De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimĂšres – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimĂšres
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Janvier 2006


« Chasseurs de chimĂšres » est le septiĂšme tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux Ă©ditions Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes date du mois de janvier 2006. Il est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composĂ© d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous prĂ©sente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste citĂ©. Le ciel qui surplombe la scĂšne est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gĂącher il est habitĂ© par le portrait de nos trois hĂ©ros aux traits respectifs de loup, renard et lapin


La quatriĂšme de couverture prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystĂ©rieux MaĂźtre d’Armes. Leur quĂȘte semĂ©e de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mĂšnera des bas-fonds du port d’AgatharchidĂšs jusqu’aux confins des mers lunaires, au cƓur de la Face CachĂ©e, lĂ  oĂč rodent les chimĂšres. »

decapeetdecrocs7bLa sĂ©rie a pris un tournant important depuis l’album prĂ©cĂ©dent. Nos hĂ©ros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le MaĂźtre d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerriĂšres que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on dĂ©couvre cette planĂšte Ă  travers leurs yeux. « Chasseurs de chimĂšres » est pleinement dans cette lignĂ©e. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que mĂȘme les sĂ©lĂ©nites prĂ©fĂšrent Ă©viter.

Comme je l’avais expliquĂ© dans ma critique du tome prĂ©cĂ©dent, la vie sur la Lune n’est pas si diffĂ©rente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excĂšs que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la mĂȘme langue et possĂšdent une organisation sociĂ©tale connue sur Terre. NĂ©anmoins, certaines diffĂ©rentes permettent de diffĂ©rencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poĂ©sie
 Ces subtiles nuances permettent de faire naĂźtre sur la Lune une atmosphĂšre propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu gĂ©nĂ©rer la science-fiction. Cette originalitĂ© est indĂ©niablement la base de la rĂ©ussite de la sĂ©rie. En ne rĂ©volutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent Ă  nos hĂ©ros et Ă  la trame de ne pas perdre leur dimension thĂ©Ăątrale, acte fondateur de leurs talents.

Des surprises au gré de chaque nouvelle page.

Ce voyage vers l’inconnu permet Ă  nos amis de retrouver des repĂšres de leur quĂȘte du trĂ©sor des Ăźles Tangerines qui a accompagnĂ© notre lecture des cinq premiers Ă©pisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous dĂ©plaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimĂšres » ne cesse pas d’attiser notre curiositĂ©. Ne sachant pas oĂč on va, on s’attend Ă  ĂȘtre pris par surprise au grĂ© de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent Ă  faire monter la sauce. Au fur et Ă  mesure que la narration se dĂ©roule, le mystĂšre s’amplifie et nous oppresse. Le dĂ©nouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensitĂ© scĂ©naristique. Les derniĂšres pages d’apparence plus apaisĂ©e ouvre la porte vers un rĂȘve qui ferait pĂ©tiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur


Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de dĂ©couvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet Ă  Jean-Luc Masbou de rester dans la continuitĂ© du travail effectuĂ© dans les albums prĂ©cĂ©dents. Le dessinateur possĂšde une capacitĂ© forte Ă  donner une identitĂ© graphique aux diffĂ©rents personnages. Chacun est rapidement habitĂ© et acquiert une existence dĂšs sa premiĂšre apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dĂ©goĂ»t ou affection. En plus de cela, les dĂ©cors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgrĂ© la grande diversitĂ© des paysages qui voient errer nos hĂ©ros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un dĂ©sert ou au milieu d’une tempĂȘte maritime monstrueuse, on est tout le temps plongĂ© dans une ambiance propre Ă  chaque lieu. Il s’agit d’une rĂ©elle performance qu’on se doit de signaler.

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En conclusion, « Chasseurs de chimĂšres » retrouve le parfum de l’aventure endiablĂ©e vers l’inconnue qui avait Ă©tĂ© laissĂ© de cĂŽtĂ© lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le cĂŽtĂ© Ă©pique du quotidien de nos hĂ©ros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intĂ©gralitĂ© de leur dimension thĂ©Ăątrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amenĂ© Ă  marquer l’histoire du neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Son originalitĂ© associĂ©e Ă  la constance dans la qualitĂ© de ses albums est un modĂšle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulĂ© « Le maĂźtre d’armes ». Mais cela est une autre histoire


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Note : 17/20

De cape et de crocs, T6 : Luna incognita – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T6 : Luna incognita
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2004


« Luna Incognita » est le sixiĂšme tome de « De Cape et crocs ». A l’image des opus prĂ©cĂ©dents, cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez « Delcourt » dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». ComposĂ© d’une grosse quarantaine de pages et paru il y a huit ans, cet ouvrage a prix proche de quatorze euros. Comme d’habitude, il est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© par Jean-Luc Masbou. La couverture nous prĂ©sente nos hĂ©ros dans une nuit lunaire Ă  en croire le clair de Terre qui illumine le ciel


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Messieurs de Maupertuis et Villalobos, en font galante et plaisante compagnie, voguent hardiment vers la Lune Ă  bord d’un astronef de fortune. Que dĂ©couvriront-ils sur cette planĂšte inconnue ? Des gĂ©ants, des citĂ©s qui se meuvent comme dans le roman de Monsieur de Bergerac ? Des trĂ©sors Ă  coup sĂ»r, puisque lĂ -haut, l’or pousse sur les arbres ! Mais cet or suscite bien des convoitises : dans le sillage de nos gentilshommes, un inquiĂ©tant vaisseau cingle Ă  son tour l’astre lunaire
 »

decapeetdecrocs6aCet opus marque le dĂ©but d’un nouveau cycle. En effet, nos hĂ©ros partent maintenant dans l’inconnu sur la Lune. On se retrouve donc plongĂ© dans une Ă©popĂ©e dont la dimension fantastique prend de l’épaisseur. VoilĂ  un attrait certain qui redonne un souffle Ă  une saga qui n’en manquait dĂ©jĂ  pas ! On est donc curieux de connaitre ce nouveau monde. Cherche-t-il Ă  ĂȘtre « rĂ©aliste » et « cohĂ©rent » ou au contraire se montre-t-il fĂ©Ă©rique et Ă©pique ? « Luna Incognita » allait nous poser les premiers jalons de la rĂ©ponse. ParallĂšlement, le fait de retrouver tous les protagonistes regroupĂ©s sur ce nouveau « terrain de jeu » ouvrait l’appĂ©tit Ă  l’égard de leurs aventures Ă  venir.

Comme dit prĂ©cĂ©demment, l’attrait principal de cet ouvrage est de nous faire dĂ©couvrir la vie sur la Lune. On est loin de croiser des petits hommes verts. Au contraire, les SĂ©lĂ©nites ressemblent aux Terriens. Evidemment certains dĂ©tails surprennent et marquent une diffĂ©rence avec la vie extra-lunaire. Mais les grandes lignes sociĂ©tales sont proches de la monarchie que nos hĂ©ros ont quittĂ©e. MalgrĂ© tout, les diffĂ©rences que je vous laisserai dĂ©couvrir suffisent Ă  gĂ©nĂ©rer un rĂ©el dĂ©paysement qui ravira le lecteur. MalgrĂ© les ressemblances entre les deux univers, Ă  aucun mot on a le sentiment de se trouver sur Terre. Notre prĂ©sence sur la Lune nous apparaĂźt toujours Ă©vidente au grĂ© des surprises qui agrĂ©mentent le parcours des personnages.

Le dĂ©but d’une nouvelle trame.

Au-delĂ  de la dimension dĂ©coulant de cette dĂ©couverte touristique, « Luna Incognita » marque le dĂ©but d’une nouvelle trame. En effet, les cinq premiers tomes avaient Ă©tĂ© centrĂ©s sur la quĂȘte du trĂ©sor des Ăźles Tangerines. Maintenant qu’on sait que cette mission ne pouvait rĂ©ussir du fait de la non-existence de decapeetdecrocs6bl’objet cherchĂ©. En arrivant sur la Lune, on dĂ©couvre un conflit politique Ă  grande Ă©chelle opposant le roi local Ă  son frĂšre. Nos hĂ©ros choisissent rapidement leur cas du fait de leur premier rencontre avec le frĂšre dans les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Pour rendre la victoire possible, il faut retrouver le maĂźtre d’armes. IntriguĂ© par ce curieux et lĂ©gendaire personnage, nos deux amis prĂ©fĂ©rĂ©s dĂ©cident de se charger de sa recherche. ParallĂšlement, on voit chacun des protagonistes, bons comme mĂ©chants, chercher Ă  trouver sa place dans ce nouveau monde. Chacun n’est pas Ă©videmment pas habitĂ© de louables volontĂ©s.

Les dessins de Masbou accompagnent parfaitement la narration. Son trait n’a aucun mal Ă  nous immerger dans ces nouveaux paysages. La rupture graphique avec les dĂ©cors terriens n’est pas radicale. C’est logique car le scĂ©nario ne le souhaite pas. On dĂ©couvre peu de nouveaux personnages. NĂ©anmoins Masbou n’a aucun mal Ă  donner vie aux quelques rencontres qui croisent la rue de nos amis. Sur le plan chromatique, il n’y a pas de rĂ©volution non plus. Le dessinateur arrive Ă  garder une constance graphique qui donne une rĂ©elle identitĂ© Ă  cette grande saga du neuviĂšme art.

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En conclusion, cet album est une nouvelle rĂ©ussite et nous voit partir en quĂȘte sur l’astre lunaire avec un enthousiasme certain. Ayroles et Masbou arrive Ă  construire une sĂ©rie qui ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. C’est une chose trĂšs rare dans ces grandes aventures au long cours qui s’étalent sur un nombre important de tomes. « De Cape et de crocs » rĂ©ussit ce tour de force et il faut le signaler. Je ne doute pas que l’opus suivant intitulĂ© « Chasseurs de chimĂšre » devrait poursuivre cette rĂ©ussite. Mais cela est une autre histoire


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Note : 16/20

De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 2002


« Jean sans lune » est le cinquiĂšme opus de « De Cape et de Crocs ». Sa parution date d’une dizaine d’annĂ©es maintenant chez les Ă©ditions Delcourt. Il appartient Ă  la collection « Terres de LĂ©gende », se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Comme pour les autres tomes de la sĂ©rie, il est le fruit de la collaboration d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. La couverture possĂšde une dimension fĂ©Ă©rique. On dĂ©couvre messire Maupertuis en train de voler avec l’élue de son cƓur au beau milieu d’une belle nuit Ă©toilĂ©e Ă©clairĂ©e par la lune. La surprise rĂ©side dans la prĂ©sence Ă©galement d’un navire dans cet endroit peu appropriĂ© pour lui. Mais je compte sur ma lecture pour apporter une explication Ă  ses Ă©vĂ©nements peu orthodoxes


decapeetdecrocs5bLa quatriĂšme de couverture nous offre une prĂ©sentation succincte de ce cinquiĂšme acte : « OĂč l’on verra Messieurs de Maupertuis et Villalobos percer enfin le secret des Ăźles Tangerines et de leurs hĂŽtes mystĂ©rieux, affronter le lunatique prince Jean, Ă©laborer d’improbables machines, retrouver l’ombrageux RaĂŻs Kader, l’infĂąme Mendoza, le fourbe Cenile, la belle SĂ©lĂ©nĂ© et le fougueux EusĂšbe, avant d’embarquer pour un fabuleux voyage
 »

Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les quatre premiers tomes, vous savez que je suis un grand fan de cette sĂ©rie. Je lui trouve toutes les qualitĂ©s. Une des plus importantes est de voir que chaque Ă©pisode s’avĂšre passionnant et que rien n’a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© malgrĂ© la parution rĂ©guliĂšre des diffĂ©rents albums. J’étais donc confiant en dĂ©couvrant « Jean sans lune ». Ma curiositĂ© Ă©tait plutĂŽt forte Ă  l’idĂ©e de me plonger de ma lecture. En effet, l’acte prĂ©cĂ©dent avait vu apparaitre de curieux habitants sur les Ăźles Tangerines qui prĂ©sentaient ainsi une version bien originale du trĂ©sor tant recherchĂ© par les protagonistes. Ce nouvel ouvrage devait donc finaliser de clarifier la situation et de nous remettre les idĂ©es en place quant Ă  ces curieuses nouvelles rencontres.

Un tome de transition.

 « Jean sans lune » s’avĂšre ĂȘtre un tome de transition. Je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il ne faut rien y voir de pĂ©joratif. En effet, cet album clĂŽt la quĂȘte des Ăźles Tangerines et de leur secret. ParallĂšlement, il sert d’introduction vers un voyage d’une toute autre ampleur. C’est en ce sens qu’il joue le rĂŽle de liant entre ces deux quĂȘtes. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne passe rien et que l’heure est au farniente sur le plan scĂ©naristique. Ayroles est plein d’idĂ©es et fait en sorte que l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. NĂ©anmoins, on ne retrouve pas autant de pics d’intensitĂ© que dans les autres Ă©pisodes. Ce n’est pas bien grave. On a le sentiment de vivre le calme qui prĂ©cĂšde une tempĂȘte d’une grande ampleur.

decapeetdecrocs5cLes premiĂšres pages de l’album nous prĂ©sentent les « habitants » des Ăźles Tangerines. Ils sont des habitants de la Lune ayant Ă©tĂ© banni de leur planĂšte. Ils avaient besoin d’une pierre de lune pour rentrer chez eux. Pour l’obtenir, ils dĂ©cidaient de dissĂ©miner Ă  travers le monde des fausses cartes au trĂ©sor dont la seule requĂȘte Ă©tait de venir accompagnĂ© du prĂ©cieux bijou. C’est ainsi que nos amis permettront Ă  l’insu de leur plein grĂ© Ă  ces sĂ©lĂ©nites de rentrer chez eux. Mais cette aventure ne s’arrĂȘte pas lĂ . Nos hĂ©ros voient dans ce merveilleux voyage l’occasion de vivre une Ă©popĂ©e lĂ©gendaire. C’est cet objectif dont on suit l’avancĂ©e tout au long de cet ouvrage au rythme de la conception de leur nouveau vaisseau.

Une des forces de cet album est de, malgrĂ© l’unitĂ© de lieu quasi permanente, parvenir Ă  ne jamais tomber dans le creux ou l’ennui. La richesse des dialogues et la profondeur des personnages permettent cette performance narrative. On est curieux de suivre les rĂ©flexions de Bombastus, ce gĂ©nial inventeur. De plus, l’auteur arrive faire exister les nombreux membres de ce remarquable casting. Il arrive mĂȘme Ă  tous les regrouper au moment oĂč se clĂŽt cet ouvrage. Ce choix confirme que « Jean sans lune » est la fin de la premiĂšre Ă©tape de cette grande saga.

Les dessins de Masbou sont une nouvelle fois parfaitement adaptĂ© Ă  l’esprit de la sĂ©rie. Que ce soit les scĂšnes nocturnes ou le quotidien sur une Ăźle paradisiaque, le dessinateur arrive Ă  donner vie Ă  tous les dĂ©cors. De plus, sa capacitĂ© Ă  faire exister chaque protagoniste physiquement et par ses expressions est indispensable au plaisir gĂ©nĂ©rĂ© par cette lecture. Les couleurs souvent pastelles agrĂ©mentent l’ensemble avec une subtilitĂ© agrĂ©able.

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En conclusion, « Jean sans lune » confirme le talent qui se dĂ©gage de chacune des pages de « De Cape et de crocs ». La richesse du scĂ©nario et des dialogues sont particuliĂšrement bien mis en forme par le trait de Masbou. Son absence d’intensitĂ© du fait de l’histoire ne pĂ©nalise absolument pas la qualitĂ© de la lecture. Il ne me reste donc plus qu’à me plonger au plus vite dans le prochain opus intitulĂ© « Luna Incognita ». Il marque le dĂ©but d’un voyage vers l’inconnu qui devrait ĂȘtre du condensĂ© de bonheur pour chaque lecture. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

De cape et de crocs, T4 – Le mystĂšre de l’Ăźle Ă©trange – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T4 : Le mystĂšre de l’Ăźle Ă©trange
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 2000


« Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » est le quatriĂšme tome de « De Cape et de Crocs ». Cette sĂ©rie est Ă©ditĂ©e chez Delcourt dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». Le prix de chacun de ses albums est environ quatorze euros. Cette saga est l’Ɠuvre conjointe d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Les trois premiers avis sont Ă  mes yeux autant de petits bijoux du neuviĂšme art. C’était donc avec appĂ©tit que je m’apprĂȘtais Ă  dĂ©vorer cette suite des aventures de nos hĂ©ros. La couverture nous plonge dans un dĂ©cor verdĂątre dans lequel semblent rĂ©gner des Ă©paves de navire et des crabes massifs. On y dĂ©couvre Ă©galement notre duo chevaleresque sabre Ă  la main. Ils sont accompagnĂ©s du curieux scientifique qu’on avait rencontrĂ© lors de l’épisode prĂ©cĂ©dent.

decapeetdecrocs4aLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Les anthropophages qui hantent les forĂȘts des Ăźles Tangerines tremblent Ă  la seule Ă©vocation du volcan sacrĂ© dont les flancs abritent, dit-on, un fabuleux trĂ©sor. Faisant fi des admonitions indigĂšnes, Messieurs Maupertuis et Villalobos s’aventureront pourtant Ă  travers une lagune infestĂ©e de monstres, dans les trĂ©fonds de ce cratĂšre, qui s’avĂšrera fort riche en coups de thĂ©Ăątre
 »

Un des qualitĂ©s de cette sĂ©rie est que chaque album possĂšde une identitĂ© scĂ©naristique propre. Le premier correspondait Ă  la prĂ©sentation des personnages et Ă  la mise en place de l’intrigue. Le deuxiĂšme nous plongeait au beau milieu de l’ocĂ©an Ă  la rencontre des pirates. Le troisiĂšme nous Ă©chouait sur une Ăźle dĂ©serte. Enfin, « Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » se construit autour des secrets qui alimentent ce fameux volcan aux locataires assez improbables. MalgrĂ© cette dissociation propre Ă  chaque Ă©pisode, la saga ne perd jamais de vue son fil conducteur et possĂšde une identitĂ© propre Ă  l’ensemble. Le travail des auteurs est sur ce point-lĂ  remarquable.

Aucun temps mort. Une réelle intensité.

L’album qui est le sujet de ma critique aujourd’hui dĂ©marre avec deux hĂ©ros dans une marmite en passe d’ĂȘtre dĂ©gustĂ© par des cannibales. Rapidement, la situation s’amĂ©liore et nos deux aventuriers se rendent compte que les habitants de l’üle ne sont pas anthropophages et se rĂ©vĂšlent particuliĂšrement lettrĂ©s. Cela leur permet d’en apprendre Ă©normĂ©ment sur l’üle qui les abrite. Leur quĂȘte du trĂ©sor les mĂšne vers l’intĂ©rieur d’un volcan. Leur immersion dans cette terre inconnue a une dimension presque lunaire. Cela vient de l’atmosphĂšre qui se dĂ©gage de ce cimetiĂšre de navires habitĂ©s par des crustacĂ©s gĂ©ants. Notre curiositĂ© est pleinement sollicitĂ©e. Cette Ă©popĂ©e ne souffre d’aucun temps mort et est habitĂ©e par une rĂ©elle intensitĂ©.

decapeetdecrocs4cL’attrait de la lecture augmente quand on se dĂ©couvre l’entrĂ©e d’une espĂšce de temple taillĂ© dans la roche. On y retrouve nos chers pirates et leurs prisonniers. Mais surtout, on s’interroge sur la communautĂ© qui habite ce lieu curieux. Je ne vais pas vous en rĂ©vĂ©ler davantage les concernant. Il est sĂ»r qu’on est intriguĂ© par ces personnes dont on ne connait rien et qui semblent obĂ©ir Ă  des codes diffĂ©rents de ceux qu’on connait. Cela nous offre un troisiĂšme tiers d’album pleins de surprises et de questions qui se clĂŽt par une rĂ©vĂ©lation dans la derniĂšre page qui nous donne envie de courir lire le tome suivant.

Le trait de Masbou accompagne parfaitement cette aventure. Les dĂ©cors varient Ă©normĂ©ment tout au long de l’album. On passe d’un village indigĂšne Ă  un volcan mystĂ©rieux puis on erre dans un temple de pierre aux mobiliers curieux. Chacune de ses Ă©tapes est savamment construite sur le plan graphique. On s’immerge parfaitement dans les pas de nos hĂ©ros. On les retrouve d’ailleurs avec plaisir  tous autant qu’ils sont. Une nouvelle fois, le dessinateur arrive Ă  gĂ©nĂ©rer chez ses personnages des expressions variĂ©es qui nous les rend attachants. Cela participe activement Ă  la bonne humeur que dĂ©gage la lecture de cet album.

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En conclusion, « Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » est une nouvelle rĂ©ussite. A chaque nouvel Ă©pisode, « De Cape et de crocs » confirme qu’elle est une des meilleures sĂ©ries que le neuviĂšme art ait connue ces dix derniĂšres annĂ©es. Le travail des auteurs est remarquable de prĂ©cision et d’originalitĂ©. Les textes sont bons, le suspense est prĂ©sent, il y a de l’action et de l’émotion. Bref, tous les ingrĂ©dients sont lĂ  et ils sont habilement cuisinĂ©s. Je ne peux que vous conseiller de partir Ă  sa rencontre. De mon cĂŽtĂ©, je vais me plonger dans le tome suivant intitulĂ© « Jean sans Lune ». Mais cela est une autre histoire
  

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 1998


« L’archipel du danger » est le troisiĂšme tome de la cĂ©lĂšbre saga « De Cape et de Crocs ». EditĂ©e chez Delcourt, dans la collection « Terres de LĂ©gendes », cette sĂ©rie s’est close cette annĂ©e avec la parution de son dixiĂšme opus. Cet Ă©vĂ©nement m’a donnĂ© envie de me plonger une nouvelle fois dans cette grande aventure. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur un des premiers albums de l’histoire. Il est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© par Jean-Luc Masbou. Sa parution date de presque quinze ans. La couverture du bouquin nous prĂ©sente les quatre hĂ©ros Ă  barre d’un navire. On y dĂ©couvre notre un renard gentilhomme, un loup hidalgo, une ravissante gitane et un sympathique lapin. Tout un programme qu’il faut dĂ©couvrir au plus vite en se plongeant dans notre lecture


decapeetdecrocs3aLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Acte III. OĂč l’on verra nos hĂ©ros voguer Ă  bord du Hollandais Volant vers les Ăźles Tangerines et leur trĂ©sor, s’emparer d’un navire pirate, dĂ©livrer une belle captive, essuyer une tempĂȘte, subir l’ire d’un monstre marin, faire naufrage, explorer une Ăźle Ă©trange, assister Ă  un exposĂ©, participer Ă  une expĂ©rience et affronter de fĂ©roces cannibales. »

Les deux premiers tomes sont de petits chefs d’Ɠuvre. Le premier nous faisait dĂ©couvrir les personnages et l’intrigue. On dĂ©marrait sur les chapeaux de roue. On Ă©tait tout de suite conquis par la densitĂ© de l’histoire et par la dimension chevaleresque de ses hĂ©ros. Par la suite, on se retrouver sur la mer sur de grands navires en quĂȘte d’un trĂ©sor. Cela permettait aux pirates d’apparaitre et de gĂ©nĂ©rer un nouveau centre d’intĂ©rĂȘt dans une trame qui n’en manquait pas. « L’archipel du danger » utilise un autre aspect des grandes aventures classiques en faisant Ă©chouer les protagonistes sur une Ăźle dĂ©serte habitĂ©e par des cannibales. Cela offre une identitĂ© propre Ă  cet album et permet Ă  notre curiositĂ© d’ĂȘtre une nouvelle fois alimentĂ©e.

Des trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante.

Une des forces du scĂ©nario est qu’il arrive Ă  faire cohabiter un grand nombre de personnages tous en interaction bien que se trouvant parfois Ă  des endroits trĂšs diffĂ©rents au mĂȘme moment. Cela fait nombre beaucoup de trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante. Ayroles arrive Ă  doser parfaitement la place laissĂ©e Ă  chacune de ses intrigues. La dissociation gĂ©ographique des protagonistes permet Ă  chacun de trouver une place et un rĂŽle. On se familiarise donc aisĂ©ment avec chacun et aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. On est rĂ©ellement l’impression d’ĂȘtre plongĂ© dans une aventure Ă  grande ampleur qui ne souffle d’aucun temps mort.

decapeetdecrocs3bEn plus de se montrer dense, le scĂ©nario est Ă©galement plein de surprises. MĂȘme si trĂ©sor, Ăźle dĂ©serte, pirates ou jeune fille en dĂ©tresse sont des thĂ©matiques classiques du rĂ©cit d’aventure, cela n’empĂȘche pas les auteurs de nous Ă©tonner rĂ©guliĂšrement. Il va sans dire que je n’ai pas vous les rĂ©vĂ©ler ici. En effet, le plaisir rĂ©side aussi en partie dans la dĂ©couverte. Mais trĂšs souvent on est conquis par l’originalitĂ© qui accompagne notre lecture. L’aisance avec laquelle le scĂ©nariste joue avec ses ingrĂ©dients pour nous offrir un moment succulent est impressionnante. C’est d’autant plus agrĂ©able que les trois premiers opus sont d’une mĂȘme qualitĂ©. Cela tend Ă  confirmer que cette sĂ©rie est d’une qualitĂ© rare. Concernant les choses qui ne changent pas et qu’on apprĂ©cie, il faudrait parler des dialogues. Le travail sur les textes est impressionnant. Je n’ai pas souvenir d’avoir autant succombĂ© aux charmes littĂ©raires d’un album de bande dessinĂ©es.

Toutes ces bonnes idĂ©es et ces aventures sont mises en valeur par le trait du dessin de Jean-Luc Masbou. Il possĂšde un style assez caractĂ©ristique qui correspond parfaitement Ă  l’atmosphĂšre qui se dĂ©gage de la sĂ©rie. Il offre des planches trĂšs dense tant au niveau des dĂ©cors que des personnages. L’univers dans lequel on navigue est habilement construite sur le plan graphique. De plus, les diffĂ©rents personnages possĂšdent une rĂ©elle identitĂ©. De plus, le cĂŽtĂ© thĂ©Ăątrale des propose est bien mise en valeur par les postures prises par les protagonistes lors de leurs tirades ou au cours de leurs Ă©vĂ©nements. Les couleurs sont relativement pastelles et participent Ă  l’immersion dans cet univers assez unique.

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En conclusion, « L’archipel du danger » est une belle rĂ©ussite. Chaque plongĂ©e dans l’aventure crĂ©Ă©e par Ayroles et Masbou est un grand moment de bonheur dont on apprĂ©cie chaque dĂ©tail. La qualitĂ© constante dans leur travail fait qu’on peut apprĂ©hender avec appĂ©tit la lecture des tomes suivants Ă  commencer par celle du quatriĂšme opus intitulĂ© « Le mystĂšre de l’üle Ă©trange ». Mais cela est une autre histoire


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Note : 17/20

De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir ! – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir !
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 1997


« Pavillon noir ! » est le deuxiĂšme tome de « De Cape et de Crocs ». Cette saga composĂ©e de dix albums a vu le jour il y a plus de quinze ans et s’est conclue rĂ©cemment. Le premier ouvrage m’avait conquis sur tous les plans. J’étais donc impatient de me plonger Ă  nouveau dans cet univers. EditĂ© chez Delcourt dans la collection « Terres de LĂ©gendes », ce bouquin est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© par Jean-Luc Masbou. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture nous plonge dans l’univers de la piraterie. On se trouve sur le pont d’un bateau rempli de pirates. VoilĂ  qui promet de belles aventures !

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le texte suivant : « Hildalgo, corsaire barbaresque, gentilhomme et lapin font voile vers les Ăźles Tangerines et leur trĂ©sor. Mais avant d’atteindre le mythique archipel battu par les tempĂȘtes, oĂč rode l’ombre de vaisseaux engloutis et de monstres marins, nos hardis compagnons devront affronter un nouvel adversaire
 joyeux, certes, mais cruel et sans merci : les pirates ! »

Des duels, de l’amour, un trĂ©sor


Le premier nous avait offert le dĂ©but d’une grande saga. Il y avait des duels, de l’amour, un trĂ©sor
 Bref, il ne manquait aucun ingrĂ©dient pour gĂ©nĂ©rer une trame passionnante. De plus, on avait rencontrĂ© une galerie de personnages dense et variĂ©e qui ne faisait qu’attiser notre attrait. La couverture de l’album donne l’impression qu’elle va ajouter la piraterie aux nombreuses cordes de l’intrigue. J’étais donc vraiment curieux de savoir ce qu’allait devenir nos hĂ©ros et de quelle maniĂšre allait avancer leur quĂȘte du trĂ©sor des Ăźles Tangerines.

decapeetdecrocs2aLe fil conducteur de l’histoire est la recherche de ce fameux trĂ©sor en suivant une carte dĂ©couverte dans une bouteille. Cet aspect est habilement construit dans le scĂ©nario d’Alain Ayroles. Les Ă©vĂ©nements se succĂšdent Ă  un rythme soutenu et les surprises sont nombreuses. Notre attention est en permanence relancĂ©e pour notre plus grand plaisir. Mais la richesse de cette saga rĂ©side dans les nombreuses trames secondaires qui accompagnent notre lecture. Il y a des histoires d’amour contrariĂ©es, des vengeances sous-jacentes, des manigances, etc. Chaque moment modifie bon nombre de variable et nous oblige Ă  nous impliquer pleinement dans l’histoire. L’album ne souffre d’aucun temps mort. A l’image de l’opus prĂ©cĂ©dent, la qualitĂ© est au rendez-vous et c’est agrĂ©able de voir que les auteurs ne se sont pas endormis sur leurs lauriers.

Le scĂ©nario ne se contente pas de nous offrir une histoire passionnante. Il nous fait rencontrer des personnages hauts en couleur. On s’intĂ©resse rĂ©ellement Ă  leur devenir et aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. Que ce soit le renard, le loup ou le lapin, il nous sont sympathiques et apportent chacun leur Ă©co Ă  la rĂ©ussite de l’ensemble. MĂȘme les mĂ©chants nous intĂ©ressent. Ils possĂšdent une personnalitĂ© originale. Sans vous dĂ©voiler les qualitĂ©s et les dĂ©fauts de chacun, sachez que vous irez de surprise en surprise et que vous prendrez beaucoup de plaisir Ă  naviguer dans cet univers intriguant.

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L’histoire est prenante, les personnages attachants
 Mais la liste des qualitĂ©s de cet album n’est pas terminĂ©e. Les dialogues sont assez uniques dans leur genre. On a droit Ă  de grandes tirades thĂ©Ăątrales qui sont des petits bijoux d’écriture. Mais au-delĂ  de ces monologues remarquables, chaque dialogue est travaillĂ©. Aucun Ă©change n’est bĂąclĂ© et chaque case nous offre un petit bonheur de lecture. Une telle densitĂ© scĂ©naristique est rare dans le neuviĂšme art. Je me dois donc de la signaler.

Les dessins sont dans la lignĂ©e de tous les bons points citĂ©s depuis le dĂ©but de ma critique. Vu de loin, le style n’a rien d’original. Mais une fois qu’on se plonge dans la lecture, on lui trouve une patte particuliĂšre. N’étant pas spĂ©cialiste du genre, je ne possĂšde pas le vocabulaire adĂ©quat pour vous dĂ©crire l’essence du style de Jean-Luc Masbou. NĂ©anmoins, je trouve qu’il arrive Ă  gĂ©nĂ©rer une vraie atmosphĂšre Ă  l’album. Ils nous prĂ©sentent des personnages trĂšs expressifs. Cela coĂŻncide avec l’esprit « thĂ©Ăątre » de la sĂ©rie. De plus, les dĂ©cors sont trĂšs travaillĂ©s. Sans ĂȘtre surchargĂ©s, ils sont remplis de petits dĂ©tails souvent drĂŽles. C’est un dosage compliquĂ© d’offrir autant d’informations dans les cases sans tomber dans l’indigestion. Masbou s’en sort merveilleusement.

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En conclusion, « Pavillon noir ! » confirme que « De Cape et de crocs » est amenĂ© Ă  devenir une sĂ©rie de grande qualitĂ©. Cet album possĂšde beaucoup de qualitĂ©s et n’a aucun dĂ©faut. Il va donc sans dire que j’ai hĂąte de lire le troisiĂšme opus intitulĂ© « L’archipel du danger ». Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 1995


« De Cape et de crocs » est une sĂ©rie qui s’est close rĂ©cemment avec la parution de son dixiĂšme et dernier tome. Cela a fait naitre en moi l’envie de redĂ©couvrir cette grande saga du neuviĂšme art en commençant par son premier opus intitulĂ© « Le secret du janissaire ». Il faut remonter huit ans en arriĂšre pour dĂ©couvrir la premiĂšre parution de cet ouvrage chez Delcourt. On peut se l’offrir pour un petit peu moins de quatorze euros. Alain Ayroles s’occupe du scĂ©nario et Jean-Luc Masbou se charge des dessins. La couverture nous plonge dans une atmosphĂšre nocturne. Deux personnages vĂȘtus tels des mousquetaires cachent leur visage avec leur cape. L’un semble ĂȘtre un loup, l’autre semble ĂȘtre un renard. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Il ne reste plus qu’Ă  se plonger dans la lecture pour le dĂ©couvrir…

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « A bord d’un vaisseau turc, un coffre. Dans le coffre, un Ă©crin, dans l’Ă©crin, une bouteille, dans la bouteille, une carte, et sur cette carte… l’emplacement du fabuleux trĂ©sor des Ăźles Tangerines !… Il n’en faut pas plus Ă  deux fiers gentilshommes, fins bretteurs, batailleurs et rimailleurs, pour se jeter dans une aventure qui, de geĂŽles en galĂšres, les mĂšnera jusqu’aux confins du monde. »

decapeetdecrocs1aL’histoire exerce rapidement une emprise sur le lecteur. DĂšs les premiĂšres pages, on s’attache Ă  notre duo de hĂ©ros. Le premier, un loup, est un bel hidalgo nommĂ© Don Lope. Le second, un renard, est un adepte de la poĂ©sie nommĂ© Don Armando. La prĂ©sentation est rapide et notre immersion dans leurs aventures immĂ©diates. On y fera un grand nombre de rencontres avec des personnages trĂšs diffĂ©rents. On dĂ©couvre un armateur avare, pĂšre d’un fils fainĂ©ant et peureux. On croise le chemin d’une belle gitane et d’une jeune femme blonde et orpheline qui feront chavirer les cƓurs de nos deux gentilshommes. Enfin on dĂ©couvrira un curieux lapin sur des galĂšres et un fier guerrier ottoman en quĂȘte de trĂ©sor. Bref, les ingrĂ©dients sont appĂ©tissants et devraient faire naitre une lecture des plus plaisantes…

On entre tout de suite dans le vif du sujet.

Pour que la rĂ©ussite soit totale, il fallait que cette galerie de protagonistes gravite dans un scĂ©nario dense et bien construit. On est rapidement rassurĂ© sur ce plan-lĂ . Les auteurs ne se perdent pas en digression pour nous prĂ©senter les jalons de la saga. On entre tout de suite dans le vif du sujet. On voit naitre deux histoires d’amour. On dĂ©couvre une tentative de chantage. Et surtout, une chasse au trĂ©sor Ă  grande ampleur semble ĂȘtre en passe d’ĂȘtre lancĂ©. On est heureux de se trouver sur ces navires en quĂȘte du mythe des iles Tangerines sur les mers. Une fois l’album terminĂ©, on a une intense envie de se plonger dans le tome suivant.decapeetdecrocs1b

Au-delĂ  de suspense inhĂ©rent aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se mettent sur le chemin de nos hĂ©ros, le plaisir que se dĂ©gage de ce tome rĂ©side dans la qualitĂ© des dialogues. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu rĂ©cemment une telle densitĂ© et originalitĂ© dans les textes. Beaucoup de bulles sont cultes. Voir nos hĂ©ros parler en rimes est le fruit d’un travail Ă©norme. Le rĂ©sultat est au rendez-vous. Il faut plusieurs lectures pour profiter pleinement de tous les jeux de mots offerts par le talent d’Alain Ayroles. Je me garde de vous citer quelques exemples car le plaisir rĂ©side Ă©galement dans la dĂ©couverte et la surprise.

CĂŽtĂ© dessins, je trouve que la rĂ©ussite est Ă©galement au rendez-vous. Jean-Luc Masbou offre des cases denses sans ĂȘtre surchargĂ©es. Ils gĂšrent particuliĂšrement bien les diffĂ©rentes entre premier plan, second plan et arriĂšre-plan. Cette subtilitĂ© lui permet d’agrĂ©menter ses planches de plein de petits dĂ©tails qu’on prend plaisir Ă  trouver au grĂ© des lectures. De plus, les personnages possĂšdent une identitĂ© graphique intĂ©ressante. Leurs expressions trĂšs thĂ©Ăątrales gĂ©nĂšrent une atmosphĂšre vraiment unique qui caractĂ©rise la sĂ©rie.

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En conclusion, « Le secret du janissaire » est une genĂšse de grande qualitĂ© qui explique aisĂ©ment le succĂšs que rencontre « De Cape et de Crocs » presque dix ans plus tard. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cet ouvrage et par consĂ©quent dans cette sĂ©rie. Vous ne regretterez pas ce voyage synonyme de grand dĂ©paysement. De mon cĂŽtĂ©, il ne me reste plus qu’Ă  partir une nouvelle fois Ă  la dĂ©couvre du deuxiĂšme tome intitulĂ© « Pavillon noir ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2014


Pierre Tombal est un hĂ©ros qui est nĂ© pour moi dans la bibliothĂšque de mes parents. J’ai lu et relu la petite quinzaine d’album du cĂ©lĂšbre fossoyeur qui agrĂ©mentait les Ă©tagĂšres familiales. Les annĂ©es passant, je n’ai jamais coupĂ© le lien avec ce hĂ©ros assez unique dans son genre. Je m’offre rĂ©guliĂšrement un recueil de ses aventures comme on s’autoriserait une jolie pĂątisserie au dĂ©tour d’une rue. Le dernier des Ă©pisodes que je me suis offert est le trentiĂšme de la sĂ©rie. Il s’intitule « Questions de vie et de mort ». Sorti en avril dernier, il est l’Ɠuvre conjointe du scĂ©nariste Raoul Cauvin et du dessinateur Marc Hardy. Les couleurs sont confiĂ©es au Studio Cerise.

Le site BD Gest’ (www.bdgest.com) prĂ©sente l’album avec les mots suivants : « Qui a dit qu’avec la mort, tout s’arrĂȘte ? Certainement pas Pierre Tombal, qui gĂšre au quotidien ses pensionnaires du cimetiĂšre avec leurs hauts, leurs bas, leurs doutes et leurs chamailleries. PerpĂ©tuellement taquinĂ©e par la Vie, Mme la Mort n’entend pas cĂ©der un pouce de terrain aux effronteries des uns et des autres. ƒil pour Ɠil, dent pour dent, telle est sa devise ! Et ce n’est pas toujours de tout repos  » 

PierreTombal30aPierre Tombal est fossoyeur. Nous partageons son quotidien tout au long des quarante-cinq planches qui se dĂ©coupent en gags allant chacun de une Ă  trois pages. Les auteurs nous font visiter un cimetiĂšre tout au long de la lecture. Les rencontres sont nĂ©cessairement originales et cocasses. Je trouve l’idĂ©e inĂ©dite et habilement exploitĂ©e depuis tant d’annĂ©es. J’étais confiant quant au bonheur que m’inspirerait ce nouveau tome.

Pourquoi construire une sĂ©rie humoristique au milieu des tombes funĂ©raires ? Ce sont des lieux gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă  la douleur, la tristesse, l’abandon ou la perte. Les blagues s’appuient rarement sur cet endroit-lĂ  et les comĂ©dies naviguent peu dans ces eaux. Cela rend l’idĂ©e intrigante et intĂ©ressante. Elle attise la curiositĂ©. Le potentiel comique du concept Ă©tait nĂ©buleux mais le jeu mĂ©ritait d’ĂȘtre tentĂ©. La plume de Raoul Cauvin allait valider ce choix. La premiĂšre rĂ©ussite est son hĂ©ros. Pierre Tombal est un fossoyeur sympathique et attachant. Il se montre accueillant envers le lecteur. Ce n’est pas la moindre des qualitĂ©s tant elle semble antinomique des dĂ©cors qui l’abritent. Il arrive Ă  rendre son mĂ©tier passionnant et plein d’aventures.

“La Faucheuse devient la vraie star de l’histoire. “

Les premiers tomes se contenaient au monde des vivants. Au fur et Ă  mesure de la parution des albums, d’autres protagonistes sont intervenus. Les premiers Ă  entrer dans la danse sont les locataires des lieux : les morts. Ils interagissent avec le fossoyeur et les visiteurs et font ainsi naĂźtre une corde scĂ©naristique riche. Enfin, les auteurs ont personnalisĂ© la Mort et la Vie. L’idĂ©e est prenante car la Faucheuse devient mĂȘme la vraie star de l’histoire.

PierreTombal30cCette diversitĂ© d’angles d’attaque permet de varier la structure des gags. A ce niveau-lĂ , ce trentiĂšme opus est une rĂ©ussite. Depuis toujours, Pierre Tombal conte aux visiteurs de son cimetiĂšre des causes ou des circonstances de dĂ©cĂšs abracadabrantesques. L’imagination de Cauvin dans le domaine n’est pas Ă©culĂ©e. Il offre des anecdotes trĂšs drĂŽles mettant en jeu un accident d’avion ou une manƓuvre de Heimlich par exemple. Mais la vie dans ce lieu de repos Ă©ternel ne se rĂ©sume Ă  cela. La dimension professionnelle du fossoyeur est utilisĂ©e pour nous faire rire. Le vidage de l’ossuaire devient un moment trĂšs plaisant pour le lecteur.

Une sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  identique Ă  celle des vivants.

Mais les auteurs ne se contentent d’exploiter le lieu du cĂŽtĂ© des vivants. Les morts sont les vraies stars de cet album. Un des principes de base posĂ© par le scĂ©nariste est que la sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  est rĂ©gie d’une maniĂšre identique que celle qui nous est familiĂšre. Il est dĂ©sopilant de voir un mort refusĂ© de voir sa tombe dĂ©localisĂ©e, de subir les excĂšs d’un mort internĂ© psychiatrique ou de dĂ©couvrir la maniĂšre utilisĂ©e par un dĂ©funt pour rĂ©pondre Ă  son courrier. LĂ  encore, le terreau narratif s’avĂšre trĂšs fertile.

Il reste un dernier axe comique Ă  l’aura certaine : la Mort. MĂȘme si elle cohabite avec la Vie dans le quotidien de Pierre Tombal, c’est elle qui est la vraie star. Il faut dure que la dĂ©couvrir sous sa capuche brune escortĂ©e de sa lĂ©gendaire faux gĂ©nĂšre une plus forte personnalitĂ© que la jeune fille qui reprĂ©sente la Vie. Tout en conservant son pouvoir de nuisance certain, la grande faucheuse possĂšde ici des faiblesses. Cet album l’expose dĂ©pressive, jalouse, heureuse, dans le doute, reconnaissante, mĂ©chante
 Bref, l’échantillon Ă©motionnel est large et prĂ©sente une vision des plus originales de la Mort. Cet axe est parfaitement cultivĂ© dans « Questions de vie et de mort » pour la plus grande joie du lecteur.

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Le dessin de Marc Hardy accompagne merveilleusement les gags. Son style possĂšde une vraie identitĂ© et il se retrouve qu’elle s’accorde avec le ton de la narration. Pierre Tombal est un hĂ©ros au caractĂšre graphique certain. Les diffĂ©rents visiteurs qui agrĂ©mentent les histoires sont Ă©galement bien construits. Enfin, j’apprĂ©cie particuliĂšrement les expressions des morts que je trouve hilarantes. Pour conclure, « Questions de vie et de mort » est un bon cru. Il est rare de voir un album composĂ© de gags courts ĂȘtre d’une qualitĂ© constante. C’était un plaisir de la lire et ce sera une joie de s’y replonger Ă  l’occasion


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Note : 14/20

Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent – Wilfrid Lupano & Paul Cauuet

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet
Parution : Avril 2014


 Wilfrid Lupano est l’un des scĂ©naristes qui monte. For de plusieurs succĂšs et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur Ă  suivre. « Les vieux fourneaux » ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. DotĂ©e de critiques trĂšs positives et du Prix des libraires de bande dessinĂ©e 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intĂ©resse. Il est accompagnĂ© au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publiĂ© chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommĂ© « ceux qui restent ». Le succĂšs de la sĂ©rie a, depuis, vu paraĂźtre une suite. Je prĂ©cise tout de suite que ce premier tome se suffit Ă  lui-mĂȘme.

LesVieuxFourneaux1aLe titre de l’album est assez explicite : on s’intĂ©resse ici Ă  une bande de personnes ĂągĂ©es qui viennent rendre hommage Ă  l’une de leur amie, dĂ©cĂ©dĂ©e. Le thĂšme de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillĂ© dans la mĂȘme usine et ont montrĂ© un activisme syndical particuliĂšrement important. Mais quand l’un d’eux pĂšte les plombs lorsque le notaire dĂ©voile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui Ă©viter de faire une connerie.

“Des portraits plein de vie et de caractĂšre.”

Trois grands thĂšmes viennent se tĂ©lescoper dans cette sĂ©rie. La vieillesse bien Ă©videmment, mais aussi l’amitiĂ© et la lutte des classes.  Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraĂźcheur et son dĂ©calage par rapport Ă  nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohĂ©rents, chacun ayant son caractĂšre et, surtout, son histoire.

LesVieuxFourneaux1cDans cet album, chaque personnage est prĂ©sentĂ© de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent Ă©viter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le prĂ©sent. Sans ĂȘtre absolument le plus intĂ©ressant dans l’ouvrage, le fil rouge possĂšde suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues Ă  l’ñge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature.  Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

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« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinĂ©e rĂ©ussie. DotĂ© de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adaptĂ©, elle aurait pu ĂȘtre un one-shot percutant. Mais les auteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© en faire une sĂ©rie. EspĂ©rons que la suite saura confirmer les qualitĂ©s de ce premier tome drĂŽle et attachant.

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Note : 16/20

Johnny Jungle, T2 – Jean-Christophe Deveney & JĂ©rĂŽme Jouvray

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Titre : Johnny Jungle, T2
Scénariste : Jean-Christophe Deveney
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Jouvray
Parution : Septembre 2014


Le premier tome de « Johnny Jungle » avait Ă©tĂ© une bonne surprise. Narrant l’histoire d’un Ă©quivalent de Tarzan champion de natation et de cinĂ©ma (vous avez dit « Johnny Weismuller » ?), cette histoire faisait preuve de beaucoup d’humour dĂ©calĂ©. A la fermeture du premier opus du diptyque, on se demandait presque l’intĂ©rĂȘt de continuer le tout, malgrĂ© la fin surprenante. Alors, cette deuxiĂšme partie transforme-t-elle l’essai ?

Johnny n’est pas vraiment parvenu Ă  se faire Ă  la vie citadine. Acteur star, il succombe trop facilement aux jeunes actrices qui lui sont associĂ©es, mettant Ă  mal sa vie avec Jane. Et quand les enfants illĂ©gitimes commencent Ă  faire leurs apparitions, c’est le bouquet


Ce tome s’intĂ©resse Ă  la dĂ©gringolade du personnage. AprĂšs son ascension, cette chute Ă©tait inĂ©vitable. On le voit vieillir et devenir has been. Si bien que ce livre est beaucoup moins drĂŽle que le premier. TeintĂ© de nostalgie et de regrets, il met l’émotion plus en avant. HĂ©las, les blagues sont quand mĂȘme lĂ , mais nous atteignent beaucoup moins. La lecture est loin d’ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, mais il est difficile de ne pas ĂȘtre déçu lorsqu’on le compare au premier. Ainsi, aprĂšs une vingtaine de pages, je me suis surpris Ă  me dire que l’histoire n’avançait pas vraiment. Heureusement, la suite est plus pertinente. MalgrĂ© tout, ce tome est loin de confirmer nos attentes.

La comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

Ce diptyque peut ĂȘtre vu de cette façon : le premier tome correspond Ă  la partie d’innocence du personnage. Il dĂ©couvre les choses avec Ă©merveillement et on rit avec lui. Le deuxiĂšme tome est la dĂ©sillusion. Ainsi, le principe de deux livres serait pleinement pertinent. Cependant, ce tome manque de rebondissement et les pĂ©ripĂ©ties sont loin de s’accumuler. Il manque aussi de personnages pittoresques (comme le rĂ©alisateur escroc du premier tome par exemple). Cette dichotomie m’a dĂ©rangĂ©, la comparaison entre les deux ouvrages fait mal.

MalgrĂ© tout, on retrouve une analyse au vitriol d’Hollywood avec ses acteurs ratĂ©s, ses budgets limitĂ©s par la crise et ses films de propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certaines trouvailles font mouche, mais leur densitĂ© est plus faible. Surtout, la surprise n’est plus lĂ .

Concernant le dessin, j’ai trouvĂ© l’ensemble inĂ©gal. Si le premier tome m’avait enchantĂ©, c’est moins le cas ici. Le trait de JĂ©rĂŽme Jouvray est toujours aussi agrĂ©able, mais les intĂ©rieurs notamment sont trĂšs vides. Le manque de jungle se fait cruellement sentir ! Du coup, la couleur (assurĂ©e par Anne-Claire Jouvray) est beaucoup moins marquante que dans le premier opus. C’est surtout une impression d’inĂ©gale qualitĂ© qui nous imprĂšgne. Certaines planches sont toujours aussi belles et dynamiques. D’autres semblent dĂ©sespĂ©rĂ©ment vides. Peut-ĂȘtre que le temps imparti pour dessiner cet album Ă©tait-il trop court ? Car l’ensemble fait quand mĂȘme 76 pages.

La chute de « Johnny Jungle » est traitĂ©e avec nostalgie. Mais les auteurs semblent beaucoup moins Ă  l’aise dans ce registre. Difficile de s’attacher Ă  un personnage qui succombe en permanence Ă  ses pulsions. Maintenant qu’il vieillit, il est difficile d’avoir de l’empathie pour son immaturitĂ©. J’ai retrouvĂ© une partie du plaisir que j’avais eu pour le premier tome, mais la dĂ©ception est bien rĂ©elle. Dommage.

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Note : 10/20