Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie

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Titre : Okko, T9 : Le cycle du vide, premiĂšre partie
Scénariste : Hub
Dessinateur : Hub
Parution : Mai 2014


« Okko » est certainement l’une de mes sĂ©ries prĂ©fĂ©rĂ©es. Je la suis depuis le premier tome. Or, fait rare, cette sĂ©rie a eu tendance Ă  se bonifier au fur et Ă  mesure des tomes. Et des tomes, il y en a puisque c’est le neuviĂšme qui sort en cette annĂ©e 2014. ScindĂ©s par cycle de deux, voilĂ  donc l’ultime cycle : le cycle du vide. C’est donc l’avant-dernier opus des aventures d’Okko qui paraĂźt chez Delcourt. Alors, que nous propose donc ce nouveau cycle ?

Okko est un ronin qui arpente l’Empire du Pajan accompagnĂ© par de curieux acolytes. Ils sont chasseurs de dĂ©mons. On retrouve Noshin le moine alcoolique, Noburo le gĂ©ant masquĂ© et Tikku, apprenti moine. Or, depuis le dĂ©but, nous ne savons toujours pas qui est Noburo ni mĂȘme comment le moine a pu se retrouver embarquĂ© dans ce groupe. Quant Ă  Okko, son passĂ© reste trouble. Le groupe est actuellement chassĂ© et fuit perpĂ©tuellement. Okko, usĂ©, dĂ©cidĂ© qu’il est temps pour lui de prendre sa retraite. Et voilĂ  l’occasion de prĂ©senter un flashback sur l’histoire du ronin.

Beaucoup d’informations restent en suspens

La force de l’univers de « Okko » est de savoir distiller les informations au compte-goutte. Hub maĂźtrise parfaitement son univers et ne nous laisse entrevoir les liens du passĂ© qu’avec parcimonie. Et, enfin, avec ce dernier cycle, l’auteur va avoir les rĂ©ponses Ă  ses questions ! Et il faut bien avouer que l’on est gĂąté ! Sans trop s’attarder sur la narration, Hub dĂ©clenche trĂšs vite un flashback qui tiendra jusqu’à la fin du livre. Certains personnages passĂ©s apparaissent donc et le passĂ© est rĂ©vĂ©lĂ©. L’auteur nous livre beaucoup d’informations, si bien qu’à la fin de l’ouvrage on n’a qu’une envie : relire les huit premiers tomes pour voir si certains aspects Ă©taient dĂ©jĂ  visibles Ă  l’époque
 Cependant, beaucoup de questions restent en suspens et l’idĂ©e d’attendre encore de longs mois pour lire l’épilogue est une vĂ©ritable souffrance.

« Okko » tient sa force de l’univers nippon mĂ©diĂ©val fantastique qu’il propose. Hub lui donne toute sa force par des dessins expressifs et des dĂ©cors splendides. Les couleurs rendent hommage au trait du dessinateur sans peine et aident Ă  la narration, utilisant de diffĂ©rents camaĂŻeus pour les flashbacks. Les nombreux combats (au katana bien sĂ»r !) sont admirablement rendus avec beaucoup de dynamisme. Bref, c’est parfaitement adaptĂ© au propos !

Si on pourra regretter l’absence de certains personnages (Noburo notamment !), cette bande-dessinĂ©e se dĂ©vore d’une traite et donne suffisamment d’informations pour rassasier lecteur. MalgrĂ© tout, on ne peut qu’attendre l’épilogue de cette sĂ©rie. L’une des plus passionnantes de ces derniĂšres annĂ©es.

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note5

De profundis

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Titre : De Profundis
Scénariste : Chanouga
Dessinateur : Chanouga
Parution : Avril 2011


« Quelque part entre Ceylan et BornĂ©o, des pĂȘcheurs racontent avoir autrefois ramenĂ© dans leurs filets un drĂŽle de naufragĂ©, une Ă©trange crĂ©ature chassĂ© du pays des sirĂšnes ». VoilĂ  ce que l’on peut lire en quatriĂšme de couverture de « De profundis », premiĂšre bande-dessinĂ©e scĂ©narisĂ©e et dessinĂ©e par Chanouga. Sous-titrĂ© « l’étrange voyage de Jonathan Melville », elle raconte l’histoire incroyable de ce marin.

Jonathan Melville est marin. Alors qu’il navigue sur une mer paisible, un typhon gigantesque et imprĂ©visible fait son apparition. Pris en pleine tempĂȘte, il va passer par-dessus bord et se retrouver sur une Ăźle non-rĂ©pertoriĂ©, sauvĂ© par deux jeunes filles Ă  l’air faussement innocent.

deprofundis2Ce roman graphique d’une centaine de pages est construit selon un procĂ©dĂ© de narration bien connu : Jonathan Ă©crit une lettre Ă  sa belle dans laquelle il raconte ses pĂ©ripĂ©ties. Le tout est donc articulĂ© autour de flashbacks, bien que la chronologie reste respectĂ©e dans l’ensemble. On n’a aucun problĂšme Ă  suivre les Ă©vĂšnements.

Une fable noire, Ă  l’onirisme perpĂ©tuel.

« De profundis » est avant tout une fable bien noire. Son onirisme perpĂ©tuel nous plonge dans une ambiance sombre et malsaine. A force de douter du rĂ©el en permanence, on finit par se demander si, finalement, le rĂȘve n’est pas complĂštement absent de ce rĂ©cit fantastique. Ainsi, cet ouvrage tient avant tout par son ambiance particuliĂšre, qui la renvoie aux contes les plus glauques de notre enfance. Une forme de retour aux sources en quelque sorte.

deprofundis4L’omniprĂ©sence de la narration donne un aspect trĂšs littĂ©raire Ă  cette bande-dessinĂ©e. Chanouga possĂšde une belle plume, ce qui renforce l’impression que le personnage nous Ă©crit sa lettre. Un peu comme si nous avions trouvĂ© une bouteille lancĂ©e Ă  la mer et que nous dĂ©couvrions son contenu. Nous nous retrouvons dans la peau de sa femme, rĂ©alisant ce qui est arrivĂ© Ă  son mari.

En marge des textes, la contemplation est trĂšs prĂ©sente. Les dialogues restent limitĂ©s et l’observation des paysages et des personnages se taille une part importante du gĂąteau. L’équilibre entre action, dialogues, narration et contemplation est vraiment bien dosĂ©, et ce sur les 100 pages. Le rythme de l’ouvrage s’en retrouve trĂšs bien Ă©quilibrĂ©.

Difficile de passer Ă  cĂŽtĂ© du travail graphique de « De Profundis ». C’est simplement magnifique. L’auteur garde son crayonnĂ©, sans l’encrer. Cela donne un aspect « dessin » Ă  l’ensemble, d’une grande richesse. Les couleurs sont splendides et s’accordent parfaitement Ă  cette technique. D’ailleurs,deprofundis3 la couleur participe grandement aux ambiances du livre, changeant souvent de tonalitĂ© selon les scĂšnes. Les paysages sont parfois de vĂ©ritables tableaux.

Les personnages ne sont pas en reste. Outre les deux « sirĂšnes », aux airs faussement innocents (et terriblement sensuel !), la petite sirĂšne est parfaitement rĂ©ussie Ă©galement. Sans en rĂ©vĂ©ler trop sur l’histoire, le travail sur les personnages par Chanouga se rĂ©vĂšle trĂšs subtil. Une seule particularitĂ©, dessinĂ©e sans excĂšs, entraĂźne un malaise immĂ©diat. Un peu comme si le lecteur s’apercevait d’une anomalie comme le personnage, se demandant s’il a bien vu ce qu’il a cru voir.

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Pour une premiĂšre bande-dessinĂ©e, « De Profundis » est un coup de maĂźtre ! Ambiance glauque, suspense haletant, narration de haute volĂ©e, dessin splendide et personnel
 Ce roman graphique est un bijou plein de poĂ©sie. Certes, cela ne plaira pas Ă  tout le monde tant l’ambiance est particuliĂšre, mais cette fable marine mĂ©rite le coup d’Ɠil. Et plutĂŽt deux fois qu’une !

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note5

Doomboy

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Titre : Doomboy
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Septembre 2011


Tony Sandoval est un auteur mexicain de bande-dessinĂ©e. Ayant vu l’une de ses expos, j’avais Ă©tĂ© marquĂ© par son graphisme particulier et par son univers trĂšs personnel. Je me suis donc procurĂ© « Doomboy », dont les critiques Ă©taient particuliĂšrement Ă©logieuses. « Doomboy » se prĂ©sente sous la forme d’un livre A4 au format paysage. Il compte pas moins de 128 pages et est Ă©ditĂ© aux Editions Paquet. Continuer la lecture de « Doomboy »

Mille tempĂȘtes

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Titre : Mille tempĂȘtes
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Juin 2015


Avec « Doomboy », Tony Sandoval avait su toucher son public et les critiques de tout bord. Un graphisme reconnaissable immĂ©diatement et une histoire des plus touchantes lui avait permis d’obtenir un succĂšs bien mĂ©ritĂ©. De retour aujourd’hui avec « Mille tempĂȘtes », l’auteur reste sur ses sujets de prĂ©dilection : l’adolescence et le fantastique. Le tout est Ă©ditĂ© chez Paquet pour un total de 130 pages.

Lisa est une jeune fille à l’aube de l’adolescence. Orpheline de mùre, elle va accidentellement passer dans un monde parallùle et en ramener un objet, ouvrant une brùche à des bestioles et monstres de tout genre


Des adolescents et des monstres.

MilleTempetes2Outre la dose de fantastique qui habite ses ouvrages, Tony Sandoval semble obsĂ©dĂ© par la pĂ©riode de l’adolescente et de ses exclus. La marginalitĂ© et la violence du rejet sont au centre de ses Ɠuvres. En dĂ©calage avec les jeunes de son Ăąge, Lisa est persĂ©cutĂ©e. Cela donne des scĂšnes d’une rare violence typique de cet Ăąge ingrat. Mais au-delĂ  de cet aspect sociĂ©tal, c’est le fantastique qui englobe le tout. Lisa est accusĂ©e d’ĂȘtre une sorciĂšre et elle devra en effet mener un combat contre des forces d’un autre monde.

Le rĂ©cit de « Mille tempĂȘtes » manque clairement de lisibilitĂ©. Si dans d’autres ouvrages le lien entre les rĂ©cits fantastiques et adolescents sont Ă©vidents, c’est moins le cas dans cet ouvrage. On a plutĂŽt l’impression de lire deux histoires en parallĂšle. C’est une vraie dĂ©ception en lecture. Si on retrouve la patte de l’auteur, un peu de clartĂ© dans la narration n’aurait pas fait de mal. On pense notamment Ă  l’arrivĂ©e du pĂšre, un peu tardive façon deus ex machina.

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Graphiquement, en revanche, le plaisir est total. Le style personnel de Tony Sandoval se reconnaĂźt au premier coup d’Ɠil. Pourtant, l’auteur multiplie les techniques pour notre plus grand plaisir. DĂ©marrant avec un style Ă©purĂ© sans encrage Ă  l’aquarelle,  le rĂ©cit adopte alors un style plus conventionnel (case rectangulaire, colorisation en aplats numĂ©riques, encrage
). Des allers-retours sont alors frĂ©quents entre les techniques, la plupart du temps dictĂ©s par l’histoire (comme pour les changements de mondes par exemple). Il est dommage que certains changements graphiques laissent un peu dubitatif par leur intĂ©rĂȘt. Quoi qu’il en soit, le trait est toujours trĂšs beau et personnel. Tony Sandoval est l’un des dessinateurs qui me marque le plus actuellement par son univers original et reconnaissable entre mille.

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Une petite dĂ©ception pour ce « Mille tempĂȘtes ». Si le graphisme est puissant et certaines planches admirablement pensĂ©es, le fil rouge de l’histoire reste un peu confus, mĂȘme si les relectures apportent un peu de sens Ă  ce combat fantastique d’un autre monde.

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note3

Le chant des stryges, T16 : Exécutions

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Titre : Le chant des stryges, T16 : Exécutions
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : DĂ©cembre 2014


Le chant des stryges est une des plus anciennes sĂ©ries que je lis. Le dernier Ă©pisode en date, le seiziĂšme, est apparu en librairie Ă  la fin de l’annĂ©e derniĂšre. Il s’intitule Executions. La couverture dĂ©gage une atmosphĂšre guerriĂšre en parfaite adĂ©quation avec le titre. On dĂ©couvre l’hĂ©roĂŻne se diriger vers nous une arme Ă  la main. Au second plan une maison brĂ»le et le ciel est habitĂ© par le visage d’un monstre hurlant. Les tons chauds accentuent cette sensation de fin du monde. Cette saga est l’Ɠuvre conjointe du scĂ©nariste Eric Corbeyran et du dessinateur Richard GuĂ©rineau. Les couleurs sont le fruit du travail de Dimitri Fogolin.

Le site BDGest’ online (online.bdgest.com) propose le rĂ©sumĂ© suivant : « AprĂšs avoir dĂ©couvert le remĂšde imaginĂ© par Sandor G. Weltman pour remĂ©dier Ă  la stĂ©rilitĂ© des Stryges, Debrah a dĂ©cidĂ© de tenter sa chance. Alors que le fƓtus, sous haute surveillance, grandit dans le corps de sa mĂšre, les tensions au sein de l’équipe se multiplient. Il semblerait qu’un traĂźtre se cache parmi eux
 Mais qui est-il et quelles sont ses vĂ©ritables intentions ? »

Un mélange entre un monde réel et dimension fantastique.

LeChantDesStryges16aVous l’aurez compris aisĂ©ment, il est difficile de s’immerger dans cette lecture sans avoir quelques prĂ©requis solides. Je vais vous offrir les grandes lignes de l’intrigue. Les Stryges sont des crĂ©atures ailĂ©es qui accompagnent dans l’ombre l’humanitĂ© depuis toujours. Leurs destins sont intimement liĂ©s sans qu’on arrive rĂ©ellement Ă  maĂźtriser la nature exacte de leur « association ». Weltman est un homme qui avait passĂ© une alliance avec ses monstres. En Ă©change d’une quasi-immortalitĂ©, il devait chercher Ă  soigner leur stĂ©rilitĂ©. Tout ne s’est pas passĂ© comme prĂ©vu. Cette lutte qui a durĂ© des siĂšcles s’est conclu lorsque Debrah, une mystĂ©rieuse femme aux talents nombreux a hĂ©ritĂ© de l’empire de Weltman aprĂšs l’avoir tuĂ©. Depuis, elle cherche Ă  mettre la main sur tous les hybrides dont elle fait partie pour choisir dĂ©finitivement son camps : avec ou contre les stryges ?

L’intrigue s’inscrit dans notre monde quotidien. La seule nuance de taille est la prĂ©sence dans l’ombre de ces crĂ©atures fantastiques. Le mĂ©lange entre un monde rĂ©el et cette dimension fantastique est habilement construit et ravira les adeptes du genre. La qualitĂ© de la sĂ©rie est constante et ne diminue pas avec les annĂ©es qui passent. L’univers global est dense et solide. Je suis tombĂ© rapidement sous les charmes nombreux de cette aventure et prend toujours beaucoup de plaisir Ă  m’y plonger.

LeChantDesStryges16bCe seiziĂšme tome nous prĂ©sente une bataille rangĂ©e entre Debrah et Carlson. La premiĂšre veut sauver les hybrides, le second veut les exterminer. Par les temps qui courent, le second est en train de prendre le dessus. La conclusion de cet album sur ce plan est une belle rĂ©ussite. ParallĂšlement, l’hĂ©roĂŻne et ses acolytes sont arrivĂ©s Ă  reproduire deux Stryges. Ils sont donc en passe de rĂ©soudre le problĂšme de stĂ©rilitĂ©. La question se pose donc de savoir que faire de ce nouveau pouvoir. Cette interrogation ne trouve pas vraiment de rĂ©ponse dans cet opus. D’ailleurs le fond de l’intrigue avance relativement peu dans cet acte. Les Ă©vĂ©nements s’enchainement mais aucun ne rĂ©volutionne vraiment l’ensemble. La lecture est donc agrĂ©able mais n’est pas aussi prenante qu’à l’habitude. En effet, elle est plus linĂ©aire que dans les albums prĂ©cĂ©dents. Il n’y a de rĂ©els rebondissements. Peut-ĂȘtre s’agit-il d’une transition avec la suite ? NĂ©anmoins, rien n’est bĂąclĂ© mais disons que l’ensemble manque lĂ©gĂšrement d’ampleur.

Concernant les dessins, ils arrivent toujours autant Ă  accompagner avec talent la trame. Le grand nombre de personnages et l’alternance entre scĂšnes extĂ©rieures et intĂ©rieures nĂ©cessitent des bases solides et aucune faiblesse. C’est le cas de Richard GuĂ©rineau. Il arrive sans difficultĂ© Ă  faire exister graphiquement chaque protagoniste qu’il soit central ou secondaire. De plus, les diffĂ©rents dĂ©cors sont Ă©galement bĂątis et permettent de s’y fondre aisĂ©ment.

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Pour conclure, « ExĂ©cutions » est une suite honnĂȘte aux pĂ©rĂ©grinations de Debrah et ses amis. Le suspense est maintenu Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre intensifiĂ©. J’attends donc avec impatience la suite. Quant aux nĂ©ophytes de cet univers, je vous incite Ă  vous plonger dans la lecture du premier tome. Vous risquez d’apprĂ©cier le voyage


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note3

Le jardin de minuit – Edith

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Titre : Le jardin de minuit
ScĂ©nariste : Edith d’aprĂšs Philippa Pearce
Dessinatrice : Edith
Parution : Avril 2015


« Le jardin de minuit » est un roman jeunesse Ă©crit par Philippa Pearce que je ne connaissais pas. Une premiĂšre approche m’est proposĂ©e par Edith, qui adapte le livre en bande-dessinĂ©e dans un one-shot d’une petite centaine de pages. Le tout paraĂźt dans l’excellente collection Noctambule chez Soleil.

Tom est triste. Son frĂšre Peter a attrapĂ© la rougeole et est contagieux. Pour Ă©viter qu’il l’attrape Ă©galement, Tom est envoyĂ© deux semaines en vacances chez son oncle et sa tante, dans une maison transformĂ©e en appartements. Interdiction de sortir (au cas oĂč il incube), barreaux aux fenĂȘtres, voisine irascible
 Tom dĂ©prime. Mais c’était avant de s’apercevoir que la grande horloge du rez-de-chaussĂ©e sonnait treize coups Ă  minuit et de dĂ©couvrir un jardin extraordinaire.

Une histoire d’amitiĂ© entre deux enfants.

LeJardinDeMinuit1« Le jardin de minuit » est une histoire d’amitiĂ© entre deux enfants, d’oĂč son Ă©tiquetage jeunesse. Le personnage principal, Tom, sur qui tout est centrĂ© est jeune, mais impĂ©tueux. On suit son histoire, qu’il raconte par lettres Ă  son frĂšre Peter. L’adaptation d’Edith se devait de retranscrire les deux ambiances de l’histoire. D’un cĂŽtĂ©, un quotidien morne, gris et ennuyeux. De l’autre, de beaux jardins victoriens baignĂ©s de lumiĂšre.

Le charme opĂšre dans cet ouvrage. Un charme surannĂ©, un brin nostalgique (le roman date des annĂ©es 50), mais les personnages sont attachants. Sans vraiment arriver Ă  sortir du carcan « jeunesse » avec son adaptation, Edith parvient Ă  embarquer le lecteur. Peu de suspense rĂ©el, puisque les mĂ©canismes sont connus dans ce genre de rĂ©cit (peur de rester bloquĂ© dans l’autre monde, peur de ne plus pouvoir y aller, etc.)

C’est le trait d’Edith (que je n’avais encore jamais lu) qui m’a dĂ©cidĂ© Ă  acquĂ©rir l’ouvrage. Ses personnages en rondeur sont trĂšs attachants. Sous un aspect assez simple, le dessin se rĂ©vĂšle riche et dotĂ© d’une narration fluide et maĂźtrisĂ©e. Et que dire des couleurs qui subliment le trait sans peine, variant les ambiances selon les besoins du moment.

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Avec sa pagination important, son cĂŽtĂ© « beau livre », « Le jardin de minuit » risque d’avoir du mal Ă  cibler son public. Avec une histoire qui reste orientĂ©e jeunesse, il vous faudra avoir gardĂ© votre Ăąme d’enfant pour ne pas tiquer au scĂ©nario et pour arriver Ă  entrer pleinement dans l’histoire. C’était mon cas et je ne l’ai pas regrettĂ©.

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note4

Le siĂšcle des ombres, T6 : Le diable – Éric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siĂšcle des ombres, T6 : Le diable
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : FĂ©vrier 2015


« Le siĂšcle des ombres » connait son dĂ©nouement depuis la parution de son sixiĂšme Ă©pisode en fĂ©vrier dernier. « Le diable » clĂŽt le croisement de l’univers des Stryges avec le siĂšcle des LumiĂšres. Eric Corbeyran termine ainsi un nouveau pan de sa grande saga abritant ces mystĂ©rieuses et inquiĂ©tantes crĂ©atures ailĂ©es. Pour mener Ă  bout ce projet, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste bordelais s’est associĂ© au dessinateur Michel Suro. Le duo avait dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble lors de l’écriture de « Le clan des chimĂšres », cycle antĂ©rieur Ă  celui que j’évoque aujourd’hui.

Les Stryges sont des crĂ©atures mythologiques dont le destin est liĂ© depuis toujours Ă  celle des Hommes. J’ai fait leur rencontre en lisant « Le chant des Stryges ». Leur rĂŽle apparait souvent ambigu et il est difficile de se forger une opinion tranchĂ©e Ă  leur Ă©gard. Elles ont passĂ© un pacte avec un certain Sandor Weltman, summum du personnage mystĂ©rieux durant de nombreux tomes. Ses « alliĂ©es » lui avaient offert l’immortalitĂ©. Il les a trahies et la lutte entre les deux camps dure depuis des siĂšcles.

LeSiecleDesOmbres6a« Le siĂšcle des ombres » conte donc cette bataille durant le dix-huitiĂšme siĂšcle. La quatriĂšme de couverture prĂ©sente les enjeux avec les mots suivants : « 1751. Quelques dĂ©cennies avant la RĂ©volution française, un vent d’idĂ©es nouvelles souffle Ă  travers l’Europe. Un vent de progrĂšs et de liberté  Mais au cƓur de ce SiĂšcle des lumiĂšres, la dĂ©couverte d’une Ă©trange mĂ©tĂ©orite Ă  l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’OrciĂšres, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopĂ©diste Ă©clairĂ©, qu’ils soupçonnent d’ĂȘtre l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnĂ©e pour la possession de cette pierre aux mystĂ©rieux pouvoirs
 »

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je me dois de prĂ©ciser qu’il me paraĂźt impensable de dĂ©couvrir l’intrigue par la lecture de cet album. Nombreux sont les prĂ©requis indispensables Ă  la comprĂ©hension de l’ensemble. Evidemment, une connaissance des Ă©vĂ©nements se dĂ©roulant dans les cinq actes prĂ©cĂ©dents est indispensable. De plus, je conseille vivement d’avoir lu « Le clan des chimĂšres », centrĂ© sur la jeunesse de Cylinia et Abeau. Cette histoire permet de rencontrer l’ĂȘtre monstrueux qui habite la couverture de ce nouvel opus. NĂ©anmoins, malgrĂ© ses remarques, je vais faire en sorte que ma critique soit accessible Ă  un novice de cet univers.

Une collaboration entre entitĂ© religieuse et sorciers…

L’un des atouts principaux de de « Le siĂšcle des ombres » est d’insĂ©rer sa trame dans la grande Histoire. Le baron est un ĂȘtre des LumiĂšres. Il participe Ă  la rĂ©daction de l’EncyclopĂ©die. Nous le voyons cĂŽtoyer Diderot ou Rousseau. La lutte idĂ©ologique avec l’Eglise est un aspect intĂ©ressant qui accompagne chacun des Ă©pisodes de l’aventure. Elle justifie l’implication du Vatican pour financer la quĂȘte de Cylinia et Abeau. D’ailleurs, la collaboration entre l’entitĂ© religieuse et deux sorciers fait aisĂ©ment sourire. Cette immersion dans une dimension historique et philosophique n’est pas uniquement un gadget narratif. Elle participe activement Ă  l’attrait du scĂ©nario.

L’existence des Stryges justifie Ă©videmment la prĂ©sence du Fantastique. Corbeyran ne tombe pas dans des excĂšs dans ce domaine-lĂ . On trouve des crĂ©atures monstrueuses, des sorciĂšres, des mondes parallĂšles, du vaudou
 Ses ingrĂ©dients bien que nombreux s’intĂšgrent parfaitement dans la recette et trouve un Ă©quilibre agrĂ©able avec la part rationnelle et rĂ©aliste de l’ensemble. Ce dosage permet de rendre crĂ©dible la narration et alimente ainsi en permanence la curiositĂ© du lecteur.

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Comme annoncĂ© en introduction, « Le diable » conclue le cycle. J’apprĂ©hende toujours ces albums de clĂŽture. Je les trouve souvent inĂ©gaux et brouillons. Ce n’est ici pas le cas. Je le trouve mĂȘme meilleur que les deux prĂ©cĂ©dents. Le rythme est soutenu du dĂ©but Ă  la fin. La montĂ©e en puissance est rĂ©guliĂšre jusqu’au bout et laisse le lecteur sur une conclusion qui fait un lien intĂ©ressant avec « Le chant des Stryges ». Je trouve assez admirable qu’aprĂšs des dizaines d’ouvrages dans cet univers, Corbeyran arrive encore Ă  produire un opus aussi bien construit et attrayant. Ce n’est pas la moindre des performances


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note3

Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisiÚme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă  mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche Ă  ce solide chĂȘne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament – Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de l’histoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.

Julius4a« Le TroisiĂšme Testament
 Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă  l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius


Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă  la fin de l’album prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă  la recherche de la rĂ©vĂ©lation


Une rupture d’atmosphĂšre.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession d’épreuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, l’empathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă  la curiositĂ© d’ĂȘtre entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphĂšre. Le hĂ©ros n’est plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e. L’évolution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă  une machine Ă  tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, l’ouvrage en lui-mĂȘme n’est pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il s’agit d’une belle rĂ©ussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă  faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă  nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă  nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisiĂšme testament est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Cette saga Ă©sotĂ©rique est un vĂ©ritable petit bijou d’aventure mĂ©diĂ©vale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaĂźtre dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisiĂšme testament, Julius. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiĂ©s Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son Ɠuvre Ă©tait son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se dĂ©roule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en JudĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du premier millĂ©naire que nous dĂ©couvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisiĂšme opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La rĂ©vĂ©lation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencĂ© un long pĂ©riple depuis la JudĂ©e. Il suit un appel qui rĂ©sonne en lui et qui mĂšne vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frĂšre du Christ. Sa quĂȘte doit le mener vers le TroisiĂšme Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagnĂ© d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu.
Le premier tome prĂ©sentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxiĂšme marquait le dĂ©but d’une longue marche qui menait entre autre la petite communautĂ© Ă  dĂ©couvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son dĂ©roulement soit trop linĂ©aire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans rĂ©els rebondissements. J’espĂ©rais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadĂ© et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premiĂšres pages me plongent Ă  nouveau au cĂŽtĂ© du groupe et de sa quĂȘte prophĂ©tique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus prĂ©cĂ©dent. La premiĂšre Ă©tape des voyageurs s’avĂšre ĂȘtre le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une vĂ©gĂ©tation maĂźtrisĂ©e Ă  l’esthĂ©tique Ă©blouissante. En effet, il s’agit d’une forĂȘt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphĂšre ressemble Ă  celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bĂ©dĂ©philes en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprĂ©cie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dĂ©gage toujours cette vĂ©gĂ©tation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂźtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂȘte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂȘchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂȘme et compliquĂ©e de leur tĂąche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela gĂ©nĂšre une intensitĂ© croissante tout au long de l’album. Le bĂ©mol dĂ» Ă  une linĂ©aritĂ© excessive qui habitait le deuxiĂšme album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en rĂ©sulte un suspense certain quant Ă  l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communautĂ©. La conclusion de l’album est rĂ©ussie Ă  ce niveau-lĂ . Elle n’est pas prĂ©visible et a attisĂ© ma curiositĂ© jusqu’à la derniĂšre planche qui prĂ©sente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome prĂ©cĂ©dent, je suis tombĂ© sous le charme du trait de ThimothĂ©e Montaigne. Son style m’a sĂ©duit dĂšs la premiĂšre planche. Le travail est prĂ©cis et dĂ©taillĂ©. Chaque image est travaillĂ©e. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, tout est habitĂ© d’une profondeur qui a facilitĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© mon immersion dans les pas des hĂ©ros. La premiĂšre page offre une gestion des lumiĂšres qui est un modĂšle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait Ă  l’extĂ©rieur. La pluie, la forĂȘt vierge, la montagne, le dĂ©sert
 Tout est retranscrit avec la mĂȘme justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus trĂšs rĂ©ussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le prĂ©cĂ©dent. Le scĂ©nario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beautĂ©. Les auteurs sont arrivĂ©s Ă  maintenir ma curiositĂ© quant au devenir de ses hĂ©ros. C’est le gage d’une certaine qualitĂ© tant bon nombre de sĂ©ries ont tendance Ă  voir leur intĂ©rĂȘt s’étioler aprĂšs des premiers tomes rĂ©ussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T2 : La rĂ©vĂ©lation, 1/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », m’avait Ă  la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă  son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation – 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ  changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »   intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas trĂšs rassurĂ© quand j’ai ouvert cette bande-dessinĂ©e.

La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă  s’armer et Ă  repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers l’orient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens l’accompagnent. Quand Ă  Julius, parfaitement athĂ©e, il n’est lĂ  que pour pousser le nouveau messie Ă  abandonner sa quĂȘte.

« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, l’histoire n’a pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă  la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.

Du mal Ă  accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence Ă  se faire sentir. La Mort rĂŽde et l’Apocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que j’ai du mal Ă  Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă  accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est lĂ -dessus que j’achoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si j’avoue regretter toujours ce genre d’évĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ  prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et l’intĂ©rĂȘt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !

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