Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & AchdĂ©

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Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fêtes de fin d’année pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercé mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passé à des bande-dessinées plus adultes et ambitieuses. Ici, le scénario est géré par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/écrivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considérer que le scénario de bande-dessinée est un métier à part entière… Ce scénario est mis en scène et dessiné par Achdé.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survécu à 27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra être élevé par… les quatre Dalton dans une ville appelée Rupin City. Et Lucky Luke devra bien évidemment les surveiller, en compagnie de Rantanplan…

Le scénario est dès le départ bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rédemption des Dalton ont déjà existées dans la série, elles étaient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les évolutions des personnages sont, au choix, proches du néant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page à l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scénaristique est comblé par des allusions omniprésentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturés et les répliques cultes. Sans aucun intérêt ! Se baser sur un film aux répliques aussi inspirées pour écrire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultés à accoucher d’un scénario correct ! Car au-delà du scénario, c’est la fluidité de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenés à la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’Achdé est souvent cité comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. Achdé singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. Résultat, l’ensemble manque cruellement de personnalité. C’est voulu, mais à trop vouloir coller à l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve même les codes couleurs de Morris, qu’il avait développé pour compenser les problèmes d’impression de l’époque (on parle des années 40 pour les débuts…)…

« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui daté et sans intérêt. Il serait peut-être temps que certains éditeurs comprennent qu’une série n’a d’intérêt à continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux œufs d’or. Lamentable.

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Note : 2/20

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

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Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
RĂ©Ă©dition : Janvier 2014


Jules Renard est un écrivain français décédé il y a un petit peu plus d’un siècle. Son Journal est un de ses œuvres majeures. Rédigé entre 1887 et 1910, il a été édité à titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attiré par le nom de son auteur, Fred. Cet écrivain est le créateur de Philémon, œuvre majeure à mes yeux du neuvième art. Le brillant créateur est décédé l’année dernière. Sa disparition a donné lieu à bon nombre de rééditions d’œuvres anciennes nées de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procuré est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se démarque de son prédécesseur par le fait qu’il ait été mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un très bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement à s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel préface cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit à travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils échangent au cours d’une balade qui débute à la première page et se clôt à la dernière. Malgré cette continuité narrative, chaque planche peut se lire indépendamment. Elle se conclut toute de la même manière : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vérité. La force de cette construction est d’offrir une densité de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les périodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dévorer d’une traite ou au contraire se déguster par petites bouchées au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal à imaginer que ces mots sont nés dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coïncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinées. L’heure n’est pas à la rigolade. La dépression et le fatalisme sont davantage de sortie. Malgré cela, la lecture est agréable et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphère qui transpire de cette balade champêtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dépaysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger à nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intégralité de l’espace est occupée par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pérégrinations à la campagne. Ce sentiment d’être coupé du monde ou de voir la réalité en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiosité et incite le lecteur à s’investir complètement dans sa lecture. De plus, la densité des déclarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une première découverte.

Au final, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à le lire et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau à l’occasion. Malgré le côté linéaire de sa narration, il ne manque pas d’aspérités et ne laisse pas indifférent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothèque et ne peut que vous inciter à partir à sa rencontre…

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Note 15/20

Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle – BenoĂ®t Sokal

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Titre : Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle
Scénariste : Benoît Sokal
Dessinateur : Benoît Sokal
Parution : Janvier 2012


Benoît Sokal, auteur de la série « Canardo », avait surpris son monde avec la sortie du premier tome de « Kraa » où son talent de dessinateur explosait dans une histoire totalement dénuée d’humour et froide comme la lame d’un couteau. La sortie du deuxième tome de ce triptyque, « L’ombre de l’aigle » confirme la grande qualité de cette série.

Dans un coin reculé de la planète, entre Alaska et Sibérie, un territoire devient la source de convoitises. Un relatif réchauffement local et des minerais précieux dans le sous-sol attirent tous les aventuriers avides de richesses rapidement gagnées. Mais ce n’est pas si simple. Dans la ville nouvelle, tout va trop vite. L’hiver est rude, rendant le travail impossible. Et la nature reste incontrôlée. Démarrent alors de grands travaux destinés à ériger un barrage à la sortie d’une vallée encaissée. Ainsi, les inondations issues du dégel seront contrôlées et de l’électricité sera produite en grosse quantité. Dans cette vallée perdue vivait une tribu indienne, massacrée depuis. Et surtout, il y a cet aigle géant, vénéré auparavant comme un dieu, que la civilisation veut faire disparaître…

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Le premier tome de « Kraa » était avant tout basé sur la relation entre le garçon et l’aigle. Ici, l’hiver a continué son processus d’assimilation et le jeune autochtone est devenu complètement sauvage. Ainsi, le couple fondateur de la série est très en retrait, laissant la place à la jeune infirmière à peine entrevue dans le premier tome. Celle-ci va devoir se rendre dans la vallée, sur les lieux des travaux, à ses risques et périls…

Plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont Ă  l’honneur.

Curieux choix de Sokal de mettre de côté son aigle dans cette partie. Cependant, cette décision n’en est pas mauvaise pour autant. La galerie des personnages s’étoffe et se fait plus pertinente. Car plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont à l’honneur. Le véritable sujet est cette ruée vers l’or et ses conséquences. Et c’est remarquablement traité. Les désillusions, la pauvreté, la misère, les prises de risques… On s’en bien que ce monde en devenir ne peut que s’écrouler. La dureté de cet univers est omniprésente. La violence est partout, tout le temps. Le fait de démarrer ce tome dans la ville donne d’autant plus l’impression que la vallée est tout sauf accueillante. Et pourtant, cette ville est déjà sacrément désagréable pour ses habitants…

La narration reste efficace mais plus classique. Les parties narratives, données par l’aigle, sont plus rares alors qu’elles étaient vraiment la pierre angulaire du premier tome. Tout passe par l’action et le dialogue désormais.

Le dessin de Sokal, en couleur directe, est une nouvelle fois splendide. Outre les paysages magnifiques qui sont une véritable invitation au voyage, les personnages ont de vraies trognes, donnant beaucoup de personnalité à l’ensemble. L’auteur semble très à l’aise pour tout et produit à coup sûr l’une des bande-dessinées les plus belles de l’année.

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Avec « Kraa », Sokal a créé un monde original, dur et implacable. Passionnant de bout en bout, doté d’un vrai suspense, il prend le temps de bâtir toute une série de personnages et de problématiques avant le troisième tome qui clora la série. Difficile encore de savoir où il veut vraiment en venir, mais « Kraa » s’annonce d’ors et déjà comme un chef d’œuvre.

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Note : 18/20

Kraa, T1 : La VallĂ©e Perdue – BenoĂ®t Sokal

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Titre : Kraa, T1 : La Vallée Perdue
Dessinateur : Benoît Sokal
Scénariste : Benoît Sokal
Parution : Septembre 2010


 J’ai découvert par hasard le dernier album de Benoît Sokal, intitulé « Kraa » et sous-titrée « La vallée perdue ». Sokal s’est fait connaître notamment par la série Canardo. Très typée franco-belge (tout en rondeur, en traits noirs et en couleurs vives), cette série vaut surtout pour son humour. Avec « Kraa », on change complètement d’univers.

L’histoire de « Kraa » se situe entre la Sibérieet l’Alaska, dans une vallée encaissée. Suite à un réchauffement climatique, cette vallée devient économiquement exploitable. L’homme moderne vient alors s’y installer, rêvant de richesses. Or, la vallée est habitée par une tribu indienne, où déjà l’influence du colonisateur se fait sentir. Cependant, les indiens vivent en harmonie avec la nature qui les entoure. Pour l’instant…

kraa1bKraa est le nom d’un aigle. Il est l’un des deux héros de l’album. En effet, il créera un lien particulier avec Yuma, un jeune indien. Ensemble, ils représentent ce que le nouveau monde ne veut plus : la nature sauvage et les autochtones, freins à l’expansion économique et industrielle.

De véritables tableaux.

Ce qui marque dès les premières pages, c’est le dessin. Il est simplement magnifique d’un bout à l’autre. On ne retrouve pas du tout le dessinateur de Canardo ! Les traits sont moins appuyés, les couleurs moins vives et le tout est simplement superbe. Mention spécial aux paysages vides et au personnage de l’aigle, plus vrai que nature. On retrouve un peu les ambiances et les teintes d’albums de Sokal plus anciens comme « L’Amerzone » ou « La Mort Douce ». Rien que pour son dessin, cet album vaut le coup. Certaines cases sont de véritables tableaux.

Heureusement, l’histoire n’est pas en reste. La relation entre Kraa et Yuma est remarquablement rendu par une narration différente. Ainsi, Kraa est le point de vue du narrateur, la « voix-off » de l’album. Ses discours de départ sont particulièrement cruels, mélange d’instinct et de cruauté. En cela, il n’est pas particulièrement sympathique. Bien sûr, son lien avec Yuma le rendra beaucoup plus « humain ». Cette évolution est loin d’être immédiate. En cela, elle est réussie. Yuma est l’opposé de Kraa. Très attaché aux valeurs traditionnelles indiennes, il est très généreux. Une perle d’humanité dans un monde qui ne l’est pas du tout.

Sokal prend le temps de poser son sujet. Ainsi, ce tome qui introduit les protagonistes fait 94 pages. Cela permet aux personnages d’évoluer à un rythme cohérent. De plus, les cases sont souvent grandes pour permettre à son dessin de s’exprimer pleinement.

Au final, cet album est une excellente surprise. J’ai eu le plaisir de retrouver les ambiances malsaines de fin du monde de l’Amerzone traitées avec un dessin magnifique. Je ne peux évidemment que vous le conseiller et attendre avec impatience le prochain tome !

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Note 17/20

De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2014


« De cape et de crocs » est une série exceptionnelle. Dotée d’un univers original, les tomes s’enchaînaient tout en gardant une qualité scénaristique et graphique incroyable. Après dix opus, Ayroles (au scénario) et Masbou (au dessin), avait clôt leur épopée au grand dam des fans. Mais déjà ils annonçaient un spin-off sur le personnage d’Eusèbe. Croyant voir venir un one shot, quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau livre est considéré comme le onzième de la série. Bien nommé « vingt mois avant », il revient sur les raisons qui menèrent Eusèbe aux galères où l’on le retrouvait dans l’histoire. Le tout est publié chez Delcourt.

Eusèbe est de loin le personnage le plus attachant de la série. Petit lapin blanc dont la naïveté n’a d’égal que le courage, il est le spécialiste des petites bêtises. Son histoire était devenue un running-gag de la série. On apprenait par bribes son passé. Et quand il avait commencé à s’exprimer, apprenant qu’il avait été garde du cardinal, Lope ne pouvait s’empêcher de lui répliquer un cinglant « Eusèbe, ce n’est pas bien de mentir ! » Il y était question également d’un jumeau maléfique qui l’avait fait condamné à sa place… Voilà désormais l’occasion de savoir comment Eusèbe va se retrouver aux galères !

Nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et nouveaux lieux.

DeCapeEtDeCrocs11bContinuer la série en ne récupérant qu’un seul personnage est un défi à la hauteur d’Ayroles et Masbou. En effet, « De cape et de crocs » développaient de nombreux personnages attachant qui évoluaient beaucoup dans leurs relations au fil des pages. Malgré la dénomination de onzième tome, on a bien le début d’une nouvelle série ici. On découvre de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. C’est donc en chemin pour Paris que nous retrouvons Eusèbe qui part se faire engager chez les gardes du cardinal.

Malgré tout, on reste connecté ! On retrouve quelques allusions au premier tome de « De cape et de crocs ». On y voit Eusèbe apprendre à faire le rat ou on croise également Montmorency, le fameux basset que Lope dit avoir occis dans les premières pages de la série… Sentant ces références, je me suis empressé de relire les dix tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Clairement, l’indépendance de ce spin-off envers la série originelle est toute relative.

DeCapeEtDeCrocs11cConcernant le scénario, on retrouve la même ambiance. Eusèbe est naïf et il lui arrive plein de malheurs. Mais il rebondit toujours et sait s’en sortir car, après tout, il est tellement mignon… Le scénario est dense et vise avant tout à nous présenter une galerie de personnages qui seront, on l’imagine, développés par la suite. On sourit beaucoup, on rit parfois. Ayroles et Masbou n’ont rien perdu de leur superbe.

Le dessin est toujours splendide. Masbou est en pleine possession de ses moyens et présente un Paris crédible et vivant. Son travail sur les couleurs lui permet d’asseoir différentes ambiances sans problème. « De cape et de crocs » tient clairement son rang de série culte également grâce à son dessin personnel et virtuose. Les détails s’accumulent et une deuxième lecture est nécessaire pour pleinement profiter de tous.

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Ce onzième tome relance une nouvelle intrigue avec talent. Même si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualités de la série sont bien là. C’est avec un bonheur évident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilités. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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Note : 17/20

 

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune à la Terre » est un album particulier à mes yeux. Il clôt la désormais mythique série « De Cape et de Crocs » née de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir à la découverte de ce dernier épisode, je m’étais imposé de lire une nouvelle fois l’intégralité des opus précédents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des dernières aventures de nos héros. Ce n’est donc que récemment que je me suis plongé dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours édité chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rêve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre célèbre trio dont on devine le portrait dans le ciel étoilé. Voilà qui ne faisait qu’attiser ma curiosité déjà pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvée, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitié s’opposent, la comédie peut tourner au tragique. Avant de tirer leur révérence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de théâtre. Arriveront-ils tous à bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littérature ou en bandes dessinées, une des plus grandes difficultés est d’arriver à conclure. Réussir son dénouement est rare. Il est pourtant important de ne pas négliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goût à la dégustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou décevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il était évident qu’il fallait sublimer leur séparation. L’opus précédent se concluait par la mise en échec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune à la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient été précédemment ouvertes. Certaines révélations étaient prévisibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une réponse à chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gênant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passés avec les différents personnages qui sont pour la plupart très sympathiques. D’ailleurs la dernière page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagné d’une émotion prenante. L’avancée vers le dénouement est subtilement dosée. On n’est pas dans la brutalité de certaines séries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les révélations accumulées. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagné par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut néanmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune à la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On découvre un combat spatial homérique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue également. Les sentiments sont intenses et pas toujours réciproques. La tragédie cohabite avec le romantisme. L’amitié offre également des moments touchants. Le côté théâtral est évidemment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacité à faire naitre des émotions par ses personnages est une performance. Son souci du détail donne une profondeur à ses décors et chacune des cases dont on se délecte avec appétit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitées d’une atmosphère qui nous emporte complètement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenés à travailler à nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espère…

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En conclusion, « De la Lune à la Terre » offre à cette série un dénouement à son ampleur. J’ai terminé ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminée. La qualité de cette épopée m’incite à m’y replonger régulièrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontré Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de réparer cette erreur et de combler ce manque…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuvième et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dénouement de la grande saga née de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scénario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y découvre un de nos héros, l’arme à la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce à dire que la quête des héros s’apparente à celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

decapeetdecrocs9aLe synopsis de ce nouvel épisode proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Les légions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sélénite. L’infâme prince Jean est désormais le maître absolu de la Lune. Pour les rares rescapés de l’armée royale, tout espoir semble anéanti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le désastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cœur du sujet de cet album, je me dois de préciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande épopée. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes précédents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissé les héros dans une situation bien délicate. Le combat pour protéger le roi de la Lune de son terrible frère et de son horrible bras droit avait été perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchés au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touché. J’étais donc plein d’espoir à l’idée de découvrir la suite. Il devait s’agit de la remontée. Nos héros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscurité dans laquelle s’était clos l’opus précédent s’éclairer quelque peu. Les héros construisent leur élan sur le panache qui les caractérise tant. Ainsi, ils se relèvent et décident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est ému de vivre ces moments. Cet instant est toujours très agréable que ce soit au cinéma ou dans la littérature. On a touché le fond, on décide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphère diffère donc de celle qui envahissait le précédent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela génère une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent à l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particulièrement prenante.

Chaque scène est mémorable.

decapeetdecrocs9bConcernant le scénario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous présente un état des lieux assez piteux de nos héros. On y découvre l’essence qui fera naitre la rébellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La dernière partie marque la bataille irrémédiable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scène est mémorable et que nombre de répliques sont amenés à être cultes. La capacité de l’auteur à écrire des dialogues de cette qualité est un véritable hommage au théâtre qui habite chaque page de la série. De plus, le côté épique que génère le panache permanent des héros font de notre voyage littéraire une véritable épopée mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les débuts habités par le désespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pérégrinations du maitre d’armes dans des forêts vierges sont également criantes de réalisme malgré la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractéristiques de chacun. Cela a peu d’intérêt et vous gâcherait la découverte. Mais sachez que le voyage vaut le détour.

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En conclusion, « Revers de fortune » offre une dernière marche avant le dénouement des plus réussies. Les dernières pages nous font comprendre que la fin est proche. Malgré cette issue à venir, les auteurs persistent à offrir un ouvrage d’une rare qualité qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon côté, il me reste à découvrir « De la Lune à la Terre ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T8 : Le maĂ®tre d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂ®tre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitième acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se décline sur dix tomes. Toujours édité chez Delcourt dans la collection Terres de Légendes, cet opus est l’œuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est très réussie. Elle nous présente un homme à l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vêtu. Il semble flotter sur un nuage accompagné en second plan d’un splendide palais. Le ciel est étoilé et offre des tons bleu et blanc qui génèrent une illustration à l’atmosphère originale.

La quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Explorant les étranges cimes nuageuses de l’immense îlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystérieux Maître d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte… Comment va-t-il réagir aux provocations d’Eusèbe ? Acceptera-t-il de réorganiser la défense du royaume sélénite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infâme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette célèbre série du neuvième art touche à sa fin. « Le maître d’armes » est l’antépénultième de ses épisodes et nous mène inexorablement vers son dénouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualité est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, à mes yeux, le meilleur de tous. Il possède tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densité et sa capacité à gérer les détails offrent une lecture en tout point passionnante. Néanmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes précédents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal à saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique épopée.

L’album précédent avait laissé nos trois héros sur les nuages à la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte à protéger la défense du roi de la Lune. Notre lecture démarre donc par une poursuite effrénée sur les nuages. Eusèbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine être le héros tant recherché. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possède une personnalité riche qui attise tout de suite notre curiosité. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet à ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densité des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littérature qui ravira les adeptes de théâtre et de grandes envolées lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne réside pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prépare également aussi à une bataille homérique qui doit décider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent à faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et à mesure que les pages défilent, l’intensité augmente. La gravité de la situation prend de plus en plus de place. La nuit précédant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car déséquilibrée. Les gentils sont bien moins nombreux que les méchants et nos seuls espoirs apparaissent désespérés. On est vraiment possédé par l’intrigue et notre empathie à l’égard des différents héros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe à cette atmosphère envoûtante Les premières pages nous plongent dans un royaume des nuages féeriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y découvrir un palais, d’admirer les chimères ou de voler sur des chevaux ailés, on ne sait plus où donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les décors ne baissent pas en qualité. Masbou arrive à nous faire ressentir la montée en puissance des deux camps à l’approche de l’inévitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’œuvre. Tous les aspects sont poussés à leur paroxysme et font naître une lecture d’une rare intensité. Il est toujours agréable de voir qu’une série arrive encore à surprendre positivement après huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulé « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois être au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 18/20

De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Janvier 2006


« Chasseurs de chimères » est le septième tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux éditions Delcourt dans la collection Terres de Légendes date du mois de janvier 2006. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composé d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous présente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste cité. Le ciel qui surplombe la scène est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gâcher il est habité par le portrait de nos trois héros aux traits respectifs de loup, renard et lapin…

La quatrième de couverture présente le résumé suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystérieux Maître d’Armes. Leur quête semée de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mènera des bas-fonds du port d’Agatharchidès jusqu’aux confins des mers lunaires, au cœur de la Face Cachée, là où rodent les chimères. »

decapeetdecrocs7bLa série a pris un tournant important depuis l’album précédent. Nos héros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le Maître d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerrières que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on découvre cette planète à travers leurs yeux. « Chasseurs de chimères » est pleinement dans cette lignée. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que même les sélénites préfèrent éviter.

Comme je l’avais expliqué dans ma critique du tome précédent, la vie sur la Lune n’est pas si différente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excès que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la même langue et possèdent une organisation sociétale connue sur Terre. Néanmoins, certaines différentes permettent de différencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poésie… Ces subtiles nuances permettent de faire naître sur la Lune une atmosphère propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu générer la science-fiction. Cette originalité est indéniablement la base de la réussite de la série. En ne révolutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent à nos héros et à la trame de ne pas perdre leur dimension théâtrale, acte fondateur de leurs talents.

Des surprises au gré de chaque nouvelle page.

Ce voyage vers l’inconnu permet à nos amis de retrouver des repères de leur quête du trésor des îles Tangerines qui a accompagné notre lecture des cinq premiers épisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous déplaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimères » ne cesse pas d’attiser notre curiosité. Ne sachant pas où on va, on s’attend à être pris par surprise au gré de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent à faire monter la sauce. Au fur et à mesure que la narration se déroule, le mystère s’amplifie et nous oppresse. Le dénouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensité scénaristique. Les dernières pages d’apparence plus apaisée ouvre la porte vers un rêve qui ferait pétiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur…

Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de découvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet à Jean-Luc Masbou de rester dans la continuité du travail effectué dans les albums précédents. Le dessinateur possède une capacité forte à donner une identité graphique aux différents personnages. Chacun est rapidement habité et acquiert une existence dès sa première apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dégoût ou affection. En plus de cela, les décors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgré la grande diversité des paysages qui voient errer nos héros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un désert ou au milieu d’une tempête maritime monstrueuse, on est tout le temps plongé dans une ambiance propre à chaque lieu. Il s’agit d’une réelle performance qu’on se doit de signaler.

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En conclusion, « Chasseurs de chimères » retrouve le parfum de l’aventure endiablée vers l’inconnue qui avait été laissé de côté lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le côté épique du quotidien de nos héros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intégralité de leur dimension théâtrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amené à marquer l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Son originalité associée à la constance dans la qualité de ses albums est un modèle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulé « Le maître d’armes ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T6 : Luna incognita – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T6 : Luna incognita
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2004


« Luna Incognita » est le sixième tome de « De Cape et crocs ». A l’image des opus précédents, cet ouvrage est édité chez « Delcourt » dans la collection « Terres de Légendes ». Composé d’une grosse quarantaine de pages et paru il y a huit ans, cet ouvrage a prix proche de quatorze euros. Comme d’habitude, il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. La couverture nous présente nos héros dans une nuit lunaire à en croire le clair de Terre qui illumine le ciel…

La quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Messieurs de Maupertuis et Villalobos, en font galante et plaisante compagnie, voguent hardiment vers la Lune à bord d’un astronef de fortune. Que découvriront-ils sur cette planète inconnue ? Des géants, des cités qui se meuvent comme dans le roman de Monsieur de Bergerac ? Des trésors à coup sûr, puisque là-haut, l’or pousse sur les arbres ! Mais cet or suscite bien des convoitises : dans le sillage de nos gentilshommes, un inquiétant vaisseau cingle à son tour l’astre lunaire… »

decapeetdecrocs6aCet opus marque le début d’un nouveau cycle. En effet, nos héros partent maintenant dans l’inconnu sur la Lune. On se retrouve donc plongé dans une épopée dont la dimension fantastique prend de l’épaisseur. Voilà un attrait certain qui redonne un souffle à une saga qui n’en manquait déjà pas ! On est donc curieux de connaitre ce nouveau monde. Cherche-t-il à être « réaliste » et « cohérent » ou au contraire se montre-t-il féérique et épique ? « Luna Incognita » allait nous poser les premiers jalons de la réponse. Parallèlement, le fait de retrouver tous les protagonistes regroupés sur ce nouveau « terrain de jeu » ouvrait l’appétit à l’égard de leurs aventures à venir.

Comme dit précédemment, l’attrait principal de cet ouvrage est de nous faire découvrir la vie sur la Lune. On est loin de croiser des petits hommes verts. Au contraire, les Sélénites ressemblent aux Terriens. Evidemment certains détails surprennent et marquent une différence avec la vie extra-lunaire. Mais les grandes lignes sociétales sont proches de la monarchie que nos héros ont quittée. Malgré tout, les différences que je vous laisserai découvrir suffisent à générer un réel dépaysement qui ravira le lecteur. Malgré les ressemblances entre les deux univers, à aucun mot on a le sentiment de se trouver sur Terre. Notre présence sur la Lune nous apparaît toujours évidente au gré des surprises qui agrémentent le parcours des personnages.

Le dĂ©but d’une nouvelle trame.

Au-delà de la dimension découlant de cette découverte touristique, « Luna Incognita » marque le début d’une nouvelle trame. En effet, les cinq premiers tomes avaient été centrés sur la quête du trésor des îles Tangerines. Maintenant qu’on sait que cette mission ne pouvait réussir du fait de la non-existence de decapeetdecrocs6bl’objet cherché. En arrivant sur la Lune, on découvre un conflit politique à grande échelle opposant le roi local à son frère. Nos héros choisissent rapidement leur cas du fait de leur premier rencontre avec le frère dans les épisodes précédents. Pour rendre la victoire possible, il faut retrouver le maître d’armes. Intrigué par ce curieux et légendaire personnage, nos deux amis préférés décident de se charger de sa recherche. Parallèlement, on voit chacun des protagonistes, bons comme méchants, chercher à trouver sa place dans ce nouveau monde. Chacun n’est pas évidemment pas habité de louables volontés.

Les dessins de Masbou accompagnent parfaitement la narration. Son trait n’a aucun mal à nous immerger dans ces nouveaux paysages. La rupture graphique avec les décors terriens n’est pas radicale. C’est logique car le scénario ne le souhaite pas. On découvre peu de nouveaux personnages. Néanmoins Masbou n’a aucun mal à donner vie aux quelques rencontres qui croisent la rue de nos amis. Sur le plan chromatique, il n’y a pas de révolution non plus. Le dessinateur arrive à garder une constance graphique qui donne une réelle identité à cette grande saga du neuvième art.

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En conclusion, cet album est une nouvelle réussite et nous voit partir en quête sur l’astre lunaire avec un enthousiasme certain. Ayroles et Masbou arrive à construire une série qui ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. C’est une chose très rare dans ces grandes aventures au long cours qui s’étalent sur un nombre important de tomes. « De Cape et de crocs » réussit ce tour de force et il faut le signaler. Je ne doute pas que l’opus suivant intitulé « Chasseurs de chimère » devrait poursuivre cette réussite. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 16/20