Titre : Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010
Une sĂ©rie Ă succĂšs est-t-elle condamnĂ©e Ă accoucher dâun spin-off ? AprĂšs un succĂšs amplement mĂ©ritĂ©, « Le TroisiĂšme Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette sĂ©rie racontait la quĂȘte de ce fameux troisiĂšme testament qui aurait Ă©tĂ© cachĂ© par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius sâest retrouvĂ© avec ce prĂ©sent divin et quelle a Ă©tĂ© son histoire. Quelques changements sont Ă prĂ©voir cependant dans lâĂ©quipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la sĂ©rie et Robin Recht prend les rĂȘnes au dessin Ă la place dâAlex Alice qui reste au scĂ©nario, au storyboard et⊠à la couverture.
Une quĂȘte de rĂ©demption.
Grosse apprĂ©hension pour le lecteur fan de la sĂ©rie originelle que je suis. Mais « Julius » doit ĂȘtre pris avant tout comme une histoire Ă part. En effet, la pĂ©riode historique nâest pas du tout la mĂȘme (lâAntiquitĂ© contre le Moyen-Ăge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre lâEurope). Julius est gĂ©nĂ©ral romain, portĂ© en triomphe au dĂ©but de lâouvrage dont on va assister Ă la chute brutale et immĂ©diate (tel Conrad). Comme dans la premiĂšre sĂ©rie, câest donc une quĂȘte de rĂ©demption Ă laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athĂ©e. Son contact avec un rabbin juif/chrĂ©tien va bouleverser sa vision des choses et l’amener Ă s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent dĂ©jĂ comment l’histoire se terminera…
Il faut bien avouer que les 80 pages de lâouvrage se lisent dâune traite. 60 ans aprĂšs la venue du Christ, les ChrĂ©tiens font peur Ă Julius. Leur secte prĂŽne la non-violence et ils sont prĂȘts Ă mourir pour leur foi. LĂ oĂč « Le TroisiĂšme Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruautĂ© est sans limite. Lâempire qui traite les autres de barbare semble avoir inversĂ© les rĂŽles.
« Julius » est donc trĂšs mystique. Les citations de textes sacrĂ©s et de prophĂštes sont lĂ©gions. Cela donne un souffle Ă©pique Ă lâhistoire. Le tout est renforcĂ© par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite dâAlex Alice. Le dessin est fort, dĂ©taillĂ©, expressif. Son trait parvient Ă transcender lâhistoire et en cela, câest une vraie rĂ©ussite. Les couleurs sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien Ă redire, c’est du trĂšs beau travail.
Une prĂ©cision cependant : le service marketing assure que cette sĂ©rie peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment de la sĂ©rie originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.
Le vrai problĂšme de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indĂ©pendamment, câest une excellente bande-dessinĂ©e au scĂ©nario fouillĂ©, au souffle Ă©pique indĂ©niable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire Ă tous les fans dâĂ©sotĂ©risme et de religions naissantes.