Bouncer, T10 : L’or maudit


Titre : Bouncer, T10 : L’or maudit
Scénariste : François Boucq
Dessinateur : François Boucq
Parution : Janvier 2018


Bouncer est devenu avec les années un des monuments du western dans le neuvième art. La qualité constante des albums de la série fait de chaque nouvelle parution un petit bijou qui passionne sans mal les afficionados du genre. Cette aventure bédéphile est née de la collaboration d’Alejandro Jodorowsky et de François Boucq. Bouncer arrive à faire vivre un scénario dense et envoutant mis en valeur par un dessin de grande qualité. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dixième épisode de la saga intitulé L’or maudit. Le programme est prometteur…

La loi du plus fort transpire de chaque moment.

Le site BdGest propose le résumé suivant de l’album : « Le bras armé de la justice, c’est Bouncer ! Le Bouncer pensait couler des jours paisibles après s’être débarrassé de l’infâme Ugly John dans son pénitencier de Deep End. Mais il devrait savoir que la loi de l’Ouest est toujours impitoyable… À Barro City, l’horloger a été agressé et sa fille, Gretel, atrocement mutilée. Comment un type sans histoires et une petite si innocente ont-ils pu subir de telles atrocités ? En pourchassant les assassins, le manchot découvre que leur piste rejoint celle d’un trésor maudit au cœur du désert de Sonora au Mexique. Un lieu aride sur lequel courent de sombres légendes, si terrible que même les Indiens n’osent s’y aventurer. Bouncer pensait avoir déjà connu l’enfer. Mais il découvre que ce dernier a de multiples visages. »

Le synopsis pourrait sous-entendre que la découverte de cet album nécessite en prérequis la lecture des ouvrages précédents. Je tiens à nuancer ce sentiment. L’or maudit est le premier tome d’un diptyque. Il marque un nouveau départ narratif pour Bouncer. Évidemment quelqu’un qui aurait suivi toutes les pérégrinations du héros aura une perception peut être différente de certains détails qu’un novice de la série. Néanmoins, je pense qu’un adepte de western curieux de rencontrer un nouveau héros de ce monde sauvage peut aisément s’immerger dans la lecture de L’or maudit.

La magie de Bouncer réside pour une part non négligeable dans l’univers qui nait de la plume de Boucq. La rudesse et l’aridité du climat, la violence qui transpire de chaque rencontre… La loi du plus fort transpire de chaque moment. Bouncer apparaît donc comme un justicier dont la mission semble impossible à mener. La haine et la violence habitent trop son univers pour qu’il sorte vainqueur de tous les combats menés… Et pourtant…

Cette dimension « Don Quichotte » que possède Bouncer lui offre un charisme et une empathie certaines. Le lecteur ne peut être que passionné par le devenir de ce personnage assez unique dans son genre. Son souci de protéger les plus faibles lui offre une noblesse que son parcours de vie et ses origines semblaient lui interdire. Le lien qu’il crée avec la jeune Gretel dans cette lutte apparemment déséquilibrée contre des adversaires nombreux et cruels ne peut pas laisser indifférent et ne fait qu’intensifier la dramaturgie de la lecture.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle est habilement construite. Cette histoire de carte au trésor présente une porte d’entrée originale. Elle se démarque des derniers combats menés par Bouncer. Boucq, ici seul aux commandes du scénario, arrive encore à surprendre son lecteur dans une série qui commence à compter un nombre important d’épisodes. La mise en place d’une toile d’araignées dense de protagonistes tous liés de manière plus ou moins directe à cette quête. Le scénario s’avère donc d’une densité qui ravira ceux qui auront la bonne idée de s’y plonger.

Pour conclure, ce dixième opus est une belle réussite. Il est une première partie passionnante d’un diptyque dont je suis très curieux de connaître le dénouement dans L’échine du dragon. Les enjeux narratifs sont nombreux et l’avenir de tout ce petit monde est difficilement prévisible. La capacité de Boucq a assumé seul le scénario et le dessin suite au recul pris Jodorowsky est une belle performance qu’il faut mettre en lumière. Je suis confiant qu’il en sera de même dans le prochain acte… Mais cela est une autre histoire…

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