Titre : Loup
Scénariste : Renaud Dillies
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Mars 2017
Renaud Dillies est un écrivain que j’ai découvert en lisant le diptyque Abélard. Il illustrait une histoire née de la plume et de l’imagination de Régis Hautière. Le bouleversement émotionnel qu’a provoquée cette lecture m’a incité à suivre avec assiduité les parutions d’ouvrages portant sa signature. Le dernier en date s’intitule Loup.
Un loup amnésique et musicien.
Le loup est un mot polysémique. Si notre première pensée va vers ce mammifère carnassier souvent déclaré grand et méchant, il ne faut pas oublier qu’il peut s’agit d’un demi-masque de velours bien utile pour garder l’anonymat. L’histoire imaginée par Renaud Dillies utilise ces deux sens en les entremêlant avec harmonie.
Le personnage principal se fait appeler Loup. Ce n’est pas une coquetterie mais un choix par défaut. Il est amnésique et n’a donc aucun souvenir de quoi que ce soit. On le découvre nu errant dans la forêt au milieu de nulle part. Bref, sa vie n’a pas l’air simple. Une succession de hasards l’amène à intégrer un groupe de musique dans lequel il se révèlera être un brillant guitariste. Mais tout cela ne répond pas à sa principale interrogation : qui suis-je ?
Le héros m’a été rapidement sympathique. Le fait qu’ils soit complètement perdu et angoissé éveille nécessairement l’empathie. Le voir être emporté par un tourbillon tout en donnant l’impression d’être tout le temps en décalage est à la fois drôle et touchant. D’ailleurs ces sentiments accompagnent la lecture du début à la fin. On pourrait d’ailleurs regretter que le personnage évolue finalement assez peu au cours de l’histoire. Le monde s’agite mais lui reste bien involontairement enfermé dans son enveloppe initiale… Le fait que les personnages secondaires ne soient que de passage accentue le fait que Loup est coupé de la réalité. Il fait finalement un grand nombre de rencontres sans qu’aucune ne marque réellement l’intrigue. L’évolution effrénée du héros dans l’univers de la musique met en valeur sa solitude. Cette histoire met en valeur le principe selon lequel avoir énormément d’amis signifie ne pas avoir de vrais amis.
Le trait de Renaud Dillies fait de cette histoire une fable envoutante. Son trait est unique en son genre et reconnaissable entre mille. Dès la première planche, je tombe à nouveau sous le charme. La capacité à faire exister les personnages, à sublimer les émotions, à faire vivre les rêves fait que j’ai été complètement transporté dans l’univers torturé et émouvant de Loup. Sans atteindre l’intensité dramatique de certains de ses travaux précédents, l’auteur arrive à une nouvelle fois à offrir une lecture qui ne laisse pas indifférente. Le plaisir est tel que j’ai eu envie de me replonger rapidement dans cet opus à peine en avais-je terminé la découverte.
Vous l’aurez compris, cet ouvrage n’est pas dénué de qualité. Néanmoins, il ne s’inscrit pas dans les meilleurs de l’auteur. Il ne dégage pas la même densité émotionnelle, la même richesse narrative, il ne touche pas aussi profondément le lecteur que ses prédécesseurs ont pu le faire. Loup est une belle histoire qui permet de passer un bon moment mais qu’on garde finalement peu de souvenirs quelques minutes après avoir découvert son dénouement. Je le conseille donc aux fidèles Dillies qui ressentiront la joie de s’immerger à nouveau dans son univers. Par contre, pour ceux qui souhaiteraient découvrir cet auteur, je les incite davantage à lire Abélard ou Betty Blues. Ils ne regretteront pas le voyage…
Je suis bien d’accord avec toi ! (Et je suis une inconditionnelle du travail de Dillies.)
Et je te conseille aussi Mélodie au crépuscule que j’aime d’amour.
Je n’ai jamais eu l’occasion de le lire car c’est un ouvrage qui est en rupture de stock depuis des années. J’en suis le premier désolé !
Je l’ai lu… en bibliothèque ! 😉
Moins fort oui, mais je craque toujours… Quant à Mélodie du crépuscule… une merveille !