LĂ©on la came


Titre : LĂ©on la came
Scénariste : Sylvain Chomet
Dessinateur : Nicolas De Crécy
Parution : Janvier 1995


Parfois, au travail, des collègues laissent des vieux livres dont ils veulent se dĂ©barrasser. Ce sont souvent des livres de poches ou des ouvrages pour enfant. Ă€ ma grande surprise, quelqu’un souhaitait se sĂ©parer de « LĂ©on la came Â», un ouvrage rĂ©alisĂ© au siècle dernier par deux stars aujourd’hui : Nicolas De CrĂ©cy et Sylvain Chomet (rĂ©alisateur des « Triplettes de Belleville Â» quand mĂŞme…). Une association qui sonne de nos jours comme une Ă©vidence tant leurs univers sont proches. Pas Ă©tonnant qu’ils aient beaucoup travaillĂ© ensemble. C’était l’occasion pour moi de lire un peu plus de Nicolas de CrĂ©cy, un auteur singulier, tant dans son graphisme que dans ses scĂ©narios. J’ai eu en main la version Casterman, option « Les romans Ă  suivre Â».

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Pinocchia

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Titre : Pinocchia
Scénariste : Francis Leroi
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Novembre 1995


Lorsque j’ai appris que Jean-Pierre Gibrat avait dessinĂ© une bande-dessinĂ©e Ă©rotique, mon sang n’a fait qu’un tour ! En effet, le dessinateur possède un trait magnifique, des couleurs splendides et sa façon de dessiner les femmes ne laisse jamais indiffĂ©rent. Parue il y a bientĂ´t 20 ans, Jean-Pierre Gibrat dessinait un scĂ©nario de Francis Leroi. IntitulĂ© « Pinocchia », l’ouvrage rĂ©interprète le conte de Pinocchio Ă  sa sauce. Continuer la lecture de « Pinocchia »

De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 1995


« De Cape et de crocs » est une sĂ©rie qui s’est close rĂ©cemment avec la parution de son dixième et dernier tome. Cela a fait naitre en moi l’envie de redĂ©couvrir cette grande saga du neuvième art en commençant par son premier opus intitulĂ© « Le secret du janissaire ». Il faut remonter huit ans en arrière pour dĂ©couvrir la première parution de cet ouvrage chez Delcourt. On peut se l’offrir pour un petit peu moins de quatorze euros. Alain Ayroles s’occupe du scĂ©nario et Jean-Luc Masbou se charge des dessins. La couverture nous plonge dans une atmosphère nocturne. Deux personnages vĂŞtus tels des mousquetaires cachent leur visage avec leur cape. L’un semble ĂŞtre un loup, l’autre semble ĂŞtre un renard. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Il ne reste plus qu’Ă  se plonger dans la lecture pour le dĂ©couvrir…

La quatrième de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « A bord d’un vaisseau turc, un coffre. Dans le coffre, un Ă©crin, dans l’Ă©crin, une bouteille, dans la bouteille, une carte, et sur cette carte… l’emplacement du fabuleux trĂ©sor des Ă®les Tangerines !… Il n’en faut pas plus Ă  deux fiers gentilshommes, fins bretteurs, batailleurs et rimailleurs, pour se jeter dans une aventure qui, de geĂ´les en galères, les mènera jusqu’aux confins du monde. »

decapeetdecrocs1aL’histoire exerce rapidement une emprise sur le lecteur. Dès les premières pages, on s’attache Ă  notre duo de hĂ©ros. Le premier, un loup, est un bel hidalgo nommĂ© Don Lope. Le second, un renard, est un adepte de la poĂ©sie nommĂ© Don Armando. La prĂ©sentation est rapide et notre immersion dans leurs aventures immĂ©diates. On y fera un grand nombre de rencontres avec des personnages très diffĂ©rents. On dĂ©couvre un armateur avare, père d’un fils fainĂ©ant et peureux. On croise le chemin d’une belle gitane et d’une jeune femme blonde et orpheline qui feront chavirer les cĹ“urs de nos deux gentilshommes. Enfin on dĂ©couvrira un curieux lapin sur des galères et un fier guerrier ottoman en quĂŞte de trĂ©sor. Bref, les ingrĂ©dients sont appĂ©tissants et devraient faire naitre une lecture des plus plaisantes…

On entre tout de suite dans le vif du sujet.

Pour que la rĂ©ussite soit totale, il fallait que cette galerie de protagonistes gravite dans un scĂ©nario dense et bien construit. On est rapidement rassurĂ© sur ce plan-lĂ . Les auteurs ne se perdent pas en digression pour nous prĂ©senter les jalons de la saga. On entre tout de suite dans le vif du sujet. On voit naitre deux histoires d’amour. On dĂ©couvre une tentative de chantage. Et surtout, une chasse au trĂ©sor Ă  grande ampleur semble ĂŞtre en passe d’ĂŞtre lancĂ©. On est heureux de se trouver sur ces navires en quĂŞte du mythe des iles Tangerines sur les mers. Une fois l’album terminĂ©, on a une intense envie de se plonger dans le tome suivant.decapeetdecrocs1b

Au-delĂ  de suspense inhĂ©rent aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se mettent sur le chemin de nos hĂ©ros, le plaisir que se dĂ©gage de ce tome rĂ©side dans la qualitĂ© des dialogues. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu rĂ©cemment une telle densitĂ© et originalitĂ© dans les textes. Beaucoup de bulles sont cultes. Voir nos hĂ©ros parler en rimes est le fruit d’un travail Ă©norme. Le rĂ©sultat est au rendez-vous. Il faut plusieurs lectures pour profiter pleinement de tous les jeux de mots offerts par le talent d’Alain Ayroles. Je me garde de vous citer quelques exemples car le plaisir rĂ©side Ă©galement dans la dĂ©couverte et la surprise.

CĂ´tĂ© dessins, je trouve que la rĂ©ussite est Ă©galement au rendez-vous. Jean-Luc Masbou offre des cases denses sans ĂŞtre surchargĂ©es. Ils gèrent particulièrement bien les diffĂ©rentes entre premier plan, second plan et arrière-plan. Cette subtilitĂ© lui permet d’agrĂ©menter ses planches de plein de petits dĂ©tails qu’on prend plaisir Ă  trouver au grĂ© des lectures. De plus, les personnages possèdent une identitĂ© graphique intĂ©ressante. Leurs expressions très théâtrales gĂ©nèrent une atmosphère vraiment unique qui caractĂ©rise la sĂ©rie.

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En conclusion, « Le secret du janissaire » est une genèse de grande qualitĂ© qui explique aisĂ©ment le succès que rencontre « De Cape et de Crocs » presque dix ans plus tard. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cet ouvrage et par consĂ©quent dans cette sĂ©rie. Vous ne regretterez pas ce voyage synonyme de grand dĂ©paysement. De mon cĂ´tĂ©, il ne me reste plus qu’Ă  partir une nouvelle fois Ă  la dĂ©couvre du deuxième tome intitulĂ© « Pavillon noir ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Bone, T1 : La forĂŞt sans retour – Jeff Smith

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Titre : Bone, T1 : La ForĂŞt Sans Retour
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1995


Il y a des jours où des circonstances particulières vous font découvrir des pépites. Des jours où l’on découvre « Bone » et où d’un coup, plus rien n’est pareil. Et pourtant, rien ne m’avait préparé à un pareil choc tant j’avais pris ce comics à la bibliothèque par simple curiosité et envie d’étendre ma culture des comics américains…

« Bone » est une série de comics faisant intervenir les bones, des êtres mi-humains, mi-animaux tout en rondeurs. Cette série compte 11 tomes (ou 9 selon l’édition originale). « La forêt sans retour » est le nom du premier opus.

Ils sont trois cousins, très diffĂ©rents. Fone Bone, le hĂ©ros, est naĂŻf, honnĂŞte, sensible, romantique… Il est aussi dĂ©pourvu de tout signe distinctif (et tout nu !). De quoi pouvoir parfaitement s’identifier Ă  lui ! Phoney Bone est lui irascible, malhonnĂŞte et toujours prĂŞt Ă  faire un mauvais coup. Il Ă©tait le bone le plus riche de Boneville grâce Ă  ses nombreuses arnarques. Pour les monter, il utilise souvent Smiley Bone grand et souriant, mais un peu bĂŞte sur les bords.

L’histoire commence alors que les trois bones ont été chassés de Boneville à cause d’une nouvelle malversation de Phoney Bone. Ses cousins l’aident à échapper à l’ire populaire. Les voilà perdus dans le désert. Une attaque de criquets va alors rapidement les séparer. On suit le périple de Fone Bone découvrant une vallée encaissée et sa forêt. Il va alors s’y retrouver bloqué pour l’hiver et va essayer de retrouver ses cousins.

Un patchwork incroyable d’influences

La force de « Bone » est de ne rien dévoiler trop vite. On commence par découvrir les bones, ne sachant trop s’ils sont une représentation des humains ou pas. Puis on découvre que les bones peuvent parler avec certains animaux. Puis des monstres apparaissent. Puis des humains. Et ainsi de suite. La complexité et la féérie du monde de Jeff Smith est révélée au compte-goutte, l’auteur prenant le temps de nous immerger petit à petit dans son univers. Et quel univers ! Car sous ses aspects enfantins indéniables, il y a une noirceur persistente dans cette BD. L’humour est également omniprésent et souvent complètement absurde (à l’image de Mamy qui fait des courses contre les vaches…). C’est un patchwork incroyable d’influences, de Disney jusqu’à Tolkien.

L’histoire est très prenante bien que dans ce premier tome, il ne se passe pas tant de choses que ça. On découvre cette vallée en même temps que Fone Bone. Jeff Smith n’hésite pas à passer des pages entières à faire descendre Fone vers la vallée, mais à aucun moment on ne s’ennuie.

Le dessin est largement à la hauteur du propos. Etonnamment, il est dans un noir et blanc pur (pas de trames ou de niveaux de gris). Etant donné l’aspect enfantin du trait, la couleur paraissait un choix évident. Mais le noir et blanc apporte justement la noirceur qui donne toute sa force à « Bone ». La forêt la nuit est des plus angoissantes avec ces aplats de noir. De plus, le trait de Jeff Smith est incroyable et il aurait été dommage de l’atténuer par de la couleur. Je suis tombé amoureux de ses courbes au pinceau. La souplesse et les courbes des bones, associés à une expressivité incroyable des personnages m’ont séduit plus que de raison. Car Jeff Smith mélange les styles allègrement pour les besoins de son histoire. Les bones font partie d’un style très cartoon, enfantin, naïf, alors que Thorn est dessinée de façon réaliste. Mamy sera elle dans un style proche de la caricature, et les rat-garous appartiennent à l’univers du cauchemar. Cette faculté à manier et mélanger les styles, tant narratifs que picturaux, est unique. C’est vraiment un plaidoyer contre le cloisonnement des genres.

Au final, ce premier tome de « Bone », introduction à l’univers de Jeff Smith, m’a particulièrement séduit. Même s’il s’adresse à des adultes par son double degré de lecture, il est évident qu’il parlera d’avantage aux grands enfants, qui ont su garder une part d’imaginaire et de magie en eux (à la manière d’un Toy Story). Je suis sorti de ma lecture joyeux, ému et nostalgique. Une véritable révélation.

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Note : 19/20