Blacksad, T5 : Amarillo

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Titre : Blacksad, T5 : Amarillo
Scénariste : Juan Diaz Canales
Dessinateur : Juanjo Guarnido
Parution : Novembre 2013


« Blacksad » est de loin l’une de mes sĂ©ries cultes. Dès le premier tome, « Quelque part entre les ombres », Diaz Canalès (au scĂ©nario) et Guarnido (au dessin) ont su crĂ©er une Ĺ“uvre forte et pleine de personnalitĂ©. Plus encore, chaque tome possède sa thĂ©matique propre et son ambiance, ce qui fait que chacun prĂ©fèrera certainement certains opus Ă  d’autres. Cependant, le niveau gĂ©nĂ©ral est Ă  chaque fois très Ă©levĂ©. Ce cinquième tome, intitulĂ© « Amarillo », est toujours publiĂ© chez Dargaud et propose 56 pages de lecture avec notre chat dĂ©tective.  Continuer la lecture de « Blacksad, T5 : Amarillo »

Paul, T8 : Paul dans le Nord

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Titre : Paul, T8 : Paul dans le Nord
Scénariste : Michel Rabagliati
Dessinateur : Michel Rabagliati
Parution : Octobre 2015


Je ne connais pas bien la sĂ©rie « Paul », l’une des plus connues du microcosme quĂ©bĂ©cois. Je n’en ai lu qu’un seul, qui m’avait surpris et touchĂ©. C’est donc avec plaisir que je me suis lancĂ© dans « Paul dans le Nord », huitième ouvrage des aventures de l’alter-ego de Michel Rabagliati. On retrouve Paul dans les prĂ©misses de l’adolescence. Le tout est logiquement publiĂ© aux Ă©ditions de La Pastèque pour 180 pages. Continuer la lecture de « Paul, T8 : Paul dans le Nord »

Madame désire ?

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Titre : Madame désire ?
Scénariste : Grégory Mardon
Dessinateur : Grégory Mardon
Parution : Août 2009


Depuis quelques annĂ©es, la bande-dessinĂ©e Ă©rotique vit un nouveau souffle. Des ouvrages paraissent rĂ©gulièrement, avec des styles graphiques très diffĂ©rents. Parfois, ils ne sont mĂŞme pas rĂ©aliser pour Ă©moustiller. GrĂ©gory Mardon, que je ne connaissais pas alors, rĂ©alise en 2009 le bien nommĂ© « Madame DĂ©sir ». Paru dans la collection Fluide Glamour (le label coquin de Fluide Glacial), cet ouvrage oscille entre sexe explicite et finesse. Sombrera-t-il dans le vulgaire ou fera-t-il parti de ces fameux ouvrages qualifiĂ©s de porno chic ?  Continuer la lecture de « Madame dĂ©sire ? »

Carnet du PĂ©rou

CarnetDuPerou


Titre : Carnet du PĂ©rou, sur la route de Cuzco
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Octobre 2013


Lorsque « Carnet du PĂ©rou » est sorti, j’ai pestĂ© contre Fabcaro. Qu’est-ce qui avait piquĂ© l’auteur pour partir dans un carnet de voyage ? Bien mal m’en a pris, puisque le dessinateur avait crĂ©Ă© une supercherie avec ce livre. Il Ă©tait temps de rattraper mon retard sur ce bouquin, publiĂ© logiquement chez 6 pieds sous terre. Continuer la lecture de « Carnet du PĂ©rou »

La favorite

LaFavorite


Titre : La favorite
Scénariste : Matthias Lehmann
Dessinateur : Matthias Lehmann
Parution : Avril 2015


Ă€ force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver Ă  me le procurer. La bande dessinĂ©e de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intĂ©ressant couplĂ© Ă  une histoire intrigante. Mais les promesses Ă©taient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pèse pas moins de 150 pages. Continuer la lecture de « La favorite »

Shenzhen

shenzhen


Titre : Shenzhen
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Avril 2000


Avec ses quatre carnets de voyage, Guy Delisle a fini par obtenir un prix à Angoulême pour « Chroniques de Jérusalem ». Mais tout a commencé à 2000 avec Shenzhen, où il relate son expérience en Chine, dans la ville de Shenzhen. Si Guy Delisle a visité des pays très différents (Chine, Corée du Nord, Birmanie, Israël), il en récupère à chaque fois tout ce qui en fait le décalage culturel. En passant plusieurs mois sur place, il s’approprie réellement la vie locale. Le tout est publié à L’Association pour 150 pages de décalage culturel.

À l’époque, Guy Delisle travaille dans l’animation. Cette dernière étant délocalisée en Asie (en Chine donc, puis en Corée du Nord), il part superviser les équipes locales et vérifier que les plans sont correctement faits. C’est l’occasion d’un premier choc culturel sur la façon de travailler des Chinois…

Le Lost in translation de la bande-dessinée

shenzhen1L’autre partie est bien évidemment le choc culturel avec le pays. La Chine n’est pas le pays le plus ouvert du monde et les problèmes de passages dans certaines zones le montre bien. Mais surtout, la langue est un vrai souci. Peu de chinois parlent anglais et beaucoup le parlent très mal. Guy Delisle est donc souvent dans l’incapacité de communiquer et passent des week-ends seuls… Sur ce point, on ressent parfaitement le côté « Lost in translation ». Seul membre occidental à être venu sur place, il est très isolé. De plus, la Chine ne propose pas réellement de moyen de se réunir entre expats.

La force des carnets de voyage de Guy Delisle est de ne pas chercher à écrire un documentaire détaillé sur son expérience. Il dit ce qu’il voit, ce qui le choque, sans chercher à appuyer sur l’aspect politique des choses. C’est le lecteur qui, guide subtilement, se fait son opinion. L’auteur exprime un ressenti et ne cherche pas à nous le présenter comme une vérité objective.

Concernant le dessin, l’auteur opte pour un dessin plus fouillé que ce qu’il produira par la suite. Le trait reste simple, mais la colorisation en niveaux de gris apporte de la matière. C’est expressif et plutôt réussi comme choix graphique. Et plutôt adapté à la saleté de la Chine décrite par le livre.

« Shenzhen » est une réussite. Guy Delisle trouve vite son ton. Son carnet de voyage, sous forme d’anecdotes, passionne. On s’intéresse autant aux péripéties de Guy qu’au pays en lui-même. Un subtil équilibre que l’auteur saura garder à chacun de ses bouquins.

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note4

Portugal

Portugal


Titre : Portugal
Scénariste : Cyril Pedrosa
Dessinateur : Cyril Pedrosa
Parution : Septembre 2011


J’ai une relation compliquée avec Cyril Pedrosa. L’homme a une côte énorme et pourtant, je n’accroche pas. Il faut dire que « Autobio » m’avait laissé dubitatif et que « Trois ombres » m’avait laissé sur ma faim. Mais vu le succès critique de « Portugal », un roman graphique de 264 pages, il m’était difficile de ne pas tenter une nouvelle fois ma chance. Surtout que j’avais eu la chance d’aller à une exposition de planches originales du livre à la galerie 9e Art à Paris et que j’avais pu admirer les magnifiques couleurs de ses pages. Le tout est publié dans la bien nommée collection Aire Libre de chez Dupuis.

Simon Muchat est un auteur de bande-dessinée en panne d’inspiration. Il accumule alors des boulots d’animateur scolaire et sa copine s’impatiente. Il faut acheter une maison, grandir en quelque sorte. Mais Simon existe. De là à y voir une touche autobiographique, il n’y a qu’un pas ! Et c’est à l’occasion d’un festival de BD au Portugal que l’auteur va se redécouvrir ses origines et retrouver un bien-être.

Retour au pays

Grand classique dans l’art, Cyril Pedrosa nous concocte donc une bande-dessinée sur un auteur de bande-dessinée en plein doute. Ce dernier va alors creuser le passé de sa famille et dépasser les silences et les non-dits avant de partir quelques temps au pays. La première partie est donc consacrée à Simon en France. Sa vie est d’une grande fadeur. Il s’ennuie, ne veut pas faire un bouquin, ne veut pas acheter de maison, est vaguement dépressif… Bref, ça ne va pas du tout. Ce quotidien morne est rendu par des couleurs grisâtres pleine d’à propos. Mais déjà, l’ennui pointe également chez le lecteur. Il ne se passe rien, il n’y a aucune originalité dans les situations et tout est plutôt prévisible. On sent que l’auteur se fait plaisir. Il prend son temps, accumule les silences, mais sans réellement nous toucher. Il faut dire que les ouvrages sur le trentenaire qui a du mal à grandir sont légion depuis quelques années et qu’il n’y a pas beaucoup d’originalité de ce côté-là.

C’est donc sur la partie familiale que l’on se rabat en espérant plus d’action. Mais encore une fois, c’est un pétard mouillé. Beaucoup de discussions, de dialogues qui se veulent drôles ou émouvants. Mais je ne suis vraiment pas sensible aux univers de Cyril Pedrosa. Je trouve que tout sonne creux. Je ne suis jamais ému ou touché, je ne souris pas. Je sens bien que l’intention est là, mais j’ai l’impression d’avancer dans l’ouvrage en étant totalement extérieur à ce qui s’y passe. Quant au personnage de Simon, il ne me touche pas du tout. Je le trouve finalement très passif et à la personnalité peu intéressante. Certes, il a un problème de créativité. Mais quel manque de charisme !

Côté dessin, c’est très beau et dynamique et les choix de couleurs sont plein de pertinence. Personnellement, je ne suis pas fan du style de Cyril Pedrosa, notamment des expressions de ses personnages mais c’est une question de goût. Force est de constater que l’auteur a abattu un travail colossal. Et pour avoir vu ses planches originales, l’édition papier écrase sacrément ses couleurs… Bref, difficile de ne pas être admiratif devant le dessin de ce « Portugal ».

Il est toujours compliqué de ne pas aimer un ouvrage qui a tant été encensé. Pour ma part, j’ai refermé ce livre en me disant « tout ça pour ça ? » Malgré toutes les qualités objectives de « Portugal », je me suis ennuyé du début à la fin, sans jamais arriver à être touché par l’histoire ou les personnages. Une grande déception.

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note2

Salade, tomate, oignon

SaladeTomateOignon


Titre : Salade, tomate, oignon
Scénariste : Joseph Safieddine
Dessinateur : Clément Fabre
Parution : Novembre 2015


Lors du festival Quai des Bulles de Saint Malo, j’en ai profité pour obtenir ma troisième dédicace de Clément Fabre. Le dessinateur officiait avec un troisième scénariste différent, ici en la personne de Joseph Saffieddine. « Salade, tomate, oignon » est un recueil de saynètes faisant intervenir deux personnages (parfois plus) en plein dialogue. Les situations sont souvent absurdes et touchent à toutes les couches de notre société. Le tout est publié chez Vide Cocagne.

L’humour de Safieddine touche à l’absurde et peut se faire trash. Àmes sensibles s’abstenir ! Ainsi, l’une des premières scènes est un modèle du genre. Une nana est invitée chez un mec et elle se retrouve dans un immeuble complètement glauque avec des gitans qui attaquent la porte… La plupart du temps, c’est plutôt réussi, même si l’inégalité de qualité est de mise ici. Globalement, on lit avec plaisir les différentes histoires et on sourit devant les réparties des personnages. Mais comme tout ouvrage d’absurde, on reste parfois à côté du chemin devant certains passages.

Un livre tout en dialogues.

Si les chutes ont souvent un intérêt, ce sont les dialogues qui sont mis en avant. Les grandes gueules sont légions, des collègues de bureau en passant par les mecs de banlieue, sans oublier les petites vieilles bien sûr ! Clairement, c’est dans les passages les plus trash que « Salade, tomate, oignon » touche à la grâce. Racisme et misère humaine sont portés à leur paroxysme dans certaines scènes, et c’est là que le livre se déguste pleinement. Hélas, à la lecture des histoires les unes après les autres, une lassitude s’installe devant certaines répétitions. On est moins surpris. Typiquement, « Salade, tomate, oignon » est fait pour être lu aux toilettes, une scène après l’autre.

Concernant le dessin, le trait simple de Clément Fabre est parfaitement adapté aux histoires, essentiellement dialoguées. Il sait donner suffisamment d’expression à ses personnages pour que cela fonctionne. J’étais surpris de ne pas le voir aquareller le tout, mais il a densifié son encrage pour proposer un dessin en noir et blanc très réussi.

De nombreux guests interviennent dans le livre, offrant des personnages aux strips. Honnêtement, j’ai trouvé ça sans intérêt, voir contre-productif. À de rares exceptions près, les styles des dessinateurs ne sont pas du tout adaptés au style de Clément Fabre et se voient comme le nez au milieu de la figure. Plutôt que de transcender les strips, cela gêne la lecture. Dommage.

« Salade, tomate, oignon », comme beaucoup de livres du genre, propose des scènes plus ou moins réussies. L’inégale qualité de l’ensemble n’enlève rien à la puissance de certaines histoires. Un livre qui se lit rapidement, sans prétention.

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note3

Chroniques de JĂ©rusalem

ChroniquesDeJerusalem


Titre : Chroniques de JĂ©rusalem
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Novembre 2011


Guy Delisle a imposé son style dans ses livres de voyage. Après la Chine, la Corée du Nord et la Birmanie, le voilà qui arrive en Israël, à Jérusalem. Publié comme le précédent aux éditions Delcourt, dans la collection Shampooing, l’auteur canadien a su bonifier son trait et sa narration au point que ce « Chroniques de Jérusalem » obtienne le prix du meilleur album au Festival International de Bande-Dessinée d’Angoulême en 2012 ! Alors, qu’en est-il ? Ce prix est-il mérité ?

Le terme de « chroniques » est parfaitement adapté car nous allons avoir droit ici à de nombreuses anecdotes et morceaux de vie. Pas question de créer une longue narration. Si bien que malgré le nombre de pages importants (plus de 300 !), le livre se lit très agréablement, la lecture pouvant s’arrêter à tout moment sans problème. Guy Delisle suit donc sa femme, qui travaille à Médecins Sans Frontières, en Israël. Ils s’installent à Jérusalem Est (côté arabe) et l’auteur reprend son activité de père au foyer. Pendant que sa femme s’active, il s’occupe de son enfant. L’idée est de trouver de quoi tromper l’ennui. Le jardin d’enfant est, entre autres, une des grandes quêtes du canadien.

Un regard plus affûté

Évidemment, l’aspect touristique est vite présent. Guy Delisle visite le pays (ou du moins les environs) avec sa candeur habituelle. Il évite tout jugement (même si celui-ci transparaît) et note avant tous les incohérences et ce qui le choque de visu. Ainsi, voir des fusils d’assaut régulièrement le laisse perplexe… L’appel à la prière le fait sursauter…  Tout est raconté de façon chronologique. Ainsi, dans la seconde moitié, la surprise est moins présente chez l’auteur. Le regard se fait plus affûté, bien que toujours sans présenter ses opinions.

Si Delisle avait l’habitude des pays assez fermés, ce n’est pas le cas ici. Israël est une démocratie et il est donc beaucoup plus libre de ses mouvements. Du coup, il pénètre bien plus dans l’esprit du pays que dans les autres livres. Son autonomie lui permet de toucher du doigt plus d’incohérences. Car c’est le véritable sujet du livre : Israël est présenté comme un pays complètement absurde. C’en est souvent risible, mais malheureusement aussi inquiétant. L’auteur met le doigt sur des comportements et des usages complètement improbables. Il y présente un pays où des populations vivent ensemble sans se croiser ou se parler. C’est un véritable apartheid en pleine démocratie. A cela s’ajoute les communautés religieuses les plus orthodoxes du monde… On devine alors une Jérusalem multiple, mais surtout divisée.

Au niveau du dessin, Guy Delisle a affiné son trait. C’est simple mais efficace et la narration se fait avec beaucoup de fluidité. Cette fois-ci, la couleur a plus d’importance. Le tout est souvent colorisé de façon monochrome, mais chaque couleur a un sens. Cela facilite la lecture. Quelques touches de couleurs sont ajoutés afin d’enrichir le tout (souvent en renforçant un effet, comme une explosion par exemple). Clairement, graphiquement, l’auteur progresse et propose un résultat de plus en plus abouti. 

« Chroniques de Jérusalem » est une grande réussite. Difficile d’être indifférent à ce qui y est raconté. Et en présentant le tout de façon factuel, Guy Delisle donne à son ouvrage une certaine universalité, si bien que l’on dévore le livre, allant de surprise en surprise. Un must du carnet de voyage !

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note5

Chroniques birmanes

ChroniquesBirmanes


Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007


Après « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle s’attaque à la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». Voilà donc le troisième opus des reportages si particuliers de l’auteur canadien. Alors qu’il s’était retrouvé en Asie pour superviser des studios d’animation, le voilà désormais dans l’une des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez Médecins Sans Frontières. Exit l’animateur, voilà le père au foyer ! Delisle passe sa journée à faire de la bande-dessinée et, surtout, à s’occuper de Louis, son fils. Nouveau pavé à dévorer, ce livre pèse 263 pages et est publié chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez L’Association).

Si ses précédents opus possédaient une continuité relative de la narration, ce n’est pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. C’est bien de chroniques dont il s’agit, les anecdotes étant empilées les unes aux autres. Alors bien sûr, il y a quand même une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu différente. Vu le pavé représenté, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans l’ouvrage. Le fait que l’auteur ait passé un an et demi dans le pays justifie évidemment ce choix.

Ce que l’on pouvait regretter dans « Pyongyang », c’est que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre l’envers du décor de la société nord-coréenne. C’est un peu la même chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. D’ailleurs, il n’hésite pas à le rappeler régulièrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On découvre ainsi la vie dans son quartier et les inévitables rencontres d’ONG.

Un rĂ´le de candide

La force de Guy Delisle est de se donner un rôle de candide. Faussement naïf, il aborde un ton léger qui permet à l’ouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, l’auteur ne cherche pas à politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-là. Et quand le personnage Guy Delisle décide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, c’est pour mieux oublier ses engagements dans la case d’après… Mais derrière ce vernis non-politisé, les messages passent à foison de part les faits.

Beaucoup de personnes n’arrivent pas à se lancer dans un livre de Guy Delisle à cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais très efficace. Il est parfaitement adapté au propos et lisible. Le tout est rehaussé de gris de façon pertinente. L’auteur utilise un gaufrier de six cases, réservant la première pour le titre de l’anecdote. Il y a une certaine routine qui s’installe, plutôt confortable pour le coup. Bref, si vous n’aimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup d’essayer de passer le cap.

Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des récits de voyage tout en légèreté. Même si ses observations sont évidemment limitées par sa vie et qu’il n’est pas au plus près des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et l’on sourit à de multiples reprises. A lire !

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