Titre : Ekhö, monde miroir, T7 : Swinging London
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2017
Ekhö monde miroir est une série née de la collaboration de Christophe Arleston et d’Alessandro Barbucci. Le premier nommé fait partie des auteurs qui ont alimenté ma passion du neuvième art durant mon adolescence. Lanfeust de Troy fait partie des œuvres qui figurent dans mon panthéon personnel tant j’ai pris du plaisir à suivre les aventures de son héros forgeron dans l’univers d’Eckmul. Par contre, j’ai été fortement déçu par les différentes suites et appendices qu’a offert Arleston à son œuvre de départ. Je me suis donc petit à petit désintéressé de son travail tant la quantité des productions semblait avoir pris le dessus sur leur qualité.
Une aventure sans réel fil conducteur
Néanmoins, des critiques élogieuses lues à l’occasion de la parution du premier tome de cette nouvelle saga m’avait donné envie de reprendre contact avec une série de fantasy scénarisée par Christophe Arleston. Je trouvais le principe intéressant. En effet, Ekhö est une réalité parallèle de celle de notre quotidien. Chaque tome voit son intrigue se dérouler dans la « cousine » d’une grande ville mondiale. New York, Paris, Los Angeles, Barcelone ou encore Rome ont donné lieu aux aventures de Fourmille. Le dernier opus apparu en librairie, sujet de ma critique d’aujourd’hui, s’intitule Swinging London qui, sans surprise, verra son intrigue s’installer dans la capitale britannique…
Pour qu’un épisode de cette série soit réussie, il faut que trois piliers soient bien solides : un détournement réussi de l’univers londonien, une intrigue bien construite et une bonne humeur qui transpire de chaque planche. Je n’évoque par le quatrième pilier que sont les dessins, car le travail de Barbucci est d’une qualité constante. Son style s’accorde parfaitement au ton léger et rythmé de l’histoire. Son trait offre aux personnages un grand spectre d’expression qui correspond parfaitement aux moments d’hystérie et aux ascenseurs émotionnels qui jalonnent les pérégrinations de Fourmille et ses amis.
Je vais commencer par donner mon point de vue sur la qualité du premier pilier : le détournement de Londres. Arleston a un vrai talent pour caricaturer ou détourner les caractéristiques d’un lieu ou d’une époque. Il le faisait très bien dans Lanfeust de Troy, il a su également utiliser cette arme comique dans Leo Loden. Il s’en sort encore correctement dans ce Swinging London. Je n’ai eu aucune difficulté à me sentir londonien au cours de cette lecture. Tous les lieux touristiques sont traversés et les allusions au patrimoine anglais sont disséminées avec talent et en quantité tout au long de la trame. Cet aspect justifie à lui seule une seconde lecture pour être sûr de ne pas être passé à un côté d’un jeu de mot « anglais ».
Le second pilier, l’intrigue, s’avère bien plus fragile. Dans ce domaine, j’ai retrouvé les mêmes défauts que dans les épisodes récents de la série. La trame manque de structure. Elle part un petit peu dans tous les sens en multipliant les rebondissements hystériques. Les événements sont nombreux mais assemblées sans réelle harmonie. Au lieu d’avoir affaire à une histoire passionnante et prenante, j’ai eu la sensation de découvrir une aventure sans réel fil conducteur et à laquelle je suis finalement resté assez étranger. Les auteurs semblent ne pas avoir voulu (ou pu) créer une réelle hiérarchie narrative entre les personnages et leurs pérégrinations. C’est bien dommage parce que le résultat apparaît ici bien fouillis.
Concernant la bonne humeur, je ne peux pas dire qu’elle soit absente de l’album. On sourit régulièrement en découvrant les aventures de Granite et ses amis. Néanmoins, le côté nerveux de la narration laisse finalement peu d’espace à l’humour. Certains moments sont drôles mais le rythme effréné des rebondissements empêche d’en profiter réellement. Je reste persuadé que les auteurs feraient un choix pertinent en privilégiant la dimension comique et décalée de leur univers en simplifiant leur trame. Simplifier l’intrigue ne veut pas dire la bâcler. Cela offrirait plus de place pour qu’Arleston puisse jouer davantage avec le potentiel humoristique du monde qu’il a créé.
Pour conclure, Swinging London n’est pas un mauvais album. Il possède les mêmes qualités et les mêmes défauts que les épisodes récents de la série. Mon seul regret réside dans le fait que les défauts ont tendance à s’installer aux détriments des qualités divertissantes des débuts. Malgré cela, la lecture n’est pas désagréable… mais pas bien plus…