Titre : Ira dei, T1 : L’or des caïds
Scénariste : Vincent Burgeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Janvier 2018
Pour décider de m’offrir le premier tome de Ira Dei, je n’ai pas cherché à connaître quelle était la nature de son intrigue ou de l’univers dans lequel elle s’inscrit. En effet, c’est le nom des auteurs qui m’ont décidé, sans aucune hésitation, de partir à la rencontre de L’or des caïds, introduction de cette nouvelle série. J’ai recontré Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat en lisant Block 109, œuvre initiale de leur collaboration. Je suis tombé sous le charme de cette remarquable uchronie. Depuis, je guette chaque nouveau fruit de leur association professionnelle. L’or des caïds est le dernier en date.
Un improbable duo.
Pour vous présenter le contexte de cette histoire, je cite le texte offert en prologue par la plume de Vincent Brugeas : « A l’aube du XIème siècle, l’antique « Mare nostrum » des Romains est désormais à la croisée de trois mondes très différents… A l’aide d’une armée encore puissante, l’Empire byzantin résiste sous les coups d’ennemis toujours plus nombreux. Après quatre cents ans d’expansion, le monde musulman est déchiré par des luttes intestines, chaque émir, chaque calife cherchant désormais à s’accaparer les fruits de la conquête. Enfin, l’Occident féodal, à l’étroit sur ses terres, regarde vers l’Orient. Et le Pape lutte pour s’imposer à un monde chrétien au bord de la rupture… […] Cependant, si la Méditerranée est un lieu d’affrontement, c’est aussi un espace d’échanges fructueux. Les Francs négocient avec les Arabes, et les grecs marchandent avec les uns et les autres. C’est un monde où les frontières sont poreuses et les alliances changeantes. »
Le déroulement de la trame se construit autour du personnage qui habite la couverture. Robert est à la tête d’un groupe de guerriers aguerris. Il est également accompagné d’un ecclésiastique à la personnalité ambiguë. Rapidement, on comprend que ce personnage charismatique est accompagné d’un passé obscur. La construction de ce héros est une belle réussite qui rend dès les premières pages son devenir captivant. Sa relation avec son acolyte prélat alimente ardemment les mystères qui entourent leur improbable duo.
L’intérêt de ce personnage ne se réduit pas à son aura naturelle. On le rencontre débarquant sur une plage sicilienne. Par la suite, grâce à son courage, sa maestria et sa ruse, il gravit petit à petit les échelons pour se rapprocher des têtes dirigeantes. Les raisons qui motivent sa quête d’ascension sociale restent nébuleuses et participent ainsi au plaisir de la lecture. De plus, dans cette guerre qui semble multiplier les fronts, on a plaisir à se perdre dans des arcanes de lutte d’influence dont les enjeux restent encore à clarifier.
Le travail graphique de Ronan Toulhoat est splendide. Il offre une nouvelle fois des planches remarquables. Il arrive à créer des points de vue facilitant notre immersion pleine et totale dans cet univers pour le moins dépaysant. Son coup de crayon permet également de présenter des scènes de combat particulièrement dynamique et prenante. Son sens du détail et son style particulier permettent de créer des personnages à l’identité forte. Bref, une nouvelle fois ce dessinateur confirme son talent immense.
Pour conclure, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à découvrir cette nouvelle aventure. Le héros m’a captivé. Les secrets qui jalonnent le déroulement de l’intrigue sont suffisamment bien distillés pour me passionner et me faire attendre avec impatience la conclusion de ce premier cycle intitulé La part du diable. Mais cela est une autre histoire…