Le banc de touche

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Titre : Le banc de touche
Scénariste : Martin Page
Dessinateur : Clément C. Fabre
Parution : Juillet 2012


Quand je vais Ă  un festival de BD, je prends toujours le temps de m’arrĂȘter au stand Vraoum/Warum. Cette jeune maison d’édition propose des livres de qualitĂ© et regroupe des auteurs que j’apprĂ©cie. J’ai pu ainsi acquĂ©rir « Le banc de touche », une bande-dessinĂ©e scĂ©narisĂ©e par Martin Page et dessinĂ©e par ClĂ©ment C. Fabre. J’ai Ă©tĂ© attirĂ© avant tout par le dessin de ClĂ©ment Fabre, que je connaissais par son blog. La lecture de quelques pages m’a convaincu d’acheter l’ouvrage (avec la belle dĂ©dicace qui va avec).

Le pitch n’est pas des plus rĂ©jouissants : Louis, Charlotte et Darius sont trois adolescents/jeunes adultes dĂ©pressifs. Ils passent leur temps Ă  broyer du noir et ils transpirent la dĂ©sillusion par tous les pores de leur peau. Le tout est organise en strips, majoritairement de quatre cases. Ponctuellement, une planche ou une illustration viennent s’immiscer entre les strips, amenant une mĂ©canique lĂ©gĂšrement diffĂ©rente.

Mais pourquoi tant de désespoir ?

C’est donc de l’humour noir qui nous est servi ici. Et honnĂȘtement, si ça ne va pas trop dans votre vie, je ne suis pas sĂ»r que la lecture de cet ouvrage soit avisĂ©e. Car en dehors des jeux de mots sur la mort et des remarques morbides, c’est une vraie dĂ©sillusion sur la vie et les rapports humains qui est mise en lumiĂšre. Louis passe son temps Ă  se faire larguer. Il passe plus de temps en chagrin d’amour qu’en couple, se demandant si tout cela vaut le coup. L’humour cynique et dĂ©sespĂ©rĂ© de l’ouvrage fait mouche heureusement et les trouvailles sont nombreuses. Alors que l’on pourrait croire que ces adulescents dĂ©sespĂ©rĂ©s tourneraient en rond, les auteurs parviennent Ă  nous surprendre jusqu’au bout. Il y a quand mĂȘme dans cette dĂ©sillusion un petit cĂŽtĂ© « Peanuts ».

L’ouvrage est bien rythmĂ©, alternant strips et illustrations et variant les situations. On regrettera juste que le postulat de dĂ©part, trois jeunes gens dĂ©sespĂ©rĂ©s, reste un peu inexpliquĂ©. A la fermeture de l’ouvrage, on ne peut s’empĂȘcher de se demander « mais pourquoi tant de dĂ©sespoir ?! » 

Le tout est servi par le dessin de ClĂ©ment Fabre. Son trait est simple et reconnaissable. Bien que souvent il ne se passe pas grand-chose, il parvient Ă  varier les situations pour que le lecteur n’ait pas l’impression de revoir sans cesse la mĂȘme scĂšne. Quand il possĂšde un peu plus d’espace pour s’exprimer, il montre toute l’étendue de son talent. Sans jamais ĂȘtre tape-Ă -Ɠil, son dessin est efficace et parfaitement mis en valeur par des couleurs Ă  l’aquarelle magnifiques. Je suis trĂšs fan du graphisme de Fabre, Ă  la fois simple et maĂźtrisĂ© parfaitement.

Au final, j’ai vraiment Ă©tĂ© sĂ©duit par cet ouvrage. L’humour noir m’a parlĂ© et un vĂ©ritable univers se dĂ©gage des discussions des trois personnages. Le graphisme est Ă  la hauteur et renforce d’autant plus les textes. Une belle dĂ©couverte qui ne me donne qu’une envie : continuer Ă  suivre ces deux auteurs dans leurs prochains ouvrages.

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note4

Z comme Don Diego, T2 : La loi du marché

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Titre : Z comme Don Diego
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Octobre 2012


Zorro est le hĂ©ros de mon enfance. Je me rappelle des bons moments passĂ©s avec mes parents Ă  regarder les aventures du cĂ©lĂšbre justicier masquĂ©. J’avais donc jaugĂ© avec curiositĂ© l’apparition du premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Z comme don Diego ». La dĂ©couverte s’était avĂ©rĂ©e drĂŽle et sympathique. C’est donc en confiance que je me suis offert l’opus suivant paru au mois d’octobre. Il s’intitule « La loi du marchĂ© » et nous prĂ©sente un Zorro bardĂ© de sponsors tel un pilote de Formule 1. Son pĂšre, le sergent Garcia, la señorita Sexoualidad ou encore Bernardo l’accompagnent au second plan.

Au-delĂ  de la prĂ©sence du cĂ©lĂšbre Zorro, cet ouvrage possĂ©dait un autre atout Ă©vident lors de notre premiĂšre rencontre. Cet aspect Ă©tait la prĂ©sence de Fabcaro sur la couverture. J’ai dĂ©couvert ce scĂ©nariste par « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et « Steve Lumour ». Il faisait ici Ă©tat de son talent Ă  tourner en dĂ©rision des personnages de « loser ». Il Ă©tait donc curieux de voir exploiter le mythe de Zorro dans cet esprit-lĂ . Le premier Ă©pisode avait rĂ©pondu aux attentes, j’en espĂ©rais autant du second.

Un Don Diego opposĂ© au hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente.

On retrouvait donc avec plaisir ce Don Diego maladroit et Ă  l’opposĂ© du charismatique hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente. On a du mal l’imaginer sauver qui que ce soit tant il a dĂ©jĂ  du mal Ă  garder son identitĂ© secrĂšte. Nombre sont les gags Ă  se construire sur cette dimension-lĂ . Le justicier pourrait ĂȘtre dĂ©masquĂ© des dizaines de fois. Mais ce cher sergent Garcia ne vaut pas mieux que lui. On rit avec bon cƓur de la bĂȘtise de tout ce beau monde. Il va sans dire que Don Diego ne se rĂ©vĂšle dans ses tentatives de sĂ©duction. Son amour et sa bonne volontĂ© ne sont pas reconnus par la señorita Sexoualidad qui pourtant ne brille ni par ses charmes ni par sa classe. Les auteurs arrivent Ă  offrir de nombreux gags sur ce thĂšme sans pour autant se rĂ©pĂ©ter.

Afin d’éviter le cĂŽtĂ© routinier de ce type de sĂ©rie, Fabcaro dĂ©cide d’intĂ©grer un nouveau personnage qui apparaĂźt anachronique avec l’univers de Zorro. Il s’agit de Wolverino. La parentĂ© de ce dernier avec le hĂ©ros des X-Men est Ă©vidente. Apparait donc un combat digne des geeks : Zorro contre Wolverino. Rapidement, le choc apparait dĂ©sĂ©quilibrĂ© tant la maladresse de Don Diego est battue Ă  plate couture par l’efficacitĂ© de son concurrent aux lames acĂ©rĂ©es. On dĂ©couvre donc le hĂ©ros chercher un emploi plus classique tant sa dimension de justicier a pris du plomb dans l’aile. Cet aspect gĂ©nĂšre une nouvelle corde l’arc du scĂ©nariste et gĂ©nĂšre ainsi d’autres gags qui pour la plupart nous ravissent. L’album nous prĂ©sente environ quatre-vingts strips dont la grande majoritĂ© fait mouche. On sourit souvent, on rigole de temps Ă  autre. Bref, cet album est un condensĂ© de bonne humeur qui chatouille sans effort nos zygomatiques.

Les dessins de Fabrice Erre collent parfaitement Ă  l’esprit dĂ©lurĂ© du propos. Les traits tout en rondeur se prĂȘtent au cĂŽtĂ© « cartoon » des situations. Les expressions graphiques des personnages sont caricaturales et excessives et participent ainsi au plaisir de la lecture. Les pages dĂ©gagent une bonne humeur Ă©vidente. On apprĂ©cie de suivre les courses effrĂ©nĂ©es du justicier dans ce village du Nouveau Mexique. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour que le dĂ©paysement soit rĂ©ussi.

En conclusion, « La loi du marchĂ© » est un ouvrage des plus honnĂȘtes. Rares sont les albums humoristiques Ă  s’approprier de maniĂšre aussi rĂ©ussie un univers existant. Rien n’est bĂąclĂ©. Les auteurs montrent une affection certaine pour Zorro et lui rendent un bel hommage en le parodiant ainsi. Les rumeurs laissent entendre que cette sĂ©rie ne connaitra pas de troisiĂšme opus par la faute de nombre de ventes dĂ©cevant. J’en suis triste. Mais cela ne m’empĂȘche d’espĂ©rer que ce cher don Diego aura d’autres occasions de nous faire rire. Mais cela est une autre histoire
 

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note3

Kililana song, T1

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Titre : Kililana song, T1
Scénariste : Benjamin Flao
Dessinateur : Benjamin Flao
Parution : Mars 2012


« Kililana song », premiĂšre partie, a Ă©tĂ© aurĂ©olĂ© du prix Ouest-France au festival Quai des Bulles de Saint Malo. Une distinction qui donne suffisamment envie de s’y intĂ©resser ! De plus, le dessin, tout en aquarelles et en encres de l’auteur Benjamin Flao, flatte la rĂ©tine du lecteur. Alors qu’en est-il de ce premier opus ? Le tout est publiĂ© chez Futuropolis pour plus de 120 pages de lecture.

Nous sommes sur une ville cĂŽtiĂšre du Kenya. Ici se mĂȘlent pĂȘcheurs, navigateurs, expatriĂ©s et touristes. Au milieu de cet univers, NaĂŻm, 11 ans, dĂ©ambule parmi ceux lĂ , Ă©levĂ© par sa tante et pourchassĂ© par son grand frĂšre. Ce dernier veut qu’il aille Ă  l’école et devienne un bon musulman, ce dont le petit Kenyan n’a que faire. Au fil de ses pĂ©rĂ©grinations, NaĂŻm nous dĂ©crit ainsi cet univers particulier et forcĂ©ment dĂ©paysant pour un lecteur occidental.

Un carnet de voyage devenu fiction.

KililanaSong1bAu-delĂ  de l’histoire de NaĂŻm, d’autres histoires viennent se greffer. Ainsi, un arbre gĂ©ant (et magique), semble ĂȘtre le point crucial de l’histoire (et pourtant Ă  peine abordĂ©). De mĂȘme, un navigateur perdu n’a pas encore trouvĂ© son rĂŽle. C’est un peu le point faible du bouquin. L’auteur enchevĂȘtre quelques histoires mais aprĂšs 120 pages, tous les liens ne sont pas encore clairs. Ainsi, le dĂ©but de lecture est poussif et un peu perturbant, la narration restant Ă©vasive. Ainsi, c’est avant tout NaĂŻm et ses rencontres qui nous transportent pour le moment.

Benjamin Flao se repose donc sur une recette bien connue : des personnages hauts en couleur, des rencontres
 En cela, on sent que le livre est issu de ses propres voyages (ce qu’il annonce en dĂ©but de livre). Dommage que les situations se rĂ©pĂštent un peu (notamment les poursuites du grand frĂšre), si bien que le livre dilue l’intĂ©rĂȘt et l’attention du lecteur. Un peu de concision n’aurait pas fait perdre grand-chose. La fin de l’ouvrage laisse prĂ©sager de bonnes surprises, il faudra donc attendre la suite pour vraiment savoir si le fil rouge de l’ensemble est pertinent.

Au niveau du dessin, difficile de ne pas ĂȘtre sĂ©duit par le trait de Benjamin Flao. Si certaines planches sont parfois un peu confuse, ses choix de cadrage sont toujours originaux et travaillĂ©s. Ses couleurs subliment l’ensemble et nous font vraiment ressentir cette Afrique cĂŽtiĂšre, avec la mer, les bĂąteaux et la lumiĂšre omniprĂ©sente. C’est du beau travail, dynamique comme du croquis de voyage et nĂ©anmoins d’une prĂ©cision exemplaire.

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Difficile de ne pas ĂȘtre conquis par ce « Kililana song ». DĂ©paysant et pourvu d’un dessin virtuose, on a envie d’y adhĂ©rer pleinement. Mais le fil rouge peine un peu Ă  se mettre en place et les longueurs de l’ouvrage nous font tiquer. Des espoirs Ă  confirmer avec la deuxiĂšme partie !

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note3

Leo Loden, T21 : Barigoule au Frioul

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Titre : Leo Loden, T21 : Barigoule au Frioul
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Août 2012


« Barigoule au Frioul » est le titre du dernier Ă©pisode des aventures de Leo Loden, hĂ©ros nĂ© il y a plus de dix ans de la collaboration de Christophe Arleston et de Serge CarrĂšre. C’est le nom du premier citĂ© qui m’avait incitĂ© Ă  dĂ©couvrir cette saga. En effet, « Lanfeust de Troy » Ă©tait une de mes sĂ©ries de chevet Ă  cette Ă©poque-lĂ . J’étais donc curieux de partir Ă  la rencontre des diffĂ©rents univers de ce cĂ©lĂšbre scĂ©nariste. Comme pour les prĂ©cĂ©dents opus de la sĂ©rie, il s’associe Ă  Nicoloff pour l’écriture de ce vingt et uniĂšme tome mettant en scĂšne le cĂ©lĂšbre dĂ©tective privĂ© marseillais. Ce nouvel ouvrage est paru au mois d’aoĂ»t dernier chez Soleil. La couverture nous prĂ©sente Leo et son oncle sous une pluie torrentielle. Au grĂ© d’un Ă©clair, la nuit s’illumine et voit apparaitre un corps pendu. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Il ne restait donc plus qu’à se plonger dans la lecture


Pour vous prĂ©senter rapidement la trame, je vais citer le rĂ©sumĂ© proposĂ© par le site BD Gest’ : « Le ChĂąteau d’If, une forteresse imprenable qui protĂšge l’entrĂ©e du Vieux-Port
 et un refuge bienvenu quand on est pris dans un lĂ©ger grain selon Tonton (une grosse tempĂȘte selon tout le monde). C’est ainsi que LĂ©o et Loco se retrouvent au milieu d’un sĂ©minaire de motivation rĂ©unissant les cadres d’une entreprise pharmaceutique oĂč l’ambiance semble idĂ©ale
 jusqu’au moment oĂč le grand patron meurt empoisonnĂ© lors du cocktail de fin de journĂ©e. VoilĂ  une enquĂȘte parfaite pour LĂ©o : le coupable est forcĂ©ment sur l’üle et ce n’est pas le fantĂŽme du Comte de Monte-Cristo ! Mais les apparences sont peut-ĂȘtre trompeuses
 »

Cet album s’adresse, Ă  l’image de la sĂ©rie, Ă  un public trĂšs large. Le ton est lĂ©ger. Bien que construit sur la narration d’une enquĂȘte, l’humour tient une part prĂ©pondĂ©rante dans l’écriture du scĂ©nario. C’est d’ailleurs davantage au nombre de moments drĂŽles qu’à la densitĂ© de l’intrigue qu’on juge le plaisir de la lecture d’un Ă©pisode. J’ai une rĂ©elle affection pour les personnages de cette saga malgrĂ© la qualitĂ© parfois inĂ©gale des diffĂ©rents tomes. Certains crus sont excellents, d’autres apparaissent moins aboutis. Je suis donc plein d’espoir Ă  chaque nouvelle parution.

MalgrĂ© son statut de marseillais, Loden a souvent eu l’occasion de voyager Ă  l’image d’un AstĂ©rix. On prend donc souvent plaisir Ă  voir les clichĂ©s locaux ĂȘtre exploitĂ©s au service de l’intrigue. Je suis donc curieux de savoir oĂč nous mĂšne ce « Barigoule au Frioul ». Le titre est une indication. Il possĂšde un ton provençal qui nous Ă©loigne peu de la citĂ© phocĂ©enne. Mais il n’est pas nĂ©cessaire de partir bien loin pour se sentir dĂ©paysĂ©. Se trouver immerger dans un huis clos nocturne, pluvieux et ilien est intĂ©ressant. Cela l’est d’autant plus que Loden a souvent l’occasion de beaucoup se dĂ©placer lors de ses enquĂȘtes, ce qui s’avĂšre impossible ici. De plus, ce type de trame possĂšde un ton « Cluedo » qui peut s’avĂ©rer original.

Les auteurs cherchent vraiment Ă  exploiter le fait de se trouver au ChĂąteau d’If. Les allusions au lieu sont nombreuses et s’intĂšgrent parfaitement dans l’histoire. C’est une des caractĂ©ristiques mĂ©ritantes de cette sĂ©rie. A ce niveau-lĂ , le lien avec AstĂ©rix est Ă©vident. Ce dernier ne rencontre pas les mĂȘmes personnes en HelvĂ©tie, en Hispanie ou en Corse. De la mĂȘme maniĂšre, Arleston n’utilise pas les mĂȘmes ficelles quand il nous immerge Ă  Lyon, Lille, Marseille ou Toulouse. La dimension « touristique » m’a plu et j’ai pris plaisir Ă  graviter dans cette forteresse. Mais l’album n’est pas un appendice du Guide Vert. On dĂ©couvre un assassinat. Il y a une dizaine de suspects. Heureusement, Loden et son oncle sont dans la place et se charge donc de rĂ©soudre cette Ă©nigme.

Le grand nombre de personnages me laissait espĂ©rer une intrigue dense et pleine de rebondissements. Faire intervenir chacun des protagonistes devait offrir une Ă©paisseur au contenu. Au final, ils se rĂ©vĂšlent que certains restent vraiment secondaires et anecdotiques. Cela ne veut pas dire que l’histoire est creuse mais elle s’avĂšre moins « rebondissant » qu’espĂ©rĂ©e. L’histoire se laisse lire avec plaisir et ne souffre pas de rĂ©el temps mort. NĂ©anmoins, Ă  aucun moment, on est emportĂ© rĂ©ellement par les pĂ©rĂ©grinations de nos amis. Il manque un petit quelque chose qu’on est conquis par la lecture. On ne se plonge jamais de maniĂšre aussi intense que je pouvais l’espĂ©rer. On reste lĂ©gĂšrement en retrait.

Les dessins de Serge CarrĂšre correspondent parfaitement Ă  l’ambiance de la sĂ©rie. Sur ce point, l’association entre Arleston et ce dessinateur est loin d’ĂȘtre une faute de goĂ»t. Le dessin est rond et facile d’accĂšs. Il conviendra aux grands comme aux petits. Les visages sont trĂšs expressifs et complĂštement parfaitement l’aspect humoristique du propos. De plus CarrĂšre n’a aucun mal Ă  dessiner les scĂšnes de poursuite ou d’action et Ă  faire naitre ce sentiment de rythme. Les couleurs, Ɠuvre de Cerise, sont simples et vives et participent Ă  l’accueil agrĂ©able qu’on ressent en dĂ©couvrant chaque page.

En conclusion, « Barigoule au Frioul » est un tome honnĂȘte. Il est dans la moyenne de la sĂ©rie. Il est loin des meilleurs mais reste plus construit que d’autres. La lecture Ă©tait agrĂ©able Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre envoutante. Cet opus complĂšte honnĂȘtement la collection. NĂ©anmoins, pour ceux qui souhaitent dĂ©couvrir ce dĂ©tective fort sympathique, je vous conseille de lire les albums dans l’ordre. En effet, je garde une tendresse particuliĂšre pour les premiĂšres enquĂȘtes


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note2

WollodrĂŻn, T3 : Le Convoi 1/2

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Titre : WollodrĂŻn, T3 : Le convoi (1/2)
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Lereculey
Parution : Septembre 2012


« WollodrĂŻn » est une sĂ©rie nĂ©e rĂ©cemment. En effet, son premier tome date d’un petit moins de deux ans. Depuis deux autres opus ont vu le jour. C’est le dernier d’entre eux dont traite ma critique. Il s’intitule « Le convoi » et est apparu dans les librairies le cinq septembre dernier. Il est Ă©ditĂ© chez Delcourt et est vendu pour environ quatorze euros. Il est l’Ɠuvre conjointe de David Chauvel et JĂ©rĂŽme Lereculey. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Leur duo est connu dans le milieu du neuviĂšme art pour la qualitĂ© de « Sept voleurs ». Ne l’ayant pas lu, « WollodrĂŻn » est la saga qui me permet de dĂ©couvrir leur mĂ©tier. La couverture de « Le convoi » nous prĂ©sente deux personnages rencontrĂ©s prĂ©cĂ©demment. Il s’agit d’une jeune femme et de son ami orc. Ils semblent ĂȘtre pris au piĂšge, entourĂ© par de nombreuses personnes aux intentions belliqueuses.

La quatriĂšme de couverture nous offre le synopsis suivant : « Onimaku l’humaine et Hazngar l’orc, unis depuis l’anĂ©antissement du clan de ce dernier, cherchent fortune au grĂ© de leurs errances, vivant d’expĂ©dients ou de paris clandestins
 Jusqu’à ce que leur chemin croise celui d’un convoi de pionniers, le peuple d’Ernön, en route pour le lointain pays d’Hingell. AbandonnĂ©s par leurs guides, ces derniers enrĂŽlent le duo afin qu’il les mĂšne jusqu’à la terre promise. Mais certains sont prĂȘts Ă  tout pour que le convoi n’arrive jamais Ă  bon port
 »

Plus proche de l’esprit de « Lord of the Rings » que de « Lanfeust de Troy »

Le rĂ©sumĂ© prĂ©cĂ©dent indique sans mal que cette sĂ©rie s’inscrit dans le grand monde de la « fantasy ». On y trouve nain, orc, gobelin et humain. Sur ce plan, les adeptes du genre seront ravis. Les codes sont relativement classiques. On se rapproche davantage de l’esprit de « Lord of the Rings » que de « Lanfeust de Troy ». Il ne faut pas y voir un jugement de valeur mais un Ă©tat d’esprit. J’apprĂ©cie les deux de maniĂšre Ă©gale. Mais il est vrai que le succĂšs de la grande saga d’Arleston et Tarquin a eu tendance Ă  fortement influer les parutions du genre. La particularitĂ© de WollodrĂŻn, Ă  la maniĂšre de « Largo Winch » est de dĂ©couper sa narration en diptyque. Ce troisiĂšme acte est donc le premier tome de « Le convoi ». MĂȘme si les personnages ne nous sont pas inconnus, il est relativement indĂ©pendant de l’histoire prĂ©cĂ©dente qui occupait les deux premiers albums sous le titre « Le matin des cendres ». C’est un choix agrĂ©able car il Ă©vite la dilution que connait trop souvent la trame de ces sĂ©ries au long cours.

Le fait que l’histoire se dĂ©coupe en uniquement deux parties fait que les auteurs ne perdent pas de temps en digression. Les jalons de l’intrigue sont rapidement posĂ©s et notre immersion dans les pas des hĂ©ros est immĂ©diate. Le fait de retrouver le duo formĂ© d’Onimaku et Hazgnar gĂ©nĂšre un plaisir certain. Ils sont attachants et font naitre Ă©normĂ©ment d’empathie Ă  leur Ă©gard. Leurs pĂ©rĂ©grinations les mĂšnent au cĂŽtĂ© d’une curieuse communautĂ©. Cette rencontre offre un fil conducteur simple qui donne aisĂ©ment lieu Ă  une succession d’évĂ©nements rythmant la narration. Les nombreux malheurs qui agrĂ©mentent l’avancĂ©e de la caravane attise notre curiositĂ© et suscite bon nombre de questions. D’ailleurs le dĂ©nouement nous laisse en plan avec nos questions et nous fait attendre avec une certaine impatience la parution de la suite.

Les illustrations de Lereculey participent activement Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite l’histoire. Nous n’avons aucun mal Ă  nous plonger dans ces contrĂ©es au beau milieu de ses habitants. Le trait n’est pas surchargĂ© mais arrive nĂ©anmoins Ă  donner une vraie identitĂ© Ă  chaque personnage. Je trouve le personnage de Hazgnar particuliĂšrement rĂ©ussi. Ses expressions faciales sont un modĂšle du genre qui ne laissera personne indiffĂ©rent. De plus, le travail d’illustration est mis en valeur au cours de planches qui sont rĂ©guliĂšrement dĂ©pourvues quasiment de textes. Cela permet Ă  notre lecture ne voir son ambiance prendre de l’épaisseur. De plus, le travail sur les couleurs est de qualitĂ© et rend crĂ©dible l’ensemble.

En conclusion, cet album est de grande qualitĂ©. Il est dans la lignĂ©e des deux premiers opus. « WollodrĂŻn » est vraiment une sĂ©rie de « fantasy » agrĂ©able. Elle s’adresse Ă  un public relativement large par son trait et son propos. Je pense que les adeptes du genre se doivent de faire un dĂ©tour par l’univers crĂ©Ă© par Chauvel et Lereculey. De mon cĂŽtĂ©, il ne reste plus qu’à attendre la sortie de la seconde partie de « Le convoi ». Mais cela est une autre histoire


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note4

Canardo, T22 : PiĂšge de miel

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Titre : Canardo, T22 : PiĂšge de miel
Scénariste : Benoßt Sokal
Dessinateurs : BenoĂźt Sokal & Pascal Regnauld
Parution : Octobre 2012


« Canardo » est une sĂ©rie que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment. Suivre les enquĂȘtes de ce dĂ©tective au physique de palmipĂšde et Ă  l’allure de Colombo procure un plaisir certain. Je suis assez admiratif de la capacitĂ© de son auteur, Sokal, Ă  conserver une qualitĂ© d’écriture toujours Ă©levĂ©e plus de trente ans aprĂšs les premiĂšres aventures de son hĂ©ros. J’étais donc confiant et impatient de me plonger dans cette nouvelle Ă©popĂ©e intitulĂ©e « PiĂšge de miel ». Sa parution date du mois de septembre dernier. Le pĂšre historique de la saga s’associe une nouvelle fois Ă  Pascal Regnauld pour faire naitre cet opus.

Comme dans une grande partie de ses histoires rĂ©centes, Canardo se trouve proche du plat pays. La Belgique est le nouveau lieu star des pĂ©rĂ©grinations du cĂ©lĂšbre enquĂȘteur. Cela permet de faire apparaitre une ambiance grise et triste. On a le sentiment que le soleil n’est jamais de sortie. On ne peut pas dire que Sokal milite pour l’office de tourisme belge. Je me garderais de toute comparaison avec la rĂ©alitĂ© sur les plans gĂ©ographiques et mĂ©tĂ©orologiques mais je tiens Ă  prĂ©ciser que j’apprĂ©cie toujours d’ĂȘtre envoutĂ© par cette atmosphĂšre. Le travail sur les couleurs participe activement Ă  la force de cette derniĂšre. Le dĂ©paysement est immĂ©diat. On ressent un vrai plaisir Ă  retrouver cet univers qui nous est familier et qui ne nous laisse pas insensible.

Une partie de Cluedo des plus passionnantes.

Le hĂ©ros Ă©tant dĂ©tective, il lui faut donc trouver une affaire pour expliquer sa charismatique prĂ©sence sur les lieux. Il est ici en mission. On apprend rapidement qu’il surveille de prĂšs un ministre au physique peu avenant. Une parentĂ© avec notre cher ancien-futur prĂ©sident de la France ne serait qu’un hasard malencontreux. Canardo arrange une rencontre entre ce ponte et une femme splendide qui s’avĂšre ĂȘtre une prostituĂ©e de luxe. Tout cela sent le guet-apens. Mais l’intrigue prend vite une tournure diffĂ©rente quand tout ce beau monde est pris par une tempĂȘte de neige. La solution de repli pour passer la nuit est une curieuse rĂ©sidence isolĂ©e et habitĂ©e par une famille noble Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre riche.

Tout est donc rĂ©uni pour nous plonger dans une partie de Cluedo des plus passionnantes. Il n’y a pas de crime mais tous les autres ingrĂ©dients sont prĂ©sents. L’unitĂ© de lieu est imposĂ©e par la mĂ©tĂ©o. De plus, ce lieu possĂšde un charme certain. C’est un chĂąteau perdu au milieu de la forĂȘt. On retrouve une galerie de personnages importante. Chacun donne lieu Ă  des interrogations. Les secrets semblent nombreux et les cadavres doivent inonder les placards. Notre ami palmipĂšde semble vouer Ă  arbitrer tout ce petit monde et les diffĂ©rentes interactions qui vont lier les uns avec les autres. Cet Ă©tat des lieux attise donc notre curiositĂ© et fait que notre immersion est immĂ©diate. DĂšs les premiĂšres pages, par les dĂ©cors, les personnages et l’atmosphĂšre, on est conquis.

Notre plaisir ne diminuera jamais au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. A aucun moment, notre attention et notre attrait ne s’attĂ©nuera. La narration ne souffre d’aucun temps mort. Bien au contraire, l’intensitĂ© ne cesse d’augmenter. Chaque personnage, par son apparition dans l’intrigue, relance la trame. Le dĂ©nouement est Ă  la hauteur du chemin qui y mĂšne. Il n’y a aucune dĂ©ception. La derniĂšre page est un modĂšle de conclusion tant sur le plan graphique que du texte. Ce nouvel opus ravira les adeptes du cĂ©lĂšbre dĂ©tective. Ils y retrouveront tous les ingrĂ©dients qu’ils ont l’habitude de savourer. Pour ceux qui n’ont encore jamais rencontrĂ© Canardo, je ne peux que vous conseiller de dĂ©couvrir « PiĂšge de miel ». Il s’agit d’un excellent cru pour un premier rendez-vous avec le cĂ©lĂšbre palmipĂšde


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note5

Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2012


Il y a quelques semaines je me suis offert le vingt-huitiĂšme des aventures de « Pierre Tombal ». Il s’agit du dernier opus des aventures du plus cĂ©lĂšbre fossoyeur apparu dans les rayons des librairies. J’ai dĂ©couvert cette sĂ©rie il y a une vingtaine d’annĂ©es quand certains de ses albums se trouvaient dans la bibliothĂšque de mes parents. J’ai toujours pris plaisir Ă  m’y plonger et me suis donc fait ce petit plaisir de dĂ©couvrir de nouvelles anecdotes se dĂ©roulant dans le cimetiĂšre de ce cher Pierre. Cauvin s’occupe toujours du scĂ©nario et Hardy des dessins. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage coĂ»te environ onze euros et se compose de presque cinquante pages.

Pierre Tombal est fossoyeur. Il travaille donc dans un cimetiĂšre et nous fait partager son quotidien. On y suit les enterrements, l’entretien des tombes ou les visites des proches venus se recueillir. Mais cet album possĂšde deux stars qui prennent le premier rĂŽle aux vivants : la Mort et Ă  la Vie. Ces deux-lĂ  ont Ă©videmment bien du mal Ă  s’entendre particuliĂšrement dans tel lieu qui marque le passage de l’une Ă  l’autre


Une thématique des plus originales.

Comme je le signalais en introduction, cela fait trĂšs longtemps que je suis le quotidien de Pierre Tombal. La thĂ©matique de cette sĂ©rie est quand mĂȘme originale. Alors que les sagas centrĂ©es sur un mĂ©tier poussent comme des champignons dans le neuviĂšme art, Cauvin Ă©tait assez avant-gardiste avec « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc ». Mais au-delĂ  de ce cĂŽtĂ© historique, le choix du mĂ©tier de gardien de cimetiĂšre Ă©tait loin d’ĂȘtre Ă©vident. On y a associe le deuil, la tristesse, le noir, le silence ou l’angoisse. Et pourtant, cette sĂ©rie est Ă  l’opposĂ© de tout cela. Et ça commence Ă  durer !

Le bouquin se dĂ©compose en plusieurs gags. Dans la majoritĂ© des cas, ils se composent d’une seule page. Certains en nĂ©cessitent deux ou trois. Ce format fait que cet album peut se feuilleter Ă  tout moment. On n’est pas obligĂ© de tout lire d’une traite. On peut s’offrir cinq minutes de rigolade Ă  tout moment. La quasi-totalitĂ© des histoires se dĂ©roulent dans le cimetiĂšre. Il y a deux schĂ©mas narratifs principaux. Le premier voit Pierre Tombal vivre une anecdote du quotidien. On le voit donc gĂ©rer une situation surprenante, originale et parfois ubuesque. La seconde voie scĂ©naristique voit Pierre conter une histoire qui a dĂ©jĂ  eu lieu Ă  une tierce personne et au lecteur en parallĂšle. Le ton ressemble davantage Ă  une fable qu’on raconterait Ă  un enfant. NĂ©anmoins, ces deux optiques utilisent les mĂȘmes ingrĂ©dients. Une situation nous est prĂ©sentĂ©e au dĂ©but sans qu’on sache rĂ©ellement comment elle doit Ă©voluer. On suit son avancĂ©e pour aboutir Ă  dĂ©nouement surprenant et souvent drĂŽle. La recette est plus que classique. NĂ©anmoins, quand elle est bien exĂ©cutĂ©e, elle est redoutable d’efficacitĂ©.

Lors des premiers tomes de la sĂ©rie, l’essentiel des albums se concentrait sur le monde des vivants. On dĂ©couvrait les soucis du quotidien de Pierre. On rigolait de sa concurrence avec son collĂšgue du crĂ©matorium et avec celui qui organisait les immersions. Au fur et Ă  mesure que la sĂ©rie se dĂ©veloppait, il faisait parler les morts. On commençait donc Ă  voir le cimetiĂšre comme une immense rĂ©sidence dont Pierre Tombal Ă©tait le gestionnaire et les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es les locataires. Cette idĂ©e a donnĂ© une ampleur humoristique Ă©norme Ă  mes yeux. Ensuite, au bout d’un moment, la Mort s’est matĂ©rialisĂ©e. Elle offre Ă  son tour une autre corde Ă  l’arc du scĂ©nariste. Voir cette derniĂšre faire son boulot comme n’importe quel employĂ© est drĂŽle. Elle possĂšde des Ă©tats d’ñmes et s’avĂšre de temps Ă  autre maladroite. Bref, elle est bien plus humaine qu’on pouvait le penser. Puis c’est adjoint la Vie qui prend les traits d’une petite fille qui sautille en permanence. Elle est Ă©videmment l’ennemie intime de la Mort. C’est cette derniĂšre recette qui est particuliĂšrement exploitĂ©e dans « L’amour est dans le cimetiĂšre ». Elle est souvent utilisĂ©e Ă  bon escient. L’imagination de Cauvin fait souvent mouche. NĂ©anmoins, je regretterais presque que le scĂ©nariste mette de cĂŽtĂ© les autres aspects de son univers. En effet, la diversitĂ© des gags fait partie de la rĂ©ussite de cette sĂ©rie. C’est dommage.

Concernant les dessins, le trait est reconnaissable. Pierre Tombal a subi relativement peu d’évolution Ă  ce niveau-lĂ  depuis sa naissance. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able car cette dimension graphique fait partie intĂ©grante de l’univers de « Pierre Tombal ». MalgrĂ© un aspect assez brouillon, le style de Hardy s’avĂšre dynamique. Les personnages ne sont jamais statiques et sont particuliĂšrement expressifs. Les personnages masculins ont parfois des visages « cartoonesques » alors que les femmes sont  plutĂŽt classiques. Cet aspect excessif participe Ă  la bonne humeur qui se dĂ©gage de cet album.

En conclusion, je n’ai pas regrettĂ© de m’ĂȘtre procurĂ© « L’amour est dans le cimetiĂšre ». J’y ai trouvĂ© tout ce que j’étais venu y chercher. La qualitĂ© est la mĂȘme que dans les premiers tomes. Ce n’est pas toujours le cas dans ces sĂ©ries au long cours et je tenais Ă  le signaler. Je pense mĂȘme que je craquerai pour le vingt-neuviĂšme opus dĂšs son apparition dans les bacs. Mais cela est une autre histoire
 

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la derniĂšre dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallĂšles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixiĂšme tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂȘme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment Ă  quelle Ă©poque on se trouve Ă©tant donnĂ© le fait que chaque nouvelle histoire prĂ©sente une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. On prend donc un rĂ©el plaisir Ă  errer dans l’universitĂ© impĂ©riale de Saint-PĂ©tersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matiĂšre noire qui Ă©tait au centre de la premiĂšre dĂ©calogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empĂȘche pas de prendre un rĂ©el plaisir Ă  voir ces Ă©tudiants et professeurs jouer Ă  l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal Ă  s’immerger dans cette uchronie sĂ©rieusement construite.

Mais au-delĂ  de sa dimension scientifique, l’intrigue possĂšde de nombreuses zones d’ombre qui suggĂšre bon nombre d’interrogations. Notre curiositĂ© est ainsi en permanence sollicitĂ©e. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possĂšde une densitĂ© scĂ©naristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir Ă  s’y perdre. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relĂ©guĂ©s dans cet opus au second rang. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able parce qu’on a le sentiment de repartir Ă  zĂ©ro. Ce sentiment m’avait manquĂ© en lisant « New Beijing ». La dimension « rĂ©chauffĂ©e » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprĂ©ciĂ© cet Ă©tat de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallĂ©lisme de chacune en lui offrant sa propre identitĂ© graphique. C’est donc Nicolas Otero qui Ă©tait chargĂ© de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre Ă  la premiĂšre page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possĂšde suffisamment de caractĂšre qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. NĂ©anmoins, une fois le trait domptĂ©, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir l’univers illustrĂ© par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les dĂ©cors, tout est rĂ©ussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complĂšte parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvĂ© l’adrĂ©naline qui accompagnait ma dĂ©couverte de la sĂ©rie initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre Ă  nouveau le goĂ»t de l’aventure. J’espĂšre que la suite sera du mĂȘme acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la mĂȘme qualitĂ© que l’Ɠuvre originale. Ce nouvel album me laisse espĂ©rer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que « New Delhi » soit Ă  la hauteur de mes espĂ©rances. Mais cela est une autre histoire


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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T2 : La rĂ©vĂ©lation, 1/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », m’avait Ă  la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă  son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation – 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ  changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »   intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas trĂšs rassurĂ© quand j’ai ouvert cette bande-dessinĂ©e.

La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă  s’armer et Ă  repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers l’orient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens l’accompagnent. Quand Ă  Julius, parfaitement athĂ©e, il n’est lĂ  que pour pousser le nouveau messie Ă  abandonner sa quĂȘte.

« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, l’histoire n’a pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă  la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.

Du mal Ă  accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence Ă  se faire sentir. La Mort rĂŽde et l’Apocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que j’ai du mal Ă  Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă  accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est lĂ -dessus que j’achoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si j’avoue regretter toujours ce genre d’évĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ  prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et l’intĂ©rĂȘt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !

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note4

Billy Brouillard, T3 : Le chant des sirĂšnes – Guillaume Bianco

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Titre : Billy Brouillard, T3 : Le chant des sirĂšnes
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2012


Billy Brouillard reprend du service dans ce troisiĂšme tome appelĂ© « Le chant des sirĂšnes ». Alors qu’il ne voit plus de monstres et peut ainsi vivre beaucoup plus tranquillement, Billy part en vacances Ă  la mer. Il va alors croiser des nymphes et replonger dans ce monde fantastique oĂč les bestioles en tout genre cohabitent au milieu des fantĂŽmes. Le tout est toujours publiĂ© dans la collection MĂ©tamorphose aux Ă©ditions Soleil. Cet univers sort tout droit de la plume de Guillaume Bianco.

« Billy Brouillard » est une sĂ©rie originale qui traite de l’imaginaire de l’enfance de façon glauque. Mais c’est surtout un melting-pot de la narration : bande-dessinĂ©es, illustrations, poĂšmes, textes illustrĂ©s, publications scientifiques
 Il y a de quoi faire dans ce livre. Du coup, le lecteur sera souvent dĂ©stabilisĂ©, voire gĂȘnĂ© par ce fouillis. Mais c’est justement avec ce genre d’ouvrage que l’objet livre prend tout son sens.

Billy Brouillard va donc rencontrer une sirĂšne qu’il va devoir aller sauver au plus profondĂ©ment de la mer. Car la petite dormeuse risque de se rĂ©veiller
 Si l’histoire dans « Billy Brouillard » Ă  une fĂącheuse tendance Ă  digresser, le fil rouge existe bel et bien. Il est dommage qu’en dĂ©but d’ouvrage, on mette si longtemps Ă  voir arriver l’intrigue principale. Clairement, Guillaume Bianco prend son temps et se fait plaisir le long des 128 pages de l’ouvrage. Ainsi, n’y cherchez pas une grande histoire, « Billy Brouillard » est avant un ensemble d’anecdotes qui construisent un univers loufoque, fantastique et malsain.

Une plongée en enfance.

La richesse de la narration se retrouve Ă©galement dans les Ă©motions qui nous traversent : tristesse, humour, aventure
 Il y en a pour tous les goĂ»ts ! C’est une vraie plongĂ©e en enfance que nous propose Guillaume Bianco. Cette richesse se retrouve aussi dans le graphisme. Ce dernier s’adapte et propose des variations sur le mĂȘme thĂšme : noir et blanc avec ou non des hachures, lavis
 Et c’est sans compter sur les gazettes du bizarre qui ajoutent encore une variĂ©tĂ© dans le graphisme. Je suis tombĂ© amoureux du dessin de Guillaume Bianco. Il retransmet parfaitement les deux facettes de son univers : l’enfance et le fantastique.

DerriĂšre l’originalitĂ© et la pertinence de l’objet, on tiquera un peu sur les nombreuses digressions qui gĂȘnent parfois la lecture. Lire cet ouvrage demande un vrai investissement tant il est rude Ă  assimiler, tant sur le fond que sur la forme. Cependant, si vous parvenez Ă  vous immerger dans ce monde, c’est un vĂ©ritable plaisir ! 

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