Titre : Katanga, T1 : Diamants
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Sylvain Vallée
Parution : Mars 2017
« La nouvelle série des auteurs de Il était une fois en France ». Il pouvait difficilement y avoir un argument plus persuasif que celui-ci pour m’inciter à partir à la rencontre de Katanga dont le premier tome, Diamants, est apparu récemment dans les rayons des librairies. L’association entre le scénariste Fabien Nury et le dessinateur Sylvain Vallée a déjà donné lieu à un bijou du neuvième art. Pourquoi cette nouvelle saga ne poursuivrait pas cette prestigieuse lignée littéraire ?
Une présentation intense.
« Ce récit est une pure fiction mêlant librement des faits et des personnages ayant réellement existé avec des suppositions et des inventions délibérées. Les auteurs n’ont aucune prétention à faire œuvre d’historien et n’ont d’autre ambition, avec cette histoire, que de divertir le lecteur. » Cette phrase est citée en préambule de l’album. Elle décrit parfaitement la maestria de Nury. « La mort de Staline » ou « Il était une fois en France » sont deux preuves parmi d’autres de la capacité de cet auteur à jouer de l’Histoire pour faire naître de grandes sagas. J’étais ravi de découvrir que Katanga s’inscrit également dans cette démarche.
L’intrigue s’inscrit en 1960 dans le conflit opposant le Congo et le Katanga. Les deux contrées s’opposent pour la domination des territoires miniers dont la province diamantifère du Kasaï. Devant les massacres causés, l’ONU envoie des Casques Bleus sur place dans le but de pacifier la zone. Je trouve ce décor historique et géographique intéressant car j’ai rarement eu l’occasion de m’y plonger au cours de mes lectures.
Comme le titre l’indique, le scénario se construit autour de diamants. Charlie, un autochtone, a profité des événements pour confisquer à ses employeurs coloniaux un joli stock de pierres précieuses. Il s’est empressé de les cacher dans le but de venir les chercher plus tard. Ce butin va devenir la petite histoire dans la grande Histoire. Tous les protagonistes de cette guerre vont se montrer très intéressés par ce trésor. Leurs quêtes maquillées d’un enrobage politique et humanitaire ne pourront pas satisfaire tout le monde. C’est la mise en place de tous ces enjeux que met en place cet album. Une chose est sûre : cette présentation est intense !
Une remarquable densité scénaristique.
Les soixante-dix pages de l’ouvrage sont d’une remarquable densité scénaristique. La toile narrative se déroule dans bon nombre de directions toutes en interaction les unes avec les autres. Les auteurs sèment suffisamment d’informations pour faire pousser un nombre important de questions attisant chacune notre curiosité et notre envie de découvrir la suite. La sentence est dure lorsqu’on découvre la dernière page en se disant qu’il va falloir attendre plusieurs pour connaître le devenir de tout ce petit monde. La maestria de Fabien Nury n’est plus à démontrer mais il est certain que Katanga est une nouvelle preuve de son talent pour raconter des histoires.
Le travail graphique de Sylvain Vallée met en valeur les personnages de manière splendide. La densité du scénario met naturellement en jeu un grand nombre de protagonistes centraux ou plus ou moins périphériques. Le trait du dessinateur arrive à donner vie à chacun d’entre eux avec talent. Cela s’avérait indispensable pour maîtriser tous les tenants et aboutissants de l’ensemble. Après avoir offert une atmosphère envoutante de la France de l’occupation dans Il était une fois en France, il nous présente un univers africain tout aussi prenant. L’atmosphère facilite le plongeon du lecteur dans cet univers instable et dangereux. Le plaisir de la découverte en est découplé !
Je n’ose pas vous en dire davantage de peur de vous gâcher la découverte de cet album. Pour conclure, je peux affirmer que les adeptes des travaux précédents du duo d’auteurs seront ravis de partir à la rencontre de leur nouvelle production. Quant aux novices, ils peuvent se plonger dans cette histoire avec confiance : c’est de la grande bandes dessinées…