Titre : Barracuda, T2 : Cicatrices
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Octobre 2011
Le deuxiĂšme tome de « Barracuda » sâintitule « Cicatrices ». Je lâattendais avec une certaine impatience  tant le premier opus mâavait plu et intriguĂ©. Cette sĂ©rie est nĂ©e de lâassociation de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my. Le premier se charge du scĂ©nario et est la principale raison pour laquelle je me suis plongĂ© dans cette saga. En effet, depuis ma lecture de « Murena », je voue un attrait certain pour les Ćuvres de cet auteur. Quant Ă JĂ©rĂ©my, je lâavais dĂ©couvert en lisant le premier tome de lâhistoire intitulĂ© « Esclaves ». Cet ouvrage de bonne qualitĂ© est Ă©ditĂ© chez Dargaud et son prix avoisine les quatorze euros. La couverture du bouquin est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un pirate au visage recousu gĂ©nĂ©rant une certaine apprĂ©hension chez le lecteur. Notre curiositĂ© est fortement attisĂ©e car ce personnage nâapparaissait pas dans le livre prĂ©cĂ©dent.
Avant de plonger pleinement dans cet album, je vous cite le rĂ©sumĂ© qui prĂ©cĂšde la premier page de « Cicatrices ». « Lors de lâattaque de leur vaisseau par les pirates du capitaine Blackdog, une aristocrate espagnole, Dona Emilia Del Scuebo, sa fille Maria et leur serviteur Emilio sont faits prisonniers. Tous les trois sont emmenĂ©s sur lâĂźle de Puerto Blanco, dans les mers des CaraĂŻbes, pour y ĂȘtre vendus. Ferrango, le riche marchand dâesclaves, achĂšte Maria et lui fait subir les pires traitements. La mĂšre de celle-ci, secourue par des moines de lâĂźle, mourra peu de temps aprĂšs. Emilio qui se fait passer pour une fille, Ă©vitant ainsi de se faire tuer, est achetĂ© par lâĂ©trange Mister Flynn. Le fils de Blackdog, Raffy, gravement blessĂ© par Maria, doit lui aussi rester sur lâĂźle pour y ĂȘtre soignĂ©. Parti Ă la recherche du plus gros diamant du monde, son pĂšre a repris la mer sans lui⊠faisant fi de la malĂ©diction du Kashar ! »
Comme ce rĂ©sumĂ© le montre, le premier tome Ă©tait plutĂŽt dense. Il faisait intervenir un nombre assez fourni de personnages. De plus, lâhistoire est suffisamment rythmĂ©e pour que de nombreux Ă©vĂ©nements accompagnent notre lecture. La consĂ©quence Ă©tait quâon avait une hĂąte certaine de dĂ©couvrir la suite. Les premiĂšres phrases de « Cicatrices » nous annoncent que trois annĂ©es sont passĂ©es depuis la derniĂšre page de « Esclavages ». Cet album se dĂ©roule quasiment intĂ©gralement Ă Puerto Blanco. Il est original dâĂȘtre dans une histoire de pirates qui ne quittent finalement pas la terre ferme.
Comme dans lâopus prĂ©cĂ©dent, la trame se construit autour des trois adolescents Emilio, Maria et Raffy. Chacun a fait son petit bout de chemin en grĂ© de son caractĂšre. Leur statut a Ă©voluĂ©. Les deux esclaves ne le sont plus. Maria est la maitresse dominatrice de Ferrango, ce qui fait dâelle une femme de pouvoir Ă lâĂ©chelle de lâĂźle. Emilio, toujours grimĂ© sous les traits dâEmilia, est une espĂšce de pupille de Mister Flynn en formation. Quant Ă Raffy, il contient dĂ©sespĂ©rĂ©ment sa colĂšre et sa haine Ă lâidĂ©e de voir son pĂšre ĂȘtre parti sans lui dans sa quĂȘte quasiment lĂ©gendaire.
Ce saut temporel oblige finalement lâhistoire Ă nous faire une nouvelle fois les prĂ©sentations. Alors quâon pouvait penser cette Ă©tape avait eu lieu prĂ©cĂ©demment, les auteurs sây replongent dans cet opus. Cela donne mĂȘme lâimpression que le premier tome nâĂ©tait quâun prĂ©ambule. Cela pourrait paraitre dommageable car cela repousse quelque peu la montĂ©e en puissance de lâintrigue. Ce nâest finalement pas tant le cas que cela du fait de la richesse du scĂ©nario. Je trouve que lâensemble est dense et se construit comme une toile dâaraignĂ©e. La variĂ©tĂ© des personnages est toujours aussi savamment menĂ©e et leurs interactions sont passionnantes. On est tenu en haleine de la premiĂšre Ă la derniĂšre page. Le fait de construire lâhistoire en suivant celles de trois « hĂ©ros » fait que la lecture ne souffre dâaucun temps mort.
Jâai retrouvĂ© avec plaisir les dessins de JĂ©rĂ©my. Je trouve quâil accompagne parfaitement la narration. Ses dĂ©cors crĂ©ent parfaitement lâunivers de Puerto Blanco qui est criant de rĂ©alisme. On a vraiment lâimpression dâerrer dans les rues de cette Ăźle rĂ©gie par les lois de la piraterie. De plus, les personnages sont plutĂŽt rĂ©ussis. Ils sont de caractĂšre trĂšs diffĂ©rent et le trait du dessinateur arrive Ă nous offrir le grand spectre dâexpressions qui en dĂ©coule. La fragilitĂ© et la douceur dâEmilio diverge fortement de la peur que gĂ©nĂšre la froideur dominatrice de Marie ou de la fureur de Raffy. Son trait nous offre une lecture agrĂ©able.
En conclusion, « Cicatrices » est un album trĂšs rĂ©ussi. La qualitĂ© habille chacune de ses pages. Lâhistoire est passionnante et on sây plonge avec appĂ©tit. NĂ©anmoins, jâai impatience de dĂ©couvrir le prochain opus pour savoir si lâintrigue va changer de braquet et ce quâest devenu Blackdog dans sa quĂȘte du Kashar. En effet, cette derniĂšre nâest absolument pas traitĂ© dans cet ouvrage. En tout cas, « Barracuda » peut espĂ©rer devenir une Ćuvre qui compte dans la longue histoire des pirates dans la bande dessinĂ©e. Les adeptes en seront ravisâŠ
Note : 17/20