Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2009


Je clos ma trilogie « Pascal Brutal » avec cet avis portant sur le dernier opus de ses aventures. Ce troisième tome intitulé « Plus fort que les plus forts » est paru en septembre 2009 aux éditions « Fluide Glacial ». Composé d’une petite cinquantaine de pages, ce bouquin est vendu à 9,95 euros. « Plus fort que les plus forts » tient une place particulière dans la bibliographie de Riad Sattouf. En effet, il a été primé au festival d’Angoulême cette année. Cela a eu pour conséquence de mettre dans la lumière ce cher Pascal et son créateur.

Pascal Brutal est un personnage qui ne laisse pas indifférent. Il est la virilité. Musclé, plein de testostérone, le bouc bien aiguisé, sa gourmette, ses basket torsion 1992… Voilà comment on peut définir notre « héros ». Il est évolue dans un futur proche dans un monde ultralibéral dont le président de la République est Alain Madelin. Mais dans cet univers, Pascal survit parce qu’il est inimitable…

Découvrir la jeunesse de Pascal Brutal…

Dans le premier opus, Sattouf nous présentait son personnage. Dans le deuxième tome, il partait du principe que Pascal faisait partie de la famille et il nous le faisait suivre dans son quotidien. Dans ce nouvel ouvrage, une nouvelle fois on découvre un Pascal au sommet de sa forme. L’album se décompose en environ une dizaine d’histoires courtes. Cela rend la narration assez rythmée. On découvre la naissance de Pascal et sa petite enfance. Dès les premières heures de sa vie, il était exceptionnel. On le voit faire usage de son charme pour faire succomber miss Bretagne ou une employée du Pole Emploi… Pascal Brutal est le « beauf » qu’on ne supporte pas quand on le croise dans la rue ou dans une soirée. Mais ici, il ne nous inspire ni antipathie ni colère, il nous fait rire. On s’attache à sa personnalité si particulière. C’est un vrai bourrin plein de testostérone qui s’assume pour notre plus grand bonheur…

Un des autres attraits de cet album est son déroulement dans un futur proche très libéral. On découvre de nouvelles lois, de nouveaux modes de fonctionnement. Certains pays ont subi une vraie révolution politique. Bref, sans donner à l’album une dimension politique, il est intéressant de voir un auteur pousser certains principes à l’extrême. On en rigole dans un premier temps, on se pose parfois quelques questions. En tout cas, cela donne une dimension originale supplémentaire à la série.

Ce troisième opus de « Pascal Brutal » est à la hauteur des précédents. Ce n’est pas peu dire. On rigole à chaque bulle et à chaque case. La densité de la trame est certaine. Plusieurs lectures sont nécessaires pour saisir toutes les finesses des dialogues. « Plus fort que les plus forts » est un ouvrage qui peut se lire et se relire sans jamais lasser. Chaque nouvelle découverte est un vrai bonheur. De plus, les dessins sont toujours aussi agréables. C’est avec plaisir qu’on retrouve notre héros et ses acolytes. La signature graphique de Riad Sattouf est reconnaissable et se redécouvre à chaque fois avec plaisir.

Au final, je ne peux que vous conseiller de courir à la rencontre de Pascal Brutal. Vous ne pourrez plus le quitter. Chaque album peut se lire de manière indépendante. Néanmoins, il peut être intéressant de lire les tomes dans l’ordre pour découvrir le héros au rythme choisi par son créateur. De mon côté, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain tome que je guette avec attention. Que l’attente va être dure…

gravatar_ericNote : 17/20

Pascal Brutal, T2 : Le Mâle Dominant – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T2 : Le Mâle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rédigé un avis portant sur le premier opus de la série de bande dessinée « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxième tome intitulé « Le mâle dominant ». Cet ouvrage paru en août 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est édité chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir réalisé « Les Beaux Gosses » que pour ses œuvres littéraires. C’est dommage dans le sens où sa bibliographie gagne à être découverte.

Le premier tome intitulé « La nouvelle virilité » nous faisait découvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilité. Il s’agit d’un homme au physique de déménageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames… Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir… Cet opus nous décrivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquérir tous ses codes. C’est vraiment drôle et réussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en découvrant ce nouvel album.

Dans « Le mâle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La présentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre héros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquées. Il a un côté « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment énormément de plaisir à suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton différent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses réactions et ses pensées. Il nous dégage un côté familier qui est très agréable.

La particularité de cette série est qu’elle se déroule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fête son troisième septennat à la présidence de la République. Cela permet à l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme étant des repères du passé. Cette vision décalée de notre quotidien est intéressante et donne lieu à beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait être des évidences du présent. Par exemple, suite à un coup d’état, la monarchie belge a été remplacée par une « gynarchie » extrême. C’est-à-dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On découvre également une Bretagne autonome… Bref, les repères géopolitiques sont modifiées pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive à exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour résidant dans cet opus réside dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent à Pascal et les modifications historiques donnent lieu à beaucoup de gags « premier degré ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrête pas de rire. La densité des gags est d’une rare intensité. Plusieurs lectures sont nécessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se décompose en des histoires indépendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligé de tout lire d’un coup. On peut le découvrir à tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont très colorées. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. Malgré un style apparemment simple, Sattouf arrive à donner des expressions à ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mâle dominant » se montre à la hauteur de « La nouvelle virilité ». C’était loin d’être simple… Avec « Pascal Brutal », c’est une série de grande qualité qui s’offre à nous. J’ai hâte de me plonge dans le troisième tome qu’on m’a offert à mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2006


 Grâce à mon frère, j’ai récemment fait une rencontre qui ne laisse pas indifférent. J’ai découvert Pascal Brutal. Ce héros de bande dessinée est un véritable personnage. « Pascal Brutal » est une série actuellement composée de quatreopus. Ils sont nés de la plume de Riad Sattouf célèbre pour avoir réalisé le récent « Les Beaux gosses » au cinéma. Cet auteur prolifique est également connu pour le succès de son album « La vie secrète des jeunes » dont est paru récemment le second tome. Mais tout cela n’est pas le sujet d’aujourd’hui. En effet, je veux vous parler du tome initial de la grande saga de Pascal Brutal intitulée « La nouvelle virilité ». Paru chez « Fluide Glacial », ce bouquin est composé d’une petite cinquantaine de pages. Il est vendu au prix d’environ dix euros.

Il est maintenant temps de vous présenter cet homme « remarquable ». Pascal Brutal vit dans une société dans laquelle Alain Madelin est président de la République. Pascal n’est pas viril, il est la virilité. Cheveux courts, bouc parfaitement dessiné, ultra-bodybuildé, une gourmette qui brille, des baskets Torsion 1992… Voilà qui est Pascal Brutal. Il s’agit du male dans toute sa splendeur. Il préfère réfléchir avec ses muscles qu’avec son cerveau. Et cet album va nous apprendre à le découvrir…

Une histoire contée en voix off.

L’album est construit d’une manière très particulière. Il ne s’agit pas d’une aventure de ce cher Pascal. L’histoire se décompose en une succession de scènes de quelques pages ayant pour unique but de nous faire connaître le héros. Chaque chapitre s’étale sur quatre ou cinq pages. L’histoire nous est également contée par une « voix off » qui commente tout ce qui arrive à notre cher Pascal. Cette « voix » est une des grandes réussites de l’ouvrage. Le ton est décalé et caricatural. On rigole vraiment en comparant le regard subjectif du narrateur et la réalité des actes commis par PB dans la case juste dessous.

pascalbrutal1aCar « La nouvelle virilité » est vraiment une grande réussite sur le plan des dialogues et des textes. Il y a une grande densité de gags, de petites tournures. La qualité est de sortie et aucune case et aucune bulle ne sont négligées. C’est un bouquin qui se savoure petit à petit. Le dévorer d’une traite aurait pour conséquence de se gâcher. Chaque phrase et chaque anecdote sont écrites pour être savourées. Vous n’êtes pas obligé de tout lire d’un coup. Feuilleter quelques pages suffisent à vous chatouiller les zygomatiques et à penser très fort un « Quel con, ce Pascal ! ».

Car Pascal n’est pas futé. C’est le moins qu’on puisse dire. On est quelque part dans la caricature du beauf musclé qui a raison parce qu’il a des poings qui partent vite et qui font mal. Les filles sont folles de son corps et de ses nombreux talents physiques. Pascal est l’homme parfait tant qu’on ne lui demande pas de trop réfléchir. On prend plaisir à se moquer de lui. Ce n’est pas forcément très sain. Mais une chose est sûre, on rigole bien ! N’est-ce pas là le plus important ?

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Concernant les dessins, je les trouve très réussis. C’est la première fois que je découvrais le coup de crayon de Riad Sattouf. Je n’ai pas été déçu. Le style est simple mais sait se montrer au diapason de l’esprit de la bande dessinée. On rentre très vite dans l’histoire. Dès les premières cases, on s’immerge dans la vie de Pascal. Cette réussite est également du aux dessins. Les cases sont colorées et ne devraient pas rebutés ceux d’entre vous qui ne sont pas forcément familiers de la bande dessinée.

Au final, je suis très loin de regretter ma rencontre avec Pascal. J’ai vraiment bien rigolé et j’ai hâte de me plonger dans les deux autres opus de la série. De bonnes tranches de rigolade m’attendent. Je ne peux donc que vous inciter à aller découvrir cet homme qui n’est comme aucun autre. Bonne lecture ! 

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Note : 17/20

Universal War One, T1 : La génèse – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T1 : La génèse
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Décembre 1998


Grand amateur de science-fiction en littérature, force est de constater qu’elle n’y tient pas une place aussi prépondérante dans ma bibliothèque. J’ai relativement peu accroché aux univers proposés par les auteurs de BD. Peut-être que la représentation de ces mondes fantasmés me gênait. Pourtant, « Universal War One » (ou UW1 pour les intimes) a su me passionner. Comment Denis Barjam a-t-il réussi à me faire entrer dans on univers ? Le tout a été publié chez Soleil dans un format classique.

Denis Barjam développe une SF relativement proche de nous, dans le sens où l’homme ne s’extirpe pas du système solaire. Malgré tout, il a développé des techniques qui lui permettent de voyager simplement dans l’espace. C’est ici que nous retrouvons l’escadron Purgatory. Constitué d’officiers passés par la cour martial, cette unité est donc remplie de bras cassés dangereux, que ce soit par leur orgueil, leur témérité ou… leur lâcheté ! Et pourtant, ces gens que tout le monde méprise sont partis pour sauver l’univers !

Un phénomène inexplicable

Un mur s’est élevé dans le système solaire. Personne ne sait d’où il sort. L’escadron est donc chargé d’enquêter sur le phénomène en envoyant des sondes dans le phénomène. Le danger est évidemment très présent puisque ce mur reste inexpliqué. Denis Barjam distille ses infos au compte-goutte, mais le suspense et la densité du récit sont réels. On n’est pas bien plus avancé à la fin du tome mais pourtant déjà captivé. Les questions sont nombreuses et les rebondissements déjà présents.

On pourra reprocher à ce tome de présenter des personnages stéréotypés. Chacun tient son rôle. C’est l’introduction et les nuances arriveront bien évidemment par la suite.

Concernant le dessin, j’ai ressenti comme un frein à la lecture de l’ouvrage. Les couleurs (notamment) dans l’espace ont l’air assez artificielles. Quant aux personnages, ils sont identifiés sans peine et expressif. On ressent une influence comics dans le dessin. Mais sans être convaincu par le trait de ce premier album, force est de constater un vrai sens de la mise en scène. Certaines cases sont puissantes par leur force émotionnelle et permettent à UW1 de passer dans le rang des bande-dessinées de haut niveau.

Ce premier tome apporte avant tout des questions plus que des réponses. Dense dans ses informations, il nous introduit aux (nombreux) personnages et nous captive avec cette histoire de mur. Le premier volet d’une des meilleures séries de cette époque.

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Note : 17/20

 

Blast, T3 : La tête la première – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tête la première
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa célébrité est née du succès de séries telles que « Le retour à la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps à autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des écrivains en vogue du neuvième art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier épisode de sa nouvelle saga, cet album se démarque. Le format est plus carré, il se compose de deux cents pages et l’identité graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamée, l’atmosphère glauque, triste et dépressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminée. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indifférent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai découvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son héros est accusé d’avoir agressé une femme. Il est en garde à vue, écouté par des policiers. Ces derniers cherchent à savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frère et de son père. Et surtout il évoque son premier Blast, état d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se résument donc à des rencontres hasardeuses et la quête du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la société. Dans l’opus précédent, il croisait Jacky qui s’avérait être un serial killer. Ce nouvel acte présente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne à la fois le héros et ses lecteurs…

Un héros malade à l’intelligence particulière et alambiquée.

Cet ouvrage se démarque des deux précédents par la narration de l’internement de Polza. Suite à une tentative de suicide difficile à soutenir, Mancini se trouve enfermé dans une structure hospitalière qui lui impose une thérapie psychanalytique. On n’a jamais douté du fait que le héros est malade et nécessite des soins. Mais c’est la première fois depuis le début de l’histoire qu’on le découvre dans les mains du corps médical. Son intelligence particulière, inquiétante et alambiquée prend une autre ampleur quand elle se confronte à la réalité. Son refus de se soigner, sa manière de manipuler et de mépriser les codes font que tout espoir à son égard disparaît. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la période médicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scènes particulièrement dures qui mettent mal à l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour décrire la vie de cet homme errant. On sent particulièrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bêtes féroces sortent de leur tanière et l’animalité de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indifférent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complètement silencieux participe activement à cette atmosphère oppressante. La capacité que possède l’écrivain à dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos émotions sont en permanence sollicitées.

Je ne voudrais trop vous en dévoiler. En effet, le plaisir réside également dans les nombreuses interrogations qui se posent à nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du héros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignée des deux premiers opus. Il s’agit là d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermé. Mancini continue à nous hanter…

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Note : 17/20

Blast, T2 : L’apocalypse selon Saint Jacky – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T2 : L’Apocalypse selon Saint Jacky
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Avril 2011


« L’apocalypse selon Saint Jacky » est le titre du deuxième opus de la série de bandes dessinées « Blast ». Ecrit par Manu Larcenet, cet album est édité chez Dargaud depuis le mois d’avril dernier. Cet ouvrage est d’un format original. En effet, l’histoire s’étale sur environ deux cents pages. Le prix est à peine supérieur à vingt euros. La couverture est coupée en deux parties. La partie supérieure, en noir et blanc, nous présente un homme obèse les yeux dans les yeux avec un éléphant. L’inférieure est colorée et nous fait découvrir un homme en train de lire, allongé dans ce qui semble être un livre.

Ce bouquin est la suite du précédent tome de « Blast » intitulé « Grasse carcasse ». Cette nouvelle histoire reprend où nous avait laissés la précédente. C’est l’occasion de préciser qu’il m’apparaît indispensable d’avoir lu le précédent pour profiter pleinement de cet ouvrage. On y avait rencontré Mancini. Ancien écrivain, il se revendique clochard. On découvre son choix de vie qui consiste à errer et à vivre où le mène la vie sans aucune contrainte. Il vit dans la forêt, y rencontre des SDF. Et surtout il boit et se drogue. Tout cela a pour but de lui faire ressentir à nouveau le blast, sensation extrême de nirvana qui lui fait quitter sa misérable existence et son horrible corps d’obèse dégoutant. Mais le problème est qu’on a découvert Mancini en garde à vue et qu’il est accusé de tentative de meurtre sur une femme…

« L’apocalypse selon Saint Jacky » commence par l’annonce du décès de la présumée victime de Mancini. Les policiers refusent de l’annoncer à leur suspect et continuent à le faire parler. En effet, Mancini continue de leur conter le cheminement de sa vie qui l’a amené à se trouver à cet endroit à ce moment. Le centre de sa narration va tourner autour d’un personnage prénommé Jacky qui l’a accueilli un temps et qui a fait durant quelques temps de Mancini un sédentaire…

Un personnage principal qui n’a rien de réellement sympathique.

Cette série ne s’adresse pas à tous les publics. Autant des séries de Larcenet comme « Le retour à la terre » ou « Nic Oumouk » utilisent un ton léger et humoristique, autant « Blast » adopte une ambiance lourde et dure. Le personnage principal n’a rien de réellement sympathique. Son statut de SDF devrait déclencher un sentiment d’empathie. Ce n’est pas vraiment le cas. Il a choisi sa situation et semble en revendiquer de la fierté. De plus, sa situation d’alcoolique et de drogué assumée ne favorise pas la sympathie. La narration est réaliste. Elle présente quelque part les codes du chemin initiatique. Mancini nous offre une réflexion sur sa vie.

Le scénario s’étale sur deux cents pages. C’est relativement rare dans la bande dessinée. Le risque était que la trame souffre de quelques vides ou encore de quelques lenteurs. Ce n’est absolument pas le cas. La lecture est intense. J’ai dévoré cet opus d’une seule traite. On est réellement transporté dans l’univers de Mancini. On est fasciné par le parcours de cet homme qui se met sciemment à l’écart de la société et de ses codes. Les différentes rencontres sont autant de rebondissements. Les moments d’introspection sont également passionnants.

Le personnage principal possède une emprise énorme sur le récit. D’une part, il en est le narrateur et d’autre part ils occupent quasiment toutes les cases de l’ouvrage. Les deux policiers qui l’interrogent ont un rôle très secondaire et ont pour unique utilité de relancer la trame. Ce deuxième tome nous fait rencontrer un nouveau protagoniste qui prend une place très importante. Prénommé Jacky, il s’agit d’un homme, dealer, vivant dehors et fanatique de littérature qui va héberger Mancini pendant quelques temps. On pourrait qu’ils deviennent amis. Leur cohabitation nous est contée durant une grande majorité des pages. J’ai trouvé cet aspect passionnant et savamment narré. Cette rencontre entre deux auto-exclus de la société ne laisse pas indifférent.

Mais la richesse de cet album ne réside uniquement dans sa narration. L’atmosphère de la lecture est intense. De temps en temps touchant, très souvent mettant mal à l’aise, l’ambiance ne nous laisse jamais indifférent ni insensible. Et pour aboutir à ce résultat, les dessins jouent un rôle prépondérant. Manu Larcenet nous offre une œuvre de grande qualité sur le plan graphique. Les dessins sont en noir et blanc. Il nous offre une grande variété de point de vue. D’une part, les paysages sont remarquables. Que ce soit la forêt ou des immeubles de banlieue. D’autre les personnages sont également très bien nés. Certains visages sont splendides. Ils possèdent une réelle profondeur.

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cet album. Je le trouve très réussi. De plus, il s’avère être original, ce qui ne gâche rien. Pour ceux qui avaient déjà découvert le premier opus de la série, ce nouveau tome est à la hauteur de son prédécesseur. Quant à ceux pour qui « Blast » était un univers inconnu, n’hésitez pas à vous y plonger en commençant par « Grasse carcasse ». Bonne lecture…

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Note : 17/20

Blast, T1 : Grasse carcasse – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T1 : Grasse Carcasse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Novembre 2009


Manu Larcenet est un auteur que j’apprécie énormément. La principale qualité que je lui trouve est de ne pas s’enfermer dans une case scénaristique. Autant son « Le retour à la terre » est léger et drôle, autant son « Le combat ordinaire » est nostalgique et émouvant. Ses deux séries démontrent plutôt bien le grand spectre d’atmosphère dans lequel peut nous plonger cet écrivain. Mais ce n’est pas de ses séries dont je veux vous parler. Je me contente de vous les conseiller vivement. L’album dont je veux vous parler aujourd’hui se nomme « Blast ». Il s’agit d’un ouvrage au format original. Edité chez Dargaud, il est d’un format plus « carré » qu’un album de bandes dessinées classique. De plus, il est particulièrement épais. En effet, l’histoire se déroule sur environ deux cents pages. Il est vendu au prix de vingt-deux euros. « Blast » est une nouvelle série née de l’imagination de Larcenet. Il s’occupe à la fois du scénario et des dessins. Le premier opus s’intitule « Grasse carcasse ». Il est apparu dans les librairies en novembre dernier.

Un homme obèse et sans domicile fixe

L’histoire est construite autour d’un personnage imposant nommé Polza Mancini. On le découvre en garde à vue. Agé de trente-huit ans et sans domicile connu, il est accusé d’avoir agressée une femme maintenant plongée dans un coma artificiel. Deux policiers l’interrogent et cherchent à connaître son mobil et à savoir précisément d’où vient un tel déchainement de violence. Mais pour Polza, tout n’est pas si simple. Sa quête consiste à sentir à nouveau le Blast, moment où la vie atteint la perfection. Et cette recherche est permanente et vient de loin. Et pour cela, il faut en revenir au tout début. Et voilà cet homme obèse et sans domicile fixe qui commence à nous raconter sa vie dans la petite salle d’un commissariat…

Le héros est particulier. Si on l’avait croisé dans la rue, il ne nous aurait inspiré aucune affection ou empathie particulière. Voir cet homme errer dans la rue ne nous aurait pas touchés. On aurait éventuellement ressenti de la pitié pour son physique difforme et sa vie apparemment pas facile. Mais Larcenet en a décidé d’en faire son personnage central. Pour arranger le tout, cet homme a agressé violemment une femme et se trouve arrêté dans un commissariat. Comment peut-on s’intéresser à lui ? Peut-être est-ce du au talent de son créateur mais dès les premières pages de lecture, Mancini nous devient sympathique. On s’attache à lui très vite. On oublie la raison de sa présence dans ces lieux. On s’immerge pleinement dans son univers et dans son histoire. Sa narration nous passionne.

L’intérêt que j’ai ressenti pour cette histoire est d’autant plus surprenant qu’elle n’est a priori pas forcément passionnante. Mancini est un écrivain qui voit son père mourir à l’hôpital. Cet événement marque une rupture. Il décide de partir à l’aventure. La rue devient son nouvel univers et sa nouvelle maison. On a donc l’impression de suivre un clochard dans son quotidien. Il ne témoigne pas de réelle volonté d’améliorer sa situation, on ne ressent pas de quête particulière sortie de celle de ressentir le Blast. Bref, tout cela manque d’idéal classique. Et pourtant malgré tout cela, on se prend d’affection pour cette personne et on a énormément de curiosité pour son avenir.

Je pense que ce plaisir de lecture vient en grande partie de l’atmosphère assez particulière dans laquelle navigue Mancini. L’ambiance est assez envahissante je trouve. On s’y immerge de manière assez intense. Larcenet nous offre des moments de silence et contemplatif qui apportent une dimension assez intense à la narration. Peut-être que le fait que les dessins soient en noir et blancs participent à tout cela. Ce qui est également très particulier est le fait que malgré ce grand nombre de pages, on croise relativement peu de personnages. La narration est construite davantage sur l’introspection du héros plutôt que sur ses rencontres. De plus, le style de Larcenet, bien que particulier, me touche énormément. Je trouve les visages de ses personnages très expressifs.

Donc au final j’ai pris énormément de plaisir à découvrir ce nouvel univers. La lecture a été très agréable, le dépaysement total. Par contre, je comprendrais aisément que tout le monde n’y soit pas sensible. L’ambiance, le thème ou encore le dessin sont particuliers. Je vous conseille donc de le feuilleter dans les rayons avant de vous l’offrir. Par contre, si vous y êtes sensibles, je vous garantis un moment assez intense et je ne doute pas que vous partagerez avec moi l’impatience de devoir attendre la parution du deuxième opus de « Blast ». Bonne lecture…

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Note : 17/20