Titre : Djinn, T8 : Fièvres
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinatrice : Ana Mirallès
Parution : Novembre 2008
« Fièvres » est le huitième tome de la série « Djinn ». Sa parution chez Dargaud date de deux mille huit. Cette célèbre série est scénarisée par Jean Dufaux et dessinée par Ana Miralles. Le premier est célèbre pour des séries telles que « Barracuda » ou « Murena ». De son côté, Ana Miralles est dans l’actualité avec la parution du premier opus d’une série intitulée « Muraqqa » que je n’ai pas encore découverte. « Fièvres » est un album de format classique dont l’histoire se compose d’une petite cinquantaine de pages et est vendu pour environ douze euros.
Une trame plus dense, faites de malédictions.
Pour résumer succinctement la trame, cette dernière se construit autour de deux personnages : Jade et Kim. La première est la grand-mère de la seconde. Ce huitième tome appartient au cycle africain. On y découvre Jade réincarnée en déesse Anatku et Kim sur les pas de son aïeule à ses risques et périls. Le lien entre les deux femmes n’a jamais semblé aussi fort. Leurs destins semblent s’entremêler avec une intensité rare et inquiétante…
Pour ceux qui ont lu mes différents avis sur les albums précédents, je n’avais pas été forcément conquis par les quatre premiers tomes qui formaient le cycle ottoman. Je le trouvais presque fade dans son intensité et sa trame. A contrario, le cycle africain qui se terminera à la fin du neuvième tome m’avait bien plus séduit. Je lui trouvais une densité dramatique plus forte. J’étais donc vraiment curieux de découvrir ce nouveau tome tant la précédent était marqué par une vraie montée en puissance.
Une des particularités de cette série est d’entremêlée deux trames d’époque différente : celle de Jade et celle de Kim. Chacune nous est présentée à un âge équivalent et donc à des périodes bien séparées. Alors que ce choix narratif offrait quelques lourdeurs dans le cycle ottoman et avait tendance à y diluer l’intérêt, ce n’est plus ici le cas. « Fièvres » est l’incarnation de l’effet contraire. Chaque basculement d’une femme à l’autre a pour conséquence de développer davantage notre curiosité. Celles qui avaient des destins parallèles dans le premier cycle voient leurs parallèles se couper dans ce second cycle pour notre bonheur.
Le ton de l’histoire est dramatique. Les malédictions sont au centre de tous et chacun des personnages en sont victimes d’une manière ou d’une autre. Là-encore les personnages secondaires occupent une vraie place dans le scénario. Cela a pour effet de densifier la lecture qui ne souffre ainsi d’aucun temps mort. On n’a pas le temps de souffler. Le fait d’alterner les scènes nocturnes et diurnes offre des variétés de rythme et d’ambiance. En effet, la nuit dans la jungle dégage un vrai quelque chose dans cet album. Autant, je n’étais pas conquis par Mirallès dans les premiers opus, autant je trouve que plus ma découverte de « Djinn » avance plus je lui trouve des qualités. Je trouve qu’elle a beaucoup plus d’aisance à s’immerger dans cette Afrique inquiétante que la Turquie ensoleillée des tomes initiaux.
En conclusion, je trouve que « Fièvres » confirme la montée en puissance de la série de Dufaux et Miralles. L’intensité est forte et notre curiosité fortement attisée. Une de ses qualités est de faire avancer la trame sans aller trop vite. En effet, le fait que le cycle africain se termine au prochain opus rendait important de voir le dénouement approcher mais sans trop le dévoiler. Ce savant dosage est assez bien construit. J’ai donc hâte de me plonger dans le prochain album intitulé « Le roi gorille ». Je suis curieux de savoir comment se conclut cette aventure africaine. Mais cela sera une autre histoire…