Droit dans le mĂ»r – Fabcaro

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Titre : Droit dans le mûr
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : DĂ©cembre 2007


AprĂšs un premier ouvrage autobiographique qui mettait Ă  nu ses nĂ©vroses (« Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs »), Fabcaro remet le couvert avec « Droit dans le mĂ»r ». Comme il le dit lui-mĂȘme : « Faut ĂȘtre maso ». C’est donc reparti pour une sĂ©rie d’anecdotes pleine d’autodĂ©rision sur les problĂšmes relationnels de l’auteur. On retrouve notamment son incapacitĂ© Ă  dire « non » et, de façon gĂ©nĂ©rale, Ă  s’imposer.

Si certaines anecdotes ne font qu’une page (ce sont rarement les plus intĂ©ressantes), d’autres sont un poil plus longue, amenant souvent une rĂ©flexion plus large (l’achat de la maison, le mec au walkman, etc.). Evidemment, une chute nous attend toujours Ă  la fin. Heureusement, la chute n’est pas le seul moment oĂč l’ont ri. L’humour est omniprĂ©sent. Parfois absurde, parfois touchant, Fabcaro a un humour vraiment particulier, une vraie patte. Un bonheur pour les zygomatiques.

Un bilan de l’autobiographie et un bilan autobiographique.

Le dĂ©but de l’ouvrage dĂ©marre sur le bilan de la premiĂšre autobiographie. En effet, Fabcaro expose les problĂšmes liĂ©s Ă  la publication d’un tel ouvrage
 Evidemment, c’est passionnant et le fait que l’auteur n’assume absolument pas le contenu rend le tout encore plus intĂ©ressant. Ainsi, « Droit dans le mĂ»r » et « Le steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » fonctionnent clairement comme un diptyque. AssemblĂ©s, ils traitent plus ou moins des mĂȘmes thĂšmes et donnent finalement plus de cohĂ©rence Ă  l’ensemble.

Comme son nom l’indique, « Droit dans le mĂ»r » s’attarde sur le vieillissement de l’auteur. Ce dernier, la trentaine passĂ©e, doit laisser certaines de ses anciennes convictions au passĂ©. Ainsi, rien ne s’arrange vraiment quand on vieillit (alors qu’il Ă©tait persuadĂ© du contraire !) et on finit par faire des choses terribles comme devenir propriĂ©taire (ce passage est d’une justesse incroyable) alors qu’on rejetait le concept de propriĂ©tĂ© Ă  20 ans. Fabcaro n’hĂ©site d’ailleurs pas Ă  se reprĂ©senter en conversation avec son alter-ego plus jeune. Si le procĂ©dĂ© n’est pas nouveau, il est ici utilisĂ© avec parcimonie, Ă©normĂ©ment d’humour et se rĂ©vĂšle finalement touchant. On a tous en nous quelque chose de Fabcaro.

Le dessin est toujours efficace avec un noir et blanc Ă©lĂ©gant et maĂźtrisĂ©. Les expressions des personnages, trĂšs travaillĂ©es et marquĂ©es, renforcent l’humour des situations. Le tout est souvent articulĂ© en planches composĂ©es de trois bandes horizontales, apportant de la cohĂ©rence Ă  l’ensemble (et un peu de rigiditĂ©, il est vrai).

AprĂšs un « Steak hĂąchĂ© de DamoclĂšs » rĂ©ussi, « Droit dans le mĂ»r » est clairement un cran au-dessus de part une certaine cohĂ©rence et une patte de l’auteur plus affirmĂ©e. Les deux ouvrages tirent un portrait hilarant de Fabcaro, plein d’autodĂ©rision. Indispensable pour tous les fans de l’auteur !

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Note : 16/20

Le steak hachĂ© de DamoclĂšs – Fabcaro

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Titre : Le steak haché de DamoclÚs
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Juillet 2005


Faut-il ĂȘtre nĂ©vrosĂ© pour ĂȘtre auteur de bande-dessinĂ©e ? En lisant les diffĂ©rentes autobiographies, on peut se le demander
 Ainsi, Fabcaro dĂ©marre « Le steak hachĂ© de DamoclĂšs » sur ces mots : « une bande-dessinĂ©e sur mes problĂšmes de communication ? J’ai aucune envie d’étaler mes nĂ©vroses  ». L’auteur rentre ici dans un travail d’introspection. Et qui dit introspection, dit forcĂ©ment anecdotes
 Histoire de justifier ses dires.

Le titre de l’ouvrage vient justement de la premiĂšre anecdote oĂč Fabcaro, encore enfant, doit aller acheter une baguette de pain. Il reviendra avec un steak haché  De lĂ  dĂ©marre ses problĂšmes de communication. Ceux-ci sont avant tout l’incapacitĂ© Ă  se concentrer sur ce que racontent les autres et son impossibilitĂ© Ă  dire « non ». De ces handicaps en rĂ©sultent nombre de quiproquos avec un peu tout le monde.

Comment s’assumer comme auteur de bande-dessinĂ©e ?

Cependant, rapidement les anecdotes de l’auteur font apparaĂźtre d’autres problĂšmes rĂ©currents dont la difficultĂ© Ă  assumer son statut d’auteur de bande-dessinĂ©e (il faut avouer qu’il n’est pas aidé !). Ainsi, dĂšs que la situation financiĂšre devient difficile, le spectre du « concours de prof » ressort. Ayant des enfants, Fabcaro ne peut pas se permettre la prĂ©caritĂ©. C’est un vrai sujet, traitĂ© avec beaucoup d’humour certes, mais qui doit ĂȘtre terrible pour les auteurs de BD.

Etant donnĂ© toutes les nĂ©vroses dont je viens de parler, on pourrait penser que Fabcaro s’apitoie sur son sort et se donne finalement une image pathĂ©tique. Ce n’est Ă©videmment pas le cas. Capable d’une autodĂ©rision impressionnante, l’auteur ne se cherche aucune excuse (Ă  part la lĂąchetĂ©, c’est dire !). RĂ©sultat, le tout est diablement drĂŽle. On est parfois stupĂ©fait par les situations dans lesquelles arrive Ă  se mettre l’auteur simplement parce qu’il est incapable de communiquer correctement. Ainsi, quand on l’appelle par un prĂ©nom diffĂ©rent, il n’arrive pas Ă  dire « ce n’est pas Fabien, c’est Fabrice ». Et de lĂ  dĂ©coule un problĂšme insoluble.

Cette autobiographie, centrĂ©e sur les problĂšmes de communication, est un peu bordĂ©lique quand mĂȘme. Les anecdotes sont plus ou moins pertinentes et Ă  des pĂ©riodes trĂšs diffĂ©rentes de la vie de l’auteur. Cependant, Fabcaro ouvre correctement son bouquin (en prĂ©sentant le sujet) et le referme lorsque sa copine lit l’ouvrage en question. Cela compense l’aspect un peu dĂ©cousu de l’ensemble.

Au niveau du dessin, j’ai Ă©tĂ© sĂ©duit par le travail de Fabcaro. EntiĂšrement en noir et blanc, le trait est dynamique et bien plus complexe qu’il peut paraĂźtre Ă  premiĂšre vue. L’expressivitĂ© des personnages (et notamment de l’auteur) sont en effet de grands renforts Ă  l’humour dĂ©jĂ  trĂšs drĂŽle.

Difficile de savoir si Fabcaro exagĂšre ou pas ses nĂ©vroses. Et aprĂšs tout, on s’en moque et on rit souvent devant les alĂ©as de son avatar. Il arrive Ă  gĂ©rer des gags rĂ©currents et Ă  illustrer les angoisses du personnage tant graphiquement que dans les dialogues de façon vraiment talentueuse. Une autobiographie intĂ©ressante et, parfois, hallucinante !

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Note : 14/20

Amour, Passion & CX Diesel – Fabcaro & James

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Titre : Amour, Passion & CX Diesel
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : James
Parution : Avril 2011


J’ai dĂ©couvert il y a peu dans « Fluide Glacial » la bande-dessinĂ©e« Amour, Passion & CX Diesel ». CharmĂ© par l’humour absurde des planches, je me suis empressĂ© d’en faire l’acquisition. Cette BD est scĂ©narisĂ©e par Fabcaro, que j’avais dĂ©couvert avec « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et dessinĂ© par James, dont j’apprĂ©cie le dessin depuis que j’ai lu « Dans mon open-space ».

L’histoire de « Amour, Passion et CX Diesel » parodie les soaps operas amĂ©ricains type « Dallas » ou « Les feux de l’amour ». La famille Gonzales est en effet en Ă©moi : le patriarche, Harold, est atteint de la maladie d’Alzheimer. Sa mort semble alors imminente. ImmĂ©diatement, l’hĂ©ritage va devenir un enjeu crucial des diffĂ©rents enfants et leurs conjoints. Notamment la fameuse CX Diesel qui attise toutes les convoitises


On comprend en lisant le pitch que cette bande-dessinĂ©e est complĂštement dĂ©calĂ©e. Loin du luxe habituel des sĂ©ries amĂ©ricaines, on se retrouve dans une famille franchouillarde un peu (beaucoup ?) minable sur les bords. Leur grande bĂȘtise et leurs coups bas rappelleront inĂ©vitablement les grandes comĂ©dies italiennes telles que « Affreux, bĂȘtes et mĂ©chants ». Les hommes sont particuliĂšrement stupides, les femmes s’en sortant Ă  peine mieux.

La bĂȘtise des personnages portĂ©e Ă  l’absurde

L’aspect parodique est parfaitement assumĂ©. Ainsi, un enfant naĂźt dans la famille et trois hommes croient en ĂȘtre le pĂšre (avec le postier en prime). Les infidĂ©litĂ©s sont frĂ©quentes et tout le monde semble se dĂ©tester. La bĂȘtise des personnages est portĂ©e Ă  l’absurde. Ainsi, Jean-Mortens, bien que noir, n’est pas considĂ©rĂ© comme tel (mĂȘme lorsqu’il essaie de faire son coming-out
). L’ouvrage tient avant tout de sa galerie de personnage. Du pĂšre qui oublie tout, au beau-frĂšre chĂŽmeur qui s’invente un mĂ©tier, en passant par la belle-sƓur infidĂšle au dernier degrĂ©, sans oublier le frĂšre patron d’une boĂźte de nuit minable.

amourpassion-CXdiesel3L’hĂ©ritage est le fil rouge de la BD mais d’autres intrigues sont menĂ©es petit Ă  petit, rendant la lecture trĂšs agrĂ©able. Le tout est prĂ©sentĂ© par sĂ©quences de six cases carrĂ©es, amenant immanquablement une chute. Le tout est parfaitement maĂźtrisĂ© de bout en bout amenant jusqu’à la conclusion finale que je ne rĂ©vĂšlerai pas ici. L’humour est omniprĂ©sent et dense. On n’a pas d’impression de remplissage comme c’est parfois le cas dans ce genre d’ouvrages.

Le dessin de James est trĂšs Ă©lĂ©gant et adaptĂ© aux gags. Son trait simple et animalier renforce d’autant plus le cĂŽtĂ© parodique de l’ouvrage. Cependant, comme tout passe par le dialogue, on a une impression parfois statique de l’ensemble. Le dessin peine Ă  se renouveler parfois. Ce dernier est cependant mis en valeur par la colorisation de  BenGrrr. Alors qu’on s’attendrait Ă  des couleurs vives, les auteurs ont optĂ© pour des couleurs pastel beaucoup plus douces. Un choix judicieux Ă©tant donnĂ© le rĂ©sultat.

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« Amour, passion & CX Diesel » est donc une bonne parodie, complĂštement absurde. En ne se donnant pas de limite, les auteurs font mouche. Les mesquineries des uns et des autres sont vraiment ridicules et nous feront rire plus d’une fois. Comme dirait un des personnages : « Toujours la CX Diesel ! Ne peux-tu pas avoir un peu plus d’ambition ? »

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Note : 14/20

La ClĂŽture – Fabcaro

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Titre : La ClĂŽture
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2009


« 6 pieds sous terre » est une maison d’édition qui cherche avant tout Ă  donner de la libertĂ© aux auteurs. Dans « La clĂŽture », Fabcaro profite de cette libertĂ© pour dĂ©livrer un rĂ©cit complĂštement absurde et expĂ©rimental. Difficile Ă  dĂ©finir ce qu’est « La clĂŽture ». Avant tout, cet ouvrage dĂ©crit la difficultĂ© pour un auteur (en l’occurrence, Fabcaro) d’écrire des scĂ©narios quand on est empĂȘtrĂ© dans le quotidien (avec notamment une clĂŽture Ă  rĂ©parer).

Pourtant dans les premiĂšres pages, point de prĂ©sence autobiographique de l’auteur. On dĂ©marre le tout sur des personnages fictionnels. TrĂšs intriguĂ© par le dĂ©but de l’histoire, le lecteur est rapidement rassurĂ© lorsque la compagne de Fabcaro dĂ©clare, en lisant ces mĂȘmes pages : « Mais
 C’est totalement incohĂ©rent
 On comprend rien du tout  ». L’auteur dĂ©clare alors qu’il est au bord de la dĂ©pression et qu’il n’arrive pas Ă  scĂ©nariser avec tout ce qu’il a Ă  faire Ă  cĂŽté 

Les scĂšnes se succĂšdent sans lien apparent entre elles.

Et justement, malgrĂ© tout cela, Fabcaro va pourtant nous scĂ©nariser une histoire entre Sonia et Pierre. La premiĂšre ne rencontre que des losers et voudrait trouver quelqu’un. Le second cherche avant tout un emploi mais semble complĂštement incompĂ©tent pour cela. Ils finiront quand bien mĂȘme par se rencontrer aprĂšs de nombreuses pĂ©ripĂ©ties. Laissant libre court Ă  son imagination, les scĂšnes se succĂšdent sans lien apparent entre elles.

lacloture1Au fur et Ă  mesure des pages, Fabcaro s’intĂšgre dans sa propre fiction, se mettant alors Ă  parler avec ses « acteurs » de ses Ă©tats d’ñme. Pendant ce temps, l’histoire continue
 Cette partie autobiographique, sous une apparence classique, est toujours agrĂ©ablement mise en scĂšne par Fabcaro. Outre le comique absurde de rĂ©pĂ©tition, on retrouve l’auteur devant ses contradictions : faire un ouvrage original au risque d’en « vendre huit ». La panne d’inspiration reste Ă©videmment le principal sujet de l’ouvrage, puisqu’il est la raison du bordel incroyable qu’est « La clĂŽture » : ne sachant qu’écrire, Fabcaro fait n’importe quoi, essayant des choses diverses et variĂ©es. Evidemment, les derniĂšres pages amĂšnent un Ă©claircissement salvateur et « La clĂŽture » prend alors tout son sens.

MalgrĂ© la confusion volontaire du rĂ©cit, on rit beaucoup dans cet ouvrage. Les dialogues, les situations absurdes, le mĂ©lange des genres
 Fabcaro maĂźtrise son humour si particulier et personnel avec maestria. Qu’importe le personnage ou le lieu, l’auteur parvient Ă  nous arracher des rires avec un sens du contre-pied incroyable.

Au niveau du dessin, j’avoue ĂȘtre trĂšs fan du trait de Fabcaro. Ses personnages aux longs cous sont trĂšs expressifs. Mention spĂ©ciale aux silences, parfaitement retranscrits graphiquement, souvent par une rĂ©pĂ©tition maĂźtrisĂ©e et intelligente de la case.

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« La ClĂŽture » est une Ɠuvre exigeante. La feuilleter dans une librairie ou une bibliothĂšque risque fort de faire hĂ©siter le lecteur. DotĂ© d’un humour efficace et d’une mise en abĂźme originale, cette bande-dessinĂ©e, trĂšs expĂ©rimentale, n’en est pas moins avant tout une vĂ©ritable histoire avec ses personnages, ses retournements de situation. Un monument de l’absurde.

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Note : 18/20

ParaplĂ©jack – Fabcaro

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Titre : Parapléjack
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Novembre 2014


Fabcaro est l’un de mes auteurs favoris. Son humour, absurde et personnel, me touche systĂ©matiquement. L’auteur a dĂ©veloppĂ© toute une sĂ©rie de livres sous forme de strips, dont il s’est fait une spĂ©cialitĂ© (parmi d’autres). « ParaplĂ©jack » regroupe des strips parus initialement sur le site Mauvais Esprit. Le tout est publiĂ© aux Ă©ditions de La CafetiĂšre dans un format A6, Ă  raison d’un strip par page (pour 128 pages).

Jack est paraplĂ©gique. Mais il ne semble pas avoir conscience des implications. Ainsi, il essaie de faire plein de choses qui lui sont impossibles, comme tirer un pĂ©nalty par exemple ou faire des pompes
 Comme citĂ© en quatriĂšme de couverture : « Tu dois accepter la vie telle qu’elle se prĂ©sente mais mieux vaut faire en sorte qu’elle se prĂ©sente comme tu veux qu’elle soit  » 

Un homme en fauteuil roulant fait du trampoline…

On nage donc en plein humour noir et absurde en voyant un homme en fauteuil roulant faire du trampoline
 Difficile Ă  imaginer, non ? Fabcaro manipule un humour qui a ses adeptes, mais il est Ă©vident que certains resteront sur la touche. Il fait fort ici en s’attaquant aux handicapĂ©s dont il se moque ouvertement. Mais la bonne humeur de Jack est communicative.

Comme toujours avec les recueils de strips, certains sont clairement plus percutants que d’autres. Une fois le postulat de dĂ©part assimilĂ©, on sourit beaucoup aux pĂ©ripĂ©ties de Jack, mĂȘme si un phĂ©nomĂšne de rĂ©pĂ©tition se fait sentir en fin d’ouvrage. Se pose la question de savoir s’il fallait publier l’intĂ©gralitĂ© des strips parus prĂ©cĂ©demment. Qu’importe, le plaisir de lecture est lĂ .

Le dessin de l’auteur est un vrai plaisir. Son trait est dynamique et, malgrĂ© la petitesse du format, les cases sont riches en dĂ©cors et en dĂ©tails. Son noir et blanc est beau, mĂȘme si ici il manque parfois de visibilitĂ©. Difficile Ă  dire si c’est Ă  cause de la couleur ou Ă  cause de la taille des cases, mais j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation.

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Un nouveau livre de Fabcaro, c’est toujours un plaisir. « ParaplĂ©jack » n’est pas son meilleur livre, mais son cĂŽtĂ© complĂštement absurde est assez jubilatoire. Abordant un sujet difficile avec un humour corrosif, l’auteur prend un risque. Mais qui d’autre pouvait nous montrer un homme paraplĂ©gique en plein dĂ©ni de son handicap ?

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Note : 12/20

 

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

AthanagorWurlitzer


Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel » est un personnage crĂ©Ă© par le cĂ©lĂšbre auteur de bandes dessinĂ©es MaĂ«ster. Sa naissance est antĂ©rieure Ă  l’apparition de la cĂ©lĂšbre et peu acadĂ©mique SƓur Marie-ThĂ©rĂšse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des annĂ©es quatre-vingts. J’ai profitĂ© de l’édition d’une intĂ©grale en fin d’annĂ©e derniĂšre pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme Ă  lunettes et aux hormones fortement chatouillĂ©es. L’ouvrage coĂ»te autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pĂ©rĂ©grinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son Ăąge. Il possĂšde une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultĂ©s Ă  gĂ©rer ses Ă©motions et tombe ainsi rapidement dans l’excĂšs et dans de grands moments de dĂ©lire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne


Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse Ă  un public adulte et averti. Il est Ă©vident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goĂ»t. Mais l’atmosphĂšre est davantage Ă  l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinĂ©es en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de MaĂ«ster est dĂ©jĂ  caractĂ©ristique. Il possĂšde une plume prĂ©cise et offre des planches pleines de dĂ©tails. Je suis assez fan de son style qui arrive Ă  doser avec maestria les touches exubĂ©rantes gĂ©nĂ©rĂ©es par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmĂ©es. Leur format implique une mise en place rapide, un dĂ©veloppement dense et un dĂ©nouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contĂ©es par MaĂ«ster n’est nĂ©gligĂ©e. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est apprĂ©ciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualitĂ© constante est une performance. Chaque case est travaillĂ©e dans les moindres dĂ©tails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y dĂ©couvrir un gag ou un jeu de mot joliment tournĂ©. Il s’agit d’une caractĂ©ristique de bon nombre d’Ɠuvres estampillĂ©es Fluide Glacial de cette Ă©poque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgrĂ© la trentaine d’annĂ©es qui nous sĂ©pare de leur premiĂšre parution, ces Ă©pisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est dĂ©lurĂ©. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excĂšs. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La consĂ©quence est que je suis restĂ© parfois extĂ©rieur Ă  certaines aventures. NĂ©anmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. MaĂ«ster offre une jolie gamme de dĂ©lires centrĂ©s sur cet obsĂ©dĂ© sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le hĂ©ros est graphiquement rĂ©ussi. Au premier abord, il apparaĂźt comme un jeune homme de bonne famille en Ăąge d’ĂȘtre Ă©tudiant. Il est assimilable Ă  ces personnes qui appartiennent Ă  notre univers mais qui semblent transparentes et dont la prĂ©sence n’est jamais remarquĂ©e. Le dĂ©calage entre l’impression extĂ©rieure et ses poussĂ©es d’hormones qui le brĂ»lent de l’intĂ©rieur facilite la dimension exubĂ©rante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  dĂ©couvrir ce bouquin. Le premier contact est agrĂ©able car l’objet est de qualitĂ©. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuviĂšme art. Je le conseille donc Ă  tous les adeptes de l’humour estampillĂ© « Fluide Glacial ». Il s’agĂźt d’une des premiĂšres marches construites par MaĂ«ster qui le mĂšnera vers sa sĂ©rie culte mettant en scĂšne la plus trash des bonnes sƓurs


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Note : 13/20

De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2014


« De cape et de crocs » est une sĂ©rie exceptionnelle. DotĂ©e d’un univers original, les tomes s’enchaĂźnaient tout en gardant une qualitĂ© scĂ©naristique et graphique incroyable. AprĂšs dix opus, Ayroles (au scĂ©nario) et Masbou (au dessin), avait clĂŽt leur Ă©popĂ©e au grand dam des fans. Mais dĂ©jĂ  ils annonçaient un spin-off sur le personnage d’EusĂšbe. Croyant voir venir un one shot, quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau livre est considĂ©rĂ© comme le onziĂšme de la sĂ©rie. Bien nommĂ© « vingt mois avant », il revient sur les raisons qui menĂšrent EusĂšbe aux galĂšres oĂč l’on le retrouvait dans l’histoire. Le tout est publiĂ© chez Delcourt.

EusĂšbe est de loin le personnage le plus attachant de la sĂ©rie. Petit lapin blanc dont la naĂŻvetĂ© n’a d’égal que le courage, il est le spĂ©cialiste des petites bĂȘtises. Son histoire Ă©tait devenue un running-gag de la sĂ©rie. On apprenait par bribes son passĂ©. Et quand il avait commencĂ© Ă  s’exprimer, apprenant qu’il avait Ă©tĂ© garde du cardinal, Lope ne pouvait s’empĂȘcher de lui rĂ©pliquer un cinglant « EusĂšbe, ce n’est pas bien de mentir ! » Il y Ă©tait question Ă©galement d’un jumeau malĂ©fique qui l’avait fait condamnĂ© Ă  sa place
 VoilĂ  dĂ©sormais l’occasion de savoir comment EusĂšbe va se retrouver aux galĂšres !

Nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et nouveaux lieux.

DeCapeEtDeCrocs11bContinuer la sĂ©rie en ne rĂ©cupĂ©rant qu’un seul personnage est un dĂ©fi Ă  la hauteur d’Ayroles et Masbou. En effet, « De cape et de crocs » dĂ©veloppaient de nombreux personnages attachant qui Ă©voluaient beaucoup dans leurs relations au fil des pages. MalgrĂ© la dĂ©nomination de onziĂšme tome, on a bien le dĂ©but d’une nouvelle sĂ©rie ici. On dĂ©couvre de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. C’est donc en chemin pour Paris que nous retrouvons EusĂšbe qui part se faire engager chez les gardes du cardinal.

MalgrĂ© tout, on reste connecté ! On retrouve quelques allusions au premier tome de « De cape et de crocs ». On y voit EusĂšbe apprendre Ă  faire le rat ou on croise Ă©galement Montmorency, le fameux basset que Lope dit avoir occis dans les premiĂšres pages de la sĂ©rie
 Sentant ces rĂ©fĂ©rences, je me suis empressĂ© de relire les dix tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Clairement, l’indĂ©pendance de ce spin-off envers la sĂ©rie originelle est toute relative.

DeCapeEtDeCrocs11cConcernant le scĂ©nario, on retrouve la mĂȘme ambiance. EusĂšbe est naĂŻf et il lui arrive plein de malheurs. Mais il rebondit toujours et sait s’en sortir car, aprĂšs tout, il est tellement mignon
 Le scĂ©nario est dense et vise avant tout Ă  nous prĂ©senter une galerie de personnages qui seront, on l’imagine, dĂ©veloppĂ©s par la suite. On sourit beaucoup, on rit parfois. Ayroles et Masbou n’ont rien perdu de leur superbe.

Le dessin est toujours splendide. Masbou est en pleine possession de ses moyens et prĂ©sente un Paris crĂ©dible et vivant. Son travail sur les couleurs lui permet d’asseoir diffĂ©rentes ambiances sans problĂšme. « De cape et de crocs » tient clairement son rang de sĂ©rie culte Ă©galement grĂące Ă  son dessin personnel et virtuose. Les dĂ©tails s’accumulent et une deuxiĂšme lecture est nĂ©cessaire pour pleinement profiter de tous.

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Ce onziĂšme tome relance une nouvelle intrigue avec talent. MĂȘme si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualitĂ©s de la sĂ©rie sont bien lĂ . C’est avec un bonheur Ă©vident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilitĂ©s. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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Note : 17/20

 

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune Ă  la Terre » est un album particulier Ă  mes yeux. Il clĂŽt la dĂ©sormais mythique sĂ©rie « De Cape et de Crocs » nĂ©e de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir Ă  la dĂ©couverte de ce dernier Ă©pisode, je m’étais imposĂ© de lire une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des derniĂšres aventures de nos hĂ©ros. Ce n’est donc que rĂ©cemment que je me suis plongĂ© dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rĂȘve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre cĂ©lĂšbre trio dont on devine le portrait dans le ciel Ă©toilĂ©. VoilĂ  qui ne faisait qu’attiser ma curiositĂ© dĂ©jĂ  pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvĂ©e, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitiĂ© s’opposent, la comĂ©die peut tourner au tragique. Avant de tirer leur rĂ©vĂ©rence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de thĂ©Ăątre. Arriveront-ils tous Ă  bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littĂ©rature ou en bandes dessinĂ©es, une des plus grandes difficultĂ©s est d’arriver Ă  conclure. RĂ©ussir son dĂ©nouement est rare. Il est pourtant important de ne pas nĂ©gliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goĂ»t Ă  la dĂ©gustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou dĂ©cevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il Ă©tait Ă©vident qu’il fallait sublimer leur sĂ©paration. L’opus prĂ©cĂ©dent se concluait par la mise en Ă©chec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune Ă  la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment ouvertes. Certaines rĂ©vĂ©lations Ă©taient prĂ©visibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une rĂ©ponse Ă  chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gĂȘnant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passĂ©s avec les diffĂ©rents personnages qui sont pour la plupart trĂšs sympathiques. D’ailleurs la derniĂšre page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagnĂ© d’une Ă©motion prenante. L’avancĂ©e vers le dĂ©nouement est subtilement dosĂ©e. On n’est pas dans la brutalitĂ© de certaines sĂ©ries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les rĂ©vĂ©lations accumulĂ©es. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagnĂ© par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut nĂ©anmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune Ă  la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On dĂ©couvre un combat spatial homĂ©rique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue Ă©galement. Les sentiments sont intenses et pas toujours rĂ©ciproques. La tragĂ©die cohabite avec le romantisme. L’amitiĂ© offre Ă©galement des moments touchants. Le cĂŽtĂ© thĂ©Ăątral est Ă©videmment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacitĂ© Ă  faire naitre des Ă©motions par ses personnages est une performance. Son souci du dĂ©tail donne une profondeur Ă  ses dĂ©cors et chacune des cases dont on se dĂ©lecte avec appĂ©tit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitĂ©es d’une atmosphĂšre qui nous emporte complĂštement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenĂ©s Ă  travailler Ă  nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espĂšre


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En conclusion, « De la Lune Ă  la Terre » offre Ă  cette sĂ©rie un dĂ©nouement Ă  son ampleur. J’ai terminĂ© ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminĂ©e. La qualitĂ© de cette Ă©popĂ©e m’incite Ă  m’y replonger rĂ©guliĂšrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontrĂ© Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de rĂ©parer cette erreur et de combler ce manque


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Note : 17/20

De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuviĂšme et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dĂ©nouement de la grande saga nĂ©e de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scĂ©nario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y dĂ©couvre un de nos hĂ©ros, l’arme Ă  la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce Ă  dire que la quĂȘte des hĂ©ros s’apparente Ă  celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

decapeetdecrocs9aLe synopsis de ce nouvel Ă©pisode proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Les lĂ©gions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sĂ©lĂ©nite. L’infĂąme prince Jean est dĂ©sormais le maĂźtre absolu de la Lune. Pour les rares rescapĂ©s de l’armĂ©e royale, tout espoir semble anĂ©anti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le dĂ©sastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cƓur du sujet de cet album, je me dois de prĂ©ciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande Ă©popĂ©e. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes prĂ©cĂ©dents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissĂ© les hĂ©ros dans une situation bien dĂ©licate. Le combat pour protĂ©ger le roi de la Lune de son terrible frĂšre et de son horrible bras droit avait Ă©tĂ© perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchĂ©s au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touchĂ©. J’étais donc plein d’espoir Ă  l’idĂ©e de dĂ©couvrir la suite. Il devait s’agit de la remontĂ©e. Nos hĂ©ros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscuritĂ© dans laquelle s’était clos l’opus prĂ©cĂ©dent s’éclairer quelque peu. Les hĂ©ros construisent leur Ă©lan sur le panache qui les caractĂ©rise tant. Ainsi, ils se relĂšvent et dĂ©cident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est Ă©mu de vivre ces moments. Cet instant est toujours trĂšs agrĂ©able que ce soit au cinĂ©ma ou dans la littĂ©rature. On a touchĂ© le fond, on dĂ©cide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphĂšre diffĂšre donc de celle qui envahissait le prĂ©cĂ©dent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela gĂ©nĂšre une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent Ă  l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particuliĂšrement prenante.

Chaque scÚne est mémorable.

decapeetdecrocs9bConcernant le scĂ©nario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous prĂ©sente un Ă©tat des lieux assez piteux de nos hĂ©ros. On y dĂ©couvre l’essence qui fera naitre la rĂ©bellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La derniĂšre partie marque la bataille irrĂ©mĂ©diable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scĂšne est mĂ©morable et que nombre de rĂ©pliques sont amenĂ©s Ă  ĂȘtre cultes. La capacitĂ© de l’auteur Ă  Ă©crire des dialogues de cette qualitĂ© est un vĂ©ritable hommage au thĂ©Ăątre qui habite chaque page de la sĂ©rie. De plus, le cĂŽtĂ© Ă©pique que gĂ©nĂšre le panache permanent des hĂ©ros font de notre voyage littĂ©raire une vĂ©ritable Ă©popĂ©e mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les dĂ©buts habitĂ©s par le dĂ©sespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pĂ©rĂ©grinations du maitre d’armes dans des forĂȘts vierges sont Ă©galement criantes de rĂ©alisme malgrĂ© la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractĂ©ristiques de chacun. Cela a peu d’intĂ©rĂȘt et vous gĂącherait la dĂ©couverte. Mais sachez que le voyage vaut le dĂ©tour.

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En conclusion, « Revers de fortune » offre une derniĂšre marche avant le dĂ©nouement des plus rĂ©ussies. Les derniĂšres pages nous font comprendre que la fin est proche. MalgrĂ© cette issue Ă  venir, les auteurs persistent Ă  offrir un ouvrage d’une rare qualitĂ© qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon cĂŽtĂ©, il me reste Ă  dĂ©couvrir « De la Lune Ă  la Terre ». Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitiĂšme acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se dĂ©cline sur dix tomes. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes, cet opus est l’Ɠuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un homme Ă  l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vĂȘtu. Il semble flotter sur un nuage accompagnĂ© en second plan d’un splendide palais. Le ciel est Ă©toilĂ© et offre des tons bleu et blanc qui gĂ©nĂšrent une illustration Ă  l’atmosphĂšre originale.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Explorant les Ă©tranges cimes nuageuses de l’immense Ăźlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystĂ©rieux MaĂźtre d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte
 Comment va-t-il rĂ©agir aux provocations d’EusĂšbe ? Acceptera-t-il de rĂ©organiser la dĂ©fense du royaume sĂ©lĂ©nite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infĂąme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette cĂ©lĂšbre sĂ©rie du neuviĂšme art touche Ă  sa fin. « Le maĂźtre d’armes » est l’antĂ©pĂ©nultiĂšme de ses Ă©pisodes et nous mĂšne inexorablement vers son dĂ©nouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualitĂ© est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, Ă  mes yeux, le meilleur de tous. Il possĂšde tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densitĂ© et sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer les dĂ©tails offrent une lecture en tout point passionnante. NĂ©anmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes prĂ©cĂ©dents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal Ă  saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique Ă©popĂ©e.

L’album prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© nos trois hĂ©ros sur les nuages Ă  la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte Ă  protĂ©ger la dĂ©fense du roi de la Lune. Notre lecture dĂ©marre donc par une poursuite effrĂ©nĂ©e sur les nuages. EusĂšbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine ĂȘtre le hĂ©ros tant recherchĂ©. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possĂšde une personnalitĂ© riche qui attise tout de suite notre curiositĂ©. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet Ă  ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densitĂ© des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littĂ©rature qui ravira les adeptes de thĂ©Ăątre et de grandes envolĂ©es lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne rĂ©side pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prĂ©pare Ă©galement aussi Ă  une bataille homĂ©rique qui doit dĂ©cider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent Ă  faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent, l’intensitĂ© augmente. La gravitĂ© de la situation prend de plus en plus de place. La nuit prĂ©cĂ©dant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Les gentils sont bien moins nombreux que les mĂ©chants et nos seuls espoirs apparaissent dĂ©sespĂ©rĂ©s. On est vraiment possĂ©dĂ© par l’intrigue et notre empathie Ă  l’égard des diffĂ©rents hĂ©ros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe Ă  cette atmosphĂšre envoĂ»tante Les premiĂšres pages nous plongent dans un royaume des nuages fĂ©eriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y dĂ©couvrir un palais, d’admirer les chimĂšres ou de voler sur des chevaux ailĂ©s, on ne sait plus oĂč donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les dĂ©cors ne baissent pas en qualitĂ©. Masbou arrive Ă  nous faire ressentir la montĂ©e en puissance des deux camps Ă  l’approche de l’inĂ©vitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’Ɠuvre. Tous les aspects sont poussĂ©s Ă  leur paroxysme et font naĂźtre une lecture d’une rare intensitĂ©. Il est toujours agrĂ©able de voir qu’une sĂ©rie arrive encore Ă  surprendre positivement aprĂšs huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulĂ© « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois ĂȘtre au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire


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Note : 18/20