Breakfast after noon

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Titre : Breakfast after noon
Scénariste : Andi Watson
Dessinateur : Andi Watson
Parution : Septembre 2002


Les romans graphiques ont explosé dans les années 2000, révélant à la fois des pépites comme des œuvres sans grand intérêt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler à la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant près de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intérêt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attiré. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures. Continuer la lecture de « Breakfast after noon »

Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & Achdé

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Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fêtes de fin d’année pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercé mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passé à des bande-dessinées plus adultes et ambitieuses. Ici, le scénario est géré par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/écrivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considérer que le scénario de bande-dessinée est un métier à part entière… Ce scénario est mis en scène et dessiné par Achdé.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survécu à 27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra être élevé par… les quatre Dalton dans une ville appelée Rupin City. Et Lucky Luke devra bien évidemment les surveiller, en compagnie de Rantanplan…

Le scénario est dès le départ bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rédemption des Dalton ont déjà existées dans la série, elles étaient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les évolutions des personnages sont, au choix, proches du néant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page à l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scénaristique est comblé par des allusions omniprésentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturés et les répliques cultes. Sans aucun intérêt ! Se baser sur un film aux répliques aussi inspirées pour écrire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultés à accoucher d’un scénario correct ! Car au-delà du scénario, c’est la fluidité de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenés à la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’Achdé est souvent cité comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. Achdé singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. Résultat, l’ensemble manque cruellement de personnalité. C’est voulu, mais à trop vouloir coller à l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve même les codes couleurs de Morris, qu’il avait développé pour compenser les problèmes d’impression de l’époque (on parle des années 40 pour les débuts…)…

« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui daté et sans intérêt. Il serait peut-être temps que certains éditeurs comprennent qu’une série n’a d’intérêt à continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux œufs d’or. Lamentable.

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Note : 2/20

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

LeJournalDeJulesRenard


Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
Réédition : Janvier 2014


Jules Renard est un écrivain français décédé il y a un petit peu plus d’un siècle. Son Journal est un de ses œuvres majeures. Rédigé entre 1887 et 1910, il a été édité à titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attiré par le nom de son auteur, Fred. Cet écrivain est le créateur de Philémon, œuvre majeure à mes yeux du neuvième art. Le brillant créateur est décédé l’année dernière. Sa disparition a donné lieu à bon nombre de rééditions d’œuvres anciennes nées de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procuré est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se démarque de son prédécesseur par le fait qu’il ait été mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un très bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement à s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel préface cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit à travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils échangent au cours d’une balade qui débute à la première page et se clôt à la dernière. Malgré cette continuité narrative, chaque planche peut se lire indépendamment. Elle se conclut toute de la même manière : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vérité. La force de cette construction est d’offrir une densité de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les périodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dévorer d’une traite ou au contraire se déguster par petites bouchées au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal à imaginer que ces mots sont nés dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coïncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinées. L’heure n’est pas à la rigolade. La dépression et le fatalisme sont davantage de sortie. Malgré cela, la lecture est agréable et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphère qui transpire de cette balade champêtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dépaysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger à nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intégralité de l’espace est occupée par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pérégrinations à la campagne. Ce sentiment d’être coupé du monde ou de voir la réalité en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiosité et incite le lecteur à s’investir complètement dans sa lecture. De plus, la densité des déclarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une première découverte.

Au final, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à le lire et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau à l’occasion. Malgré le côté linéaire de sa narration, il ne manque pas d’aspérités et ne laisse pas indifférent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothèque et ne peut que vous inciter à partir à sa rencontre…

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Note 15/20

Solo, T1 : Les survivants au chaos – Oscar Martin

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Titre : Solo, T1 : Les survivants du chaos
Scénariste : Oscar Martin
Dessinateur : Oscar Martin
Parution : Septembre 2014


Un auteur espagnol venu de l’animation qui fait de la bande-dessinée… Cela vous dit quelque chose ? On pense à Guarnido bien sûr. Il faudra désormais ajouter le nom d’Oscar Martin. Après un passage dans le dessin-animé, l’auteur se lance dans la bande-dessinée. « Solo » est l’une de ses histoires, qui paraît en 2014 chez Delcourt dans la collection Contrebande. Le dessin anthropomorphe rappelle immanquablement Disney, même si l’univers en est bien éloigné… Le tout semble être une édition regroupant deux premiers tomes parus précédemment. L’ensemble pèse une centaine de pages et se nomme « Les survivants du chaos ».

Solo1d« Solo » s’intègre dans une logique post-apocalyptique. La vie est rude, le gibier est rare tout comme la technologie. Fils aîné d’une famille de rats, Solo décide de quitter le foyer pour permettre à ses petits frères et sœurs de survivre. Son père a forgé en lui un formidable guerrier prêt à abattre n’importe quelle bestiole, fut-elle trois fois plus grande.

Le monde de « Solo » mélange de nombreux style. Les factions sont humaines ou animales, voire fantastiques. Il y a relativement peu d’explications sur le monde et l’univers, si ce n’est en version texte dans les dernières pages de l’ouvrage, une fois l’histoire terminée. Le scénario se concentre sur l’action et les combats, très nombreux et, finalement, peu décrits.

Ultra-violent sans être gore.

« Solo », outre l’action, joue sur l’ambiance. La narration est menée par le personnage principal. Bien qu’auto-centrée, elle apporte une empathie véritable pour le personnage et son évolution. Car Solo devient ultra-violent et y perd le sens de la vie. L’auteur ne fait cependant pas dans le gore pour tant. Malgré tout, le scénario est assez répétitif et peu original. Il plaira aux amateurs de mondes violents et désespérés. L’auteur a cependant posé des jalons qui mériteraient d’être développés dans la suite. « Solo » peut cependant se lire comme un one-shot tant on a l’impression que la boucle est bouclée à la fin du livre.

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L’ambiance et l’action sont magnifiées par le dessin splendide de l’auteur. Oscar Martin vient de l’animation et cela se voit. Il n’hésite pas à utiliser des dessins chronophotographiques, décomposant les mouvements de ses personnages. Ses paysages sont du même niveau et nous plonge dans l’univers en rien de temps. Les couleurs sont bien pensées et renforcent d’autant plus l’immersion et l’ambiance. Il est à noter que le découpage est parfaitement maîtrisé, avec de belles trouvailles graphiques. Du grand art ! Clairement, Oscar Martin a tout pour devenir un grand de la bande-dessinée.

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Malgré un scénario finalement peu original, on se prend au jeu de ce « Solo ». La voix off nous implique et le dessin met magistralement en scène cette histoire. Difficile de rester indifférent devant tant de maîtrise. Il ne reste plus qu’à espérer que la suite proposera un scénario plus touffu. Car après cent pages de lecture, on est finalement pas loin d’une fable post-apocalyptique, plus que d’une grande histoire.

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Top BD des blogueurs – Décembre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinées. Dès qu’un titre possède au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez découvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notés.

Le compte-rendu des évolutions est visible sur Chroniques de l’invisible.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt
Jiro Taniguchi, Casterman
3- (-) Ceux qui me restent  18.66
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo
4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman
5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association
6- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil
7- (=) NonNonBâ         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius
8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion
9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
10- (=) La lune est blanche 18.4
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis
11- (=) Tout seul            18.38
Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.
13- (N) Un océan d’amour       18.33
Wilfrid Lupano, Grégory Panaccione, Delcourt
Emmanuel Lepage, Futuropolis
15- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
16- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
17- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman
18- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
20- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus
21- (=) Abélard     18.04
Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud
22- (=) Chroniques outremer   18
Bruno Le Floch, Dargaud
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise
24- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman
25- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
26- (-) Les vieux fourneaux tome 1   17.96
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud
27- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis
29- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis
30- (+) Scalped            17.89
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
31- (=)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard
32- (+) Les carnets de Cerise    17.83
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
33- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
34- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt
L. Seksik, G. Sorel, Casterman
36- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir
37- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
38- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
39- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam
40- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman
L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
42- (-) Habibi       17.71
Craig Thompson, Casterman
43- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
44- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
45- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
46- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1Tome 2, Tome 3,
47- (=) Washita     17.69
Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.
48- (+) Le Photographe   17.67
49- (N) Jane le renard et moi    17.67
Isabelle Arsenault, Fanny Britt, La Pastèque
50- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis

Prophet, T4 : De profundis – Mathieu Lauffray

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Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014


Neuf ans d’attente… Il a fallu attendre tout ce temps pour découvrir enfin le dénouement de la tétralogie imaginée par Mathieu Lauffray intitulée « Prophet ». Le quatrième et dernier épisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il répond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaître un jour la fin du périple vécu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dépoussiéré et dévoré les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espérant y trouver les réponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps…

Prophet4a« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a détruit le monde. Celui qui, peut-être, le sauvera… » La quatrième de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystères… Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaître enfin l’issue de cette série a attisé sans mal ma curiosité. L’enthousiasme de savoir enfin où tout cela menait se mêlait à l’angoisse d’être déçu par la conclusion de cette aventure.

Une des manières de percevoir cet album consiste à y voir la synthèse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les époques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York pré apocalyptique. Puis à d’autres, nous nous retrouvons dans le désastre qui accompagne Jack depuis les « événements ». Cela dégage une atmosphère unique à cette lecture. Le verre à moitié plein permet de savourer le sentiment d’être au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amène le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus à découvrir.

Une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte

Néanmoins, ce grand voyage peut être perçu du point de vue du verre à moitié vide. Le scénario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la réalité n’est pas dénué de charmes. Mais ici, cela a tendance à perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohérence à l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le côté psychédélique semble être l’arbre qui cache la forêt d’une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte. J’ai été déçu par cette fin. Je la trouve à la fois facile et décevante.

Malgré tout, le chemin qui mène à cette issue n’est pas inintéressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scénaristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent à jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les délires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

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Mais la qualité esthétique des planches ne m’a pas empêché de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait résumer mes sentiments en analysant la série dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posé des jalons intéressants. En accumulant les pistes, les événements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nécessite une sortie à la hauteur des attentes suscitées. Ce n’est hélas pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga à l’identité certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuvième art de la dernière décennie.

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Note : 9/20

Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai découvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat à travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais été conquis par la qualité de cette uchronie tant sur le plan du scénario que du dessin. Les différents spin-off qui ont succédé à cet ouvrage ont confirmé le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiosité que j’avais vu naître leur nouveau projet intitulé « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait posséder un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmé. Le troisième épisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine dernière avec envie.

J’y ai retrouvé avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait découvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en était suivi un effondrement des gouvernements et le terreau était propice à la poussée de nouveaux mouvements extrémistes pour diriger le monde. Les derniers événements en date avaient vu les héros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quête d’éradiquer de la planète les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.

La coalition menée par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle étape de routine vers le succès. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau méchant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien générale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminé perdu au milieu d’un village, il s’avère bien plus dangereux que cela. Le souci est que les héros s’en sont peut-être rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine équipe tombée dans un piège. C’est captivant car plein de surprise. Cela génère un nouveau souffle à l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les péripéties sans jamais tomber dans la répétition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitée la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitée pour donner de l’ampleur à la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiéter sur la place laissée aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la série et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intérêt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particulièrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gâchette. Et parallèlement, on se laisse toucher par ses écorchés vifs que la vie n’a pas épargnés. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait séduit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme à chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dément pas cet état de fait. Son coup de crayon possède une personnalité forte et appréciable. Que ce soit les visages ou les scènes de paysage, les détails sont de sortie. Il a également un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scènes de combat. Sa capacité à dégager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces dernières années.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualité constante de cette série. Sans être un monument d’originalité, sa trame est rythmée et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaître la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir à la découverte de cette communauté pas comme les autres…

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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai découverts en lisant la saga Block 109. Cette série m’a conquis autant par son scénario que par son atmosphère. Il s’agit d’une uchronie de grande qualité sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de découvrir leur nouveau projet intitulé Chaos Team. Le premier épisode était très réussi et a attisé ma curiosité. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulée sobrement Chaos Team 1.2. Edité chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agréable.

La quatrième de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a été un échec complet pour le Chaos Team. Et suite à l’arrivée de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloqués à Lima. C’est au moment où ils s’apprêtent à s’enfuir de la capitale de la Nouvelle République Démocratique du Pérou que se manifeste un allié pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens à préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-là. Malgré les rappels réguliers quant au passé de la trame, il m’apparaît compliqué d’en maîtriser tous les arcanes sans prendre le temps de découvrir sereinement les prérequis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable à celle des comics américains. L’intrigue se décompose en petit chapitre à l’identité propre et à la dernière case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliqué par Vincent Brugeas à la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus précisément la personnalité des différents protagonistes. Néanmoins, ce mécanisme est moins utilisé dans ce second acte que dans le précédent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une équipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spéciales du monde. Les événements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possède des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations à dose homéopathiques. Cette dimension secrète rend les personnages fascinants et charismatiques malgré une moralité parfois nébuleuse. Les découvrir a été généré un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyé une attaque extra-terrestre. De nouveaux équilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualité. Le premier tome était pleinement centré sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de déroulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les révélations s’enchainent à un rythme assez effréné. La trame utilise des ingrédients classiques qui ne révolutionnent pas le genre. Mais la qualité des personnages fait largement oubliée l’absence d’originalité de l’histoire. Rarement, une série est arrivée à faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissé porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux côtés de John et ses acolytes plutôt que pour découvrir le dénouement.

L’atmosphère réaliste de cet univers résulte en grande partie de la qualité des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement à l’aura des personnages. Il leur offre une réelle profondeur et une identité graphique évidente. Un dessinateur aussi talentueux permet à la bande dessinée de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger à nouveau dans cette aventure. Même si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualité de la série. Je suis donc curieux de découvrir la suite qui est promise pour l’année prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de découvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indifférent…

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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Février 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier épisode d’une saga née de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai découvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai été conquis par le travail des deux auteurs et par la qualité de l’univers qu’ils avaient créé. C’est donc avec une curiosité forte que je me suis plongé dans leur dernière production sorti en librairie le sept février dernier. Son format se rapproche de celui de la série précédente. Edité chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se déroule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scénariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous présente un personnage charismatique. Il est grand, musclé, expérimenté. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dévastée. L’atmosphère dégagée s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos évoquée dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Près de quatre ans après une frappe extraterrestre qui a détruit la majorité des forces armées et mis à genoux les gouvernements des différentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maîtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus désormais de véritables seigneurs de la guerre font souvent appel à une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survécu à l’invasion et à même de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de première nécessité : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous découvrons la Chaos Team, une unité de mercenaires liée à Blackfire et dirigée par John Clem, en mission de protection à Grenade, auprès du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une année zéro correspondant à la date de l’invasion extraterrestre. Les différents événements qui nous sont contés sont repérés par rapport à ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se découpe en chapitres qui peuvent être antérieurs ou postérieurs au « moment repère ». L’histoire ressemble donc à un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoires. Cela amène une densité forte à la lecture. Le dosage scénaristique est bien maîtrisé.

ChaosTeam1bChaque chapitre est précédé d’une présentation de son casting. La première page nous liste les différents protagonistes impliqués dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hétéroclite servent de fil conducteur à notre découverte de cet univers. Les personnages sont évidemment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possèdent nécessairement des capacités largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nécessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur côté mercenaire fait qu’on n’arrive pas à ressentir une empathie absolue à l’encontre de tout ce beau monde. Leur éthique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particulièrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possède un trait assez unique qui génère une atmosphère forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variés et détaillés pour qu’on n’ait aucun mal à les différencier et à se les approprier. Le travail sur les couleurs est également de grande qualité et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scènes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est très réussi. Il se lit avec appétit. D’ailleurs je m’y plongerai à nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des différents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Le jeu vidéo – Bastien Vivès

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Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien Vivès
Dessinateur : Bastien Vivès
Parution : Décembre 2011


Bastien Vivès a tenu ce qui était certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphère. Utilisant le copier-coller pour créer de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du défilement vertical pour créer un effet de temporalité (renforcé par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et là, curieusement, il est décidé de sortir pas moins de six volumes pesant près de 200 pages dont les parutions sont étalées sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog… Trop pour moi qui décidais de les lire en bibliothèque. Surtout que l’aspect thématique des ouvrages est plus ou moins réussi. Intéressons-nous ici au jeu vidéo dans ce qui est le premier opus publié.

LeJeuVidéo1Le livre se présente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire même un seul pour des questions de mise en page) apposés verticalement. Chaque scène présente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste léger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scènes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit à un seul recueil à vingt euros.

Street fighter & joystick

Malgré cet effet de répétition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages à toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidéo », Bastien Vivès est très à l’aise et il n’y a pas vraiment de déchets dans ses histoires. La qualité des scènes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaître un peu les années 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marqué l’auteur). L’aspect nostalgique est très présent, notamment dans les conflits générationnels.

Le dessin de Bastien Vivès est ici réussi, même si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisé. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand même très statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans même utiliser les expressions de ses personnages…

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Si les choix éditoriaux sont contestables, la qualité de l’ouvrage ne l’est pas. Drôle et un brin nostalgique, « Le jeu vidéo » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, à essayer de faire un coup spécial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20