Metronom’, T5 : Habeas Mentem

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Titre : Metronom’, T5 : Habeas Mentem
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Novembre 2015


« MĂ©tronom’ » est une sĂ©rie qui m’avait intĂ©ressĂ© parce qu’elle Ă©tait scĂ©narisĂ©e par Eric Corbeyran. J’ai toujours eu de l’intĂ©rĂȘt pour le travail de l’auteur bordelais depuis que j’ai dĂ©couvert « Le chant des Stryges ». Je m’étais donc laissĂ© tenter par cette aventure futuriste nĂ©e il y a quelques annĂ©es. Cette saga se conclut avec la parution rĂ©cente de son cinquiĂšme acte intitulĂ© « Habeas Mentem » il y a quelques semaines. J’apprĂ©cie le fait que l’histoire ne s’étire pas indĂ©finiment et trouve son conclusion dans un dĂ©lai respectable. Je trouve que les sagas qui s’étalent sur un nombre trop important de tomes ont tendance Ă  voir leur qualitĂ© et leur intĂ©rĂȘt dĂ©croitre au fur et Ă  mesure que les Ă©pisodes s’accumulent. Continuer la lecture de « Metronom’, T5 : Habeas Mentem »

Metronom’, T3 : OpĂ©ration suicide

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Titre : Metronom’, T3 : OpĂ©ration suicide
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Septembre 2012


« Metronom’ » est une sĂ©rie qui avait attisĂ© mon intĂ©rĂȘt par le nom de son scĂ©nariste. Eric Corbeyran est un auteur que j’apprĂ©cie depuis que j’ai dĂ©couvert « Le chant des stryges », « Le maĂźtre de jeu », « Uchronies » ou encore « Pavillon noir ». Il est trĂšs productif. Il s’avĂšre donc compliquĂ© de s’offrir l’intĂ©gralitĂ© de sa bibliographie. Il faut donc faire des choix de temps Ă  autre. « Metronom’ » m’avait attirĂ© par sa thĂ©matique. On se trouve au beau milieu d’un rĂ©cit d’anticipation. Je suis toujours intriguĂ© par ce type d’histoire. Cette saga est toujours en cours d’écriture et se compose actuellement de trois albums. Ma critique porte sur le dernier d’entre eux intitulĂ© « OpĂ©ration suicide » qui est apparu dans les rayons le dix mars dernier. La couverture nous prĂ©sente les deux hĂ©ros menottĂ©s sous un ciel Ă©toilĂ© qui nous laisse croire qu’ils se trouvent dans l’espace.

Il est Ă©vident que commencer l’histoire par cet opus rend les choses compliquĂ©es. Les prĂ©requis sont indispensables dans ce type de scĂ©nario. Je me garderai de rentrer trop dans les dĂ©tails afin que tout le monde puisse se faire une idĂ©e du bouquin sans pour autant se voir rĂ©vĂ©ler des choses importantes ou ĂȘtre noyĂ© par un amas trop dense d’informations. La quatriĂšme de couverture prĂ©sente succinctement l’esprit de la trame : « Dans un avenir proche, au sein d’une sociĂ©tĂ© totalitaire qui Ă©crase l’individu au profit de la toute puissance et du mensonge Ă©tatiques, une femme mĂšne un combat pour dĂ©couvrir les raisons de la disparition mystĂ©rieuse de son mari parti en mission spatiale
 »

Le mur totalitaire semble s’effriter.

La femme en question se prĂ©nomme Lynn. AccompagnĂ©e d’un journaliste en quĂȘte de vĂ©ritĂ©, elle se trouve sur une navette spatiale Ă  la recherche de son mari. Alors que leur mission est en passe d’ĂȘtre menĂ©e Ă  bien, ils se retrouvent arrĂȘtĂ©s sur place. On la retrouve donc dans une cellule. Elle vient d’apprendre que son conjoint a succombĂ© Ă  un virus inconnu. VoilĂ  oĂč dĂ©marre la narration de ce nouvel acte. Il nous plonge pleinement dans la rĂ©sistance contre la dictature au pouvoir. Il poursuit l’évolution rĂ©guliĂšre de la sĂ©rie. Le premier Ă©pisode Ă©tait une prĂ©sentation du quotidien liberticide de la sociĂ©tĂ©. Le deuxiĂšme voyait naitre des voix dissonantes dont le rapport de force apparaissait disproportionnĂ©. Dans ce nouveau tome, les deux hĂ©ros rencontrent les rebelles et une organisation qui nous Ă©tait jusqu’alors inconnue. On voit donc naitre un espoir. Les prĂ©paratifs d’un grand jour semblent se mettre en place. Sur ce plan-lĂ , l’atmosphĂšre de la lecture diffĂšre quelque peu de celle des actes prĂ©cĂ©dents. Le mur totalitaire semble s’effriter.

NĂ©anmoins, la narration n’est pas non plus totalement positive et sans accroc. Lynn subit de nouvelles Ă©preuves qui alimentent l’empathie qu’on ressent Ă  son Ă©gard. De mĂȘme, le personnage du journaliste consolide l’attrait qui gĂ©nĂšre. Son rĂŽle est important tant pour l’avancĂ©e de la trame que pour notre curiositĂ© primaire pour les protagonistes. ParallĂšlement, certains personnages secondaires prennent une ampleur certaine. Par leurs actes, ils quittent l’ombre et voient naitre un rĂŽle important quant Ă  l’issue de l’histoire. Les diffĂ©rents personnages prennent une Ă©paisseur qui n’était pas aussi poussĂ©e jusqu’alors. NĂ©anmoins, tout cela n’empĂȘche pas le sentiment que l’intrigue est un petit peu diluĂ©e. Une fois l’ouvrage terminĂ©, j’ai eu le sentiment que le rythme aurait pu ĂȘtre plus soutenu. Le scĂ©nario nous offre des bribes d’évolution et de changement sans pour autant lancer rĂ©ellement la machine. On peut donc supposer que le prochain tome se montrera plus dense et intense du fait que les jalons auront Ă©tĂ© posĂ©s dans « OpĂ©ration suicide ».

Cette sĂ©rie a Ă©tĂ© l’occasion pour moi de dĂ©couvrir un nouveau dessinateur. Il se nomme Grun. Son style accompagne parfaitement le propos qui alimente la lecture. Le trait est prĂ©cis. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, rien n’est pas bĂąclĂ©. Le ton est classique est conviendra Ă  un public large. Les personnages possĂšdent chacun leur identitĂ© graphique malgrĂ© des expressions relativement mesurĂ©es. Je trouve que le travail de Grun est sĂ©rieux. Il met en valeur la narration Ă  dĂ©faut de la transcender. L’identitĂ© chromatique est par contre Ă©vidente. Toutes les planches se construisent majoritaire autour des teintes de bleus et de marrons. Cela rend originale les pages et participe Ă  l’empreinte de la sĂ©rie.

En conclusion, « OpĂ©ration suicide » est un ouvrage sĂ©rieux et de qualitĂ©. Il est dans la lignĂ©e des deux prĂ©cĂ©dents. Les trois actes forment une entitĂ© unique et se lisent Ă  la suite l’un de l’autre sans effort. NĂ©anmoins, « Metronom’ » reste un rĂ©cit d’anticipation classique et qui contrairement Ă  ce qu’on peut lire ici ou lĂ  ne rĂ©volutionnera pas le genre. MalgrĂ© tout, on a Ă  faire Ă  une saga construite avec application qui se dĂ©couvre avec plaisir. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal. Il reste donc Ă  attendre la parution du quatriĂšme tome pour en savoir davantage. Mais cela est une autre histoire


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note3

Comment faire fortune en juin 40

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Titre : Comment faire fortune en juin 40
Scénaristes : Fabien Nury & Xavier Dorison
Dessinateur : Laurent Astier
Parution : Septembre 2015


« Comment faire fortune en juin 40 » m’a tout de suite attirĂ© lorsque j’ai vu la prĂ©sence conjointe de Fabien Nury et de Xavier Dorison sur la couverture. Le fait que deux de mes scĂ©naristes prĂ©fĂ©rĂ©s participent Ă  ce projet garantie Ă  mes yeux une qualitĂ© remarquable Ă  l’ouvrage. La couverture de l’album laisse prĂ©sager une histoire rythmĂ©e et le titre fait naĂźtre des perspectives intĂ©ressantes. Bref, la premiĂšre impression gĂ©nĂ©rĂ©e par ce livre est largement positive et m’incite Ă  m’y plonger rapidement.

« Braquer deux tonnes d’or Ă  la Banque de France, ça paraĂźt difficile
 mais en plein exode, dans un pays Ă  feu et Ă  sang, c’est faisable. » VoilĂ  les mots qui accompagnent la quatriĂšme de couverture du bouquin. Cela annonce un programme haut en couleurs ! Ce court texte est associĂ© au portrait de quatre personnages : deux d’entre eux sont munis d’une arme Ă  feu, un autre tient sĂ©vĂšrement une clĂ© Ă  molette et le dernier une ravissante jeune femme muni d’un bĂąton de dynamite. Bref, tout ce petit monde n’est pas lĂ  pour rigoler !

L’histoire d’un casse.

CommentFaireFortuneEnJuin40bIl s’agit donc de l’histoire d’un casse. Un fourgon doit vĂ©hiculer deux tonnes d’or de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici l’occasion de s’offrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc Ă  suivre le camion blindĂ© pour saisir l’occasion de mettre la main dessus. Le problĂšme est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et l’armĂ©e allemande bombarde. Tout ne va donc pas ĂȘtre aussi simple que prĂ©vu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.

MalgrĂ© le classicisme de l’objectif – mettre la main sur un butin – l’intrigue est pleine de surprises et de rebondissements. La fine Ă©quipe enchaĂźne les complications sur le chemin de la fortune. Le scĂ©nario est dense et la lecture ne connaĂźt aucun temps mort. Chaque lĂ©ger moment de calme n’est que le prĂ©misse d’un nouveau problĂšme. L’adaptabilitĂ© des hĂ©ros est mise Ă  rude Ă©preuve tant leur plan qu’ils pensaient ĂȘtre rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique va ĂȘtre souvent remis en cause. Le rythme de la narration est un modĂšle du genre. Les cent pages ne cessent pas de monter en puissance et en intensitĂ©. L’histoire est une vĂ©ritable spirale infernale pour les protagonistes.

CommentFaireFortuneEnJuin40cCette densitĂ© scĂ©nariste m’avait Ă©videmment beaucoup plu et a alimentĂ© de maniĂšre constante ma curiositĂ©. Mais mon attrait a Ă©galement Ă©tĂ© facilitĂ© par la prĂ©sence d’un casting quatre Ă©toiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composĂ© de personnalitĂ©s intĂ©ressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse qu’on n’est pas assez vite d’accord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fĂ©e font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite Ă  l’arrivĂ©e d’Hitler au pouvoir. Il n’y a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplĂ©e Ă  leur cĂŽtĂ© « Pieds nickelĂ©s » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. L’écriture des dialogues est plutĂŽt sympathique. Je me suis trĂšs vite attachĂ© aux protagonistes et ai Ă©tĂ© soucieux de leur devenir dĂšs les premiĂšres pages.

J’ai Ă©galement beaucoup apprĂ©ciĂ© les dessins de Laurent Astier. Je trouve qu’il a un trait qui colle parfaitement avec l’époque Ă  laquelle se dĂ©roulent les Ă©vĂ©nements. Je trouve ses illustrations trĂšs travaillĂ©es. Les dĂ©tails sont nombreux et donnent ainsi pleinement vie aux dĂ©cors. De plus, les diffĂ©rents personnages possĂšdent une personnalitĂ© graphique forte. DĂšs leurs premiĂšres apparitions, ils dĂ©gagent tous quelque chose. Cela est d’ailleurs Ă©galement valable pour les personnages secondaires. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont pleines de vie et apportent leur Ă©cot Ă  la bonne humeur dĂ©gagĂ©e par l’ouvrage.

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Pour conclure, « Comment faire fortune en juin 40 » est une belle rĂ©ussite. L’intĂ©gration dans cette histoire dans la grande Histoire lui donne un ton particulier qui m’a beaucoup plu. De plus, la qualitĂ© du casting permet de s’impliquer pleinement dans le destin des quatre acolytes. Le suspense qui accompagne leur destinĂ©e est Ă©galement bien construit. Bref, la grosse centaine de pages qui compose cette intrigue se dĂ©guste avec appĂ©tit et plaisir. Je vous conseille donc de suivre les pas de ces quatre braqueurs qui ne vous laisseront pas indiffĂ©rents


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note5

Largo Winch, T20 : 20 secondes

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Titre : Largo Winch, T20 : 20 secondes
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Octobre 2015


La sortie d’un nouvel album de « Largo Winch » fait partie d’un rituel du calendrier annuel du neuviĂšme art. Ce vingtiĂšme opus s’intitule « 20 secondes » et s’inscrit comme la suite du prĂ©cĂ©dent « ChassĂ©-croisĂ© ». Nous retrouvons le duo historique aux manettes : le scĂ©nariste Jean Van Hamme et son acolyte dessinateur Philippe Francq. La couverture est particuliĂšrement Ă©purĂ©e. Nous n’y dĂ©couvrons qu’une ravissante jeune femme en nuisette sur un fond vierge faisant uniquement apparaĂźtre un immense « 20 ».

La premiĂšre page fait un Ă©tat des lieux de la trame. Largo Winch a convoquĂ© les prĂ©sidents de son groupe Ă  Londres. ParallĂšlement, une jeune fille libanaise arrive dans la capitale britannique. Tour Ă  tour en quĂȘte d’un emploi, djihadiste infiltrĂ©e, amante du hĂ©ros et agent double pour la CIA, elle est logiquement difficile Ă  cerner. Alors que les amours se font et de se dĂ©font dans les chambres du Royal Sword, un attentat est en train de se mettre en place et Largo semble en ĂȘtre la cible. Bref, il est maintenant temps de dĂ©mĂȘler la pelote


Ni manipulation boursiĂšre, ni montage financier Ă  signaler.

LargoWinch20aAvant d’entrer pleinement dans ma critique de cet Ă©pisode, je me dois de vous indiquer que je n’étais pas sorti conquis de ma lecture de la premiĂšre partie de l’intrigue. Le tome prĂ©cĂ©dent m’avait paru bien loin des thrillers Ă©conomiques qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie. J’avais davantage eu le sentiment d’ĂȘtre au beau milieu d’un vaudeville dans lequel les portes des chambres d’hĂŽtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « ChassĂ©-croisĂ© » Ă©taient, Ă  mes yeux, un simple prologue particuliĂšrement diluĂ© aux vĂ©ritables enjeux que j’espĂ©rais voir naĂźtre dans « 20 secondes ».

L’histoire de cet opus se contente d’ĂȘtre un compte Ă  rebours rĂ©glĂ© sur l’explosion d’une bombe au cours de la rĂ©union du board du groupe W. J’ai rapidement fait mon deuil de retrouver les attraits habituels des aventures du milliardaire en blue jeans. Il n’y a ni manipulation boursiĂšre Ă  signaler ni montage financier occulte Ă  signaler. Le ton pris par l’intrigue dans l’acte prĂ©cĂ©dent m’a fait accepter plus aisĂ©ment le changement de ton qui accompagne cette nouvelle lecture. NĂ©anmoins, j’espĂ©rais que l’intensitĂ© dramatique soit Ă  la hauteur. J’avais envie d’ĂȘtre habitĂ© par un suspense fort quant Ă  l’issue de ce plan meurtrier.

LargoWinch20bJe dois dire que cette course contre la montre n’est pas particuliĂšrement effrĂ©nĂ©e. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire. Les rebondissements manquent d’ampleur. Finalement, l’intrigue est relativement fine. Le scĂ©nario est plus paresseux qu’à l’habitude. Par consĂ©quent, je n’ai jamais ressenti d’angoisse quant au devenir de Largo. La situation paraĂźt finalement assez simple et maĂźtrisable. La lecture reste agrĂ©able et Ă  aucun moment je ne me suis ennuyĂ©. Par contre, j’ai regrettĂ© que l’histoire ne soit pas plus dense. Elle m’aurait alors davantage captivĂ© et je me serais senti plus investi dans le destin du hĂ©ros.

Le fait que son hĂ©ros soit Ă  la fois un milliardaire Ă  la tĂȘte d’un grand groupe et un aventurier qui erre souvent en dehors des sentiers battus est une porte d’entrĂ©e originale dans la sĂ©rie. Au fur et Ă  mesure de la parution de ses aventures, je me suis attachĂ© Ă  lui et Ă  ses proches. Il y a Cochrane son adjoint coincĂ©, Miss Pennywinkle la trĂšs anglaise secrĂ©taire, Simon son meilleur ami fidĂšle et gaffeur et enfin la derniĂšre arrivĂ© Silky, sulfureuse pilote d’avion. Ce dernier cycle a tendance Ă  privilĂ©gier les deux premiers citĂ©s au dĂ©triment des deux derniers. Certes, il est agrĂ©able de dĂ©couvrir la rigide secrĂ©taire en femme fatale septuagĂ©naire mais ne voir Silky et Simon de maniĂšre pĂ©riphĂ©rique enlĂšve une lĂ©gĂšretĂ© qui m’a toujours beaucoup plu. La personnalitĂ© des deux amis est un acteur majeur de la bonne humeur qui habite la sĂ©rie. Elle est ici plus tĂ©nue qu’à l’habitude.

Pour conclure, cet album est dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. Il y a donc une rĂ©elle cohĂ©rence de ton dans ce cycle. D’ailleurs, j’ai eu la surprise de dĂ©couvrir que ce dernier aurait une suite. Il s’agit de la premiĂšre fois que la rĂšgle du diptyque n’est pas respectĂ©e. « 20 secondes » est loin d’ĂȘtre un des meilleurs opus de la sĂ©rie. NĂ©anmoins, l’affection dĂ©gagĂ©e par les personnages et le sĂ©rieux global du scĂ©nario permettent de passer un agrĂ©able moment. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Undertaker, T1 : Le mangeur d’or

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Titre : Undertaker, T1 : Le mangeur d’or
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Janvier 2015


« Blueberry » est une icĂŽne du neuviĂšme art. Il est l’incarnation du western dans l’univers de la bande dessinĂ©e. J’ai donc souri en voyant une sĂ©rie se qualifier de « plus grand western depuis Blueberry ». Je trouvais bien prĂ©somptueux de se comparer Ă  l’Ɠuvre de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier. Mais en dĂ©couvrant le duo d’auteurs en charge de ce nouvel album, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». En effet, Undertaker est le fruit de la collaboration de Ralph Meyer et Xavier Dorison. J’ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© leur immersion dans la culture nordique en lisant le diptyque « Asgard ». J’ai donc dĂ©cidĂ© de partir sur les pas de ce curieux« Undertaker » dans l’Ouest sauvage.

Undertaker1bJonas est croque-mort. Son prochain contrat l’amĂšne dans la demeure d’un curieux Monsieur Cusco. Sa richesse rĂ©sulte de son exploitation d’une mine. Mais sa fortune ne l’a pas empĂȘchĂ© d’ĂȘtre actuellement lourdement handicapĂ©. Il a donc prĂ©vu de se donner la mort. Jonas est donc missionnĂ© pour enterrer le corps dans le filon « Red Chance ». Mais tout ne s’avĂ©rera pas si simple. En effet, que va devenir la fortune du dĂ©funt ? Est-il parti dans sa derniĂšre demeure avec son secret ?

Moiteur, tension, poussiĂšre…

Personnellement, le western a toujours Ă©voquĂ© pour moi une atmosphĂšre. La moiteur, la tension, la poussiĂšre
 Tout cela doit transpirer de chaque page pour que l’immersion soit totale. Le trait de Ralph Meyer rĂ©pond parfaitement Ă  ce cahier des charges. Ses planches m’ont fait faire un plongeon immĂ©diat et profond dans cet univers si particulier. Sur ce plan-lĂ , la filiation avec « Blueberry » est cohĂ©rente. Si les styles ne sont pas identiques, ils mĂšnent tous les deux Ă  un dĂ©paysement intense. Le travail sur les couleurs en association avec Caroline Delabie participent activement Ă  l’ariditĂ© qui abrite les personnages.

Undertaker1aIl est important que ces dĂ©cors soient habitĂ©s par un hĂ©ros charismatique. Sur ce plan-lĂ , Jonas rĂ©pond aux attentes. Je pourrais critiquer le classicisme du personnage. Mais que demander de mieux qu’un brun tĂ©nĂ©breux solitaire dont le passĂ© semble hantĂ© par des cadavres ? La petite particularitĂ© qui le caractĂ©rise est qu’il est croque-mort. Le moins que je puisse dire est qu’il dĂ©note de l’idĂ©e que nous pouvions nous faire de la profession en lisant un album de « Lucky Luke ». Les interrogations qui accompagnent son trajet alimentent la curiositĂ©. Cela participe Ă  l’impatience de dĂ©couvrir le prochain tome.

Pour que cet album soit une totale rĂ©ussite, il ne lui manque plus qu’à possĂ©der un scĂ©nario dense et captivant. La prĂ©sence de Xavier Dorison est un gage de rĂ©ussite dans ce domaine. Une nouvelle fois, il Ă©crit une histoire prenante. La situation de dĂ©part est Ă  la fois simple et originale. La mort orchestrĂ©e de Cusco est un point de dĂ©part permettant d’emprunter de nombreux chemins. Les diffĂ©rents protagonistes trouvent leur place dans l’intrigue par leur lien avec le dĂ©funt. Le suspense monte crescendo et atteint un pic d’intensitĂ© au cours des derniĂšres planches.

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La conclusion de cet opus n’éveille qu’une envie, celle de connaĂźtre la suite. Il faut attendre le vingt-sept novembre prochain la parution du prochain tome intitulĂ© La danse des vautours. Mais cela est une autre histoire


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Z comme Don Diego, T2 : La loi du marché

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Titre : Z comme Don Diego
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Octobre 2012


Zorro est le hĂ©ros de mon enfance. Je me rappelle des bons moments passĂ©s avec mes parents Ă  regarder les aventures du cĂ©lĂšbre justicier masquĂ©. J’avais donc jaugĂ© avec curiositĂ© l’apparition du premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Z comme don Diego ». La dĂ©couverte s’était avĂ©rĂ©e drĂŽle et sympathique. C’est donc en confiance que je me suis offert l’opus suivant paru au mois d’octobre. Il s’intitule « La loi du marchĂ© » et nous prĂ©sente un Zorro bardĂ© de sponsors tel un pilote de Formule 1. Son pĂšre, le sergent Garcia, la señorita Sexoualidad ou encore Bernardo l’accompagnent au second plan.

Au-delĂ  de la prĂ©sence du cĂ©lĂšbre Zorro, cet ouvrage possĂ©dait un autre atout Ă©vident lors de notre premiĂšre rencontre. Cet aspect Ă©tait la prĂ©sence de Fabcaro sur la couverture. J’ai dĂ©couvert ce scĂ©nariste par « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et « Steve Lumour ». Il faisait ici Ă©tat de son talent Ă  tourner en dĂ©rision des personnages de « loser ». Il Ă©tait donc curieux de voir exploiter le mythe de Zorro dans cet esprit-lĂ . Le premier Ă©pisode avait rĂ©pondu aux attentes, j’en espĂ©rais autant du second.

Un Don Diego opposĂ© au hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente.

On retrouvait donc avec plaisir ce Don Diego maladroit et Ă  l’opposĂ© du charismatique hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente. On a du mal l’imaginer sauver qui que ce soit tant il a dĂ©jĂ  du mal Ă  garder son identitĂ© secrĂšte. Nombre sont les gags Ă  se construire sur cette dimension-lĂ . Le justicier pourrait ĂȘtre dĂ©masquĂ© des dizaines de fois. Mais ce cher sergent Garcia ne vaut pas mieux que lui. On rit avec bon cƓur de la bĂȘtise de tout ce beau monde. Il va sans dire que Don Diego ne se rĂ©vĂšle dans ses tentatives de sĂ©duction. Son amour et sa bonne volontĂ© ne sont pas reconnus par la señorita Sexoualidad qui pourtant ne brille ni par ses charmes ni par sa classe. Les auteurs arrivent Ă  offrir de nombreux gags sur ce thĂšme sans pour autant se rĂ©pĂ©ter.

Afin d’éviter le cĂŽtĂ© routinier de ce type de sĂ©rie, Fabcaro dĂ©cide d’intĂ©grer un nouveau personnage qui apparaĂźt anachronique avec l’univers de Zorro. Il s’agit de Wolverino. La parentĂ© de ce dernier avec le hĂ©ros des X-Men est Ă©vidente. Apparait donc un combat digne des geeks : Zorro contre Wolverino. Rapidement, le choc apparait dĂ©sĂ©quilibrĂ© tant la maladresse de Don Diego est battue Ă  plate couture par l’efficacitĂ© de son concurrent aux lames acĂ©rĂ©es. On dĂ©couvre donc le hĂ©ros chercher un emploi plus classique tant sa dimension de justicier a pris du plomb dans l’aile. Cet aspect gĂ©nĂšre une nouvelle corde l’arc du scĂ©nariste et gĂ©nĂšre ainsi d’autres gags qui pour la plupart nous ravissent. L’album nous prĂ©sente environ quatre-vingts strips dont la grande majoritĂ© fait mouche. On sourit souvent, on rigole de temps Ă  autre. Bref, cet album est un condensĂ© de bonne humeur qui chatouille sans effort nos zygomatiques.

Les dessins de Fabrice Erre collent parfaitement Ă  l’esprit dĂ©lurĂ© du propos. Les traits tout en rondeur se prĂȘtent au cĂŽtĂ© « cartoon » des situations. Les expressions graphiques des personnages sont caricaturales et excessives et participent ainsi au plaisir de la lecture. Les pages dĂ©gagent une bonne humeur Ă©vidente. On apprĂ©cie de suivre les courses effrĂ©nĂ©es du justicier dans ce village du Nouveau Mexique. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour que le dĂ©paysement soit rĂ©ussi.

En conclusion, « La loi du marchĂ© » est un ouvrage des plus honnĂȘtes. Rares sont les albums humoristiques Ă  s’approprier de maniĂšre aussi rĂ©ussie un univers existant. Rien n’est bĂąclĂ©. Les auteurs montrent une affection certaine pour Zorro et lui rendent un bel hommage en le parodiant ainsi. Les rumeurs laissent entendre que cette sĂ©rie ne connaitra pas de troisiĂšme opus par la faute de nombre de ventes dĂ©cevant. J’en suis triste. Mais cela ne m’empĂȘche d’espĂ©rer que ce cher don Diego aura d’autres occasions de nous faire rire. Mais cela est une autre histoire
 

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Astérix, T35 : Astérix chez les Pictes

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Titre : Astérix, T35 : Astérix chez les Pictes
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Didier Conrad
Parution : Octobre 2013


Cette annĂ©e marquera une date importante de la bande dessinĂ©e française. C’est en effet la premiĂšre fois que les aventures des deux plus cĂ©lĂšbres gaulois ne sont nĂ©s ni de la plume de RenĂ© Goscinny ni de celle d’Albert Uderzo. C’est Ă  Jean-Yves Ferri et Didier Conrad qu’a Ă©tĂ© confiĂ©e la mission d’offrir un second souffle Ă  des mythes du neuviĂšme art. Tout le monde Ă©tait quasiment d’accord sur le fait que la magie de la sĂ©rie avait disparu avec son scĂ©nariste original. Son acolyte n’a jamais eu le talent d’écriture suffisant pour faire perdurer la qualitĂ© des premiers opus. La parution de AstĂ©rix chez les Pictes le vingt-quatre octobre dernier gĂ©nĂ©rait donc une curiositĂ© certaine. D’ailleurs, cela a fait que je me suis offert mon premier album de la saga depuis des annĂ©es.

Le site Bd Gest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Les Pictes ? Oui, les Pictes ! Ces peuples de l’ancienne Ecosse, redoutables guerriers aux multiples clans, dont le nom, donnĂ© par les Romains, signifie littĂ©ralement « les hommes peints ». AstĂ©rix chez les Pictes promet donc un voyage Ă©pique vers une contrĂ©e riche de traditions, Ă  la dĂ©couverte d’un peuple dont les diffĂ©rences culturelles se traduiront en gags et jeux de mots mĂ©morables. » 

J’associe le nom de Jean-Yves Ferri Ă  la sĂ©rie Le retour Ă  la terre dont les diffĂ©rents Ă©pisodes m’ont procurĂ© moult fous rires. Je trouvais donc ce choix judicieux de lui confier le scĂ©nario de ce nouvel album. La qualitĂ© de son Ă©criture, son sens de la rĂ©partie et la drĂŽlerie de ses dialogues me laisser croire en sa capacitĂ© Ă  s’inscrire dans la lignĂ©e de son illustre prĂ©dĂ©cesseur, RenĂ© Goscinny. Par contre, je ne connaissais le travail de Conrad que de rĂ©putation. Je n’avais jusqu’alors jamais eu l’occasion de le dĂ©couvrir. NĂ©anmoins, le fait qu’Uderzo soit encore Ă  ses cĂŽtĂ©s garantissait une continuitĂ© dans le dessin.

Jouer sur les coutumes locales

Les auteurs ont choisi un squelette narratif classique pour leur grande premiĂšre. En effet, offrir un voyage Ă  AstĂ©rix et ObĂ©lix dans une contrĂ©e Ă©trangĂšre n’est pas original. NĂ©anmoins, ce n’est pas une mauvaise idĂ©e. Les pĂ©rĂ©grinations de nos deux gaulois en Hispanie, Corse, Belgique, HelvĂ©tie ou en Grande-Bretagne font partie de mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Cette option permet de jouer sur les coutumes locales. Les Pictes Ă©tant les Ă©cossais actuels, on pouvait supposer que le kilt ou encore le monstre du Loch Ness seraient de sortie. La lecture offre de bonnes surprises dans le domaine. Certains clichĂ©s des autochtones sont exploitĂ©s. Je me suis laissĂ© porter malgrĂ© le cĂŽtĂ© rĂ©pĂ©titif de certains d’entre eux. Certaines blagues font sourire mĂȘme si on ne retrouve pas la densitĂ© des meilleurs Ă©pisodes de la sĂ©rie. Par contre, je trouve plutĂŽt bien construite la relation toujours dĂ©calĂ©e entre ObĂ©lix et les us et coutumes Ă©trangĂšres.

L’histoire ne dĂ©note pas non plus par son originalitĂ©. Un Picte exilĂ© se doit d’aller reconquĂ©rir sa belle pour Ă©viter la prise de pouvoir d’un chef manipulateur et vil. Les Ă©vĂ©nements s’enchainent Ă  un rythme rĂ©gulier et toutes les Ă©tapes prĂ©visibles sont respectĂ©es. A aucun moment, je n’ai Ă©tĂ© pris par surprise. Les auteurs naviguent sur des rails bien tracĂ©s. Ils ne cherchent pas Ă  rĂ©volutionner le genre. Au contraire, ils se montrent trĂšs respectueux de l’institution. Bon nombre de scĂšnes rappellent certains moments vĂ©cus en lisant les albums prĂ©cĂ©dents. Je ne leur reproche pas du tout cette dĂ©marche dans le sens oĂč il me paraissait impossible de rĂ©volutionner le genre.

Le nouveau duo Ă©tait Ă©galement attendu sur ses textes. Goscinny est cĂ©lĂšbre pour ses jeux de mots et ses calembours. Ferri fait de gros efforts sur ce plan-lĂ . Rares sont les pages sans second degrĂ©. Certains sont plus rĂ©ussis que d’autres mais le bilan reste trĂšs positif par rapport aux rĂ©centes parutions de la sĂ©rie. Ma deuxiĂšme lecture m’a d’ailleurs permis de profiter davantage de cet aspect. NĂ©anmoins, les blagues de cet opus font davantage sourire que rire. C’est toujours mieux que les derniers albums rĂ©digĂ©s par Uderzo qui en devenaient pathĂ©tiques dans le domaine.

Au final, AstĂ©rix chez les Pictes rĂ©ussit correctement sa mission. Il avait pour objectif d’arrĂȘter la terrible chute opĂ©rĂ©e depuis une petite dizaine d’album. Il est atteint. NĂ©anmoins, il faudra attendre le prochain opus pour savoir si Ferri et Conrad peuvent redonner entiĂšrement ses lettres de noblesse Ă  ce mastodonte du neuviĂšme art. C’est tout le mal que je leur souhaite


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Astérix, T36 : Le papyrus de César

Asterix36


Titre : Astérix, T36 : Le papyrus de César
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Didier Conrad
Parution : Octobre 2015


MĂȘme si aucun de ses deux crĂ©ateurs n’est Ă  l’origine de son Ă©criture, le nouveau tome des aventures d’AstĂ©rix reste un Ă©vĂ©nement majeur du neuviĂšme art. Le dernier date du mois dernier et s’intitule Le Papyrus de CĂ©sar. Le binĂŽme formĂ© de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad a Ă©tĂ© une nouvelle fois missionnĂ© pour faire naĂźtre de leur imagination les nouvelles aventures des gaulois les plus cĂ©lĂšbres du monde. Les deux auteurs avaient su offrir une suite correcte et respectueuse Ă  l’Ɠuvre de RenĂ© Goscinny et Albert Uderzo avec l’épisode prĂ©cĂ©dent AstĂ©rix chez les Pictes. Je fais partie des lecteurs ayant trouvĂ© plutĂŽt apprĂ©ciĂ© cet album historique. Sans atteindre la qualitĂ© des premiers opus, il marquait un progrĂšs Ă©norme par rapport aux derniers ouvrages nĂ©s de la seule plume d’Uderzo. J’espĂ©rais donc que ce trente-sixiĂšme acte prolonge cette Ă©volution positive.

Le papyrus qui donne son titre au livre n’est pas le moindre des Ă©crits : il s’agit d’un chapitre de la cĂ©lĂšbre Guerre des Gaules contĂ©e par CĂ©sar. Ce chapitre n’est pas n’importe lequel : il s’agit de celui qui Ă©voque les irrĂ©ductibles gaulois et la partie de la Gaule qui n’est pas dominĂ©e par Rome. Le conseiller de l’empereur lui propose de faire disparaĂźtre ces pages permettant ainsi Ă  l’Histoire de retenir que CĂ©sar a conquis toute la Gaule. Le souci apparait lorsqu’un colporteur gaulois met la main sur une mouture complĂšte du papyrus et dĂ©cide de rendre publique cette manipulation de la rĂ©alité 

Le journalisme version Jules CĂ©sar

Asterix36aJ’ai trouvĂ© l’idĂ©e de dĂ©part originale et intĂ©ressante. Les enjeux apparaissent rĂ©els et crĂ©ent un lien Ă©vident avec notre Ă©poque contemporaine. Ne dit-on pas que l’Histoire est toujours Ă©crite par les vainqueurs ? De plus, cela permet aux auteurs d’intĂ©grer le concept de libertĂ© de la presse dans leur histoire. Tous ces thĂšmes sont plutĂŽt bien exploitĂ©s tout au long de la narration. Sans jamais tomber dans un excĂšs regrettable, Jean-Yves Ferri arrive Ă  faire rire avec ses vannes Ă©voquant l’univers du journalisme.

Concernant le mĂ©chant, il prend ici les traits de Bonus Promoplus, conseiller et Ă©diteur de l’empereur. L’éthique n’est pas sa qualitĂ© premiĂšre et il se trouve bien embĂȘtĂ© lorsqu’il apprend la disparition du papyrus. Il doit mettre la main dessus tout en empĂȘchant CĂ©sar d’ĂȘtre informĂ© de la situation. Il reprend beaucoup de caractĂ©ristiques des traditionnels adversaires des hĂ©ros irrĂ©ductibles. Sa personnalitĂ© s’inscrit dans la tradition de la sĂ©rie et ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able pour le lecteur. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  rire de ses mĂ©saventures et sa nervositĂ© permanente. Son travail avec les lĂ©gionnaires de Babaorum. DĂ©couvrir les soldats blasĂ©s par les irrĂ©ductibles gaulois devant ce petit excitĂ© fait aisĂ©ment sourire.

Evidemment, l’attrait rĂ©side aussi de retrouver nos gaulois adorĂ©s. Les auteurs s’en approprient les codes avec talent. CĂ©tautomatix, Ordralphabetix, Agecanonix, Abraracourcix, Bonemine ou Assurancetourix jouent leur rĂŽle Ă  merveille. Ils ont chacun leur petit fil conducteur personnel qui densifie la trame gĂ©nĂ©ral. Concernant ObĂ©lix, il est nouvelle fois la grande star de l’album avec sa volontĂ© ponctuelle d’éviter les conflits et les sangliers. Bref, les auteurs offrent un album qui respecte les codes de la sĂ©rie avec talent. Les dessins de Didier Conrad sont dans une lignĂ©e parfait d’Albert Uderzo.

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Pour conclure, je trouve que Le Papyrus de CĂ©sar est un cru honnĂȘte. Il n’a aucun mal Ă  accompagner les prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes de la saga. Je le trouve plus rĂ©ussi qu’AstĂ©rix chez les Pictes. Cela me rend optimiste. Les auteurs semblent plus Ă  l’aise dans ce costume prestigieux. Surtout, j’ai bon espoir que AstĂ©rix retrouve les lettres de noblesse que certains Ă©pisodes rĂ©cents avaient tendance Ă  effriter sĂ©rieusement


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Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona

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Titre : Ekhö, monde miroir, T4 : Barcelona
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Septembre 2015


« Ekhö » est le fruit d’un concept efficace. Cette sĂ©rie fait vivre les aventures d’une jolie demoiselle dans une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. Chaque opus fait voyager le lecteur Ă  travers le monde. New York, Paris et Los Angeles ont abritĂ© les pĂ©rĂ©grinations de Fourmille et ses acolytes. Dans le dernier tome datant du mois de septembre dernier, c’est la capitale catalane qui accueillait tout ce petit monde. IntitulĂ© Barcelona, l’album est accompagnĂ© d’une couverture prĂ©sentant un bĂątiment rappelant la lĂ©gendaire Sagrada Familia.

Les choix narratifs des auteurs font que chaque intrigue peut ĂȘtre dĂ©couverte indĂ©pendamment. Cette nouvelle histoire est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une page prĂ©sentant l’univers d’Ekhö et les protagonistes principaux. Fourmille est l’hĂ©roĂŻne. Elle a Ă©tĂ© catapultĂ©e dans ce monde au dĂ©but de la saga en mĂȘme temps que Yuri avec qui ils s’entendent comme chien et chat. La particularitĂ© de la demoiselle est de voir son corps accueillir bien souvent l’esprit de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es dans des circonstances obscures. Cette « rencontre » marque toujours le dĂ©but de l’enquĂȘte qui sert de fil conducteur Ă  la trame. Dans ce quatriĂšme Ă©pisode, Fourmille est habitĂ©e par un chat. C’est une grande premiĂšre et une bonne chose a priori. La richesse naĂźt de la diversitĂ©.

Christophe Arleston est le scĂ©nariste de cette sĂ©rie. Comme beaucoup de bĂ©dĂ©phile, je le connais Ă  travers son travail sur « Lanfeust de Troy ». J’ai toujours gardĂ© un Ɠil sur son Ɠuvre et ai pris plaisir Ă  dĂ©couvrir « Leo Loden », « Le chant d’Excalibur » ou encore « Les MaĂźtres Cartographes ». Par contre, certaines de ses productions sont de qualitĂ© inĂ©gale. « Les NaufragĂ©s d’Ythaq » ou « Les ForĂȘts d’Opale » en sont des exemples marquants. Les premiers tomes sont rĂ©ussis, les suivants frĂŽlent l’imposture. Bref, cet auteur est talentueux mais n’arrive pas Ă  assumer qualitativement la frĂ©quence de parution qu’il s’impose. NĂ©anmoins, « Ekhö » possĂšde une identitĂ© agrĂ©able et divertissante qui m’a aisĂ©ment persuadĂ© de m’offrir ce voyage Ă  Barcelona.

Des mondes parallĂšles.

Ekhö4bLe concept de monde parallĂšle est un jouet idĂ©al pour l’imagination d’Arleston. Dans chacune de ses histoires, le scĂ©nariste a toujours adorĂ© offrir des allusions plus ou moins fines Ă  notre quotidien et notre sociĂ©tĂ©. Avec Ekhö, l’espace d’expression dans ce domaine est sans limite. Les dĂ©cors et le fonctionnement sociĂ©tal sont tous dĂ©tournĂ©s de notre monde. La seule frontiĂšre est celle que se fixe l’auteur. Cet aspect-lĂ  est un des attraits les plus forts de le la saga. Ce quatriĂšme tome possĂšde Ă©videmment cette richesse. Nous n’avons aucun mal Ă  nous immerger dans une Catalogne qui nous est familiĂšre tout en souriant aisĂ©ment du dĂ©tournement des codes qui est fait. Certains gags sont moins rĂ©ussis que d’autres. Mais leur densitĂ© fait qu’on accepte facilement les variations dans la finesse humoristique.

L’identitĂ© de l’album passe Ă©galement par le trait tout en rondeur d’Alessandro Barbucci. Son style entre parfaitement dans le canevas heroĂŻc fantasy chez les Ă©ditions Soleil. Il fait d’ailleurs partie du haut de gamme dans le genre. Les filles sont ravissantes, les dĂ©cors plein de dĂ©tails, l’action pleine de dynamisme. Les planches sont agrĂ©ables et raviront un public trĂšs large. Les couleurs sont vives sans ĂȘtre rĂ©volutionnaires. Elles accompagnent parfaitement la bonne humeur que dĂ©gage la lecture.

Finalement, le seul lĂ©ger bĂ©mol de l’album concerne l’intrigue en elle-mĂȘme. Je l’ai trouvĂ© un petit peu brouillonne. Les auteurs cherchent Ă  multiplier les rebondissements. Mais les enchainements manquent quelque peu de subtilitĂ©. De plus, les moments hystĂ©riques des personnages et les scĂšnes de poursuites ou de batailles gagneraient Ă  ĂȘtre entrecoupĂ©s de moments plus lĂ©gers. Cela permettrait au lecteur de reprendre son souffle plutĂŽt que de vivre le quotidien d’un diable de Tasmanie. Le rythme de lecture est un petit peu saccadĂ©. C’est dommage car cela empĂȘche la trame de prendre une plus grande ampleur.

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Pour conclure, Barcelona s’inscrit dans la continuitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Une certaine routine s’installe. Elle n’est pas dĂ©sagrĂ©able mĂȘme si j’espĂšre toujours que la sĂ©rie change de braquet. J’ai toujours plaisir Ă  retrouver Fourmille et ses amis mais j’apprĂ©cierai d’ĂȘtre davantage surpris. Peut-ĂȘtre la prochaine fois ? Mais cela est une autre histoire


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note3

Guide sublime

GuideSublime


Titre : Guide sublime
Scénariste : Fabrice Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Mai 2015


Fabrice Erre est un des auteurs de bandes dessinĂ©es qui me fait le plus rire. Qu’il conte le quotidien d’un enseignant dans « Une annĂ©e au lycĂ©e », celui de Zorro dans « Z comme Diego », ou narre la conquĂȘte spatiale dans « Mars », il sollicite intensĂ©ment mes zygomatiques. J’ai donc accueilli avec un grand enthousiasme l’apparition dans les rayons de librairie « Guide sublime » en mai dernier. Il s’agit d’un ouvrage dont le format s’apparente davantage Ă  celui d’un roman que d’un album classique. EditĂ© chez Dargaud, le bouquin se compose de cent soixante-huit pages. DĂšs les premiĂšres pages, on y apprend que les strips de ce livre ont initialement Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue numĂ©rique « Mauvais esprit ».

Le Guide sublime est un dictateur. C’est son quotidien politique que nous sommes amenĂ©s Ă  dĂ©couvrir. Chaque planche prĂ©sente un moment de la vie de ce chef d’état despote. Chacune peut ĂȘtre lue de maniĂšre indĂ©pendante. Cette structure narrative permet une lecture intense et rythmĂ©e.  Il s’agit donc d’un opus qui peut se picorer. Il n’est pas nĂ©cessaire de le terminer d’une traite. Je pense qu’il est plus pertinent de s’y plonger par petite dose. Cela permettra de savourer chaque bouchĂ©e plutĂŽt que de risquer l’indigestion.

Le quotidien d’un dictateur.

GuideSublime1En effet, le caractĂšre trĂšs excessif du personnage principal fait que j’ai eu le sentiment constant d’ĂȘtre immergĂ© au beau milieu d’une crise d’hystĂ©rie. Le Guide hurle en permanence des dĂ©cisions aussi incohĂ©rentes que dĂ©nuĂ©es de sens. Ne le voir jamais s’arrĂȘter ou s’apaiser fait que cette lecture fatigue par moment. Cette frĂ©nĂ©sie transpire des pages. Par contre, le lire par petite touche permet de profiter davantage de l’humour caractĂ©ristique gĂ©nĂ©rĂ© par la plume de Fabrice Erre.

Le casting de l’entourage du guide sublime nous est quasiment intĂ©gralement prĂ©sentĂ© sur la couverture. On y dĂ©couvre ses ministres, sa garde rapprochĂ©e et une curieuse infirmiĂšre aux formes chaloupĂ©es. Il ne manque qu’un collĂšgue dictateur, l’empereur Bogolo, qui jouera un rĂŽle central dans la dĂ©marche de propagande de son acolyte. L’auteur ne s’embarrasse pas de personnages secondaires sans contact direct avec le chef. Fabrice Erre nous fait entrer dans les arcanes du pouvoir gĂ©rĂ© par ce fada mĂ©galomane.

La thĂ©matique est un terreau attrayant pour faire pousser une Ɠuvre drĂŽle et dĂ©lurĂ©e. Les premiĂšres pages dĂ©marrent sur les chapeaux de roue. Les caractĂ©ristiques de ce cher Guide sont sans Ă©quivoque : il est complĂštement fou ! Il fait honneur Ă  toutes les caricatures du genre. La premiĂšre planche nous le fait dĂ©couvrir complĂštement hystĂ©rique en train de hurler que sa premiĂšre dĂ©cision sera de rendre obligatoire le port de la moustache. Le trait de Fabrice Erre traduit complĂštement le cĂŽtĂ© possĂ©dĂ© du souverain. La mise en bouche est sans Ă©quivoque : le programme est annoncĂ©.

GuideSublime2

Pour conclure, je conseille de lire cet album par petite touche. Cela permettra de savourer l’imagination de Fabrice Erre sans pour autant subir le cĂŽtĂ© effrĂ©nĂ© de ce Guide sublime. L’auteur construit beaucoup de ces gags dans le mĂȘme canevas. Cela peut faire ronronner la lecture si on la fait d’une seule traite. Je place cet album en-dessous des prĂ©cĂ©dents opus de cet auteur. NĂ©anmoins, il est reste habitĂ© par son univers caractĂ©ristique. Et ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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