Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens – Crisse & Grey

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Titre : Atalante, T7 : Le dernier des grands anciens
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2014


Atalante est une héroïne de la mythologie grecque. La légende veut qu’elle soit la fille du roi Péloponnèse. Abandonnée à la naissance, elle fut recueillie par une ourse dans la forêt du Pélion. Protégée par des déesses, elle est la seule femme à prendre part à la quête des Argonautes. Le premier tome de la série éponyme crée par Crisse conte l’arrivée de la jeune fille dans l’équipage dirigée par Jason. Les albums suivants présentent les différentes aventures vécues par tout ce petit monde sur le chemin de la Toison d’or.

Atalante7bLa sympathie générée par le personnage principal a fait de moi un lecteur régulier de ses pérégrinations. L’auteur arrive à raconter ces légendes en mêlant de manière équilibrée narration, humour et action. L’ensemble se déroule dans un univers graphique coloré et rond qui possède une identité forte. Bref, je guettais toujours avec impatience la sortie de tout nouvel épisode de la saga.

Crisse délaisse son bébé.

Le sixième tome a marqué une rupture dans ma relation avec la série « Atalante ». Crisse semblait avoir définitivement délaissé son petit. Il confie les dessins à Grey et le scénario apparaît bâclé. Cet opus se lisait en quelques minutes et n’éveillait ni attrait ni intérêt. J’espérais que la sortie de « La Dernier des Grands Anciens » en novembre dernier marquerait un retour à la qualité initiale.

L’intrigue reprend où elle s’était interrompue. Atalante vient de croiser un géant dans les arcanes du royaume d’Hadès. Elle s’y était aventurée dans l’espoir de sauver un de ses acolytes mordu par un mort-vivant. L’être rencontré s’avère être Eurymedon, fils de Gaïa. Il nous immerge dans la bataille de Phlégra entre les Dieux et les Géants. L’essentiel de la trame se construit autour des conséquences de cette guerre. Sorti de cela, il s’agit d’une balade dans un labyrinthe souterrain. Le troisième tome nous plongeait également dans les entrailles de la terre. La comparaison entre ces deux épisodes n’est pas favorable au dernier en date.

Atalante7cJe ne suis jamais arrivé à entrer pleinement dans l’histoire. L’enchaînement des péripéties est, à mes yeux, trop saccadé. La narration manque de continuité. L’alternance entre le royaume d’Hadès, le navire des Argonautes et les flashbacks manque de lien. Si je regarde les choses positivement, je peux dire que la densité scénaristique est plus importante que dans l’épisode précédent. Par contre, objectivement, je ne retrouve pas l’attrait des premiers tomes. J’ai peur que cette série n’aille pas vers le meilleur. J’appréhende le fait que « Atalante » ait atteint son firmament et que l’heure soit à la descente aux enfers.

Le dernier bémol est la disparition du trait de Crisse. De mon point de vue, Grey n’a pas le talent de son prédécesseur. Je suis moins fan des traits des personnages. Son Atalante a le visage beaucoup plus dur. Ses courbes légendaires des premiers tomes ont disparu. De plus les décors sont bien moins travaillés. Grey semble moins soucieux des détails et c’est regrettable. Le fait que les seconds plans soient négligés ne facilite pas l’immersion. L’atmosphère qui se dégage des Enfers est décevante. J’en attendais bien mieux.

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Pour conclure, « Le Dernier des Grands Anciens » a tendance à confirmer que l’âge d’or de « Atalante » est passé. Cela m’attriste parce que je trouvais la saga jusqu’alors très divertissante. Il devient donc urgent que les Argonautes mettent la main sur leur Toison d’or au risque de voir la descente aux enfers du neuvième art se poursuivre…

gravatar_eric

Note : 9/20

Prophet, T4 : De profundis – Mathieu Lauffray

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Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014


Neuf ans d’attente… Il a fallu attendre tout ce temps pour découvrir enfin le dénouement de la tétralogie imaginée par Mathieu Lauffray intitulée « Prophet ». Le quatrième et dernier épisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il répond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaître un jour la fin du périple vécu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dépoussiéré et dévoré les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espérant y trouver les réponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps…

Prophet4a« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a détruit le monde. Celui qui, peut-être, le sauvera… » La quatrième de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystères… Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaître enfin l’issue de cette série a attisé sans mal ma curiosité. L’enthousiasme de savoir enfin où tout cela menait se mêlait à l’angoisse d’être déçu par la conclusion de cette aventure.

Une des manières de percevoir cet album consiste à y voir la synthèse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les époques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York pré apocalyptique. Puis à d’autres, nous nous retrouvons dans le désastre qui accompagne Jack depuis les « événements ». Cela dégage une atmosphère unique à cette lecture. Le verre à moitié plein permet de savourer le sentiment d’être au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amène le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus à découvrir.

Une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte

Néanmoins, ce grand voyage peut être perçu du point de vue du verre à moitié vide. Le scénario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la réalité n’est pas dénué de charmes. Mais ici, cela a tendance à perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohérence à l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le côté psychédélique semble être l’arbre qui cache la forêt d’une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte. J’ai été déçu par cette fin. Je la trouve à la fois facile et décevante.

Malgré tout, le chemin qui mène à cette issue n’est pas inintéressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scénaristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent à jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les délires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

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Mais la qualité esthétique des planches ne m’a pas empêché de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait résumer mes sentiments en analysant la série dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posé des jalons intéressants. En accumulant les pistes, les événements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nécessite une sortie à la hauteur des attentes suscitées. Ce n’est hélas pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga à l’identité certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuvième art de la dernière décennie.

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Note : 9/20