Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous ! – Charb

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Titre : Maurice et Patapon, T6 : Mariage pour tous !
Scénariste : Charb
Dessinateur : Charb
Parution : Mai 2013


Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo. Je ne suis pas hermétique à ce type de presse mais disons que l’occasion ne s’est jamais présentée de m’y plonger. Ce n’est donc pas par ce chemin que j’ai découvert Charb. En effet, ma rencontre avec cet auteur a eu lieu grâce un de mes anciens collègues qui m’a mis dans les mains le premier tome de Maurice et Patapon. Je suis tombé sous le charme de ses deux personnages uniques dans leur genre. Depuis, je guette la parution de chaque nouvel épisode dans les librairies. Le dernier en date s’intitule Mariage pour tous !. Edité chez Les Echappés Charlie Hebdo, il est apparu dans les rayons en mai dernier. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture, sur fond vert, nous présente le chien et le chat en costume de mariés. Cette illustration est pleinement en accord avec le titre et l’actualité.

Notre premier contact visuel pourrait laisser croire que cet album surfe sur un sujet vendeur et dans l’air du temps. Ce n’est absolument pas le cas. De mémoire, quasiment aucun des strips n’évoque le mariage gay. Cet ouvrage se compose d’une soixantaine de pages. La majorité des planches est partagée en trois bandes de trois cases chacune. Elles sont toutes indépendantes les unes des autres. Certains gags se déroulent sur une seule page mais ils sont minoritaires. La structure de l’album incite à le feuilleter. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de le dévorer d’une seule traite.

Des réflexions sur la connerie humaine qui sont de vrais moments de bonheur.

On pourrait croire que Charb axe la majorité de son travail sur le dessin satirique et sur l’actualité. Ce n’est pas tout à fait le cas. L’auteur ne se concentre pas sur des événements précis pour développer son message. Ses histoires se rapprochent davantage de grande vérité sur la société et s’avèrent finalement assez intemporelles. Ces réflexions sur la connerie humaine sont de vrais moments de bonheur. Il énonce un grand nombre d’évidences avec un style brut de décoffrage qui déclenchent sans aucun mal de vrais rires francs. Il faut par contre vous prévenir que le style est loin d’être politiquement correct et pourrait choquer ou mettre mal à l’aise les lecteurs les plus sensibles.

Charb est incontestablement un des meilleurs dans le domaine de l’humour scatologique. Il n’y a quasiment pas un seul gag qui ne voit pas apparaitre les défections du chien. Ce dernier évoque ses « productions » comme une personne. Les phrases fusent et raviront les adeptes du genre. J’ai vraiment ri de bon cœur tout au long de ma lecture. Quand les « merdes » ne sont pas de sortie, le sexe fait une entrée remarquée. Le gras trouve une place de choix dans cet ouvrage ! La sodomie, la zoophilie, la fellation… Rien n’est oublié ! Je suis assez impressionné par la capacité de Charb à générer autant de strips avec finalement aussi peu d’ingrédients de départ. C’est un vrai talent. Il arrive à produire plus de cent cinquante gags de grande qualité. La densité humoristique de l’ensemble est bonne. Il n’y a vraiment pas grand-chose à jeter.

Le dessin est facilement reconnaissable. Quiconque a déjà eu l’occasion de voir une illustration de Charb n’aura aucun mal à identifier son trait. D’apparence assez simple, il s’accorde parfaitement avec le propos de l’album. Quand le contenu est aussi gras et scatologique, il est important que le graphisme n’atténue pas le ton. Les expressions de Maurice et Patapon accentuent encore le côté incorrect de l’album. Les couleurs sont minimalistes. La majorité des strips ne voit aapparaîtreque l’orange de Maurice et le jaune de Patapon. Certaines cases voient aapparaîtrele vert de l’herbe, une burqa bleue ou du sang rouge. Mais tout cela reste anecdotique.

Au final, Mariage pour tous ! a répondu à mes attentes. J’ai beaucoup ri et ai aimé être choqué ou outré par certains propos de Charb. Je ne suis pas d’accord avec tous ses excès mais cela ne m’empêche de prendre beaucoup de plaisir à le lire déblatérer ses quatre vérités. Je ne peux donc que conseiller à tout le monde de partir à la découverte de Maurice et Patapon. Vous serez peut-être conquis mais pourquoi ne pas courir le risque de trouver cela drôle ? 

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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai découverts en lisant la saga Block 109. Cette série m’a conquis autant par son scénario que par son atmosphère. Il s’agit d’une uchronie de grande qualité sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de découvrir leur nouveau projet intitulé Chaos Team. Le premier épisode était très réussi et a attisé ma curiosité. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulée sobrement Chaos Team 1.2. Edité chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agréable.

La quatrième de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a été un échec complet pour le Chaos Team. Et suite à l’arrivée de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloqués à Lima. C’est au moment où ils s’apprêtent à s’enfuir de la capitale de la Nouvelle République Démocratique du Pérou que se manifeste un allié pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens à préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-là. Malgré les rappels réguliers quant au passé de la trame, il m’apparaît compliqué d’en maîtriser tous les arcanes sans prendre le temps de découvrir sereinement les prérequis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable à celle des comics américains. L’intrigue se décompose en petit chapitre à l’identité propre et à la dernière case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliqué par Vincent Brugeas à la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus précisément la personnalité des différents protagonistes. Néanmoins, ce mécanisme est moins utilisé dans ce second acte que dans le précédent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une équipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spéciales du monde. Les événements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possède des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations à dose homéopathiques. Cette dimension secrète rend les personnages fascinants et charismatiques malgré une moralité parfois nébuleuse. Les découvrir a été généré un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyé une attaque extra-terrestre. De nouveaux équilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualité. Le premier tome était pleinement centré sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de déroulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les révélations s’enchainent à un rythme assez effréné. La trame utilise des ingrédients classiques qui ne révolutionnent pas le genre. Mais la qualité des personnages fait largement oubliée l’absence d’originalité de l’histoire. Rarement, une série est arrivée à faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissé porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux côtés de John et ses acolytes plutôt que pour découvrir le dénouement.

L’atmosphère réaliste de cet univers résulte en grande partie de la qualité des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement à l’aura des personnages. Il leur offre une réelle profondeur et une identité graphique évidente. Un dessinateur aussi talentueux permet à la bande dessinée de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger à nouveau dans cette aventure. Même si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualité de la série. Je suis donc curieux de découvrir la suite qui est promise pour l’année prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de découvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indifférent…

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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier épisode d’une saga née de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai découvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai été conquis par le travail des deux auteurs et par la qualité de l’univers qu’ils avaient créé. C’est donc avec une curiosité forte que je me suis plongé dans leur dernière production sorti en librairie le sept février dernier. Son format se rapproche de celui de la série précédente. Edité chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se déroule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scénariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous présente un personnage charismatique. Il est grand, musclé, expérimenté. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dévastée. L’atmosphère dégagée s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos évoquée dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Près de quatre ans après une frappe extraterrestre qui a détruit la majorité des forces armées et mis à genoux les gouvernements des différentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maîtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus désormais de véritables seigneurs de la guerre font souvent appel à une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survécu à l’invasion et à même de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de première nécessité : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous découvrons la Chaos Team, une unité de mercenaires liée à Blackfire et dirigée par John Clem, en mission de protection à Grenade, auprès du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une année zéro correspondant à la date de l’invasion extraterrestre. Les différents événements qui nous sont contés sont repérés par rapport à ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se découpe en chapitres qui peuvent être antérieurs ou postérieurs au « moment repère ». L’histoire ressemble donc à un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoires. Cela amène une densité forte à la lecture. Le dosage scénaristique est bien maîtrisé.

ChaosTeam1bChaque chapitre est précédé d’une présentation de son casting. La première page nous liste les différents protagonistes impliqués dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hétéroclite servent de fil conducteur à notre découverte de cet univers. Les personnages sont évidemment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possèdent nécessairement des capacités largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nécessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur côté mercenaire fait qu’on n’arrive pas à ressentir une empathie absolue à l’encontre de tout ce beau monde. Leur éthique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particulièrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possède un trait assez unique qui génère une atmosphère forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variés et détaillés pour qu’on n’ait aucun mal à les différencier et à se les approprier. Le travail sur les couleurs est également de grande qualité et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scènes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est très réussi. Il se lit avec appétit. D’ailleurs je m’y plongerai à nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des différents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Le chien qui louche – Etienne Davodeau

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Titre : Le chien qui louche
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Octobre 2013


 Etant un fervent et régulier visiteur du Louvre, j’aime lire la collection qui y est consacré chez Futuropolis en partenariat avec les instances du Musée. Faisant appel à de (très) grands noms de la bande-dessinée, cela reste hélas souvent des œuvres de commande où les bédéastes peinent à pleinement s’accomplir. J’avais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue d’un gardien de musée… Le tout pèse quand même 134 pages.

Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la première fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frères et le père sont peu commodes et très beaufs, à la tête d’une entreprise de vente de meubles. Mais un aïeul a été peintre au cours du XIXème siècle. On n’a gardé de lui qu’une toile d’un chien qui louche. Ce tableau est évidemment une croûte sans intérêt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.

LeChienQuiLouche2Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thème. Ainsi, il pose la question de la légitimité de la présence d’une œuvre au Louvre. Qui décide, comment et pourquoi ? Il amène aussi par la famille très beauf le problème de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les œuvres et ne pas les respecter du tout. Quant à la culture, clairement, ils n’y comprennent rien, reprochant la nudité des statues et faisant des remarques complètement déplacées et décalées sur ce qu’ils voient.

Dialogues truculents et burlesque.

Hélas ces réflexions ne vont pas bien loin et l’histoire part finalement dans l’absurde, voire le burlesque une fois l’apparition de la curieuse République du Louvre. Le soufflet retombe et à la fermeture de l’ouvrage, on se demande si l’auteur n’aurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. Malgré tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans réellement arriver à s’approprier le sujet. C’est certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.

Concernant le dessin, c’est du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agréable. L’auteur n’est pas n’importe qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout d’une peinture, c’est bien les sculptures du Louvre qui obsèdent Davodeau qui les dessine à tort et à travers. On reconnaît sans peine les œuvres, mais du coup le parallèle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. C’est dommage, on passe peut-être à côté de quelque chose d’intéressant.

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« Le chien qui louche » est un peu inégal. Si certaines scènes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux découvrent qu’il y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens général de l’ouvrage manque un peu de substance et de réflexion. A la fermeture du livre, on a l’impression que l’auteur n’est pas allé au bout de sa démarche. Dommage.

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Note : 12/20

Jours de gloire – Fabcaro

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Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche à chaque fois. Quand je suis tombé sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y résister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas…

Le strip est une des spécialités de Fabcaro. Du moins le gag à chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas là pour réussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est également le cas ici. La différence, c’est qu’il n’y a pas réellement de contexte, alors que les précédents bouquins cités concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de série télé. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance étant une des qualités de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacité. Son héros (ou plutôt antihéros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand même au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre héros est un imbécile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hélas vite et le livre est refermé alors que l’on en demande encore… Le format à l’italienne est parfaitement adapté à l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert à cacher la pauvreté du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages à lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adapté au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de décor. Mais l’essentiel n’est pas là, c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips réalisés entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela méritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drôles et réussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposé. Quant à Fabcaro, il nous a habitué à encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte à ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une déception, même si le tout m’a donné le sourire du début à la fin.

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Note : 10/20

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

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Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel » est un personnage créé par le célèbre auteur de bandes dessinées Maëster. Sa naissance est antérieure à l’apparition de la célèbre et peu académique Sœur Marie-Thérèse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des années quatre-vingts. J’ai profité de l’édition d’une intégrale en fin d’année dernière pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme à lunettes et aux hormones fortement chatouillées. L’ouvrage coûte autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pérégrinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son âge. Il possède une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultés à gérer ses émotions et tombe ainsi rapidement dans l’excès et dans de grands moments de délire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne…

Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse à un public adulte et averti. Il est évident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goût. Mais l’atmosphère est davantage à l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinées en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de Maëster est déjà caractéristique. Il possède une plume précise et offre des planches pleines de détails. Je suis assez fan de son style qui arrive à doser avec maestria les touches exubérantes générées par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmées. Leur format implique une mise en place rapide, un développement dense et un dénouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contées par Maëster n’est négligée. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est appréciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualité constante est une performance. Chaque case est travaillée dans les moindres détails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot joliment tourné. Il s’agit d’une caractéristique de bon nombre d’œuvres estampillées Fluide Glacial de cette époque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgré la trentaine d’années qui nous sépare de leur première parution, ces épisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est déluré. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excès. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La conséquence est que je suis resté parfois extérieur à certaines aventures. Néanmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. Maëster offre une jolie gamme de délires centrés sur cet obsédé sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le héros est graphiquement réussi. Au premier abord, il apparaît comme un jeune homme de bonne famille en âge d’être étudiant. Il est assimilable à ces personnes qui appartiennent à notre univers mais qui semblent transparentes et dont la présence n’est jamais remarquée. Le décalage entre l’impression extérieure et ses poussées d’hormones qui le brûlent de l’intérieur facilite la dimension exubérante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passé un bon moment à découvrir ce bouquin. Le premier contact est agréable car l’objet est de qualité. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuvième art. Je le conseille donc à tous les adeptes de l’humour estampillé « Fluide Glacial ». Il s’agît d’une des premières marches construites par Maëster qui le mènera vers sa série culte mettant en scène la plus trash des bonnes sœurs…

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Note : 13/20

Aâma, T3 : Le dĂ©sert des miroirs – FrĂ©dĂ©rik Peeters

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Titre : Aâma, T3 : Le désert des miroirs
Scénariste : Frédérik Peeters
Dessinateur : Frédérik Peeters
Parution : Octobre 2013


A sa sortie, « Aâma » s’est imposé comme une excellente série de science-fiction. Après un premier tome très réussi, Frédérik Peeters avait su confirmer l’essai avec brio. Si bien que c’est plein de confiance que j’ai commencé la lecture de ce troisième tome intitulé « Le désert des miroirs ». On nous avait laissé en plein suspense et c’est avec hâte que je lisais le bouquin. Ce dernier est toujours publié chez Gallimard pour un total de 86 pages.

aama3cLes hommes ont créé, avec l’aâma, de la vie sur une planète qui n’en possédait pas. Chargés de retrouver cet aâma, le groupe se retrouve attaqué par ces nouvelles formes de vie. Nous reprenons donc l’histoire en plein combat. Après une dizaine de pages, le groupe reprend son chemin, amenuisé.

Le tome deux faisait montait la tension au fur et à mesure des pages. Ce n’est pas vraiment le cas ici, bien au contraire. Après un début plein d’action, le tout se pose fortement avant de partir dans l’onirisme. Le genre d’histoire où chacun fait des rêves qui lui apportent des réponses, voire lui permet de connaître l’avenir. J’ai pour ma part complètement décroché devant ce que je considère comme une facilité scénaristique. Alors que la série était construite sur une base cohérente, elle part ici dans quelque chose de bien moins intéressant. Ainsi, le repas entre Verloc et son frère est un prétexte à flashbacks et explications sur leur enfance…

Moins de clarté dans la narration.

De même certaines ellipses et explications aama3amanquent un peu de clarté. Le passage vers certains lieux est souvent flou. C’est dommage car c’était un des points forts de la série de faire évoluer le paysage et les endroits de façon cohérente et crédible. On a l’impression que l’auteur s’embarrasse moins des détails.

La série garde bien sûr certaines de ses qualités. Les personnages continuent à osciller toujours entre sympathie et antipathie. Leur humanité est assez exceptionnelle. Aucun n’est parfait, ni même vraiment bon et chacun suit sa propre voie. La psychologie des personnages est d’autant plus le cœur de la série dans cet album.

Le dessin de Frédérik Peeters est toujours de haute volée. Aussi bien à l’aise dans la création de mondes fantasmés que dans l’action ou l’émotion, il frappe une nouvelle fois fort. Et que dire de son découpage dynamique, inventif et d’une efficacité qui n’est plus à prouver.

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J’ai été profondément déçu par ce tome. Doté d’une narration moins claire et d’un onirisme auquel je n’ai pas adhéré, j’ai eu bien plus de mal à entrer dans l’histoire et à me sentir pris par les événements. Clairement, ce tome est un pivot qui ravira les uns et déplaira aux autres. A vous de voir où vous vous situez !

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Note : 12/20

Le siècle des ombres, T4 : La sorcière – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siècle des ombres, T4 : La sorcière
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Janvier 2013


Les Stryges sont des bestioles imaginées par Eric Corbeyran il y a un petit peu plus de dix ans. Tout a commencé par la série originale « Le chant des stryges ». Par la suite, sont apparues « Le maitre de jeu » et « Le clan des chimères ». La dernière naissance dans cet univers est celle de « Le siècle des ombres » en 2009. Son quatrième opus est paru au début du mois de janvier. Son titre est « La sorcière ». Edité chez Delcourt dans la collection Machination, son prix avoisine quatorze euros. Pour cette saga, le célèbre scénariste s’est associé à Michel Suro pour les dessins et Dimitri Fogolin pour les couleurs.

lesiecledesombres4bAvant d’entrer pleinement dans la critique de cet album, je vais expliquer rapidement aux néophytes ce qu’est un stryge. Il s’agit de grandes bêtes ailées qui vivraient dans l’ombre de l’humanité depuis toujours. Elles sont le garant de toutes les connaissances de l’univers. Elles ont été amenées à confier une partie de leur savoir à Sandor Weltman. Devenu immortel, ce dernier s’exonère de leur domination. On découvre donc Cylinia et Abeau, découverts dans « Le clan des chimères » partir à sa recherche en tant qu’alliés des Stryges…

Je ne vous cache qu’il me parait plutôt intéressant d’avoir lu les différentes séries précédemment citées pour profiter pleinement de cette aventure. Postérieur à « Le clan des chimères » et antérieur à « Le chant des stryges », « Le siècle des ombres » est à un croisement intéressant pour les adeptes de cet univers. L’immersion dans l’histoire était relativement rapide dans les premiers opus. Le rythme de narration était soutenu et les événements se succéder à un rythme effréné. Néanmoins, j’étais curieux de savoir où nous menait cette série. Pour l’instant, on assiste uniquement à une course poursuite parsemée de révélation. J’aimerais voir s’éclaircir l’objectif final de tout cela.

Les scènes se succédent de manière quasiment indépendante.

lesiecledesombres4cIl s’est déroulé quinze ans depuis le dénouement du tome précédent. Weltman est obsédé par la révélation que lui a faite Cylinia. Elle attendait un enfant de lui et suite à son accouchement, elle a confié le petit au monde des fées. On découvre également davantage la jolie Donessa, dévoué à Weltman et à peine entrevue jusqu’alors. L’attrait de la narration réside également dans une quantité relativement importante de flashback. Ce n’est pas désagréable car cela désassombrit certaines choses. Cela densifie également le propos. A contrario, cela nous donne l’impression de peu voir avancer l’histoire. De plus, l’intrigue voit naître un sentiment brouillon. On voit les scènes se succéder de manière quasiment indépendante. Je regrette un certain manque de liant entre tout cela. Par contre, la quantité d’informations  contenues dans cet ouvrage laisse présager une accélération de l’histoire au cours des prochains épisodes.

La lecture offre un plaisir intéressant en nous immergeant dans le siècle des Lumières. On découvre cette époque avec un plaisir certain. Le personnage de Weltman se trouve au centre de ce mouvement. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie, il côtoie Diderot ou Rousseau. Cet aspect fait du fugitif un personnage aux multiples facettes qui ne laisse pas le lecteur indifférent. Au gré des événements, notre cœur balance entre les suiveurs et le suivi. Les dessins de Suro sont d’une qualité correcte. On n’a aucun mal à s’approprier les personnages. Les décors sont suffisamment travaillés pour qu’on n’ait aucun mal à se sentir dépaysé. Néanmoins, je ne peux pas dire que son trait transcende la narration. Elle l’accompagne avec talent, ce n’est déjà pas si mal.

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En conclusion, « La sorcière » poursuit avec honnêteté les quêtes des uns et des autres. Les stryges et le monde des fées apparaissent davantage et offre une dimension à l’ensemble. Il faudra espérer que la suite fasse pleinement pousser ces graines plantées. Pour cela, il faudra attendre la parution du cinquième tome. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20

Ma rĂ©vĂ©rence – Wilfrid Lupano & Rodguen

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Titre : Ma révérence
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Rodguen
Parution : Septembre 2013


Ma révérence est un album que j’ai découvert en lisant une critique à son propos dans une revue. J’avais également l’occasion d’y découvrir les premières planches. Sans savoir exactement où je me plongeais, j’ai décidé de partir à la découverte de cet ouvrage né de la collaboration de Wilfrid Lupano et de Rodguen. Le premier se charge du scénario et le second du dessin. L’histoire se déroule sur près de cent trente pages. Il est édité chez Delcourt et son prix avoisine dix-sept euros. La couverture nous présente deux personnages. L’un est jeune et tient une immense peluche à la main. L’autre, plus âgé,  a le style de Dick Rivers et tient un flingue. On y voit aussi un fourgon blindé amené à être central dans l’intrigue.

La quatrième de couverture offre la mise en bouche suivante : « Depuis maintenant un mois, je bois mon café tous les matins à la brasserie des Sports, à côté de Bernard. Il est convoyeur de fonds… Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la décision ferme et définitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma révérence… et ce jour-là, ma vie a changé. »

MaReverence2Ce bouquin est un « one shot ». Je ne connaissais donc pas ses personnages et ne devraient pas être amené les croiser dans une autre aventure bédéphile. Je supposais donc que l’histoire nous offrirait un départ et un dénouement, ce qui n’est pas désagréable. Son grand nombre de pages me laissait espérer une intrigue dense et des protagonistes travaillés. Bref, c’est plein d’optimisme que je partais à la rencontre de Vincent et de Gaby.

La narration est subjective. Les événements nous sont contés à travers le regard de Vincent. Il est un jeune trentenaire dont la vie a subi quelques sorties de route. Il s’est décidé à braquer un fourgon. Les raisons qui l’ont amené à cette extrémité sont distillées tout au long de l’histoire. Il possède un côté looser qui rend son projet peu réaliste. Ce sentiment s’intensifie au moment où j’ai découvert son complice alcoolique à la fiabilité peu convaincante. La trame se construit autour de ce duo assez réussi de prime abord. Je me suis rapidement attaché à Vincent. Ses cicatrices sont touchantes et font que je n’arrivais jamais vraiment à le voir comme un délinquant. Néanmoins, il est évident que le personnage le plus haut en couleur est Gaby. Il fait partie de ces copains auxquels on s’attache autant qu’on ne supporte pas l’immaturité. Il est de ces personnes qui sont des boulets qu’on se traîne sans jamais vouloir s’en séparer. Il est très réussi et je regrette qu’il ne prenne pas une place moins secondaire dans l’intrigue. Cela aurait permis à l’ensemble d’être plus drôle et également plus intéressant. En effet, Gaby possède des zones d’ombre que les autres choisissent de ne pas réellement explorer. C’est un choix qui se respecte mais que je regrette.

“Une rĂ©ussite inĂ©gale.”

L’enjeu est donc le braquage d’un fourgon. Les pages nous rapprochent donc inéluctablement du moment où Vincent et Gaby devront assumer un acte qui les mettra au ban de la vie qu’il connaissait jusque-là. A l’aide de flashbacks, les auteurs nous font vivre le terreau qui a fait germer cette idée folle. Ces ruptures chronologiques sont régulièrement réparties et ont pour but apparent de relancer l’intérêt du lecteur. C’est une réussite inégale. En effet, certaines révélations influent profondément le regard porté sur les personnages. D’autres sont davantage des clichés sur la misère sociale et sont moins intéressants en n’apportant aucune dimension supplémentaire à l’histoire.

En débutant ma lecture, je l’ai trouvée originale. Les personnages, l’intrigue et l’univers me paraissaient être une base solide à un album de qualité. Hélas, je trouve que tous ces arguments se diluent au fur et à mesure que les pages défilent. Notre curiosité n’est pas relancée, notre intérêt n’est pas alimenté. Le ton devient plus lisse. Les rebondissements sont plus prévisibles. Bref, tout ne va pas dans le bon sens. Alors que le début m’avait vraiment séduit, j’avais un sentiment bien plus mitigé en refermant l’ouvrage.

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Concernant les dessins, j’ai du mal à me faire un avis définitif sur le trait de Rodguen. Certaines cases sont très réussies. Certains visages sont d’une réalité forte. Ils dégagent une intensité qui ne laisse pas indifférent. Par contre, à l’opposé, je trouve d’autres planches plus banales sans réelle identité graphique. Je dirai donc que la qualité des illustrations est inégale. Pour résumer, je ne suis pas tombé sous le charme mais serait curieux de découvrir un autre travail de ce dessinateur pour me faire une idée plus précise de son style.

En conclusion, Ma révérence ne m’a totalement conquis. L’album n’est pas dénué d’intérêt et d’idées. Mais la qualité inégale et irrégulière du propos fait que j’ai eu du mal à m’immerger dans l’histoire sur la durée. Je suis donc envieux d’une certaine manière des nombreux lecteurs enthousiastes à l’égard de cet ouvrage. En effet, cet opus possède des échos très favorables sur la toile. Comme quoi, les goûts et les couleurs…

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Note : 10/20

Johnny Jungle, T1 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂ´me Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T1
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JĂ©rĂ´me Jouvray
Parution : Janvier 2013


Johnny Jungle a eu une vie mouvementée. Enfant sauvage, il fut élevé par des singes avant de se retrouver en pleine civilisation et de devenir champion de natation et star d’Hollywood. Aujourd’hui, Johnny est traqué et il se rappelle de sa jeunesse… « Johnny Jungle » est la première partie d’un diptyque. Ce premier tome fait plus de 70 pages et est publié aux éditions Glénat.

Tout rapport entre la vie de Johnny Weismuller n’est évidemment que pure coïncidence. Johnny ici est donc un mix de Tarzan et de Weismuller, ces deux derniers étant bien sûr très entremêlés. Dans cette fausse biographie, l’humour est le maître mot de l’aventure. Johnny se raconte avec une part de narration non-négligeable que vient renforcer les dialogues.

Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succès… au risque de s’y perdre ?

La mĂ©thode du flashback Ă©tant uniquement un prĂ©texte Ă  relancer le suspense Ă  la fin du tome, on dĂ©couvre la vie de Johnny avant tout de façon chronologique. On dĂ©couvre sa vie dans la jungle avec sa mère et son copain frère de liane Kinka. Un curieux missionnaire allemand lui apprend Ă  crier comme Tarzan… Mais c’est surtout sa rencontre avec Jane qui va tout changer. Johnny dĂ©couvre la civilisation et le succès… au risque de s’y perdre ?

Si l’histoire en soit ne surprendra pas le lecteur (puisque ce n’est pas le but), c’est l’humour qui donne tout le sel à l’ouvrage. Le cynisme des auteurs pour l’humanité couplé à la naïveté de Johnny fonctionne parfaitement. Les seconds rôles sont parfaitement réussis, de l’imprésario au réalisateur, en passant par le missionnaire. De plus, entre les épisodes de la vie de Johnny, il nous est donné à voir un des personnages interviewé des années après l’histoire qui nous parle  de Johnny. Ces petits moments sont très drôles et donnent d’autant plus de piquant à l’ouvrage. On peut citer également les affiches de films, régulièrement parsemées dans le livre qui jouent le même rôle d’authentifier cette biographie.

Le dessin possède un trait expressif, parfaitement adapté à l’humour de l’ouvrage. Cependant, le dessin parvient à fonctionner également dans les passages où l’émotion se fait plus forte. Il faut mentionner en particulier le travail sur les décors, qui navigue de la jungle luxuriante à Paris ou New York. Ces derniers sont enrichit par des couleurs de toute beauté, partie intégrante du dessin. Le dessin est assuré par Jérôme Jouvray, épaulé aux couleurs par Anne-Claire… Jouvray ! On comprend alors comment les couleurs sont aussi intégrées dans le dessin de l’ouvrage. Une belle réussite.

« Johnny Jungle » est une très bonne surprise. Plein d’idée, à l’humour efficace, il présente une vision de la société (et notamment du cinéma) bien cynique. Proposé en diptyque, il ne reste plus qu’à espérer que la deuxième partie transforme l’essai !

avatar_belz_jol

Note : 14/20