
Titre : La Capote qui Tue
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Mai 1999
Ralf König est un auteur de bandes-dessinĂ©es humoristiques allemand dont les protagonistes sont pour la plupart homosexuels. Dans le recueil « La capote qui tue », on trouve deux histoires : « La capote qui tue » et « le retour de la capote qui tue ». Tout de suite on comprend combien il va falloir faire preuve de second degrĂ© pour avaler la pilule ! Je connaissais dĂ©jĂ Ralf König par « Les nouveaux mecs » qui tenait plus de lâanalyse sociologique des rapports hĂ©tĂ©ro/homo.
Car ici, câest de sĂ©rie B quâil sâagit (voire de sĂ©rie Z). Câest complĂštement barrĂ© mais parfaitement assumĂ©. Le tout est prĂ©sentĂ© comme un film, avec nom dâacteurs, de rĂ©alisateur⊠Rapidement, on voit que câest les milieux les plus mal famĂ©s de lâhomosexualitĂ© que lâon va explorer. HĂŽtels de passe avec travestis, milieu du cuir⊠König ne fait pas dans la dentelle.
On suit lâhistoire de MĂ©caroni, un inspecteur homosexuel et un peu rustre sur les bords. Sa particularitĂ© est dâavoir un sexe Ă©norme (40 cm) et dâarriver Ă se taper Ă chaque histoire un bel Ă©talon. Son cĂŽtĂ© blasĂ© et homo le met en complet dĂ©calage avec ses collĂšgues qui lui reprochent sa vie de dĂ©bauche. Essentiellement, MĂ©caroni est lâhomme qui permet de montrer la vision du monde consensuel sur lâhomosexualitĂ©.
Concernant lâhistoire, cette capote tueuse apporte un vrai suspense : MĂ©caroni va-t-il se faire manger le sexe aprĂšs sâĂȘtre fait mangĂ© une premiĂšre couille ? La tension est palpable de bout en bout. La premiĂšre histoire fait appel aux hĂŽtels de passe, la seconde (qui voit le retour de la capote) est encore plus barrĂ©e et part dans des histoires de savants fous. Elle a le mĂ©rite dâexpliquer lâexistence de cette fameuse capote.
Homo refoulĂ©, bars gay et vie dâhĂ©tĂ©ro chiante Ă mourir
Remise dans le contexte, il faut signaler que ces histoires sont parues en pleine campagne de prĂ©vention contre le SIDA (premiĂšre publication en 1988 et 1990). Câest donc en pleine peur du sexe et apprentissage du prĂ©servatif que se situe lâintrigue. Il y a donc une forme de message dans cette histoire. Ainsi, un flic dĂ©clare : « Cette putain de campagne anti-SIDA coĂ»te au gouvernement des millions de dollars, rien que pour que les gens mettent des capotes avant de baiser. Maintenant, ils ont tous peur que ces trucs les bouffent !!! » Cela nâest Ă©videmment pas anodin et permet de voir plus loin que la simple sĂ©rie B dans cet ouvrage. On retrouve Ă©galement des thĂšmes rĂ©currents dans les ouvrages de König : lâhomosexuel refoulĂ©, les bars gay, la vie de lâhĂ©tĂ©ro chiante Ă mourirâŠ
Le graphisme de König, trĂšs reconnaissable avec ses gros nez, fait mouche. Un soin particulier a Ă©tĂ© apportĂ© aux ambiances pour coller Ă lâesprit cinĂ©matographique. Les premiĂšres pages sont simplement magnifiques. Les scĂšnes de nuit et de bars sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Le tout est dessinĂ© dans un noir et blanc trĂšs maĂźtrisĂ©.

Je prĂ©fĂšre prĂ©venir que König nâhĂ©site pas Ă montrer des scĂšnes dâaccouplement entre hommes Ă de multiples reprises. Si certains sont gĂȘnĂ©s par ce genre de choses, mieux vaut Ă©viter « La capote qui tue »qui a tendance Ă ĂȘtre bien plus explicite que dans dâautres des ouvrages de lâauteur. Si je ne trouve pas ça particuliĂšrement choquant (ce nâest pas trash en soit), cela dĂ©pend de la sensibilitĂ© de chacun.
« La capote qui tue » est donc une BD complĂštement dĂ©jantĂ©e et menĂ©e avec brio. Il y a un vrai suspense, des personnages secondaires rĂ©ussis, un humour omniprĂ©sent⊠Le tout se lit avec plaisir, mĂȘme sâil vaut mieux ne pas lire les deux histoires Ă la suite, Ă cause dâune certaine redondance entre elles. A lire dâurgence pour les moins coincĂ©s dâentre vous !

Note : 15/20