Titre : Maki, T1 : Un LĂ©murien en Colo
Scénariste : Fabrice Tarrin
Dessinateur : Fabrice Tarrin
Parution :Â Janvier 2010Â
Fabrice Tarrin se dessine en lĂ©murien. Câest ainsi quâon le retrouve dans « Le Journal dâun LĂ©murien », son album autobiographique. Dans « Maki », on suit Ă©galement un petit lĂ©murien partant en colonie de vacances. Tout est dit : on aura ici affaire Ă de lâautofiction. PrĂ©-publiĂ©e dans le Journal de Spirou, « Maki » est devenu une sĂ©rie phare du journal. Mais nâest-ce donc pas une publication jeunesse dans ce cas-lĂ Â ?
Souvenirs de colo
Autant ĂȘtre clair tout de suite : « Maki » nâest pas une publication jeunesse. Tarrin sâen est rendu compte, la BD est trĂšs cruelle et sâadresse Ă un public plus ĂągĂ©. RĂ©sultat, la cible est un peu loupĂ©e. Car si le dessin a un cĂŽtĂ© trĂšs enfantin, le propos lâest moins.
On suit donc le jeune Maki, souffre-douleur auto-dĂ©signĂ©, qui nâaime pas les colonies de vacances et qui va devoir y aller quand bien mĂȘme. Sâensuit une sĂ©rie de pĂ©ripĂ©ties, un amour de jeunesse et une galerie de personnages riches en couleurs. Colonie de vacances oblige, la plupart des protagonistes sont des prĂ©adolescents dont lâĂ©veil des sens complique dâautant plus les choses. Il est Ă©vident quâavec un sujet pareil, Tarrin fera vibrer chez nombre de lecteurs le souvenir dâĂ©vĂ©nements passĂ©sâŠÂ
« Maki » repose essentiellement sur les personnages et les nombreux dialogues qui parsĂšment lâouvrage. Ils ont tous un cĂŽtĂ© excessif, mais bien traitĂ© par lâauteur. MalgrĂ© une impression premiĂšre de caricature, on sâaperçoit vite que les personnages sont plus complexes que ça. Il y a une vraie subtilitĂ©. En revanche, ils sont plus ou moins tous affublĂ©s de problĂšmes affectifs et relationnels. Ce qui rend Ă©videmment les interactions entre eux explosivesâŠ
Le propos se veut avant tout cruel. On a lâimpression que rien ne peut bien se passer. Il ne peut y avoir de dĂ©nouement heureux. Car ce ne sont pas seulement les jeunes ados qui sont cruels entre eux, câest tout le monde. Heureusement, il y a aussi une forte dose dâhumour pour faire passer le tout sans peine. Car avant tout, on rit dans « Maki ».
Au niveau du dessin, je suis trĂšs fan de Fabrice Tarrin. Son trait est trĂšs enlevĂ© et donne beaucoup de dynamisme Ă lâensemble. Ses personnages sont constamment dans le mouvement. Le tout se rĂ©vĂšle trĂšs expressif. Le style animalier et enfantin ne plaira pas Ă tout le monde, mais il serait dommage de passer Ă cĂŽtĂ©. Le fait que les cases ne soient pas dessinĂ©es donnent un cĂŽtĂ© encore plus dynamique.
Sous son aspect album jeunesse, « Maki » rate un peu sa cible. Entre la cruautĂ© du propos, la densitĂ© des textes et le foisonnement de personnages, on se rapproche plutĂŽt dâune publication ado/adultes. Il serait dommage de passer Ă cĂŽtĂ© de cet ouvrage qui se lit dâune traite et qui saura sans nul doute vous surprendre.