Coluche Président !


Titre : Coluche Président !
Scénariste : J.M. Erre
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Mars 2020


Coluche PrĂ©sident est une uchronie originale et potentiellement intĂ©ressante. En effet, j’ai toujours entendu parler de la candidature de Coluche aux Ă©lections prĂ©sidentielles en 1981et en dĂ©couvrant la prĂ©sence de Fabrice Erre sur la couverture, j’espĂ©rais avec optimisme une exploitation efficace des possibilitĂ©s humoristiques de la prĂ©sence de ce brillant comique Ă  l’ElysĂ©e. Pour mener Ă  bien ce projet l’auteur de Une annĂ©e au lycĂ©e a confiĂ© le scĂ©nario Ă  son frĂšre Jean-Marcel.

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MĂ©gafauna


Titre : MĂ©gafauna
Scénariste : Nicolas Puzenat
Dessinateur : Nicolas Puzenat
Parution : Mars 2021


« MĂ©gafauna Â» pourrait ĂȘtre qualifiĂ©e d’uchronie, mais cela serait un peu lĂ©ger. Nicolas Puzenat part du principe que NĂ©andertal a survĂ©cu et qu’il peuple la Terre autant que l’Homo Sapiens
 Une uchronie qui irait assez loin puisque l’histoire de cette BD se passe dans un univers mĂ©diĂ©val
 Ce roman graphique pĂšse 80 pages chez Sarbacane.

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Junker

Junker


Titre : Junker
Scénariste : Simon Spruyt
Dessinateur : Simon Spruyt
Parution : FĂ©vrier 2015


L’avantage d’aller en mĂ©diathĂšque, c’est que l’on prend des risques. TombĂ© par hasard sur le pavĂ© Ă©norme qu’est « Junker », j’ai tout de suite apprĂ©ciĂ© le graphisme. Sans mĂȘme me soucier de l’auteur que je connaissais pas (Simon Spruyt) ou du sujet, je l’embarquais chez moi. Et ce fut certainement la meilleure dĂ©cision de ma journĂ©e. Le tout est publiĂ© chez Cambourakis pour 169 pages. Continuer la lecture de « Junker »

Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet trĂšs ambitieux. Il fait exister trois mondes parallĂšles dĂ©veloppĂ©es sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un Ă©pilogue commun concluant ainsi une dĂ©calogie Ă  la trame dense et travaillĂ©e. La premiĂšre saga basĂ©e sur cette construction s’est terminĂ©e il y a quatre ans. Cela a Ă©tĂ© une agrĂ©able surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran dĂ©cidait d’offrir une suite Ă  son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la rĂ©alitĂ© moscovite. Nicolas OtĂ©ro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scĂ©naristique Ă©difier par le cĂ©lĂšbre auteur bordelais. J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par son trait. Sa personnalitĂ© offre une atmosphĂšre unique Ă  la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est Ă©vident que dĂ©couvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexitĂ© des liens entre les mondes couplĂ©e aux intrigues propres Ă  chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nĂ©cessite une plongĂ©e dans les chapitres prĂ©cĂ©dents.

Des mondes parallĂšles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amĂ©lioration de sa situation est due Ă  un marchĂ© amoral passĂ© avec l’ImpĂ©ratrice. Il doit travailler sur la matiĂšre noire permettant de changer de rĂ©alitĂ©. Cette recherche a pour objectif d’expĂ©dier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la premiĂšre expĂ©rimentation de condamnation. Elle gĂ©nĂšre un moment fort de l’histoire.

La sĂ©rie s’inscrit dans une thĂ©matique classique de la science-fiction : les mondes parallĂšles. La recette est classique mais rarement bien exĂ©cutĂ©e. Le traitement est souvent superficiel et privilĂ©gie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses diffĂ©rents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de dĂ©part. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec dĂ©lectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du dĂ©filement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe Ă  l’avancĂ©e de l’intrigue. Elle Ă©veille notre intĂ©rĂȘt jusqu’au dĂ©nouement. Ce dernier ouvre une porte intĂ©ressante vers l’épilogue Ă  venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes diffĂ©rents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systĂ©matiquement leur Ă©cot aux Ă©vĂ©nements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualitĂ© de « New Moscow ». Elle occupe Ă  mes yeux la planche royale dans cette dĂ©calogie qui se construit. NĂ©anmoins, je ne peux que vous conseiller de dĂ©couvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure


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note4

Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scĂ©nariste Ă  l’origine de cette saga originale. Elle se dĂ©compose en trois trilogies prĂ©sentant chacune une rĂ©alitĂ© parallĂšle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixiĂšme opus qui concluait une dĂ©calogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© conquis par un univers de science-fiction trĂšs abouti. J’ai donc Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris en dĂ©couvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite Ă  travers la parution de trois nouvelles sĂ©ries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspirĂ© des sentiments trĂšs variĂ©s. New Moscow Ă©tait celle qui m’avait le plus plu. J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par la personnalitĂ© graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame Ă©tait dense et apportait un nouvel Ă©cot intĂ©ressant Ă  la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxiĂšme tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez GlĂ©nat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est Ă©vident qu’il m’apparaĂźt compliquĂ© dans cet album sans avoir quelques prĂ©requis. Il me paraĂźt indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillĂ© d’avoir des rĂ©fĂ©rences ici de la dĂ©calogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommĂ© Kosinski a inventĂ© la fusion noire. Cette entitĂ© permet dans des univers parallĂšles d’une mĂȘme rĂ©alitĂ©. Celle qui abrite l’intrigue nous prĂ©sente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la mĂ©tropole amĂ©ricaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dĂ©nouement de l’épisode prĂ©cĂ©dent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rĂȘve : voyager entre les rĂ©alitĂ©s et trouver la rĂ©alitĂ© originale. Cette derniĂšre est Ă  l’origine de toutes les autres. Le projet est intĂ©ressant et offre un intĂ©rĂȘt certain Ă  l’histoire. En effet, j’apprĂ©hendais que cette suite ait du mal Ă  relancer une saga qui avait trouvĂ© sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploitĂ© dans ce tome. J’ai pris plaisir Ă  voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maĂźtrisĂ© et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne prĂ©sentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche la quĂȘte d’avancer de maniĂšre non nĂ©gligeable.

Les interactions avec les deux autres rĂ©alitĂ©s restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir Ă  quel moment les trois mondes vont rĂ©ellement influer les uns sur les autres. Le scĂ©nario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une rĂ©alitĂ© dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est apprĂ©ciable.

Une des rĂ©ussites de cet album est de laisser Ă©galement une place Ă  ses personnages. Je trouve le casting trĂšs intĂ©ressant. Il offre une rĂ©elle diversitĂ© de caractĂšre et de profil. De plus, Corbeyran arrive Ă  faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiositĂ© Ă©tait rĂ©guliĂšrement relancĂ©. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  voir les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźner. L’album est d’une qualitĂ© constante et ne souffre d’aucun temps mort. La consĂ©quence est que je suis optimiste quant Ă  la rĂ©ussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvĂ© le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvĂ© les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naĂźtre un vĂ©ritable univers qui n’a aucun mal Ă  rendre crĂ©dible cette grande mĂ©galopole « new moscovite ». New Moscow confirme Ă  mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle gĂ©nĂ©ration ». Il ne reste plus qu’à espĂ©rer que les deux autres arrivent Ă  se hisser Ă  son niveau. Mais cela est une autre histoire


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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la derniĂšre dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallĂšles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixiĂšme tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂȘme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment Ă  quelle Ă©poque on se trouve Ă©tant donnĂ© le fait que chaque nouvelle histoire prĂ©sente une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. On prend donc un rĂ©el plaisir Ă  errer dans l’universitĂ© impĂ©riale de Saint-PĂ©tersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matiĂšre noire qui Ă©tait au centre de la premiĂšre dĂ©calogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empĂȘche pas de prendre un rĂ©el plaisir Ă  voir ces Ă©tudiants et professeurs jouer Ă  l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal Ă  s’immerger dans cette uchronie sĂ©rieusement construite.

Mais au-delĂ  de sa dimension scientifique, l’intrigue possĂšde de nombreuses zones d’ombre qui suggĂšre bon nombre d’interrogations. Notre curiositĂ© est ainsi en permanence sollicitĂ©e. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possĂšde une densitĂ© scĂ©naristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir Ă  s’y perdre. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relĂ©guĂ©s dans cet opus au second rang. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able parce qu’on a le sentiment de repartir Ă  zĂ©ro. Ce sentiment m’avait manquĂ© en lisant « New Beijing ». La dimension « rĂ©chauffĂ©e » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprĂ©ciĂ© cet Ă©tat de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallĂ©lisme de chacune en lui offrant sa propre identitĂ© graphique. C’est donc Nicolas Otero qui Ă©tait chargĂ© de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre Ă  la premiĂšre page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possĂšde suffisamment de caractĂšre qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. NĂ©anmoins, une fois le trait domptĂ©, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir l’univers illustrĂ© par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les dĂ©cors, tout est rĂ©ussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complĂšte parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvĂ© l’adrĂ©naline qui accompagnait ma dĂ©couverte de la sĂ©rie initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre Ă  nouveau le goĂ»t de l’aventure. J’espĂšre que la suite sera du mĂȘme acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la mĂȘme qualitĂ© que l’Ɠuvre originale. Ce nouvel album me laisse espĂ©rer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que « New Delhi » soit Ă  la hauteur de mes espĂ©rances. Mais cela est une autre histoire


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note4

Uchronie(s) – New Beijing, T2 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s) – New Beijing, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a quelques annĂ©es. Eric Corbeyran avait scĂ©narisĂ© trois trilogies parallĂšles : New York, New Byzance et New Harlem. Elles nous prĂ©sentaient trois rĂ©alitĂ©s uchroniques. La premiĂšre nous plongeait dans le New York que nous connaissons. La seconde nous immergeait dans un New York qui serait la consĂ©quence de la prise de pouvoir de l’Islam Ă  l’échelle mondiale. Enfin, la derniĂšre nous faisait dĂ©couvrir  une AmĂ©rique dominĂ©e par les descendants des Black Panthers. Un dixiĂšme album mettait en lien ses trois univers dans un dĂ©nouement remarquable. J’avais donc Ă©tĂ© surpris lorsque j’avais vu apparaĂźtre dans les rayons trois nouvelles suites : New Beijing, New Moscow et New Delhi. Les premiers tomes Ă©taient de qualitĂ© inĂ©gale. NĂ©anmoins, ma curiositĂ© n’a eu aucun mal Ă  me dĂ©cider Ă  m’offrir le deuxiĂšme Ă©pisode de New Beijing, sujet de ma critique du jour. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet opus est sorti le cinq octobre dernier. AurĂ©lien MoriniĂšre se voit confier les dessins.

Le site www.fnac.com propose le rĂ©sumĂ© suivant de cet album : « En cavale, Zack et Ludmilla tentent vaille que vaille de survivre dans l’oppressante New Beijing. De leur cĂŽtĂ©, Charles et Veronika Kosinski sont en libertĂ© surveillĂ©e. Les autoritĂ©s chinoises, qui les emploient de force, sont intriguĂ©es par les visites rĂ©currentes d’intrus qui se volatilisent comme par magie. Dans leur obsession du contrĂŽle, elles espĂšrent bien que le couple saura apporter des rĂ©ponses. Corbeyran rĂ©Ă©dite la recette du succĂšs d’Uchronie[s] avec ces nouvelles rĂ©alitĂ©s parallĂšles aux destins qui s’entrecroisent »

Le premier acte de cette nouvelle aventure ne m’avait pas complĂštement conquis. Je n’y avais pas retrouvĂ© la magie qu’avaient gĂ©nĂ©rĂ©e les trilogies originales. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce dĂ» Ă  l’absence d’effet surprise ? En effet, le fait que des personnes puissent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  une autre est maintenant considĂ©rĂ© comme acquis. Ce n’était Ă©videmment pas aussi clair dans la premiĂšre dĂ©calogie. J’avais donc ressenti une difficultĂ© pour le scĂ©nario Ă  relancer la machine. L’intrigue prenait du temps Ă  trouver son souffle et mon intĂ©rĂȘt de lecteur n’avait pas Ă©tĂ© attisĂ© de maniĂšre trĂšs intense. J’espĂ©rais que tout cela s’emballe un petit peu avec ce deuxiĂšme tome.

Faire cohabiter trois réalités

L’intrigue fait ici cohabiter des personnages issus des trois rĂ©alitĂ©s. En effet, deux personnes ici de New Delhi apparaissent dans l’histoire et Ludimilla est incontestablement originaire de New Moscow. Ces interactions font incontestablement partie du charme de la saga. Elles sont ici assez dĂ©cevantes. Si on met de cĂŽtĂ© les toutes derniĂšres pages, cet aspect est sous-exploitĂ©. J’avais aisĂ©ment acceptĂ© que le premier tome serve Ă  donner vie Ă  l’univers de New Beijing. Je pensais que ce second tome verrait naĂźtre un changement de braquet. Ce n’est pas le cas. Je trouve dommage que l’intĂ©rĂȘt soit vraiment lancĂ© Ă  une dizaine de pages du dĂ©nouement de l’épisode. Les trois premiers quarts sont bien moins intĂ©ressants.

Cet album manque d’enjeu d’ampleur. La narration consacre Ă©normĂ©ment de place Ă  l’évasion de Zack et Ludmilla. On suit leurs pĂ©rĂ©grinations pour Ă©chapper aux forces de l’ordre. Il n’y a rien de novateur et je regrette que cette chasse Ă  l’homme ne s’avĂšre pas aussi original que le concept scĂ©naristique de la sĂ©rie. A l’opposĂ© l’incarcĂ©ration de Charles et Veronika est plus intĂ©ressante. Leurs recherches forcĂ©es recentrent notre attention autour de la matiĂšre noire et des diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s. J’ai regrettĂ© que ce pan de l’histoire n’occupe pas une place plus importante. La fuite de Zack, trop diluĂ©e Ă  mon goĂ»t, empĂȘche la densitĂ© narrative d’augmenter et de gĂ©nĂ©rer ainsi un vĂ©ritable attrait pour le lecteur.

Les dessins d’AurĂ©lien MoriniĂšre ne m’avaient pas conquis lors de ma lecture du premier tome. Je ne peux pas dire que ce second contact ait fondamentalement changĂ© mes sentiments Ă  l’égard de son style. Le trait est appliquĂ© mais manque, Ă  mes yeux, de personnalitĂ©. Les illustrations se contentent d’accompagner le texte sans jamais le sublimer. Ils ne gĂ©nĂšrent pas d’atmosphĂšre oppressante, envoutante ou au minimum dĂ©paysante. Les couleurs de Johann CorgiĂ© sont assez ternes. NĂ©anmoins, je trouve que cette optique colle assez bien au quotidien de la vie Ă  New Beijing.

Au final, ce second acte s’inscrit dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. L’histoire n’est pas dĂ©sagrĂ©able mais manque d’ampleur. La narration manque de densitĂ©. En refermant l’album, j’ai enfin le sentiment que l’histoire dĂ©marre. Je pense que les deux premiers tomes auraient pu ĂȘtre condensĂ©s en un sens. Cela aurait rendu la lecture plus intense et prenante. Il ne me reste donc plus qu’à espĂ©rer que le dĂ©nouement de la trilogie marque un rĂ©el changement de braquet qui saura satisfaire pleinement mes attentes. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une sĂ©rie de science-fiction particuliĂšrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulĂ©s « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente qui se voyaient toutes rĂ©unies dans un dixiĂšme album. La construction narrative Ă©tait remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scĂ©nariste qui possĂ©dait un dĂ©nouement Ă  la hauteur de l’idĂ©e initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai Ă©tĂ© surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le mĂȘme principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la premiĂšre citĂ©e. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents tomes. On y dĂ©couvre le personnage principal entourĂ© de deux inconnues chinoises. Le second plan nous prĂ©sente une mĂ©galopole Ă  l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dĂ©paysement. Le point commun avec la saga prĂ©cĂ©dente est Ă©videmment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le cĂ©lĂšbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommĂ© AurĂ©lien MoriniĂšre que je dĂ©couvre ici.

L’histoire se place dans la continuitĂ© de la premiĂšre dĂ©calogie. NĂ©anmoins, il doit ĂȘtre possible d’entamer la dĂ©couverte avec cet opus. On y dĂ©couvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle rĂ©alitĂ© : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur diffĂ©rent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprĂšte. Suite Ă  une utilisation de monnaie non lĂ©gale, les trois personnages se voient sĂ©parĂ©s dans des camps de travail qui les verra dĂ©couvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenĂ©s Ă  jouer un rĂŽle


Science-fiction & réalités parallÚles.

Cet album s’adresse Ă  un public adepte de science-fiction et de rĂ©alitĂ©s parallĂšles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la sĂ©rie rĂ©side dans le fait que chaque rĂ©alitĂ© correspond Ă  une uchronie relativement crĂ©dible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hĂ©gĂ©monie du monde musulman. « New Beijing » indique d’aprĂšs son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intĂ©ressant de dĂ©couvrir un fonctionnement mondial suffisamment diffĂ©rent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre rĂ©aliste.

On dĂ©couvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociĂ©tal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la premiĂšre sĂ©rie. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle prĂ©sentation et offre ainsi une mise en situation rapide. NĂ©anmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent Ă  tous de maĂźtriser les grandes lignes du passĂ© du trio. Il est Ă©vident que la surprise du fait que les hĂ©ros peuvent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre a disparue depuis les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Il s’agit d’un prĂ©requis qui ne fait pas naitre la mĂȘme curiositĂ© que dans la dĂ©couverte initiale des aventures de Zach. MalgrĂ© tout, cette absence de rĂ©volution scĂ©naristique est compensĂ©e par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quittĂ© avec regret il y a quelques temps.

La difficultĂ© rĂ©side Ă  faire renaitre l’enthousiasme Ă  partir d’une recette qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© optimisĂ©e a priori. Le goĂ»t n’a pas toujours la mĂȘme intensitĂ© quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dĂ©vorer avec appĂ©tit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongĂ©. La frustration de voir l’album se clore Ă©tait rĂ©elle et gage d’une certaine rĂ©ussite. L’intrigue n’est pas trop diluĂ©e mĂȘme on espĂšre toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posĂ©s dans cet acte sont intĂ©ressants dans le sens oĂč ils se dĂ©marquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est Ă©vident que la matiĂšre noire possĂšde un rĂŽle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffĂšre de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivĂ©e d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrĂ©e remarquĂ©e puisqu’il se voit Ă©galement confiĂ© l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne rĂ©volutionne pas le genre. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas les planches de s’avĂ©rer dynamique. Le dĂ©coupage des cases associĂ© Ă  une capacitĂ© Ă  intĂ©grer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scĂšnes faisant intervenir les personnages sont trĂšs Ă©purĂ©es. Je regrette parfois que les dĂ©cors n’y trouvent pas une place plus grande. La consĂ©quence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densitĂ© et de diversitĂ© dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’Ɠuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais gĂ©nĂšrent malgrĂ© tout une atmosphĂšre Ă  la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de dĂ©ception Ă©taient nombreux mais se sont avĂ©rĂ©s sans lendemain. Il est Ă©vident que cet album n’est que la premiĂšre marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idĂ©e plus prĂ©cise de l’intrigue. Les premiers indices rĂ©sideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Uchronie(s), New Beijing, T3 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s), New Beijing, T3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un des projets les plus ambitieux de la derniĂšre dĂ©cennie dans le l’univers fantastique du neuviĂšme art. Eric Corbeyran a fait naĂźtre trois trilogies se rejoignant dans un dixiĂšme opus. La particularitĂ© de ces histoires est qu’elles faisaient intervenir les mĂȘmes personnages dans trois rĂ©alitĂ©s parallĂšles. L’idĂ©e Ă©tait originale et la rĂ©alisation s’est montrĂ©e Ă  la hauteur de la force scĂ©naristique supposĂ©e.

Alors que l’aventure apparaissait conclue avec la sortie en librairie de « Epilogue » il y a presque quatre ans. C’était donc une surprise quand j’ai vu naĂźtre une suite il y a un petit peu plus de deux ans. Le cĂ©lĂšbre auteur crĂ©ait trois nouvelles rĂ©alitĂ©s intitulĂ©es « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». La critique d’aujourd’hui porte sur la conclusion de la premiĂšre citĂ©e.

UchroniesNewBeijingT3aLe troisiĂšme Ă©pisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture Ă©tait originale car elle prĂ©sentait deux versions du mĂȘme protagoniste, chacun Ă©tant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonnĂ© Charles et Veronika Kosinski, parents du hĂ©ros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle dĂ©couverte est la fusion noire. Leur crĂ©ation permet de transition d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre. Ce pouvoir donne libre cours Ă  toutes les imaginations.

Pas aussi enthousiasmant que la série originelle.

Comme l’indique son titre, la sĂ©rie exploite pleinement le concept de l’uchronie. TrĂšs Ă  la mode actuellement, cette mĂ©canique narrative offre des rĂ©sultats assez inĂ©gaux en termes de rĂ©sultat. Autant « Block 109 » est une belle rĂ©ussite Ă  mes yeux, autant « Jour J » est moins enthousiasmant. « New Beijing » est un cru Ă  la qualitĂ© correcte. Sans dĂ©gager le mĂȘme enthousiasme que la dĂ©calogie originelle, elle prĂ©sente une intrigue sĂ©rieuse et plutĂŽt prenante.

La premiĂšre rĂ©ussite de l’album est de crĂ©er de maniĂšre crĂ©dible une Chine rĂ©gnant sur le monde. Le fait de voir les parents Kosinski prisonniers permet de s’immerger dans les arcanes des dirigeants du Parti. L’ensemble apparaĂźt crĂ©dible. Le rĂ©alisme facilite notre entrĂ©e dans ce monde cousin du notre. Le cĂŽtĂ© « documentaire » de la lecture est intĂ©ressant et fait partie des atouts de la trilogie.

UchroniesNewBeijingT3bLes enjeux de l’histoire sont clairement Ă©tablis depuis l’épisode prĂ©cĂ©dent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils Ă©voluent Ă©normĂ©ment dans ce nouvel album. Le dĂ©roulement du film conducteur se fait davantage Ă  un train de sĂ©nateur car qu’au rythme d’une course effrĂ©nĂ©e. Je ne renie pas le fait que les Ă©vĂ©nements avancent et que les rapports de force Ă©voluent un petit peu. MalgrĂ© tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons Ă  un grand chamboulement et Ă  un feu d’artifice de rĂ©vĂ©lation. La trilogie terminĂ©e, bon nombre de questions restent en suspens. Les rĂ©ponses arriveront peut-ĂȘtre dans les rĂ©alitĂ©s parallĂšles ou dans l’épilogue


Sur le plan graphique, le travail de d’AurĂ©lien MoriniĂšre est correct. Il permet une lecture aisĂ©e sans pour autant sublimer les textes. Les personnages sont aisĂ©ment reconnaissables malgrĂ© une densitĂ© de casting assez importante. Par contre, que ce soit le dĂ©coupage ou la mise en scĂšne des cases, rien de rĂ©volutionnaire n’est Ă  signaler. Les couleurs de Johann GorgiĂ© est dans cette lignĂ©e-lĂ . Le choix semble avoir Ă©tĂ© fait de privilĂ©gier le scĂ©nario aux illustrations. Pourquoi pas


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Au bilan, cet album conclut honorablement « New Beijing ». Les trois tomes sont d’une qualitĂ© assez constante. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages que j’avais appris Ă  apprĂ©cier durant les dix tomes prĂ©cĂ©dents. Je pense que cette premiĂšre nouvelle trilogie Ă  trouver son dĂ©nouement offre une suite honorable Ă  la dĂ©calogie initiale sans nĂ©anmoins en retrouver la magie et l’originalitĂ©. Il ne me reste plus qu’à dĂ©couvrir l’achĂšvement de « New Moscow » et « New Delhi ». Mais cela est une autre histoire


gravatar_ericNote : 12/20

Block 109, S.H.A.R.K. – Vincent Brugeas & Ryan Lovelock

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Titre : Block 109, S.H.A.R.K.
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ryan Lovelock
Parution : FĂ©vrier 2012


Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas sont les auteurs d’une uchronie particuliĂšrement rĂ©ussie : « Block 109 ». Ce roman graphique paru il y a plus de quatre ans prend ses libertĂ©s avec l’Histoire en faisant assassiner Adolf Hitler le 22 mars 1941. Suite Ă  son succĂšs, la sĂ©rie a fait des petits. Cinq spin-off sont nĂ©s depuis. Le dernier en date, Ă©ditĂ© cette annĂ©e chez Akileos, s’intitule « S.H.A.R.K. ». C’est sur cet album que se porte ma critique.

La quatriĂšme de couverture Ă©voque le contexte de l’histoire : «  Novembre 1946, le prisonnier Worth, membre du S.H.A.R.K., un parti politique raciste australien, est transfĂ©rĂ© au centre de dĂ©tention de Rabbit Flat, le plus grand camp de prisonniers d’Australie regroupant prĂšs de 4000 dĂ©tenus de guerre allemands, dont une majoritĂ© de SS, ainsi que des activistes du S.H.A.R.K. » 

À chaque opus son identitĂ©.

Block109Shark1Chaque nouvel opus de la saga s’insĂšre dans des contextes gĂ©ographiques et politiques diffĂ©rents. Chacun possĂšde une identitĂ© propre et la plupart du temps emballante. Le dernier Ă©pisode en date n’échappe Ă  la rĂšgle en immergeant le lecteur en Australie au milieu d’une prison perdue au milieu de nulle part. Je dois vous avouer que le dĂ©cor m’attirait beaucoup. La perspective d’ĂȘtre enfermĂ©e dans un huis clos carcĂ©ral semblait ĂȘtre un terreau fertile Ă  une atmosphĂšre oppressante et envoĂ»tante. Il s’agit d’une recette scĂ©naristique classique mais qui, bien exĂ©cutĂ©e, peut offrir une savoureuse dĂ©gustation.

La narration dĂ©but par l’apparition d’un nouveau « locataire ». Worth est amenĂ© Ă  jouer un rĂŽle central au cours des Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s. Sa prĂ©sence sur la couverture confirme ce statut Ă  venir. Il s’agit d’une tĂȘte brĂ»lĂ©e qui a des rapports conflictuels avec l’autoritĂ©. Ce n’est pas original mais toujours efficace. A peine arrivĂ©, il envisage dĂ©jĂ  de se faire la malle. Pour cela, il doit entrer en contact avec Otto, un ancien de la SS, qui s’avĂšre ĂȘtre le patron officieux des lieux.

L’intrigue se construit donc autour de la mise en place d’un putsch. Evidemment, tout cela n’est pas un long fleuve tranquille. Otto et Worth doivent apprendre Ă  se connaĂźtre et doser leurs confiances respectives. Il y a aussi le montage pratique de leur tentative de prise de pouvoir. Les auteurs font exister un grand nombre de personnages secondaires plutĂŽt rĂ©ussis. Ils participent Ă  la crĂ©dibilitĂ© de cet univers. NĂ©anmoins, l’atmosphĂšre n’atteint jamais la densitĂ© que le pitch laissait espĂ©rer. Rien n’est bĂąclĂ©, loin s’en faut. Le travail est sĂ©rieux et appliquĂ©. Mais la sauce ne prend jamais autant que dĂ©couverte de la trame le prĂ©sageait. L’histoire se dĂ©roule avec plaisir mais sans ĂȘtre aussi dense que d’autres Ă©pisodes de la saga.

Ce nouveau tome se démarquait des précédents par un changement de dessinateur. TrÚs occupé par « Chaos Team », Ronan Toulhoat passait son tour pour illustrer ce « S.H.A.R.K ». Le travail est donc ici confié à Ryan Lovelock dont je découvre le trait à cette occasion. La transition se fait sans mal tant le style du nouveau est dans la ligné de celui de son prédécesseur. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est réussi. Que ce soit les gros plans ou les visions larges, ils sont remarquables. De plus, les dessins participent activement à la nervosité qui habite les planches.

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Pour conclure, « S.H.A.R.K. » est un acte intĂ©ressant de la grande piĂšce qu’est « Block 109 ». MalgrĂ© tout, je n’y ai pas retrouvĂ© l’intensitĂ© et la force de « OpĂ©ration Soleil de Plomb » ou « New York 1947 ». Il satisfera les adeptes de la sĂ©rie et rassurera les lecteurs qui apprĂ©hendaient l’absence de Ronan Toulhoat aux dessins. Ryan Lovelock est aisĂ©ment adoubĂ© aprĂšs sa performance graphique dans cet album. « Block 109 » confirme son statut d’uchronie de qualitĂ©. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que les prochains tomes confirmeront cet Ă©tat de fait. Mais cela est une autre histoire


gravatar_eric

Note : 13/20