman de l’écrivain amĂ©ricain Herman Melville datant du milieu du dix-neuviĂšme siĂšcle. Je n’ai jamais eu l’occasion de le lire mais la mythique baleine qui donne son nom au bouquin fait partie de l’imaginaire collectif. J’ai donc accueilli avec joie et curiositĂ© l’adaptation en bande dessinĂ©e coĂ©crite par le scĂ©nariste Olivier Jouvray et le dessinateur Pierre Alary. Je connaissais le premier Ă  travers son travail sur « Lincoln ». Quant au second, ce sont ses illustrations sur « Silas Corey » qui me l’ont fait rencontrer. L’ouvrage qui m’intĂ©resse aujourd’hui est un bel objet de cent vingt-quatre pages Ă©ditĂ© chez Soleil dans la collection Noctambule. La couverture est une jolie image nous prĂ©sentant une immense baleine attirer vers le fond un homme qui venait de la harponner. Elle dĂ©gage dĂ©jĂ  une atmosphĂšre forte.

MobyDick_1Le site BD Gest’ prĂ©sente l’album avec les mots suivants : « Une adaptation fougueuse d’un monument de la littĂ©rature amĂ©ricaine, rythmĂ©e au grĂ© des vents et des passions humaines ! Herman Melville, qui fut marin, s’inspira de faits rĂ©els pour donner naissance Ă  Moby Dick – un chef d’Ɠuvre de la littĂ©rature amĂ©ricaine, un livre culte qui inscrivit un nouveau mythe dans la mĂ©moire des hommes : celui de la baleine blanche. Il y raconte – sous la forme d’une parabole chargĂ©e de thĂšmes universels – la quĂȘte furieuse, mystique, dĂ©sespĂ©rĂ©e du capitaine Achab et son dernier affrontement avec Moby Dick. » 

Comme je l’ai Ă©crit en introduction, je n’ai pas lu le roman de Melville. Je me garderai de toute comparaison entre les deux Ɠuvres. Je ne donnerai pas mon opinion sur la rigueur ou pas de l’adaptation. J’ai donc dĂ©couvert cet opus comme une production originale. Elle s’adresse aux lecteurs adeptes de grands espaces et d’aventure.

Un conteur omniscient.

L’histoire est narrĂ©e par un des marins ayant participĂ© Ă  la chasse du monstre marin. Il s’agissait de sa premiĂšre sortie sur un baleinier. Il travaillait dans la marine marchande et Ă©tait en quĂȘte d’adrĂ©naline et d’aventure. Il se prĂ©nomme IshmaĂ«l et sa premiĂšre apparition le prĂ©sente naufragĂ© sur une barque au milieu de nulle part. Il est recueilli par un navire et dĂ©cide alors de leur relater sa terrible histoire. Le choix d’opter pour une narration a posteriori offre une omniscience au conteur. Cela autorise une analyse sur les Ă©vĂ©nements que rendrait impossible une trame vĂ©cue dans le feu de l’action.

MobyDick_3L’intrigue fait exister une jolie galerie de personnages intĂ©ressants. Il y a Ă©videmment IshmaĂ«l. Le capitaine Achab fait peur tant il est possĂ©dĂ© par sa haine pour la bĂȘte. Sa folie est bien rendue par les auteurs. Plus en retrait, l’indien Queequeg est charismatique et le second du bateau, Starbuck, apporte un Ă©cot intĂ©ressant. Le bĂ©mol de cette quantitĂ© de protagonistes est qu’il faut trouver de la place pour tout le monde. En passant de l’un Ă  l’autre, les auteurs gĂ©nĂšrent de la frustration. Chacun aurait mĂ©ritĂ© d’ĂȘtre central et finalement aucun ne l’est totalement. Peut-ĂȘtre qu’en rĂ©partissant le temps consacrĂ© Ă  chacun de maniĂšre moins Ă©galitaire, cela aurait intensifiĂ© certaines scĂšnes et aurait clarifiĂ© le statut dans l’histoire des uns et des autres. NĂ©anmoins, le travail graphique de Pierre Alary offre Ă  chacun une identitĂ© graphique forte. Sur ce plan, chaque apparition d’Achab ne laisse pas indiffĂ©rent.

Partir sur la mer en quĂȘte de cette baleine lĂ©gendaire fait naĂźtre une atmosphĂšre d’aventure. Le cĂŽtĂ© isolĂ© au milieu de nulle part de ce baleinier parti Ă  la chasse est bien rendu. Les peurs propres Ă  ce genre de trajet, la cohabitation dans un espace fermĂ©, les interrogations sur l’issue de la quĂȘte
 Tout cela transpire de chacune des pages. Le trait d’Alary engendre des dĂ©cors forts. Il s’en dĂ©gage une angoisse, un sentiment d’enferment qui rend la lecture intense. Les choix de couleur accentuent cette sensation pour le plus grand plaisir du lecteur.

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Concernant l’histoire en elle-mĂȘme, elle suit son cours sans rĂ©elle surprise. Ce n’est pas une critique, mais la trame est classique. Elle offre des moments forts et des moments plus apaisĂ©s mais ceux-ci sont dans les grandes lignes prĂ©visibles. Mais cela n’empĂȘche pas la lecture d’ĂȘtre agrĂ©able et plutĂŽt prenante. Je me suis laissĂ© porter sans avoir Ă  me forcer. Cela fait de cet ouvrage un album de qualitĂ© tant sur la forme que sur le fond. Je pense qu’en mettant Achab plus au centre de l’histoire et en intensifiant la dimension « course d’un fou vers la mort », ce bouquin serait passĂ© de bon Ă  excellent. Mais cela n’est qu’un lĂ©ger bĂ©mol sĂ»rement marqueur d’une trop grande exigence de ma part


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Note : 14/20

Tu mourras moins bĂȘte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ? – Marion Montaigne

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T2 : Quoi de neuf, Docteur Moustache ?
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2012


J’ai dĂ©couvert le travail de Marie Montaigne Ă  travers son blog. Chacun de ses nouveaux billets Ă©tait un condensĂ© d’humour et de science. L’auteur montrait une vraie capacitĂ© Ă  rendre accessible la biologie, la physique ou la chimie Ă  tout le monde grĂące Ă  un vrai talent de vulgarisation couplĂ© Ă  un ton rĂ©ellement dĂ©calĂ©. C’était donc avec beaucoup de joie que j’avais dĂ©couvert la transcription de son univers sur papier via la parution de « Tu mourras moins bĂȘte – La science, c’est pas du cinĂ©ma ! ». Elle y regroupait toute une sĂ©rie d’histoire dont le point commun Ă©tait le cinĂ©ma. L’ouvrage s’avĂ©rait ĂȘtre de qualitĂ© et a Ă©tĂ© accompagnĂ© dans les rayons d’un honnĂȘte succĂšs critique. En septembre dernier, est sorti le second opus des aventures du docteur Moustache intitulĂ© « Quoi de neuf, Docteur Moustache ? ». Le professeur nous plonge maintenant dans le corps humain. Et c’est loin d’ĂȘtre triste !

Comme dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, l’ouvrage se dĂ©compose en une succession de petites histoires tout au long des deux cent cinquante pages. Chacune est la rĂ©ponse Ă  une question telle que « Comment le corps traque les virus ? » ou « Comment ça marche, les rĂȘves ? ». Cela permet de ne pas lire le bouquin d’une seule traite. On peut le feuilleter Ă  tout moment en choisissant une page au hasard. La densitĂ© des propos fait qu’il est dur de digĂ©rer tout l’album d’une traite. Pour la savourer, il me parait indispensable de le lire en plusieurs Ă©tapes. Il ne faut pas voir dans cette remarque une critique. Les dialogues sont travaillĂ©s et une lecture trop longue risque d’empĂȘcher d’en profiter pleinement.

On peut apprendre en s’amusant.

Le fait que Marion Montaigne vulgarise la science ne l’empĂȘche pas de s’appuyer sur des vĂ©ritĂ©s scientifiques Ă©tayĂ©es. Les rĂ©fĂ©rences bibliographiques qui concluent le livre en sont la preuve. Cet album veut donner raison Ă  la thĂ©orie qui dit qu’on peut apprendre en s’amusant. Il est donc Ă  la fois drĂŽle et intĂ©ressant de dĂ©couvrir les rĂ©flexions du cerveau pour reconnaitre les gens ou le quotidien d’un globule blanc traquant les bactĂ©ries Ă©trangĂšres. Certaines anecdotes tendent davantage vers le cĂŽtĂ© universitaire, d’autre vers un cĂŽtĂ© plus graveleux. Mais dans l’immense majoritĂ© des exposĂ©s, l’équilibre science – humour est respectĂ©.

On trouve quasiment une trentaine d’histoires. Elles ne sont Ă©videmment pas toutes d’un mĂȘme attrait. Certaines rĂ©pondent Ă  une interrogation trĂšs dĂ©calĂ©e : « Est-ce grave d’avoir un petit zizi ? » ou « Pourquoi l’ovulation de la femme est invisible ? ». D’autres sont plus classiques mĂ©dicalement : « Comment fonctionne le systĂšme immunitaire ? » ou « Comment le corps traque les virus ? ». Enfin, certaines nous plongent dans l’Histoire auprĂšs d’Ambroise ParĂ© ou d’Aristote. Certains pourraient trouver que beaucoup des propos sont situĂ©s sous la ceinture. Je n’ai pas eu ce sentiment. De plus, il faut se l’avouer, bon nombre des interrogations concernant notre corps sont liĂ©es de prĂšs ou de loin Ă  cet endroit.

Les dessins ne sont pas nĂ©cessairement faciles d’accĂšs. Le trait apparait brouillon et nĂ©gligĂ© Ă  la maniĂšre de celui d’un Reiser. NĂ©anmoins, on s’y habitue rapidement et la capacitĂ© de Montaigne Ă  donner un ton caricatural Ă  ses illustrations participe Ă  la bonhommie de la lecture. Les textes Ă©tant denses, il est important que les dessins ne surchargent pas davantage la page. L’auteur arrive Ă  trouver cet Ă©quilibre en faisant disparaitre tout dĂ©coupage apparent des cases et en se contentant de faire apparaitre le minimum de dĂ©cors utile Ă  la cohĂ©rence du propos.

Tout cela fait que « Quoi de neuf, docteur Moustache ? » un ouvrage de qualitĂ© qui s’avĂšre assez unique dans son genre. AprĂšs le trĂšs rĂ©ussi « La science, c’est pas du cinĂ©ma ! », l’essai est transformĂ© avec ce voyage au plus profond de chacun d’entre nous. Je ne peux donc vous en conseiller la lecture. De mon cĂŽtĂ©, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire


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Note : 14/20

Les femmes en blanc, T36 : Neuf fois de gros stress – Raoul Cauvin & Philippe Bercovici

LesFemmesEnBlanc36


Titre : Les femmes en blanc, T36 : Neuf mois de gros stress
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Philippe Bercovici
Parution : Mars 2014


Depuis plus de dix ans, les rayons de librairie sont envahis par bon nombre de sĂ©ries centrĂ©es sur un corps de mĂ©tier. Les enseignants, les CRS, les pompiers, les psys
 Tout le monde possĂšde ses albums dĂ©crivant son quotidien de maniĂšre humoristique. Le moins que je puisse dire est qu’il y a Ă  boire et Ă  manger. Bien souvent, il s’agit d’albums relativement mĂ©diocres dont les ficelles sont trop grosses pour chatouiller efficacement les zygomatiques. NĂ©anmoins, parmi les plus anciennes, certaines m’ont conquis depuis que je suis enfant. « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc » font partie de celles-lĂ . Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier de tome de la derniĂšre citĂ©e. Il s’intitule « Neuf mois de gros stress » et est sorti dans les bacs en avril dernier. Cet album est scĂ©narisĂ© par Raoul Cauvin et dessinĂ© par Philippe Bercovici.

Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Le miracle de la vie
 dans les coulisses de l’hĂŽpital. GĂ©rer le stress, c’est la spĂ©cialitĂ© des femmes en blanc, et Ă  l’hĂŽpital, elles ont de quoi faire ! Entre les futurs pĂšres en panique, les inquiets chroniques et les Ă©clopĂ©s en tout genre, pas moyen de lever le pied. C’est ça, le miracle de la vie
 dans les coulisses de l’hĂŽpital ! »

Divertir sans trop réfléchir.

Pour les personnes qui n’ont jamais eu l’occasion de lire un des tomes de la sĂ©rie, je vais rapidement vous prĂ©senter la structure narrative. L’ouvrage est de format classique et se compose de quarante-six planches. Il se dĂ©compose en une suite de gags qui peuvent s’étaler sur une Ă  trois pages. Chacun est indĂ©pendant du prĂ©cĂ©dent et du suivant. Cela fait qu’un tel album peut se feuilleter au grĂ© des envies et du temps libre. Il peut ĂȘtre ouvert Ă  n’importe quel page sans gĂącher la lecture. Son seul but est de divertir sans trop rĂ©flĂ©chir. C’est un objectif louable et apprĂ©ciĂ© quand il est atteint.

Comme son titre l’indique, les blagues s’insĂšrent pleinement dans la vie des infirmiĂšres. L’auteur arrive Ă  utiliser une certaine variĂ©tĂ© de cordes Ă  son arc humoristique pour nous faire rire. Il y a Ă©videmment la gestion des patients, les relations avec les mĂ©decins, les interactions entre elles mais Ă©galement leur quotidien de femme en dehors de leur lieu de travail. Chacune de ses thĂ©matiques est exploitĂ©e de maniĂšre Ă©quitable tant en quantitĂ© qu’en qualitĂ©. Raoul Cauvin a une imagination fertile car cela des dizaines d’histoires qu’il a construites dans l’univers hospitalier et il arrive encore Ă  me surprendre.

En effet, une des forces de l’album est d’offrir des chutes imprĂ©visibles. Sans forcĂ©ment nous faire pleurer de rire, l’auteur arrive par la derniĂšre case Ă  nous surprendre ou Ă  nous faire sourire. J’ai souvent essayĂ© de connaĂźtre le dĂ©nouement de son gag au fur et Ă  mesure de son dĂ©roulement et bien souvent je n’y suis pas arrivĂ©. Il utilise souvent une espĂšce d’anaphores scĂ©naristiques. Une infirmiĂšre nous contente une succession d’anecdotes liĂ©es en trĂšs peu de temps dans le but d’aboutir Ă  une conclusion marrante. MalgrĂ© le nombre parfois important d’évĂ©nements contĂ©s, dĂ©jĂ  drĂŽles en soi, je n’arrive pas Ă  dĂ©couvrir la conclusion de la narratrice. ParallĂšlement, Cauvin nous prĂ©sente Ă©galement des gags en une planche. Ils sont efficaces et lĂ©gers. La mise en situation est rapide et la fin joue davantage avec les mots que les situations.

Mon seul bĂ©mol pourrait concerner les dessins de Bercovici. Je ne leur trouve pas de dĂ©fauts particuliers. Par contre, je regrette qu’ils se contentent – tout est relatif – d’accompagner le propos sans chercher Ă  le sublimer ou Ă  intensifier son cĂŽtĂ© humoristique ou parfois caricatural. J’ai toujours le plaisir de retrouver ce trait qui a accompagnĂ© mes lectures d’enfance quand je farfouillais dans la bibliothĂšque parentale. NĂ©anmoins, j’ai toujours l’espoir que la sĂ©rie exploite un de ses axes de progression.

Pour conclure, « Neuf mois de gros stress » fait honneur Ă  la sĂ©rie en se montrant trĂšs fidĂšle aux ingrĂ©dients de son succĂšs. Cet album ne possĂšde rien d’exceptionnel mais demeure assez efficace. J’ai pris du plaisir Ă  m’y plonger et l’ai trouvĂ© divertissant. Je pourrais regretter qu’il se lise rapidement mais ce lĂ©ger dĂ©faut est compenser par le fait qu’il se relira toujours avec amusement quand on recherchera un passe-temps plaisant.

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Note : 12/20

Les ForĂȘts d’Opale, T7 : Les Dents de Pierre – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les ForĂȘts d’Opale, T7 : Les Dents de Pierre
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Novembre 2011


« Les dents de pierre » est le septiĂšme tome de « Les forĂȘts d’Opale ». Cette sĂ©rie est nĂ©e il y a une dizaine d’annĂ©es de l’association de Christophe Arleston et Philippe Pellet. Le premier est un des auteurs les plus cĂ©lĂšbres de ces vingt derniĂšres annĂ©es grĂące au succĂšs de sĂ©rie telle que « Lanfeust de Troy », « Troll de Troy », « Le chant d’Excalibur » ou « Les naufragĂ©s d’Ythaq ». J’ai dĂ©couvert par contre les dessins de Philippe Pellet Ă  travers la sĂ©rie qui m’intĂ©resse aujourd’hui. L’album que j’évoque aujourd’hui est le dernier en date de cette sĂ©rie. Sa parution chez Soleil date de novembre dernier. D’un format classique, il se compose d’une petite cinquantaine de pages et est vendu Ă  prix proche de quatorze euros. La couverture nous plonge dans une ambiance sombre dans laquelle on reconnait la ravissante Sleilo. Elle semble apeurĂ©e par la vision d’un cadavre squelettique habillĂ© d’un long manteau. Cet opus nous offrirait-il des rĂ©vĂ©lations ?

La sĂ©rie est prĂ©sentĂ©e par les mots suivants sur la quatriĂšme de couverture : « Opale est le monde des forĂȘts. Le clergĂ© de la LumiĂšre y fait rĂ©gner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mais Darko est celui qui doit rĂ©aliser la ProphĂ©tie et faire revenir les Titans pour libĂ©rer les Cinq Royaumes
 AidĂ© du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg. Darko est plongĂ© dans une aventure oĂč se joue le destin d’un monde
 Une grande saga vivante, de la pure fantasy ! »

Ce rĂ©sumĂ© est le mĂȘme pour chaque album de la sĂ©rie. Il va sans dire que depuis le dĂ©but, ce cher Darko a fait du chemin. Il n’est plus le jeune garçon naĂŻf d’un village perdu dans la forĂȘt. Il a pris conscience de ses pouvoirs, commence Ă  les maitriser. Il prend conscience de son destin. Le groupe qu’il formait avec Urfold et Sleilo a recrutĂ© un nouveau membre prĂ©nommĂ© Tara. Elle est gĂ©nĂ©ral paladin et ne laisse pas indiffĂ©rent notre hĂ©ros. Les diffĂ©rents opus ont Ă©tĂ© autant d’étapes dans sa quĂȘte. Il cherche Ă  redonner vie aux Titans afin de libĂ©rer Opale de la gestion corrompue et dictatrice du clergĂ© de la LumiĂšre. Le dernier tome avait offert une vraie surprise en voyant le mĂ©chant mourir suite Ă  la manipulation de son ancien maitre. Cela pose une nouvelle sĂ©rie de questions dont j’espĂ©rais trouver quelques rĂ©ponses dans ce nouvel ouvrage.

Le dĂ©but ce tome est intĂ©ressant car nos hĂ©ros doivent affronter la Dorsale, Ă©norme chaine montagneuse. L’attrait de cette expĂ©dition est de nous changer de dĂ©cors. On quitte les forĂȘts et les citĂ©s mĂ©diĂ©vales pour un territoire inquiĂ©tant et d’un blanc immaculĂ©. On s’éloigne de la civilisation et j’espĂ©rais donc dĂ©couvrir un nouvel univers sur tous les plans. J’attendais Ă©galement que la trame change de braquet et ne se contente pas de nous offrir une nouvelle ampleur qui ne fait, finalement, pas tant que cela avancer le schmilblick. Pour rĂ©sumer la variation des lieux devait entrainer une prise d’ampleur de l’intrigue.

L’ensemble apparaĂźt brouillon.

La montagne de mes attentes va accoucher d’une toute petite souris qui n’avance pas. En effet, une fois l’album refermĂ©, j’ai vraiment le sentiment d’en ĂȘtre au mĂȘme point qu’en dĂ©couvrant la premiĂšre page. Les deux ou trois informations que nous offre cet ouvrage sur l’histoire auraient pu ĂȘtre narrĂ©es en une dizaine de pages plutĂŽt qu’en quasiment cinquante ! SincĂšrement, l’ensemble apparait brouillon. Je trouve que beaucoup de scĂšnes ressemblent Ă  du remplissage. Il est dĂ©jĂ  arrivĂ© que les auteurs nous offrent des « moments de transition » dans les tomes prĂ©cĂ©dents. Mais souvent, cela nous offrait un moment drĂŽle ou prenant qui fait qu’on Ă©tait tolĂ©rant sur le fait que l’intrigue n’avançait pas assez vite. Dans « Les dents de pierre », le cĂŽtĂ© lĂ©ger et divertissant est quasiment inexistant. Il n’est pas pour autant remplacer par une dimension dramatique qui aurait s’avĂ©rait captivante. On n’a ni l’un ni l’autre et en plus les Ă©vĂ©nements sont souvent sans intĂ©rĂȘt et semblent ĂȘtre dissociĂ©s de tout fil conducteur.

Le contenu narratif est donc d’une faiblesse rare. Il ne restait plus qu’à espĂ©rer que la forme compense la dĂ©ception du fond. Philippe Pellet nous offre une nouvelle fois des illustrations rĂ©ussies. Les dĂ©cors neigeux sont rĂ©ussis. De la mĂȘme maniĂšre, la partie de l’histoire se dĂ©roulant dans les grottes possĂšde gĂ©nĂ©ralement une vraie atmosphĂšre. Les autres parties sont moins originales concernant les lieux. Cela permet malgrĂ© tout au dessinateur de nous confirmer une nouvelle fois son talent dans sa transcription de ses ambiances de tavernes ou Ă©quivalent. Concernant les personnages, on a plaisir Ă  les retrouver. Je trouve d’ailleurs qu’il y a une vraie progression dans leurs traits par rapport Ă  notre rencontre dans le premier tome.

En conclusion, cet ouvrage m’a profondĂ©ment déçu. Il ne possĂšde quasiment aucun intĂ©rĂȘt dans l’avancĂ©e de l’histoire. Sorti du plaisir de retrouver les personnages, il y a relativement peu de choses Ă  en sortir. Les derniers tomes avaient montrĂ© des attraits certains. La chute est dure. Il ne me reste plus qu’à attendre patiemment la parution du prochain tome en espĂ©rant que l’arrĂȘt marquĂ© par « Les dents de la pierre » ne soit d’un accident de parcours. Mais cela est une autre aventure


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Note : 7/20

Les ForĂȘts d’Opale, T6 : Le SortilĂšge du Pontife – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les ForĂȘts d’Opale, T6 : Le SortilĂšge du Pontife
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Octobre 2009


« Le sortilĂšge du pontife » est le sixiĂšme tome de « Les forĂȘts d’Opale ». Sa parution date d’octobre deux mille neuf. EditĂ© aux Ă©ditions Soleil, il se compose d’une cinquantaine de pages et est d’un format classique. Son prix avoisine les quatorze euros. Cet ouvrage est l’Ɠuvre conjointe de Christophe Arleston et de Philippe Pellet. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. La couverture est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous offre un Ghörg, dĂ©mon de son Ă©tat, s’apprĂȘtant Ă  faire sa fĂȘte Ă  un soldat avec son imposante hache. Le fond est couleur flamme. A priori, il va y avoir du sport dans cet album. EspĂ©rons que les annonces ne soient pas vaines Ă  ce niveau-lĂ  !

Pour ceux qui n’auraient lu ni les opus de cette sĂ©rie ni mes critiques sur les tomes prĂ©cĂ©dents, je vous cite le rĂ©sumĂ© qui est fait de l’histoire sur la quatriĂšme de couverture de chacun des ouvrages de cette saga. « Opale est le monde des forĂȘts. Le clergĂ© de la LumiĂšre y fait rĂ©gner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mais Darko est celui qui doit rĂ©aliser la ProphĂ©tie et faire revenir les Titans pour libĂ©rer les Cinq Royaumes
 AidĂ© du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongĂ© dans une aventure oĂč se joue le destin d’un monde
 Une grande saga vivante, de la pure fantasy ! »

Cela fait maintenant des annĂ©es qu’on erre dans les forĂȘts d’Opale. En effet, la parution du premier tome date d’une dizaine d’annĂ©es. Le groupe s’est Ă©toffĂ©e depuis quelques opus de la ravissante Tara, ancienne gĂ©nĂ©ral paladin de la LumiĂšre, qui a reniĂ© son engagement Ă  ce gouvernement convaincu pour aider Darko Ă  rĂ©aliser sa quĂȘte. Le cinquiĂšme ouvrage avait redonnĂ© du souffle Ă  la trame principale qui avait tendance Ă  tomber en hibernation lors des opus prĂ©cĂ©dents. J’espĂ©rais donc ma curiositĂ© ainsi attisĂ©e allait voit sa flamme Ă  nouveau alimentĂ©e en dĂ©couvrant « Le sortilĂšge du pontife ».

On en prend plein les mirettes.

La lecture ne souffre d’aucun temps mort. DĂšs les premiĂšres pages, on en prend plein les mirettes en dĂ©couvrant un dĂ©mon terrifiant en recherche de son maĂźtre. Pendant ce temps, le pontife Xarchias, mĂ©chant de l’histoire s’apprĂȘte Ă  porter un coup fatal Ă  Darko est ses amis en mettant en place un cĂ©rĂ©monial puissant de magie noire avec l’aide de son maĂźtre angoissant. Pour cela, il doit rĂ©unir ses sept enfants dissĂ©minĂ©s Ă  travers le monde. Cette quĂȘte va servir de fil conducteur tout au long de l’ouvrage. Surtout que celle-ci nous offre une rĂ©vĂ©lation de taille qui ne nous laisse pas indiffĂ©rente. Elle intensifie mĂȘme notre pour ce compte Ă  rebours qui nous mĂšne Ă  ce qui ressemble Ă  un grand combat final.

Le bĂ©mol qui aurait pu naĂźtre de cette attente de l’issue finale est un ventre mou de la lecture sans grand intĂ©rĂȘt. Ce n’est pas le cas. La prĂ©sence de Darko et ses amis Ă  Onze Racines, repĂšre de la rĂ©sistance offre beaucoup de moments importants essentiellement basĂ©s sur les rapports entre les personnages et les sentiments qui les accompagnent. Bien que le dĂ©nouement sanglant de notre lecture soit irrĂ©mĂ©diable, cela n’empĂȘche pas la majoritĂ© du bouquin de se montrer relativement peu fourni en bataille et combat. Certains trouveront peut-ĂȘtre que cette attente aurait pu ĂȘtre rĂ©duite et offrir ainsi une trame plus intense. Je ne partage pas cet avis. Je trouve au contraire que ces moments moins violents ou dynamiques sont clairement le calme qui prĂ©cĂšde la tempĂȘte. Je trouve que la montĂ©e en puissance est dosĂ©e en alternant les moments plutĂŽt posĂ©s Ă  Onze Racines et les moments plus durs et cruels qu’offre l’armĂ©e du pontife dont son avancĂ©e irrĂ©mĂ©diable vers nos hĂ©ros.

Les dessins sont dans la lignĂ©e des tomes prĂ©cĂ©dents. Ils accompagnent parfaitement l’histoire. Ils sont dans la lignĂ©e des illustrations qui accompagnent ces grandes sagas de fantasy grand public. Les filles sont bien roulĂ©es, les monstres sont nombreux et hauts en couleur. Les dĂ©cors qu’ils soient urbains ou forestiers sont colorĂ©s et participent au dĂ©paysement qui accompagne notre lecture. Les traits des personnages sont classiques. Ils ne rĂ©volutionnent pas le genre. NĂ©anmoins, ils possĂšdent une vraie personnalitĂ© picturale et leurs Ă©motions sont bien traduites par le trait de Philippe Pellet.

En conclusion, « Le sortilĂšge du Pontife » m’a plutĂŽt plu. MĂȘme si je ne l’ai pas trouvĂ© aussi dense et rythmĂ© que le prĂ©cĂ©dent tome, je trouve qu’il s’agit d’un des meilleurs de la sĂ©rie. De plus, le dĂ©nouement amĂšne son lot de surprises et de questions qui incite donc Ă  se plonger dans le septiĂšme album au plus vite. Ce dernier s’intitule « Les dents de pierre ». Il s’agit d’ailleurs du dernier tome paru pour l’instant. Une fois celui-ci lu, il faudra donc attendre patiemment la suite. Mais Ă  chaque jour suffit sa peine. Cela est une autre histoire


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Note : 14/20

Les ForĂȘts d’Opale, T5 : Onze Racines – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les ForĂȘts d’Opale, T5 : Onze Racines
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Mai 2007


« Onze racines » est le cinquiĂšme tome de « Les forĂȘts d’Opale ». Cette sĂ©rie de fantasy est le fruit de la collaboration de Christophe Arleston et Philippe Pellet. C’est la prĂ©sence du premier citĂ© qui m’avait attirĂ© vers cette nouvelle aventure il y a une dizaine d’annĂ©es. Je le connaissais par mes lectures de « Lanfeust de Troy » ou « Les maĂźtres cartographes ». Depuis, je m’offre chaque nouvelle parution de cette saga. L’apparition de « Onze racines » chez Soleil date de deux mille sept. L’ouvrage est de qualitĂ© et nous offre une couverture qui attire l’Ɠil. Elle nous prĂ©sente le hĂ©ros en train de tenir une Ă©pĂ©e Ă  deux mains et s’apprĂȘtant Ă  achever le corps d’une femme allongĂ©e Ă  terre. En arriĂšre-plan, apparait des grands Ă©clairs de feu.

Pour ceux qui n’auraient pas lu mes critiques prĂ©cĂ©dentes ou pour qui « Les forĂȘts d’Opale » est une histoire inconnue, je vous cite le texte ornant la quatriĂšme de couverture de l’album : « Opale est le monde des forĂȘts. Le clergĂ© de la LumiĂšre y fait rĂ©gner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mars Darko est celui qui doit rĂ©aliser la ProphĂ©tie et faire revenir les Titans pour libĂ©rer les Cinq Royaumes
 AidĂ© du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongĂ© dans une aventure oĂč se joue le destin du monde
 »

Pour les adeptes du genre, ils retrouveront les codes de la fantasy. La lutte entre le bien et le mal, la notion d’élu, le parcours initiatique, un groupe hĂ©tĂ©roclite dans un combat type « David et Goliath »  La recette est un classique. NĂ©anmoins, quand elle est bien exĂ©cutĂ©e, elle peut offrir un festin de qualitĂ©. Les dĂ©buts de la sĂ©rie Ă©taient agrĂ©ables et dynamiques. On prenait plaisir Ă  suivre des personnages sympathiques. La maladresse de l’un, les charmes de l’autre, la roublardise d’un troisiĂšme ou la bestialitĂ© du dernier rendait notre voyage haut en couleur. Mais l’avancĂ©e de la trame avait tendance Ă  ralentir et le quatriĂšme tome Ă©tait dĂ©cevant. J’étais donc curieux de savoir si les choses allaient repartir dans le bon sens dans « Onze racines ».

Le scĂ©nario possĂšde une Ă©paisseur qu’il avait tendance Ă  perdre.

Mes attentes ont Ă©tĂ© globalement comblĂ©es. Le fil conducteur de la quĂȘte principale retrouve une place de choix dans l’histoire. Je ne vais Ă©videmment pas vous conter les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui accompagnent notre lecture, mais on n’a pas le sentiment de faire du surplace. Le scĂ©nario possĂšde une Ă©paisseur qu’il avait tendance Ă  perdre. On rencontre des personnages secondaires qui semblent possĂ©der un rĂŽle qui ne se restreint pas Ă  l’album qu’on est en train de lire. Leur destin devrait se prolonger dans les opus suivants. Cela coupe la sensation que chaque tome Ă©tait un Ă©pisode qui tendait de plus en plus Ă  ĂȘtre indĂ©pendant du prĂ©cĂ©dent et du suivant. « Onze racines » redonne un sens Ă  la saga « Les forĂȘts d’Opale ». J’espĂšre que cette ampleur grandira dans les albums suivants et que le soufflet ne retombera pas.

Cette amĂ©lioration a pour consĂ©quence que notre attrait pour le devenir des hĂ©ros voit sa flamme ravivĂ©e. Notre curiositĂ© ainsi ranimĂ©e dĂ©couvre donc avec plaisir une Ă©volution importante des relations entre nos hĂ©ros. MĂȘme si cette Ă©volution apparaissait prĂ©visible, c’est avec plaisir qu’on voit certains sentiments se rĂ©vĂ©ler et offrir Ă  la trame un nouvel aspect Ă  dĂ©velopper. Le scĂ©nariste arrive Ă  mĂȘler cette apparition Ă  un Ă©vĂ©nement important de l’histoire. Cette toile d’araignĂ©e ainsi tissĂ©e densifie ainsi l’intrigue et rend la lecture d’autant plus passionnante. MĂȘme si l’album se conclue sur quelques pages plutĂŽt calmes et apaisĂ©e, cela ne nous empĂȘche d’espĂ©rer nous plonger au plus vite dans le sixiĂšme tome intitulĂ© « Le sortilĂšge du pontife ».

Les dessins de Pellet suivent Ă©galement une courbe croissante. Ils ne m’ont jamais gĂȘnĂ©, je tiens Ă  ĂȘtre clair. Par contre, longtemps, je trouvais qu’ils servaient essentiellement de support Ă  l’histoire sans rĂ©ellement la transcender. Je trouve que le retour de flamme de mon attrait pour la sĂ©rie est mis en valeur par le trait du dessinateur. Je trouve que ses personnages apparaissent plus vivants, plus expressifs. Les dĂ©cors sont trĂšs rĂ©ussis. Les forĂȘts, lieux rĂ©currents de l’histoire, sont mises en valeur et participent Ă  l’atmosphĂšre de la lecture qui se veut dĂ©paysant. Au final, la rĂ©ussite est au rendez-vous Ă  ce niveau-lĂ .

En conclusion, « Onze racines » est une agrĂ©able surprise. J’avais peur de voir « Les forĂȘts d’Opale » devenir, Ă  l’image d’autres sĂ©ries, une saga Ă  Ă©pisode qui nĂ©gligerait sa trame au profit d’évĂ©nements gadget. J’ai donc hĂąte de dĂ©couvrir « Le sortilĂšge du pontife » en croisant les doigts pour que cette poussĂ©e de qualitĂ© ne soit pas sans lendemain. Mais cela est une autre histoire


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Note : 15/20

Les ForĂȘts d’Opale, T4 : Les GeĂŽles de NĂ©nuphe – Christophe Arleston & Philippe Pellet

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Titre : Les ForĂȘts d’Opale, T4 : Les GeĂŽles de NĂ©nuphe
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Philippe Pellet
Parution : Mai 2005


« Les GeĂŽles de Nenuphe » est le quatriĂšme tome de « Les forĂȘts d’Opale ». Cette sĂ©rie de fantasy, actuellement composĂ©e de sept opus, est scĂ©narisĂ©e par Christophe Arleston et dessinĂ©e par Philippe Pellet. Le premier est un spĂ©cialiste du genre. Il possĂšde Ă  son actif des sagas telles que « Lanfeust de Troy », « Les maĂźtres cartographes » ou « Les naufragĂ©s d’Ythaq ». L’album que j’évoque aujourd’hui date de mai deux mille cinq. EditĂ© chez Soleil, il se compose assez classiquement d’une cinquantaine de pages. La couverture nous prĂ©sente un serpent de mer assez impressionnant qui, la gueule grande ouverte, s’attaque Ă  deux de nos hĂ©ros.

La sĂ©rie est prĂ©sentĂ©e de la maniĂšre suivante sur la quatriĂšme de couverture : « Opale est le monde des forĂȘts. Le clergĂ© de la LumiĂšre y fait rĂ©gner un pouvoir assis sur la puissance de Pierres Magiques. Mais Darko est celui qui doit rĂ©aliser la ProphĂ©tie et faire revenir les Titans pour libĂ©rer les Cinq Royaumes
 AidĂ© du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghörg, Darko est plongĂ© dans une aventure oĂč se joue le destin d’un monde
 Une grande saga vivante, de la pure fantasy !»

« Les GeĂŽles de Nenuphe » est le quatriĂšme opus de la saga. L’histoire a donc avancĂ© depuis la prĂ©sentation qui en est faite Ă  l’arriĂšre du bouquin. Notre trio s’est vu rejoindre par un quatriĂšme membre qui prend les traits de la ravissante Tara, gĂ©nĂ©ral paladin. Son apport n’est pas anecdotique. Sa plastique est en opposition avec son caractĂšre froid et militaire alors qu’on pourrait l’attendre fĂ©minine. Le groupe des personnages ont pris leurs repĂšres entre eux et avec le lecteur. Cela doit donc donner lieu Ă  de vrais moments de complicitĂ© et d’humour. Ce n’est hĂ©las pas le cas. Je trouve que cet album est le plus pauvre des quatre sur ce plan lĂ . On rit rarement. La lĂ©gĂšrement de propos a plutĂŽt disparu et c’est bien dommage car il s’agit d’un des attraits de la sĂ©rie.

Les enjeux secondaires prennent les devants

J’espĂ©rais donc que le fait de nĂ©gliger l’humour aurait pour consĂ©quence une intrigue plus dense. Par consĂ©quent, j’espĂ©rai que la trame principale avancerait plus rapidement dans que dans les opus prĂ©cĂ©dents. En effet, Arleston a la mauvaise habitude dans ses sĂ©ries de fantasy de privilĂ©gier les enjeux secondaires au fil conducteur central. HĂ©las, c’est encore ici le cas. Si je dois rĂ©sumer ce qui se dĂ©roule sur les cinquante pages, cela se fait en une seule phrase. Ils s’évadent d’une prison dans laquelle on les avait jetĂ©s au dĂ©but de l’histoire. Cela reste quand mĂȘme succinct. Alors certes, l’évasion est haute en couleur. On a la course contre la montre, le suspense, de grandes scĂšnes d’action, des personnages secondaires colorĂ©s
 Mais cela reste Ă  mes yeux lĂ©gers pour occuper un album entier. Les derniĂšres pages nous font apparaĂźtre le grand mĂ©chant, histoire de marquer le coup mais sans intĂ©rĂȘt rĂ©el Ă©galement.

Je suis donc sorti déçu de ma lecture. Une fois l’ouvrage terminĂ©, je me suis dit « C’est tout ? ». Quelque part, les cinquante pages de l’album aurait pu se rĂ©sumer en une grosse vingtaine de pages. Cela aurait pour consĂ©quence de densifier l’intrigue et de voir notre intĂ©rĂȘt grandir au fur et Ă  mesure. Je ne me suis pas ennuyĂ© en lisant cet album. Je suis curieux de savoir ce que vont devenir les hĂ©ros pour qui j’ai de la sympathie. Par contre, je me rappelle que lors de ma premiĂšre lecture, j’avais Ă©tĂ© déçu de voir que l’histoire avait si peu avancĂ©e pour un bouquin dont j’avais attendu la parution un an. EspĂ©rons donc que le cinquiĂšme opus intitulĂ© « Onze racines » sera d’un meilleur acabit. Mais cela est une autre histoire


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Note : 10/20